(JU)Sœurs partagent le parfum et les odeurs - la sensation d'une enfance commune.

Des fois Juls aurait été tentée de tout envoyer balader. Sa vie semblait être un gouffre sans fin. Elle s'enfonçait chaque fois un peu plus dans un bourbier sans nom et évidemment Raphaël n'avait pas arrangé les choses. Depuis l'annonce des fiançailles de ce dernier, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Lorsqu'elle l'avait entendu prononcer ces quelques mots, tout son monde s'était écroulé et depuis elle n'était plus qu'un zombie. Sans Ivy et Aoline, elle ignorait où elle en serait aujourd'hui. Elle avait l'impression de faire partie d'un très mauvais nanar et que le cauchemar finirait peut-être par prendre fin un jour. Il ne pouvait pas. C'était impossible qu'il fréquente cette fille depuis si longtemps, c'était impossible qu'il ne lui ait rien dit. Elle avait toujours eu l'impression, depuis leur rencontre en tout cas, qu'ils formaient un duo inséparable et depuis cette soirée, ils s'étaient tellement éloignés qu'elle en parvenait presque à oublier leur passé commun. Leurs matchs de foot. Leurs éclats de rire. Ils n'avaient formé qu'un jusqu'à présent et désormais elle avait l'impression qu'il lui manquait quelque chose. En entrant dans la maison qu'elle partageait avec sa meilleure amie, elle avait soupiré un long moment avant de retrouver son chaton et de le prendre dans ses bras. A défaut d'avoir un boyfriend, elle avait un parfait petit super-héros. Après quelques câlins, elle déposa un peu de lait sur son doigt pour que le chat en boive, c'était le seul moyen et elle lui prépara ensuite une pâtée dans son plat. Une fois ça fait, elle prit une bonne douche et ne posa même pas un regard sur son reflet dans le miroir. Entre les cernes dues au manque de sommeil et les bleus qu'on pouvait voir dans son dos ou sur ses avant-bras elle ne voulait pas voir ça. Son beau-père était un être immonde qu'elle méprisait au plus haut point et elle était bien contente d'avoir pu enfin quitter la maison. ça la gênait néanmoins vis-à-vis d'Ivy qui était restée là-bas.

Après tout ça, elle avait enfilé un tee-shirt à manches longues et un bas de pyjama fin avant de se poser sur le canapé où son super-héros félin l'avait rejoint. Son repas du soir se trouvait sur la table basse, de la salade, des bâtonnets de carotte et de concombre et surtout des tortillas. Elle les grignotait plus ou moins tranquillement lorsqu'elle entendit frapper. Elle se redressa aussitôt se demandant de qui il pouvait bien s'agir. Pas de livreur, elle n'avait rien commandé ce soir. Aoline était de sortie. Plus qu'une solution, allait vérifier. Elle se leva donc du canapé pour ouvrir la porte et tomba nez-à-nez avec sa petite sœur. La jolie blonde se disait bien aussi qu'elle avait reconnu sa voix. Elle n'eut pas le temps de la saluer ni rien que la jeune femme se trouvait déjà dans ses bras. Julina la serra contre elle et lui embrassa le front. « Et beh Ivy qu'est-ce qu'il y a ma puce ? » Ouais Juls avait le don de lui donner les surnoms les plus ridicules qui soient mais elle n'y pouvait rien ce petit bout de femme c'était un peu comme son bébé même si Ivy avait tendance à pencher plus du côté maternel qu'à être d'accord avec blondie. « Quoi ? ... Mais oui oui bien sûr, voyons. » Elle la serra encore un peu dans ses bras avant de l'inviter à entrer. « Tu as faim ? Il s'est passé un truc ? Tu veux boire quelque chose ? Tout va bien à la maison ? » Ouais ouais elle la harcelait limite de questions mais il fallait qu'elle sache. Le chaton de Juls fit ensuite son apparition tout en miaulant pour se faire remarquer et sa maitresse le souleva pour le prendre dans ses bras avant que Juls ne prenne la main de sa petite sœur et ne l'emmène dans le salon où se trouvait le dîner plus ou moins diététique de son aînée.