Why is this always war ? ft. Balthazar

Assise sur le canapé, Dakota Ziegler avait du style.

Les jambes croisées sous elles – desquelles elle n’avait pas retiré les chaussures, une tenue décontractée, mais bien agencée, une casquette intronisant sa tête et ses longs cheveux relâchés, elle mâchouillait un chewing-gum en martelant les boutons de la manette de la console de jeu. Nikki avait filé à la douche il y avait déjà de cela cinq minutes maintenant et, aussi à son aise que chez elle – si non plus – l’adolescente avait continué de jouer en attendant son retour. En réalité, au départ, ce n’était pas elle que Ziegler était venu voir, mais bien son pote Balthazar. Cependant, selon les dires de sa si sympathique colocataire, il n’était pas revenu depuis qu’il s’était éclipsé la veille au soir.

Tout de suite, Dakota s’était imaginé bien des choses avec un petit sourire narquois. Elle s’était dit qu’il reviendrait sans doute bientôt, tout chamboulé par une soirée émoustillante avec une charmante demoiselle rencontrée sur le qui-vive. Bien sûr, Dakota ne s’était pas attendu à le retrouver si facilement. Elle essayait de le joindre sur son portable depuis maintenant plusieurs jours, sans succès. Il lui avait été si introuvable qu’elle avait commencé à se poser toutes sortes de questions. À s’inquiéter, même. Eux qui avaient dans leurs récentes habitudes de se voir si souvent, le soudain silence radio lui semblait bien bizarre. Alors, affalée dans le canapé, Dakota attendait bien sagement ce retour sinueux qu’elle croyait promesse de bien des histoires intéressantes.

Son amitié avec Balth s’était plutôt bien développée au cours des derniers mois. Et, pour être honnête, elle avait l’impression qu’ils se connaissaient depuis toujours, déjà. Pour elle, il n’était plus question de gêne entre eux. Et encore moins de secrets. Bien sûr, elle ne lui avait pas parlé de ses parents encore, repoussant toujours ce moment à plus tard en se convainquant que ce n’était pas très important. Elle avait bien noté que Laszlo avait dû dire quelque chose quand Balthazar avait essayé d’aborder le sujet de, je cite « sa passe difficile ». elle avait bien vite tout balayer du revers de la main en lui rappelant que son frère ainé venait tout juste de revenir au foyer pour remplacer sa mère qui « temporairement » ne pouvait pas remplir les fonctions de son poste.

Dakota était toujours assis là quand, finalement, la porte de l’entrée se décida à ouvrir. Ce fût elle qui le vit d’abord. Lui, ne constata pas tout de suite sa présence. Elle l’observait, en silence. Bien qu’il ait sans doute essayé de mettre un peu d’ordre dans sa silhouette, ses cheveux étaient en pétards et ses vêtements devaient sans nul doutes être les mêmes que la veille. Elle sourit. Sale dévergondé, va, pensa-t-elle, narquoise.

« La soirée a été éprouvante ? Demanda-t-elle, le sourire aiguisé par son amusement.

Elle faillit éclater de rire en le voyant sursauté de plus belles, mais elle se retint, gardant son air inquisiteur :

- Il était temps que tu rentres prendre une douche, mon vieux. Clairement t’en a besoin ! » Rigola-t-elle.

Elle reprit sa partie en continuant la discussion, un peu moins attentive :

- Alors ? Comment est-ce qu’elle s’appelait ? »

En posant sa question, elle s’attendait à quelque chose de vague. À entendre à peine parler d’une conquête d’un soir. Un truc bien flou provenant d’un homme qui se refusait catégoriquement à aborder ce genre de sujets avec une gamine. Elle s’y était fait, au file du temps. Même que cela lui allait très bien. Mais comment aurait-elle pût imaginer quelque chose comme les sentiments qu’il pouvait éprouver pour Lou ? Il ne lui en avait même jamais parlé. Elle n’avait pas posé de questions, bien sûr, mais il n’en restait pas moins que les non-dits entre eux deux étaient bien plus grands que ce qu’ils croyaient…

Et leurs conséquences également.

Balthzar venait de passer le pas de la porte d'entrée de la villa, quand une voix familière fit intrusion. Il ne s'y attendait pas : déjà de savoir qu'une personne se trouvait là, dans le salon, aussi tôt, et puis surtout, de voir qu'il s'agissait de Dakota. Il la regarda, surprise et très vite, elle l'assomma de questions. Lui demandant si la soirée avait été éprouvante, qu'il avait besoin d'une douche, et du prénom de la fille. De quoi parlait-elle au juste ? Ok, nous étions le matin, mais passer le pas de la porte en matinée ne signifiait pas tout ce qu'elle insinuait. En fait, là, clairement, Dakota était de trop. Il ne comprenait pas ce qu'elle fichait chez lui, à cette heure, et puis il n'avait pas le temps, il devait se préparer pour aller bosser. Il avait répondu à son sms, elle n'avait pas donné suite, alors pourquoi s'était-elle pointée ici, sans prévenir ? Est-ce qu'elle était venue voir Nikki, ou bien lui ? Il n'aimait pas cette impression qu'il avait, celle de lui devoir des comptes, de devoir se justifier auprès d'une adolescente de quatorze ans, enfin clairement, il avait passé l'âge. Il n'aimait pas du tout qu'elle s'invite comme ça, à tous bouts de champs, et il le lui avait déjà fait la remarque, en lui donnant son numéro, afin qu'elle le prévienne pour qu'ils se voient. Le jeune homme ne souriait pas, il posa son casque sur le meuble de l'entrée, ainsi que sa veste et puis il lui lança d'un ton un peu sec, « Bonjour déjà, non ? » il attendait une réponse de sa part, il la regardait, puis il ne tarda pas à lui dire « qu'est-ce que tu fais ici Dakota ? » après tout, il avait répondu à son dernier message, lui proposant qu'ils se voient une apres-midi, à la sortie du lycée, ou bien encore pour le déjeuner. Il n'aimait pas le ton qu'elle avait prit avec lui, ni même l'attitude qu'elle avait en face de lui, rigolant de le voir, se foutant clairement de lui, alors que le mec avait trente piges et qu'il se trouvait, chez lui. Il n'avait pas à se sentir gêné, ou mal à l'aise et pourtant, c'était ce qu'elle lui faisait ressentir et ça, il ne l'appréciait pas. Il attendit sa réponse et lança « je t'ai envoyé un sms pour qu'on se voit, pourquoi tu viens toujours à l'improviste ? Ca sert à quoi de t'avoir donné mon numéro dans ce cas ? » demanda t-il, un peu énervé. Il passa sa main dans ses cheveux en soupirant, avant d'avancer vers la cuisine pour se prendre un café. Il en avait besoin, il n'en avait pas encore prit de la journée et vu le programme de cette fin de matinée, il allait en avoir besoin. Il leva les yeux vers la pendule de la cuisine, il ne lui restait plus que trente minutes pour se préparer et aller au travail. Il bu son café presque cul sec, pour lancer à l'adolescente « Ecoutes... je n'aime pas te voir chez moi, à m'attendre, sans qu'on ait décidé de se voir ou non. J'ai des choses à faire, j'ai un travail, des obligations et même si j'ai pu annuler les premières fois, je ne peux pas toujours tout annuler pour toi, quand tu décides qu'il faut qu'on se voit, ok ? Dans trente minutes je dois être au travail » il était sec, mais c'était comme ça. La voir chez lui, avec cette attitude, à dire ces choses là, ça l'avait soulé. Il était mal à l'aise et il n'avait aucune envie de rendre des comptes à qui que ce soit, et encore moins à une gamine. Il ne tarda pas à lui dire « t'as pas école ? » après tout, on était en pleine semaine, qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Et si un prof était absent, elle aurait pu lui envoyer un message au lieu de venir ici, sans lui laisser le choix. C'était pas comme ça que ça fonctionnait une amitié, c'était dans les deux sens et là, elle marchait que dans le sens de Dakota, sans jamais prendre son avis à lui, en compte et ça le soulait.

HRP : Désolé, je ne suis pas chez moi en ce moment, je ne peux pas trop être sur l'ordi, j'espère que ça t'ira, il est un peu vénère mais bon /:

À la première réponse de Balthazar, Dakota comprit de quel humeur il se paraît. Ce fût comme une douche froide. À peine l'eut-il assaillit de son venin que l'écran affichait Game over. Elle crût bon de noter le sarcasme surprenant de la console dans un recoin peu tangible de son esprit.

Elle le laissa parler, sans l'interrompre. Pour être honnête, elle n'était pas tellement d'humeur à ça. Et le mots, bien que secs, de Balth n'étaient pas encore assez blessant pour qu'elle change son fusil d'épaule. Les propos de l'homme n'en restant pas moins désagréable, elle continua de l'écouter tout en pinçant les lèvres. Quand il lui demanda ce qu'elle faisait ici, chez lui, et qu'il y eut un silence, elle comprit que c'était son tour de prendre la parole. Elle dût se racler la gorge, discrètement souhaitait-elle, pour réussir à parler, ses yeux lui grattant déjà.

— Je passais simplement voir si t'allais bien, fais pas la gueule. C'est Nikki qui m'a proposé d'entrer faire une partie ou deux.
s, il reprit la parole. Clairement, sa réponse ne lui suffisait guère pour qu'il parle de ce fameux SMS. Il avait raison, en un sens, mais il n'en restait pas moins que Dakota n'appréciait guère le ton qu'il prenait pour le lui dire.

— T'as pris des lustres a répondre à enfin un seul message Balth, je sais pas j'ai... Je m'étais déjà dit que je passerai voir. J'ai pas réfléchis.

Elle se mordit la lèvre, les sourcils froncés.

— Et, pour être franche, je ne croyais pas que tu le prendrait comme ça.

Puis il se lança de nouveau dans un longue explication. Lui signifiant qu'il n'aimait pas avoir l'impression de devoir lui rendre des comptes. Ah, et, surtout, qu'il avait une vie. Cette explication-là par contre, fût un peu plus douloureuse pour Dakota qui de, fautive, prit le rôle de la défense. Se voyant malgré tout très mal s'être déplacée jusque chez lui pour lui faire des misère, elle éteignit la console pendant son monologue et en profita pour prendre son sac. Encore heureux qu'elle ne se soit pas débarrasser de ses chaussures en arrivant.

Au moment où elle terminait de rassembler ses effets personnels la question tant attendue fit surface.

— Si justement, répondit-elle au sujet des cours.

Elle passa sous son nez, avec, à l'intérieur, une panoplie de sentiments si bien mixées qu'elle n'y voyait elle même pas clair.

— C'est là que j'allais. J'imagine que tu n'as pas d'objection à ce que je me casse tout de suite ?

Elle s'hasarda à le regarder un peu haussant un sourcil. Alors voilà ce qu'on récoltait à s'inquiéter pour Balthazar Williams ? Très bien. Elle en prenait note.

— C'est bien ce que je me disais. Dit-elle en se détournant.

Elle attrapa la poignée et nota que ses doigts tremblaient bien plus que prévu.

— T'iras tout seul déjeuner, au fait. J'suis bookée.

C'était faux, bien sûr. Et elle ne s'en cachait même pas. Non, c'était plutôt sa façon à elle de rappeler qu'elle n'avait pas besoin de lui pour avoir une vie, elle aussi. Et que cette condescendance dans sa voix, il pouvait bien se la gardée.

Elle n'avait pas l'intention de rester là un minute de plus. Aussi, ouvrait-elle la porte pour sortir, sans dire au revoir, refermant sur son passage.

Aussitôt la porte clause, Dakota chercha de l'air. L'extérieur semblait tout a tout en être dépourvu. C'était comme si la précédente discussion cahoteuse lui entrait enfin dedans. Elle peut un visage dur, se mordant les lèvres, se refusant à pleurer comme une idiote. Voyant bien que la pression ne redescendait pas, elle fit quelque pas pour atteindre la rue et s'éloigner.

Et dire qu'elle avait été contente de le voir.

Quel con.

hors rp: