Best part of my life [Lukéo]

❝ Best part of our relationship ❞
Lukéo

Aujourd’hui signe le début de la meilleure partie de l’année. Je déteste les fêtes de fin d’années, certes, je le répète assez, mais qui dit fêtes, dit mon petit frère. Théo doit rentrer d’ici très peu de temps. Il rentre d’une de ses pensions hors de prix pour gamins trop riches qu’on veut pas dans les pattes. Papa, c’est surtout sa tête qu’il veut pas croiser, parce qu’il pense comme le con qu’il est, que son fils est responsable de la mort de sa propre mère. Théo, tout ce qu’il a fait, c’est venir au monde. Ma mère, elle aurait fini par se foutre en l’air de toute façon et je pense que le vrai responsable, c’est lui, pas mon frère. De toute façon dès qu’il le croise, c’est pour l’accabler de reproches, moi quand j’ai la chance de le croiser, c’est pour le prendre dans mes bras et lui apprendre les dernières conneries en date. Je l’aime mon petit frère et il me manque chaque jour que Dieu fait. Mais je l’appelle, et il se débrouille pour communiquer avec moi autant qu’il le peut. Il est trop malin pour se faire prendre, et il est surtout trop malin pour ne pas souffrir de tout ça.
J’ai préparé sa chambre avec la femme de ménage, une domestique que mon père emploi mais j’aime me dire que ce ne sont pas des meubles, ce sont des personnes qui méritent le respect, la tolérance et surtout la considération. Ce ne sont pas des robots à qui on donne des ordres, et puis ça me tenait à cœur de préparer la chambre de mon frère. Je lui ai mis tout ce qu’il aimait et surtout, j’ai fait attention à ce qu’il se sente chez lui, que ma console de jeu soit dans sa chambre et qu’il ne manque de rien. J’ai même planqué du chocolat dans sa table de nuit.
J’ai 16 ans, il en a donc 11, c’est encore un enfant, même s’il est bien plus douée que la majorité des gamins de son âge. Je suis révoltée contre tout et surtout tout le monde, lui, il se sert de cette colère et de cette injustice pour parvenir à ses fins. J’admire mon petit frère en pleins de points, mais pour l’heure, tout ce que je veux, c’est fêter Noël avec lui. Nous sommes riches à milliards, pour les fêtes, mon père fait des chèques à qui veut et nous couvre de cadeaux, seulement ce n’est pas lui qui les fait, il laisse le soin du choix à ses assistantes, il ne nous connaît même pas !
J’entends l’ascenseur, et je me précipite vers ce dernier pour voir mon petit frère apparaître derrière les portes en acier. « Salut bébé ! » Je le serre contre moi et le couvre de bisous. Je crois en la théorie de l’amour partagé, putain d’élève en L à la con. J’aurais mon bac avec un an d’avance si tout se passe bien et je ferais taire mon père quand il dit que je ne suis pas foutue de me couler dans le moule. Non, je ne le ferais pas. « C’était comment le voyage ? T’as bien dit à tes potes que t’allais passer un Noël de malade à New-York, pas vrai ? Et qu’on allait patiner à Central Park ? »

❝ Best part of our relationship ❞
Lukéo

Mon pied tapait nerveusement contre la porte de la limousine pour signaler à mon chauffeur que je n’avais aucune envie de poireauter au milieu de ce bouchon interminable. Le résultat de mon impatience ne se fit pas attendre. En à peine trois coups d’œil dans le rétroviseur, ce nouveau servant venait d’établir un beau record pour déclencher une assourdissante vague de klaxons en se frayant un chemin forcé vers mon hôtel. Et ce fut avec un sourire triomphant que je sautai hors de la voiture et fonçai vers les ascenseurs. Sans un regard en arrière pour le chauffeur qui se devait de sortir mes affaires, je pressai vivement sur le bouton du plus haut étage et fermai les portes devant un couple de septantenaires. Je haussai les épaules sans culpabiliser, un peu d’exercice dans les escaliers ne pouvait pas faire de mal aux tortues. « Salut bébé ! » Les portes venaient à peine de s’ouvrir que je me fis emprisonner dans les bras de ma sœur et torturer à coup de bisous. « Tain, lâche-moi Lukas, j’suis pas un bébé ! » Je la repoussai, mi-dégoûté, mi-amusé et tirai sur mon tee-shirt pour le replacer correctement. Une fois libéré, je me dépêchai de m’essuyer les joues pour enlever sa bave contagieuse, j’en voulais pas de son amour dégoulinant moi. « J’te dis pas merci… Pour une fois qu’le trajet m’a pas défiguré, c’est toi qui t’en occupes. » Je me plaçai devant la glace du couloir et passai une main dans mes cheveux pour tenter de les dompter et les replacer avec minutie. Et dire que mes valises devaient encore être coincées au rez-de-chaussée, ils étaient lents ces employés. « C’était comment le voyage ? T’as bien dit à tes potes que t’allais passer un Noël de malade à New-York, pas vrai ? Et qu’on allait patiner à Central Park ? » « Central Park ? Tu rigoles, hein ?! J’vais pas là-bas moi, c’est pour les minables. Nop, on va à Ottawa c’t’année, j’dois battre mon record de vitesse. Et te laminer… encore ! » Je lui tirai la langue avant d’aller dans le salon et prendre une cannette de coca dans le mini-bar. J’en bus une longue gorgée tout en inspectant le lieu avec attention. Pas de cigare dans le cendrier, pas de verre de scotch près des bouteilles fermées, pas de mallette en vue. « Il vient avant jeudi, hein ? » Je fixai ma sœur le cœur battant. Pas besoin de lui donner des précisions, elle savait parfaitement de qui je voulais parler. Il allait être fier de moi cette année, je m’en étais fait la promesse. Avec mes notes, mon statut et mon succès tonitruant pour détourner le bizutage contre les autres, il verrait enfin que je suis son digne successeur. Et mon ascension ne faisait que commencer, je comptais bien me mettre dans ma poche les leaders de l’internat pour reprendre le flambeau avant la rentrée prochaine. Mais pour que père s’en rende compte, il fallait encore qu’il prenne cinq minutes de son temps pour me parler. Ou une, ça me suffisait amplement. Juste assez pour qu’il pose ses yeux sur moi. Je rotai puissamment et éclatai de rire. « Oups, pardon, j’voulais attendre ce soir avant de te faire comprendre que tu vas être pulvérisée au concours de rots. » C’était l’un de ces interdits qu’on adorait enfreindre lors de nos soirées isolées, comme une punition pour son absence continue.

❝ Best part of our relationship ❞
Lukéo

« Tain, lâche-moi Lukas, j’suis pas un bébé ! » « Hey, depuis quand tu dis des gros mots toi ? » Prenant un malin plaisir à le décoiffer. Je sais que ça n’est pas spécialement le rôle d’une grande sœur que de passer mon temps à le traiter comme un bébé, encore que, mais je n’aime pas savoir qu’il grandit si vite. Nous n’avons pas eu de mère, en tout cas lui ne l’a jamais connue. Elle me manque depuis 14 ans. Mon père ne s’en est jamais remis, et ne s’en remettra sans doute jamais. Quoi qu’il en soit je ne peux que comprendre son côté sauvage, même quand c’est contre moi. Les seuls câlins qu’il reçoit, ce sont les miens et une fois toutes les 6 ou 8 semaines et encore, quand mon père daigne le faire rentrer de son pensionnat. « J’te dis pas merci… Pour une fois qu’le trajet m’a pas défiguré, c’est toi qui t’en occupes. » « Tu veux jouer à ça ? » Je m’approche de lui et glisse mes deux mains dans ses cheveux, les remuant comme pour foutre en l’air chacun de ses épis, largement présents. Il n’est jamais vraiment parvenu à dompter tout ça, mais ça m’a toujours plu son côté indiscipliné. Il est de famille. « Central Park ? Tu rigoles, hein ?! J’vais pas là-bas moi, c’est pour les minables. Nop, on va à Ottawa c’t’année, j’dois battre mon record de vitesse. Et te laminer… encore ! » « Toi tu deviens bien trop vite un de ces petits requins, je te préviens, je te laisserais pas devenir si con ! » Je le préviens, c’est déjà une bonne chose. Mais tous ces gamins de bourgeois, qui sortent des plus grandes écoles et qui snobent tout et n’importe quoi, ça me rend dingue. Je viens de là moi aussi mais j’estime que l’argent ne fait pas la valeur d’une personne. J’ai foi en l’humanité, je vais vite me rendre compte que je ne suis qu’une abrutie mais quand on a 16 ans, on est prêt à croire n’importe quoi.

« Il vient avant jeudi, hein ? » Je viens de le voir regarder tout autour de lui à la recherche d’un signe de lui, d’une présence, quelle qu’elle soit. Je sais qu’il lui manque et sa façon de le rejeter me rend dingue. Je ne comprends pas comment il peut agir de la sorte avec lui. Nous avons perdu notre mère, on a tous perdu cette femme, on devrait se serrer les coudes pour surmonter tout ça. Mais mon père ne sert les coudes qu’à lui-même et à ses intérêts. « Normalement bonhomme. Je sais pas, il m’a rien promis. Il promet plus rien, ça lui évite de se planter. » Combien de promesses non tenues ? Je ne les compte pas, ça fait trop partie de notre quotidien. C’est presque la routine. Il est la parole la moins fiable qui soit nous concernant. Il lâche soudain un rot énorme, immonde, un mec qui vit avec d’autre mecs, c’est ça le problème ! « Oups, pardon, j’voulais attendre ce soir avant de te faire comprendre que tu vas être pulvérisée au concours de rots. » Alors j’arque un sourcil, et me concentre quelques secondes pour lui sortir un rot plus énorme et si peu féminin encore. « J’aurais pu te laisser y croire jusqu’à ce soir mais… C’était trop tentant, il va falloir faire mieux p’tit frère. » Je ris et le décoiffe une fois de plus. Je sors ce qu’il faut pour goûter, je ne suis pas sûre qu’il ait faim mais un ado ça mange pour quatre normalement. « Alors, t’as prévu quel genre de conneries pour le soir de Noël ? Parce que j’imagine que tu as eu le temps de réfléchir à la prochaine… » Appuyée sur le bar, je sais ce qui se passe à l’internat, il est incapable de se tenir et se faire remarquer à longueur de temps. Simplement pas encore renvoyé parce que toute une aile de l’école porte le nom de notre père, et qu’il paye assez cher pour la discrétion des frasques de son fils.

❝ Best part of our relationship ❞
Lukéo

« Tu veux jouer à ça ? » J’aurais mieux fait de me la fermer. J’avais à peine réussir à aplatir une mèche récalcitrante à l’arrière de ma tête que ma grande sœur vint se placer derrière moi pour tout défaire. « Putain, tu fais chier ! » Si elle voulait éviter de me faire dire des gros mots, c’était raté. Je grommelai encore quelques instants devant le miroir avant de les ébouriffer d’un geste précis. Et ben voilà, ils étaient parfaitement décoiffés, parfait. Je passai dans le salon avec un air de défi en passant devant Lukas et me posai près du mini-bar pour décapsuler ma cannette. « Toi tu deviens bien trop vite un de ces petits requins, je te préviens, je te laisserais pas devenir si con ! » Je levai les yeux au ciel. C’était à chaque fois la même chose quand je proposai un challenge plus excitant que ses petites activités tout en sécurité. Heureusement pour elle que je ne la prenais pas au mot, personne ne pouvait prendre le risque de me traiter de con sans en subir les conséquences. Mais ma grande sœur était l’exception, c’était juste sa façon de me provoquer pour faire ressortir mon talent naturel d’arnaqueur sans jamais baisser mon attention et me faire surpasser. « T’inquiète la blonde, j’ pourrais jamais devenir aussi idiot que toi. Fais pas cette tête, t’y peux rien si ça se voit sur ta tête que tu pourras jamais me surpasser. Et puis, j’ai un modèle parfait dans la famille, j’peux pas m’planter. » Je ne manquais jamais de l’observer à chacune de mes visites pour améliorer mes plans machiavéliques. C’était en imitant le maître qu’on pouvait apprendre et finir par l’égaler, voire le dépasser. Le niveau était élevé, mais rien ne valait l’adrénaline de la poursuite d’un défi impossible. Mais pour ça, il fallait encore qu’il se montre et rien n’indiquait dans la pièce qu’il était dans le coin. Je me tournai vers ma sœur pour avoir une confirmation ou, l’espoir de plus en plus vif, une contradiction de sa part. « Normalement bonhomme. Je sais pas, il m’a rien promis. Il promet plus rien, ça lui évite de se planter. » Tain, fallait qu’elle arrête avec son regard de pitié, je comprenais parfaitement la raison de son absence. Bon, j’avais toujours un peu de mal à l’avaler les premières minutes, mais je ne pouvais pas lui exiger d’être là pour un gosse de onze ans alors qu’il avait le monde de la finance à gérer. C’était l’attitude exemplaire à atteindre, être toujours sur le devant de la scène pour évincer les autres. Et évincer les personnes qui nous tirent vers le fond. En deux temps, trois mouvements… En fait, non, en un seul mouvement, je rotai avec puissance pour virer ce regard triste sur le visage de ma sœur. Il était temps qu’elle retrouve sa bonne humeur et qu’elle profite des vacances au lieu de se sentir responsable pour rien. Et elle y répondit avec une grossièreté impressionnante, me faisant éclater de rire. « J’aurais pu te laisser y croire jusqu’à ce soir mais… C’était trop tentant, il va falloir faire mieux p’tit frère. » « T’inquiète, ce n’était même pas l’échauffement ça. » Je lui fis un clin d’œil avant de me précipiter sur la boîte de céréales qu’elle venait de sortir. Quelques secondes plus tard, je les avalai à grandes bouchées. Putain, qu’est-ce que ça faisait du bien de ne pas faire attention à mon coude posé sur la table. « Alors, t’as prévu quel genre de conneries pour le soir de Noël ? Parce que j’imagine que tu as eu le temps de réfléchir à la prochaine… » « T’as pas voulu me donner d’infos sur la dinde qui allait nous être donnée sur un plateau alors c’était un peu compliqué de faire un plan. Mais t’inquiète, j’ai déjà pas mal d’idée, me manque plus que ton côté sadique pour y mettre la touche finale. » Et oui, la dinde changeait tous les ans et on avait toujours une surprise plus incroyable à chaque fois. Généralement, il les choisissait toujours assez intelligente, mais ça donnait plus de piquant à notre cadeau de noël. Je pris mon bol et allai dans ma chambre, sachant très bien qu’elle allait me suivre. Je me posai directement dans un pouf pour allumer sa console et eus un grand sourire en voyant le jeu qu’elle m’avait choisi. « On explose notre score en équipe ou en duel ? » Je regardai par dessus mon épaule avec un sourire malicieux, une manette tendue vers elle.