happiness flies away (tawbe #6)

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

Depuis mon retour de l’hôpital, les journées sont plutôt monotones. Les cauchemars qui s’invitent la nuit et le réveil mouvementé, mes hurlements transpercent les murs et réveillant parfois Tawny j’imagine. Puis la journée qui commence, et qui se déroule comme les précédentes. Jogging, chaussons à tête d’ourson comme une enfant, et un tshirt parfois bien trop long. Je ne suis pas la fille la plus glamour et la plus romantique qui existe depuis que je suis rentrée de l’hôpital, mais à quoi bon ? Je ne travaille plus, et j’ai l’interdiction de prendre le volant, et même si je le voulais, j’ai plus de voiture. Alors je me contente d’être un zombie à la maison, déambulant sans même prendre le temps de faire le ménage ou très peu. Je suis un peu métamorphosée, et j’avoue que je laisse un peu la propreté à Tawny pour le moment. J’ai besoin d’une pause, d’une véritable pause, et dans tous les domaines. Le ménage, j’abandonne, le rangement, j’abandonne, le boulot, j’oublie. Au final, je suis devenue la pire colocataire de cette ville, qui traine sur le canapé toute la journée, alors qu’elle pourrait s’occuper un peu de la maison. Et puis ce chien, Draco, aussi adorable soit-il mais tellement pénible. Il est mignon, adorable même, mais il pisse partout et c’est assez infernal. J’ai l’impression de repartir au point de départ, quand Greezly était petit, même si j’ai eu de la chance avec lui pour la propreté. C’est encore avec solitude que j’ai passé la journée, en compagnie des séries nunuches qui passent l’après-midi devant lesquelles je m’endors, un bol de céréale en guise de repas. Clairement, ça craint, mais je profite de la tranquillité de la maison avant que Tawny rentre le soir, si elle n’est pas chez sa sœur, Loïs. Sa sœur qui est aussi celle qu’elle aime, celle avec qui elle couche, une amante. Si j’ai eu du mal à me faire à la situation, Tawny me semble heureuse depuis qu’elle est dans sa vie, malgré les embuches qu’elles ont déjà traversées. Je ne connais pas très bien la petite blonde, voire même pas du tout, mais j’ai souvent un mauvais pressentiment à son égard, et mon besoin de protection envers Tawny est décuplé depuis qu’elle est là. Je ne dis pas que c’est une mauvaise personne, cette Loïs, simplement qu’elle ne m’inspire pas vraiment confiance. En soi, je me trompe peut-être, j’espère. Si Tawny venait à souffrir par sa faute, jamais je ne me pardonnerais, mais surtout, jamais je n’accepterais cette blonde dans ma vie. Nos vies. Allongée dans le canapé à regarder un programme ennuyant,  je sursaute en entendant la porte se refermer en claquant. « Tawny ?! » Pas de réponse, et je me lève en vitesse pour voir qui vient d’entrer, me dépêchant en profitant pour balayer un peu les vêtements qui trainent sur le côté pour éviter de marcher dessus. Quand j’arrive dans l’entrée, c’est une silhouette sombre qui apparait, et des sanglots qui s’invitent dans mes oreilles. Je ne tarde pas à reconnaître ma sœur de cœur, et c’est la panique, ne comprenant pas pourquoi elle est dans un état pareil. Je ne la vois pas souvent pleurer, jamais quasiment, et la dernière fois remonte à mon réveil du coma, mais elle n’était pas dans cet état là. Je m’approche d’elle doucement, pour ne pas la brusquer, et finalement, je la tire contre moi pour caler sa tête dans mon cou. « Qu’est-ce qui se passe ? » Pas de réponse, et je relève sa tête vers la mienne. « Tawny… » Je déglutis un peu, et à ce moment même, mon cœur saigne. La voir comme ça n’est jamais facile, mais ce soir, c’est encore plus difficile. Sa détresse s’entend d’ici, son cœur qui bat à cent à l’heure aussi, et je ne comprends pas.

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

Un rendez-vous, un rendez-vous manqué. J’aurai dû m’en douter après tout. C’est tout Loïs ça. Un pas en avant, trois pas en arrière. Aujourd’hui, je ne sais plus où me situer avec elle, tout est si confus, tout est si étrange. La seule chose dont je suis certaine, ce sont les sentiments que je lui porte, plus forts encore que je n’ai pu ressentir pour personne avant elle. Personne. Et pourtant je sens que quelque chose cloche, que je ne devrais pas ressentir tout ça, en dehors de notre lien de parenté je parle. Loïs est un être libre, un électron impossible à mettre en cage, et je n’ai même jamais voulu ça pour elle. Je voulais juste pouvoir vivre à ses côtés, pouvoir profiter des moments passés en sa compagnie. Je me retrouve à tourner en rond dans la cour intérieure du Fox, passant mes mains dans mes cheveux et regardant ma montre toutes les trente secondes. Quasiment une heure que j’ai fini de bosser, qu’elle aurait dû me retrouver là pour qu’on aille toutes les deux se promener, passer un peu de temps ensemble. Mais personne. Et soudain, un sms. Excuse-moi. Je décolle pour le Canada dans quelques minutes, ne cherche pas à me rattraper, c’est pas moi tout ça, tu ne mérites pas tout ça. Prends soin de toi. L. Mon sang ne fait qu’un tour. Elle peut pas me faire ça putain, elle a pas le droit. J’enfile à la hâte mon casque sans l’attacher et roule à toute allure jusqu’à l’aéroport, mais bien sûr l’avion pour Toronto est déjà parti. Je suffoque, j’étouffe, je ne sais plus qui je suis, où je vais. Pendant plus de deux heures je reste là, jonglant entre un siège et la vitre laissant apparaître le tarmac. Je ne sais pas ce que j’attends, elle ne reviendra pas, et elle ne veut pas que je cherche à la revoir. Toutes mes entrailles se trouvent altérées, mes poumons diminués et mon coeur, ne parlons même pas de mon coeur. Comment peut-elle partir comme ça, tout lâcher qu’en ne me laissant qu’un sms. Ses excuses ne valent rien, je la déteste d’avoir fait ça. Je la déteste de me laisser presque mourante de son absence. J’aurai dû écouter Phoebe. L’amour fait mal, beaucoup trop mal, et j’aurai préféré ne jamais le connaître. Je regrette de m’être donnée corps et âme pour elle, je regrette d’avoir flanché sous ses yeux de biche, de m’être mise à nue, d’avoir tout donné, baissé toutes les barrières. Je regrette tellement de choses. En cet instant précis je ne me sens être que l’ombre de moi même, mes gestes ne sont plus si précis, ma vision est altérée par les larmes qui dévalent mes joue sous la visière de mon casque. Je grille un feu rouge, puis deux, je fais n’importe quoi. Si la mort veut me prendre alors qu’elle le fasse, après tout, je ne vois pas bien ce que je pourrai faire maintenant qu’elle n’est plus là. J’ai la sensation d’avoir perdu le plus gros, et d’abandonner le reste. Je ne sais même pas comment j’arrive à la maison ce soir, remettre les pieds partout où nous avons vécu ces moments que je chérissais, si précieux à mon coeur, et qui me donneraient envie de vomir. J’éteins le moteur de ma moto dans l’allée et balance mon casque dans l’herbe. Un haut le coeur me saisit et je vomis mes tripes dans l’herbe fraichement taillée. Le dégoût profond, d’elle et surtout de moi même. Lorsque je passe le pas de la porte, Phoebe est là, comme toujours. Draco vient me sauter dessus et je le repousse avec beaucoup trop de violence. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de lui mais il risque de me rappeler beaucoup trop de mauvais souvenirs. « Qu’est-ce qui se passe ? » Phoebe est sûrement la seule à pouvoir m’apaiser, rien qu’un peu. Même dans mes colères les plus sombres, jamais je n’ai eu envie de la repousser, de lui faire du mal. Jamais. « Tawny… » Je secoue la tête, je ne veux pas répondre. Elle m’incite à glisser ma tête dans son cou, et c’en est fini de moi. Les sanglots reprennent, plus forts, plus bruyants, les hoquets me brûlant la cage thoracique, et ce coeur qui saigne à l’intérieur de ma poitrine. Mes jambes chancelantes menacent de me lâcher, et je sens toute la pression faire frémir mon corps sous des soubresauts. « Elle… elle est partie… »

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

En ce moment, et depuis l’arrivée de Loïs dans sa vie, j’ai l’impression de ne plus reconnaître ma sœur de cœur. Son humeur est changeante, j’ai l’impression qu’elle est sur les nerfs sans arrêt, mais avant tout, elle semble s’emporter pour un rien. Je ne sais si c’est l’influence de cette sœur et amante fraichement débarquée dans le pays, mais quoi qu’il en soit, je ne supporterais bientôt plus cette situation, bien trop grave à mon gout. J’accepte le fait qu’elles couchent ensemble malgré les réticences que j’ai pu ressentir quand j’ai compris qu’elles étaient amantes toutes les deux, et pourtant, ce que je vois aujourd’hui dans les yeux de Tawny c’est bien de l’amour, et pas n’importe lequel. Celui que j’ai pu ressentir pour Maggie, cet amour qui te prend aux tripes et qui te rend totalement fou, cet amour que tu ne peux contrôler, cet amour qui modèle ton esprit. C’est bien pour ça que j’ai l’impression de ne plus avoir la jeune femme à mes côtés, cet amour incestueux la rend folle, bien trop, et je n’arrive plus à suivre. J’ai l’impression de ne plus la connaître, et je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle. L’amour fait mal, bien trop mal, et j’en suis la preuve vivante, et je sais que c’est nouveau pour elle. Depuis que je connais Loïs, j’ai un mauvais pressentiment à son égard, et même si je n’en ai jamais vraiment parlé à Tawny pour ne pas la brusquer, mes doutes se confirment quand j’entends la porte d’entrée claquer brusquement. Je me lève en vitesse pour partir la rejoindre, et la Tawny que je trouve en face de moi est complètement dépitée, déprimée, ses yeux sont humides, son visage rouge et bouffi, et je pourrais mettre ma main à couper qu’elle vient de vomir vu l’allure de ses cheveux. Son chien, Draco lui saute dessus, et c’est quand elle le repousse violemment que je comprends qu’il y a vraiment un problème, et pas qu’un peu. Je m’approche d’elle, l’incitant à venir dans mes bras, et lui demande ce qu’il se passe. Elle ne me répond pas aussitôt, et je me contente de lui caresser un peu le dos pour la mettre à l’aise, et à peine a-t-elle posé sa tête dans mon cou que déjà, elle fond en larmes. Des sanglots que je ne pensais pas capable venant d’elle, bruyants, me donnant presque les larmes aux yeux. Elle tremble, et je lui caresse délicatement les cheveux pour qu’elle se laisse aller, même si je sais que je n’ai pas besoin de lui ordonner ça, elle le fait sans même mon conseil. Ses jambes tremblent, et j’ai l’impression qu’elles vont finir par la lâcher, alors je glisse une main sur la taille de la jeune femme pour la retenir, et éviter qu’elle ne tombe par terre. Voir ma sœur comme ça m’inquiète, je n’en ai pas l’habitude, je ne l’ai jamais vu dans un état pareil et je ne peux m’empêcher de penser à cette Loïs, sans doute à l’origine de son mal être. Et visiblement, je ne me trompe pas, et mon mauvais pressentiment se confirme. « Elle… elle est partie… » J’écarquille les yeux, et me décale un peu de ma sœur de cœur pour la regarder. Je reste quelques secondes en face d’elle, et la tire à nouveau contre moi, essayant de la porter comme je peux pour l’emmener jusqu’au salon. Heureusement, il n’est pas très loin, parce que mine de rien, Tawny est bien plus grande que moi et je me surprends de ma force ce soir. Je la laisse tomber sur le canapé, et m’assoie à ses côtés avant de la prendre à nouveau contre moi, en glissant ses cheveux derrière ses oreilles pour éviter qu’ils ne s’accrochent à son visage humide, et par le fait, collant. Je caresse doucement son crâne, puis son dos avec mon autre main, faisant signe de mon regard à Greezly de partir d’ici avec Draco, et il s’exécute. « Chut, ça va aller… » Je sais très bien que non, ça ne va pas aller, mais je dis ça pour la rassurer afin qu’elle essaie de se calmer, pour m’expliquer ce qu’il se passe réellement. Cette Loïs semble envolé, et pourtant, je ne comprend pas réellement la face cachée de sa révélation. Partie dans le sens où elle en a marre de leur relation ? Ou bien repartie dans son pays ? Je n’en sais rien, et pour le moment, je m’en contrefiche un peu. L’important pour moi c’est Tawny, et la voir comme ça me brise le cœur. Je me décale un peu pour prendre son visage dans mes mains, essuyant un peu ses joues, même si les larmes ne tardent pas à reprendre, encore plus fortes que les précédentes. Je m’approche encore un peu d’elle pour la prendre à nouveau dans mes bras, posant sa tête dans mon cou pour essayer de l’apaiser, afin qu’elle essaie de se calmer et respirer avec moins de difficultés. « Ma puce respire… concentre toi sur ta respiration je t’en supplie… » Je déglutis un peu, et attrape ses deux mains pour lui montrer que je suis là, même si je sais que ma demande risque d’être bien difficile à exécuter pour elle. L’amour ça fait mal, et malheureusement, elle en paye les frais aujourd’hui.

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

Elle décale mon visage pour me regarder, sans doute pour être sûre d’avoir bien entendu. Je ne le répèterai pas, c’est déjà bien assez difficile comme ça. Je déteste Loïs désormais au moins autant que je l’aime, si ce n’est plus. Et la déchirure qu’elle vient de créer en mon être est la plus difficile que je n’ai jamais eue à vivre. Je ne sais pas ce qu’est de perdre quelqu’un, de le perdre vraiment je veux dire, par la mort, mais c’est pourtant un peu la sensation que j’en ai, et ça me détruit déjà alors que ça vient juste d’arriver. Je suffoque, je manque d’air, je m’étouffe avec mes propres sanglots. Je voudrais dormir et ne plus me réveiller. Pourquoi ça fait si mal putain. A nouveau envie de vomir, mes jambes plient sous le poids de mon mal-être et Phoebe tente de me retenir, me soutenir. Je vais avoir besoin d’elle, plus que jamais. Elle m’accompagne jusqu’au canapé et je n’ai jamais senti mon corps aussi lourd à porter. Ma meilleure amie fait en sorte de me calmer, du mieux qu’elle peut, mais je sais pourtant autant qu’elle qu’elle n’y arrivera pas vraiment. « Chut, ça va aller… » Je sais bien que non, que ça n’ira pas, pas avant longtemps. Je suis amoureuse de Loïs, c’est la première fois que ça m’arrive, j’aurai tout donné pour elle, et je me retrouve seule au final, abandonnée comme une merde, et je la déteste, je la déteste à en vomir. Je peine toujours à respirer, comme si la vie ne cherchait plus à rester en moi. Je n’en suis pas à avoir envie de mourir, mais si la mort avait envie de me prendre, je ne suis pas sûre d’arriver à trouver la force de me battre. A quoi bon de toute manière ? « Ma puce respire… concentre toi sur ta respiration je t’en supplie… » Ma respiration ? Laquelle ? Celle qui est en train de me faire défaut ? Qui se saccade un peu plus à chaque seconde ? Tout est en train de lâcher, je perds pieds et déjà ma tête tourne d’hyperventilation, de trop de sanglots, de trop de blessures, trop de maux à guérir et qui prendront beaucoup trop longtemps à mon goût. J’ai l’impression de revenir onze ans en arrière quand j’ai été rejoindre Phoebe et qu’elle était dans le même état que moi. Mais qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça putain ? On est pourtant pas de mauvaises personnes, merde ! Mon corps me lâche totalement et je m’affale totalement dans les bras de ma meilleure. Je voudrais tellement débrancher mon coeur pour qu’il n’ait plus à souffrir. Vivre simplement sans mon coeur, le préserver d’une éventuelle prochaine attaque. « Trouve-moi une bouteille d’alcool, n’importe quoi… » Je ne peux pas rester là à penser, je dois faire taire mes pensées, mes émotions, je dois arrêter de me laisser pourrir par ces putain de sentiments qui me détruisent. J’aurai dû me protéger d’elle, j’ai cru en elle, en nous, j’ai cru qu’on pourrait être heureuses. Foutaises. Nouveau haut le coeur.

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

Voir Tawny dans cet état là me brise le cœur, et quand je comprends que c’est à cause de cette sœur débarquée dans sa vie, je ne peux m’empêcher de ressentir une profonde culpabilité. Je savais que cette fille n’était pas bien pour elle, que cet inceste c’était de la connerie et que ça allait mal finir, et pourtant, je n’ai rien dit. A quoi bon cela aurait-il servi ? Je sais mieux que personne que quand on est amoureux, on en a rien à faire de l’avis des autres. Mais maintenant, le corps tremblant de Tawny contre le mien, je regrette de ne pas l’avoir mis davantage en garde. L’amour ça fait mal, trop mal, et du plus profond de mon cœur, j’ai prié pour que ma sœur de cœur ne vive pas ce sentiment si destructeur. Si il y a des effets positifs, magnifiques même, et que je lui souhaitais uniquement pour ça, ce sentiment d’abandon est plus horrible encore, et pour l’avoir ressenti il y a onze ans, je sais à quel point nous nous sentons mourir. Ma sœur suffoque, et je ne tarde pas à la prendre dans mes bras pour l’accompagner jusque dans le salon, en faisant signe aux deux chiens de partir, ce qu’ils font immédiatement. Je me concentre à nouveau sur la jeune femme, et la prend contre moi en lui caressant les cheveux pour essayer de la rassurer. Je tente de trouver les mots, mais je sais à quel point c’est difficile. Dans un moment pareil, ça ne sert à rien de dire que tout ira bien, la personne est pessimiste au possible, pas du tout encline à voir le positif de la vie. A quoi bon. Avoir un cœur brisé est la pire chose qui peut nous arriver.  Je  caresse doucement son dos, lui demandant de respirer, calmement et de se concentrer là-dessus. Je sens qu’elle est en train de partir, de disparaitre, et je refuse qu’elle se laisse aller définitivement. C’est grâce à elle que je suis encore ici aujourd’hui, et si elle a pris soin de moi durant de longues années, c’est à mon tour désormais, et je ne la laisserais pas se détruire. Je prends délicatement ses mains pour l’encourager à respirer, et elle se lâche complètement dans mes bras, tandis que sa respiration continue de s’affoler. Je cale doucement sa tête dans mon cou, qui ne tarde pas à être complètement humide à cause des larmes de la jeune femme qui coulent sur celui-ci, et je déglutis un peu en la sentant comme ça contre moi. « Trouve-moi une bouteille d’alcool, n’importe quoi… » Sa tête se relève vers moi, et je n’arrive même plus à lui sourire. « C’est pas la solution Tawny… » Je l’ai expérimenté il y a onze ans, et quand je vois comment ça aurait pu finir, je regrette encore aujourd’hui. Tawny ne tarde pas à avoir un haut de cœur, et je lui attrape doucement la main avant de me lever du canapé, me plaçant en face d’elle. « Bouge pas ma puce, reste là. » Je lui souris un peu, et m’avance vers mon bureau pour partir chercher un paquet de cigarette dans le tiroir d’une des commodes, et passe par la cuisine pour attraper un verre et la bouteille de vodka avant de retourner vers Tawny. Je m’assoie à nouveau à côté d’elle, et lui sert très peu de vodka dans le verre, avant de déposer une clope dans ses mains. J’imagine que ce n’est pas vraiment ce à quoi elle s’attendait, surtout venant de ma part, mais je la fais taire avant qu’elle ne prenne la parole. « Chut, ça te fera plus de bien qu’une bouteille. » Je la regarde en déposant doucement ma main sur sa cuisse, en glissant la seconde dans son dos pour la maintenir. J’attrape l’élastique autour de mon poignet pour accrocher ses cheveux en un chignon, bien trop rapide pour être élégant mais qui lui permettra au moins d’avoir le visage un minimum dégagé.

❝ happiness flies away ❞
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C’est la voix suppliante que je demande à ma soeur de coeur de me donner quelque chose à boire, quelque chose d’alcoolisé qui me permettra de tout oublier, au moins quelques heures. Mais j’aurai dû me douter que Phoebe n’allait pas céder si facilement à ma requête. « C’est pas la solution Tawny… » Je sais bien qu’il y a onze ans, ça ne nous a pas réussi de boire, mais là, je ne lui demande pas de me suivre. J’ai juste besoin d’oublier, j’espère qu’elle peut comprendre. « S’il te plait. » Je la supplie, je ne vois que ça, je n’ai plus aucune force pour me battre contre elle. Je ne bois pas beaucoup d’alcool, un verre de temps en temps avec des amis, je suis loin d’être alcoolique, alors si je ne bois pas quand je vais mal, à quoi ça servirait exactement ? « Bouge pas ma puce, reste là. » Je hoche à peine la tête et retire mes basket avec un peu de mal avant de me mettre assise en tailleurs sur le canapé, passant mes mains sur mon visage pour essuyer les larmes qui je sais ne tarderont pas à couler à nouveau. Les chiens se ramènent tous les deux et je les repousse, particulièrement Draco que je n’ai pas envie de voir. Ça rime plus à rien sans elle. Plus rien ne rime à rien de toute manière. Phoebe revient avec une bouteille et un verre, merci mon dieu, et elle me met carrément une clope dans les mains. Sérieusement ? Je ne compte pas le nombre de fois où elle m’a fait la morale pour que j’arrête, où elle m’a demandé de ne pas fumer à la maison etc… J’avais bien réduit pendant un moment, mais alors là clairement, qu’elle ne me demande pas d’arrêter. Enfin, vu qu’elle m’en colle une dans les mains, je suppose que ce n’est pas son but. « Chut, ça te fera plus de bien qu’une bouteille. » Je serre les mâchoires pour tenter de retenir mes larmes à nouveau et hoche à peine la tête. elle attache mes cheveux et intérieurement, je remercie le ciel de l’avoir près de moi. Si j’étais rentrée seule ici ce soir, je crois que j’aurai fait n’importe quoi, je n’ose même pas imaginer. J’aurai sûrement descendu le bar, fumé trois paquets de clopes, fumé sans doute autre chose de douteux, histoire de m’endormir sans plus penser. Mais elle est là, et elle s’occupe de moi. J’avale la totalité du fond de verre qu’elle vient de me servir et allume la cigarette sans tarder avec le briquet rangé dans ma poche de jean. Je tire dessus comme une dératée, espérant que ma tête se mette à tourner, que j’oublie tout l’espace d’une seconde. Mes mains tremblent encore, je peine toujours à respirer correctement et les soubresauts de mes sanglots sont encore présents. Je reste silencieuse avant de sentir mon téléphone vibrer et mon coeur qui se remet à tambouriner dans ma poitrine. Et si c’était elle, et si elle n’était pas vraiment partie ? Je le sors à la hâte, tremblante, avant de me rendre compte que non, ce n’est pas elle, seulement une de mes collègues de travail. « Tu veux bien tout enlever s’il te plait ? Les sms, les photos, son numéro, tout. » Je ne veux plus entendre parler d’elle. Je ne veux plus qu’elle me détruise comme elle est en train de le faire.

❝ happiness flies away ❞
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Quand Tawny me réclame de l’alcool, j’ai l’impression de revenir onze années en arrière. Le cœur brisé par une petite amie envolé, l’esprit tourmenté par une meilleure amie à mes côtés. Celle que je considère comme ma sœur de cœur et moi avions failli coucher ensemble ce soir là, et je n’ose imaginer les conséquences aujourd’hui. Alors pour ce soir, je suis d’abord hésitante, ce qui peut se comprendre. « S’il te plait. » Je lui souris un peu, et me lève en lui demandant de ne pas bouger. Après tout, je ne suis pas obligée de boire, et elle n’est pas obligée de boire comme un trou non plus. Je sais mieux que personne qu’un cœur brisé détruit, et encore plus lorsque c’est la première fois qu’il s’autorise à aimer. Et ce soir, j’ai l’impression d’être impuissante face à son mal être, de ne pas pouvoir la consoler. Une dernière caresse sur son visage humide, et je m’avance vers mon bureau afin de récupérer mon paquet de cigarette que je cache soigneusement depuis mon retour de l’hôpital, en espérant que Tawny ne se doute de rien pour le moment. Quand j’en ressors, je regarde ma meilleure amie sur le canapé avec une petite mou désolée, et récupère dans la cuisine un verre et une bouteille avant de retourner vers elle. Je m’assoie à ses côtés en déposant la cigarette dans ses mains, puis rempli le verre d’un fond d’alcool. J’imagine qu’elle est surprise pour la cigarette vu la tête qu’elle m’offre, et je la regarde en souriant en lui demandant gentiment de ne pas faire de réflexion, et que c’est toujours mieux qu’une bouteille. Elle ne dit rien, et je remarque qu’elle essaie de retenir ses larmes et je baisse un peu les yeux. Je me place un peu derrière elle pour lui attacher les cheveux pour éviter qu’elle en ait dans les yeux, et commence à lui caresser doucement le dos pour lui dire que tout ira bien, même si ça risque d’être  difficile. « Si tu as besoin de pleurer, ne te retiens pas ma puce, je suis là. » Je lui dépose un léger baiser sur sa joue, et me replace à côté d’elle en la regardant boire son verre cul sec, en soupirant légèrement. Dieu merci je n’en ai pas mis beaucoup, sinon, elle serait partie bien trop vite dans l’extase et ça n’aurait pas été agréable ni pour elle ni pour moi. Je la regarde fumer en baissant un peu la tête, on dirait un pompier, et même si elle en est un, c’est pas vraiment l’idéal. Je repose ma main sur son dos pour continuer de faire des ronds pour tenter d’apaiser un peu son angoisse afin qu’elle se calme, mais quand son téléphone vibre, c’est encore pire. J’ai même l’impression que mon cœur s’arrête à cette vibration, complètement terrorisée en imaginant que c’est la blonde qui est à l’origine de cette situation. Je comprends rapidement que non, et soupire de soulagement. « Tu veux bien tout enlever s’il te plait ? Les sms, les photos, son numéro, tout. » Je hausse un peu les épaules, et attrape son téléphone rapidement. Je la regarde une dernière fois avant de supprimer la conversation téléphonique, puis le contact. En arrivant dans les photos, je baisse un peu la tête, de peur qu’elle regrette par la suite. Finalement, je n’attends pas plus longtemps et supprime l’intégralité, en faisant bien attention à garder celles où la gamine n’apparait pas. Je repose le téléphone sur la table basse en face de nous, et attrape rapidement la cigarette de Tawny pour en tirer une bouffée, avant de la lui redonner. Je pose doucement ma main sur le genou de ma sœur de cœur, et me lève en lui tendant la main. « Je vais te faire prendre un bain, ça calmera tes sanglots et ça va te faire du bien. » Je lui souris un peu en déposant ma main sur son épaule. « Tu auras une deuxième clope en haut et un verre si tu veux. » La carotte qu’on offre à l’âne, c’est beau ça.

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« Si tu as besoin de pleurer, ne te retiens pas ma puce, je suis là. » Je ne sais pas pleurer, sans doute un peu trop de fierté pour ça. Mais avec ma soeur de coeur, la fierté n’est plus de mise, elle ne l’est simplement pas et ne l’a d’ailleurs jamais été. Elle est celle qui me connaît le mieux, celle qui me soutient depuis toujours, et pour ça, je ne l’en remercierai jamais assez. Mais là, je ne sais même pas si j’ai envie de pleurer, envie de me laisser aller. La raison ? J’estime que la fille qui me fait ressentir tout ça n’en a rien à foutre, et ne mérite pas que je me mette dans des états pareils pour elle. Et pourtant, bordel ce que ça fait mal. Un long soupir et je laisse Phoebe partir pour me ramener ce que je lui ai demandé, mais mieux encore, une clope en plus. Je m’empresse de boire mon verre et m’allumer cette cigarette pour tirer dessus comme un droguée. Je dois être tellement pitoyable, mais ce n’est rien comparé au moment où je reçois un sms. Je me déteste et j’ai envie de me mettre des claques d’imaginer que ça puisse être elle. Celle qui fait de moi une sous merde. J’ai encore envie de vomir. Je demande à Phoebe de supprimer tout ce qui est en rapport avec Loïs, et mon coeur se serre en la voyant faire. Je regrette un instant avant de finir par me dire que c’est de toute évidence la meilleure solution. Je soupire en la regardant poser mon téléphone sur la table basse, me disant qu’il ne sonnerait plus avec l’espoir que ce soit elle. Je laisse Phoebe me câliner, me rassurer du mieux qu’elle peut. J’ai tellement envie d’oublier. Phoebe me pique ma cigarette pour en tirer une bouffée et je fronce les sourcils en la regardant faire. « Attends tu… » Non, je laisse tomber, c’est pas du tout le moment. Alors je secoue la tête, l’air de lui faire comprendre que je capitule. « Je vais te faire prendre un bain, ça calmera tes sanglots et ça va te faire du bien. » je hoche finalement la tête, à peine eut-elle proposé cette alternative. Voilà, un bain c’est bien, même si ça n’arrêtera pas mon cerveau de trop penser. Il n’y a que l’alcool qui pourrait m’aider à faire ça. « Tu auras une deuxième clope en haut et un verre si tu veux. » Elle sait comment me parler. Bon, pour le coup, j’ai un peu l’impression d’être une gamine qui a besoin d’une carotte, mais c’est un peu ça quand on y pense. Je suis Phoebe à l’étage et la laisse régler la température du bain. En attendant, je file dans ma chambre et récupère toutes les affaires de ma soeur que je fous dans un sac qui traînait par là. Lorsque Phoebe m’appelle, je sors de ma chambre et mets dans ses bras le sac en question. « Tu pourras en faire don à des assos ? J’ai pas le courage. » Ma voix est tremblante et je dois me racler la gorge pour tenter de faire disparaître la boule qui s’y trouve. Je finis par me déshabiller et grimper dans la baignoire, recevant les présents de ma soeur de coeur. « Tu veux bien rester ? J’ai pas envie de me retrouver seule et trop penser. » Elle accepte, bien sûr. Nous n’avons pas besoin de parler, mais elle est la meilleure pour arriver à me faire penser à autre chose. Elle est la meilleure tout court. Une fois le bain devenu presque froid, je décide de sortir et m’enveloppe dans un peignoir tout propre. « Bee ? » Elle se retourne et je lui fais mon regard de chien battu. « Je peux dormir avec toi ? »

❝ happiness flies away ❞
TAWNY & PHOEBE

Dans une situation pareille, l’alcool reste une solution plutôt agréable et facile d’accès. Alors quand Tawny me le demande, et malgré une petite hésitation, je lui offre finalement ce qu’elle me demande. Une cigarette en cadeau, et je continue de la rassurer, lui précisant que si elle a besoin de pleurer, qu’elle ne doit pas se retenir. Tawny n’est pas une femme qui pleure facilement, à vrai dire, elle est complètement mon opposée sur ce point là. Et pas que celui là d’ailleurs. De nombreuses personnes n’ont jamais compris pourquoi nous étions si proches, malgré toutes ces différences. Moi je préfère répondre que c’est ces différentes qui sont des forces, puisque nous nous complétons à merveille. Là où Tawny est moins mature, je lui apporte la mienne et mon équilibre. Là où je suis trop sensible, Tawny m’aide à faire face à la situation avec un peu plus de sang froid. Je ne suis rien sans elle, ni la personne que je suis aujourd’hui, ni rien du tout. Et je n’imagine même pas si je devais la perde, ou si je me retrouvais dans la même situation qu’elle quand j’ai eu mon accident. Alors aujourd’hui plus qu’un autre, je n’hésite pas à la câliner, à la remercier. Une façon pour moi de la remercier d’être là, mais aussi de lui montrer que je suis là dans n’importe quelle situation. Attrapant discrètement la cigarette dans sa bouche pour la placer dans la mienne afin de tirer une légère bouffée, je ferme doucement les yeux pour en profiter. La jeune femme me semble surprise, et elle en a complètement le droit, c’est encore bien récent, mais ce n’est pas inutilement. La clope me permet de trouver une chose qui me fait du bien dans mes journées depuis mon retour de l’hôpital, et je sais très bien que c’est temporaire. Sauf que voilà, je suis loin du discours anti cigarette que je tenais encore à Tawny il y a quelques mois. « Attends tu… » Je baisse un peu la tête avant de lui rendre la clope, et finalement, elle m’indique que ce n’est pas la peine, c’est surtout pas le bon moment pour parler de ça. Je décide finalement de me lever et de lui tendre la main, pour lui proposer un bain, lui expliquant que ça va lui faire du bien. Elle hoche la tête, et je lui souris en lui annonçant qu’elle aura une deuxième clope et un verre une fois qu’elle sera à l’intérieur. Elle ne répond pas, et nous montons à l’étage où je commence à faire couler le bain, avant de me diriger vers ma chambre pour récupérer une cigarette pour lui offrir, et la pose dans la salle de bain à côté du verre que j’ai servi avant de monter. Une fois le bain prêt, je l’appelle, et elle débarque avec un énorme sac qu’elle dépose dans mes bras. « Tu pourras en faire don à des assos ? J’ai pas le courage. » Je lui souris. « Oui, bien sûr. » Un léger geste sur son épaule, et finalement, je tourne la tête quand elle se déshabille. Ok, c’est complètement idiot, j’ai déjà vu Tawny à poil et pas qu’une fois, mais ce soir, ce n’est pas la même chose. Je me retourne quand j’entends l’eau clapoter un peu, et lui tend sa cigarette et son verre d’alcool. « Tu veux bien rester ? J’ai pas envie de me retrouver seule et trop penser. »  Je lui souris à nouveau. « Je suis là, toujours Tawny. Bien sûr que je reste, t’avais pas le choix. » Un léger clin d’œil, et je m’assoie à côté de la baignoire, et le silence s’installe. Un silence nécessaire, nous n’avons pas besoin de mots toutes les deux, et c’est pas plus mal finalement. Quand elle sort, j’attrape un nouveau peignoir pour lui tendre, toujours aux petits soins avec elle. « Bee ? »  Je lève les yeux vers elle, et comprend à son regard qu’elle va me demander quelque chose. J’adore ce regard.  « Je peux dormir avec toi ? » Je m’approche d’elle pour la prendre à nouveau dans mes bras, et me décale un peu en lui attrapant la main pour l’emmener jusque dans ma chambre. Je retire rapidement mes vêtements pour enfiler un pyjama, et nous nous couchons dans mon lit, l’une contre l’autre, comme lorsque nous étions enfants. J’attrape la main de Tawny pour la serrer contre la mienne, parce que j’en ai besoin, mais elle aussi. « Bonne nuit ma puce, réveille moi si il y a un problème, je serais là. » Je me retourne pour déposer un léger bisou sur sa joue. « Je serais toujours là, pour toi, et avec toi. » Et nous nous endormons.

fin