contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey]
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Sujet: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Ven 26 Mai - 11:54
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
Nilo & Tracey
« Tenue. » Lança la matonne avec une hostilité certaine.
Je lâchai un soupir non dissimulé et roulai des yeux, avant de tendre la tenue bleue ciel que j’avais portée pendant seize longues années. Nos regards se croisèrent. Je lui adressai un sourire plus que forcé, qui avait tout sauf quelque chose d’aimable, et passai le premier portique. Les deux autres matons qui m’accompagnaient me conduisirent dans une salle étroite, où une fenêtre haute laissait filtrer la lumière de cette après-midi riche en soleil qui débutait. A vrai dire, j’ignorais naturellement tout de l’heure qu’il était, mais ce que je savais c’était que l’on devait me libérer pour quinze heures. J’avais attendu ce moment depuis tellement de temps…
« Assis. » Me dit-on.
Je m’exécutai en silence, et pris place sur la chaise en bois et en plastique qui trônait au milieu de la pièce. Là, un homme en uniforme également pénétra dans l’espace, une boîte à la main. Il se plaça devant moi, et m’expliqua :
« Voilà ce que tu vas avoir au pied au moins jusqu’à la fin de la durée de ta peine. T’as d’jà fait seize ans. Comme tu as été condamné pour vingt ans, t’es pas con, il te reste cinq ans. »
« Quatre… » Le corrigeai-je.
« Euh… Ouais. ‘Fin, t’as compris ce que je voulais dire. Fais pas le mariole avec moi, gueule d’ange. »
Je me tus, et observai l’objet qu’il me mit sous les yeux quelques secondes. Voilà donc ce qu’était ce fameux bracelet électronique. L’homme se mit à genoux, ouvris l’appareil et remonta le pan de mon jean gris délavé. Il emprisonna alors ma cheville gauche avec le bracelet, et força dessus pour s’assurer qu’il était parfaitement mit et ne s’ouvrirait donc pas.
« T’as vu la psychiatre ? Elle t’a fait ton ordonnance ? » Me demanda-t-il en relevant le regard vers moi, avant de se redresser.
J’acquiesçai d’un simple hochement de tête et lui montra les trois feuilles d’ordonnance qu’elle m’avait remplies. J’étais empressé de quitter cette foutue prison où j’y avais passé beaucoup trop de temps, pour une peine à moitié erronée. J’avais été accusé du meurtre de mes deux parents, seize ans plus tôt, alors que je n’avais qu’à peine vingt-deux ans. Seulement le fait était que je n’en avais tué qu’un : mon père. Cette ordure s’était occupé de ma mère, la seule personne à laquelle je tenais plus que tout au monde. Mais on avait refusé ma version des faits, favorisant celle des voisins qui n’avaient pourtant rien vu d’autre que ma personne marchant avec le cadavre ensanglantée de ma mère dans les bras, dans l’espoir de trouver un peu d’aide. Mais cette aide, personne n’avait souhaité me la fournir. J’étais un fils de racaille, d’alcoolique et de drogué. Je n’étais rien d’autres à leurs yeux qu’un malfrat qu’il fallait mettre sous les verrous au plus tôt. Et c’était bien là ce qui s’était passé… Le juge et les jurés n’avaient eu aucune pitié pour moi, et la psychiatre qui avait analysée mon cas auparavant constata que j’étais un grand déséquilibré psychologique. Lorsque je fus incarcéré, elle ne mit pas longtemps à établir mon profil psychiatrique : j’étais un grand bipolaire doublé d’un schizophrène. Du moins de nombreux traits de schizophrénie, ce qui était appelé selon leur DSM V une maladie dite schizo-affective. Cela expliquait tellement de choses : mes passages de dépression profonde où je m’automutilais, buvais et me droguais, à des moments de joie intense, que l’on pourrait même qualifier d’euphorie mais qui se transformait très vite en une agressivité sans nom que je retournais soit contre mes camarades d’école puis d’université, mes professeurs quels qu’ils soient, et, surtout, contre mon salaud de paternel. Cela expliquait aussi les fantômes que je voyais, et que cette femme affirmait n’être rien d’autre que des hallucinations auditives, visuelles et tactiles. Cela m’avait rassuré, en un sens, de mettre des mots sur les maux. Mais lorsqu’une nouvelle hallucination me prenait, j’étais à nouveau convaincu que je n’étais pas malade et que cette « chose » existait réellement. Cependant les médicaments que la psychiatre m’eut prescrit dans le temps s’avérèrent avoir un effet assez positif sur moi. Même s’ils étaient très loin d’être miraculeux… Je demeurerai à tout jamais malade, c’était une évidence qu’elle m’annonça. Les médicaments me soutiendraient, mais je resterai à jamais schizo-affectif. Tout ce que l’on pouvait faire, c’était alléger ma peine, et moi lui promettre que je prendrai très soigneusement mon traitement sans fin. Il fallait que ces thymorégulateurs m’aident à obtenir une humeur plus stable, moins en dent de scie, ce qui provoquait très souvent des passages à l’acte que je ne comptais même plus. Surtout depuis le décès de ma mère. J’avais tenté un nombre incalculable de fois de me supprimer en prison, en dissimulant des couteaux et autres objets tranchants pour me tailler les bras, ce qui laisserait à tout jamais une multitude d’empreintes longues et bien visibles sur les poignets, les avant-bras, les bras ainsi que les épaules. J’avais également tenté de me pendre ou de m’étouffer, mais malheureusement on m’avait soigné à chaque fois. Il fallait croire que la prison avait tout fait pour m’empêcher de rejoindre celle que j’aimais. Et ils avaient réussi, malgré mes incalculables récidives. Enfin, aujourd’hui était un autre jour et, je l’espérais, un jour meilleur. En même temps, cela m’angoissait, car même si la prison était pleine à craquer de types tous plus violents et dérangés les uns que les autres, l’extérieur me faisait peur. Après tout, là non plus on ne m’avait jamais fait de cadeau. Et puis, sans aller jusqu’à dire que je m’étais attaché à ces lieux, ce qui était entièrement faux, j’y avais néanmoins tous mes repères. Là, je ne savais ni où aller, ni quoi faire. J’étais totalement perdu, et personne ne m’aiderait, malgré la bienveillance de la psychiatre qui avait tenté de m’épauler. Je remis bien comme il faut le pan de mon jean pour ne pas que mon bracelet se voit, et fut conduit jusqu’à la sortie où l’on me remit mes quelques effets personnels, à savoir une montre qui ne marchait plus, un paquet de cigarettes, un téléphone portable qui ne s’était pas allumé depuis le début de mon incarcération, mon portefeuilles contenant la somme de cent-huit dollars et la photographie de ma mère lorsqu’elle était jeune et encore insouciante. Enfin, insouciante n’était pas le mot, car au fond elle ne l’avait jamais été. Mais du moins plus heureuse que lorsqu’elle rencontra mon père. Car sur cette photographie en noir et blanc elle devait avoir approximativement… seize ans, peut-être ?
Les grilles s’ouvrirent devant moi et, enfin, je fus totalement libre. Enfin, non. Partiellement avec ce machin au pied gauche. Seulement, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ma minable existence, moi ? J’errai dans les rues, avant d’entendre de la musique provenir d’un bar. Pas mal, ça. Je pris place à une table située à l’extérieur pour pouvoir profiter de la fraîcheur du vent qui luttait avec peine contre la douce chaleur du soleil. Un serveur vint à ma rencontre, et me demandai ce que je désirais boire. Je réfléchis un instant, et commanda un bon espresso, comme je n’en avais pas bu depuis tout ce temps. Impatient de pouvoir retourner à la vraie vie, je m’inquiétais néanmoins de ne pas savoir où passer la nuit. La prison aurait au moins pu prévoir quelque chose, je ne sais pas moi. Mais pas nous laisser là, en plan. Après ils s’étonnaient qu’il y avait des récidives de vol, etc… J’aperçus alors sur la table en face de moi un journal, et me levai pour le saisir avant de retourner à ma place. Là, je sortis de ma poche arrière mon paquet de cigarettes, où le briquet était encore glissé à l’intérieur du paquet. Super, personne ne me l’avait fauché. Menant la nuisible à mes lèvres, j’en allumai l’extrémité et laissai la fumée emplir mes poumons. Ah… ce que cela pouvait faire du bien, bon sang… Puis j’épluchais les annonces unes à unes tentant de dénicher un endroit où ils recueilleraient les SDF puisque force était de constater que j’en étais bel et bien devenu un à compté d’aujourd’hui. Mais rien… Puis je regardais les petites annonces pour des boulots divers et variés, avant que mon regard ne se pose en stupeur sur celle-ci :
« L’université prestigieuse de Wellington recherche un doctorant enseignant en photographie afin de donner des cours à temps complet. Salaire à négocier. »
Wellington… c’était précisément là que j’avais fait mon Master en photographie. Oui, mais je n’étais ni enseignant, ni doctorant… Et alors, pensais-je ? Ca, ça pouvait toujours s’arranger… Oui, j’étais à peine sorti de prison que je pensais déjà à magouiller. Mais avais-je seulement un autre choix ? J’étais sorti major de promo, alors l’enseignement était sûrement dans mes cordes. Pourquoi pas après tout ? Je pris mon téléphone portable, et cogita un instant sur le code PIN à entrer. Deux erreurs plus tard, je tentais le tout pour le tout et…. Hallelujiah. Il marchait. Je parcourus la liste de mes contacts dans mon répertoire, ignorant si celui que je cherchais s’y trouvait toujours. Et ma prière fut entendue. C’était bien la première fois ça, tient. Jacob… Je composai son numéro puis patientait jusqu’à ce qu’une voix plus mature et extrêmement enjouée ne retentisse dans le combiné.
« Salut Jake, c’est Nilo. »
« Putain Nil’, sérieux c’est toi ? Waouw, ça fait une paye ! Où étais-tu passé »
« Seize ans. Un peu plus. J'étais çà et là... Rien d'intéressant. Dis-moi, on a fait nos études photo ensemble, et tu me disais que tu pourrais m’arranger un poste si jamais un jour je voulais avoir ma place. C’est toujours le cas, n’est-ce pas ? »
« Carrément. Qu’est-ce que tu vises ? »
« Hmm… Tu vois le job de prof de photo dans les annonces ? »
Il fit un long sifflement.
« Tu vises haut, mon pôte. Mais t’inquiète, je te goupille ça. »
Je le remerciai et raccrochai, avant de pousser un long soupir. Je ne savais pas ce que ça allait donner, mais j’avais confiance en lui. Et puis après tout, qu’est-ce que je risquais ? Bon, retourner en prison, soit, mais le jeu en valait la chandelle. Je ne pouvais pas me permettre d’errer dans les ruelles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. D’ailleurs, qu’allais-je faire ce soir ? L’après-midi passa rapidement, et je m’arrêtai à un McDonald afin de me prendre un petit wrap au poulet pané et un yaourt à boire. La psychiatre avait déjà mis le doigt sur le fait qu’on lui avait rapporté que je ne mangeais que trop peu. Cela m’avait valu bien des malaises et des détours par l’infirmerie, mais depuis toujours je faisais du sport et surtout extrêmement attention à ma ligne. Sans doute une angoisse héritée de ma mère qui frôlait l’anorexie de son vie. Enfin, frôlé… non, elle était vraiment anorexique. Et moi, avec le peu d’argent que j’avais et que j’avais dépensé cette après-midi – pas en totalité heureusement – en paquets de clopes, il m’en restait peu pour manger. Et pour boire. Car cela me manquait cruellement. La drogue, je ne la mentionnais même pas. Depuis tout ce temps j’aurai dû être sevré, mais il n’en était rien. Il fallait que je consomme, c’était vital, surtout aujourd’hui qui était un jour aussi important qu’anxiogène pour moi. Alors je marchai dans les rues, un but bien précis en tête. Jusqu’à ce que j’aperçoive ce que je cherchais : une boîte de nuit bien branchée. Le sourire aux lèvres, je pénétrai à l’intérieur de celle-ci, spots inondant de différentes lumières la très vaste pièce où plusieurs podiums trônaient au milieu, offrant aux hommes (et aux lesbiennes je suppose) le loisir de dévorer des yeux des femmes toutes plus magnifiques les unes que les autres. Les strip-teaseuses se trémoussaient au son de la musique qui passait à fond dans les enceintes, tournant autour d’une barre avant que mon regard se pose sur l’une d’entre elles. Un corps sublime, des cheveux blonds et courts, à ce que je pouvais voir malgré que les lumières qui changeaient de couleur, et surtout un visage aussi angélique que diablement parfait. Je me dirigeai vers elle et pris place. Par chance, il n’y avait pas encore beaucoup de monde dans la boîte, ce qui me laissait le loisir de la contempler pour moi tout seul. Son regard se plongea dans le mien et je me sentis défaillir. Cela faisait seize ans que je n’avais pas vu de femme. Encore moins avec une beauté pareille… J’échangeai avec elle un regard entendu, et déposai un billet sur le podium. Billet qui aurait pu me servir à autre chose de plus intelligent comme boire, par exemple, ou me nourrir plus tard, trouver un logement etc., mais je n’expliquai pas la raison de mon geste. Enfin si : je n’étais qu’un homme…
Dernière édition par Nilo Toskàv le Ven 26 Mai - 21:45, édité 1 fois
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Ven 26 Mai - 15:01
« Tu comprends, Tessa, elle, elle a rencontré l’amour en faisant ce qu’on fait, alors c’est sûr que c’est possible… » « Tessa ? Tessa elle a filé avec un vieux riche à moitié mort et plus dégueulasse que tous les clodos du coin, tu plaisantes ou quoi ? » « T’exagères… Et Diamond, hein ? Le beau gosse avec qui elle a disparu ? » « Ma chérie, le beau gosse avec qui elle a disparu, c’était un putain de proxo qui a du la caser sur un trottoir ou bien l’abandonner égorgée au fond d’une poubelle. Redescends sur terre. »
Je claquai la porte de mon casier au nez de Bella, une fille sud-américaine aussi jolie que stupide. Sa naïveté me donnait à chaque fois des aigreurs d’estomac, tandis que mon cynisme et mon réalisme lui hérissaient les poils, ce qui donnait toujours lieu à des discussions comme celles-ci, stériles des deux côtés. Je poussai un soupir en partant, lasse de tout cela. La veille j’avais fini à quatre heures, sous coke, complètement défoncée, et j’en avais écopé d’une insomnie qui m’avait laissé toute la nuit et toute la journée pour réfléchir au vide de mon existence : ce genre de moment qui fait évidemment du bien… J’étais en colère. J’étais dans une phase d’énervement constant, d’agacement contre tout et tout le monde (mon patron m’avait même « gentiment suggéré » de baisser d’un ton lors de notre dernière discussion), et contre moi. J’avais loupé le théâtre ces deux dernières semaines et c’était mauvais signe : plus je sautais les cours, plus je descendais dans les strates. Or j’étais constituée de strates, et il allait sans dire que plus on creusait moins le tableau était réjouissant. Classique.
J’attrapai une cigarette et me mis à la fumer à l’arrière de la boîte de nuit. Il était encore tôt. Mes mains tremblèrent en allumant le briquet. J’aspirai longtemps, et fort. Parfois c’était ainsi, j’imaginais la nuit qui allait suivre, la danse, les regards des hommes sur moi, leur insistance, les billets glissés, les petits manèges, les caresses sous la table, tout. J’imaginais et cela me glaçait des pieds à la tête, tout mon corps se bloquait et je me mettais à trembler comme une feuille et il me fallait tous les efforts du monde pour serrer les dents et ne rien montrer à personne. J’avais fait ma place ici : j’étais la « fille qui aurait du être mannequin », la petite bombasse au caractère bien trempé, celle qu’on venait voir quand on avait besoin de parler au patron, ou qu’on avait un problème. Celle qu’on emmerdait pas parce qu’on en avait un peu peur. La meilleure place, en somme – pas question de la compromettre. Ces murs que j’avais construits ne devaient jamais tomber. Les autres fois, la perspective d’une autre soirée de boulot me laissaient de marbre. Ces soirs-là j’étais complètement scindée de mon corps, je me voyais de l’extérieur et je rigolais bien, non mais cette tenue, non mais ce regard aguicheur, non mais ces idiots qui tombent dans le panneau en deux secondes ! C’en était presque drôle. Ces soirs-là passaient vite, je finissais soule ou droguée et je riais beaucoup, et je dansais de tout mon être, et je pouvais même être bien. Ce que je préférais c’était le chemin du retour, pieds nus dans les rues, le soleil qui se lève, l’océan, le silence de la nuit qui se meurt.
Ces soirs-là, je mettais souvent des perruques, et presque toujours ma préférée : ce carré blond qui tirait sur le bleu pastel et s’accordait à mes yeux. J’en avais essayé des dizaines mais tout le monde était unanime, celle-là était faite pour moi : j’avais l’air d’une reine des glaces, terrifiante et fascinante à la fois. Je me sentais bien quand je la mettais, et je sentais le goût du jeu remuer en moi. Ma relation avec les hommes était telle que j’aimais leur faire peur, le plus peur possible ; avec cette perruque c’était parfait, je faisais fuir les plus hésitants et les moins courageux, et j’attirais comme des mouches ceux qui étaient dans la cour des grands, ceux avec qui j’allais pouvoir jouer comme une souris et qui ne prendraient pas peur, même une seconde avant que je leur plante mes griffes dans la chair.
Aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Je terminai ma cigarette, un peu vaseuse du manque de sommeil, et retournai à l’intérieur. C’était bientôt l’heure, et j’étais prête – j’étais habillée (enfin, peu), maquillée et coiffée, et j’avais laissé mes cheveux libres. Ils m’arrivaient aux épaules. Après un soupir et un dernier regard vers le ciel – le dehors, l’insouciance, je rentrai dans la boîte, par la porte des « artistes ».
Je marchai au radar dans ces occasions, servir les verres, monter sur la piste quand c’était mon tour, danser, me laisser porter par la musique, aguicher le chaland et mettre un mur entre eux et moi, laisser mon corps se mouvoir en mouvements lascifs et ôter de temps à autre un morceau de vêtement. Il y avait du vide dans ma tête, rien d’autre que ce vide bien familier que je me trimballai depuis des années. Au hasard, tout d’un coup, mon regard capta celui d’un homme – plutôt jeune, séduisant, avec un petit quelque chose de dur et de captivant. Se yeux étaient clairs comme de la glace et soudain j’eus l’impression de me voir en miroir, moi la reine des glaces qui aujourd’hui avait décidé de ne pas se montrer. Je soutins son regard bleuté et sourit du coin des lèvres, m’enhardissant dans ma danse, qui lui était tout d’un coup clairement destinée. Je m’approchai de lui, je reculai de quelques pas, tissant ma toile pour le maintenir captif, tout en me sentant irrémédiablement attirée comme un aimant, comme s’il pouvait être différent… La fin de la musique sonna ma sortie et j’attrapai le billet qu’il avait glissé, sans le quitter des yeux, avant de le glisser dans ce qu’il restait de mon soutien-gorge. Puis, je disparus, contente de moi. Le jeu avait commencé et c’était bien la seule chose qui me gardait éveillée – sans quoi j’aurais sombré depuis longtemps.
Je repassai par les coulisses, où l’un des managers me poussa autoritairement vers la boîte bondée, signe qu’il était temps que j’aille papillonner un peu partout et servir à boire à mes futures cibles. J’émis une protestation à son égard pour m’avoir poussée de la sorte et filai sans demander mon reste, avançant sans vaciller une seconde sur mes talons hauts. En guise de cible, j’avais une petite idée derrière la tête, et après avoir attrapé un plateau chargé de verres, je me faufilai comme un serpent, distribuant alcool et sourires à ceux qui le cherchaient, avant d’arriver à destination. L’homme était là, et me trouver à sa hauteur me donna une sensation délicieusement piquante, presque terrifiante.
« On offre toujours un verre la première fois » lui dis-je en plantant mon regard dans le sien, sans sourire. Je le sondai ; je connaissais bien trop nos clients pour repérer les nouveaux, et c’était sa première fois ici, du moins depuis que j’y travaillais. Je lui tendis d’office un double whisky, sans ciller. Ce n’était pas sa beauté un peu brute qui avait captivé toute mon attention, c’était ce qu’il semblait dissimuler et l’envelopper d’un mystère trop épais pour que je lise en lui simplement, comme j’en avais l’habitude, ici. Je les devinais tous, leurs désirs, leurs aspirations, leurs mensonges, leur petite vie bien rangée et leurs femmes qui les attendaient bien au chaud chez eux. Je voulais en savoir plus, parce que je n'aimais pas bien que l'on me résiste ainsi. Je perdais le contrôle. « Tu es là pour quoi, mon chéri ? Je m'appelle Tracey et j'aimerais vraiment beaucoup savoir ce qui te rendrait heureux ce soir... » Je regrettais déjà de ne pas avoir mis ma perruque, car j'étais prête à sortir le grand jeu.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Ven 26 Mai - 16:16
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
Nilo & Tracey
Cela faisait des lustres que je n’avais pas mis les pieds dans une boîte de strip-tease. C’était bien sûr la case « prison » sans passer par la case « départ » et toucher 20 000 dollars qui m’avait obligé à quitter cette habitude. Enfin, habitude était un grand mot. J’y allais plus pour boire et dealer que pour me rincer l’œil. Bien sûr, j’aimais les femmes d’un amour inconditionnel, mais les voir se trémousser de manière très sensuelle sous le regard de vieux débris ou de mecs constamment en manque me gênait pour elles. J’avais l’impression, en prenant place autour d’un podium, d’être un type « sale ». J’étais gêné de les voir gagner de l’argent en n’ayant pas d’autre choix que celui d’exhiber leur corps au plus offrant et parfois aller plus loin car elles n’avaient pas d’autres choix afin de gagner leur vie. Les boulots où il fallait laisser son amour-propre de côté, c’était très peu pour moi. Ne serait-ce que de vendre moi-même de la drogue et ainsi d’être l’instigateur du décès potentiel d’un client qui en aurait trop consommé me rendait malade. Pourtant, c’était ce que j’avais fait, et ce dès l’âge de quatorze ans. De plus, je consommais moi-même de la drogue et en grande quantité, ce qui faisait que, bien évidemment, je n’avais pas à la ramener. Mais ce soir, je voulais profiter. Seize ans d’enfermement, c’était long. Extrêmement long. J’étais rentré jeune, dans la fleur de l’âge où tout homme se construit, se trouve un vrai travail et créé une famille, et étais sorti de là vieux et sans aucune perspective. Eh oui, bientôt la crise d’une quarantaine que je n’avais même pas vu venir. Je poussai un long soupir, fermai un instant les yeux et pris place autour de l’un des podiums qui m’avait attiré comme une papillon de nuit vers la flamme brûlante et hypnotique d’un flambeau. Car cette femme qui dansait là… c’était juste une bombe, il fallait l’avouer. Des jambes vertigineuses, fantasme de tout homme, une silhouette fine et élancée, aux formes minces sans être rachitiques qui rappelaient celle des mannequins, et un visage de poupée, encadré par de magnifiques cheveux blonds. Sans voir les autres danseuses autour de moi, je m’avançai vers elle et pris place sur un fauteuil sans la quitter des yeux. Je n’avais pratiquement pas d’argent, pas même de quoi passer la nuit dans un hôtel des plus bas de gamme, et pourtant j’avais joué. Déposant un billet – l’un des derniers qui me restaient – sur le podium, je lui demandai explicitement de continuer à danser avec cette grâce incontestable. Et rien que pour moi… Elle ramassa le billet, le glissa dans son soutien-gorge, ce qui m’arracha un frisson. Seize ans que je n’avais pas caressé tendrement une femme… oui, j’étais cruellement en manque, mais pour autant je n’allais pas la traiter comme une putain. Ça, ça n’était pas moi. Je la respectais au même titre que je respectais toute femme, quand bien même elle était une allumeuse professionnelle. Puis, lorsqu’elle eut fini, elle quitta son podium et s’en alla, à mon plus grand regret. Je lâchai un soupir brûlant, et m’assis un peu plus confortablement dans le fauteuil. Je fermai les yeux pour profiter de la musique, et glissai une main dans ma poche pour sortir un paquet de cigarettes. Avait-on le droit de fumer, ici ? Je regardai autour de moi et haussai les épaules. Il devait bien y avoir quatre ou cinq groupes de vieux hommes bien entourés qui se l’étaient permis sans qu’on ne le leur reproche alors pourquoi pas moi ? Je glissai une nuisible à mes lèvres et allumai son extrémité, prenant une longue bouffée de celle-ci pour qu’elle pénètre mes poumons asphyxiés en manque. Les paupières closes, je croisai les jambes, l’un de mes pieds bougeant en rythme avec la musique qui déchirait les enceintes. Fumant tranquillement, une voix cristalline me parvint tout à coup. Je tournai la tête et, stupéfait, découvert de plus près le superbe visage de la danseuse. Ne sachant que répondre sur le moment, je me mordis fermement la lèvre inférieure pour reprendre mes esprits, et lui offrit un magnifique sourire poli et séducteur à la fois. Bon, pour le côté séducteur, je n’y pouvais rien. Il paraissait, lorsque ma mère était vivante et me le répétait sans cesse, que j’avais la mine d’un grand dragueur, ce que je n’étais pas pour autant. Mais au moins, cela me donnait un peu d’assurance.
« Alors, si c’est offert, j’accepte avec grand plaisir. Merci. » Lui dis-je en prenant le verre qu’elle me tendait, mon regard pénétrant le sien.
La question qu’elle me posa me dérouta quelques peu. Que pouvais-je bien lui répondre ? Je ne savais pas moi-même ce que je foutais ici. Etaient-ce mes hormones masculines qui avaient dictées mes pas pour venir ici ? Je l’ignorais, à vrai dire.
« Eh bien, Tracey, je suppose que je viens simplement me détendre et profiter de la vie. Je n’ai pas eu le temps de m’offrir un peu de… liberté depuis un long moment. » Lui répondis-je sans mentir, mais sans révéler pour autant quoi que ce soit à mon sujet.
J’avais toujours été quelqu’un de secret et de mystérieux, et cela avait sans nul doute commencé dès mon plus jeune âge quand je mentais à propos de la famille que je possédais, et des multiples ecchymoses faites par mon père et qui couvraient mon corps. La plupart du temps je prenais pour prétexte une chute de vélo, et cela marchait la plupart du temps. Sauf que je faisais beaucoup de chutes de vélo… Mais personne ne fouillait plus que cela dans ma vie personnelle, et c’était très bien ainsi. Je m’arrangeais toujours pour passer inaperçue, et cela marchait à coup sûr. Je bus une gorgée de whiskey, et fermai un instant les yeux pour me délecter de ce goût exquis. Car personne ne nous servait d’alcool, en prison… Cela me faisait un bien fou, et j’en oubliai même que j’étais fauché. Il y avait de la bonne musique, auprès de moi une beauté sans pareille, de l’alcool dans mon verre… J’étais le roi du pétrole, comme on dit. Alors lorsqu’elle me demanda ce qui me ferait plaisir ce soir, je haussai les épaules et lui répondis tout simplement :
« Mais tout est déjà parfait ! »
Abruti… Tu as un canon devant les yeux et tu es en train de lui raconter que tu es tout bonnement heureux parce qu’il y a un oiseau qui piaille sur la branche du cerisier ? Non mais là c’était pathétique. Oh et puis merde, cela faisait combien de temps que je ne m’étais pas vraiment fait plaisir ? Cette femme semblait pouvoir décrocher la lune et me l’apporter sur un plateau d’argent, et moi je me contentais de lui dire « Hmm ! J’aime le whiskey ! ». Idiot. Naze. Pathétique. Je pouvais la respecter, et j’allais le faire. Simplement un peu plus de bonheur ne ferait pas de mal. Alors je fis semblant de réfléchir, et lui dis d’un sourire tout-à-fait malicieux et séducteur :
« En revanche si je peux passer encore un peu de temps avec vous, Tracey, je ne pourrai rien souhaiter de mieux, et de plus… »
Elle me faisait l’effet d’une flamme perdue en plein Pôle Nord. Une flamme que tous pouvaient convoiter, et que j’avais eu la chance de trouver en premier. Une flamme qui venait réchauffer mon cœur gelé, rien que d’un sourire chaud et brûlant. Une flamme qui venait éclairer cette part de moi-même qui s’était éteinte depuis longtemps et qui ne demandait qu’à briller à nouveau. Je me faisais sans nul doute des films, et je savais qu’une femme comme elle ne pouvait convoiter que des vieillards riches et intoxiqués au Viagra. Moi, je n’avais rien à lui offrir, et je refusais de la traiter telle une fille de joie. Elle était infiniment plus que cela, je n’en doutais pas une seule seconde. Cela se lisait dans ce regard. Peut-être était-ce cela qui m’avait irrémédiablement attiré vers elle : ces yeux bleus profonds qui respiraient la tendresse… et la détresse.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 28 Mai - 18:57
S'offrir un peu de liberté... Je balayai la salle du regard, pas encore comble, tout le monde n'était pas encore arrivé - quand on menait une double vie auprès de sa femme et de ses enfants, la plupart du temps, les soirées débutaient plus tard. Je sentis quelque chose d'amer s'emparer de moi, et reportai aussitôt mon attention sur l'homme en question. L'amertume retourna dans la pénombre, où elle se loverait en m'attendant bien sagement, probablement. Mais cette fois ma curiosité et l'envie de jouer avaient pris le dessus, et je lui offris un sourire du coin des lèvres. Je lui plaisais, c'était certain. Il me regardait comme si j'étais une merveille et je connaissais bien ce regard, celui qui veut se poser partout et qui ose et à quelques infimes moments n'ose plus, celui qui tombe sur mes jambes, mes hanches, mon décolleté, mes cheveux, mon visage, mes yeux, ma bouche. Je redressai le menton, me parant de toute ma fierté et de ma nonchalance. Au fond... Il ne me restait plus que ça. Mais elle était là l'émotion attisée, que je connaissais bien, qui fourmillait dans mes membres. Jouer des autres c'était éviter qu'on se joue de moi.
C'était un peu ce qui se passait avec mon corps, cette relation étrange que nous avions tous les deux, le regard vide que je pouvais avoir et pourtant sa présence continuelle, l'incapacité que j'avais de communiquer avec lui, et inversement. Oh, je savais ce qui avait amplifié le phénomène (battre des paupières et chasser les flash-back, les images de cet homme odieux sur moi) mais j'étais bien incapable de mentionner le jour où tout avait commencé... Peut-être que j'étais née ainsi. Peut-être qu'en s'enfuyant ma mère avait emporté avec elle toute l'essence qui me constituait, toute la tendresse, toutes les fondations. Une chose certaine : c'était inexorable. Voilà pourquoi j'avais tant de mal avec moi-même, voilà pourquoi la drogue ou les sensations fortes m'attiraient parce qu'elles étaient les seuls moyens de me connecter à mon corps, voilà pourquoi la nourriture était quelque chose de complexe et de difficile, voilà pourquoi je pouvais parader, danser, flirter avec un détachement effrayant. Il n'y avait que la danse qui m'était naturelle, allez savoir pourquoi.
J'attrapai un verre moi aussi - on pouvait boire avec les clients et c'était même conseillé, mettez-les à l'aise, mettez-vous à leur niveau, et puis un peu d'alcool ne fait jamais de mal - et trinquai avec lui, frôlant ses doigts des miens. Un frisson invisible me parcourut l'échine et je restai stupéfaite ; qui était ce type pour avoir autant d'emprise sur moi, alors que tout ce qui était en train de se passer était absolument lambda et habituel dans mon quotidien ?!
Une rage sourde sembla gronder au fond de moi et l'espace d'un instant je sentis mon regard se durcir, et fusiller le sien. Puis il redevint mutin et enjôleur, ne s'éparpillant pas bien longtemps de son rôle. Cette fois, je souris plus franchement, d'un seul côté de la bouche, et me rapprochai de lui, fiévreuse mais pas trop, juste assez pour agiter ses hormones, mais pas assez pour lui faire croire que la partie était gagnée.
« Je ne souhaite rien de plus non plus. » dis-je d'une voix douce, et je glissai une main légère sur son épaule, qui s'attarda quelques secondes sur ses muscles et fondit jusqu'à son avant-bras, comme si j'allais m'y accrocher - puis je le lâchai et me reculai. « Par là ? »
Sans attendre de réponse, je me tournai et avançai sur mes talons hauts, lui laissant le loisir de la vue, de mes jambes et de mes fesses, dont le vacillement régulier et calculé consistait l'une de mes armes fatales. Au passage, l'un des managers de la boîte qui traînait incognito parmi les clients, remarqua mon petit manège et m'adressa un sourire satisfait, qui me donna instantanément envie de mourir. Dans ces moments-là j'avais envie de le tuer de mes mains, de lui crever les yeux, de lui ouvrir les entrailles et de lui faire manger. Je détournai le regard, imperturbable. Je nous emmenai vers un coin de la salle, plus feutré, plus intime, plus tamisé, où nous pouvions nous assoir.
Faisant une nouvelle fois demi-tour sur mes échasses, je l'attirai cette fois contre moi. Ce regard m'envoûtait à chaque seconde, et j'avais envie de passer la main sur les traits de son visage, sa mâchoire virile, ses pommettes, j'avais aussi envie qu'il me tienne contre son torse, et toutes ces pensées se mélangeaient en un cocktail particulièrement étrange et inquiétant, mais contre lequel je ne pouvais absolument pas lutter. Il fallait que j'avance.
« On sera plus au calme ici... Si cela te convient. J'aimerais beaucoup que tu passes une bonne soirée. Mais j'aimerais aussi beaucoup en savoir un peu plus sur toi. Tu es étrange, et j'aime bien ça. Tu m'offres une cigarette ? »
Cartes sur table. Je détestais tourner autour du pot. Je me reculai une nouvelle fois, échappant à son contact, et m'installai sur la banquette.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 28 Mai - 20:16
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
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Oh putain… Pardon pour l’impolitesse de mes propos, mais cette femme était une… véritable bombe sexuelle. Cela faisait combien de temps que je n’avais pas vu de femme aussi belle ? La réponse était simple : j’en avais vu des centaines, mais elle… Wouaw… Elle était vraiment fascinante. Son regard était aussi dur que l’acier, et à la fois aussi doux qu’une caresse. Caresse comme celle qu’elle faisait sur mon bras, en glissant de mon épaule vers celui-ci. Elle s’y attarda quelques instants, trop courts mais à la fois suffisamment longs aussi pour me provoquer un frisson que je tentais de dissimuler du mieux que je le pouvais. Je tentais de forcer mon regard à demeurer plongé dans le sien et non plus sur ses lèvres pulpeuses et brillantes que je rêvais d’effleurer… Oui, cette femme, cette parfaite inconnue, me laissait rêveur. Ces sensations étaient décuplées par le fait que je n’avais ni couché ni même ne serait-ce qu’abordé une femme en seize ans. Seize longues années où, je vais être très cash, le rideau de ma cellule et ma main droite étaient mes seuls alliés. Bah oui, on fait avec ce qu’on a… Cependant, lorsque de sa voix cristalline elle me demanda de lui parler un peu plus de moi car j’étais, à ses mots, « étrange », je me raidis. Ça non, je ne le pouvais pas. Mon regard ricocha un instant sur mon verre, et je demeurai brièvement silencieux. Mais, afin de ne pas paraître louche, je bus une nouvelle gorgée de Whiskey, et repris possession d’un sourire qui se voulait joueur malgré moi. Au fond, je sentais que je touchai là un double bénéfice à mon silence : le premier était que je continuais à conserver la part de mystère qui était et devait à tout prix rester mienne, et d’un autre côté je sentais que cela lui plaisait. Comme si, en prenant part à ce petit jeu-là, j’allais la garder encore un peu avec moi. Alors, lèvres cousues, je lui offris un superbe sourire malicieux, et fis passer mon verre de ma main droite à ma main gauche pour que cette première saisisse le paquet de cigarette que j’avais rangé dans ma poche. Je l’ouvris d’un tour habile de mes doigts et le lui tendis afin qu’elle se serve, briquet glissé à l’intérieur de celui-ci également. Elle se recula un peu plus sur la banquette, à mon grand regret et, à la fois, à mon plus grand plaisir. Cette Tracey était tout un mystère. Comme moi, au fond, mais à sa manière. Moi, je taisais mon passé et la personne que j’étais. Elle… je l’ignore. Au fond elle devait adopter la même attitude envers tous les clients de cette boîte : se montrer accessible, et à la fois inatteignable. Intouchable. Ça n’était pas une prostituée, après tout. Et s’il s’avérait que c’était le cas, alors j’arrêterai les frais ici. Non pas que je ne rêvais pas intérieurement de lui offrir tout l’or du monde que je ne possédais bien entendu pas de toute manière, mais surtout parce que je respectais beaucoup trop les femmes pour leur imposer ma présence et mon ardeur en touchant ce corps qui serait totalement réfractaire à l’idée. Et quel corps… Musclé et svelte, certainement, mais surtout couvert de cicatrices. J’amplifiais peut-être bien l’horreur de la chose pour la simple et bonne raison que je me haïssais moi-même et tout ce que je représentais, physique compris dans l’histoire. Pourtant, et j’en avais côtoyé bien évidemment, j’étais loin d’être le plus pourri de tous. Le respect. C’était là la seule qualité que je me reconnaissais, sans doute héritée du fait que j’avais bien trop aimé ma mère pour ne pas respecter les femmes et, de manière plus large, les hommes qui le méritaient. En revanche, les ordures telles que mon père ne méritaient absolument pas que je leur réserve le moindre égard. La preuve en était bien que je l’avais assassiné, et que j’étais reconnu à l’époque du primaire et ce jusqu’à la faculté comme étant un grand bagarreur qui ne supportait pas la moindre autorité et le moindre manquement aux valeurs auxquelles j’aspirais. J’étais un dur. C’était dans mon sang de pur russe, et dans le sang de personnes réputées pour posséder un caractère bien trempé. Bon, ça, ça devait être du côté de mon géniteur, car ma mère, elle, représentait la douceur incarnée. Et ce même lorsqu’elle plongeait dans la drogue et dans l’alcool, elle demeurait tendre et attentionnée à mon égard. Elle me manquait tellement. Je constatai que je m’enfuyais de plus en plus dans mes pensées, délaissant la belle Tracey.
« Excusez-moi… Je suis un peu ailleurs mais ça n’est pas de votre faute. Rassurez-vous. » Lui dis-je afin de ne pas la vexer. Et je ne mentais aucunement.
Après tout, si elle aimait le mystère, elle allait être servie avec moi. Et dans un certain sens, ça n’était pas plus mal. Je commençai à comprendre le jeu auquel elle jouait, elle aussi. J’avais toujours été très observateur, et il ne suffisait pas de s’appeler Einstein pour le deviner. C’était tout bonnement un je-te-suis-tu-me-fuis. Son métier était d’aguicher les hommes tels que moi, et si j’étais un bon parti, je ne voulais pas pour autant lui faciliter la tâche. Moi aussi je connaissais bien les femmes, pour avoir été une sorte de « bad-boy bourreau des cœurs de ces demoiselles ». A vrai dire, je n’avais pas envie de partager un instant avec la belle. Je voulais passer bien plus que cela… Je ne pensais bien évidemment pas au lit, ça serait trop précipité, quoique mes hormones criaient au sexe. Ouais… Seulement un homme… Bon bah j’assume, où est le problème au fond ? Bref, je voulais tout simplement passer la soirée avec elle. Et la vie me dira ce qu’il y aura ou n’y aura pas ensuite. Après tout, je venais de sortir de prison, alors je voulais fêter ça. D’un autre côté cependant… j’étais à la rue. Et ça, ça n’était pas bien accrocheur. Tant pis, comme l’aurait dit ce grand homme, alea jacta est.
Appuyant mon avant-bras sur le dossier du fauteuil, je me rapprochai doucement d’elle sans lui être pour autant accessible. Je donnais simplement l’allure d’un homme qui aimait prendre son temps pour ne rien brusquer chez elle et ne pas passer pour le porc de base. Tout dans le respect de sa personne sans penser à moi. Eh oui, j’étais comme ça. Défaut ou qualité, je n’en sais rien. Ça n’était pas à moi d’en juger. J’espérais juste entrer dans son jeu tout en l’excitant à la fois. Et si ça marchait, alors je ne pourrai rien souhaiter de mieux. Et, d’une voix douce, lui dis :
« Alors, ça n’est pas trop dur de s’efforcer à passer du temps avec des hommes dont au fond vous n’avez rien à faire ? Car je suppose que c’est un peu le cas, entre vous et moi, non ? » Riais-je doucement, en portant à nouveau le verre à mes lèvres.
Continuer à la vouvoyer était aussi une facette de ce petit rôle-play. C’était classe, et au moins elle verrait que mon unique but n’était pas de lui sauter ouvertement dessus. Quoique des idées… certaines commençaient à émerger dans ma petite tête de linotte, bien malgré moi, et sans que je ne puisse les refreiner.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 28 Mai - 22:56
Ce petit sourire ! J'avais 14 ans à nouveau, les premiers émois, le coeur qui palpite, les papillons dans le ventre, l'attraction qui devient obsession. Incroyable. Il avait quelque chose, une lumière, un aimant, n'importe quoi ; ça faisait de moi un papillon ou l'autre côté de l'aimant et je me sentais m'agiter de l'intérieur, comme une damnée, vers la source de mon excitation. Un franc sourire de séducteur, mais un franc sourire quand même, qui illuminait ses traits plein de pénombre, ses yeux trop glaçants. Ce qui émanait de lui me touchait en plein coeur, et faisait de moi, par la même occasion, la reine des idiotes. Mais tant pis, après tout, c'était là mon « métier » ou du moins ce qu'on attendait de moi, et je me servis de cette excuse sans attendre et sans demander mon reste. Je voulais toucher cette peau et captiver ce regard, encore et encore.
J'attrapai la cigarette et la fis rouler un instant entre mes doigts avant de la porter à mes lèvres, et de l'allumer. Je remis le briquet dans le paquet et expirai la fumée en rejetant la tête en arrière, sans un mot. Comme je m'étais installée sur le canapé dans l'obscurité, les jambes nonchalamment croisées, je laissai planer le silence qui venait de s'installer autre nous (tandis qu'autour de nous, la fête battait son plein, la boîte commençait à se remplir et les musiques continuaient de s'enchaîner, j'enregistrai mentalement et machinalement qui était à la barre, quelle fille faisait quoi, c'était une habitude, on se surveillait les unes les autres, parce qu'il y avait tellement d'histoires sordides qu'on était solidaires entre nous) et me perdis dans les méandres de la fumée qui s'élevait au-dessus de nos têtes. Pendant un instant je ne pensai plus à rien si ce n'est la personne de l'homme à mes côtés, cet homme inconnu qui aurait pu me prendre dans ces bras sans que je m'y oppose, tandis que la partie de moi endormie se réveillait et commençait à frémir - tu ne le connais pas, tu ne sais pas qui il est et ce qu'il veut, tu ne sais pas ce qu'il peut faire, tu ne sais pas ce qu'il cherche, tu es folle, tu connais ces hommes-là ils peuvent être méchants ou violents, tu les détestes, tu détestes qu'ils te touchent, il va poser sa main sur toi et tu vas avoir envie de vomir, comme à chaque fois. Je serrai le poing, celui qui ne tenait pas ma cigarette, qu'on ne pouvait pas voir. Je serrai mon poing jusqu'à ce que les faux ongles que je portais s'enfoncent dans ma chair et me fassent mal. Ne pas perdre pied, surtout ne pas perdre pied... Un écrou qui se dévisse et c'est l'effondrement, je ne pouvais pas me le permettre, jamais.
Je lui souris alors qu'il me regardait à nouveau, d'un sourire probablement trop fragile.
Lui aussi entrait dans le jeu, distant mais pas trop, proche un peu quand il le fallait, l'air négligé et désintéressé mais le regard perçant, brûlant, calculé. Les deux lions étaient dans l'arène et se faisaient face. J'aspirai une nouvelle fois sur ma cigarette, sans le quitter des yeux. Les volutes de fumée qui l'entouraient lui donnèrent un instant l'air d'un bandit, ce qui fit jaillir un autre frisson d'excitation le long de ma colonne vertébrale. C'était drôle, ce jeu du vouvoiement (ici ils nous tutoyaient toutes, parce qu'on était des moins que rien, bonnes à être belles, pas des femmes que l'on vouvoie) et ça me plaisait, feignait-il ou non ce respect ? Je n'arrivais pas à en être certaine, mais j'avais l'impression que oui, et c'était évidemment un bon point pour lui. Il était étrange de bien des manières, même s'il ne pouvait sûrement pas comprendre que pour moi c'était un compliment. Sa question acheva de me convaincre.
« Hmm » fis-je pensivement en penchant ma tête vers son épaule, la frôlant, mes cheveux chatouillant ses vêtements, puis je me redressai ; « Ça dépend des soirs et ça dépend des hommes, mon chéri. Et si je te dis que toi tu es différent tu n'y croiras pas, n'est-ce pas ? Parce que je suis là pour faire croire à chaque client qu'il a une place unique dans mon coeur. » Je lâchai un petit rire, secouai la tête, et repris, enjouée, mon regard vrillé au sien. Je n'étais dupe de rien. « Il me faudrait un coeur gigantesque pour tous les y rentrer, ces abrutis ! »
Sentant que je devenais un peu amère, je sautai sur l'occasion : Bella évoluait non loin de nous, un plateau chargé de boissons, et je lui fis signe de nous apporter deux verres supplémentaires. Elle paraissait harassée de fatigue, derrière son maquillage et ses oeillades aguicheuses, et j'en vins presque à regretter d'avoir été méchante avec elle en début de soirée. Elle s'éloigna.
« Comment dois-je t'appeler ? Parce que toi aussi tu caches une double vie, sinon tu ne serais pas là, pas vrai ? »
Cette fois mon doigt vint caresser furtivement le côté droit de sa mâchoire, tandis que je lui lançai un regard mutin.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Lun 29 Mai - 1:25
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
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Je ne pus empêcher mon rire de se joindre au sien, lorsqu’elle prononça ces paroles un tantinet cruelles. Mais c’était là encore un point que je trouvais fascinant chez elle : la douceur de son physique contre la dureté de son cœur. « Et je fais partie de ceux que vous qualifiez « d’abrutis » ? » Lui demandais-je dans un sourire taquin, dénué de toute vexation.
Si je devais m’arrêter à la première insulte que j’avais reçu, je ne serai jamais né. Je la laissais commander deux autres verres, et une collègue également ravissante vint nous servir à peine quelques secondes plus tard, pour ne pas dire instantanément. Je la remerciai lorsqu’elle me tendit le verre, et ne pus m’empêcher de froncer légèrement les sourcils lorsqu’elle s’en alla. Non pas de colère ou de toute autre humeur négative, mais plutôt de pitié. Elle n’avait vraiment pas l’air heureuse, et au fond… Tracey non plus. Inutile d’être médium pour le deviner. Je la regardai s’éloigner, l’air songeur, jusqu’à ce que la voix chantante de ma partenaire ne me demande mon prénom, enchaînant sur la remarque plus que véridique que, tout comme elle, je possédais également ce qu’elle appelait une autre vie. Je détournai alors mon regard de son amie, et lui répondis en perdant mon sourire face à leur détresse évidente à mes yeux du moins, mais dont tout le reste des clients semblait se contrefoutre.
« Vous pouvez m’appeler Nilo. Ou Nil, c’est comme vous préférez. Je supporte très bien les deux. Et quant à ce que vous appelez une « double vie », j’ai effectivement mes secrets. En fait… beaucoup de secrets, je l’admets. Mais comme tout le monde, n’est-ce pas ? » Lui dis-je en haussant un sourcil, recouvrant un mince sourire.
Je ne pus toutefois m’empêcher de lâcher un soupir, et laissai mon doigt parcourir le tour du verre d’un air pensif et préoccupé.
« Ce qui est étrange, c’est qu’ici tous les hommes viennent parce que vous leur vendez du rêve. Cependant, si l’on prend la peine de croiser un instant vos regards, à toutes, c’est davantage un cauchemar qu’on peut lire dans vos yeux. Et ça… je n’aime pas. Si je peux me le permettre… Loin de moi l’idée de vous vexer, c’est juste une… constatation. » Lui dis-je en relevant lentement mon regard vers elle.
« C’est dommage, parce que je suis sûr que si l’on prend ne serait-ce qu’une minute pour vous connaître, vous recelez de trésors bien plus riches que ceux que l’on peut vous offrir en faisant ce job. »
Mais je m’égarais. Peut-être allais-je trop loin dans mes propos. Peut-être les recevrait-elle mal, alors que je voulais tout faire sauf la heurter. Mon regard perdu dans le sien, un nouveau silence s’installa entre nous. Non pas de malaise, mais d’une étrange connexion qui semblait s’établir entre nos deux âmes meurtries et blessées par une vie amère et dure envers elles.
« Je ne sais pas qui vous êtes, Tracey, et j’espère ne pas être allé trop loin en vous confiant ces propos. C’est juste que j’aime sincèrement passer un peu de temps avec vous et, en même temps je me sens tout con parce que je culpabilise. Je culpabilise de vous faire perdre de précieuses minutes qui pourraient vous servir à toute autre chose. Alors si vous désirez quelque chose, faites-le sans rien attendre de moi. Retournez travaillez mais faites quelque chose qui vous plaira davantage, ou bien continuez de fumer en sortant un peu au-dehors pour prendre l’air. Loin de moi l’idée de dicter votre conduite, mais je suis un simple inconnu mal-à-l’aise qui ne veut que votre bien-être. Si vous voulez… » Lui dis-je en m’interrompant, plongeant ma main dans ma poche pour en sortir le dernier billet que je possédais, tout froissé.
« Ce… c’est la seule chose qui me reste, mais j’aimerai que vous le preniez. Je vous le donne en espérant que, peut-être, il vous permettra de retourner chez vous pour un soir en ayant gagné votre soirée. » Lui dis-je dans une douceur et une immense bienveillance que je ne remarquais même pas.
Un léger rire moqueur sorti de mon sourire en coin, alors que je posai mon pouce et mon index en haut de mon nez en hochant la tête d’un air gêné.
« Excusez-moi, je suis totalement stupide… Ça n’est pas avec vingt pauvres dollars que vous allez pouvoir vous sortir de ce merdier. Pardonnez ma stupidité, cela fait longtemps que je n’ai pas été confronté à la vraie vie. On m’a gardé sous cloche, en quelque sorte. » Lui avouais-je sans pour autant lui révéler quoi que ce soit sur moi. Sinon le bon samaritain deviendrait très vite un abominable meurtrier à ses beaux yeux de glace.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Mar 30 Mai - 17:45
Sans lâcher son regard et souriant en miroir, j’eus un petit rire qui voulait dire non, sans en prononcer les mots. Il n’était pas les autres et c’était très clair dès le début, si je l’avais captivé avec mon corps il ne s’était pas pour autant permis, comme tout le monde ici, les gestes déplacés que l’on devait accepter en gloussant ou les remarques salaces à peine voilées.
Nilo, Nil – c’était un nom étonnant, pas commun, d’où venait-il ? Je soufflai la fumée de ma cigarette pour me donner quelque chose à faire, balayant d’un regard froid les alentours, qui se peuplaient peu à peu, bien que notre petit espace feutré reste assez épargné. Parfois je n’en pouvais plus ce de cette atmosphère étouffante qui paraissait m’écraser, parfois elle me donnait envie de rire comme une damnée et de hurler, aussi, de profiter de tout et de tout le monde et de faire une sortie pleine de panache avant de tout faire exploser. Ce soir ? C’était entre les deux, j’oscillai dangereusement, et la seule chose qui me permettait de ne pas tomber d’un côté ou d’un autre était la présence magnétique de cet homme à mes côtés, dangereusement intriguant. Quel âge avait-il ? Impossible de le deviner, ses traits n’étaient pas marqués, mais j’étais persuadée qu’il avait quelques années de plus que moi. Beaucoup de secrets ? Ça voulait tout et rien dire, me dis-je amèrement, il y avait les gens qui s’en inventaient, il y avait les gens qui les étalaient aux yeux de tous en mettant bien en avant leur vie difficile, il y avait les gens qui en avaient des centaines et paraissaient n’en avoir aucun, il y avait les gens qui crevaient sous leurs poids sans rien dire et ceux qui osaient à peine leur faire face, surtout quand venait la nuit. Dans quelle catégorie je pouvais bien me ranger, moi ? En avais-je seulement une ? J’avais l’impression qu’en guise de secrets je n’avais rien, rien à part tout ce qu’on m’avait pris, bien malgré moi. J’étais vide, pourquoi chercher ? Non, ce qui me fascinait c’était les secrets des autres, ceux qui attiraient pendant quelques instants mon attention, loin de tout ce qui était lié aux miens.
« Je crois qu’ils ne voient pas si loin, c’est tout. » répondis-je alors sèchement, un peu piquée sur le coup (je m’étais légèrement raidie, tout près de lui) et, malgré ses précautions, vexée. Un instant. Puis je me relâchai : c’était stupide, et au fond, n’avait-il pas raison ? Heureusement, ce qu’il ajouta me fit rire, d’un rire sincère cette fois : des trésors ! « Je crois tu vises un peu trop haut à notre sujet, mon chéri » susurrai-je plus doucement.
C’était étrange cette sensation, j’avais l’impression qu’il voulait tout autre chose que les clients de d’habitude, même si l’attraction était présente, et tout cela me déstabilisait. J’avalai d’un coup la fin de mon verre, bien décidée à ne pas faiblir, à ne pas m’effriter. Il fallait profiter, profiter de chaque parenthèse, ma prof de théâtre quand j’étais encore une enfant m’avait martelé cette phrase, et je crois qu’elle m’avait sauvée. C’était la meilleure philosophie possible, quand on avait grandi toute seule, ballottée entre un père ivre et horrible et une mère absente, probablement heureuse et épanouie loin de nous.
Mais la suite acheva de me bouleverser.
Je sentis ma défense fondre comme neige au soleil et, pour la première fois, je restai sans voix dans cet endroit où j’étais reine et où les gens me mangeaient dans la main. Qui était-il ? Il était fou, ou quoi ? Je ne savais pas quoi répondre, ni comment réagir, tandis que les yeux perçants de Nilo me dévisageaient avec une honnêteté désarmante. Je me reculai un peu, décroisai mes jambes, me sentant tout d’un coup vulnérable, trop peu habillée. Mes yeux allaient lentement de son visage au billet, incapables de choisir une destination, tandis que mon cerveau semblait bloquer devant cette énigme. Je ne le pris pas, évidemment. Il m’aurait brûlé les doigts et j’avais trop d’honneur, bien qu’il m’apparut tout d’un coup que ce geste était le plus beau et le plus attentionné qu’on n’ait jamais eu à mon égard depuis des années. Heureusement que je savais me contrôler, car mes larmes auraient pu couler sans problème.
« Ce… Ça ne marche pas comme ça, malheureusement, mais c’est… Gentil ? » Je me repris, me repenchai vers lui, recroisai ma jambe, passai un doigt derrière mon oreille. « En revanche si j’avais le choix je passerais bien la soirée avec toi au lieu de retourner dans la fosse aux lions, jusqu’à la fin de mon service le patron pensera que je suis en pleine affaire avec mon client et tu me tireras un peu de ce merdier, qu’est-ce que tu en penses ? » Mon regard le sonda, sans ciller. C’était un deal ; tu restes avec moi et je reste avec toi, on boit on fume, on prend ce qu’on veut, on profite et le reste du monde nous fout la paix. « Il y a tout ce que tu veux ici… » Je sortis alors de mon soutien-gorge un petit sachet transparent rempli de poudre blanche, et le posai sur la table, entre nous. « Je peux même danser pour toi si tu veux ! » ajoutai-je avec un petit sourire mutin. Me penchant en avant je me rapprochai de lui, son souffle caressait ma peau, mais je fis comme si de rien n’était. « Qu’est-ce que c’est, la vraie vie ? » Cela me semblait étrange comme qualificatif pour un endroit comme ici… « Sous cloche… C’est embêtant, et pourquoi on t’a mis sous cloche ? »
Sans rien ajouter, j’ouvris le sachet et en déposai un peu sur la table, que je lignais à l’aide du côté plastifié du sachet, puis aspirai le tout grâce à un billet prestement roulé que j’avais aussi fait sortir de mon corsage. L’effet fut presque immédiat : un flot d’énergie pulsa dans mes veines et sembla exploser aux creux de mon corps, le rendant subitement brûlant. Je me mis à rire tout d’un coup et, sautant sur mes hauts talons, commençai à me déhancher devant lui au rythme de la musique, toute proche de ses jambes, ma peau nue frôlant le tissu de son pantalon.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Mar 30 Mai - 21:34
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Mes paroles et mon pauvre billet débile de clochard – car je n’étais rien de plus qu’un clodo sans domicile fixe pour le coup – eurent l’air de la prendre totalement au dépourvu. Oui, c’est sûr qu’on ne rencontre pas des crétins comme moi tous les jours… Mais au moins un crétin honnête. Je ne voulais pas la prendre pour une pute ou une fille de joie quelconque, qu’importe le terme, l’idée reste la même. Je voyais simplement en elle une femme à l’air aussi doux que mortel. Que cachait-elle derrière ce regard perçant et glacial qu’elle adoptait quand elle foudroyait la salle du regard ? Et qui devenait-elle lorsqu’elle me souriait de sa dentition parfaite, et sortait un sachet de drogue de son soutien-gorge pour lequel je luttai afin de ne pas y perdre le regard dessus… et dedans, si tant est que l’on puisse y voir quelque chose, mais… Merde ! Arrête ça de suite, bouffon sans cervelle que je suis ! Je posai mon regard sur ses doigts longs et fins qui s’affairaient à déposer de l’héroïne sur la table. Et lorsqu’elle me dit qu’elle pouvait même danser pour moi si je le désirais, je sentis tout mon corps s’enflammer. Oh punaise, si elle le faisait, je ne jurai pas de conserver ma santé mentale déjà bien entamée. Elle se rapprocha de moi, et la vision de son corps si près du mien me coupa un instant le souffle. Je m’efforçai de détourner le regard de la jeune femme, jusqu’à ce qu’elle me pose cette nouvelle question à laquelle je refusais de répondre. « Sous cloche », avais-je dit. Oui, un qualificatif pour parler de la prison, et très honnêtement je n’avais pas envie de la faire fuir, tout simplement parce que sa présence, même si elle n’était encore qu’une inconnue pour moi, me procurait le plus grand bien. Elle sniffa l’héroïne déposée quelques secondes plus tôt, n’ajoutant rien à mon silence ce qui m’arrangea grandement, et se mit tout à coup à rire et à se lever pour danser devant moi. Presque… contre moi, du moins suffisamment proche de mon pantalon pour que je ressente tous ses tressauts. Et là, croyez-moi, je déployai tous mes efforts pour ordonner à une certaine partie de mon corps de se calmer en la voyant se trémousser ainsi, elle et son corps si parfait de mannequin lingerie, alors que sa poitrine sursautait au rythme effréné de la musique. Il faudrait d’ailleurs que je pense à arrêter de la dévorer ainsi du regard. Mais mes yeux d’un bleu profond et azur ne s’attardaient pas sur les parties charnelles les plus excitantes chez elle. Non, je regardai avant tout son beau visage, et ses prunelles de glace que j’espérais pouvoir comprendre et déchiffrer. Seulement, je n’étais pas le seul à la dévorer ainsi des yeux. Non, un type que j’avais repéré un peu plus loin depuis de longues minutes et qui s’était sensiblement rapproché de nous. Et ce que je lisais dans son regard à lui, c’était des pensées vraiment dégueulasses. Si je partais, je me doutais très largement de ce qu’il aurait l’intention de faire à Tracey qui ne l’avait même pas aperçu. Elle devait avoir l’habitude de ce genre de mec, mais moi et mes très nombreuses années prison, je savais parfaitement traduire ses intentions, pour avoir traîné avec bon nombre de violeurs qui, par la suite, avaient abattus leurs victimes encore jeunes et fraîches pour les violer encore une fois qu’elles furent décédées. Et les nécrophiles, je les avais en horreur.
« Ne bougez pas, je reviens. » Lui dis-je en lui offrant un beau sourire quoique préoccupé.
Je la frôlai un instant pour passer, sentant l’électricité de nos deux corps se côtoyer l’espace de deux secondes, et me dirigeai vers le gros porc assis en face de moi, en train de siroter sa cinquième chope de bière.
« Salut. Hmm, comment dire… regarde ma copine encore une fois comme ça, et je te démonte platement la gueule. »
Le mec leva la tête vers moi. Décidément, il était bien dégueulasse. Son corps si gras devait avoisiner les 170 kilos, et il portait une vieille moustache à la Magnum. Tout pour séduire, décidément !
« Qu’est-ce que tu me dis, p’tit pédé ? Si j’me lève je te massacre, dégage ! » Lâcha-t-il amèrement en posant sa chope.
Et pour m’être battu avec un nombre incalculable de personnes à commencer par mon père, il ne me faisait absolument pas peur. Oui, j’étais une de ces nombreuses fortes-têtes qui n’avait malheureusement peur de rien. Je dis bien malheureusement quand on voit où j’ai fini pendant seize ans, et ce que je me traîne au pied à présent. Alors, plein d’assurance, je rétorquai en le toisant de mon mètre quatre-vingt-huit :
« Alors déjà il faudrait de tu arrives à lever ton cul de gros porc, et ensuite on verra ce que tu arrives à faire si la masse suit ! »
« Qu’est-ce que tu me dis, là ? » Lâcha-t-il en essayant de se lever.
J’éclatais alors de rire, et déclarai, emporté par la colère de toutes ces immondices tournées vers Tracey que je lisais en lui :
« Wouaw, en fait j’avais raison, tu es obligé de coulisser sous la table pour sortir tellement le gras du bide t’empêche de passer ! » Dis-je en appuyant sur les mots qui faisaient mal, tout en continuant de me marrer.
Mais pour autant, je n’avais absolument pas envie de déclencher une bagarre et ainsi de retourner en tôle dès le premier jour de ma sortie. Alors je profitais du fait qu’il ait du mal à se mouvoir pour attraper Tracey par la main et lui dire dans un sourire séducteur et en même honnête pour qu’elle n’ait pas peur et comprendre le jeu auquel je m’étais risqué à jouer pour la protéger.
« Tu viens ma belle ? Tu m’as promis des choses, ne l’oublies pas ! » Mentais-je pour nous éloigner.
Nous traversâmes la boîte, moi marchant devant elle pour l’entrainer sur mes pas et la sortir de cet enfer, me dépêchant quelques peu pour échapper au gros gras sans avoir l’air d’un lâche pour autant. Je tenais juste à protéger ma liberté. Et elle. Tout à coup, nous croisâmes celui que j’identifiais comme étant le patron de ces lieux, qui me lança un regard mauvais.
« Où vous allez, comme ça ? »
J’attirai Tracey contre moi et entourai ses épaules de mon bras protecteur, rétorquant comme si j’étais totalement éclaté par la drogue et pris d’une euphorie certaine en riant :
« Punaise, votre petite protégée est fantastique, je l’emmène direct chez moi ! Ne vous inquiétez pas, elle vous donnera tout l’argent que je vous dois demain ! »
Il n’eut pas le temps d’acquiescer mais sembla accepter mon offre, d’un air toutefois méfiant alors que je lançai à Tracey, toujours lancé dans ma magouille :
« On y va chérie ? J’en peux plus d’attendre ! »
Nous quittâmes enfin ces lieux maudits et, arrivés dehors, nous fûmes accueillis par la nuit noire qui luttait contre l’éclairage des réverbères et un froid certain qui régnait. Malgré moi j’éclatais de rire devant tout ce qu’il venait de se passer, me trouvant vraiment très con. Je retirai ma veste et la déposai doucement sur les épaules de Tracey, et m’excusai platement dans un immense sourire qui se voulait séducteur au naturel :
« Désolé pour tout ça ! Déjà parce que j’ai failli empéguer un mec, ensuite pour le tutoiement, le « chérie » et parce que je n’ai pas un rond à remettre à votre patron ! Mais ne vous inquiétez pas, je sais déjà comment faire pour remédier à cela ! » Lui dis-je en comptant sur mes doigts pour énumérer les faits.
Devant son regard interrogateur, je désignai du doigt la veste, un sourire mutin sur les lèvres.
« Regardez le manteau qu’il y a sur vos épaules. On est d’accord qu’il y en a un, ou alors votre héroïne est plus puissante que ce que je pensais ! Et regardez-moi à présent : j’ai toujours ma veste ! Pendant que j’étais occupé à provoquer votre futur fidèle adhérent – ou pas vu ce que je lui ai dis – j’ai attrapé sa veste posée sur le siège et l’ai tiré vers moi pour la lui piquer avant de l’enfiler et de partir avec vous. Du coup, normalement… » Expliquai-je en laissant ma phrase en suspend.
Je m’approchai d’elle pour fouiller dans ses poches, et là : bingo ! Son portefeuilles ! Je l’ouvris, et adoptai une moue faussement hallucinée alors que j’écartai la liasse de billets de cinquante dollars chacun sous nos yeux comme un jeu de cartes.
« Bon et bien je crois que c’est réglé Tracey, vous avez officiellement gagné votre soirée ! Et moi j’ai retrouvé mon goût prononcé pour le vol pour lequel j’ai une « petite expérience » je l’avoue. » Lui dis-je en faisant des guillemets avec les doigts.
« Cigarette ? » Lui proposai-je d’un air heureux et malicieux, extrêmement satisfait de cette soirée.
Dernière édition par Nilo Toskàv le Dim 11 Juin - 18:36, édité 1 fois
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 11 Juin - 18:11
Tout d'un coup tout pulsait dans mes veines, la ligne que j'avais prise, la musique, et l'étrange sensation de cet homme qui semblait s'emparer de mon être sans que j'en comprenne la cause. Peut-être parce qu'il avait l'air si gentil, et que c'était quelque chose qui était plutôt rare dans ma vie, autour de moi. Peut-être simplement parce que je me laissais aller, ou peut-être parce que c'était un parfait inconnu dont le mystère piquait, pour une fois, ma curiosité... Je n'en savais rien. Mais je laissais faire. Nilo. Un nom aussi séduisant que son sourire, ses yeux, sa mâchoire, ses gestes. Mais je secouai la tête tandis que je dansais tout contre lui, sentant son regard tellement puissamment attiré par mon corps que c'était comme s'il m'effleurait du bout des doigts. Séduisant ! Depuis quand je me laissais attendrir de ce côté-là... Les hommes étaient pour moi une source de problèmes et d'horreurs, je n'étais normalement indulgente pour personne. Plus je dansais et plus je sentais le lien qui se créaient, le désir qui le dévorait. Pour une fois c'était un jeu piquant et agréable, pour une fois je me glissais dans la peau de mon personnage avec un plaisir non dissimulé. Mon regard ne le quittait pas, le défiait, le provoquait, tandis qu'un petit sourire s'était installé sur mes lèvres.
Je n'avais même pas remarqué l'homme qui perturba tout d'un coup notre équilibre. Nilo s'était levé et je ne compris pas tout de suite — puis je mesurai, sans les entendre d'abord, l'éclat et la dureté de sa voix. Le gros homme, un client malheureusement habitué des lieux, bavait sans vergogne sur chacune des filles qui travaillait ici, et avait, malheureusement pour elle, un petit faible pour Bella, parce qu'elle était plus en chair que nous toutes. Je fronçai les sourcils d'un air de mépris et de dégoût — c'était tout ce qu'il m'inspirait. Mais pour la première fois je mesurais l'intensité perverse de son regard, la mauvaise lueur dans ses yeux, et je sentis un frisson me remonter violemment le long de l'échine, et comme un spasme secouer mon estomac. J'approchai lentement de la scène et compris que Nilo prenait non seulement ma défense mais en plus s'acharnait sur l'homme pour lui faire payer ses atrocités informulées. Il y avait quelque chose de jouissif dans cette scène - scène dont nous avions toutes rêvé un jour ou l'autre, ici - et j'y assistais avec un plaisir mêlé de stupeur qui me laissait immobile, muette, comme une statue. Quand Nilo prit ma main je sentis le sang, la chaleur, affluer de nouveau dans mon corps glacé et je remontai la tête, fièrement, assassinant du regard l'homme, lui lançant un sourire moqueur. Mais je ne pus toujours pas desserrer les dents et quand nous quittâmes la boîte sous le regard mi-méfiant mi-satisfait de mon patron, je sentis quelque chose s'attiser au fond de mes entrailles : de la peur.
Nous n'avions pas d'argent, qu'est-ce qu'il racontait ? Dehors l'air frais me serra la peau tout d'un coup, j'étais en petite tenue, qu'est ce qu'il espérait ? La nuit était noire, où voulait-il aller, au fond ? C'était peut-être une blague pour lui mais moi, demain ou après-demain, quand j'allais remettre les pieds ici, qu'allait-il se passer ? Comme une onde de choc à retardement, je sentis tout mon être se refermer, par défense, par protection. Son bras lâcha mes épaules, il commença à parler et je le fixai sans comprendre, puis je sentis sa veste sur mes épaules...
Petit à petit les mots de Nilo prirent un sens, enchevêtrés dans mon esprit. Au fur et à mesure qu'il parlait, qu'il s'excusait, qu'il mettait tout à plat, plein de douceur et de charme et d'attention, je sentis que je me fêlais de plus en plus dangereusement de l'intérieur. Quand il eut terminé et sorti une cigarette pour chacun d'entre nous, que je pris sans rien dire et sans le quitter des yeux, je sentis que ma crainte de tout à l'heure s'était tout d'un coup transformée en une irrésistible envie de rire, qui monta, monta, et s'échappa de ma gorge et se transforma en un éclat de rire clair qui déchira la nuit et dura, un fou rire me secouait le corps et je ne pouvais même plus parler.
« T'es complètement fou ! » articulai-je enfin, m'essuyant les yeux, toujours secouée de rire.
Mais je l'étais aussi. Je repris mon souffle et m'approchai de lui, vrillant mon regard dans le sien.
« Dis-moi tu, d'accord ? » Je resserrai la veste autour de mes épaules car je frissonnai un peu. Ce que je me demandais à présent c'était ce qu'il attendait de moi, de cette nuit, et brusquement l'idée qu'il s'en aille et disparaisse fit rater un battement à mon coeur, tandis que mes muscles se crispaient. J'avalais une grande bouffée de fumée, les rouages de mon cerveau s'activant à la vitesse de l'éclair. Je savais ce que je voulais. Je savais ce que je ne voulais pas. Le reste importait peu, n'est-ce pas ? Tant pis, je prenais le risque, foutue pour foutue, n'étais-je pas de toute façon immunisée contre tout ? Il pouvait être n'importe qui, un malade, un pervers, un menteur, n'importe. Il pouvait me faire n'importe quoi. Le fait était qu'il était brusquement entré dans ma trajectoire et que l'aimant qui m'attirait était trop puissant pour que je résiste — je ne savais pas faire, je n'avais pas cette force, dans ces moments-là si je n'obéissais pas à cette sensation je me brisais et je m'éparpillais, c'était vital, presque. « Merci pour tout. Si tu veux, on peut aller chez moi, j'ai tout ce qui faut, de quoi boire, de quoi fumer... J'ai l'impression que la soirée commence seulement à être intéressante, pas toi ? » Petit sourire appuyé. Je fis un pas en arrière, retrouvant une certaine distance avec lui. « Tu viens ? C'est par là, il y a des taxis au coin de la rue, j'en chope un, on paye avec nos billets volés, on est chez moi en un quart d'heure même pas ! Bon tu fais pas attention, c'est petit, c'est pas le luxe, mais bon c'est pas la prison non plus... »
Dans le taxi, qui s'étonna quelques peu de mon accoutrement, je me piquai d'une lubie et jouai le jeu et commençai à raconter n'importe quoi haut et fort, pour faire croire au chauffeur que nous étions un couple hautement fortuné qui essayions les plaisirs simples du « peuple » comme par exemple cette boîte de nuit et ce taxi ; nous finîmes par arriver et j'en sortis électrisée, grisée, palpitante d'une énergie folle que je ne comprenais pas, ou à peine, mais qui me faisait trop de bien pour la tuer dans l'oeuf. Je fis signe à Nilo de me suivre, sortis mes clefs de ma poche, ouvris la porte. C'était une simple petite pièce avec un lit sous la fenêtre du toit incliné, une table, deux chaises, un canapé, une minuscule cuisine sur le côté, une minuscule salle de bain à côté. Je laissai tomber la veste, sortis une bouteille de whisky, des verres, lui indiquai de s'assoir, je revenais tout de suite, je filai dans la salle de bain et laissai tomber mes habits de « travail » pour enfiler des sous-vêtements et une robe noire moulante, courte, toute simple. Je revins, fébrile, enjouée, et trinquai avec lui. Puis je me glissai à ses côtés, m'asseyant sur le canapé.
« Ça ne m'arrive jamais, tu sais, c'est fou, non ? Je ne sais pas quel est ton secret mais il est sacrément puissant... » Laissant mon verre de côté, je passai alors une de mes jambes par dessus les siennes pour m'assoir à cheval sur ses genoux et, attrapant son visage entre ses mains, j'embrassai ses lèvres — la passion qui se déchaîna physiquement en moi faillit me foudroyer et je m'accrochai à lui plus fort, le souffle court, l'embrassant et me collant contre lui avec toute l'ardeur dont j'étais capable.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Mar 13 Juin - 22:43
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L’entendre rire était un pur bonheur, elle qui semblait auparavant si morne et si triste derrière un sourire pourtant enjôleur et séducteur. Elle me dit que j’étais fou ? Sans le moindre doute ! Mais j’adorais rire avec elle, et l’un entraînait toujours l’autre dans une partie de plaisir qui ne nous avait pas contaminé depuis fort longtemps. Depuis combien d’années n’avais-je pas ri autant ? Je crois bien même qu’en toute sincérité, cela ne m’était jamais arrivé. Mais ce soir j’étais heureux. J’avais récolté beaucoup d’argent en volant la veste de ce gros porc non sans une once de perfidie. J’étais libéré de prison et, mieux encore, j’étais accompagné par une femme magnifique qui, fallait-il l’avouer, était loin de me laisser indifférent. Alors oui, j’étais complètement fou, mais fou de joie. Nos regards se rencontrèrent à nouveau, et mon cœur prit un battement inattendu lorsqu’elle se rapprocha de moi. J’acquiesçai d’un beau sourire et d’un hochement de la tête, et lui répondis :
« Si tel est ton souhait alors d’accord, ça sera tu. »
Cependant, à présent qu’il était trois heures du matin bien passées, Tracey resserra la veste autour de ses épaules. C’est vrai qu’il commençait à faire vraiment froid à présent, une brise glaciale se levant pour envoyer nos cheveux valser à son rythme. Qu’allions-nous faire à présent ? Est-ce que nos chemins se séparaient là ? Où allais-je bien pouvoir aller ? Je ne voulais pas lui demander quel serait l’hôtel le moins cher dans le coin, pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas laisser sous-entendre que je souhaitais aller chez elle. Ce qui ne serait pas tout à fait un mensonge, pour être franc… Et puis quand bien même j’allais bien trouver un petit hôtel pour une nuit, qu’allai-je faire des suivantes. Je poussai un soupir en passant ma main sur ma nuque et balayai la rue du regard. Mais soudain, sa voix de cristal rompit le silence lorsqu’elle me remercia et… me proposa d’aller chez elle ? Dieu existait-il enfin ? De quoi boire, de quoi fumer, énuméra-t-elle… Oui, cette proposition semblait être l’Eden sur Terre. Et ce sourire qu’elle m’offrait… Inutile de préciser qu’il me laissait tout sauf insensible. Avait-elle seulement l’idée du pouvoir qu’elle avait sur les hommes ? Sur… moi ? Totalement ébloui par sa beauté vertigineuse, je remerciai l’obscurité de camoufler ce sourire béat qui trônait sur mes lèvres. J’avais d’ailleurs presque envie de danser tant l’idée de passer une soirée auprès de cette bombe atomique me ravissait l’esprit et le cœur. Dire que je n’avais côtoyait qu’une seule femme en seize ans : ma psychiatre, et honnêtement si c’était un nage incarné, elle ne m’attisait aucun désir pour elle.
« C’est parfait, allons chez toi alors. » Lui répondis-je en rangeant ma cigarette, puisque nous n’avions bien sûr pas le droit de fumer dans un taxi.
Je la suivis, elle qui se plaisait visiblement à instaurer à nouveau une petite distance entre nous deux. Oui, je l’avais remarqué. J’avais pu constater son jeu du chat et de la souris, du suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. Et je devais dire que c’était assez… excitant. Tantôt on pouvait croire que l’affaire était gagnée avec elle, tantôt on doutait sérieusement et tachait de nous reprendre pour ne pas avoir l’air d’un idiot en manque auprès d’une déesse grecque qui s’avérait en fin de compte être inaccessible. Je ris légèrement lorsqu’elle me parla de son appartement, et lui répondis d’un clin d’œil que le réverbère illuminait :
« Ne t’en fais pas, je suis sûr que ça sera parfait. »
Mais parfait pour quoi, gros naze ? Et bien pour passer un peu de bon temps avec elle. Et je précise tout de suite, par « bon temps » je ne sous-entendais pas de pensées perverses. Même si je devais bien accorder qu’elle… me plaisait inexorablement. Elle et ses jambes vertigineuses, son corps de mannequin, son visage d’ange et son sourire diaboliquement attrayant. Aucun homme ne saurait être insensible à sa beauté, à part un homosexuel. Et encore, je suis sûr que lui aussi, sans éprouver de désir, reconnaitrait qu’elle a un charme fou. Et qu’elle savait parfaitement en jouer. Nous hélâmes un taxi et montâmes à l’intérieur. Tout à coup, Tracey se mit à adopter un ton bourgeois et à décrire tout ce qui nous entourait comme si c’était la première fois qu’elle le découvrait. Je me retins d’éclater une nouvelle fois de rire et me piquai à son jeu, à coup de ma foi et de for bien, ma chère bien placés pour que cela paraisse tout à fait naturel. Oui, deux gros bourges qui, pourtant, n’ont pas les moyens de se payer une limousine. Quoique, très honnêtement avec tout l’argent amassé ce soir nous aurions certainement pu nous payer un petit tour à l’intérieur de l’une d’une véritable limousine, cependant ça serait gaspiller de l’argent inutilement et… nous en avions bien besoin, mine de rien. Comme l’eut dit for bien ma compagne, nous arrivâmes devant son immeuble au bout d’un petit quart d’heure. Elle paya le taxi qui s’en alla après une journée bien remplie, et elle m’invita à la suivre. Malgré tout, je ne pouvais pas empêcher mon cœur d’adopter des battements irréguliers. Je ne voulais pas paraître soudainement pervers mais… on sait tous comment se terminent ce genre de soirée, non ? Quoiqu’avec Tracey je n’étais sûr de rien. Elle semblait avoir un tel don pour manipuler les hommes que je repartirai sans aucun doute bredouille de tout échange…de quel ordre qu’il soit. Mais après tout, elle m’avait avant toute chose invitée pour boire et fumer, et vu ce qu’elle se trimballait dans le soutien-gorge, la belle blonde ne devait pas avoir que de la nicotine chez elle. La strip-teaseuse sortit les clés de sa poche pour ouvrir son appartement, me laissant ainsi découvrir un endroit exiguë mais décoré avec soin et avec goût. Certes la pièce était petite, mais qui étais-je pour critiquer cela, moi qui avais vécu pendant seize ans dans un sept mètres carré ? Et puis l’endroit sentait bon le parfum pour femme, et était décoré avec des coups tout-à-fait féminins sans rentrer non plus dans le « girly » extrême. Tracey sortit une bonne bouteille de Whiskey et deux verres, puis me fit signe de m’assoir. Je m’exécutais, retirai ma veste et la posai à côté de moi pendant qu’elle filait à la salle de bain. Mon regard se posa tour à tour sur des objets de décoration peu nombreux mais plutôt jolis. Et c’était peut-être mon côté Yin mais moi aussi j’aimais bien ces bougies qu’elle avait installées à côté de son lit étroit. Lorsque la jeune femme arriva – quel âge pouvait-elle bien avoir d’ailleurs – je fus tout simplement ébloui, au point de lâcher un petit « Waouw… ». Cette robe noire mettait ses formes en valeur, ses hanches et sa taille légèrement dessinées ainsi qu’un ventre parfaitement plat. Elle devait en faire des jalouses, ça c’était absolument certain. Je me demandais d’ailleurs comment cela se faisait-il que son patron n’ait pas lourdement insisté pour la garder auprès d’elle plutôt que de la voir partir avec moi. Peut-être bien parce que je ne lui en avais pas laissé le choix et avais prétendu être assez riche pour lui payer sa « prostituée » d’un soir. Mais inutile de préciser que je la voyais comme tout sauf une prostituée. Je la considérais davantage comme une femme à parts entières qu’il fallait honorer et respecter. Même si ça paraît vieux jeux de raisonner comme ça, mais après tout, j’ai déjà trente-huit ans… La belle blonde me rejoint, nous servit un verre et nous trinquâmes à notre liberté d’un soir. Puis elle se rapprocha de moi, me faisant déglutir avec peine. Plus les secondes passaient, plus j’avais envie d’elle… et sa nouvelle tenue affriolante ne calmait pas mes ardeurs…
« Qu’est-ce qui ne t’arrive jamais ? De ramener des fous-furieux comme moi chez toi, c’est ça ? » Lui dis-je en buvant une gorgée de Whiskey, me plaisant à la défier du regard par un autre regard enchanteur.
Elle posa son verre de côté et j’en fis de même, avant de tourner le visage vers elle, et la regarder, hypnotisé, s’assoir sur mes genoux. Là, elle prit de ses douces mains, mon visage en coupe et m’embrassa avec une avidité qui enflamma tous mes sens. Son corps pressé contre le mien, je pouvais sentir ses formes épouser les miennes alors que je lui rendais un baiser ardent alors que mes mains glissaient dans son dos en des caresses aussi douces que franchement excitées. Car comment ne pas l’être en un instant pareil ? Je me redressai et l’allongeai sur le canapé, collant davantage mon corps contre le sien alors que ma respiration se faisait anarchique. Cependant, je ne me risquais pas à commettre le moindre geste déplacé : je lui montrai dans mes gestes que j’avais envie d’elle, mais que je la laissais être maîtresse seul à bord. Je m’en remettais ainsi totalement à elle : ou bien elle me voulait, ou bien elle ne me désirait pas outre mesure. Dans tous les cas, c’était à elle de choisir. En ce qui me concernait, mon choix était déjà fait.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 18 Juin - 18:47
J'interrompis un instant le baiser que j'étais en train de lui donner pour planter mon regard dans le sien. Un fou-furieux... Il y avait quelque chose de dérangeant au fond, j'aurais du avoir peur et je le savais, je connaissais trop bien les hommes et le milieu dans lequel je traînais pour en savoir les secrets les plus sombres et les plus pervers. Nilo ne dérogeait pas à la règle, débarquant de nulle part, buvant comme un trou et consommant de la drogue, n'ayant pas peur de la bagarre et avec visiblement un penchant pour l'illégalité... C'était un paumé, un paumé comme moi, et il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un qui n'a rien à perdre, pas même sa vie. Je le savais parfaitement. Et voilà qu'il me soulignait le danger avec un sourire désarmant, alors que j'étais à califourchon sur lui et que la tête me tournait de ce désir qui m'avait violemment envahie.
La raison aurait voulu que je me lève et arrête tout ce qui était en train de se passer ; au lieu de cela une pulsion encore plus forte et qui me fit presque mal secoua mes entrailles, je le voulais, lui, maintenant, pour rien au monde je ne voulais suspendre notre étreinte, et j'étais depuis le début sous son charme, toute crétine que j'étais. Il y avait quelque chose de plus fort que moi contre lequel je ne pouvais pas lutter, c'était ainsi, voilà, j'étais assez conne pour être faible parfois, après tout c'était l'histoire de ma vie depuis le début, je faisais les mauvais choix et il m'en coûtait, tant pis pour moi.
Nilo me renversa alors brusquement sur le canapé et je poussai un petit gémissement suivi d'un éclat de rire — cette manifestation de plaisir m'amusait moi-même ; je lui souris et attrapai son visage de nouveau, laissant nos bouches se mêler, m'accrochant avidement à lui, enroulant mes jambes autour de ses hanches. Il était mignon, je pouvais constater à bien des égards qu'il avait envie de moi mais je sentais qu'il se retenait, qu'il retenait ses gestes fiévreux, qu'il faisait attention, comme s'il attendait mon signal. Je sentis mon coeur fondre : c'était attentionné, tellement à son image, que c'en était presque irréel, combien d'hommes connaissais-je de la sorte ? Aucun. Surtout quand ceux-ci avaient pu me voir au club et me considéraient seulement comme une pute, bonne à rien d'autre. Mais Nilo ne semblait pas me voir de la sorte, ou en tout cas il ne montrait rien. Décidément, monsieur était bien mystérieux...
« Stop » soufflai-je alors, entre deux respirations rendues bien difficiles. Je lus l'interrogation dans son regard et souris du coin des lèvres. Je me redressai et, relevant mes cheveux lui présentai mon dos, dans lequel une mince fermeture éclair fermait la robe. Je cherchai son regard par-dessus mon épaule et ordonnai : « Déshabille-moi. »
C'était inexplicable, mais dans les rares moments où je me donnais volontairement à un homme, je détestais me déshabiller moi-même : j'accomplissais cette tâche des dizaines de fois chaque jour pour aguicher les clients et elle avait perdu toute sa saveur, je me sentais un robot dénué d'âme quand je le faisais, il n'y avait plus rien de sensuel et je me sentais sale de me trémousser ainsi en enlevant mes habits, si bien que ce soir j'avais envie que ce soit lui qui le fasse, que je le laisse faire, un genre de trêve avec moi-même, comme si je déposai les armes pour une nuit et que je soufflai, enfin. La sensation de ses doigts sur ma peau, de la fermeture qui glisse et se détache, du frottement du tissu qui tombe, des attache qu'on défait, de la lenteur qu'on met dans les gestes pour enlever tout ce qui tient : c'était quelque chose qui n'avait pas de prix pour moi, c'était presque réservé aux autres et pas pour moi, ça n'existait pas dans mon monde... En quelques secondes j'avais l'impression que Nilo avait fait de moi une femme différente, pas celle qu'on paye pour se déshabiller et pour tout entreprendre. Je glissai alors ses mains sous ses vêtements sur son torse et l'embrassai de nouveau, puis le débarrassai aussi du tissu, laissant apparaître son torse nu. Dans la pénombre je découvris alors une peau tatouée et portant des traces, des cicatrices, beaucoup ; d'où venaient-elles ? Je cherchais son regard, laissant mes doigts courir un peu partout sur sa peau, puis embrassai son cou, ses épaules, et descendis le long de son torse. Avidement, je défis alors sa ceinture pour glisser ma main dans son caleçon et m'occuper de lui. Je l'embrassai alors de nouveau, sentant sa respiration s'accélérer sensiblement.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Dim 18 Juin - 23:56
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
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Les formes de nos corps s’épousaient, là où plus le moindre centimètre nous séparait. Le souffle court, nos lèvres ne se déliaient plus et nos langues se rencontraient dans une valse endiablée. Cependant, tout à coup, Tracey mit fin à nos échauffements, à ma plus grande stupeur. Voulait-elle faire demi-tour ? Est-ce que cela allait trop vite pour elle ? Ne lui convenais-je pas ? Avait-elle envie d’autre chose de plus ou moins sage comme boire un verre plutôt que de coucher avec moi ? Mille et unes questions se bousculaient dans ma tête et je me redressai, l’interrogeant du regard avant qu’elle ne me tourne le dos et ne me demande… de la déshabiller. Je souris largement à ses mots, et me rapprochai d’elle avant de saisir doucement entre mon pouce et mon index la fermeture éclair de sa petite robe, et maintenais le tissu de mon autre main pour ne pas casser le système. Je fis alors descendre la fermeture lentement, hypnotiquement, puis entrepris peu à peu de déposer des baisers ensorcelants dans son cou tout en continuant de la faire descendre. Puis, au rythme de la fermeture, fit descendre mes baisers le long de sa colonne vertébrale, avant de remonter pour lui murmurer à l’oreille un murmuré et sensuel :
« Et voilà… »
Tracey se retourna alors, et m’embrassa à nouveau avant que je ne sente ses mains glisser sous mon tee-shirt pour rejoindre mon torse qu’elle caressait. Torse qui me faisait tellement honte pour être jonché de cicatrices. Et c’était sans compter sur mes bras, bourrés de scarifications. Mais chacun de nous deux avions nos défauts : chez elle ils n’étaient évidemment pas physiques mais plutôt moraux puisqu’elle exerçait un métier de la nuit, comme les appelle familièrement. Oui, elle se prostituait, mais je n’étais rien ni personne pour lui faire la moindre remarque à ce sujet. Après tout, j’étais bien un tôlard, moi. Fraîchement libéré depuis peu, certes, mais un tôlard en liberté conditionnelle, comme on dit dans le jargon. Ça n’était pas beaucoup mieux. Alors au fond pourquoi pas, sa réaction me montrerait ce qu’il y a vraiment à savoir d’elle, c’est-à-dire quel genre de fille elle était vraiment. Si elle était vraiment aussi intelligente que je le pensais. Alors je la laissai faire, je la laissai me débarrasser de mon haut et, bien évidemment, observer mes cicatrices. Mon cœur battait la chamade sous le coup de l’excitation mais aussi et surtout de la peur. Depuis l’âge de quatorze ans où je perdis ma virginité, mon corps était à mes yeux une véritable honte. Seulement Tracey n’avait pas l’air dégoûtée, non. Elle le regardait, l’analysait, avant de passer à autre chose de bien plus agréable. Elle m’interrogeait du regard, mais je le fuyais, craignant d’y lire ce qu’il n’y avait pourtant pas. Et alors ses doigts glissèrent sur ma peau en des caresses réconfortantes et tellement agréables. Ses lèvres pulpeuses déposèrent dans mon cou, puis sur mes épaules et sur mon torse une myriade de baisers. De mon côté mes mains la pressaient contre moi et, les paupières closes, je profitai de ses caresses avant que mes doigts ne s’aventurent sur l’attache de son soutien-gorge. Je le défis et laissa tombé le tissu et ses baleines qui lui donnaient une forme que ses seins parfaites avaient naturellement, et que je pris en main pour les caresser avec une profonde envie. Mais lorsqu’elle s’aventura un peu plus bas pour défaire ma ceinture et pire : laisser sa main glisser dans mon boxer, un soupir brûlant s’échappa d’entre mes lèvres. Bon sang c’était si bon… cela faisait si longtemps et elle était tellement à couper le souffle que je me demandais encore comme je pouvais parvenir à respirer. Je l’allongeai à nouveau sur le lit, et l’embrassai à pleine bouche avant de quitter une nouvelle fois ses lèvres pour embrasser la commissure de celles-ci, son cou, le long de sa clavicule puis ses tétons que je léchai avec appétit et en même temps dans une lenteur affriolante. Je fis le tour de l’un d’eux avec ma langue, le mordillai légèrement pour l’exciter sans lui faire de mal dans un ouvrage bien dosé, puis le léchai à nouveau avant de m’attaquer au second. Ses soupirs d’extase et le travail de sa main sur mon intimité me rendait dingue. Et j’espérais qu’à mon tour je parvenais à lui livrer le même délicieux châtiment. Notamment lorsque ma langue quitta son sein pour que les baisers reprennent le long de son ventre jusqu’à son nombril, puis s’arrêtèrent à la démarcation de sa petite culotte. J’avais tellement envie de poursuivre… mais le désirait-elle autant que moi ? Je n’attendais qu’un seul regard de sa part pour en avoir la confirmation, là où je la regardai avec un sourire exquis et un sourcil interrogateur levé.
« Tu n’as qu’un vœux à faire, et je l’exaucerai. Celui que tu voudras… »
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Lun 19 Juin - 18:18
Dès que ses mains s’étaient posées sur moi j’avais senti un feu gonfler en moi, venu de nulle part – il y avait bien longtemps qu’il avait disparu, et en réalité avait-il déjà vraiment existé ? Mes premières expériences sexuelles remontaient à loin aujourd’hui, j’avais à peine 15, je sortais avec ce garçon qui en pinçait pour moi et je me souvenais avoir été attirée par lui à cause de ça, parce qu’il me témoignait de l’intérêt, et pas pour autre chose. C’était bien, au lit, il me semblait… Mais je ne me souvenais pas, tout avait disparu, la seule chose dont je me souvenais c’était presque deux ans plus tard, le viol, j’avais eu mal, depuis plus rien, coucher avec quelqu’un faisait partie de mes tâches, rien d’autre. Mon esprit et mon corps avaient fait scission depuis bien longtemps. De temps à autre je finissais avec un homme, pour ne pas être seule, pour sentir la chaleur d’un corps contre le mien et des caresses, pour avoir l’illusion que je pouvais faire comme les autres. Ces fois-là étaient différentes, elles étaient bien, jamais incroyables mais toujours plus douces, plus agréables. Mais jamais elles ne déclenchaient un tel brasier en moi, et j’étais moi-même surprise de mon propre corps : il ne me répondait plus. C’était partout, depuis la pointe de mes orteils jusque dans les racines de mes cheveux, un picotement électrique presque insupportable, un désir grandissant dans le creux du ventre à chaque seconde, une envie avide et violente, c’était plus fort que tout ce qu’on pouvait bien boire, sniffer ou avaler, et ma respiration s’était déjà complètement perdue, aussi désordonnée que les battements de mon corps au fur et à mesure que Nilo me touchait. Je ne comprenais même plus ce qui arrivait : ma robe avait disparu, j’étais de nouveau couchée sur le lit, il m’embrassait et descendait vers ma poitrine et j’avais envie de crier alors je me mordis les lèvres, étouffant mes gémissements, des spasmes montaient à ma gorge de plus en plus fort. D’une main j’avais agrippé le tissu du canapé, comme une bouée que j’avais peur de lâcher : je n’avais pas ressenti ça depuis si longtemps et j’avais presque peur de ce qui pouvait arriver. Comme Nilo descendait le long de mon ventre, je compris à son sourire où il voulait en venir et fis « Oui » d’une voix toute essoufflée, l’aidant à enlever mon dernier sous-vêtement, en profitant pour l’embrasser de nouveau au passage. Tout était passionné et désordonné dans nos gestes, mais il y avait quelque chose d’infiniment tendre et doux qui achevait de faire fondre mon cœur. Je sentis que cette fois le feu avait pris possession de moi toute entière et que ce n’était même plus la peine d’essayer de retenir les sons qui sortaient de ma gorge ; je fermai les yeux et le guidai tandis que les sensations s’éveillaient dans le creux de mon ventre et devenaient plus fortes que jamais, comme des décharges électriques à répétition qui secouaient mon corps tout entier. Je finis par attirer Nilo contre moi avec autorité pour le faire venir en moi et dès l’instant où son bassin imbriqua un mouvement contre le mien tout le reste s’effaça, il n’y avait plus que lui et moi et la déferlante de sensations qui se déchainèrent jusqu’à l’extase.
Il me fallut du temps, après, pour reprendre lentement mes esprits, j’étais parcourue de petits picotements de partout, qui me rappelaient étrangement que mon corps était bien là et bien en vie, alors que j’essayais si souvent d’en faire abstraction. C’était une sensation plus forte encore, je me sentais bien, bien sans avoir besoin de rien d’autre, à part le corps de Nilo contre le mien, essoufflé et à bout de forces comme le mien. Je bougeai un peu pour lui laisser la place de mieux s’installer, et lui souris. Il avait des yeux si perçants que ce n’était pas tant d’être nue contre lui qui me dérangeait presque, mais la profondeur et la puissance de son regard. En entremêlant mes jambes aux siennes, je senti quelque chose de dur contre ma cheville et jetai un coup d’œil : son pantalon était levé et laissait voir… Un bracelet.
Soudain tout prenait son sens, « sous cloche », ses silences et son mystère, son attitude aussi.
« C’est donc de là que tu viens » dis-je seulement, sans jugement aucun : « Je m’en fiche, tu sais. » C’était évident ; vue la vie que je menais, ce n’était pas un ancien condamné qui pouvait me faire peur ou me déranger. Chacun avait son histoire, ses raisons. Nilo éveillait en moi trop de bonnes choses. « Elles viennent de là aussi tes cicatrices ?... » Je repris, du bout des doigts, les petites caresses que j’avais commencé plutôt, sur tout son torse et ses bras meurtris, sentant une chose nouvelle naître en moi : un besoin de le protéger coûte que coûte et de tout savoir de cet homme qui avait miraculeusement pris possession de moi, toute entière.
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#) Lun 19 Juin - 19:42
That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand
Nilo & Tracey
Nous avions tous deux embarqué sur le chemin de l’extase. Honnêtement, cela faisait une éternité que je n’avais pas ressenti cela. Déjà parce que j’avais fait seize ans de prison, et étais donc resté enfermé dans un univers fait d’hommes seulement. Et les gays ne m’intéressaient pas. Avant cela j’étais jeune, mais j’avais déjà eu une certaine expérience. Certainement parce que de par mon vécu j’avais grandi plus vite que les autres jeunes, et parce que les filles n’étaient pas farouches là où je vivais. Tout bien calculé, j’avais dû avoir sept partenaires sexuelles jusqu’à mes vingt-deux ans. Ça n’était pas rien, et je me gardais bien de le dire ouvertement d’ailleurs, là où la plupart des hommes s’en seraient vantés. En tout cas ce soir, je faisais tout pour procurer le maximum de plaisir à la femme avec qui je partageais le lit. Et de plaisir, elle avait l’air d’en avoir, tout comme moi. Je luttai pour retarder l’échéance, désireux de la mener le plus près possible du point de rupture. Et lorsqu’elle me fit remonter vers elle, nos langues se rencontrèrent à nouveau là où son bassin recherchait le mien. Nos souffles se faisaient saccadés, erratiques, et je sentis nos deux intimités se rencontrer après un dernier mouvement de hanches de sa part. Bien, alors si elle n’en pouvait plus d’attendre, je devais avouer que c’était tout à fait le cas pour moi aussi ! Malgré qu’elle eut l’habitude d’être « visitée » par d’autres, j’avais l’habitude de pénétrer toujours en douceur pour ne pas faire de mal. Mais aussi parce que la sensation était d’autant plus grisante pour les deux partis. Et alors ce fut l’autoroute pour le septième ciel. Je ne me souvenais pas avoir connu pareille sensation. Peut-être était-ce influencé par le fait que le manque était comblé, mais je sentais qu’il y avait plus que cela. Le corps de Tracey était tellement jouissif… D’ailleurs, en parlant de jouissance, je savais parfaitement qu’il était difficile d’avoir un orgasme en même temps, cependant je sentais que l’on pourrait y arriver. J’essayais de retarder le plus possible le décollage, mais lorsque je l’entendis gémir de plus en plus, je craquai et l’envoyai avec moi vers ce septième ciel qui nous avait tant attendu. Je lâchai un soupir brûlant et me retirai doucement avant de m’allonger à ses côtés dans le canapé qui avait accueilli nos ébats. Je fermai un instant les yeux et passai une main sur mon front, avant de lâcher un léger rire.
« Si c’était pas un orgasme, ça…. »
Je me remettais tranquillement de ces sensations dignes d’un grand huit, et me crispai aussitôt que je sentis son pied caresser puis… oh putain non, ma cheville… Je n’étais pas encore habitué au port du bracelet, puisqu’on ne me l’avait installé qu’aujourd’hui, et après ce qui venait de se passer, je l’avais même complètement omis. J’avais peur qu’elle ne me chasse aussitôt, qu’elle ne prenne peur alors aussitôt je lui dis rapidement et confusément, en un seul souffle :
« Non n’est pas peur, je… » Commençais-je, avant qu’elle ne m’interrompe d’une voix douce et naturelle pour me dire qu’elle se fichait littéralement de cela.
Je l’interrogeai du regard, sans savoir si elle plaisantait ou non. Mais la réponse semblait être plus qu’évidente : oui, elle était sincère.
« Je ne veux pas que tu crois que je suis une ordure… Je n’ai jamais été aussi authentique avec quelqu’un qu’avec toi, tu sais. Et ça non plus, ça n’est pas un mensonge. Ne prends pas mal le fait que je te l’ai caché, mais je ne comptais pas te l’avouer d’une manière aussi brutale. A vrai dire, je ne savais même pas comment te le dire… »
Mais ça aussi, elle semblait s’en foutre. Elle me demanda alors si c’était là la raison de mes cicatrices sur le torse. Elle n’avait donc pas vu mes bras…
« Non, ça c’est mon père qui me les a faites quand il était bourré ou complètement drogué. Enfin, plutôt ces deux raisons à la fois, en fait. J’ai été enfermé parce que je l’ai tué le jour où il a assassiné ma mère. Je voulais me venger, et puis il y avait aussi de la légitime défense… Mais qui croirait un sale type comme moi ? On m’a fait porter le chapeau de ces deux morts, et j’ai fini en tôle pendant seize ans. Je suis sorti aujourd’hui seulement, avec ce joli cadeau autour de la cheville pour pas plus de quatre ans, si tout va bien. » Lui livrai-je.
C’était dingue de voir avec quelle facilité je m’étais livré à elle. Je n’en revenais pas moi-même. Les mots étaient sortis aussi simplement que j’avais confiance en cette femme qui m’était pourtant encore inconnue. Alors lancé, j’ajoutai d’une voix aussi douce que précédemment :
« Ça c’est la prison. Mon passé aussi, également, mais tout vient de moi. Aucune de ces cicatrices ne vient d’une autre personne que moi-même… » Lui dis-je en lui montrant mes poignets, le long de mes bras puis mes épaules peuplés de scarifications.
« Ouais, je n’ai pas été fichu de réussir une seule de ces tentatives de suicide. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, l’avenir seul me le dira. » Lui dis-je dans un triste sourire, avant de poser ma joue contre ma main pour m’appuyer.
« Et toi, parle-moi un peu de toi. Chacun son tour. » Lui dis-je dans un sourire bien plus sincère, lui prouvant qu’elle aussi pourrait tout me dire à présent que nous étions parti dans une nuit pleine de confidences sur l’oreiller…
- FIN -
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Sujet: Re: That's why I need a one dance, got a Hennessy in my hand [Tracey] (#)
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