New reality ♦ Leawan

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Je repose le téléphone en soupirant. Les dossiers devant moi ne sont pas là pour me remonter le moral. J'ai un paquet de boulot, mais bien trop l'esprit ailleurs pour vraiment m'y mettre. Je viens de raccrocher avec la femme de ma vie. Et la mélancolie s'est très largement emparé de moi. Depuis l'autre matin, il n'y a qu'une idée qui me trotte dans la tête revenir sur notre dispute. Les mots prononcés par l'un et par l'autre ne sont pas innocent. et je déteste rester sur des non-dit avec elle. Elle est ma meilleure amie. Je peux tout le lui dire. Je dois tout le dire. Je ne comprends pas ce blocage qu'elle a avec ma famille. Et je ne comprends pas pourquoi elle veut encore vivre dans cet appartement. Je comprends qu'elle ne voulait pas vivre seule avant mon retour, mais aujourd'hui je suis là et j'ai envie de passer à la vitesse supérieur avec elle. Une maison, un enfant pourquoi pas. La maison nous attends déjà à bras ouvert. J'ai réussi à emprunter de l'argent à mes parents. Ils veulent d'ailleurs pas que je les rembourses. Mais je connais Leana, elle va déjà tiquer si je lui dit d'où viens l'argent, alors j'ai intérêt à les rembourser.

La tête dans un dossier parlant d'agression, j'ai les yeux qui roule et le souffle qui se fait las. Je n’ai qu'une envie c'est de m'enfuir. Je regarde autour de moi et les collègues sont tous en train de bosser sur leurs dossiers. Mon pied tape nerveusement sur le pied de ma chaise de bureau. « Anderson si tu tiens pas en place, va bosser au café ou chez toi ! T'es insuportable depuis ce matin. » Je fusille mon collègue du regard. Qu'est-ce qui lui prend d'un coup ? Je suis pas du genre sanguin, ni même du genre à m'offusquer pour ça, mais c'est vraiment pas ma journée. « T'as raison, je me barre ! » J'attrape deux dossiers qui trainent à moitié ouvert sur le bureau en me levant d'un seul coup. Le les enfourne sans précaution dans ma serviette en cuir. J'attrape ma veste et la geste sur mes épaules. « Je vais bosser chez moi, j'étouffe ici » Je passe la porte du bureau sous les regards soucieux de mes collègues. Je dois descendre quelques escaliers, remonter quelques rues avant de retrouver le parking et ma voiture. J'ouvre la porte arrière et balance mes affaires. Je m'installe sur le siège conducteur et prend ma tête dans les mains. Un long soupire qui ne fait qu'augmenter la tension qui règne dans mon corps. Je tourne la clef et me voilà parti pour rejoindre Island Bay et l'infernal appartement.

Je passe le pas de la porte et tend l'oreille, la mâchoire serrée. « Leny ? Tu es là ma belle ? » Le silence règne. Mais très vite un peu de bruit se fait entendre. Je rentre dans l'appartement et croise enfin âme qui vive. Aedan est là la tête dans le cul. Me fixant d'un regard perdu. « Ce n'est que moi. Tu rentres de garde ? Va dormir, je crois que ça vaut mieux. » Un léger sourire de compassion échangés, il disparait de nouveau derrière la porte de sa chambre. Je monte alors dans la chambre que je partage avec la femme de ma vie. La pièce est terriblement vide. Je balance mes affaires sans faire attention et me laisse tomber sur le lit. Je n'ai plus la force de bouger. Elle devrait pourtant être rentrer à cette heure-ci. Je ferme les yeux quelques instants. Les songes s'emparent de moi. Je rêve d'une petite tête blonde et de notre maison. Quelque chose me pince le cœur. Car Leana n'est pas dans ce tableau idyllique. Je me retourne pour tenter de chasser ce cauchemar et retirer ce sentiment d'abandon de mon corps. Un bruit se fait entendre en bas. Les pas se font doux et discret. Elle doit connaitre les horaires d'Aedan contrairement à moi. Je me sens coupable d'un coup. La porte s'ouvre. Je suis sur le lit à la regarder avec un sourire. « Bonjour ma belle, je suis rentré plus tôt, j'avais envie de te voir. De discuter. »

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Rowan & Leana

Pencher au-dessus du grand évier, je passai rapidement mon bras sur mon front avant de reprendre le lavage intensif d’une grosse marmite. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était, mais je savais que mon service aurait dû être fini depuis un petit moment. Seulement, les clients avaient été nombreux ce midi et le chef m’avait demandé de rester un peu plus longtemps. Je n’avais pas pu refuser, pas quand il avait évoqué une possibilité de monter en grade dans quelques semaines si tout se passait bien. Alors je serrai les dents et je continuai la vaisselle malgré tout le dégoût que cela provoquait en moi. Une fois bien récurée, je secouai légèrement la marmite et la mis à égoutter à côté des autres plats. « C’est bon Leana, rentre chez toi, on s’occupe du reste. » Je tournai la tête pour voir l’un des cuisiniers me faire signe de partir. « Mais je n’ai pas fini de ranger. » « Vas-y, ton service est fini depuis longtemps. Et profite bien de ton soir de congé. » Il n’eut pas besoin de me le dire une troisième fois, je m’éloignai aussitôt de l’évier et retirai mes gants avec gratitude. Avant même d’être arrivée dans les vestiaires du restaurant, j’avais enlevé ma toque et avais libéré mes cheveux de leur élastique. Je jetai le tout dans mon casier avant d’attraper mon portable pour l’allumer. Je fis une petite grimace en voyant l’heure s’afficher, il était bien plus tard que ce que je pensais. J’allais avoir moins de temps que prévu pour me poser avant que Rowan rentre du travail. Déjà que ce n’était pas la joie entre nous depuis notre dernière dispute, si je le retrouvais alors que j’étais fatiguée, ça n’allait pas arranger les choses. Je me changeai rapidement et sortis par la porte arrière pour me diriger droit vers ma petite voiture.

Une demi-heure plus tard, je me garai près de la voiture d’Aeden, juste devant l’entrée de la maison. J’attrapai mes affaires et sortis en verrouillant machinalement derrière moi. J’ouvris la porte tout doucement, posai mon sac dans le couloir et hésitai quelques secondes avant d’aller vers les escaliers. J’avais bien eu envie de me poser dans le canapé, mais il était possible que Dylan rentre avec des collègues après sa garde et je n’avais pas envie de la déranger. Avant de commencer à monter les marches, je retirai mes chaussures pour faire le moins de bruits possible. Aeden ne m’entendrait sûrement pas, mais je ne voulais pas prendre de risque. Je traversai le couloir sur la pointe des pieds et me faufilai dans ma chambre. Je me retournai vers le lit et me figeai aussitôt, un air surpris sur le visage. « Rowan ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Je n’avais pas fait attention à sa voiture en arrivant, il avait dû la garer sur le trottoir pour ne pas gêner. J’avais beau le lui dire à chaque fois, il ne ne voulait jamais la mettre dans l’allée, comme si ce n’était pas chez lui. « Bonjour ma belle, je suis rentré plus tôt, j'avais envie de te voir. De discuter. » Sa voix me fit revenir sur Terre et je posai mes chaussures pour aller me poser à côté de lui, un petit sourire aux lèvres. Je l’embrassai doucement avant de me caler dans ses bras et de poser ma tête dans son cou. J’avais l’impression que je n’avais pas fait cela depuis une éternité, ça m’avait manqué. Seulement, je savais que si je restais dans cette position un peu trop longtemps, je risquais de m’endormir rapidement. Je m’obligeai alors à me reculer et posai mon coude sur le lit pour mieux soutenir ma tête. Je tendis ma main libre vers son visage, le caressant doucement, avant de la glisser jusqu’à la sienne pour entremêler mes doigts aux siens. « Tout va bien ? Tu as un problème au bureau ? » Il avait beau être moins passionné par son métier que moi, ce n’était pas dans ses habitudes de rater des heures de travail. J’espérais que ce n’était pas un problème avec ses collègues, un malaise professionnel risquait de ne pas l’aider à se sentir à l’aise ici. « Je suis désolée si je t’ai fait attendre, on a eu du monde ce midi et le chef avait besoin d’aide. Comme j’étais censée être seule... Tu es là depuis longtemps ? »

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Embrumé. Voilà le mot qui me défini le mieux en cet instant. Peut-être un peu nerveux, voir névrosé. Je sais que je devrais me sentir bien, ici, entre quatre murs qui représente mon sanctuaire. C'est ici que je partage l'intimité de la femme de ma vie. Mais j'ai quand même ce mal être dans cette pièce. L’influence du reste de la maison où je suis pas le bienvenu ? Il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à me sentir chez moi dans cet appartement. Je n'ai qu'une envie, prendre la poudre d’escampette avec ma belle dans mes valise et laisser derrière moi ce sentiment de rejet. Mais la réalité est bien plus complexe. Il y a peu j'ai tenter une approche douce pour faire comprendre mon mal-être à Leana, mais cela s'est terminé en dispute. Ses pas me ramenant à la réalité, je suis encore légèrement endormi. « Rowan ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Sur le moment, je suis presque vexé de cette réaction. Je revois le temps où elle m'aurait simplement sauter au cou, heureuse que je sois là à lui faire la surprise d'un retour anticipé. Mais je me fais simplement des idées. Elle est simplement surprise. Elle s’inquiète même peut-être. Je suis quand même sensé être au travail.

La belle retire ses chaussure et s'approche doucement de moi. Je m'écarte du milieu du lit, lui laissant un peu plus de place, mais reste assez envahissant pour l'obliger à se lover contre moi. Elle ne se fait pas prier. Un tendre baiser déposé du bout des lèvres et enfin j'ai le bonheur de sentir sa présence et sa chaleur au creux de mes bras. L'espace d'un instant, c'était comme un retour en arrière. Il y a quelques mois encore à Aukland, où nous filions le parfait amour tout les deux. Comme si c'était hier. Et pourtant j'ai l'impression qu'une vie me sépare de ce souvenir. Comme si ça faisait des années que nous n'avions pas été aussi, si simplement, proche. Décollant légèrement sa tête et la bloquant avec son bras, elle a le visage légèrement au dessus du mien, me permettant de plonger mon regard dans le sien. Je redécouvre pour la centième fois la douceur et la profondeur de son regard angélique. Sa main passe sur mon visage d'une douce caresse. J'embrasse du bout des lèvres sa douce paume. « Tout va bien ? Tu as un problème au bureau ? » Nos doigts s’entremêlent. « Non. Ne t’inquiète pas. J'ai juste pris mes dossiers pour bosser ici et profiter un peu de toi. Je n'arrivais pas à me concentrer au bureau. » Bon ce n'était pas tout à fait vrai. Si j'avais fuit le bureau c'était principalement parce que j'avais l'esprit ailleurs. Il fallait que je la vois. Mes collègues, même si ce n'était pas dans mes habitudes, et encore le peu qu'ils en savaient, n'allaient pas en faire une affaire.

Alors qu'une de mes mains est occupé à amoureusement se battre dans une compétition de caresse avec la main de Leana, la seconde passe derrière son bras et décide de s'aventurer dans ses cheveux. Lui prodiguant une nouvelle marque d'affection. « Je suis désolée si je t’ai fait attendre, on a eu du monde ce midi et le chef avait besoin d’aide. Comme j’étais censée être seule... Tu es là depuis longtemps ? - Je sais pas trop. Je crois que je me suis assoupis un peu en arrivant. Ce n'est pas grave, maintenant tu es là. » Je lui fais un sourire et soulevant légèrement ma tête, je dépose un baiser sur son front. Il fallait maintenant engager la conversation. J'avais une boule au ventre. Mon sourire pourtant franc, ne devait pas s'être attarder sur mon visage. Je n'aimais pas parler de sujet délicat. Je n'aimais pas le conflit. Mais ce que j'aimais encore moins c'était mentir à ma meilleure amie, celle qui partageais ma vie. Décrochant ma main de la sienne, je laisse mes doigts s'aventurer dans le silence, sur son avant bras, puis sur son épaule, puis son cou. Elle me regarde avec cet air que j'aime temps. Ce regard pleins d'amour et de compassion qui à fait que j'ai choisi d'en faire la femme de ma vie. « Leny. On peut revenir sur ce que je t'ai proposé l'autre matin ? Tu sais quand je t'ai parler d'avoir une maison à nous. Rien que nous deux. Je ... J'étouffe un peu ici. J'ai pas l'impression d'être chez moi. » Je culpabilisais déjà de lui infliger ça. Elle venait de rentrer du travail. Elle devait sans doute être crever. Mais j'avais cette boule au ventre, ce poids sur le cœur. Il fallait qu'on en parle.

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Rowan & Leana

J’étais bien là dans ses bras, à retrouver la chaleur de sa présence. J’avais l’impression de revenir des années en arrière, bien avant que les sentiments ne viennent compliquer notre histoire, lorsque je pouvais apprécier le doux contact de mon meilleur ami contre moi en oubliant tous mes soucis. Mais ce temps avait passé et je n’avais pas le choix que de faire face et de me reculer doucement. Je tentai de garder ce sentiment ancré en moi en venant caresser sa joue, en glissant ma main vers la sienne pour nous lier physiquement. Lentement, je levai les yeux vers lui et observai affectueusement son visage. Le bref souvenir de ses traits blessés face à ma surprise en le voyant me chamboula dès que je croisai son regard, mais je ne montrai rien, essayant aussitôt de me raisonner en m’inquiétant pour lui. « Non. Ne t’inquiète pas. J'ai juste pris mes dossiers pour bosser ici et profiter un peu de toi. Je n'arrivais pas à me concentrer au bureau. » Je hochai imperceptiblement la tête pour accepter son explication sans plus de questions. Pourtant, des doutes s’insinuaient en moi, les mêmes qui menaçaient de me submerger depuis son retour. Je ne parvenais pas à les expliquer, je n’arrivais pas à mettre des mots dessus, j’avais juste la sensation que notre relation n’était plus la même. J’avais beau essayé de me convaincre que ce n’était rien, les signes ne cessaient de s’accumuler, jour après jour, comme en cet instant. Comme en voyant sa main venir vers moi, en la sentant jouer avec mes cheveux, mais en ne ressentant qu’une faible joie et non celle que j’avais déjà ressentir par le passé, celle que j’aurais dû ressentir aujourd’hui.

Incapable de réaliser ce qu’il était en train de se passer, je mis rapidement ça sur la fatigue de la journée et en profitai pour expliquer mon retard et mon attitude comme je pus. « Je sais pas trop. Je crois que je me suis assoupis un peu en arrivant. Ce n'est pas grave, maintenant tu es là. » Je fermai les yeux en le voyant s’approcher et sentis ses lèvres déposer un baiser sur mon front. Quand il recula de nouveau, je ne faisais plus face à la même personne. Ses traits avaient durci. Ou alors, était-ce de l’inquiétude ? Je n’arrivais plus à savoir, je ne parvenais plus à lire ses expressions. C’était comme si je ne le connaissais plus, comme s’il avait changé. Je sentis sa main se détacher de la mienne et glisser le long de ma peau. Un frisson me parcourut lorsque ses doigts caressèrent mon cou, mais il n’était pas comme les autres. C’était la peur qui le commandait, la peur de ne plus ressentir la même chose qu’avant. Pourtant, même lorsque je le regardais en cet instant, je savais que je l’aimais, de tout mon être. « Leny. On peut revenir sur ce que je t'ai proposé l'autre matin ? Tu sais quand je t'ai parler d'avoir une maison à nous. Rien que nous deux. Je ... J'étouffe un peu ici. J'ai pas l'impression d'être chez moi. » « Rowan… C’est rien, juste la fatigue. Tu l’as dis toi-même, tu t’es assoupi alors que ça ne t’arrivait jamais... Tu sais quoi, je sais ce qu’il nous faut. On va sortir d’ici, se balader un peu et s’accorder une soirée rien que tous les deux. Ça fait longtemps qu’on n’est pas allés au restaurant, il est temps de changer ça. Laisse-moi juste le temps de prendre une douche et de changer de vêtements. Tu n’as qu’à choisir un lieu en attendant. » Sans attendre sa réponse, je me penchai pour déposer un baiser sur sa joue et sautai hors du lit pour sortir de la chambre.

A peine entrée dans la salle de bain, je fermai derrière moi et posai mon dos contre la porte, soufflant avec difficulté. Sans même pouvoir me contrôler, je venais de fuir la conversation la plus importante pour mon couple, celle qui pouvait tout chambouler. Je savais que je ne pouvais pas y échapper pour toujours, mais je ne me sentais pas prête, j’avais trop peur des conséquences. Je pris une longue inspiration avant de me débarrasser de mes vêtements et de me glisser dans la douche. Que m’arrivait-il au juste ? Je ne comprenais pas cette absence soudaine de sensations à son contact. Ma main effleura mon dos alors que les dernières traces de mousses coulaient le long de mes jambes et je fermai de nouveau les yeux. Le souvenir brûlant des mains de Dylan venant masser doucement mon dos me fit frémir. La poignée de la porte s’actionna et je manquai de tomber en sursautant. Ce ne fut qu’en entendant les pas d’Aeden s’éloigner dans le couloir que je relâchai mon souffle. Je me retournai avec fureur et tournai le robinet vers l’eau froide pour me reprendre, faisant fuir au passage le fantôme des caresses de la jeune femme. Je ne tardai pas beaucoup plus longtemps dans la salle de bain, juste le temps d’enfiler la belle robe que Rowan m’avait offert l’année précédente. Je me faufilai alors dans notre chambre et souris au jeune homme. « Tu as trouvé un endroit ? On y va ? » Sortir de cette maison était devenue indispensable à présent. Peut-être avait-il raison finalement, peut-être il nous fallait un endroit à nous, mais cette simple pensée me nouait encore plus l’estomac.

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