l'histoire de ma vie parce que je le vaux
bien
It's kind of fun to do the impossible
Rire, sourire, quelles belles armes de destruction massive. Pour certains je suis la fille la plus fun et folle de l’univers. La fille super cool, que tout le monde adore et qui n’a aucun problème… Après tout les gens cool et heureux, n’en ont jamais, n’est-ce pas ? Je suis très active sur les réseaux sociaux, j’ai été connue grâce à Vine, en ayant plus de 2 millions d’abonnés où mes vidéos de 6 secondes faisaient un million de vues en même pas 24h. Dommage que l’application ait fermé…
Comment prendre quelqu’un au sérieux comme moi du coup ? Est-ce que quelqu’un m’a déjà pris au sérieux au moins une fois ?
Depuis la mort de ma mère, je m’étais renfermée dans ce monde virtuel. Je me croyais heureuse, utile, connue, reconnue, aimée, admirée, adorée. Je rencontrais des gens tous les jours, j’aimais parler avec mes abonnés, j’aimais les aider à sourire de nouveau jusqu’à m’oublier totalement.
Ma petite sœur admirait totalement la personne que j’étais quant à mon grand frère, il ne faisait que me sermonner me disant que ce n’était pas ainsi qu’on faisait son deuil. Il avait toujours été dans la surprotection… Et c’était pire avec notre petite sœur. Mais il ne comprenait pas. Il nous ne comprenait pas. Ou plus… Alors je suis partie. Seule.
J’avais soif de voyage, je voulais oublier ma famille, oublier mon passé, ma vie en générale. Je voulais me consacrer à mes abonnés, qu’ils voyagent avec moi, qu’ils oublient eux aussi leurs tracas quotidiens. Je suis allée au Japon, en Australie, en Inde, dans les Caraïbes, en Argentine, au Maroc, en Italie, en France pour finir en Nouvelle-Zélande. Pourquoi là-bas ? L’argent ne se récolte pas par magie hélas et mes réseaux sociaux ne me suffisaient plus à vivre au bout d’un moment. Sans parler de mes économies qui n’étaient pas très épaisses.
La Nouvelle-Zélande était mon tout nouvel univers, mon souffle d’air frais. Je reprenais contact petit à petit avec ma famille lorsque je m’étais posée ici. Mon frère était fou de rage et ma petite sœur avait des étoiles dans les yeux, voulant me rejoindre à tout prix et en étant ma première fan sur le net. Je partageais tout avec elle, mes amours, mes petits tracas quotidiens mais elle ne voyait jamais « the real me ». Certes je lui parlais de mes tracas mais toujours en souriant en disant que tout allait s’arranger tôt ou tard puis après je me contentais de dire deux ou trois blagues et on passait à autre chose.
J’enchaînais petit boulot sur petit boulot jusqu’au jour où je suis tombée sur elle. Parker Lane. Rien que son nom était totalement enivrant. En voyageant j’avais eu des aventures, des femmes, des hommes… Je voulais juste m’amuser et prendre mon pied, ne prenant rien au sérieux voulant fuir les problèmes, restant plongée dans mes divers orgasmes interplanétaires. Mon frère me traitait de véritable catin mais il ne comprenait rien. Il était si sérieux et si boring… Mais depuis ma mère, j’avais besoin de ça. J’avais besoin de me sentir en vie, aimée, désirée, unique, privilégiée… Comme s’il y avait un énorme trou noir à combler… Constamment.
Et Parker était là.
Dès que mes yeux sont tombés sur elle, j’étais envoutée, envirée, hypnotisée par sa beauté ravageuse. Elle avait une telle prestance qu’elle m’avait fait sienne en l’espace d’une seconde.
Parker avait tout pour elle, le charisme, l’intelligence, elle savait me faire rire et maniait sa langue comme personne. En Nouvelle-Zélande, Parker avait été ma vie, mon nouveau souffle d’oxygène. Elle m’aidait à oublier et à m’oublier. C’était une amante hors pair, une petite-amie délicieuse et une meilleure amie que tout le monde aurait aimé avoir. Je crois que je l’aimais.
Je crois.
Grâce à elle, j’avais une vie de rêve, chaque jour était une nouvelle aventure. Elle était certes plus âgée que moi mais c’était cela qui faisait tout son charme. Parker était une femme… Une vraie femme d’affaire accomplie qui savait où elle allait et qui maîtrisait tout à la perfection. Elle avait un côté si dominateur et un côté si attendrissant à la fois. C’était la femme idéale. Avec elle je me sentais libre, je ne me sentais pas jugée et elle ne me forçait pas à porter un masque sur mon visage. Quand j’allais mal malgré mon sourire, elle le savait. Elle lisait entre les lignes… Parfois on s’engueulait et bien, c’était très passionnel et fusionnel mais le lendemain tout était arrangé. Elle était si sexy quand elle était énervée, quand elle me donnait des ordres… Quand elle était LA Parker Lane que tout le monde admirait et que tout le monde craignait.
Mais ma famille me manquait et en Nouvelle-Zélande peu de gens m’aimaient vraiment. J’avais des fans, oui, mais ils n’étaient pas mes amis. Ils restaient surtout virtuels et quand je les rencontrais dans la rue, ils voulaient juste une photo puis ils partaient. Ce côté assez inhumain… Parfois je n’avais même pas droit à un « bonjour », ils se mettaient juste à côté de moi et prenaient leur fameuse photo sans même me demander.
Ma vie se résumait à Parker, j’avais du mal à m’intégrer. Je collectionnais les petits boulots dans des boîtes de production mais rien de bien pertinent et mes fans étaient surtout aux USA. Vine n’était pas réellement répandu dans les alentours. Puis au fil du temps, j’avais l’impression que Parker se lassait. Physiquement elle était là mais son esprit était ailleurs. Elle était surchargée de travail, elle était sans cesse stressée, toujours là à hurler sur ses assistants. J’essayais de la décontractée, je voulais qu’elle s’évade avec moi et oublie ses tracas quotidiens mais elle n’y arrivait pas… Ou plus.
Alors je suis partie.
Mon frère me disait sans cesse que cette femme n’était pas faite pour moi. Déjà car elle était trop âgée et que j’étais trop folle pour elle. Il me disait que j’étais juste son petit jouet sexuel du moment et qu’une fois qu’elle en aura marre, elle me dégagerait sans gêne. J’aurais été incapable d’assister à une véritable scène de rupture. Pas encore… Alors, du jour au lendemain, j’avais pris toutes mes affaires. Même celles que j’avais laissé chez elle. Je lui avais laissé un seul mot, avec une seule citation dessus sur son grand oreiller sur son lit King Size.
« On dit que certaines vies sont liées à travers le temps... Unies par un ancien appel qui résonne à travers les siècles. »
Ma vie aux Etats-Unis n’était que d’or et de diamants. J’avais été accueillie comme une reine là-bas. Il n’y avait rien à dire. Mes abonnés étaient là, j’étais invitée sur divers plateaux télé, je faisais même des featurings sur diverses chaînes YouTube avec des youtubeurs assez populaires. Je riais, je vivais à cent à l’heure, je m’amusais, je collectionnais les conquêtes… Masculines et uniquement masculines. Depuis mon départ, Parker n’avait jamais cherché à reprendre contact avec moi. Je n’avais pas changé de numéro de téléphone exprès, en voulant la voir me rattraper et me supplier de revenir mais ça en était nullement le cas. Et depuis Parker, les femmes me dégoûtaient. J’avais essayé au début. Plusieurs soirées, la drogue défilait et l’alcool coulait à flot mais dès que ça allait plus loin qu’un simple baiser, je n’arrivais pas à suivre et surtout à faire semblant d’apprécier le doigté de ces femmes. Alors oui, je me faisais insulter de salope, de profiteuse, de sale pute… Mais j’en étais incapable.
Parker avait été la plus fabuleuses des amantes et au lit, je n’avais jamais pris autant mon pied qu’avec elle. Jamais. Et pourtant j’en avais eu des aventures mais Parker avait juste été… Exceptionnelle.
Les mois passèrent puis les années. On était désormais en 2017 et 2 ans s’étaient écoulés depuis Parker. Je n’avais aucune de ses nouvelles… Du moins, directement. Je savais qu’elle s’était mariée et qu’elle était désormais heureuse, mais ça n’allait pas plus loin. Quand on me l’avait annoncé, j’avais juste souri mais à l’intérieur une bombe s’était enclenchée. Elle ne m’avait peut-être jamais aimé et mon frère avait sans doute raison : j’avais juste été son jouet préféré en l’espace de quelques mois.
Sauf que Parker était partout, jusqu’à hanter mes rêves, même mes cauchemars. J’en devenais folle et l’idée de la voir avec une autre me faisait clairement disjoncter.
« Heaven, tu dois aller en Nouvelle-Zélande, tu as plusieurs interviews à faire et des partenariats avec plusieurs marques. Aussi étrange soit-il, ils te demandent énormément là-bas et pour ton image ça serait plus que bien que tu t’y rendes. »
Serait-ce un signe ? En moins de deux secondes j’avais les pieds dans l’avion.
Une fois là-bas, j’enchaînais le comment du pourquoi de ma présence dans ce pays. Interviews, partenariats Instagram, YouTube, je rencontrais d’autres influencers, de grands humoristes du coin mais toutes mes pensées étaient dirigées vers Parker… Jusqu’à que le destin m’envoie son premier signe.
Lors d’une grande soirée de gala où j’étais conviée, Parker l’y était aussi. Elle avait une longue robe noire avec un très beau décolleté. Elle était rayonnante et surtout… Accompagnée. J’avais enfin vu sa femme… En vrai, de mes propres yeux et ensemble elles étaient sublimes. Tout le monde n’avait d’yeux que pour elles tandis que moi… Je me cachais. Je restais à une certaine distance d’elles mais mon ventre était clairement noué. Parker m’obsédait vraiment et je n’arrivais pas à concevoir qu’elle puisse être avec une autre que moi…
« Parker recherche une nouvelle assistante apparemment. La pauvre, la prochaine sur la liste va souffrir. »
J’aime ce genre de petite souris rapporteuse et cela n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde, aussi suicidaire soit cette pensée. Et si ce job, d’assistante était la solution à mes envies ? En Nouvelle-Zélande, je n’étais pas si connue que ça, uniquement des spécialistes du métier savaient qui j’étais vraiment, mais dans la rue je passais incognito. Alors… Qu’est-ce qu’il m’interdisait de postuler ?
* * *
Chemise blanche légèrement transparente, pantalon/tailleur noir mettant en avant mes fesses et mes longues jambes, chignon relevé, maquillage brun pour relever la couleur bleue de mes yeux. J’entrais dans ce grand building, voyant au loin le bureau de Parker, porte grande ouverte, elle était au téléphone. Elle ne m’avait pas encore vu. Je m’avançais vers elle sans demander l’autorisation à qui que ce soit malgré les hurlements dans le hall d’entrée. Puis je toquais à la porte.
-
Apparemment il y a un poste d’assistante à pourvoir… Ses yeux atterrirent enfin dans les miens, son visage se bloqua en l’espace de deux secondes et je me contentais de lui sourire grandement, fermant la porte derrière moi, restant là, debout face à elle, mes yeux plantés dans les siens sans dire quoique ce soit.