l'histoire de ma vie
i don't feel no remorse, and you can't see past my blinders
La pluie qui s’écrasait contre le toit était le seul bruit que tu percevais dans toute la maison. Assis sur le rebord de la fenêtre, tu observais les passants avec leurs parapluies de toutes les couleurs défiler dans la rue. En temps normal, c’était un spectacle qui ne te laissait pas indifférent. Tu aimais observer les autres, analyser leurs comportements, anticiper leurs actions, faire des hypothèses - souvent fausses - sur leurs vies respectives. Pourtant, ce jour-là, ton regard se perdait rapidement dans le vide. La sonnette retentit soudain, te sortant de tes pensées, tu te levas et descendis les escaliers deux par deux jusqu’à la porte d’entrée. Tu l’ouvris et découvris Newton, trempé de la tête aux pieds. Son tee-shirt lui collait au corps sous sa veste en cuir qui lui donnait un petit style rock’n’roll. Tu aurais presque pu apercevoir ses abdos - enfin il aurait fallu qu’il en ait pour ça. Un léger sourire se forma sur tes lèvres alors que tu l’observais de haut en bas. Tu t’écartas pour le laisser entrer puis refermas la porte derrière lui. «
Alors ? » lui demandas-tu sans y aller par quatre chemins. L’espace d’un instant, son regard rencontra le tien jusqu’à finalement glisser jusqu’au sol. Tu le reconnaissais bien là. D’un autre côté, tu savais qu’en le mettant au pied du mur comme tu l’avais fait, tu le mettais dans une situation extrêmement inconfortable. Seulement, c’était nécessaire. Ou tout du moins, ça l’était pour toi. Il n’était pas question d’amour entre vous. Juste d’un profond attachement. Vous étiez bien l’un avec l’autre, autant sur le plan sexuel que relationnel. Pourtant, vous n’étiez pas en couple. Pas aux yeux de tous en tout cas et c’était quelque chose qui te peinait. Ce n’était pas un problème de sexualité, il ne semblait avoir aucun problème à se montrer avec un mec. Ça ne bloquait qu’à partir du moment où c’était ‘son’ mec. Cependant, toi, tu avais besoin de cette reconnaissance. Tu voulais pouvoir t’afficher avec lui dans la rue sans devoir faire attention à tes gestes. C’était pour cette raison que tu lui avais donné un choix à faire : soit vous passiez à l’étape supérieure, soit c’était fini. Tu n’avais pas l’impression que ça soit totalement déraisonnable. Vous vous fréquentiez quand même depuis plusieurs mois déjà. Alors tu lui avais lancé un ultimatum. Tu l’avais fait alors que tu en connaissais déjà la réponse. «
Tu l’sais bien… » Tu laissas échapper un léger soupir avant de t’approcher de lui. Tu attrapas sa nuque et vins plaquer tes lèvres sur les siennes. Il sembla surpris, pourtant il prolongea ton baiser. Lorsque tu lâchas finalement ses lèvres, tu lui glissas à l’oreille : «
c’est dommage », avant de finalement reprendre tes distances. Tu le regardas hausser les épaules. Tu savais que même s’il ne le montrait pas, ça lui faisait autant de peine qu’à toi que les choses se terminent comme ça. Pourtant, les choses étaient ainsi. Il était ainsi.
⁂
Les mains dans les poches, tu remontas tranquillement le couloir qui séparait les urgences du reste de l’hôpital. Tu n’étais vraiment pas pressé. Tu venais voir Jodie, l’une de tes mères, et tu la savais en pleine opération. Vous deviez déjeuner ensemble, seulement ses patients passaient avant tout et vous aviez dû décaler votre rendez-vous. Ça t’était égal. D’abord parce que tu étais habitué à ce genre d’imprévus et ensuite, car tu n’avais rien de mieux à faire de toute façon. Tu avais donc décidé d’aller faire un tour au service pédiatrique. Ici, tout le monde te connaissait, tu ne pouvais pas faire trois pas sans saluer ou sourire à quelqu’un. Tu t’attardais parfois pour discuter un peu si jamais la personne n’était pas trop pressée, mais ça n’arrivait que rarement. En arrivant dans l’espace détente réservé aux enfants, tu esquissas un petit sourire en toquant contre la vitre. Quelques têtes se levèrent et tu entras dans la salle. «
Reid ! » Une petite fille coiffée de deux couettes brunes, son doudou dans les bras, se rua vers toi. Tu l’attrapas pour la prendre dans tes bras sous le regard amusé de sa maman. «
Bah alors Mindy, tu devais pas rentrer chez toi ce matin ? » lui demandas-tu en affichant une mine faussement inquiète. Tu savais très bien qu’elle avait encore quelques examens à faire avant de pouvoir enfin rentrer chez elle. «
Mais non ! C’est cet après-midi que je rentre à ma maison ! » Tu mimas un grand ‘ah’ avec ta bouche et elle laissa échapper un petit rire qui en aurait fait craquer plus d’un. Tu la reposas sur le sol avant de t’accroupir à sa hauteur. «
Alors dis-moi, qu’est-ce que tu as prévu pour votre grand retour à toi et Pinpin ? » Tu montras le petit lapin gris du doigt et elle le serra encore plus contre sa poitrine. Un immense sourire s’afficha sur ses lèvres. «
Papa, il va faire des hamburgers et on va manger devant la télé ! Et il a dit que c’est moi qui choisira le DVD ! » Sa petite faute de conjugaison te fit sourire. Tu jetas un regard à sa maman qui semblait aux anges avant de reporter ton attention sur Mindy. «
C’est un super programme ça, dis-moi ! » Tu ébouriffas brièvement le haut de sa tête et elle fronça le nez. «
Je dois y aller princesse, tu passeras le bonjour à Cassie pour moi ? » Mindy acquiesça d’un signe de tête avant de demander : «
c’est ton amoureuse Cassie ? ». Un sourire en coin se forma sur tes lèvres. «
Peut-être bien, » lui répondis-tu, amusé par sa question. En réalité, Cassie n’était pas ta copine. C’était la meilleure amie de ta sœur qui se trouvait être en pleine formation pour devenir infirmière, et si tu l’appréciais beaucoup, tu savais que si tu l’approchais, tu te faisais démonter. Et mine de rien, ta sœur pouvait se montrer sacrément flippante parfois ! «
J’en étais sûre ! » Tu regardas Mindy jubiler sur place avec un regard bienveillant. Tu espérais sincèrement que tu ne recroiserais jamais cette petite entre ces murs. Elle en avait assez bavé comme ça.
⁂
«
T’as tout entendu ? » Tu acquiesças d’un hochement de tête, les poings serrés et la mâchoire contractée. Ce pourri, tu allais le buter. Tu n’avais aucune idée de comment tu allais t’y prendre. Tu n’avais rien du mec baraqué et celui-là faisait bien deux têtes de plus que toi, mais ça t’était égal. Toucher à Cassie, c’était comme toucher à ta sœur. Ce n’était pas quelque chose que tu pouvais laisser passer comme ça. Tu attrapas ta veste et enfilas rapidement des baskets qui trainaient. «
Reid, qu’est-ce que tu fais ? » Tu levas les yeux au ciel avant de hausser les épaules. «
J’vais à la chasse à la pouliche avec ma baguette magique… sérieux, qu’est-ce que tu crois que j’fais ? » Cassie sortit de la chambre d’Evie en reniflant. «
Il en vaut pas la peine, » lâcha-t-elle à ton attention. Elle avait surement raison, seulement tu ne pouvais pas juste rester assis sur ton lit à rien faire. Il l’avait frappée, il allait payer… même si ça voulait dire que tu allais te prendre la branlée de ta vie. Tu quittas la maison malgré la désapprobation totale de ta sœur. (…) Accoudé au comptoir, une pinte de bière devant toi, tu soupiras en appliquant précautionneusement le sac d’épinards surgelés contre ton œil. Tu ne t’en étais pas si mal tiré que ça finalement. Et en plus, tu aurais des épinards pour le diner. C’était tout bénef. Bon ouais, okay, tu aurais surement mal aux côtes pendant quelques jours et en voyant ta tête, tes mères te piqueraient surement un câble… Mais ça en valait le coup ! Et puis, tu étais majeur. Si tu voulais te prendre le chou avec des gens, elles n’avaient plus vraiment leur mot à dire. Enfin, ça, tu avais beau te le répéter, même toi, tu n’y croyais pas. «
T’avais vraiment pas à faire ça… » Hm ? Tu haussas un sourcil avant de grimacer de douleur. Quel con. Cassie prit place à côté de toi. «
Mais merci. » Tu lui adressas un léger sourire avant de te concentrer à nouveau sur ta bière. «
Il t’a appelé ? » Tu n’avais pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle était en train de hocher la tête. «
Il s’est excusé. » Bien. C’était ce que tu comptais accomplir. Tu portas ta bière à ta bouche et en avalas plusieurs gorgées. Celle-là, tu l'avais bien méritée.
⁂
Tu rentras à la maison après plusieurs heures passées dehors à marcher. Tu avais besoin de penser à tout ça. Jodie et Zella se séparaient. Tu ne l’avais pas vu venir celle-là. Tu laissas échapper un long soupir alors que tu remontais discrètement les escaliers. Tu poussas la porte de ta chambre et découvris Evie, endormie sur ton lit. Elle devait surement t’attendre. Tu t’assis à côté d’elle et posas délicatement ta main sur son bras. «
Hey. » Elle ouvrit doucement les yeux et esquissa un léger sourire en t’apercevant. Tu t’installas correctement sur ton lit et la pris dans tes bras. «
Ça va ? » lui demandas-tu. Elle hausa les épaules pour simple réponse. Tu l’embrassas sur le front et contemplas le plafond de ta chambre. Les choses allaient définitivement changer par ici. «
Tu crois vraiment qu’elles s’aiment plus ? » Tu ne savais pas quoi répondre à cette question. Tu avais du mal à imaginer tes mères ne plus vouloir l’une de l’autre. Elles étaient toujours si fusionnelles. «
J’ai vraiment rien vu… » Tu soupiras à nouveau avant de répondre : «
moi non plus ». Vous ne compreniez vraiment pas comment les choses pouvaient se terminer entre elles, juste comme ça, du jour au lendemain. Ta vision de l’amour en prenait forcément un coup. Tu avais toujours vu tes parents comme le ship ultime par excellence. Et là… là, tu étais totalement largué. Seulement, tu voulais qu’elles soient heureuses et si elles ne l’étaient plus ensemble, eh bien… tant pis ? C’était très difficile à accepter, mais tu n’avais pas vraiment le choix de toute façon. «
T'as mangé ? » te demanda Evie en levant la tête vers toi. C’est vrai que tu avais quitté la maison avant le diner et que tu n’avais pas pensé à t’arrêter quelque part pour manger. Tu secouas la tête. «
Je crois qu’il reste du melon et du fromage dans l'frigo. » Tu grimaças quand elle mentionna le fromage. Tu n’avais jamais aimé ça en dehors de celui qu’on met sur les pizzas. «
J’ai pas très faim, » répondis-tu simplement, ce qui n’était pas faux. Vous restiez comme ça, tous les deux, sans rien dire, jusqu’à vous endormir.
⁂
Les dernières semaines avaient été difficiles. Entre ta rééducation et la frustration de ne pas pouvoir accélérer tout le processus, tu avais l’impression de devenir chèvre. Tu n’avais qu’une seule envie : quitter cette fichue chambre d’hôpital et rentrer chez toi. Oh ça oui, tu rêvais de pouvoir t’écrouler sur ton lit … et faire la fête à ton chien aussi. Trois mois. Tu avais passé trois mois dans le coma et tu avais l’impression d’avoir manqué beaucoup trop de choses. Au cours des dernières semaines, tu avais tenté de te mettre à jour sur les dossiers des jeunes que tu suivais au foyer ainsi que sur la situation des enfants dont tu t’occupais bénévolement au service pédiatrique, cependant le fait de ne pas avoir été présent pour eux pendant ces quelques mois te faisait culpabiliser. Tu avais beau savoir que tu n’étais pas le seul à t’occuper de ces gamins, tu avais comme l’impression de les avoir laissé tomber. Ils te faisaient confiance et toi, tu n’étais pas là. Ce n’était bien évidement pas de ta faute et tu en avais conscience, pourtant c’était plus fort que toi. T’étais comme ça. C’était ton métier et s’il y avait bien quelque chose que tu tenais de tes mères, c’était ça : le boulot avant tout. Tu inspiras profondément avant de t’extirper de la voiture de ta sœur. Tu avais l’impression de finalement revivre en dehors de l’hôpital et ça te faisait du bien. À une semaine près, tu nous aurais surement fait une crise de nerfs. Qui aurait cru que tu te lacerais de cet endroit ? Pour y avoir grandi, surement pas toi. Comme quoi… Evie récupéra tes béquilles dans le coffre et les tendit. Tu soupiras mais les pris sans broncher. Tu marchais de mieux en mieux mais tu te fatiguais toujours un peu vite, ce qui avait le don de t’exaspérer. Tu te tournas vers ta sœur et esquissas un sourire. «
Je devrais m’en sortir à partir de là, » lui annonças-tu, le regard plus brillant que jamais. Elle acquiesça d’un simple geste avant de venir te prendre dans ses bras. «
Essaye quand même de pas trop l’amocher, okay ? » Tu ne pus retenir un gloussement. Un sourire au coin des lèvres, tu mis fin à votre étreinte. Tu lui fis un geste de la main avant de lui tourner le dos et d’avancer maladroitement jusqu’à la porte d’entrée. Arrivé dans le hall, tu abandonnas tes béquilles et entrepris de grimper les escaliers en t’appuyant de tout ton poids sur la rambarde. Tu fis un tour par ta chambre pour attraper ton traversin puis tu traversas le couloir. Tu poussas la porte sans prendre la peine de toquer et tu entras. Il dormait. Tu t’en doutais. Tu hurlas à la mort avant de faire un effort immense pour ‘courir’ et te jeter sur son lit, armé de ton traversin. À vrai dire, on aurait davantage dit une grenouille handicapée en train de croasser après une bonne angine qu’un être humain, mais bon… on en peut pas tout avoir. Il sursauta et un sourire satisfait apparu sur tes lèvres. «
PUTAIN REID MAIS C’EST QUOI TON PROBLEME ?! » Tu restas silencieux jusqu’à ce qu’il percute, il baissa les yeux, visiblement gêné. «
Mon problème, c’est toi, » lâchas-tu sans le ménager. Tu pris une position assise face à lui, ton traversin calé confortablement sous tes jambes. «
Je suis désolé… » murmura-t-il sans même te regarder alors que tu le fixais avec intensité. «
Est-ce que tu sais pourquoi tu t’excuses même ? » Il releva soudainement la tête comme si tu venais de l’insulter. «
Tu t’fous de moi ? J’t’ai foutu dans l’coma… » Ton regard planté dans le sien, tu pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert. Tu secouas la tête. «
C’était pas d’ta faute. T’as fait un malaise, tu pouvais pas le prévoir… c’est con, mais ça arrive. C’est après que t’as pas assuré. » Devant son regard fuyant, tu capitulas et te laissas tomber sur le dos, tes jambes sur les siennes. «
Sérieusement, ça fait deux semaines et demi que j’suis sorti du coma, t’attendais quoi, l’déluge ? » Tu l’entendis soupirer et tu en fis de même. «
Tu pensais quoi ? Que j’allais t’en vouloir d’être tombé dans les vapes ? On a plus douze ans… » Il se redressa sur ses coudes et t’observa quelques instants. Ton regard croisa le sien et il tenta un sourire maladroit. Tu repris une position assise et le dévisageas. «
J’pensais que si j’étais pas capable de m’pardonner, tu l’pourrais pas non plus… » Tu attrapas son bras et le tiras vers toi. Cette proximité n’était pas habituelle pour vous. Vous n’aviez jamais été le genre de meilleurs amis à vous prendre dans les bras et ce n’est pas là que ça allait changer, mais tu avais l’impression que dans ce moment précis, c’était nécessaire. Tu ne lui en voulais pas et il n’avait pas simplement besoin de te l’entendre dire. Il avait besoin que tu le lui montres. Alors tu le pris dans tes bras. Ça dura l’espace de quelques secondes seulement, jusqu’à ce qu’il finisse par te pousser et que tu lui écrases ton traversin sur le crâne. «
La prochaine fois qu’il m’arrive un truc, t’as intérêt à être à mon chevet et aux p’tits, sinon j’te jure que je débarquerai pas avec un coussin mais avec une béquille ! » Tu affichas un regard faussement sérieux et il explosa de rire. Il pouvait rire autant qu’il voulait, tu pensais quand même à moitié tes mots. Mais tu connaissais ton ami et il n’était pas du genre à foutre les pieds dans le même plat deux fois de suite. Surtout qu’il avait beau te sourire, tu savais qu’il s’en voudrait surement toujours pour ce qui t’étais arrivé.
⁂
PRESENT DAY + Tout sourire, tu sors de ta dernière visite chez le kiné. Cette fois-ci, c’est bel et bien terminé. Tu es enfin délivré de tes séances de kinésithérapie. Comme neuf que tu es. Vous avez fini de bonne heure et tu as encore une bonne de vingtaine de minutes devant toi avant que Jensen ne vienne te chercher. Il a eu beaucoup de mal à te laisser remonter avec lui en moto, mais tu as su te montrer très persuasif… ou très chiant, au choix. Le fait est qu’il a cédé et les choses sont finalement rentrées dans l’ordre. Plus ou moins, mais ça s’en rapproche. Au bout de trois mois, il était temps. M’enfin bon, tu le comprends aussi. Tu jettes un coup d’œil à ta montre et décides de prendre le chemin de la cafeteria pour te prendre un café. Tu fais sagement la queue quand
ce regard croise le tien. Il te regarde sans te voir, tu peux le voir à l’expression sur son visage. Il est vide. Là sans être là. Tu ne saurais trop dire pourquoi, mais ça t’intrigue. Tu l’observes récupérer sa commande et s’éloigner tel un zombie. Tu devines facilement qu’il est là pour un proche. Quand ton tour arrive, tu es tellement perdu dans tes pensées que la nana derrière toi est obligée de te pousser légèrement pour que tu reviennes à toi. Tu balbuties quelques excuses avant de te commander un café crème. Tu payes, récupères ton gobelet en plastique et tu décides de partir à la recherche de l’inconnu au regard absent. Tu connais l’hôpital comme ta poche et dans ce genre de situations - creepy à souhait, j’en conviens - c’est un sacré avantage. Tu déambules dans les couloirs tel un crocodile dans son réseau d’égouts - oui tu imagines qu’un crocodile connait les souterrains comme sa poche, sauf qu’il en a pas le pauvre … des poches … Tu jettes un bref coup d’œil dans les chambres quand les rideaux te le permettent et finalement, tu le retrouves. Il est assis sur un banc dans le couloir. Il fixe le jeune homme allongé dans la chambre qui lui fait face. Cette chambre. Ton ancienne chambre. Ça te perturbe légèrement, mais tu t'en remets rapidement.
C'est terminé maintenant, te répètes-tu. Tu restes légèrement en retrait, ne cherchant pas à te faire remarquer. Tu l’observes de loin. Tu te demandes qui est cet homme dans ce lit d’hôpital. Tu te demandes quelle est leur histoire à ces deux-là. «
Reid ? T’en as pas encore marre de ce service ? » Tu fais un bond sur place et Cassie pouffe de rire. «
J’ai eu un élan nostalgique, que veux-tu… J’sais pas si t’as entendu, j’suis libre ! » Tu écartes grand tes bras comme un oiseau près à s’envoler. Cassie acquiesce : «
oui, j’ai entendu. Félicitations ! » Tu lui adresses un sourire, puis, distrait, tu te retournes vers l’inconnu de tout à l’heure. Elle suit ton regard avec curiosité. «
Tu connais son histoire ? » demandes-tu sans aucune gêne. Elle hausse négligemment les épaules. «
C’est son frère dans l’coma. J’étais pas de garde la nuit où ils sont arrivés, mais j’crois bien qu’ils ont eu un accident de voiture… sauf que l’un a été plus chanceux que l’autre. » Hum. Tu comprends mieux l’expression qu’il arbore. Tu devines qu’il était au volant. Tout ça te rappelle des souvenirs et tu te demandes si c’est justement cette familiarité qui t’attire chez cet homme. Tu n’en sais trop rien. L’avenir te le dira. Car oui, tu sais que tu seras amené à le revoir. T’iras même jusqu’à forcer le destin si nécessaire.