This is where I'm from (Cameal #9)

J’ai du mal à ouvrir les yeux, je vois un peu flou et j’ai un mal de crâne carabiné. Je grimace légèrement et lorsque mes yeux finissent par faire point, je remarque que Neal est là, il est encore là. Mon coeur s’accélère, je ne croyais même pas qu’il resterait, il aurait même pu me laisser là, dans l’ascenseur, que quelqu’un vienne me trouver, m’amène à l’hosto ou j’en sais rien. Mais au lieu de ça il est bel et bien là, et je remercie le ciel qu’il soit un minimum consciencieux. « Un coma, hein ? » J’ouvre grand les yeux et hoche vivement la tête, comme une enfant qui prétexterait être en train de mourir pour avoir le droit à un rab de glace. Il se rapproche et m’apporte un verre d’eau que je prends doucement entre mes doigts encore légèrement tremblants. Je me redresse avec difficulté alors que ma tête cogne dur. « Va falloir diluer toute la tequila que t’as bu. » « Ça va j’en ai pas bu tant qu… » Je ne peux pas finir ma phrase, il vient de poser sa main sur mon bras et je frissonne, grillée. « … que ça. » Je ravale ma salive avec difficulté et porte le verre à mes lèvres pour en boire quelques petites gorgées. « Tu te sens comment ? » « J’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur, mais ça va, j’pourrai même aller en boîte. C’est l’heure non ? » Ironie, bien sûr, et mon petit sourire taquin au coin de mes lèvres en atteste. Je dois avoir une mine affreuse, je ne sais pas boire, et je n’aime pas vraiment ça d’ailleurs. C’est la première fois que je bois autant d’ailleurs. « T’as pas mangé depuis combien de temps ? » Je fronce un peu les sourcils et réfléchis une seconde. « Hier soir, je crois… » Je soupire un peu et fuis son regard réprobateur. « Ça va, j’avais une course poursuite à mener, c’pas de ma faute ! » Je me mords la lèvre inférieure en souriant avant d’aller poser mon verre sur la table. Je n’arrive pas à le regarder, mais sa main sur mon bras, les micro caresses de son pouce sur ce dernier, je pourrai m’y habituer. « Tu devrais rentrer, ta famille doit t’attendre. Je vais commander quelque chose, manger un peu, et dormir jusqu’à l’heure de mon vol demain. » Délicatement je viens poser ma main sur la sienne et la caresse du bout de mes doigts. « Merci d’être resté, et d’avoir pris soin de moi. » Cette fois je relève les yeux sur lui et j’ai l’impression que nos regards se sondent pendant de longues secondes avant que je ne décide de détourner les yeux. « Va-t-en Neal. Sors d’ici avant que je décide de faire une grosse bêtise. » Je me pince les lèvres et secoue la tête, dépitée de mon propre comportement. Putain mais pourquoi je m’accroche à lui de cette manière ?

Cameron est peut-être une insupportable emmerdeuse mais je ne pouvais pas la laisser seule dans son état. Perdre connaissance à cause de l’alcool ce n’est pas un truc anodin et elle m’a fait flipper à s’effondrer d’un seul coup comme un château de carte. Malgré ces moments de disputes détestables que la jeune femme m’a fait vivre et son talent indéniable pour être absolument exécrable, j’ai attendu qu’elle se réveille. Inutile de le nier, je me soucis de son sort et la protéger est devenu naturel. Puis sérieusement, je serais quel genre de sale type pour l’abandonner sans aide ? Le pire qui soit ! J’ai une conscience et la voir revenir à elle me soulage vraiment. Je n’ai pas l’intention de partir tout de suite mais apparemment c’est ce qu’elle a cru, dans le fond ça me fait sourire parce que je sais qu’elle doit s’en vouloir d’être obligée de reconnaître que sur ce coup là ma présence est plutôt la bienvenue. Je lui donne un verre d’eau et m’inquiète de son état, elle peut nier avoir beaucoup bu nous savons tous deux que c’était déjà trop. Cameron n’est clairement pas au top de sa forme mais elle arrive quand même à faire preuve d’ironie, c’est que ça ne va pas si mal « Non il est encore un peu tôt, sauf si tu veux être totalement seule. ». Sauf qu’il est hors de question d’envisager une soirée, elle doit récupérer et je la soupçonne d’avoir le ventre vide. Enfin vide… si on exclu la tequila. Evidemment j’ai raison et en apprenant que son dernier repas remonte à la veille au soir je lui offre un regard réprobateur qu’elle capte tout de suite. Ce n’est pas vraiment Cameron si elle ne se défend pas et sa réponse m’amuse malgré tout « Bien sûr. T’étais en mission. ». Je n’ai pas envie de l’accablé d’avantage pour son comportement, elle s’en veut déjà assez comme ça et ma seule préoccupation à cet instant c’est qu’elle aille mieux.
La suite de son programme a l’air bien plus raisonnable que la manière dont elle fini l’après-midi, et elle me l’énonce pour m’assurer que je peux partir tranquille. Je hoche la tête, content de savoir qu’elle envisage de se nourrir convenablement, mais étrangement un peu moins de son départ le lendemain soir. « T’en fais pas pour moi j’ai prévenu que j’étais en ville et que je rentrerai plus tard. » elle pose sa main sur la mienne et me remercie d’avoir été là, présent pour elle. Je lui offre un léger sourire « Je suis un garçon bien élevé tu sais. ». Mon sourire s’élargit un peu quand son regard croise le mien, notre complicité n’est pas totalement brisée. Plus que ça je crois qu’elle est intacte, peu importe quels efforts on fait pour essayer de la détruire à cause de notre fierté respective, y’a un truc perdure. C’est Cameron qui rompt le contact, elle veut que je m’en aille craignant de faire une bêtise, je ris légèrement « Je vois. ». Je sais à quelle genre de bêtise elle fait référence mais ai-je vraiment envie qu’elle s’en empêche ? Inutile de dire qu’en matière de bêtises je ne suis pas mal non plus. Ma main quitte son bras et je me relève « Bonne soirée Cameron. Reposes toi bien. », je désigne le téléphone d’un geste du menton « Appelle le room service. Déconne pas. » je lui offre un dernier sourire et quitte sa chambre. Je marche jusqu’à l’ascenseur avec ce goût d’inachevé qui m’assaille. Je n’ai pas envie qu’elle reparte demain, et c’est probablement une très grosse connerie. Je traverse le hall et sors de l’hôtel, j’hésite à y retourner mais je me dégonfle. Finalement je décide de lui envoyer un message, au pire elle m’enverra balader… ça ne sera pas la première fois.