contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
Sujet: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Dim 25 Juin - 16:31
Il faisait gris, le temps était maussade. Je fumais clope sur clope, vissée sur ma chaise à la terrasse d'un café, planquée derrière mes énormes lunettes de soleil qui attiraient le regard de tout le monde (pourquoi elle se protège du soleil cette idiote, il n'y en a pas et il fait gris). Mais j'avais pour l'instant les yeux trop sensibles; je m'étais à peine levée, et dans ma tête martelaient encore les boum-boum de la veille, bien arrosés et bien poudrés, évidemment. Je bus la dernière gorgée de mon coca (le café n'était pas en option, avec le peu de nourriture que j'avalais la caféine allait m'achever) et tentai de rassembler mon énergie. J'étais ridicule : simplement sortie à la supérette du coin pour me fournir en alcool et pour trouver quelques trucs à grignoter si Nilo avait faim, j'avais dû faire une halte sur le chemin de retour, à bout de force. Heureusement, mon corps m'avait laissé un peu de répit et j'avais pu avaler une glace et un coca entier, laissant le soin au sucre de me sortir de ma torpeur — et de m'empêcher de sombrer. Je repartis en direction de chez moi après avoir payé, toujours cachée derrière mes lunettes de soleil et emmitouflée dans un sweat trop grand, qui peinait à me réchauffer. Je grelottai presque tout le temps, de toute façon, sauf quand je buvais ou que je prenais de la drogue. Dans ces moments-là, la connexion entre mon corps et moi ne se faisait plus et je ne sentais plus rien ; le reste du temps, malheureusement, ce n'était pas la même chanson, et je mangeais trop peu et je prenais trop peu soin de moi pour que mon corps ne tente pas de survivre et de me réveiller par des frissons ininterrompus. Arrivée chez moi, je mis la musique à fond (du gros rock, bien différent de ce sur quoi je pouvais danser au club), le chauffage, et entrepris de mettre un peu d'ordre dans les piles de fringues et les affaires disséminées un peu partout. Pour me donner de la force je m'étais servi un verre de whisky et quand tout fut un peu près rangé, que sur la petite table nous attendait deux verres, de quoi boire, fumer, et tout ce qu'on voulait, je m'attelais alors au plus important : ma tenue.
Tout d'un coup je n'avais plus mal nulle part, je ne pensais plus à rien sinon qu'à Nilo et dans mes veines courait une énergie folle et brûlante, euphorisante, j'avais le coeur qui battait et je me trémoussais en riant sur la musique, en chantant même, fébrile de bonheur. Dans moins d'une heure il serait là, et la simple perspective de le voir, de l'avoir pour moi, de lui parler, de me perdre dans son regard et d'entendre sa voix faisait de moi une pauvre adolescente hystérique et en émois, mais je m'en fichais bien. Même Riley ne pouvait pas être une ombre au tableau — cette stupide petite fille qui essayait de lui mettre le grappin dessus... Qui l'hébergeait chez lui... Qui voulait le séduire avec sa gueule de sainte-nitouche... Oh mais je le connaissais, moi, mieux que quiconque, je savais tout de ses secrets jusqu'au plus sombre, je connaissais son esprit, ses envies, je savais très bien que tout ça était une passade et que Riley se réveillerait un jour et comprendre la réalité, que ce n'était qu'une question de temps, et qu'elle ne pourrait pas me ravir Nil à tout jamais. J'avais confiance. Et même si parfois je doutais, à défaut d'avoir confiance j'avais encore mieux : un plan. Un plan simple mais efficace, auquel je m'étais accrochée comme une moule à son rocher. Pour ce plan, il fallait : 1) de l'alcool 2) de la drogue 3) une tenue à propos. Après une certaine hésitation, je choisis une des robes que j'avais portées à l'une des « soirées en extérieur » à laquelle j'avais participé, et pour laquelle on m'avait fourni une tenue. J'aimais rarement les robes dans lesquelles je devais faire de l'effet aux hommes et qu'on me payait pour mes services d'escortes, mais celle-là, puisqu'elle avait dû coller au thème champêtre, je l'adorais. Elle était vert pastel, pâle, fluide, longue mais fendue jusqu'aux cuisses ; en haut elle était bustier et état simplement brodée d'un petit ruban, au-dessus et en dessous de la poitrine. Le reste était légèrement lâche, me donnant l'impression d'être une déesse de l'antiquité. Coiffant mes cheveux en un chignon savamment décoiffé, je finis par me maquiller, de l'eye-liner pour faire ressortir mes yeux, un teint parfait, et des lèvres rouge sombre, parfaitement dessinées. Satisfaite du résultat, j'allai m'assoir dans le canapé, en attendant Nilo. Je voulais lui plaire mais je voulais aussi que ce ne soit pas forcément trop visible, voilà pourquoi j'avais évité une tenue trop moulante et trop courte - l'effet légèrement négligé de ma tenue et de ma coiffure était donc parfait.
Quand il arriva, j'avais fini mon deuxième verre de whisky et fumé un petit joint pour me détendre, juste comme ça. J'étais heureuse, mais mon coeur battait presque trop fort entre mes côtes - je n'entendais que lui. Je sautai au coup de Nil pour le saluer et l'embrassai sur les joues : « Niiiil ! C'est tellement bon de te voir ! ». Je me posai sur le canapé et, repliant mes jambes devant moi, je me mis à mon aise. « Tiens, j'ai pris ton whisky préféré, je te sers ? Il y a tout ce que tu veux de toute façon. Si tu as faim, vas-y ! Alors, ça a été ta journée ? Pas trop chiants les étudiants ? Ça se passe bien sinon chez Riley, la cohabitation tout ça ? Tu n'es pas trop fliqué ? Ha ha ha. Oh j'ai pensé à toi l'autre jour je suis allée me promener et j'ai croisé ce type avec qui on avait fait la fête un soir, celui qui était génial et qui avait fini par aller marcher sur les toits de l'immeuble, tu te souviens ? Du coup on a discuté, il se rappelle de nous, on s'est échangé nos numéros, il a dit qu'il avait un super souvenir de cette soirée avec nous lui aussi, il propose qu'on se revoit un de ces quatre. Enfin bon ! Je parle et je parle mon pauvre chaton, mais toi, dis-moi comment ça va, tu me manques. » J'étais inarrêtable, à babiller comme ça, hystérisée par l'alcool et le fait de le voir ; je finis par me taire en étouffant un petit rire et en l'entourant de mes bras pour le serrer contre moi, comme preuve de ce que je venais de dire.
Tu me manques était un euphémisme. Sans lui, chaque instant je crevais un peu plus, c'était avec lui que je me sentais bien, heureuse, que je me sentais vivre ; c'était avec lui que j'étais en sécurité et que mon corps reprenait vie. C'était plus que du manque — c'était un vide que rien ni personne ne pouvait combler. Je posai ma tête sur son épaule une seconde et fermai les yeux, pour profiter de ces instants de plénitude, qui ne dureraient pas — ils ne duraient jamais, je le savais pertinemment, par expérience. Mais j'espérais que Nil s'ouvre un peu à moi, car mon coeur s'était serré en le voyant (il avait les traits tirés et le regard étrange, au fond, je l'avais remarqué tout de suite) et j'étais bien décidée à chasser tout cela et à retrouver l'éclat en lui qui m'avait séduite dès la toute première rencontre.
Dernière édition par Tracey McArtney le Dim 3 Sep - 16:04, édité 1 fois
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Dim 25 Juin - 21:20
Nothing ever burns like you
Nilo & Tracey
Je n’arrivais pas à le lui dire, mais j’aurais dû. J’aurai dû dire à Riley que je verrai Tracey, sa meilleure ennemie aujourd’hui. Mais je ne voulais pas qu’elle me fasse une scène, et en parfait lâche que j’avais été, j’avais préféré me taire. Taire cette vérité qui faisait du mal à l’admettre : Tracey me manquait. J’avais dû prendre de la distance avec elle depuis que j’étais en couple, et c’était légitime. Après tout, nous étions tous les deux plus que de bons amis, même si nous étions moins qu’un couple amoureux, du moins pour ma part. Celle que j’aimais n’était, à raison, qu’une gamine à ses yeux. Mais pour moi ça n’était pas une gamine, c’était la jeune femme dont j’étais amoureux. Vraiment amoureux, alors que j’avais pensé jusqu’à présent que cette place n’avait été destinée qu’à la strip-teaseuse. Je ne saurais dire ce qu’il y avait de plus chez Riley, car toutes deux étaient munies d’un très fort caractère et d’un besoin de se rebeller contre une société uniforme et figée. Elles avaient leur tempérament, et j’en aimais chacun d’eux. Seulement mon cœur avait fait la part des choses, même si à l’intérieur de celui-ci la scissure n’était pas encore définitivement faite. Je ne sais pas si l’on pouvait dire que j’éprouvais encore ce genre de sentiments pour Tracey, ayant bien la sensation que de l’affection prenait de plus en plus le pas sur le reste. Mais pour autant j’avais besoin de la voir, même si ma blondinette ne le comprenait pas, et ne le comprendrait sans nul doute jamais. La matinée à la faculté se déroula sans encombre. Comme tous les matins, je m’étais levé du pied droit – ou presque – mettant comme toujours un certain temps avant d’émerger. J’embrassai ma petite blonde et la saluai d’un salut militaire faussement effectué. Je n’étais pas bourré, juste totalement calciné par la fatigue. Je me rendis à la cuisine pour mettre la machine à café en route, et me dirigeai vers la salle de bain pour m’occuper de moi en attendant que le liquide noir bien chaud ne remplisse mon mug. Lorsque j’aperçus mon reflet dans le miroir, je lâchais un « oh my God… » avant de rire légèrement, apercevant la dégaine que j’avais avec mes cheveux dans tous les sens. Je pris alors mon gel et les pris d’assaut pour les coiffer du mieux que possible. Heureusement, ils étaient aujourd’hui obéissant, et je n’eus pas de mal à me faire une coiffure potable. Je retournai ensuite dans la cuisine, et mis un édulcorant dans mon café avant de remuer légèrement avec une cuillère et boire tranquillement le breuvage. Il ne me manquait plus qu’une chose pour que mon maigre petit déjeuner soit parfait. Je cherchai mon paquet de cigarettes avec avidité, avant de me rendre compte que je l’avais posé hier sur le meuble d’en face, juste sous mes yeux. Posant ma tasse à côté de moi, je grillai une clope et bus à nouveau mon café, alternant avec les deux saveurs – alternance qui n’était pas exquise, mais qui avait pour but de finir par me détendre totalement avant que cette journée ne commence. A vrai dire, j’étais angoissé par la rencontre qui aurait lieu avec Tracey. Pas une angoisse d’amourette puisqu’il ne s’agissait plus de cela, mais davantage celle qui avait un goût de trahison : envers Riley car je lui cachais que je retournerai auprès d’une femme avec qui j’avais eu une certaine relation et que, non plus amoureusement cependant, je continuais à aimer, et envers Tracey qui haïssait Riley à cause des sentiments qu’elle possédait pour moi et que j’avais réalisé de plein fouet quand je vis dans quel état elle s’était mise ce soir où nous avions dû la ramener chez elle dans un état totalement improbable et qui m’avait honnêtement fait très peur. Et si jamais elle ne s’était pas réveillée ? Tout était de ma faute, j’étais lamentable, et je ne comprenais pas que ces deux superbes et intelligentes jeunes femmes puissent ressentir toutes deux quelque chose pour moi. Tout ce que je voulais pour aujourd’hui, c’était simplement passer un peu de temps avec elle comme nous l’avions convenu par SMS. J’avais en effet un trou qui s’apparentait plus à un cratère entre midi et dix-sept heures où je reprendrai les cours pour deux petites heures. Rien de bien méchant, donc. Lorsque mon café fut bu et ma cigarette fumée, je pris la direction une nouvelle fois de la salle de bain pour prendre une douche express, me laver le visage puis les dents. Je retournai dans ma chambre afin d’ôter mon pantalon pour la nuit, changer de boxer pour en prendre un couleur sang très foncé, et enfiler un costume noir, ainsi qu’une chemise de la même couleur. Oui, petit hommage pour la Nouvelle-Zélande, je me mettais en all black. Je nouai ensuite une cravate autour de mon cou, l’ajustai et vérifiai dans le miroir que mon allure soit impeccable. Je pris ensuite mon sac à bandoulière, remarquai de justesse par chance que j’avais oublié d’y ranger mon PC portable, ce que je fis aussitôt, puis embrassai une dernière fois ma Riley avant de quitter les lieux avant elle puisqu’elle commençait les cours plus tard. Ainsi donc je pris la route de l’université, marchai une petite demi-heure avant d’y arriver, et pris la clé de ma salle au bureau du secrétariat afin d’ouvrir la classe aux troisième année qui préparaient leur licence de photographie. Le cours se déroula sans encombre et dans la bonne humeur, car j’appréciais particulièrement cette promotion peu nombreuse mais possédant une part d’effectifs qui mettaient toujours l’ambiance avec leurs éternelles conneries dont j’étais très partisan. Et puisqu’un brin d’humour ne fait jamais de mal comme le dirait un trio d’humoristes français que je connaissais et aimais particulièrement, je prenais part à leurs plaisanteries de bon cœur. Quand vint enfin l’heure de nous quitter et, pour moi, de rejoindre ma mannequin qui méritait d’avoir bien plus de succès encore que ce qu’elle n’avait déjà, je rendis la clé au secrétariat et parti en direction de l’immeuble où vivait la belle, me permettant de fumer une nouvelle fois sur le chemin. Une fois arrivé, je pénétrai dans celui-ci et montai tranquillement les marches pour arriver à son étage et frappai à sa porte après avoir bien ajusté mon costume, un certain stress montant en moi pour je ne sais quelle raison. Aussitôt ou presque la porte s’ouvrit et Tracey me sauta littéralement au cou. J’éclatai de rire, surpris par notre rencontre comme si je venais de faire sortir un diable en boîte, et l’embrassai également sur ses douces joues légèrement rosées.
« A qui le dis-tu, ça me fait super plaisir ! Comment vas-tu, ma belle ? » Lui demandai-je avant de la suivre à l’intérieur du petit appartement dans lequel nous avions partagé tant de bons moments, de fous rires… et de nuits magnifiques.
Tracey s’assit sur son canapé et j’en fis de même, redressant légèrement ma cravate pour avoir une belle allure. Oui, face à elle c’était important, et j’ignorai pourquoi. Je sifflai en l’observant, et lui dis d’un beau sourire sincère :
« Tu es magnifique ! On fête quelque chose ou quoi ? Il me semble que ton anniversaire ne tombe pas aujourd’hui, pourtant ? »
Enfin j’espérais. Je n’étais jamais bien familier avec les dates, et honnêtement je ne savais déjà pas quel jour on était aujourd’hui, alors me rappeler des anniversaires, merci bien ! J’oubliais même constamment le mien ! Le seul dont je me rappelais c’était celui de la mort de ma mère et, inévitablement, de celle de mon père que j’avais assassiné quelques secondes après. Touché par ses attentions, je remarquais effectivement qu’elle avait acheté mon whiskey favori.
« T’es parfaite. » Lui dis-je en déposant un baiser sur la joue pour la remercier.
« Attends, attends une question à la fois, tu… quoi ? Sérieux, t’as revu Nelson ? C’est bien comme ça qu’il s’appelait, non ? Enfin qu’il s’appelle toujours d’ailleurs, s’il n’a pas retenté d’escalader les toits. Ah ah, énorme, je l’avais presque oublié cet artiste ! Il était tellement drogué et imbibé qu’il se prenait pour Spider Man. Comment on a ri, c’était excellent ! » Repensai-je en riant de bon cœur.
« Par contre on était dans un tel état nous aussi que j’ai du mal à me rappeler des conneries qu’on a fait nous-mêmes, et au fond ça n’est peut-être pas plus mal. » Admis-je.
Puis elle me demanda comment j’allais, ajoutant que je lui manquais. Je lui offris un beau mais néanmoins triste sourire, et lui répondis :
« Toi aussi tu me manques, sérieusement même. Et bien écoute, moi ça va faire… deux semaines et demi que je n’ai pas bu et que je n’ai rien pris. Autrement dit je craque, mais je vais essayer de poursuivre mes efforts, même si je t’avoue que ta bouteille me fait autant d’effet qu’une danseuse du ventre qui me dit « viens, viens… » ». Plaisantais-je.
Elle me prit alors dans ses bras, et malgré que j’eus pensé aussitôt à Riley, je me laissais faire en passant les miens autour de son corps si fin. Après tout, qu’y avait-il de mal à enlacer une amie ? Et puis oui, honnêtement cette abstinence à l’alcool et à la drogue était insoutenable. Je n’en pouvais plus, si je m’écoutais je serai déjà en train de vider la bouteille d’un trait et de réclamer à Tracey la drogue qu’elle devait certainement cacher chez elle. Je sentais que j’allais défaillir si ça continuait. Mon cœur avait repris ses battements anarchiques, et à nouveau je sentais mon cerveau réclamer tout ce que je n’avais pas pu goûter depuis que j’étais chez Riley. Alors j’aurai très bien pu consommer en sortant de chez elle, mais elle m’aurait grillé. J’étais comme un gosse, au fond, qui avait peur de la punition s’il déviait de la route. Mais… si j’en prenais un peu… ? Juste un peu ?
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Dim 2 Juil - 16:25
Il était magnifique dans sa tenue, tout en noir, il était si beau que tout mon corps palpitait à le regarder et à le sentir tout près de moi. Depuis la première fois que je l’avais rencontré et que j’avais passé la nuit avec lui, l’effet qu’il avait sur moi n’avait jamais faibli d’intensité. C’était incompréhensible, surtout me connaissant, mais c’était ça qui était magique. Nil me sortait de moi, il me faisait découvrir des choses que je pensais jamais connaître, il m’apprenait tant et me montrait tant sans le savoir que je ne pouvais que m’accrocher à lui jour après jour, me sentir infiniment liée à lui, plus qu’à n’importe qui. Du coin de l’œil je l’observais en souriant, alors qu’il était là tout contre moi, lui aussi avait l’air heureux de me retrouver et je devinais qu’il était content de discuter et de rire avec moi – mon cœur explosait un peu plus à chaque seconde. Il me trouvait belle, il me regardait et il riait, il se souvenait de nos soirées, il… Je pouvais continuer ainsi des heures et des heures. Mais il était à moi et le problème résidait là : il était à MOI et pas à cette pimbêche, pas à celle qui resserrait ses griffes autour de lui, sans qu’il s’en aperçoive. Je lissai du bout des doigts le col de sa chemise, puis m’écartai un peu et attrapai mon verre pour le siroter tranquillement.
Ainsi c’était cela… Ses traits tirés, son attitude légèrement plus hachée qu’à l’habitude : c’était le manque, la privation de tout ce qu’il consommait, l’envie aussi. C’était un tout. Mon cœur se pinça un peu, en un sens c’était mieux pour lui de faire une pause dans toutes ces merdes mais nous n’étions pas de ceux qui peuvent se le permettre, malheureusement. La drogue et l’alcool étaient nécessaires à notre survie – sans cela je ne m’imaginais même pas sur pieds. Comment aurais-je pu écarter mes idées noires, mettre de côté mes démons et survivre chaque matin si je n’avais pas les moyens de m’effacer l'esprit très souvent, de me défoncer assez pour ne pas penser à ce qui faisait mal, de me faire lâcher prise. Pour Nil, c'était pareil... Mais j'oubliais : Riley ne savait rien, et cette affirmation me faisait chaud au coeur, elle ne savait rien de son histoire, de son bracelet électronique, de tout ce qu'il avait fait ?! Et moi je savais, moi je connaissais tous ces moindres secrets parce qu'il me les avait confiés, et cela suffisait à m'assurer des choses : elle n'en valait pas le coup.
Il y avait toujours une partie de moi qui, sans discontinuer, admirait Nilo pour ce qui pourtant lui avait coûté une place en prison. Je pensais à son père comme je pensais au mien, avec dégoût, non sans un frisson de peur qui me secouait l'échine, avec rage aussi. Ils étaient probablement tissés de la même étoffe et nous avait « élevés » de la même manière ; la différence était que je n'avais jamais été capable de faire ce que Nilo avait fini par faire, et je ne pouvais pas retenir mon admiration à ce sujet. Si les détails et les circonstances étaient bien différentes, je fantasmais sans arrêt sur le sujet ; la libération que je m'imaginais alors était sans borne. J'ignorais, au fond, l'effet que ce meurtre avait vraiment eu sur Nilo, dans le plus profond de son être, mais j'enviais tout de même ce passage à l'acte qui l'avait au moins libéré de ses démons physiques, ce qui était déjà un pas en avant.
« Allez... Prends un verre. J'ai tout ce que tu veux. Et puis t'es pas obligé de te mettre la tête à l'envers non plus, puisque t'as cours après ! »
Avec un grand sourire j'attirai la bouteille jusqu'à lui. Une partie de moi se sentait un peu coupable : il essayait et il réussissait à résister depuis deux semaines, au fond, c'était bien, non ? Mais l'autre partie, plus forte et peut-être plus cruelle, ne pouvait s'empêcher de trouver ça débile ; sans la drogue et l'alcool il allait péter un câble, il allait crever, n'en déplaise à Riley qui voulait le façonner à son goût. Vu sa tête, son teint, ses traits tirés, il n'était pas bien, il valait mieux qu'il se détende un peu...
... Et puis je n'oubliais pas mon plan, qui trottait dans un coin de ma tête.
Le sang afflua fort dans mon cerveau, tout d'un coup, mon coeur battait plus vite ; j'attrapai de quoi me rouler un joint que je fis en me concentrant, les jambes étendues sur la table basse puis l'allumai bien tranquillement.
« Alors raconte, ça se passe comment avec elle ? Tu habites chez elle c'est ça ? Ç'est pas un peu bizarre ? Et j'imagine qu'entre toi et Lucas c'est la guerre, non ? Allez, raconte un peu tout ça, fais pas ton cachotier... Je m'en fiche. »
Je m'en fiche... Combien me coûtait-elle, cette phrase ? Non je ne m'en fichais pas - j'avais l'impression que de l'alcool brut coulait dans mes veines à l'évocation d'elle, de Nil qui habitait chez elle... Mais je voulais jouer le jeu, faire semblant, mimer l'indifférence, faire croire à l'acceptation. Oh - je pouvais être très forte à ça, ne faisais-je pas croire à tous ces hommes que j'avais envie d'eux, chaque soir ?
Je m'inclinai un peu plus contre Nilo, ma main caressant son avant-bras, et posai une de mes jambes sur ses genoux pour être plus à l'aise, cherchant toujours, à chaque instant, le contact avec lui ; la seule chose au monde qui me libérait de tout ce qui appuyait sur mes épaules.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Lun 3 Juil - 21:38
Nothing ever burns like you
Nilo & Tracey
La voir boire devoir moi n’était pas facile. Moi aussi j’avais envie de prendre un verre et… non, la bouteille entière, même. Cette blague que j’avais faite sur les danseuses du ventre n’était qu’à moitié fausse : je n’avais pas cette vision-là, mais tout simplement celle d’une tentation irrémédiable qui me faisait tant envie. Comme à chaque jour qui passait, comme à chaque fois que je restais un jour de plus sans goûter à l’alcool, mes mains se mirent à trembler. Je me mordis durement la lèvre inférieure et préférais changer de sujet, ne pas laisser mon esprit divaguer et revenir sur cette pulsion qui me hurlait de boire encore et encore, de me saouler jusqu’à n’en plus finir.
« Sinon, qu’est-ce que tu me racontes de beau ? »
Question stupide, qui valait bien souvent une réponse floue et, la concernant, débile. Non pas qu’elle l’était, tout sauf ça, mais idiote car je savais très bien que la vie qu’elle menait était tout sauf idyllique. Elle espérait chaque jour obtenir un rôle dans une pièce ou, mieux, au cinéma. Mais chaque soir elle couchait avec un homme différent, dans un lit qui lui était inconnu, ou bien même dans les toilettes de la boîte ou des lieux qui faisaient fantasmer tous les hommes avec une femme aussi sublime qu’elle leur faisait très vite oublier leur femme qu’ils trompaient sans vergogne. Ça n’était pas une vie, ça, et j’espérais tellement plus pour elle… Parce que contrairement à ce que les gens pouvaient bien penser, elle valait plus que cela. Parce que plus que Riley ne pourrait jamais comprendre, Tracey était une personne magnifique, et pas que physiquement. Je comprenais sa jalousie à son égard, bien sûr, surtout depuis qu’elle m’avait avouée les sentiments qu’elle portait à mon égard ce soir où nous avions tous les trois cruellement déconné. C’était certainement cela qui était le plus dur : je voyais ces deux femmes m’aimer, et moi je n’étais pas foutu de leur rendre la pareille à juste titre. J’avais choisi Riley car mes sentiments pour elle étaient plus forts que tout. Oui, mais elle ne savait pas. En fait, elle ne savait rien. Qui étais-je ? Qu’avais-je fait ? Qu’avais-je enduré pour la peine ? Pire, elle ignorait que son père était mêlé à toute cette histoire, à mon emprisonnement. Et je ne le lui avais pas dit. Non, je ne lui avais rien dit, alors que Tracey, elle, savait tout. La question que je me posais alors depuis de nombreuses semaines était la suivante : serai-je un jour capable de choisir entre les deux femmes ? Entre les sentiments et la vérité ? Arrêterai-je un jour de me mentir et ouvrirai-je les yeux pour prendre ce qui serait la bonne décision ? Car je n’étais pas le seul à souffrir dans cet histoire, non. Je faisais souffrir Tracey en étant avec une femme qu’elle haïssait pour m’aimer réciproquement, et Riley si elle venait à apprendre que j’étais avec son ennemie jurée, chez elle, une bouteille d’un whiskey terriblement bon sous les yeux. Plus je réfléchissais, plus j’avais envie de boire. Parce que ces pensées me martyrisaient, me faisaient cruellement mal, et parce que j’avais une putain d’envie d’oublier. Alors comme le disait très justement Tracey, je n’étais pas obligé de boire pour m’en mettre plein la tête, d’autant plus parce que j’avais cours après, à dix-sept heures, mais très honnêtement à cet instant je n’en avais rien à foutre des cours.
« Allez, va pour un verre. De toute façon je ne suis même pas professeur, alors à quoi bon ? » Lâchai-je dans un sourire qui sonnait faux.
La vérité éclaterait un jour, j’en étais intimement persuadé, et alors je perdrai tout. Absolument tout. Même Tracey. L’air devenu sombre, je me regardai Tracey qui attirait la bouteille juste sous mes yeux. J’observai un instant la bouteille et restai là, sans bouger, avant de décider de tout envoyer au Diable. Je n’étais qu’un minable, un vaux-rien, comme adorait le répéter mon père lorsque j’étais jeune. Oui, étais, car j’avais secrètement fêté mes trente-huit ans il y a quelques jours, le neuf novembre pour être précis, et n’en avais parlé strictement à personne. Pas même à Riley, car pour moi anniversaire n’était pas synonyme de fête. Je détestais le jour de ma venue au monde, moi qui passais mon temps à essayer d’espérer ce fameux jour qui serait celui de ma mort. De toute manière, que le veuille ou non Riley, j’en avais juste marre de devoir me comporter comme monsieur-tout-le-monde, un type bien sous tous rapports, avec une petite vie bien rangée. Je n’étais pas comme ça, pas du tout. J’étais un alcoolique, un drogué, et à cet instant je voulais tout envoyer valser : les bonnes paroles de Sasha, les encouragements de ma petite-amie, et j’en passe. Je n’étais pas quelqu’un de bien, et j’avais envie de dire un gros merde à ce que pouvaient bien penser les autres. Je pris alors le verre, chassant mes pensées parasitaires, et fis couler ce précieux breuvages à l’intérieur.
« Allez, à la tienne. Et zut aux bonnes manières, pour être poli. De toute façon nous ne sommes que d’horribles sales gosses. » Dis-je en trinquant avec Tracey avant de boire une gorgée tellement bienvenue en posant mon dos contre le dossier du canapé où nous nous étions tant de fois envoyés en l’air.
Le liquide amer glissa dans mon œsophage, semblant tout brûler au passage. Et j’aimais tellement cette sensation. Je fermais un instant les yeux, avant de me mettre à rire.
« Non, attends, tu veux me tuer là ! » Lâchai-je en sentant aisément l’odeur enivrante de haschisch pénétrer mes narines.
Mais préférant pour le moment m’en tenir à l’alcool, en me promettant de craquer pour autre chose peu de temps après, je me fis couler un nouveau verre alors que j’avais si vite descendu le précédent.
« Ouais, j’habite chez elle depuis deux semaines je crois. Un truc comme ça, mon proprio’ m’a foutu à la porte de chez moi, donc... Bizarre un peu, au début, mais c’est aussi super sympa. Enfin on a chacun nos chambres car son ancienne colocataire s’est barrée, mais pour tout te dire c’est assez rare qu’un dorme l’un sans l’autre. » Riais-je avant de boire une nouvelle gorgée.
« Et puis avec Lucas oui, la guerre est déclarée. Mais bon, je m’en fous. Enfin presque, s’il n’était pas aussi menaçant. Il m’a promis que si je marchais sur ses platebandes il révèlerait tout à Riley puisqu’on a été en prison ensemble. Alors vis-à-vis de lui je reste à carreaux, tu vois. Ce serait débile de prendre des risques inutiles, je préfèrerais qu’elle apprenne pour moi d’une autre manière que par un mec aussi stupide. »
Je bus une nouvelle gorgée de whiskey, l’esprit ailleurs, avant de me rendre compte que mon second verre était à nouveau vide.
« Putain, mais tu m’as refilé un verre troué, ou quoi ? »
Je me fis couler un troisième verre, puisque visiblement je les descendais comme du petit lait. Mais depuis le temps que j’en avais été privé, c’était bien normal. Je sentis agréablement la main de Riley… non, Tracey, caresser mon avant-bras, sentant déjà les vapeurs de l’alcool m’embrumer le cerveau. Puis l’une de ses longues jambes se posa sur mes genoux et je la laissai faire. Quel mal y avait-il à cela ? Bon, peut-être qu’en temps normal j’aurai trouvé ces gestes légèrement déplacés, mais l’alcool commençait à me donner des idées plus ou moins claires dans la tête. Surtout moins claires, en fait. Je sirotai tranquillement mon troisième verre que je finis bien trop rapidement, et lâchai un profond soupir avant de poser doucement ma tête contre le sommet de celle de Tracey. Je fermai les yeux, et me laissai tranquillement aller vers l’ivresse inévitable. Puis je levai ma main gauche, celle qui était plus proche de ma charmante amie, et lui demandai :
« Tu comptes jouer les égoïstes avec ton joint ou tu es prêteuse ? »
Celle-ci me le passa et je tirai une latte, emplissant mes poumons de cet air aussi nocif que terriblement bon. Avec ça et mon whiskey, j’oubliais tout. Absolument tout.
« Tu sais ce dont je rêve ? Une bonne piquouse dans le bras, juste pour planer comme il faut, pas toi ? »
Aujourd’hui, je voulais tout envoyer en l’air. Qu’importe dans quel état improbable je finirai, je n’en avais cure.
Dernière édition par Nilo Toskàv le Mer 19 Juil - 19:25, édité 1 fois
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Mar 4 Juil - 18:00
« D’horribles sales gosses » : je me mis à rire de bon cœur avec lui, d'un rire qui venait du fond de mon ventre et me secouait toute entière et me faisait du bien. C’était si bon, et je me pelotonnai un peu plus contre lui, tirant sur le joint pour sentir tout mon être se détendre petit à petit. J’étais si bien… Nous étions si bien ensemble. Si cette affirmation m’emplissait de bonheur et me rendait plus forte, il y avait toujours quelque chose à l’intérieur de moi qui se fissurait un peu en même temps : parfois, j’avais l’impression que Nil ne le mesurait pas de la même manière que moi… Nil qui avait choisi Riley pour le moment, Nil qui m’échappait. Pour quoi ? Pour quelles raisons ? Ç’aurait été n’importe quel garçon à sa place j’aurais su quoi répondre, j’aurais évidemment reconnu que je n’en valais pas la peine, je n’étais pas de celle à qui on s’attache, j’étais pourrie de l’intérieur et je le savais. Mais lui, c’était différent ; lui aussi était brisé et il me semblait que seuls deux cœurs blessés pouvaient se comprendre et s’assembler. Il était la partie qui me manquait, j’en avais la certitude depuis le début.
Je le regardai boire son premier verre, puis son deuxième, et quelque chose de sombre palpitait en moi. S’il ne se rendait pas compte de tout cela c’était à moi de lui faire comprendre… En le ramenant dans mes filets. Nilo sobre et échappé chez cette idiote avait les traits tirés et ne me semblait pas heureux : la vérité était là. Moi, je le rendais heureux, il n’y avait qu’à voir comment il me regardait, comme il souriait, comme il avait l’air de se détendre petit à petit en sirotant son whisky. Faisant mine de m’y intéresser vraiment je l’écoutai parler, alors que tout mon être frémissait et se contractait à la simple idée qu’ils dorment rarement l’un sans l’autre. Quelle peste… Qu’est-ce qu’elle cherchait, cette gamine insupportable, sous ses grands airs ? Qu’est-ce qu’elle espérait, cette idiote ? Puis je me figeai : elle ne savait pas. C’était sûr, elle ne savait rien, voilà, j’en avais la confirmation via Lucas. Tout d’un coup j’avais l’impression qu’une bête féroce rugissait de plaisir à l’intérieur de moi.
« Mais alors si tu vis chez elle c’est officiel, ses parents sont au courant, tu as rencontré ses amis ? »
C’était une chose qui se faisait chez les gens normaux, après tout. J’étais curieuse de savoir si les parents de la sainte-nitouche approuvait cette union.
J’avais presque terminé mon joint et une langueur m’était tombée dessus – très agréable mais contre laquelle je ne pouvais pas lutter – et il me semblait que je m’étalai un peu plus sur Nil, doucement mais sûrement, comme si je me liquéfiais pour l’envelopper tout entier et le rendre prisonnier de mon entrave. Je me mis à rire sans trop savoir pourquoi, me redressai pour boire à mon tour, la tête me tourna et j’éclatai de rire, puis je me collai de nouveau contre lui. Cette fois mon visage était tout près de son cou, et il finit par appuyer sa joue sur ma tête, se laissant séduire par l’herbe que je fumais. Je fermais les yeux un instant, pour savourer. C’était comme quand j’étais petite et que j’avais peur, quand je savais que quelque chose de terrible allait arriver (le retour de mon père ivre, par exemple) mais que j’avais quelques instants de calme rien que pour moi, et que je devais leur donner bien plus de forces qu’ils n’en avaient. J’arrivais à fermer les yeux et à faire durer les secondes pendant une éternité, m’accrocher à elles pour ne jamais les oublier et pour qu’elles me suivent dans les moments les plus durs. Du bout des doigts, je jouais avec la chemise de Nil, entrelaçant mes doigts autour des petits boutons qui maintenaient le tissu.
La voix de Nilo me tira de ma rêverie – elle me sembla parvenir de loin et se fit petit à petit plus forte, comme si j’atterrissais. Mon cœur se mit à battre plus fort : voilà… Nous y étions. C’était à moi de jouer.
« Tu me connais mon chaton… J’ai toujours les moyens d’exaucer tes rêves ! » Je me redressai et lui souris, les yeux dans les yeux, toute proche de lui. Je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres. Puis je me levai et ouvrir un tiroir non loin de moi : il y avait tout, des pilules, de la poudre, de quoi se piquer, des seringues sous vide. Ce n’était pas compliqué d’être bien fournie en drogue quand on vivait comme je vivais, toujours tellement près de la rupture et du vide qu’il fallait des doses pour se maintenir dans la réalité. « Voyons voyons… Est-ce que j’en ai ? » Bien sûr que j’en avais, des petites fioles d’héroïne, gardées au frais. Il nous en fallait juste un peu… Rien qu’un peu. Je les ramenai sur la table, le regard pétillant. Tendant une seringue à Nil, je le laissai choisir de faire comme il l’entendait. Pour ma part j’étais rodée, je m’emparai du garrot, le serrai, trouvai la veine de mon avant-bras, j’avais mis une toute petite dose et je laissais à la drogue le soin de faire le reste… J’avais l’habitude. Juste au moment de me piquer mon cœur s’accéléra (au fond il avait toujours un peu peur) mais je n’hésitai pas.
C’était comme d’habitude : la piqure, la sensation désagréable, la brûlure intense mais courte, la pause avant la tempête puis l’explosion, le rush d’adrénaline, le sang qui pulse, les idées qui tourbillonnent et s’en vont, le cœur qui bat si fort qu’il s’envole, le corps qui s’élève, les muscles qui se détendent et se fondent, la plénitude qui détend ses ailes, la pause dans le temps.
Je me sentais sourire de toutes mes lèvres, tout était si beau tout d’un coup : les sons, les couleurs, la lumière… Je me laissai glisser sur le canapé et tendis les bras vers Nil : « Viens ! » Viens me rejoindre et viens partager ça avec moi, viens contre moi, viens me serrer fort pour que je perde pieds avec toi.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Mar 4 Juil - 21:12
Nothing ever burns like you
Nilo & Tracey
Tracey me posa une question plus que pertinente et… plus qu’embarrassante : est-ce que ses parents étaient au courant et est-ce que j’avais rencontré ses amis ? Je faillis avaler ma dernière gorgée de whiskey de travers, me brûlant le gosier au passage, et posai mon verre sur la table. Je restai un instant muet, et lâchai finalement un soupir en m’adossant une nouvelle fois contre le canapé.
« Tu vas trouver ça drôle, ou pas d’ailleurs, mais je ne connais pas ses parents, ni même ses amis. J’ai juste fait la connaissance de sa cousine, Tess, qui est arrivée à l’appartement complètement bourrée cela dit en passant. C’est la seule qui sait qu’elle sort avec son prof’. Mais concernant ses parents… bon allez, je te le dis. De toute façon je te dis toujours tout à toi, tu devras me dire qu’elle est ton secret. Bref, je les ai rencontrés lors d’une exposition de photographie que l’on a fait pour les première année. Elle l’ignore, mais il a bien failli me reconnaître d’ailleurs… Je dis « reconnaitre » parce qu’il travaille dans la criminologie, et qu’il a été l’un des premiers hommes qui ont lutté contre moi quand j’avais vingt-deux ans pour m’envoyer en cage. Quand il m’a vu, j’ai bien cru que j’étais foutu mais j’ai changé en seize ans, alors s’en est resté là. Heureusement, sinon il aurait tout compris et je ne serai plus là pour te parler mais à nouveau en cellule. Voilà… » Lui expliquais-je dans le détail.
Les mots étaient de plus en plus durs à aligner, mais j’y arrivais. A croire que j’avais bien trop eu l’habitude de finir bourré, ce qui était totalement vrai. Et que je ne devais pas encore être assez cuit, ce à quoi il fallait que je remédie, et pour cela, j’avais bien ma petite idée. Je demandai à Tracey si je pouvais goûter à son bédo, et elle me le passa sans problème pour que je tire une latte qui, quelques instants après, me détendit véritablement. Au départ, c’était purement un effet placebo : savoir que l’on se droguait procurait déjà les effets tant attendus, mais lorsque ceux-ci arrivaient enfin en masse, c’était l’extase totale. Je fermai les paupières et appuyai doucement ma joue contre la tête de Tracey, me laissant aller. Je ne pouvais m’empêcher de rire comme un con lorsque celle-ci éclatait de rire pour un rien, une raison qui m’était inconnue mais que je m’expliquais relativement vite : elle était déjà sous les effets de la drogue, et j’espérais que cela viendrait aussi vite pour moi. J’inhalai une nouvelle fois une bouffée de cet air nocif mais pourtant si bon, tandis qu’elle jouait avec ses doigts autour de mes boutons de chemise. Je la laissais faire, aucunement dérangé, sentant mon cerveau s’embuer au fur et à mesure que les secondes passaient. Je savais où j’étais, ou presque. Je savais qui j’étais, ou presque. Mais qu’y avait-il déjà entre nous ? Ah non, il y avait Riley. C’était elle ma petite amie, mais où était-elle ? Sagement à la maison, certainement, puisqu’elle devait avoir finir les cours, non ? Et moi aussi j’avais fini, je crois. Je ne sais plus. Plus le temps passait, plus je me sentais minable. Mais putain, que c’était bon. Il ne me manquait plus qu’une seule chose pour que tout soit parfait. Je demandai alors à Riley, NON TRACEY, merde ! Donc, je demandai à Tracey si elle n’avait pas des seringues pour que l’on puisse se piquer et finir totalement à l’envers, ce pourquoi on était bien partis. La grande et magnifique blonde se leva difficilement du canapé après avoir échangé un long regard avec moi, nos deux corps si proches me faisant frissonner, tangua légèrement en me répondant qu’elle avait tout ce qu’il fallait.
« Yeah… » Répondis-je d’une voix venue d’ailleurs alors que j’écrasai le joint dans le cendrier posé sur la table basse, et attrapai une nouvelle fois la bouteille pour me servir le fond qu’il restait.
Je restai quelques secondes la bouteille en l’air, renversée, et la regardai d’un air idiot et incompréhensif en percutant enfin ceci :
« Ah… bah y’en a plus. Désolé. »
Je finis de boire le dernier verre, et le reposai sur la table basse. Puis je tournai la tête vers elle, la vis ouvrir un tiroir dans un petit placard et sortir deux seringues encore sous vide.
« Tu fais ça proprement, dis-donc. Moi je garde la même pendant des semaines. Mais il n’y a que moi qui l’utilise. Enfin, qui l’utilisais… »
Après tout, je n’allais pas m’auto-contaminer si jamais je chopais quoi que ce soit. Et ça me manquait tellement de prendre de la drogue liquide, cela faisait un bail que je ne l’avais pas fait. La dernière fois remonté à… trois semaines, je crois, alors que j’étais rentré de cours après une journée difficile. Tracey revint vers moi et me tendis une pochette. Je la remerciai d’un beau sourire avant d’essayer d’ouvrir l’emballage. Je dis bien essayé, car je n’avais plus tout-à-fait les yeux en face des trous. Mais une fois que j’y parvins, j’attrapai une fiole d’héroïne qu’elle avait posée sur la table, Je pris la seringue, enfilai l’aiguille et plantai celle-ci dans le bouchon de la fiole, avant de tirer sur le piston de la piqûre pour la remplir. Je jetai un coup d’œil à Tracey qui n’avais pris qu’une petite dose d’alcool, et après avoir tut ma conscience, j’en pris davantage, presque la moitié de la fiole. Je pris le garrot qu’elle venait de reposer près d’elle, l’attachai bien serré autour de mon biceps et cherchai la veine d’un geste habile mais pas très assuré tellement je commençais à être défait. Et enfin, je la plantai. Moi qui avait tellement eu l’habitude des perfusions, seringues diverses et variées et de drogue en intraveineuse, je n’avais plus la moindre appréhension. Je lâchai un profond soupir, retirai l’aiguille de mon bras et détachai le garrot avant de prendre tout notre joyeux bordel, le sien y compris, et me lever d’un pas incertain pour poser les affaires sur le comptoir de sa minuscule cuisine. Je me sentais tellement tout à coup, comme si tous mes problèmes s’étaient presque envolés. Je ne pensais plus aux scarifications, pensée pourtant récurrente matin et soir, même si je ne l’avouais jamais à Riley. Je ne pensais plus non plus au travail malgré que je doive m’y rendre dans quelques heures. Mais je ne le ferai pas, et n’en avais rien à faire en ce moment. Je ne pensais pas non plus à ma petite amie et aux sentiments que j’avais pour elle qui auraient tôt ou tard raison de moi. Après tout, c’était bien parce que je l’aimais comme un dingue que je prenais autant de risque pour elle, pour travailler et côtoyer par moments son père, ce qui serait là chose inévitable. Mais aujourd’hui ou plutôt en ce moment, cela m’étouffait. Je ne voulais plus penser à la mort, ni à la prison, même si les deux chez moi étaient étroitement liés. Non, là je planais, et j’étais tellement bien… Je me tournai vers Tracey, et aperçus son magnifique sourire que je lui rendais. Elle s’allongea sur le canapé et me tendit les bras en m’invitant à la rejoindre. Au fond de moi, il y avait une petite voix qui me sommait de ne pas le faire. Mais je la fis taire. Tout ce que je voulais à présent, c’était de ne plus penser. Et j’y arrivai parfaitement bien à présent.
« Tu me fais une petite place ? » Lui demandais-je, alors que je voyais bien que le canapé serait trop petit pour nous deux.
Et alors ? Je vins la rejoindre et m’allongeai à ses côtés, glissant entre ses bras alors que nos deux nez se touchaient. Je déposai un léger baiser à la pointe de celui-ci et eus un léger rire, avant de perdre intensément mes yeux bleus dans les siens, de la même couleur quoiqu’un peu plus clairs. A cet instant, je sentis mon cœur s’emballer. Nous étions tellement proches… Je savais que je ne ressentirai probablement pas ce genre d’effets si je n’étais pas si saoul et si drogué. Mais là, plus rien n’avait de sens hormis le passé.
« Tu te souviens comme tout était si simple, avant ? » Lui demandais-je.
« On passait nos nuits à boire, à consommer… à faire l’amour. » Lui dis-je, nostalgique.
« Tu sais que des fois… ça me manque. J’aimerai que tout soit si simple avec elle, mais ça n’est jamais le cas. J’ai peur qu’elle découvre mon bracelet, peur de la repousser… Toi tu ne m’as jamais repoussé. Tu as toujours été là pour moi. »
Je ne sais où je trouvai la force et la clarté d’esprit de lui dire cela, mais tout ce que je savais c’était qu’à ce moment-là… drogue et alcool me hurlaient que j’avais envie d’elle, là où mon cœur et la raison m’auraient juré le contraire.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Sam 12 Aoû - 18:48
Nil vint contre moi et enfin j'étais entière, complète, vivante. J'étais dans cet endroit qui n'appartenait qu'à moi, et ce pour toujours, dans ce petit monde bien au chaud à l'abri de tout et qui avait survécu tant bien que mal depuis toutes ces années à l'intérieur de ma tête. Aujourd'hui il n'existait plus que pour Nil... C'était un plaisir et une torture à la fois, car j'avais expressément besoin de lui pour y entrer, mais il lui donnait une force plus brûlante que jamais. Je parvenais presque à oublier la petite fille que j'avais été, craintive de son père et des adultes, à l'écart des autres enfants, seule dans sa tête, glissant dangereusement vers les turbulences de l'adolescence, ne connaissant strictement rien à l'amour et aux autres. Nilo remettait tout à sa place : les problèmes, le manque, l'amour. Il m'avait tout appris à nouveau, c'était comme si son désordre intérieur comblait le mien, c'était merveilleux et tellement fort que je fermai les yeux pendant que mon corps s'éveillait un peu plus, aidé par la drogue qui coulait à présent dans mes veines.
Tout se mélangeait : cet état de plénitude, ce bonheur intense d'être avec lui comme au bien vieux temps et de le sentir contre moi, mais aussi tout ce qu'il venait de me raconter. J'avais tant de cartes dans la main : cette petite pute de Riley ignorait tout et pire encore ses parents aussi tandis que son père avait oeuvré pour coffrer Nil... Oh, c'était un cadeau sur un plateau d'argent, ça... C'était tout pour me permettre de lâcher une bombe et de récupérer Nil, qui était à moi depuis le début... C'était merveilleux et je l'enserrai de mes bras et de mes jambes, pour qu'il se couche complètement contre moi sur le canapé pas si large que ça. Chaque fragment de sa peau ou de ses vêtements qui entrait en contact avec ma peau déclenchait de délicieux frissons dans tout mon coeur, qui partait du creux de mon ventre ou du bat de mon dos et remontait le long de mon être. Toujours les paupières fermées, je souriais tranquillement. Donc je pouvais faire ce que je voulais : balancer à elle ou à ses parents, faire éclater la vérité, n'importe quoi. Elle serait vexée comme un pou, ses parents l'interdiraient probablement de le voir, Nil serait trop concerné par l'avenir de cette sale gamine pour lui gâcher sa vie... Et moi je serai comme une ombre dans la nuit et je rirais à m'en éclater les entrailles, parce que j'aurais réussi, je l'aurais sorti des griffes de mon ennemie, qui n'était de toute façon pas légitime, alors quoi... Ah, elle m'énervait tellement, j'avais envie de la gifler, de la frapper, je revoyais sa tête chez Lucas, je les revoyais partir tous les deux, je voulais lui planter mes ongles dans les yeux et lui arracher, je voulais la traîner dans un caniveau par les cheveux, je voulais qu'elle crève et qu'elle disparaisse, je voulais lui faire payer chaque instant où elle avait touché la peau de Nil, je voulais la poignarder moi-même et la voir se vider de mon sang pour qu'elle comprenne ce que ça faisait d'être dépossédée de son âme-soeur...
Nil se mit à me parler, la voix aussi floue et incertaine que nos états. Je sentis mon coeur battre un peu plus, et j'ouvris péniblement les yeux, pour me perdre dans les siens. Nos deux visages étaient tout proches. Je me mis à caresser lentement son dos ses épaules, passant de temps à autres mes mains dans son cou, sa nuque, ses cheveux, sans détacher mon regard du sien : il m'hypnotisait toujours avec la même force, comme au premier soir. Je l'aimais. Je l'aimais tant que je n'avais même plus conscience de moi. Est-ce qu'il savait que j'aurais fait absolument n'importe quoi pour lui, s'il me l'avait demandé ?
« Mais je serais toujours là pour toi, quoi qu'il arrive, tu pourras toujours compter sur moi, tu le sais ça, Nil ? » J'avais manqué d'imploser quand il avait évoqué nos mois passés ensemble, et quand il avait prononcé « faire l'amour » en me regardant dans les yeux. Entre ses lèvres, ces mots étaient si puissants... Il était le seul avec qui je faisais vraiment l'amour, et tout cela était trop puissant pour moi. Mes caresses se faisaient plus tendres encore, tandis que je le dévorais des yeux aussi fiévreusement. Mon plan était enclenché et allait réussir, je le savais. Mais quelque part ça ne comptait presque plus, pour le moment... Il me manquait trop, il n'y avait que ça qui comptait. « Tu me manques aussi mon amour, je ne veux pas que quelqu'un nous sépare, tu promets ? On est au dessus de ça de toute façon, je le sais. J'ai pas peur quand tu es là. Et je sais que ça sera toujours comme ça, toujours le cas, nous deux... Nous deux c'est plus que tout. » Je ne demandais que ça, pour le reste, il faisait ce qu'il voulait.
La chaleur à l'intérieur de moi était devenue volcanique, mes doigts agrippaient sa nuque et ses cheveux avec plus de pression, et j'avais l'impression que mes yeux buvaient littéralement son visage : ses yeux gris, son nez, ses pommettes, ses lèvres, son menton, sa barbe naissante... En une seconde tout bascula, ce n'était plus la plénitude qui avait le dessus mais une envie brûlante, chaque parcelle de mon corps le voulait, maintenant, je voulais sentir sa peau nue contre la mienne, je voulais voir son corps, ses muscles, ses tatouages, tout ce que je connaissais par coeur, je voulais le sentir et le tenir et je voulais que nos souffles s'emmêlent et ne fassent plus qu'un. Je voulais arrêter de jouer.
J'attrapai sa main et la portai à mes lèvres, embrassant sa paume puis chacune de ses phalanges, consciencieusement, doucement, goûtant à l'odeur et au parfum de sa peau comme si c'était la seule drogue qui existait sur terre. L'héroïne dans mes veines amplifiait le tout et j'avais l'impression que mon corps avait décollé et flottait dans les airs ; puis je glissai l'un de ses doigts entre mes lèvres et le titillai de ma langue, tandis que j'avais de nouveau plongé mon regard dans le sien. Il me regardait aussi, et je sentais ce lien qu'on ne pouvait pas nier, cette chose unique entre nous, si forte et si particulière, l'énergie du désespoir qui s'était transformé, cette passion sans nom, cette entité que l'on formait. J'attrapai alors d'un coup sa lèvre supérieure entre les miennes, fermai les yeux, laissai mon coeur s'emballer et exploser, agrippai son visage, relâchai ma prise et le regardai, collant mon front contre le sien. Il le voulait aussi. Je glissai ma jambe autour de sa taille, basculant légèrement sur mon dos, le calant entre mes reins. Je mourrais d'envie qu'il touche ma peau, maintenant et tout de suite. Je me mis à l'embrasser alors, emprisonnant ses lèvres avec force et sentant mon souffle s'enflammer d'un seul coup, me jetant dans cette étreinte comme si c'était la dernière.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Mer 23 Aoû - 22:33
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Nilo & Tracey
Sa voix était aussi douce et caressante que du coton. Elle me parvenait d’un monde, d’un rêve lointain où tout devenait si beau et si simple. Mon regard était plongé, baignait dans le sien comme on flotte en faisant la planche sur les eaux turquoises de Tahiti. Mon corps doucement posé contre le sien, je ne sentais plus la douleur de la seringue qui s’était durement et maladroitement enfoncée dans le pli de mon coude, dans ma chair sans que je n’y prenne le moindre égard. Je me fichais d’avoir mal, car je me sentais si bien. Comme je ne m’étais pas senti depuis si longtemps. Il n’y avait que dans les bras de Riley que j’avais l’impression de revivre, mais être ici, avoir bu, mettre drogué et être auprès d’une magnifique femme qui ne m’impose aucune limite, c’était jouissif. Au fond de moi, mon cœur était partagé, mais extérieurement il n’avait plus le moindre doute. En ce moment-même, j’étais tellement stone que j’avais oublié Riley. J’étais tellement ailleurs, que toutes les personnes même les plus chères à mon cœur avaient disparues pour ne laisser place qu’à la strip-teaseuse qui avait un temps fait tellement battre mon cœur. Tout s’était mélangé dans ma tête pour que l’amour que je porte à mon étudiante se transforme en sentiments pour Tracey. Des sentiments qui s’étaient éteints, je l’avoue, depuis peu. Depuis que mon cœur avait été chamboulé par une jeune fille qui ne voulait que mon bien, mais qui me faisait mal. Je ne savais pas si elle m’aimait comme moi je l’aimais, je ne savais pas si elle accepterait mon identité cachée, si j’ose dire, le jour où la vérité exploserait devant ses beaux yeux bleus. Des yeux bleus que je confondais à cet instant avec ceux de cette femme qui me dévorait du regard, et que je lui rendais. Elle me disait qu’elle serait toujours là pour moi, que je pourrai toujours compter sur elle. Le savais-je, me demandait-elle ? Je hochai lentement la tête, un sourire se dessinant sur mes lèvres. J’étais totalement ivre, ailleurs, et pourtant tellement avec elle. Parfois, des souvenirs traversaient mon esprit comme une étoile filante. Comme toutes ces nuits que nous avions passés ensemble à se découvrir, à laisser nos deux corps fusionner et échanger des soupirs d’extase tellement bons et qui nous faisaient revivre. A la différence de Riley, c’est que je savais que Tracey m’aimait. Riley, elle, me le prouvait mais n’en disait pas mot. Le pensait-elle réellement ? Je n’en savais rien. Moi, je lui disais tout. Mais j’étais là, comme un idiot, sans savoir sur quel pied danser véritablement. Enfin, ça c’est ce que mon mauvais alcool me faisait dire. Il me poussait à des extrêmes qui me laissaient croire que j’étais un mal aimé. La vie serait-elle plus simple avec Tracey ? Peut-être. C’est quand elle m’appela « mon amour » que j’eus une sorte de tressaut. Ça me faisait… bizarre. Mais bien vite, cette sensation fut occultée par le reste de ses paroles. Moi non plus je n’avais plus à avoir peur de rien avec elle. Elle savait tout de moi, absolument tout. Et moi non plus je ne voulais pas que l’on soit séparés, mais… Houla, j’avais mal à la tête. Je fermai un instant les paupières, menant mon pouce et mon index à l’arête de mon nez. Je n’étais pas très bien, mais ça n’était pas grave. Ça allait passer. J’essayai de me concentrer sur les caresses lancinantes de Tracey dont les mains expertes glissaient sur mon dos, mes épaules puis dans mes cheveux châtains plus ou moins clairs selon les jours. Puis elle saisit ma main et je gardai les yeux clos, un sourire se dessinant lentement sur mes lèvres lorsque je sentis les siennes embrasser chaque parcelle de ma main. Enfin, ses lèvres se refermèrent autour de mon index, qu’elle se mit à suçoter d’une façon tout à fait exquise et excitante. J’ouvris lentement mais difficilement mes yeux comme l’océan, et mon regard plongea à nouveau dans la beauté des siens. A nouveau, cette sorte de connexion s’établit entre nous, et je la laissais faire, sentant mon cœur valdinguer dans tous les sens dans ma cage thoracique. Puis ses lèvres quittèrent mon doigt pour venir capturer ma lèvre supérieure, laissant un soupir fiévreux s’échapper de ma bouche. Lorsqu’elle relâcha son emprise, nos fronts se collèrent l’un à l’autre, et dans un dernier regard permissif nos lèvres se rencontrèrent dans un baiser torride. Moi aussi j’en avais envie, mais j’étais tellement ailleurs que je ne savais plus qui j’embrassais. Tracey ? Riley ? Tout ce que je savais, c’est que je désirais ce contact, même si je ne savais plus avec qui. Je sentis une jambe s’enrouler autour de ma taille, et nous basculâmes légèrement pour que je me retrouve parfaitement au-dessus d’une jeune femme. Quelle jeune femme ? Je n’en savais plus rien, j’étais perdu et je m’en contentais. J’avais besoin de ce contact, et même d’aller plus loin. L’alcool et la drogue avaient une telle emprise sur moi, s’ajoutant à ma maladie et tous ces médicaments qui me faisaient décoller sur orbite que j’avais envie de faire l’amour même si je commençai à ne plus sentir mon corps. Je caressai le sien d’une main devenue fiévreuse par l’excitation, mais aussi par les questionnements qui se poussaient, se bousculaient dans une tête pourtant étrangement vide. En fait, c’était comme s’il y avait trop de poissons rouges dans un bocal devenu trop petit et trop sombre. Ma main s’aventura le long de sa cuisse, remonta sa jupe et commençai à descendre sa culotte. Ou non, son string. Ah. Puis elle remonta le long de sa jambe fuselée pour venir caresser son ventre plat, puis s’aventurer sous son soutien-gorge. Une poitrine douce et ferme, au téton apparemment aussi excité que moi. Et puis d’un coup, un rire. Je me redressai, quittai mon emprise sur ce corps tant désirable mais que je ne reconnaissais plus. Je claquai la langue contre mon palet en faisant un « non » de l’index, et passai une main dans mes cheveux ébouriffés en disant d’une voix rieuse :
« C’est qui, là ? »
Je me redressai pour quitter l’emprise de ces jambes vertigineuses, et me laissai tomber contre le bas du canapé pour me retrouver assis à même le sol.
« Oh, Tracey… Je t’aime toi, tu sais ? » Lançais-je en renversant ma tête en arrière, mes doigts posés sur mes paupières.
« Riley va pas être contente, non non non ! »
Je laissai mes deux bras tomber le long de mon corps, et poussai un nouveau soupir.
« Je l’aime aussi Riley, tu sais ? Mais arrêtez, je ne sais plus qui fait quoi, là. »
Il n’y avait jamais de demi-mesure entre les antidépresseurs, les anticonvulsivants, les antipsychotiques et toutes ces substances que je prenais. L’alcool et la drogue avaient un effet dévastateur, et j’en avais bien trop pris. Beaucoup trop pour ne plus savoir où j’étais, et surtout avec qui j’étais. Je ne savais plus si j’étais avec Tracey, Riley, ou bien avec les deux. Alors mon regard défoncé balaya la pièce du regard, et soudain je sentis une bouffée d’angoisse terrible m’envahir.
« C’est pas chez Riley, là. T’as bougé les meubles, chérie ? »
Une main se posa sur le canapé et je me levai avec grande difficulté, en lâchant un soupir une fois que je me fus redressé. Je tanguais. Tracey se redressa elle aussi, et c’est là que je la reconnus. Je posai mes mains sur le pli de ses coudes, et lui dis tout à coup :
« Non non non, qu’est-ce qu’on fait là… ? On ne peut pas… Je ne peux pas… »
Je fermai les yeux avec force, sentant ma tête me tourner comme en pleine montagne russe.
« Je te demande pardon, je ne me sens pas bien là… Où suis-je ? Faut qu’je rentre… » Demandais-je, totalement perdu.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#) Sam 2 Sep - 18:55
Très vite il répondit, comme avant. Très vite je sentis que nos deux âmes se perdaient l'une en l'autre et que la meilleure partie de notre vie arrivait, celle qui nous unissait, physiquement et mentalement. J'oeuvrais férocement pour le faire tomber dans mes filets : caresses tantôt douces tantôt appuyées, baisers enflammés, légère pression sur les endroits que je savais sensibles... Oh, je connaissais par coeur chaque parcelle de son corps et je savais pertinemment ce qui lui procurerait du plaisir, c'était si simple... Et lui aussi ; quand il me renversa un peu en arrière et que je sentis ses mains s'aventurer sur mon corps je ne pus retenir un cri qui s'étouffa dans ma gorge — sa paume sur mes cuisses, glissant le long de mes jambes, ôtant un peu mes vêtements, s'aventurant sur mon ventre et sous mon soutien-gorge... C'était presque trop d'un coup et cette fois je perdais le contrôle de mon entreprise, une nuée de papillons avaient envahi mon bas-ventre tandis que mon souffle se faisait de plus en plus court et que ma vue était percée de petits poings de lumière. La drogue décuplait tout : les sensations, les sentiments aussi, j'aurais pu pleurer de désir et d'amour pour lui si mon esprit n'avait pas été trop accaparé par ses hanches contre les miennes, par son souffle désordonné aussi, par son envie que je sentais très distinctement. J'imaginais déjà la suite et le désir grandissait ; je fermai les paupières tandis que mes lèvres s'étiraient en un immense sourire, non seulement la petite connasse allait être cocue mais en plus Nil allait être à moi et sa peau serait collée à la mienne, pour me donner plus d'extase que n'importe qui sur cette Terre. J'attrapais son poignet et le dirigeai entre mes jambes, mais tout d'un coup il se recula, s'arrêta.
Surprise, j'ouvris les yeux et me redressai ; la tête se mit à me tourner avec une telle violence que je m'accrochai au canapé. À l'intérieur de ma tête, mon coeur martelait des coups de plus en plus fort, et ma gorge se serrait progressivement. « Moi aussi, je t'aime » répondis-je, perplexe. Depuis quand Nil ne supportait-il plus la drogue et l'alcool à ce point ? « Reviens, on s'en fout de Riley ! » le suppliai-je. Mais il ne semblait pas l'entendre de cette oreille... Et il continuait à parler... Et je commençais à comprendre : j'avais échoué, pas en totalité mais j'avais échoué, il avait été temporairement distrait d'elle mais pas complètement, cette petite pute l'avait gangrené jusqu'à la moelle, et le résultat était là, sous mes yeux... La rage s'empara de moi et je me redressai complètement, fusillant Nil du regard, qui ne me regardait pas. « Je t'ai connu plus résistant, dis donc. Je t'ai aussi connu moins collant, non mais sérieux Nil, tu peux pas passer quatre heures loin de ta petite chérie, c'est pathétique un peu, non ? » Je ricanai méchamment, énervée contre elle, contre lui.
Je me levai alors, complètement déséquilibrée , et chancelai jusqu'à un placard dans lequel je fouillai comme si mes mains ne me répondaient plus très bien, avant de trouver la première bouteille pleine, que j'ouvris et que je me mis à boire, à même le goulot. Je revins vers Nil, qui s'était levé, et le dévisageai, les yeux brillants, un sourire goguenard aux lèvres. « Eh bien, vas-y alors, rentrez chez elle écoute, on aurait simplement pu passer un bon moment mais puisqu'il faut que tu décides de te prendre la tête, je t'appelle un taxi ! » Nonchalamment (autant que la drogue me le permettait), j'attrapai mon téléphone pour lui en commander un. « Il arrive dans cinq minutes, tiens, j'ai des thunes, ça ira. » Je lui en fourrai dans la main comme si c'était lui, pour une fois, la vulgaire pute, ouvris la porte de chez moi et l'attirais en bas, pour l'accompagner jusqu'à sa voiture. « Bonne décuve et bonne descente, mon chéri... » J'avais attrapé son visage entre mes mains pour l'embrasser de force, puis l'abandonnai dans la voiture.
Sans un regard en arrière, je remontai tant bien que mal dans mon appartement et refermai la porte derrière moi. J'avais chaud, froid, je frissonnais, ma tête allait exploser, la nausée commençait à monter, tout était sans dessus-dessous dans ma tête et je sentais que j'étais au bord des larmes ; je me rendis compte alors que j'avais toujours la bouteille ouverte dans la main, de la Tequila bon marché, dégueulasse. Je l'envoyai valser contre le mur avec un cri de rage et l'explosion du verre contre la paroi acheva de me mettre dans un état de nerfs incontrôlable ; je m'écroulai alors sur le canapé pour y rester prostrée.
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Sujet: Re: Nothing ever burns like you (Nil) terminé (#)
Nothing ever burns like you (Nil) terminé
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