Which of us (feat Eden)

❝ Which of us ❞
Décembre 2010

Tous les jours, j'ai l'impression de revivre la même journée. Tous les jours se ressemblent, ce sont les mêmes visages à la même heure que je croise dans les couloirs de l'école, toujours les mêmes professeurs et le même baratin qu'on nous sert. Je donnerais tout et n'importe quoi pour quelque chose viennent animer ses semaines moroses de cours. Même une invasion extra-terrestre pourra faire l'affaire. Ou à la limite, une attaque de rats. N'importe quoi pour me sortir de cet enfer. Il est un peu plus de dix-sept heure quand j'arrive devant la porte de mon cours de musique. C'est plus une activité scolaire qu'un cours, mais ce sont mes parents qui m'ont forcé à prendre celui-ci. C'est d'ailleurs bien la seule chose sur laquelle ils ont réussi à se mettre d'accord. Depuis que je suis petite, c'est comme ça. Ils sont divorcés depuis longtemps, mais ils se détestent. Du moins, maman déteste papa et elle fait tout pour lui montrer. Et pour ça, elle va généralement dans son sens inverse. Seulement, pour ça, ils ont tous les deux été du même avis. J'étais tellement étonnée que je n'ai même pas cherché à défendre l'activité que je souhaitais réellement faire soit le journal de l'école. J'ai accepté sans rechigné et aujourd'hui, je me retrouve coincé avec la musique jusqu'à la fin de l'année. Je regarde par la petite vitre sur la porte pour vérifier si le cours à déjà commencé, mais par chance, mon professeur n'est pas encore là et d'ailleurs, la salle semble vide. Je vérifie ma montre et l'heure sur mon portable, mais non, pas de doutes, je ne suis pas en avance. Je fronce les sourcils et à peine ai-je ouvert la porte qu'une douce mélodie gagne mes oreilles. Je ne reconnais sans trop de difficulté le son du violon. C'est de celui-ci que je joue et c'est assez étonnant car je suis la seule du club à savoir en jouer. Je rentre dans la salle et referme tout doucement derrière moi. Un jeune homme, de dos, est en train de jouer. Je m'assois sans faire de bruit sur la première chaise que je trouve et je l'écoute. C'est beau, harmonieux, il n'y a rien à dire, il sait vraiment bien jouer. Je me laisse absorber par ce que j'écoute quand soudain mon téléphone sonne et camoufle sa musique. Je sursaute et rejette l'appel. Quand je relève les yeux de l'écran, il s'est tourné vers moi et me fixe d'un regard interrogateur. « Je ne savais pas que j'avais un public. » Le rouge me monte aux joues. « Je… Désolée. Je ne voulais pas. » Il parcourt les quelques mètres qui nous séparent et s'assoit à califourchon sur la chaise de devant, les bras posé sur le haut de celle-ci. « Enchanté, moi c'est Jimmy. » J'écarquille les yeux et le regarde plus intensément. Je savais bien qu'il me disait quelque chose. « Jimmy comme le Jimmy en primaire… ? » Il hoche la tête et j'en conclu que c'est bien lui. Quand on était môme, il n'avait rien du garçon charmant que j'ai actuellement sous les yeux. La transformation est presque flippante. « Moi c'est May-Line, mais j'imagine que tu le savais déjà. » Il me sourit et je sens mon cœur défaillir. « Possible. » Il se relève pour regagner sa place avant de se tourner vers moi. « Oh, en fait, le cours a été annulé. »

Toute la soirée, je n'ai pensé qu'à lui. Clarisse s'est foutue de moi un nombre incalculable de fois, Claüs à levé les yeux au ciel en répétant « Ah les filles. » au moins une bonne centaine de fois et maman a tenter de se faire entendre par dessus nos brouhaha incessant. Le soir même, je me suis enfermée dans ma chambre et j'ai passé une bonne heure au téléphone avec Eden pour lui expliquer qui j'avais revu et à quel point il était devenu CA-NON. J'avais le béguin pour ce type et je ne m'en étais pas cachée. Eden était plus que ma meilleure amie, c'était ma sœur. Enfin, demie, mais c'était pareil pour moi. Seulement, j'étais loin de m'imaginer qu'entre sœurs ont pouvait être aussi cruelles. Quelques jours plus tard, elle a commencé à lui tourner autour à lui aussi. Et j'ai su que la guerre était déclaré.

Depuis, notre relation est tendue et c'est à peine si on se parle. Généralement, quand on s'adresse la parole, c'est pour rabaisser l'autre. On dirait de vraies gamines, mais en amour, il faut croire qu'on est prête à tout et que même les liens du sang passent avant.

❝ Which of us ❞
Octobre 2010

Je déteste le lundi. Comme n'importe qui, j'imagine. Mais je déteste encore plus ce lundi. Le cours de musique à encore été annulé. Notre professeur a choppé une sorte de virus qui le cloue au lit et l'école n'a toujours pas trouvé de remplaçant pour maintenir l'option. Alors aujourd'hui, je ne verrais pas Jimmy et honnêtement, ça me rend dingue. Parce que je sais qu'Eden fera tout ce qui est en son pouvoir pour l'attirer dans ses bras. Alors qu'elle sait que je l'apprécie vraiment ! Et moi, contrairement à elle, il ne m'a jamais rien fait. Je claque la porte de mon casier après avoir récupérer mes affaires quand je la vois au bout du couloir. Je souffle et me dirige hâtivement dans sa direction. Je lui bloque la route en me mettant devant elle et je la foudroie du regard. « Est-ce que ça t'amuse de me faire ça ? » Sous entendu, est-ce que tu es une vraie peste au point de voler le futur potentiel petit copain de ta sœur. « Tu es atteinte du syndrome de Stockholm pour vouloir te faire le gars qui t'emmerdais quand on était gamine ?! » Quand on était petite, Jimmy était connu pour être la vipère de l'école. J'ai dû la défendre un nombre incalculable de fois avant qu'il n'arrête définitivement de l'embêter. Plus tard, on a apprit tous les problèmes de famille qu'il avait et on a comprit, plus ou moins, pourquoi il avait ce comportement. Alors certes, tomber amoureuse du persécuteur de sa demie-sœur, ça craint un peu, mais moi, je ne l'ai jamais été. Dans son cas à elle, c'est vraiment trop bizarre. Je fais un pas vers elle avant de lui chuchoter à l'oreille. « Je te préviens que je compte bien remporter cette bataille. Et toutes les suivantes. Alors abandonne maintenant ou prépare-toi à sortir les armes. »

L'heure du repas arrive très rapidement et je cherche Jimmy du regard lorsque je passe la porte de la cafétéria. Il est assis à une table, tout seul. C'est le moment ou jamais. Je me précipite pour récupérer mon plateau repas, je prends tout et n'importe quoi, mon but est simplement d'arriver le plus vite possible. Je gratifie d'un sourire la dame de la cantine et file d'un pas rapide jusqu'à la table. Mais je la vois. Elle. Elle me sourit. Et elle s'assoit à ses côtés. Je reste stupéfaite, mais intérieurement, je boue. Je pourrais contenir ma rage, mais non, elle est trop grande, trop puissante. Je me rapproche d'eux, comme si de rien n'était et une fois à leur hauteur, je fais semblant de trébucher et verse mon plateau sur Eden. Le contenu intégral de mon assiette -soit des pâtes à la sauce tomate- tombe sur ses vêtements et ma canette de soda vient terminer le spectacle. Je prends un air faussement choqué et pose ma main devant ma bouche en même temps qu'un « Oh… » s'en échappe. « Je n'ai pas fait exprès, je suis vraiment désolée ! » Je papillonne des cils à son attention. Je suis sûre et certaine que le message est bien passé cette fois. « Tu devrais aller te changer… » Je n'attends que ça, qu'elle s'en aille en courant, voire même en pleurant, qu'elle s'enferme dans les toilettes et dans l'idéal, qu'un troll l'attaque, mais bon, ça, ça n'arrive qu'à Hermione (dommage), afin que je puisse rester seule avec Jimmy. Mais contre toute attente, il lui tend une serviette en papier et lui dit : « Je vais t'accompagner, viens. Je n'ai plus très faim. » Je crois que je rêve. Non, je fais un cauchemar. Un affreux cauchemar.

❝ Which of us ❞
Octobre 2010

Le soir après cet accident fâcheux à la cantine, je me suis écroulée dans mon lit et j'ai refusé d'en sortir. Alors forcément, ne pas descendre manger, ignorer les appels de ma mère et ceux de mon frère et de ma sœur, ça n'a pas arrangé les choses. Peu de temps avant l'extinction des lumières, j'ai entendu deux coups contre la porte que j'ai, bien évidemment, ignoré, faisant croire que je dormais déjà. Quand j'ai cru qu'ils avaient lâché l'affaire, j'ai relevé la tête, mais je suis tombée nez à nez avec eux. Ils étaient tous les trois alignés devant la porte et me regardaient avec un air grave. Maman a regardé les deux aînés en secouant la tête. « Vous savez ce que je pense que c'est ? » Claüs a grimacé légèrement avant de croiser les bras sur son torse. « J'en ai bien peur… C'est vraiment terrible. Oui, terrible. » Puis ma sœur a terminé leur pensé et s'est assise au bout de mon lit d'une manière vraiment théâtrale. « Maymay à un chagrin d'amour ! » Je suis restée subjuguée par tant de folie. Oui, ma famille était devenue timbrée et je vivais actuellement dans un asile psychiatrique. Je venais de toucher le fond du fond. Je me suis retournée sur le ventre et la tête dans l'oreiller, j'ai poussé un grognement. Ma mère s'est assise à son tour tandis que mon frère tournait déjà les talons. « Désolée, mais les problèmes de filles, ça ne me concerne pas. » Clarisse lui a envoyé un de mes coussins sur la nuque. « Lâcheur ! Traître ! » Il lui a renvoyé en riant et il a quitté la chambre. La suite des événements, j'ai écouté sans écouter. Ma sœur et ma mère m'ont baratiné de faux bons conseils pendant au moins une bonne heure. Elles avaient l'air tellement heureuses de vouloir m'aider que j'ai laissé faire. Seulement, moi, je n'avais qu'une envie ; dormir et oublier.

Le lendemain matin, le réveil n'a pas été facile et j'étais sincèrement à deux doigts de me faire porter pâle. Mais quand j'ai vu son prénom apparaître sur mon écran, mon cœur a fait un bond. J'ai pris quelques secondes avant de me décider à le lire. Il me proposait de venir avec lui à l'école aujourd'hui. J'ai tapé une réponse positive, sans trop me monter enjouée et j'ai sauté du lit pour me préparer. J'ai parcouru toute la maison en chantonnant ce qui a fortement amusé mon frère. « Dit la Castafiore, tu vas te taire ? » Je lui ai tiré la langue et il a fait de même. Quand je suis remontée dans ma chambre pour prendre mes affaires, j'avais un nouveau message de lui qui me disait de prendre mon violon. Je n'ai pas cherché à comprendre plus longtemps, j'ai prit mon instrument et je suis partie.

Jimmy m'attendait devant chez moi, un sourire aux lèvres. « Salut Jim ! » « Salut May. » Sur le chemin, nous avons beaucoup parlé et nous nous sommes trouvés de nombreux points commun en plus du violon. Et c'est en riant à gorge déployée que nous sommes arrivés aux grilles de l'établissement scolaire. Eden était là et je pouvais voir dans son regard toute la haine qu'elle avait à mon égard. Elle qui pensait qu'elle l'avait déjà rien que pour lui, il semblerait que la balle soit de nouveau dans mon camp. Jimmy l'a salué et lui a proposé de se joindre à nous. J'ai vu rouge. Je n'avais pas envie de passer du temps avec ma sœur et encore moi avec ma sœur ET Jimmy. Je me suis tournée vers lui, j'ai précisé que je devais voir une amie avant les cours et j'ai déposé un baiser sur sa joue. Je suis partie et lui, il m'a crié ; « N'oublie pas notre rendez-vous après les cours ! » Je ne me suis pas retournée, je me suis contentée de lever le pouce bien haut et j'ai souris. Avec ce qu'il venait de dire, Eden devait être verte de jalousie.

❝ Which of us ❞
Octobre 2010

Notre rendez-vous avec Jimmy s'était merveilleusement bien passé ! Nos deux styles musicaux s'accordent à la perfection et malgré notre sérieux, nous avons beaucoup rigolé. D'ailleurs, il m'a même invité à boire un verre après le cours. Trois fois rien, juste un verre de limonade autour duquel nous avons apprit à faire plus ample connaissance. Il m'a expliqué ce qu'il avait fait pendant ses quelques années d'absence et je lui ai beaucoup parlé de ma famille. Il a dit qu'il aimerait bien nous rencontré. Mais le mieux dans tout ça, c'est que pas une seule fois nous avons parlé d'Eden. Elle n'existait pas et c'était vraiment magique. Seulement, la magie à toujours un prix.

Le lendemain matin, je suis réveillée par un appel de Judith, une amie. L'esprit encore endormie, je réponds. « Allô ? Tu sais qu'il n'est même pas six heures encore ! » Elle parle tellement vite de l'autre côté de l'appareil que je suis obligée de lui demander de répéter. Mais j'entends dans sa voix que quelque chose ne va pas. Elle se calme, respire un bon coup et reprend plus lentement. « Ouvre Facebook et va voir le lien que je t'ai envoyé ! Bon sang, ça craint ! » Titillée par la curiosité je sors du lit et ouvre mon ordinateur portable que j'avais oublié d'éteindre de la veille. Je clique dans ma messagerie et ouvre le lien qu'elle vient de m'envoyer. Quand la page du blog apparaît sur mon écran, le souffle me manque et j'écarquille les yeux. « May, ça va ? Qui a bien pu faire ça, franchement ?! » Je ne réponds pas tout de suite, trop choquée par ce que je suis en train de lire. Je sais qui a fait ça. Il n'y en a qu'une seule pour faire un truc pareil. « La garce. » Je souffle et referme l'ordinateur avec rage. « On se voit à l'école, je t'explique tout là-bas. » Et je raccroche sans lui donner plus d'explications.

Quand je suis arrivée en cours quelques minutes plus tard, la moitié de l'établissement était déjà tombé sur la page du blog. Alors forcément, de la fille populaire, je suis passée à la traînée du lycée. Le pire, c'est que je n'ai jamais eu de petits copains ! Zéro, niet, nada ! Je n'arrive pas à croire qu'elle puisse balancer des trucs aussi odieux sur moi. Et en plus, elle utilise une photo qu'elle n'aurait jamais dû avoir. Les gens me dévisagent dans les couloirs, on se moque de moi, on m'insulte et moi, j'essaie de me faire oublier, de me faire toute petite. Je rejoins mon amie et tente, entre deux sanglots, de lui expliquer la situation. Forcément, elle est de mon côté et décide de m'aider à me venger.

Plus les jours passent, plus la situation empire. Des inconnus inventent des histoires, des montages photos avec ma tête apparaissent et c'est le débordement. Je ne sais plus quoi faire pour que tout ça s'arrêter et j'ai beau faire semblant d'être malade pour ne plus aller à l'école, ça ne marche pas auprès de ma mère. Sauf qu'il est hors de question que je lui en parle. Elle n'aime pas beaucoup Eden et je suis sûre que cette histoire se finira très mal… J’aperçois ma demie-sœur dans mon champ de vision et j'accélère le pas. Seulement, elle arrive quand même à me tomber dessus et ses menaces reprennent. Je la foudroie du regard avant de lui répondre. « Attends-toi surtout à une réplique de ma part. » Puis je tourne les talons et pars en cours.

Avec Judith, nous avons passées plusieurs jours sur notre vengeance. J'ai reçu des SMS de soutiens de Jimmy et ça m'a sincèrement encouragé à me venger. Je l'avais de mon côté. Nous avons donc acheté un serpent en plastique plus vraie que nature, de la peinture rouge et pour couronner le tout, nous avons reprit son idée. Elle m'a pourri ma réputation. Alors j'allais pourrir la sienne aussi. Pendant une heure de permanence, nous avons installée dans son casier le serpent, et j'avais écrit en grosse lettre rouge ''Sale vipère'' à l'intérieur de son casier. Pour le reste, ça arriverait plus tard. La sonnerie avait retenti et avec mon amie, nous avions filé nous planquer, attendant avec impatience qu'elle vienne ranger ses manuels.

❝ Which of us ❞
Octobre 2010

Cachée derrière une poubelle, Judith et moi nous regardons la scène en souriant avant d'éclater de rire au moment où le serpent saute sur elle. Nous rions tellement que je suis obligée de me tenir le ventre pour ne pas avoir mal. Personne autour ne bouge, si ce n'est Jimmy qui vient pour l'aider. Je cesse automatiquement de rire et mon amie soupir. « Il est relou ce type en vrai. » J'hausse les épaules et nous sortons de notre cachette. Tout le monde rit et elle remarque enfin qu'il ne s'agit que d'un serpent en plastique. Il ne lui faut pas plus longtemps pour comprendre qui est à l'origine de cette blague. Elle me cherche du regard dans la foule et quand elle me trouve, mon sourire sadique ne quitte pas mes lèvres. Elle s'approche de moi furieuse et Judith murmure à mon oreille. « Euh… Je crois qu'elle va t'en coller une là. » Je ricane parce que je sais qu'elle n'en est pas capable. Puis de toute façon, je sais me défendre. C'est l'un des nombreux avantage d'avoir grandi avec un grand-frère. Contrairement à elle. Elle m'hurle dessus et je réponds. « Et toi ? Me pourrir l'existence, tu n'as que ça de mieux à faire ?! Et mentir aussi ? Mais pardon, j'avais oublié que tu n'étais qu'une petite garce sans cervelle et menteuse. » Je reste camper sur mes positions et juste avant qu'elle ne se reprenne le coup qu'elle s'apprête à me donner, Jimmy intervient pour l'éloigner de moi. Il lui dit qu'il est grand temps de partir, mais elle l'envoie balader. Puis le même schéma se répète une deuxième fois, sauf que cette fois-ci elle part en pestant. Judith respire enfin de nouveau. « J'ai vraiment cru qu'elle allait te sauter dessus… » Jimmy se tourne vers moi et me dévisage de haut en bas. « Vous devez vraiment cesser vos petites histoires. Je ne sais pas vraiment ce qui vous arrive, mais vous devriez vous réconcilier. » Je croise les bras sur ma poitrine et dévisage tous les regardes qui sont braqués sur nous, en attendent d'une révélation. Je fais les gros yeux et chacun repart vaquer à ses occupations. « Désolée, mais ce n'est pas possible. Pas après ce qu'elle m'a fait. » « Et j'imagine que tu ne veux pas m'en parler ? » « Non. C'est une histoire entre sœurs. » Il secoue la tête, désolé de la tournure dont prennent les choses et part en direction de la sortie de l'école.

Le lendemain matin, en constatant que le blog en mon déshonneur était toujours en ligne et continuait d'être alimenté, j'ai décidé de passer au plan B. Je suis partie beaucoup plus tôt afin d'être à l'école avant tout le monde. Judith m'accompagne et affiche le même sourire en coin que moi. C'est d'ailleurs elle qui m'a dit qu'on devait le faire. Moi, je n'en étais pas si sûre. Nous arrivons dans les couloirs déserts du lycée. « Bon, je prend la partie ouest et toi la partie est. On se rejoint au centre, ok ? » Je confirme d'un hochement de tête et nous partons toutes les deux dans des directions opposées. Je glisse dans tous les casier une photo et après une bonne quarantaine de minutes, nous nous retrouvons, épuisée. Les élèves commencent enfin a arriver les couloirs sont remplit de brouhaha. « Allez viens ! On s'éloigne d'ici… » Elle me prend par la main pour m'aider à me relever et nous quittons les couloirs comme si de rien n'était.

❝ Which of us ❞
Octobre 2010

La journée au lycée n'avait pas été de tout repos pour Eden et même si j'étais ravie que sa réputation soit anéanti, au fond de moi, je commençais à être las de toute cette histoire. Déjà, je n'éprouvais plus aucun plaisir à lui rendre la pareille et j'en venais même à regretter que pour une simple histoire de garçon on en soit arrivé là. Alors le soir, en rentrant chez moi, je me suis allongée sur mon lit et j'ai réfléchi à un moyen de lui proposer une trêve. J'ai songé à lever le drapeau blanc demain en arrivant au bahut, au moins, la signification serait assez clair. Mon téléphone s'est mi à vibrer et j'ai prit l'appel. « Oui, allô ? Judith ? Qu'est-ce qui se passe ? » Je craignais un nouveau coup foireux de ma sœur pour se venger de la mauvaise blague du matin, mais non. « Le blog sur toi a disparu ! » « Vraiment ? » ai-je répondu sans trop y croire. « Oui, oui ! Il a été supprimé ! C'est génial, non ? » « Oui, génial, c'est le mot. » Bien sûr que c'était génial, mais ça voulait dire, surtout, que cette histoire était allée beaucoup trop loin. J'ai échangé pendant un petit moment avec mon amie avant de raccrocher. J'ai hésité à envoyer un SMS à Eden, mais je me suis dit que j'aurais tout le loisir de lui parler demain, en face à face, à l'école.

Le lendemain, j'ai attendu l'arrivée de ma sœur devant la grille de l'école. Je l'ai intercepté et comme je n'avais pas envie qu'elle croit que je lui voulais encore du mal, j'ai directement prit la parole. « Je viens en paix, je lève le drapeau blanc ! » En guise de drapeau, j'ai sortie un mouchoir en tissu blanc et l'ai secoué devant moi. « Je suis désolée pour tout ça, je n'aurais pas dû être si méchante. » Je soupire et me balance sur mes pieds, gênée. « Tu me pardonnes ? » Je passe une main gênée dans mes cheveux et la remercie enfin d'avoir supprimé le blog. Puis elle s'excuse à son tour et finalement, tout est bien qui fini bien.

Quand nous arrivons au réfectoire pour prendre notre repas ensemble, nous sommes tombées d'accord pour nous dire que si Jimmy choisissait l'autre, on serait content pour elle et que les coups bas, c'était terminé. Alors nous nous sommes assises à sa table, tout sourire. « Je vois que vous vous êtes réconciliées finalement ? » « Mieux vaut tard que jamais. » dis-je en lui faisant un clin d’œil. « Je suis vraiment heureux, ce n'était pas facile d'être ami avec deux filles qui se détestent. » J'hausse les sourcils et lance un regard interrogateur à Eden. Ami ? On est juste ses amies ? Il consulte son portable et nous regard en souriant. « Je vais vous laisser, je dois aller voir ma petite amie ! Est-ce que ça vous dit qu'on sorte tous les trois pour un ciné entre amis ce week-end ? » On est tellement perplexe qu'aucune de nous ne sait quoi répondre. Il hausse les épaules, nous informe de lui donner notre réponse par textos et quitte notre table d'un pas rapide. Je me tourne lentement vers Eden, les yeux écarquillés à cause du choc. « C'est moi ou… on vient de se faire friendzoner ? »