we read to know we're not alone •• may-line&maryann

Debout entre la porte d’entrée de la librairie et une étagère remplie de livres, Maryann observait la boutique bondée de monde avec une attention toute particulière. Elle aurait dû arriver plus tôt, peut-être aurait-elle eu une chance d’obtenir une place assise ou mieux encore au premier rang, juste devant Mandy Hager. La librairie d’habitude si paisible était aujourd’hui remplie d’une petite foule se serrant les coudes entre les bibliothèques et quelques chanceux assis devant une table où trônaient plusieurs livres. Maryann avait déjà repéré son préféré, debout sur la table, bien mis en évidence. Dear Vincent. Un petit chef d’oeuvre d’après elle. Elle tenait d’ailleurs sous son bras son propre exemplaire qu’elle aurait bien aimé faire signer par l’autrice. Rencontrer les auteurs de ses livres préférés lui semblait toujours incroyable, surtout car la plupart de ses bouquins favoris avaient été écrits par des personnages très célèbres et aussi très morts, mais passons ce détail. Maryann était surtout ravie à l’idée de soutenir les auteurs néo-zélandais car après tout ils n’étaient pas si nombreux que cela à percer à l’international et elle estimait qu’ils le méritaient pourtant tout autant que n’importe quel John Green ou autre J.K. Rowling. Quoi qu’en grande fan d’Harry Potter qui se respecte, elle savait aussi être réaliste : personne n’arriverait jamais à la cheville de J. K. Rowling, pas même un kiwi. Ceci dit elle tenait malgré tout à leur donner leur chance et c’était également pour cela qu’elle n’hésitait jamais à mettre en avant  la littérature néo-zélandaise contemporaine sur son blog. Et justement, en parlant de blog, elle avait cru apercevoir une tête connue un peu plus loin devant elle, son amie May. Elles s’étaient rencontrées via internet, toutes les deux blogueuses et surtout toutes les deux amoureuses des livres. Malgré une différence d’âge de quelques années en faveur de May, elles avaient appris à se connaître et s’étaient trouvées tellement de points en communs qu’elles n’avaient pas eu d’autre choix que de se lier d’amitié. Quel heureux hasard ç’avait été de voir May s’installer à Island Bay après plusieurs mois de correspondance en ligne! Ce genre de chose donnait toujours à Maryann l’impression que le monde, aussi vaste soit-il, était en réalité très petit. Passer du virtuel à la réalité avec May avait été un vrai plaisir et Mary avait trouvé en elle une amie de confiance. Elle n’était pas du genre à s’ouvrir facilement  aux autres, mais quelque chose en son amie lui inspirait du bon et elle avait fini par s’attacher à elle et à leurs moments ensemble durant lesquels elles pouvaient passer des heures à parler de leur passion pour la musique et la littérature sans jamais se fatiguer. Avec ses quelques années de plus May lui faisait penser à la grande soeur qu’elle n’avait jamais eu.

Lorsque Mandy Hager eut terminé sa conférence, elle annonça qu’il était possible de lui faire signer des livres avant qu’elle ne reparte. Maryann s’empara alors fermement de son exemplaire de Dear Vincent et tenta de se faufiler jusqu’à l’avant de la librairie. Il lui fallut quelques minutes d’attente et de patience avant de se retrouver nez à nez avec l’autrice qu’elle admirait. Un fois son livre signé, elle s’écarta de la foule en sautillant, toute excitée par ce moment de fan girl comme elle les aimait. Quand certaines filles de son âge se mettaient à crier face à des boy bands populaires, elle se mettait à rougir et bégayer devant des auteurs. Chacun son truc. Différente obsession, même concept. Une fois ses esprits retrouvés, elle scruta la salle du regard pour trouver May. Elle la repéra tout près d’une allée de recueils de poèmes, et se précipita pour aller la voir. “Bouh!” s’écria-t-elle en se plantant devant May qui, le nez plongé dans un livre, ne l’avait même pas remarqué.