"In the end, it's not going to matter how many breaths you took, but how many moments took your breath away" (Abigail Duncan)

Abigail Duncan

No matter what happens, some memories can never be replaced.

les informations en vrac

la partie anecdotes
1) Je n’ai aucun souvenir de mes parents, morts prématurément. Tout ce que je sais d’eux, je les tiens de mes frères et sœurs ainsi que de mes grands-parents. D’après eux, ils seraient décédés un soir, suite à la prise de somnifères beaucoup trop forts (et dont l’usine a fermé depuis) qui les ont endormis, enlacés, à jamais.

2) Mes grands-parents m’ont ainsi élevée. Ma grand-mère m’a souvent laissée de côté, préférant s’occuper de mes sœurs et de leurs compétitions de chevaux pouvant leur rapporter une petite fortune. En revanche, mon grand-père a pris le rôle de père, mon amour pour lui est indescriptible tant il m’a apporté et appris. Mon amour pour la lecture, la nature, la simplicité, vient de lui. Notre complicité, nos échanges à propos de littérature, d’Histoire seront à jamais inégalables. Son décès m’a brisée et a agrandi ce fossé qu’il y a entre les autres et moi.

3) J’aime les chevaux, mais pas l’équitation. C’est ce que me reproche constamment ma grand-mère qui souhaiterait que je suive l’exemple de ma sœur Kathleen. Je préfère m’occuper d’eux et non me servir d’eux comme de vulgaires objets afin de gagner de l’argent.

4) Je me sens tellement différente des personnes de mon lycée. Tous jacassent à propos de leurs vacances parfaites passées avec leurs parents parfaits, de leurs derniers iPhones, se prennent en photo dans les toilettes, en classe, parfois même en train de manger au réfectoire afin de tout publier sur les réseaux sociaux. J’ai si peu confiance en moi que je serais incapable de faire des choses pareilles qui en plus me paraissent futiles.7
5) J’ai toujours été la bonne élève, « l’intello », ainsi mise de côté par les autres, étiquetée comme « étrange », « bizarre ».  Celle dont les parents sont décédées, timide, qui ne parle pas beaucoup et a peu d’amis.

6) Etant la petite dernière, j’ai très peu de complicité avec mes autres frères et sœurs. Nous ne nous ressemblons absolument pas. Eux sont tournés vers l’équitation, ou encore les études plutôt scientifiques et économiques tandis que moi je vis  à travers les livres qui me transportent dans des mondes totalement invraisemblables.
7) La culture et l’histoire me passionnent.
8) J’ai besoin d’écrire chaque jour, que ce soit de la fiction comme les faits réels. Après la mort de mon grand-père je me suis sentie plus seule que jamais, je n’avais plus personne à qui me confier, plus personne pour me rassurer

9) Je vais souvent courir. La course est mon défouloir. Dès que la tension commence à monter à la maison, je sors courir pour me détendre.


10) J’ai une grande sœur que je n’ai jamais vue. Elle est partie après la mort de mes parents. Ma famille, pour me protéger et éviter que je ne me pose trop de questions, que cela me perturbe encore plus, m’a toujours cachée son existence. Mais à la mort de mon grand-père j’ai dû ranger son bureau où il stockait tous ses papiers que j’ai dû classer. Je suis alors tombée sur l’acte de naissance de ma grande sœur, et après moult recherches sur internet, j’ai fini par la retrouver. Nous avons pris contact, et c’est comme si nous nous étions toujours connues. A la différence de mes autres frères et sœurs, elle me comprend, nous nous ressemblons énormément.  

les indiscrétions sur le joueur

 

Code:

<pris>○ Natalie Alyn Lind</pris> Abigail Duncan

l'histoire de ma vie

« Life is too short to spend another day at war with yourself »

14 janvier 2015 – 8h42

Ayant le sommeil léger, j’entends le crissement de la porte de ma chambre, des pas qui se veulent discrets, puis une main vient se poser sur mon épaule et me secoue légèrement.

« Abi, Abi réveille-toi. » me chuchote grand-mère
« Mmh, qu’est-ce qui a ? C’est le week-end Mamie, j’aimerais en profiter un peu…». Je me tourne de l’autre côté du lit, me recroquevillant tout en tirant la couette sur ma tête.

« C’est au sujet de Papy… »

Ni une, ni deux, je me redresse immédiatement. Non. Pas lui. Pas déjà. C’est trop tôt.

« C’est fini Abi… Il est parti cette nuit… »

Un vide instantané s’empare de moi, tétanisée je fixe ma grand-mère. Ce n’est pas possible. Les larmes, silencieuses d’abord, commencent à couler. Puis, mon corps se met à trembler, les larmes deviennent plus nombreuses, suivis d’une crise de déni, je jette ma couette au bout du lit, me redresse et hurle
« C’est faux, il ne peut pas me faire ça ! Il n’avait pas le droit ! »
Grand-mère, pleure aussi, mais reste calme. Elle se redresse à son tour et me prend gauchement dans ses bras, tant elle n’a pas l’habitude de me câliner, de me rassurer.
« Chuuut, calme-toi Abi… Ça va aller, on va s’en sortir… Le centre nous rapporte assez pour… »
« Je me fiche de l’argent ! J’ai besoin de lui ! ».
La réalité de la situation me frappe de plein fouet. Je m’effondre au sol. Grand-mère continue de me parler, d’essayer tant bien que mal de me consoler, mais je n’entends plus rien, je ne vois plus rien. Qui me consolera désormais ? A qui pourrais-je me confier ? Avec qui partirais-je dans de longues discussions historiennes ?

Je ne sais comment, je parviens à me relever et à me calmer. Grand-mère descend alors me chercher un verre d’eau fraîche pour me « ressaisir » comme elle dit.

Je m’assois sur mon lit, vide de tous sentiments. Lorsqu’elle revient elle m’annonce que la famille pourra aller le voir une dernière fois demain, et que l’incinération aura lieu après-demain. Puis elle me tend un bout de papier :

« Chérie,
  Je sais que je ne retournerai plus à la maison, que bientôt je retrouverai nos enfants, quelque part là-haut. Mon testament se trouve dans mon bureau, dans le troisième tiroir de gauche.
Mais j’ai oublié d’y noter une chose. Je souhaiterais que ma petite Abi aille jeter mes cendres. Elle connaît l’endroit où je souhaite reposer à jamais.

 Je vous aime de tout mon cœur, je veillerais sur vous tous, où que vous soyez, je serais toujours parmi vous.
Léon. »

17 janvier 2015

Les deux derniers jours ont été éprouvants au possible. Trois heures de route m’attendent. C’est tremblante, les larmes roulant doucement le long de mes joues que je me dirige vers ce qu’on appelait avec mon grand-père « notre coin de paradis ».

Une fois arrivée sur place, les larmes redoublent. Je serre fortement l’urne funéraire contre moi. Je reste un moment, comme paralysée devant cette maison. Notre maison de vacances. Celle où demeurent mes plus précieux souvenirs. Alors, tout doucement, j’avance vers la forêt lorgnant la bâtisse. Une rivière y coule en contrebas. Je m’oriente vers celle-ci et m’accroupie près de l’eau.

« Je suis désolée Papy, tellement désolée. J’aurais pu te sauver. J’aurais dû te sauver ! Je te serais éternellement reconnaissante de tout ce que tu m’as apporté. Tu me manques déjà tellement. A ben leu Papy… »

J’ouvre l’urne et verse tout doucement les cendres dans l’eau. Quelques-unes s’envolent, avant de rejoindre la rivière. Je reste un moment à les regarder partir. Puis je me redresse et, difficilement, retourne vers la voiture. Vers la réalité. Vers une vie qui ne m’attire même plus.

Et pourtant. Quelques jours plus tard, en cherchant des papiers administratifs dans le bureau de mon grand-père, j’y découvre tout un dossier, bien caché au fond d’un tiroir. A l’intérieur, un acte de naissance témoignant de la naissance d’Hailey Duncan, née en 1986. Des photos sont aussi présentes dans le dossier, notre ressemblance est frappante.
C’est abasourdie et hébétée que je me dirige vers ma grand-mère, rédigeant d’autres papiers dus à la mort de mon grand-père.
« Tu as trouvé ce que je t’ai demandé ? » me demande-t-elle sans lever les yeux de ses feuilles.

« Non… Mais j’ai trouvé autre chose. ». Je dépose alors le dossier devant elle. Elle jette un coup d’œil, retourne à ses papiers, puis fixe de nouveau le dossier.

« Tu l’as ouvert ? » Une sorte de panique se fait ressentir dans sa voix.

« Oui. Est-ce qu’elle aussi est morte ? ».
A ce moment-là, croyant vraiment que cette grande sœur inconnue est décédée, je suis persuadée qu’une puissance maléfique s’est emparée de notre famille.
Grand-mère se lève de la chaise du salon où elle était assise, mets ses deux mains sur mes épaules et m’invite à venir m’assoir sur le canapé tout en me disant:
« Abigail, tu es la plus jeune de la fratrie, beaucoup de choses t’ont été cachées, pour te préserver, pour te protéger. C’était l’idée de ton grand-père. Mais je pense qu’il est temps que tu saches la vérité. A propos de tout. »

A partir de ce moment-là tout a basculé. Pour le meilleur ou pour le pire ? Je ne le saurais que bien plus tard.