Il n'est jamais trop tôt pour la famille. Anna ♥

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Les bras en l'air, tu t'étires tranquillement. La nuit fut courte, mais reposante. Un bruit de fond t'a sorti de tes rêveries. Pourtant tu cherches pas à savoir d'où il vient. Ton téléphone sans doute, mais ça peut attendre, rien n'est urgent. Enfin tu crois pas, tu n'as pas de rendez-vous ce matin, encore moins tantôt. Tu dois juste te consacrer à ton prochain roman. Pas besoin de réveille, tout de tête, tu en mets quand tu n'es pas sûr de te réveiller, mais c'est bien rare. Ou alors lorsque tu organises quelque chose ou un rendez-vous tôt. La plupart du temps, tu es debout bien avant neuf heures. Sauf quand tu écris une bonne partie de la nuit. Là il te faut quelques heures de sommeil en plus. En y pensant, t'es pire qu'un petit vieux, tu as tes habitudes, tes manies. C'est bon la trentaine te bouffe, quoique c'est peut-être pas trente ans que tu prends mais cinquante si tu continues de la sorte. Les doigts craquent, ainsi que la nuque. Tu bailles à nouveau. Te réveillant doucement, tu t'extirpes de ton lit bien tranquillement. Il te faut ton café. C'est en étirant que tu te diriges vers la cuisine, un nouveau bâillement. Ce matin le réveil est un peu dur, tu dois bien le reconnaître, il faut dire que ce bruit de fond était assez agaçant. Si tu attrapes celui qui en est à l'origine, il va t'entendre. Et hop, le café coule. Bon voyons voir. Où est-ce que tu as mis ton téléphone hier soir ? Pas à côté du canapé, encore moins ici. Tu perds la tête en plus de ça. Dans le bureau, non impossible, tu l'aurais pas si bien entendu. Donc il est dans ta chambre. Flemme d'y retourner. Tu allumes la télévision, voyons voir les nouvelles. Baillant à nouveau, tu t'affales dans le canapé, t'enroulant du plaid. Oui, ce matin est vraiment dur. Tu ne pensais pas en te levant, mais au final ce n'est pas la grande forme. Tu bloques devant la télévision en attendant que ton nectar finisse de couler. Rien de bien intéressant. Pas l'envie et le courage d'aller voir tes mails, trop tôt. Ce matin tu regagnerais bien ton lit, mais non, tu te fais toujours violence lors de ses envies. Ce n'est jamais bon. Au pire tu peux envoyer un sms à Dany pour savoir s'il veut courir. Il faut pour ça que tu ailles chercher ton téléphone … qui se trouve dans ta chambre. Rien que l'idée de bouger, tu grimaces. Pas l'envie. Oui, mais si tu veux bouger et donc aller courir, il va bien falloir. Tu prends sur toi et c'est vraiment dur, pour regagner ta chambre. Résister à l'envie de t'affaler dans ton lit.  La soirée n'a pas des plus durs, alors d'où te vient cette fatigue. Tu trouveras un jour, pour l'heure tu as trouvé ton téléphone. Dix appels en absence d'Anna. Euh… Il doit y avoir un problème, un gros. Tu essaies de l'appeler, pas de réponse. Bon café et tu règles cette histoire.

Toujours blotti sous ton plaid, tu avances doucement en direction de la cuisine. Le petit bruit t'indique qu'il est l'heure de ton breuvage. Tous les jours tu remercies le seigneur ou plutôt la personne qui est à l'origine de cette création. Pas de la machine, mais du café. Tu l'as su, mais là il est trop tôt, ton cerveau dort encore. Du moins, une partie, car l'autre commence à se réveiller. Pourquoi Anna cherche à te parler, il est trop tôt, enfin non, les yeux au ciel, tu commences à compter. Non, il n'est pas si tôt, mais tu ne vois pas pourquoi. Tu l'as eu au téléphone y a quelques jours, tout semblait aller dans le meilleur du monde. T'as même l'autre bouclette, son fameux fiancé, décidément plus les jours passent et plus tu as dû mal avec lui. Il va pourtant falloir que tu t'y fasses,  ils vont finir par se marier. Pas que ça t'enchante, toi tu la vois avec quelqu'un d'autre… Il a un truc, un truc qui t'énerve, il ne mérite pas ta sœur. Il lui faut quelqu'un de mieux, il est gentil, il l'aime y a pas de doute, mais tu sais pas. Elle mérite mieux qu'un bouclé. Oui tu es aussi bouclé, mais toi c'est différent, tu ne fais pas gay alors que lui … Il essaie de se donner un genre, mais c'est un peu loupé. Bref, n'allons pas penser à lui, il n'est pas le sujet de tes préoccupations. T'essaies de savoir pourquoi Anna t'a appelé, là tu vois pas. Y a aucun anniversaire ou truc important aujourd'hui. Portant tes lèvres sur la tasse, soufflant un peu. Elle verra bien que tu as essayé de la joindre, elle sait pourtant que ton téléphone est en vibreur ou silencieux et donc qu'il est rare de t'avoir dans la nuit/matinée. Pas tant que ton cerveau émerge. Et là pour le coup, tu n'as absolument rien entendu. La sonnerie de ta porte te fait sortir de tes rêveries. Qui peut venir de si bonne heure ? Chris ? Non il a les clefs, pareil pour Ellie. Tu te grattes la tête et te diriges vers la porte, en baillant à nouveau. Décidément ce matin tu as dû mal. Quelques heures de sommeil en plus ne t'aurait pas fait de mal. Au pire, tu feras une sieste tantôt. C'est en ouvrant la porte que tu te rends compte de ta vêtue, soit un caleçon et ton plaid. Si c'est ta charmante voisine, elle aura de quoi se rincer l'oeil … « SURPRISE ! » Who … tu n'as pas le temps de réaliser que tu te bouffes une chevelure rousse. Littéralement. Tu rêves ou bien ? Non c'est bien Anna qui est dans tes bras. Ce n'est pas un mirage. « Anna, mais ? Quoi ? Comment ? Que ? » Tu en perds ton latin, là tu comprends plus rien ..

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Le téléphone que t'as pris à l'aéroport est vraiment une merde. Le genre de petit téléphone à clapet qui date du siècle dernier, limite il a encore une antenne après. Curieuse, tu le retournes pour voir que tu avais raison. Pourquoi t'as acheté ça encore ? Tu souffles, exaspérée par ton manque de réflexion et l'absence de réponse au bout du fil. Encore un appel sans réponse pour ton frère, ça doit être le troisième. Tu commences à taper un texto, mais le T9 embarque et tu sers les dents. Bordel, on est pas en 2004! Ugh. Fatiguée, tu appuies ta tête contre la vitre du taxi qui rejoint sur l'autoroute pour quitter la grande ville et se diriger vers Island Bay, la petite banlieue où habite ton frère. Si seulement tu avais ton iPhone... Mais oui! Quelle tarte tu fais. Après quelques minutes d'efforts où tu a pris ton épingle à couche d'urgence dans ton mini kit de survie, tu finis pas mettre la nouvelle carte dans son téléphone et là, le harcèlement téléphonique reprend. Bon, tu conçois qu'il est quand même tôt, mais pas tant. Doug n'a jamais été du genre à faire de très longues grasses matinées et nous sommes un jour de semaine, pas de quoi dormir jusqu'à midi. Tu décides de lui laisser le temps de te rappeler et tu mets ton téléphone dans ton sac eeeeeet... C'est à ce moment là qu'il meurt. GÉ-NIAL. Tu vois bien que le derrière du taxi comprend une prise où tu pourrais faire charger ton téléphone, mais tu n'as pas d'adapteur. Ton départ a été assez précipité, c'est le moins qu'on puisse dire, certains éléments essentiels à ton adaptation sont resté chez toi. Bof, tu comptes pas repartir de sitôt alors tu prendras le temps d'aller t'acheter un nouveau chargeur, pas de quoi en faire un plat. Le fait que tu n'aies pas de portable te force à te reposer pour le temps qu'il reste du trajet. Tes yeux se ferment, tranquillement et tu t'assoupis pour ce qui te semble une demie seconde jusqu'à ce que le chauffeur arrête le véhicule. « Z'êtes arrivée, mademoiselle ! » Hein, quoi ? « Déjà ? » tu dis en te prenant la tête dans les deux mains. Question idiote, évidemment que tu es arrivée, sinon le chauffeur ne serait pas en train de sortir ta valise du coffre. Toujours endormie, tu le paies et le regarde partir jusqu'à ce que tu le vois tourner le coin de la rue. Ta valise est tellement haute que tu t'assois dessus quelques minutes, te demandant comment tu vas faire pour tout expliquer à ton frère. En même temps, tu n'as jamais vraiment eu de problème à faire la discussion, tu parles trop on te l'a toujours dit. C'est quand quelqu'un passe devant toi en voiture et te regarde vraiment avec des gros yeux que tu te décides à bouger. Ouais, disons que c'est pas sur ta valise que tu vas établir ton territoire. « Bon, allez, c'est l'heure. » Une partie de toi est excitée de revoir ton frère que tu n'as pas vu depuis des mois, mais l'autre est terrifiée. Aussi, le fait que tu sois en Nouvelle-Zélande te donne envie de sauter partout! C'est la première fois que tu quittes le Royaume Uni pour faute de moyens et faut dire que pour ton premier voyage tu es vraiment partie au bout du monde. En même temps, le fait d'être loin de la maison te terrifie. Bon, je vous présente Anna la contradiction ambulante! Cette idée te fait rire tout le long du trajet dans dans l'ascenseur. Disons que quelques heures de sommeil supplémentaire ne te feraient pas de tort.

Une fois au deuxième étage, tu te diriges vers la porte 273. Elle est au bout du corridor et la porte voisine se situe à plusieurs mètres. Il faut croire que l'appart de ton frère est plus grand que tu ne le croyais. Sans faire de chichi, tu sonnes et là décharge d'adrénaline. Ses pas approchent et pendant un éclair, t'as envie de prendre les jambes à ton coup, mais.... nah. Sois logique Anna au moins une fois dans les dernière 24h, tu peux pas t'enfuir. L'ascenseur est au bout du couloir, de quoi tu aurais l'air quand il ouvrira la porte pour te voir courir au loin avec ta grosse valise ? D'une pauvre tarée encore plus tarée qu'à l'habitude. La porte s'ouvre et t'oses lui balancer « SURPRIIIIIIIISE » en te lançant dans ses bras. Sous le coup de l'émotion tu fermes les yeux, bien trop heureuse d'enfin retrouver ton grand frère. Chaque fois que tu pensais à ta vie, à tes problèmes, c'est toujours à lui que tu voulais parler. Le sachant bien trop loin, tu lui écrivais des lettres que tu déchirais avant de les jeter dans la toilette pour que personne ne les trouve. Par le passé ça t'a suffit pour relâcher les tensions, mais plus maintenant. Tu prends une grosse bouffée de son odeur et tu décides de ne pas réagir au fait qu'il soit seulement vêtu d'un slip et de son plaid. Après tout, il a changé tes couches un nombre incalculable de fois alors, pas de gêne entre vous. « Anna, mais ? Quoi ? Comment ? Que ? » Okay, il est confus, mais qui ne le serait pas ? « Aloooors, content de me voir ? » tu lui dis avec un grand sourire en te décollant de lui. Pour le moment, tu as l'impression que les raisons de ton départ son loin et qu'il ne s'agit que de retrouvailles normales et pas aussi... imprévues. À voir l'air qu'il te fait, tu devras justifier ta présence dans peu de temps, mais chaque chose en son temps. « Ohhhhh Nellie! » tu dis en voyant la petite boule de poil s'approcher de toi en se dandinant. « Elle est tellement plus mignone en vrai qu'en Facetime!» ajoutes-tu une fois que tu la tiens dans tes bras. 

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Non, ce n'est pas un rêve, tu viens bien de te bouffer littéralement ses cheveux roux. Elle est bien présente, en chair et en os. Pendant un brève instant, tu as cru devenir fou. Pourtant ce n'est pas le cas, Anna se trouve bien dans tes bras. Pourquoi ? Comment ? Trop de question. Pour l'heure, la surprise est au rendez-vous. Bien sûr que tu es heureux qu'elle soit là, tu t'y attendais juste pas. C'est un peu le but d'une surprise, ne pas s'y attendre, sinon c'est moins marrant. Anna, ton Anna, ta petite rousse, dans tes bras. Qui l'aurais cru ? Pas toi. Il est trop tôt. C'est peut-être pour ça qu'elle t'a harcelé de si bonne heure. Allez savoir. Son odeur, sa présence, c'est bien elle et non une pâle copie. En même temps, tu ne vois pas comment on pourrait imiter ta frangine. Il faut avouer que dans son genre elle est plutôt unique. Et puis cet accent est typiquement Irlandais. Il est donc inimitable, ou alors faut être fort. Non, vraiment tu es n'arrives pas à y croire, elle est là. Elle finit par se décaler, Penelope venant à elle. Et oui, tu n'es pas le seul intrigué par ce remue ménage. A l'inverse de toi, ta chienne est une pure commère, elle a juste entendu des voix et veut savoir ce qui se passe. Elle espère un peu de chaleur et surtout de la bouffe. Qu'on se rassure, elle s'en fout de savoir qui vient de rentrer. « Ohhhhh Nellie! » What ? Elle va pas commencer à donner des surnoms débiles à ton chien. Il manquerait plus que ça. Tu regardes dans le couloir, c'est-on jamais si elle te réserve une autre surprise. Du genre, un mouton gay qui débarque, non pas de trace. Vaut mieux car tu n'es pas prêt à le recevoir, tu attrapes la valide de ta sœur. Elle l'a rempli avec quoi ? Du plomb ? Elle aurait pu te prévenir, tu serais venu la chercher à l'aéroport. Elle a de ses lubies parfois, débarquer de la sorte, ça t'intrigue tout de même. La laissant profiter du chien, tu fermes la porte et mets sa valise dans le salon. Vu la taille et le poids, elle ne compte pas rester quelques jours, quoique ? C'est une fille et c'est bien connu que les femmes emportent toujours trop. Il leur en faut toujours plus, histoire d'avoir du choix et même elles sont jamais satisfaites. C'est soit à cause du temps ou alors parce qu'elles n'ont pas la paire de chaussures ou le haut qu'il faut. Toi t'es moins compliqué que ça. Il te faut quelques trucs, pas besoin d'emmener toute ta penderie. Le kit de survie, la base, du moment que tu as un ou deux caleçons propres, un tee-shirt, une chemise et un jeans, l'affaire est dans le sac. La brosse à dent, un bouquin, mais là nous parlons de toi. Ton porte-feuille et le tour est joué ! Pourquoi s'encombrer ? Pas besoin de tout prendre, ce n'est que des vacances. Ah oui et les chaussettes, parce que c'est important d'avoir des chaussettes un brin propre. Au pire faut prendre des sandalettes, mais bon ça dépend encore de là où on va. Et toi t'es pas du genre sandale, tu préfères tes baskets ou des petites chaussures. On se complique pas la vie, on va à l'essentiel. Honnêtement, il n'y aurait que toi, tu prendrais juste un livre, ta brosse à dent et le dentifrice bien sûr et le tour est joué. Une île de nudiste  ou une plage rien que pour toi, ou alors une yourte, un coin au calme c'est tout ce dont tu as besoin. Enfin bref, tu vas pas chipoter sur le poids de sa valise, ce n'est pas l'heure et puis elle serait capable de partir dans un débat et ce n'est pas l'heure.

Posant tes fesses sur la chaise et attrapant ta tasse de café. Oui, tu es sur le cul, toujours sous ton plaid. Tu tentes de comprendre la situation. Anna s'extasie toujours devant le chien, il lui en faut peu ou alors elle est décalée à cause du décalage. L'un dans l'autre, elle est pas nette. « Alors tu m'expliques ? » Oui on croirait pas en te voyant que tu es heureux de la voir, ce n'est pas le cas. Bien sûr que tu es content de la voir en face de toi, ça fait longtemps que tu l'as pas vu en vrai. Depuis ton dernier séjour à Belfast, autant dire que ça remonte à loin. Trop loin. Tu es heureux, mais tu te demandes, ce qui est normal, à quoi c'est dû. « J'suis content de te voir, hein. Je me demande juste, est-ce qu'il faut que je prévienne les autorités ou un truc va me tomber dessus en même temps que toi ? » Du genre un mouton, non tu espères pas. T'as pas envie de le voir débarquer avec son sourire style colgate et sa touffe. Qu'il reste loin de toi celui-là. « Papa est au courant ? Sinon tu sais qu'on est mort ? » Oui, on car ton père va te massacrer, même si tu n'y es pour rien. Il va penser que tu l'as poussé à quitter le pays, ce qui est complètement faux. « Tu veux boire ou manger un truc ? » Dis-tu, en pensant au fait qu'il était tôt et qu'elle n'avait peut-être pas mangé ou bu. Attrapant une autre tasse, tu lui sers un café bien chaud et la pose à côté de toi. L'heure est à la discussion !

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Tu réagis mieux que ce que tu croyais, oui, oui! Tu n’as pas cédé en étant enfin dans les bras de ton frère après toutes ces émotions et toutes ces longues heures de vol. Non, tu te sens bien, enfin, la pression que tu as mise sur tes épaules s’est légèrement allégée et tu sais que tu as pris la bonne décision de venir ici. En plus, Nellie est trooooop mignonne, il en faut peu pour que tu la couvres de bisous même si elle n’a pas l’air certaine de tes actions. Son air est ahuri, mais en même temps c’est un chien, elle a toujours le même air, rien à voir avec toi. Par contre, ton soulagement est de courte durée quand ton frère te demande directement la raison de ton passage. Toi qui pensait pouvoir reporter la conversation tu t’es trompée. En même temps, la petite sœur qui débarque à l’improviste et qui vient de si loin, c’est normal qu’il veuille savoir la raison de ton déplacement. Ton cœur se serre aussi quand du coin de l’œil tu le vois regarder pour savoir si tu es bien seule. Ta rupture est un peu dans le néant pour le moment, tu n’as pas l’impression que c’est réel. Bon, aussi bien t’installer parce que tu as toute une histoire à raconter. « Papa est au courant ? Sinon tu sais qu'on est mort ? » Ouch, le frère n’a pas tort quand il parle du père, mais en même temps s’il n’a pas eu de nouvelles de lui, c’est qu’il n’est peut-être pas alarmé. Ou en fait, parce qu’il ne prendra pas la peine de demander à son fils en Nouvelle-Zélande s’il sait où se trouve sa cadette, ça ne fait pas de sens. Meilleur moyen d’alarmer Dougie, lui dire que sa sœur a disparu. À contre cœur, tu déposes Nellie par terre et très rapidement, elle s’éloigne de toi pour aller se rouler en boule dans son panier. Awwww, tu la suivrais presque pour la reprendre dans tes bras, mais ton corps réclame une dose de caféine. « Je te prendrais bien un café, s’il te plait. » Une fois ta tasse à la main, tu t’assois et en prend une longue gorgée. Il est un tantinet amer, comme tu les aimes. Contrairement à la croyance populaire, tu ne mets pas de sucre dans ton café, tu gardes ça pour tes recettes. « Heu, quant à papa… » Ton frère a raison, le paternel doit être dans tout ces états. Bon, pas de quoi en faire un drame, tu vas bien, c’est le plus important et tu n’es partie que depuis 24h. « Je me suis dit que je lui dirais où je suis une fois rendue à destination. » Tu esquisses un sourire que tu veux innocent alors que tu vois des rides apparaitre sur le front de ton frère en même temps qu’il fronce les sourcils. Définitivement, ce n’est pas ton meilleur move ta petite fuite. « Non, mais je savais que si je lui disais il m’empêcherait de venir! » Inspiration, expiration. Va falloir vider ton sac un jour où l’autre, alors aussi bien le faire maintenant. «J’ai quitté mon stage, j’ai quitté Liam, j’ai pris mes trucs et je suis venue ici, j’en pouvais plus… De… tout. J’en pouvais plus de ma vie à Belfast. » Tu te tais, la gorge serrée. Tes yeux s’embuent, mais tu respires encore une fois très fort pour retenir tes larmes. La fatigue te rends trop émotive, même si tu l’es toujours un brin plus que la normale (les vidéos de bébés chats, c’est ta mort, de même que les émissions de rénovations). Tu pensais te lancer sur un monologue, mais les mots restent pris dans ta gorge. C’est vrai, c’est fait : tu as tout quitté, plus de retour en arrière.

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En te réveillant ce matin, tu étais trèèèèès loin d'imaginé tout ça, et par ça tu entends l'arrivée de la tornade Anna. Ta sœur, ici à Island Bay, en chair et en os. Et ce n'est définitivement pas un mirage ou un rêve, elle est bien là. Tu sais pas pourquoi, mais tu la sens pas cette histoire … Dans le sens que tu sens que ça va te retomber dessus, c'est obligé ! Vous en connaissez beaucoup des histoires ou la frangine débarque et que ça se finit bien ? Pas vraiment. Surtout quand il s'agit des Powell, non père n'est pas connu pour être un homme qui réfléchit … Il n'est pas idiot, mais il agit au lieu de penser, c'est un impulsif, il va te mettre ça sur le dos, c'est une évidence. Comment tu le sais ? Parce que tu le connais et tu sais qu'il ne mettra jamais ça sur le dos de sa petite princesse. Entre toi et Anna, y a une énorme différence, pas préférence, mais différence. Tu as toujours fait les choses de travers d'après ton père. D'abord tu as quitté le domicile familial quelques jours après ta majorité,  créant une bonne engueulade entre ton père et toi. Te valant un « ne revient jamais ici » … tu es pourtant revenu. Tu sais qu'Anna n'est pas comme toi, ton père le sait aussi, alors qu'elle débarque ainsi de bon matin … ne s'annonçant pas, ça sent mauvais. Très mauvais. Pourtant tu ne vas pas t'énerver, mais tu ne vas pas non plus faire la poule, les explications tu les veux. Elle le sait, elle l'a compris puisqu'elle vient enfin te rejoindre. Lui préparant sa tasse, tu attends tranquillement qu'elle s'explique. On pourrait croire que tu n'es pas heureux de la voir, pourtant ce n'est pas le cas. Bien sûr, que tu es content de la voir, elle t'a manqué, terriblement manqué. La dernière fois que tu l'as vu, c'était quand tu es rentré pour les fêtes, autant dire que ça remonte à loin. Tu ne peux pas les blâmer de ne pas venir te voir, les billets sont chers et ta famille n'a pas les mêmes moyens que toi. C'est pour ça que tu essais de venir les voir quand tu peux. La voir te fait du bien, mais tu aimerais savoir le pourquoi. Si tu dois préparer un discours argumentatif ou si tu peux juste profiter d'elle. Elle est peut-être venue pour passer quelques jours … oui bon tu y crois moyen, mais on ne sait jamais. « Heu, quant à papa… » Le sujet qui fasse arrive … tu sens dans sa voix, que tu avais parfaitement raison de t'attendre au pire. Tu cogites et quand tu cogites, tu fronces les sourcils. Tu peux le sentir. Restons calme, ce n'est pas ce que tu crois ... « Je me suis dit que je lui dirais où je suis une fois rendue à destination. » Elle compte lui faire faire une crise cardiaque ou bien ? Tu soupires. Décidément cette matinée ne se passe pas comme tu l'avais prévu. Paye la surprise. « Non, mais je savais que si je lui disais il m’empêcherait de venir! »  Elle lit dans tes pensées ou elle voit à ton expression que ses choix ne sont pas les meilleurs ? Non parce que là si elle veut sauver sa peau, il va lui falloir une bonne excuse .. Tu bois une gorgée de ce doux breuvage, réveillant les derniers neurones. « J’ai quitté mon stage, j’ai quitté Liam, j’ai pris mes trucs et je suis venue ici, j’en pouvais plus… De… tout. J’en pouvais plus de ma vie à Belfast. »  WHAT ? Tu ouvres grand les yeux. Recrachant par la même occasion ce que tu avais dans la bouche, manquant presque de t'étouffer. Tapant sur ton torse. Celle-là tu l'attendais pas, oh que non. Ce n'est pas papa qu'elle va tuer en premier, c'est toi si elle continue. Tu calmes ta toux et plonges ton regard dans le sien. Elle est perdue et apeurée. Tu prends une grande inspiration, il ne faut pas que tu sois dur, mais … « Je ... » Tu t'approches vers elle, tu sens qu'elle ne va plus tenir très longtemps. La prenant dans tes bras. « Je suis là. » Trois petits mots, juste trois petits mots, tu sens ses larmes qui coulent sur ton épaule. Passant ta main dans son dos, la rassurant du mieux que tu peux. « Je suis là t'en fais pas, on va gérer ça ensemble ... » Qu'est-ce que tu pouvais dire d'autre ? Pas grand-chose… Tu ne veux pas la braquer, c'est un coup à ce qu'elle fasse pire. Elle a tout plaqué et là voilà ici, c'est à toi de la rassurer à présent. Tu relâches un peu ton étreinte, cherchant tes mots, tu as plus d’aisance à l'écrire qu'à l'oral .. « Pour ce qui est de papa je m'en charge ... » Tu sens que tu vas t'en prendre plein la tronche, mais tu le feras, tu accepteras ses reproches, du moment qu'elle ne les subit pas. Tu veux juste lui éviter les réflexions que tu as subi du patriarche. Tu sais qu'il peut être dur par moment, voir trop dur et t'as pas envie qu'elle subisse ça. « A présent explique moi ce qui se passe dans ta petite tête » Tapotant son front, tu veux juste comprendre, ta voix est calme, elle se veut rassurante. Si elle a tout plaqué, c'est qu'il y a une raison … Le fait qu'elle n'en pouvait plus ne peut pas expliquer tout, fin c'est ton avis. C'est peut-être une passe … t'en sais rien.

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C'est peut-être la fatigue causée par les tonnes d'heures de vol, mais tu as l'impression d'être en train de rêver. Non, tu n'es pas à ton meilleur pour avoir une conversation aussi ouverte sur tes émotions, mais c'est peut-être mieux ainsi. Avec les années, tu t'es renfermée sur toi-même, telle une huitre, personne ne pouvait réellement savoir ce que tu ressentais jusqu'à ce que tu pètes un câble. Dans d'autres circonstances, tu aurais plus de retenue dans tes aveux, tu essayerais de choisir tes mots, de dédramatiser la situation et tu te laisserais probablement (très certainement) influencer par ton interlocuteur. Allez, plus qu'un an pour devenir vétérinaire, tu peux bien terminer tes études, et tu accepterais, jusqu'à en devenir encore plus malheureuse. Tu repousserais encore le moment où tu craquerais, parce que tu n'oserais pas prendre les devants pour changer ta vie de peur de décevoir tout le monde. En fermant les yeux, tu te remercie d'avoir franchit et sauté dans cet avion il y a quelques heures. Ici, tu te sens tout de suite mieux, acceptée et tu ne ressens plus autant cette pression sur tes épaules: celle de plaire à ta famille, à ton père surtout qui est si fier de dire à tout le monde que sa fille sera bientôt vétérinaire. Oui, il a aussi un fils qui est auteur à succès et une boutique qui fonctionne très bien depuis des années menée par nul autre que son fils et lui-même, mais Anna c'est la petite dernière, celle qui a dû compenser pour les enfants qui ne sont jamais venus après elle. C'est elle qui prend soin des animaux sur les fermes voisines, ce sont ces mérites que les clients de la boutique vantent quand ils parlent avec le paternel. À Belfats, il n'y avait pas de place pour le doute ou la marge de manoeuvre, c'était Anna la future vétérinaire, c'est tout. C'est pour ça que c'est à Dougie que tu déballes ton sac, tu sais que lui n'essayeras jamais de te changer. Il t'accepte telle que tu es, comme un ouragan roux -souvent boulet-, et comme lui aussi a pris un nouveau départ ailleurs, il est bien placé pour comprendre ta situation, ton envie de renouveau. À voir sa réaction par contre, il ne s'attendait pas à de telles révélations, mais comment aurait-il pu ? Au moins, tu n'es pas en train de lui annoncer que tu es enceinte de Liam... Ta main crispe ta tasse de café à cette idée, ça serait définitivement le pire scénario possible. Parce que ni toi, ni Dougie, ni Liam d'ailleurs, n'auraient de solutions à te proposer. Ouais, vaut mieux ne pas y penser.  « Je suis là. » Juste pour ces petits mots, tu sais que tu as prise la bonne décision de venir. Pas de remise en question, pas de questionnement, juste de l'acceptation. Tout ce qu'il te manquait vient de t'être octroyé en trois petits mots. « Je suis là t'en fais pas, on va gérer ça ensemble ... » Tu passes ta paume sur ta joue pour y essuyer une larme que tu n'avais pas sentie couler auparavant. Pourquoi a-t-il fallu que tu passes autant de temps loin de ton frère? Sûrement que sa présence quotidienne dans ta vie t'aurais permis de t'affirmer beaucoup plus tôt, mais penser aux si ou aux peut-être ne sert à rien. « Tu sais pas à quel point j'avais besoin d'entendre ça... » Un petit sourire, pour montrer que tu vas bien. Du moins, tu essaies. « Pour ce qui est de papa je m'en charge ... » Et maintenant, une grande inspiration, parce que ton père, c'est quand même une partie qui te faisait peur jusqu'à maintenant. Il est impulsif, juste quand Dougie est parti de la maison, il lui a dit de ne pas revenir. Tu ne sais pas ce qu'il te dirait en apprenant que tu as tout abandonné et honnêtement, tu peux vivre sans le savoir. « A présent explique moi ce qui se passe dans ta petite tête » « Je n'ai jamais voulu devenir vétérinaire. » Les mots sortent ta bouche tellement vite et avec tant de facilité, que tu places une main sur tes lèvres pour retenir le flot à venir. Tu vois bien que ta révélation laisse ton frère surpris, mais tu continues, il y a plus que ça à ton histoire. « À l'école, j'ai toujours travaillé fort, parce qu'on me disait que ma réussite rendrait maman fière. Je pense que beaucoup trop de gens m'ont dis ce qu'elle aurait aimé que je sois et sans le vouloir, je me suis dirigée dans cette voie, comme si je cherchais à lui faire plaisir. '' Oh Anna, première de classe! Ta mère serait fière de toi'' » tu dis en prenant un ton de voix un peu plus grave pour imiter la voix de votre oncle Jacky. « c'est comme si plaire à maman était la réussite ultime, l'atteinte maximale de mon potentiel. Chaque fois que je faisais quelque chose de bien, c'est ce que papa me disais. Comme si la fierté de maman valait plus que la sienne ou celle des autres. Ensuite, on aurait dit que tout c'est enchainé trop vite, que j'ai eu ma bourse sans vraiment la vouloir, seulement après un projet  extra scolaire qui a attiré l'attention du doyen... En voyant papa verser une petite larme quand je lui ai annoncé la nouvelle, je me suis pas posée de question, j'ai tout de suite accepté l'offre... Il avait l'air si fier de moi et ça m'a donné l'impression que je pouvais entreprendre n'importe quel projet. Après tout, vétérinaire, c'est pas la branche que j'envisageais pour mes études, mais ça peut pas être trop mal non plus. Qui a déjà regretté d'avoir fait des études pour devenir vét, honnêtement? » Tu poses ta tasse sur la table et passe une main dans tes cheveux. Avec un petit sourire, tu reprends ton récit. Il faut dire que maintenant, tu sais que l'on peut regretter de suivre un cursus qui ne nous intéresse pas. « Après deux semaines de cours, je savais déjà que je détestais ça. Les cours ne m'intéressaient pas et juste penser à la pratique, je ne faisais que redouter son arrivée. J'essayais de dé-dramatiser, de me dire que je devais laisser une chance au programme , mais le temps passait et mes convictions n'avaient toujours pas changées. Me lever en pleine nuit pour aider un cheval à accoucher, le cauchemar. De même que passer des jours à étudier les symptômes de la maladie qui fait rage chez les poulets des O'Connell, non merci. Le seul endroit où j'apprécie le poulet, c'est dans mon assiette et nul part ailleurs. » Une petite touche d'humour teinté de vérité, ça ne fait pas de mal. « Dans mes cours, tous les autres semblaient sur un petit nuage, comme quoi j'étais la seule qui n'était pas à sa place. Mes doutes m'ont rongées de l'intérieur alors je me suis plongée dans quelque chose que je pensais certain: ma relation avec Liam. Pour oublier ma vocation professionnelle qui laissait à désirer, je me suis impliquée à fond dans mon couple, sachant que je l'aime plus que tout. Résultat, notre vie a commencé, mais encore une fois beaucoup trop vite. L'appartement, bientôt la maison, et en plus, le mariage... Oui je l'aime, je veux passer toute la vie avec lui, mais là c'était trop. C'est moi qui a mis le train en marche, alors avec son enthousiasme, je ne voulais pas reculer, tasser des projets, les reporter. Juste une petite relation simple, c'est tout ce que je voulais, on a toute la vie pour se marier, de même que pour s'acheter une maison. Je...» tu t'interrompts, parce que tu radottes. Rien de nouveau ici, tu est bien connue pour être un moulin à parole, surtout avec un petit verre, mais la présence de ton frère t'as mis tellement à l'aise et la fatigue a eu un effet beaucoup plus inhibiteur que prévu alors tu parles, parles, parles. Inspire, expire, tu vas trop vite Anna, on te l'a toujours dit, mais là avec tout ce que tu as à dire, c'est trop. 

Surfruiiit

« Tu sais pas à quel point j'avais besoin d'entendre ça... » Ce petit bout de femme était là devant toi, les yeux prêts à exploser et le besoin d'être réconforté. Tu es heureux de la savoir ici et non dans une autre ville. Elle n'est pas seule, tu es là. Bon tu sais que le paternel ne va pas apprécier que son précieux bébé a quitté la ville sur un coup de tête. Tu le connais le vieux, tu sais qu'il lui en faut du temps pour digérer les choses. Et puis Anna ce n'est pas toi, ce n'est pas Jesse, c'est le diamant de la ville. La seule fille, celle que vous avez tous les trois protégés durant des années. Celle qui a le moins connu votre mère … Celle qui a le moins de souvenir avec elle … Alors oui tu es là pour elle, c'est ça la famille. Tu ne vas pas lui claquer la porte au nez, alors qu'elle a besoin de toi. Malgré tout, tu as besoin de comprendre ce qui se passe dans sa tête. Tu la connais la frangine, ce n'est pas son genre de tout plaquer sur un coup de tête. Surtout pas son mouton, ouais d'après ce que tu as compris, elle l'aime … Bien que tu penses qu'elle mérite mieux et tu n'as jamais cessé de le penser. M'enfin c'est son choix et non le tiens. « Je n'ai jamais voulu devenir vétérinaire. » Tu sens que la discussion va être … intéressante ? Si c'est le mot adéquate. En tout cas, tu vois dans son regard qu'elle a besoin de parler. Tu la regardes, lui indiquant qu'elle peut le faire, elle ne sera nullement jugée. Ce n'est pas toi qui va la juger, vu ton passé, tu ne diras rien. Au contraire, elle sait qu'avec toi, elle peut tout dire. C'est peut-être pour ça qu'elle est venue te voir toi et non Jesse ou papa. « À l'école, j'ai toujours travaillé fort, parce qu'on me disait que ma réussite rendrait maman fière. Je pense que beaucoup trop de gens m'ont dis ce qu'elle aurait aimé que je sois et sans le vouloir, je me suis dirigée dans cette voie, comme si je cherchais à lui faire plaisir. '' Oh Anna, première de classe! Ta mère serait fière de toi'' » Tu souris à son imitation, revoyant l'oncle. Lui et ses idées préconçus. Il pensait que tu ferais un très bon pêcheur, manque de bol tu es auteur. Il s'est trompé sur toute la ligne, une fois de plus. « c'est comme si plaire à maman était la réussite ultime, l'atteinte maximale de mon potentiel. Chaque fois que je faisais quelque chose de bien, c'est ce que papa me disais. Comme si la fierté de maman valait plus que la sienne ou celle des autres. Ensuite, on aurait dit que tout c'est enchainé trop vite, que j'ai eu ma bourse sans vraiment la vouloir, seulement après un projet  extra scolaire qui a attiré l'attention du doyen... En voyant papa verser une petite larme quand je lui ai annoncé la nouvelle, je me suis pas posée de question, j'ai tout de suite accepté l'offre... Il avait l'air si fier de moi et ça m'a donné l'impression que je pouvais entreprendre n'importe quel projet. Après tout, vétérinaire, c'est pas la branche que j'envisageais pour mes études, mais ça peut pas être trop mal non plus. Qui a déjà regretté d'avoir fait des études pour devenir vét, honnêtement? »  Mettant ta tasse au bord de tes lèvres, sentant le doux parfums du café frais. Une gorgée, puis deux. Tu ne dis toujours rien, l'écoutant, elle a besoin de vider son sac … Malheureusement tu ne t'attendais pas à ce qu'il soit si … long ? Oui c'est ce petit mot que tu pourrais employer pour décrire ce qui se passe dans la tête de ta sœur. « Après deux semaines de cours, je savais déjà que je détestais ça. Les cours ne m'intéressaient pas et juste penser à la pratique, je ne faisais que redouter son arrivée. J'essayais de dé-dramatiser, de me dire que je devais laisser une chance au programme, mais le temps passait et mes convictions n'avaient toujours pas changées. Me lever en pleine nuit pour aider un cheval à accoucher, le cauchemar. De même que passer des jours à étudier les symptômes de la maladie qui fait rage chez les poulets des O'Connell, non merci. Le seul endroit où j'apprécie le poulet, c'est dans mon assiette et nul part ailleurs. » Elle n'a pas soif avec tout ça ? Apparemment non, elle continue de t'expliquer ce qui se trame dans sa tête, sans boire une gorgée de café. Soit elle est droguée, soit la fatigue et le relâchement la font tenir… assez pour ne pas consommer de liquide. Impressionnant. Elle arrive presque au stade d'Ellie, elles pourraient faire un concours. « Dans mes cours, tous les autres semblaient sur un petit nuage, comme quoi j'étais la seule qui n'était pas à sa place. Mes doutes m'ont rongées de l'intérieur alors je me suis plongée dans quelque chose que je pensais certain: ma relation avec Liam. Pour oublier ma vocation professionnelle qui laissait à désirer, je me suis impliquée à fond dans mon couple, sachant que je l'aime plus que tout. Résultat, notre vie a commencé, mais encore une fois beaucoup trop vite. L'appartement, bientôt la maison, et en plus, le mariage... Oui je l'aime, je veux passer toute la vie avec lui, mais là c'était trop. C'est moi qui a mis le train en marche, alors avec son enthousiasme, je ne voulais pas reculer, tasser des projets, les reporter. Juste une petite relation simple, c'est tout ce que je voulais, on a toute la vie pour se marier, de même que pour s'acheter une maison. Je...» Elle s'arrête, te regarde. Bon … ça en fait des choses à analyser. Tu ne sais plus trop par où tu dois attaquer le morceau. Buvant à nouveau ton nectar, réfléchissant à ce que tu pourrais lui dire… « Écoute je pense que le mieux est que tu prennes du temps pour toi. Que tu réfléchisses à ce que tu veux faire de ta vie ... » Oui c'est pas mal. Tu te lèves et attrapes la cafetière, te resserrant une tasse. « Tu sais que tu es la bienvenue ici, Chris ne dira rien, du moment que tu empiètes pas sur son territoire. » Tu le connais le poussin, il peut être un amour comme une pot de vache si tu t'en prends à ses affaires. Tu préfères préciser car avec Anna, on peut s'attendre à tout. La preuve, elle se trouve ici de bon matin et non à Belfast. Vive la surprise. « Pour l'heure je te conseille de manger un truc et de prendre une douche puis de te reposer un peu. » lui dis-tu en déposant un baiser sur son crâne. Quant à toi, il faut que tu prépares pour ta journée. Tu fais volte face, plantant ton regard dans le sien. « Bienvenue à Island Bay » petit clin d'oeil et direction la douche !