○ you, out of all people [Iris & Travis]

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Iris & Travis

And the most real home I ever had was that space where our roads merged and travelled together... for a time.

Bonjour

Et ce n’est pas faute de le connaître. Il est déjà venu ici plusieurs fois, avant son départ en Australie. Mais la dernière fois était il y a plus d’un an, et dans les deux semaines qu’il a déjà passé à Island Bay depuis son retour, il n’a pas encore eu l’occasion de prendre un café en ville. Pourtant, les habitudes reviennent vite, comme il a pu le constater ces derniers jours. Quelque fois, il n’a pas l’impression de revenir d’un an passé à Sydney. Comme si Island Bay était comme il l’avait laissé. Il sait toujours parfaitement bien le nom des rues, des lieux importants. Où se trouve la section « Thriller » dans la librairie du coin. Quels sont les magasins toujours ouverts après 22heures – Il n’y a que ce fichu menu de coffee shop, que, pour une raison ou une autre, son cerveau a refusé de soigneusement stocker dans les souvenirs archivés en attendant son retour à Island Bay. Ont-ils rajouté des nouveaux thés, depuis l’année dernière ? Il ne saurait le dire.

Mais il sait pourtant bien que ce n’est pas le cas. Island Bay en lui-même n’a peut-être pas beaucoup changé, mais les gens qui y habitent, si. Et d’une certaine manière, cela suffit à rendre l’endroit vaguement moins familier. Ces moments où il se sent à sa place s’alternent avec certains sentiments moins plaisants. Cette boule au ventre, à chaque fois qu’il revoit un ami ou connaissance. Leur amitié est-elle toujours intacte, malgré son départ précipité et inattendu ? Et comme pour souligner cela, il y a ses cheveux, maintenant teints en noir, dont personne n’a manqué d’en faire la remarque, bien évidemment. Il s’y attendait alors il le prend avec humour à chaque fois, même s’il doit avouer que la façon que certains ont d’exagérer leur surprise puisse être agaçante.

Rentrer à Island Bay a été comme rentrer à la maison. Mais si un inconnu y avait vécu à sa place durant son absence, et avait réarrangé certaines choses à l’intérieur, comme bon lui semblait.

« Bonjour. Désolé, j’ai pas encore choisi… Trop déstabilisé par tous les choix, » il plaisante avec un léger sourire, afin d’apaiser la vendeuse -ou lui faire du charme, oui, on peut aussi appeler ça comme ça-, et le regard insistant qu’elle lui lance.

Oui, c’est vrai, qu'on a beaucoup de choix

Les gens derrière Travis ne doivent pas penser la même chose, cela dit. Il ne se retournera pas pour vérifier, mais la file d’attente derrière lui ne peut faire que s’agrandir, et cette façon qu'il a de rester parfaitement calme même si, apparament, il sait qu'il est un peu long, a de quoi en agacer plus d'un.

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« you, out of all people »

I don't know if we each have a destiny, or if we're all just floating around accidental - like on a breeze, but I think maybe it's both. Maybe both is happening at the same time. If there's anything you need, I won't be far away. © .bizzle

Iris vérifiait une dizaine de fois son sac, main plongée à l'intérieur pour s'assurer que les clés de son appartement étaient bien dans la petite poche de d'habitude. La journée était enfin terminée et le dessous de ses pieds brûlaient tellement qu'il était difficile pour elle de se déplacer encore quelques mètres de plus. Seulement, la jeune femme eut la merveilleuse idée ce matin de se rendre à son travail à vélo. Soupirant faiblement en attachant ses cheveux en chignon haut, Iris retira le cadenas protégeant son vélo d'un vol à une poutre devant le musée. La blonde salua une dernière fois ses collègues de travail avant de prendre la route pour aller dans son café préféré tant elle avait besoin de se décompresser hors de son appartement.

Les écouteurs aux oreilles et diffusant la chanson Slide de Calvin Harris à un volume bien plus élevé que la normale, Iris traversa la ville en pédalant le regard pétillant de bonheur. Malgré la douleur qu'elle pouvait ressentir à ses pieds, rien ne pouvait gâcher ses soirées. L'hiver avait plongé le pays dans un froid glacial mais au lieu de prendre sa voiture, la jeune femme avait tendance à préférer se déplacer à vélo pour découvrir encore et encore cette merveilleuse ville. Quelques minutes après avoir quitté son lieu de travail et son poste d'hôtesse d'accueil au musée, Iris sauta hors de son vélo en arrivant devant le fameux café qu'elle adorait plus particulièrement. Elle attrapa à nouveau son cadenas pour sécuriser son moyen de transport et vérifia à plusieurs reprises s'il était bien attaché. Iris en avait vécu des vols depuis son adolescence mais ce vélo, elle y tenait particulièrement puisqu'elle l'avait convoité durant plusieurs mois. D'un pas assuré, la jeune femme poussa la porte qui sonna lors de son entrée et observa légèrement les clients tardifs de ses yeux verts. Iris en reconnaissant deux ou trois, sans hésitation ils étaient des habitués mais étaient de parfaits inconnus pour elle. Hors de question de les aborder.

Son visage se tournait rapidement vers les menus fixés contre le mur derrière le comptoir. Habituée au café, Iris hésitait pourtant entre du thé noir à la cannelle et du thé à la camomille parfumé au miel. Retirant ses écouteurs de ses oreilles et les rangeant dans son sac, la blonde vérifia ses derniers messages envoyés par quelques amis. Rien d’intéressant, seulement des invitations pour sortir encore. La jeune femme répondit rapidement en déclinant et préférant sans aucun doute rester seule ce soir pour se détendre. Elle verrouilla à nouveau son téléphone et patientait son tour, trois personnes étaient devant elle et plutôt rapides, les serveurs finissaient rapidement avec les clients.

Sauf avec celui devant elle. Cela faisait une petite dizaine de minutes que le client aux cheveux noirs essayait de faire un choix. Iris se retourna légèrement pour regarder la file d'attente et plus elle attendait, plus la queue se faisait plus longue. Les gens riaient en se racontant des anecdotes, d'autres pianotaient sur leurs téléphones. Aucune de ces personnes n'avaient l'air embêté par cette situation excepté elle, devenant plus impatiente que jamais. « Bonjour. Désolé, j’ai pas encore choisi… Trop déstabilisé par tous les choix. » s'exprimait-il à la vendeuse plutôt charmeur. « Mais il la drague en plus ! » se disait Iris consternée en tapant du pied. Ses yeux se posèrent rapidement sur la vendeuse qui répondait à son tour. « Oh non c'est trop, je ne vais pas regarder ça pendant quinze minutes de plus. » pensait-elle en tapotant l'épaule du client. « Excusez-moi, je sais que ça ne me regarde absolument pas mais il y a des gens qui attendent. » disait-elle poliment et plutôt embarrassée. « Draguez-la à la fermeture ou invitez-la mais s'il vous plaît vous pouvez faire vite ? J'ai mal aux pieds à force de rester debout depuis ce matin.» ajouta-t-elle à nouveau plus discrètement l'air suppliant. Choses qui ne devaient sûrement pas l’intéresser mais c'était avec espoir qu'elle se disait qu'il allait faire vite.

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you, out of all people

Et soudain, une tape sur son épaule.

Il aurait dû s’en douter, il y aurait bien au moins une personne trop pressée dans la foule, sûrement quelqu’un de seul comme lui, mais qui a des obligations de travail et qui doit se dépêcher. Ce qui n’est pas son cas, étant donné qu’il a simplement prévu de s’asseoir au café et de rester le temps qu’il lui faudra pour finir son commentaire littéraire.

je sais que ça ne me regarde absolument pas mais il y a des gens qui attendent.
Il ne peut évidemment pas lui en vouloir, sachant d’entrée qu’il était le fautif pour ne pas avoir fait son choix plus tôt.
Draguez-la à la fermeture ou invitez-la mais s'il vous plaît vous pouvez faire vite ?

Il fronce les sourcils, un peu frustré. Draguer ? Ça n’était pas vraiment son intention. Juste, disons, un beau sourire et des belles paroles, pour éviter que la vendeuse s’impatiente aussi. Il jette un rapide regard à la vendeuse. Elle semble fixer la jeune femme d’un air impatient, un peu froid, comme si elle remet maintenant la faute de la file qui n’avance pas sur cette autre fille. C’est vrai qu’elle a l’air limite jalouse. Peut-être qu’elle s’attendait à ce que ça aille plus loin, et qu’elle en veut à cette inconnue pour avoir gâché sa chance.

J'ai mal aux pieds à force de rester debout depuis ce matin..

Il s’attendait néanmoins, si quelqu’un le remettait à sa place, à tomber sur une personne plus irritée. Il apprécie qu’elle reste calme et polie, on dirait même dans le ton de sa voix qu’elle s’excuse d’avance pour être intervenue, bien qu’elle ait été très direct dans ses mots, un mélange bizarre. Il ne lui en faut pas beaucoup pour prendre pitié des gens, et il commence à se dire que cette femme a peut-être eu une mauvaise journée. Il fait un pas sur le côté.

- Ah non, mais c’est pas ce que vous croyez—désolé. Passez devant si vous-- commence Travis, soucieux de ne laisser aucune tension s’installer. Il préfère admettre sa faute.

Il se retourne vers son interlocutrice alors qu’il se pousse pour la laisser passer devant, et soudain, se fige. Ses yeux s’écarquillent, comme s’il venait de voir un fantôme. C’est elle. Quasiment comme voir un fantôme. Il sent ses entrailles se serrer, comprimés, impossible de respirer. Directement, hésitation aucune, il la reconnaît. Elle n’a pas changé. Très peu. Il se demande même comment il n’a pas reconnu sa voix plus tôt. Il s’était imaginé la recroiser de centaines, non, de milliers de façons différentes, mais aucune de ses versions n’incluait au hasard, dans la file d’un café, juste après qu’il ait fait du charme à la vendeuse. C’était futile de croire qu’il aurait le temps de s’y préparer. Il l’observe, détaille son visage.

Travis est rapide à s’en remettre, du moins d’apparence. Comme un chat, il retombe toujours sur ses pattes.

« si tu veux… il se corrige lentement.

Il finit de s’écarter pour la laisser passer, mais une seconde personne agacée se presse devant quand elle voit qu’aucun d’eux deux ne passe leur commande. Travis ne réagit pas, à vrai dire, il a toujours autant l’impression de suffoquer. Mais il ne le laissera pas paraître, malgré la surprise toujours apparente sur son visage. Il laisse s’échapper un faible rire incrédule.

Tu me vouvoies, maintenant ? »

Vite, de l’humour, pour camoufler à quel point il était tout retourné il n’y a même pas quelques secondes. Et aussi un peu, une façon de dire, salut, tu vois, je vais parfaitement bien, maintenant.
Pourtant, il sait qu’Iris ne le connaît que trop bien, et qu’elle n’aura aucun mal à voir au travers. Du moins, c’était comme ça avant qu’ils ne se quittent.

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« you, out of all people »

I don't know if we each have a destiny, or if we're all just floating around accidental - like on a breeze, but I think maybe it's both. Maybe both is happening at the same time. If there's anything you need, I won't be far away. © .bizzle

En pensant à son lit qui l'attendait impatiemment, Iris soupira de bonheur tant elle avait envie de s'allonger dans un large jogging appartenant sans aucun doute à un de ses frères. Avec des journées chargées comme celle-ci, la blonde avait très peu de temps pour elle et c'est pourquoi les minutes lui étaient précieuses. Apparemment pas pour le jeune homme devant elle. Il lui arrivait de temps en temps d'attendre de longues minutes mais les personnes indécises laissaient toujours passer les autres pour ne pas déranger. Ce qui était drôle, sans doute, avec lui était du fait qu'il avait l'air légèrement perdu face à tous ces choix qui s'offraient à lui. Une petite aide aurait pu lui servir mais Iris n'était pas d'humeur à guider des touristes aujourd'hui. « Donnez-moi mon thé et ensuite je m'en vais. » pensa-t-elle en tapotant son bras impatiente.

Lorsqu'elle se décida enfin de se faire remarquer en interpellant le client devant elle, la jeune femme était plutôt embarrassée de lui demander de se dépêcher comme si un taxi l'attendait et que le tarif de la course allait sensiblement augmenter. « Ah non, mais c’est pas ce que vous croyez—désolé. Passez devant si vous... » Alors que le jeune homme se retourna avant de finir ses excuses, Iris releva instinctivement ses yeux verts pour les poser dans les siens. Elle connaissait que trop bien ce regard, un regard qu'elle avait longtemps admiré durant de longues minutes si ce n'est de longues heures. Le visage confus, les sourcils froncés et sans cacher son étonnement, Iris aurait voulu lui sauter dans les bras et le gifler à la fois. Autant de violence dans un corps si fin n'aurait jamais pu blesser celui qu'elle a aimé pendant plusieurs années. La jeune femme s'était retrouvée ici, plantée devant Travis sans dire un seul mot alors qu'elle aurait voulu en dire beaucoup plus. « C'est pour maintenant ou vous hésitez encore ? » lança la serveuse à l'attention de la blonde plus sèchement. Iris se rendit compte qu'elle avait sans doute gâché l'opportunité pour la serveuse de sortir avec Travis mais peu importe, aucun son ne pouvait sortir de son corps et encore mois détacher son regard de son ex petit-ami. Il avait changé, physiquement, en mieux peut-être ? Elle refusa néanmoins d'avoir de pensées beaucoup trop positives à son égard et en un court instant, tout ce qu'ils avaient vécu tous les deux remontèrent à la surface comme si les larmes allaient couler. « si tu veux… disait-il en terminant sa phrase.

C'était comme un volcan en éruption, un mélange de vodka et de tequila en même temps qu'elle avala une centaine de fois sans avoir au préalable mangé, un ogre dévorant son coeur avec plaisir ou même des montagnes russes qui duraient de très longues minutes. C'était des sentiments mélangés et puissants qu'elle aurait aimé ne pas ressentir à ce moment précis. Il n'y a pas un seul jour où la jeune femme ne se demandait pas comment il allait, pas une seule minute ou elle essayait d'imaginer son visage dans toutes les formes différentes : rides, cicatrices, fatigue. Ça ne faisait qu'un an et pourtant tellement de choses avaient changé. Comme si elle était face à un inconnu sans pour autant l'être totalement. « Tu me vouvoies, maintenant ? » disait-il amusé. Il fallait qu'elle réponde, de suite pour ne pas lui faire sentir quelconque émotion. Elle racla sa gorge en préparant ses mots et c'était d'autant plus facile lorsqu'elle réalisa qu'il était toujours aussi doux et drôle malgré elle. « Bah écoute c'est pas de ma faute si tu as vieilli en si peu de temps. » avoua-t-elle sur le ton de la rigolade. Elle aurait voulu se gifler pour être aussi indélicate et d'avoir sorti de telles sottises. Travis était brun maintenant, un noir qui lui allait à la perfection mais ce qu'elle refusa d'admettre ou encore pire, le dire à voix haute. Iris voulait lui montrer qu'elle allait bien, que tout était terminé et qu'elle avait enfin réussi à tirer un trait définitif sur leur histoire tumultueuse. Elle avait, en quelque sorte, réussi à l'oublier mais comment effacer tout ce qu'ils avaient vécu ? Comment oublier ce visage qu'elle aimait tant ? Il avait l'air heureux, du moins, il semblait être bien. « Je pensais que les requins d'Australie t'avaient mangé, je leur avait laissé un petit mot mais t'as dû faire ami-ami avec eux pour qu'ils t'aient laissé en vie. » riait-elle sincèrement en aimant l'embêter. Iris n'était pas triste de l'avoir revu après autant de mois d'absence, elle ressentait plutôt une nostalgie et quelque chose d'incompréhensible encore pour elle. « T'as grandi. » Faux. Il avait toujours la même taille mais les mots qu'elle venaient de cracher à l'instant même était rempli de peur et de stress.

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you, out of all people

- Bah écoute c'est pas de ma faute si tu as vieilli en si peu de temps.

- Ca fait qu'un an, pas dix. Il lui répond avec un sourire affectueux, empreint d'une douceur spéciale, qui longtemps n'a été réservé qu'à Iris. Il ne peut pas s'en empêcher, c'est resté un réflexe.

Il n'est pas vexé, évidemment, il est content que l'échange entre eux soit si léger, malgré les fortes émotions qui remuent toujours en ce moment-même son coeur et le maltraite.
Mais pourtant, il sait que ce n'est pas vrai. Un an, c'est long, affreusement long, et il serait le premier à admettre que le Travis qu'Iris a quitté il y a presque un an n'est plus exactement le même que maintenant. Il en vient à se demander si c'est la même chose pour Iris. Elle a l'air plus sereine. Et ça ne la rend que plus belle. Pensée qu'il préfère chasser immédiatement de son esprit.

- Je pensais que les requins d'Australie t'avaient mangé, je leur avait laissé un petit mot mais t'as dû faire ami-ami avec eux pour qu'ils t'aient laissé en vie.

Il avait oublié pourquoi il n'avait jamais cessé de revenir vers elle. Pourquoi malgré les insultes qu'ils se lançaient, les sales coups qu'ils se faisaient, et toutes les fois où il s'était dit "là, ça dépasse les limites", il finissait invariablement par accepter ses excuses, et fermer les yeux sur toutes les choses malsaines qu'ils avaient pu faire.
Dès qu'elle lui répond avec ce ton moqueur, yeux verts pétillants fixés sur lui, illumination soudaine, il se rappelle parfaitement pourquoi. Pendant une poignée de secondes, il se sent bien. A sa place, chez lui. C'est le son de sa voix, son visage si familier, et ces bribes de complicité qu'il reste entre eux, qu'ils n'ont évidemment jamais perdu malgré tout. Un lien si fort ne disparaît pas comme ça, même après un an, même après dix.
Et puis, l'instant passe, beaucoup trop vite, il remarque la gêne entre eux, comme ils se tiennent tous les deux à une certaine distance, comme ils ont tous les deux l'air de retenir quelque chose, quelque chose d'énorme comme une tornade, mais n'en disent rien. Ils sont des étrangers et des vieux amis, les deux à la fois.

- Ouais, ça m'a pris du temps, mais j'ai réussi à les convaincre de pas me manger. J'ai le titre de requin honorifique maintenant, et tout. J'ai ruiné ton plan, je sais.

- T'as grandi

Ce commentaire le surprend. Il n'en a pas l'impression, et il a du mal à savoir si Iris plaisante toujours ou pas. Faute de savoir vraiment, il garde le même ton léger.

- Pas toi.

Il regarde rapidement vers le comptoir et la vendeuse, qui est passée à un autre client pendant qu'ils se saluaient et se vannaient. Mais il ne doute pas qu'il pourrait se permettre de repasser rapidement devant pour faire sa commande, vu qu'elle semble bien l'apprécier.

- Hé, tu voulais commander quoi ? Je crois que j'ai choisi aussi. Je paie. Pour me faire pardonner de draguer les serveuses pendant que tu souffres derrière ?

Comme ça, tu peux aller t'asseoir. »

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I don't know if we each have a destiny, or if we're all just floating around accidental - like on a breeze, but I think maybe it's both. Maybe both is happening at the same time. If there's anything you need, I won't be far away. © .bizzle

Iris n'avait jamais eu l'impression de paraître ridicule aux yeux de Travis. Il avait l'habitude de la connaître mieux que quiconque et était une des seules personnes à savoir comment gérer ses émotions lorsqu'elle était en colère ou au contraire, trop joyeuse. C'était il y a tout juste un an et pourtant Iris avait la sensation de ne l'avoir pas vu depuis cinq ans. « Ca fait qu'un an, pas dix. » répliqua le jeune homme lorsqu'elle lui dit qu'il avait vieilli. Elle adorait le taquiner, peu importe les circonstances dans lesquelles ils se retrouvaient, elle le faisait naturellement. Un léger rire s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle continua de le regarder, encore un petit instant. Ce visage familier lui faisait le plus grand bien mais la torturait également en même temps. C'était une sensation étrange au fond d'elle qui s'agitait alors que la blonde essayait de retenir son souffle. Travis arrivait toujours à la faire sourire même lorsque les choses devenaient compliquées.

« Ouais, ça m'a pris du temps, mais j'ai réussi à les convaincre de ne pas me manger. J'ai le titre de requin honorifique maintenant, et tout. J'ai ruiné ton plan, je sais. » répondit-il ce qui provoqua un second rire de la jeune femme. Elle aimait lorsqu'il rentrait dans ce jeu. Et même si ce qu'elle avait dit quelques secondes plus tôt auraient pu sembler être des menaces, Travis trouvait toujours un moyen de prendre ça à la légère. En y réfléchissant, c'était peut-être pour ça qu'ils s'entendaient aussi bien. L'un provoque et l'autre répond dans un ton humoristique. Le temps passe mais presque rien n'avait changé entre eux. D'un côté ça la rassurait mais de l'autre, Iris semblait inquiète de ce qu'ils allaient devenir après le retour du jeune homme.

Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Bien sûr qu'il n'avait pas grandi. Ils avaient passé l'âge de doubler leur croissance mais de nature maladroite, Iris n'avait pas réfléchi à ses dires tant le stress se propageait dans tout son corps. La blonde ne savait pas comment se comporter face à lui, ils avaient l'habitude d'agir comme un couple lorsqu'ils étaient ensemble et malgré même leur amitié avant leur relation amoureuse. Iris ne savait plus comment c'était d'être amie avec Travis et les quelques mots qui fuyaient hors de ses lèvres avaient tendance à être incohérentes. « Pas toi. » répondit-il à sa phrase dans un rire. Automatiquement, la jeune femme souriait à son rire qui l'avait tant manqué. Elle cherchait constamment à le faire rire lorsqu'ils étaient encore ensemble, peut-être pour se rassurer et s'avouer que tout allait très bien entre eux malgré leurs nombreuses violentes disputes. Ils riaient plus qu'ils ne pleuraient même si la limite était très juste.

Cette colère qu'Iris ressentait au fond d'elle, le fait qu'il ne l'avait pas prévenu de son retour en ville même s'ils ne formaient plus un couple, s'évaporait au fur et à mesure que les minutes passaient. C'était encore douloureux certes mais moins que lorsqu'elle le reconnu plus tôt. Les yeux de la blonde suivaient ceux du garçon qui se posèrent sur la serveuse préparant la commande d'un autre client. C'était plutôt vexant d'ailleurs, de voir que leur tour était passé. Iris fronçait légèrement des sourcils en regardant à nouveau Travis qui ne quittait pas des yeux la serveuse puis sur cette dernière. Cela lui rappelait de nombreux souvenirs, de mauvais souvenirs. La jeune femme avait tendance à exagérer les choses et à s'imaginer n'importe quoi lorsqu'elle le voyait regarder une autre fille. Iris était paranoïaque lorsqu'ils étaient ensemble et la jalousie l'envahissait à tel point qu'ils en venaient souvent aux mains. C'était toxique, envahissant, ingérable, insoutenable mais tellement fort. La serveuse et lui se connaissaient. Il n'y avait aucun doute.

Elle chassa cette pensée en secouant légèrement la tête. « Hé, tu voulais commander quoi ? Je crois que j'ai choisi aussi. Je paie. Pour me faire pardonner de draguer les serveuses pendant que tu souffres derrière ? » exprimait-il en la faisant revenir de sa rêverie. « Comme ça, tu peux aller t'asseoir. » ajouta-t-il rapidement. En arrivant, Iris pensait commander rapidement son thé et se réfugier dans son appartement mais ses plans avaient changé lorsqu'elle réalisa que Travis était de retour. Elle lui souriait d'un sourire sincère en le regardant. « Je ne pensais pas te trouver ici en train de draguer une serveuse pendant que mes jambes me suppliaient de se reposer. » riait-elle. « Mais de base je voulais prendre un thé noir à la cannelle. » disait la blonde. « C'est aussi un moyen pour te faire pardonner de ton incivilité. » ajouta-t-elle en faisant une petite moue fière. « Je vais chercher une place. Ne t'enfuis pas avec mon thé s'il te plaît. » murmurait-elle en ouvrant ses bras pour les enrouler autour de Travis comme une enfant et le serra que légèrement. La jeune femme évita de se rappeler ce que c'était de se retrouver collée à lui et décida de s'écarter rapidement. « Merci. » disait-elle en souriant avant de se faufiler entre les chaises pour s'asseoir près de la baie vitrée.

Une fois assise, Iris soupira longuement en glissant ses mains sur son visage rapidement et discrètement en pensant à voix-haute. « Je suis foutue. »

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