drunk and naked › (dougie)

Tu traines les pieds en soupirant alors que tu remontes péniblement Center Bay. Un coup à droite, un coup à gauche, tu es incapable d’aller tout droit, mais tu t’en fiches. Il y a plus important pour le moment et de toute façon, tu n’es pas en voiture. Parfois, tu te désespères, mais pas ce soir. Enfin pas totalement. Tu te sens maudite, ça c’est clair, mais au moins, tu n’as pas fait de connerie. Ce n’était pas le bon non plus. Pour changer. Si ça continue comme ça, tu vas vraiment finir par te demander s’il y a un homme quelque part fait rien que pour toi. Tu ne crois pas au prince charmant. Ah ça, non. Mais tu aimerais bien vivre quelque chose de réel et de durable avec quelqu’un. C’est quand même pas trop demandé, si ? Tu n’es pourtant pas si difficile que ça… Tu soupires à nouveau en dépassant ton immeuble. Ce soir, tu ne rentres pas chez toi. T’as envie de raconter ta vie et d’emmerder quelqu’un. En même temps, il est trois heures du matin, tu pourrais emmerder n’importe qui. Tu traines ta carcasse imbibée d’alcool jusqu’au bon numéro, tu tapes le code d’entrée et tu entres. Tu montes difficilement les escaliers en te tirant avec tes bras sur la rambarde. T’as l’air vachement fine comme ça. Arrivée au bon étage, tu fais très attention à ne pas faire de bruit. Tu te fiches pas mal de réveiller Dougie, de toute façon, c’est dans tes plans ; mais l’espionne envoyée par la mafia rouge pour te ramener en Russie, si elle pouvait continuer de dormir à point fermés, ça t’arrangerait bien. Tu te dis que t’es quand même grave parano, mais t’y peux rien. T’es sûre qu’elle est louche celle-là. Tu t’assois au ralenti sur la deuxième marche de l’escalier pour monter à l’étage suivant et tu entreprends de chercher ton trousseau de clés. Et vu le bordel dans ton sac, ce n’est clairement pas une mince affaire. Trouvé ! Tu brandis la clé de l’appartement au-dessus de ta tête comme si tu avais une audience et que tu venais de faire un truc de dingue. Tu titubes à moitié en te relevant, cependant tu tiens bon et réussis à conserver ton équilibre. T’as l’impression d’être une superhéroïne ce soir. Tu pénètres dans l’appartement et refermes la porte le plus discrètement que possible. Tu retires tes chaussures, ta veste et tu prends une grande inspiration. Gosh, ça pue. Sans allumer la lumière et en évitant tous les obstacles, tu atteins la salle de bain et commences à te déshabiller. Totalement sans gêne. Pour changer. Mais d’un autre côté, tu te dis que quittes à venir embêter Dougie en pleine nuit, autant ne pas sentir le bouc. Après avoir pris une bonne douche, tu pars chercher ta brosse à dent dans ton sac avant de revenir lui piquer du dentifrice. Et hop, l’haleine fraiche. Tu es persuadée d’avoir oublié quelque chose, mais tu es incapable de mettre le doigt dessus. Bof, tant pis. Tu pousses la porte de la chambre de Dougie. Pénélope ronfle paisiblement au pied du lit de son maitre. Ce qu’elle est mignonne Pénélope quand même, penses-tu en souriant bêtement. Tu te places au bout du lit, écartes les bras en éventail et tombes comme une merde sur le lit en criant : « BOUYAAAAAAAAAAAAH ! » Le bouclé fait un bond dans son lit et tu exploses de rire. En te tordant dans tous les sens, tu captes ce que tu as oublié de faire en sortant de la douche… T’habiller. Oups. « Dis Dougidoug, tu m’prêtes un tee-shirt ? J’ai froid. » T’affiches une petite moue triste avant de te remettre à rire bêtement. T’es vraiment à jeter.

Totalement tordue sur le lit de Dougie, tu le regardes se lever pour te trouver quelque chose à te mettre sur le dos. Tu fais chier, qu’il dit. Ben oui, c’est bien le but, penses-tu en riant de plus belle. Ce que t’aime bien avec Dougie, c’est que vous êtes vraiment amis. Sans aucune ambiguïté, je veux dire. Là maintenant tout de suite, tu es nue sur son lit et il réagit comme si t’étais sa sœur. Enfin, c’est ce que tu imagines parce que tu n’as jamais vu Anna nue devant lui, et d’ailleurs ce serait vraiment bizarre. Tu grimaces à cette idée alors qu’un tee-shirt atterri sur ta tête. Tu glousses, puis l’enfiles rapidement. « L’est p’t’être pas propre, mais l’est confortable. » dis-tu en t’étalant sur le dos. Tu fais l’étoile de mer alors que ton meilleur ami reprend place dans son lit. Seulement, il se relève presque aussitôt. « Qu’est-ce qu… » Dougie se retourne et te lance à nouveau quelque chose en pleine tête. Tu grognes avant de réaliser qu’il s’agit d’un caleçon. « Et lui est propre ! » Tu esquisses un grand sourire tout en passant tes jambes dans les trous puis en tirant dessus pour le remonter jusqu’à tes fesses. « Tu penses vraiment à tout, t’es l’homme parfait ! » C’est vrai que c’est l’homme parfait ton Sven, sauf que ce n’est pas ton Olaf et que tu n’es pas son Olaf. Tu ne pourrais même pas l’imaginer. Ce serait trop… beurk.

De nouveau à tes côtés dans son lit, Dougie craque sa nuque et le son te donne un frisson qui remonte tout le long de ta colonne vertébrale. Tu n’aimes vraiment pas ça. Même quand ce sont tes articulations qui craquent d’ailleurs. « Je sais pas si je dois te remercier pour avoir interrompue ce rêve ... » Tu as fini de rire depuis quelques minutes déjà, tu es juste allongée sur le dos à regarder le plafond qui tourne un peu mais pas trop. Tu as bien bu ce soir, mais pas au point de te rendre malade. Tu roules sur le côté, puis sur le ventre en faisant bien attention de ne pas tomber du lit. Appuyée sur tes coudes, tu regardes Dougie avec un regard intriguée. « C’était quoiii ? Un rêve érotique avec un bonhomme de neige ? » demandes-tu très sérieusement, c’est d’ailleurs ce qui fait peur. Puis en y repensant tu secoues la tête. Bvrr, ça doit faire froid, songes-tu. Tu te demandes s’il va te raconter son rêve, t’aimerais bien. T’adore écouter des histoires.

« Bon, c'était dû à quoi ce soir ? » te demande-t-il en t’ouvrant ses bras. Sans réfléchir, tu sautes sur l’occasion et viens te fourrer dans ses bras. Tu adores les câlins. Surtout ceux de Dougie et Chris, bien que tu préfères peut-être un peu plus ceux du blond, mais ça, tu prends bien soin de te le garder pour toi. Repensant à la question posée, tu soupires. « J’ai failli me faire rouler. » Tu lèves les yeux au ciel en repensant à ta soirée et au connard. Tu prends une grande inspiration, et dans une voix, mi triste, mi désespérée, tu te lances dans le récit de ta soirée. « J’ai été prendre un verre dans un bar et y’a un gars qui m’en a offert un autre. Du coup, on a discuté, et une chose en entrainant une autre, bah tu sais… Il m’a ramenée chez lui. Son appart était cool, sauf que quand on est arrivés dans sa chambre, j’ai vu les photos… » Tu soupires une nouvelle fois. « Il était avec une autre blonde et ils semblaient vachement heureux. Du coup, je l’ai giflé et je suis partie. » Tu marques une petite pause avant d’ajouter : « S’amuser, je veux bien. Se servir de moi pour tromper sa copine… non. » Tu as conscience que tu flânes beaucoup et même un peu trop, Pauline te le dit même tout le temps. Mais tu as quand même des principes et les gars en couple, fiancés ou mariés, t’en veux pas. Tu ne veux pas être la nana qu’on surprend au pieu avec son mec. Ça te rendrait presque malade.

« Ouais bah en attendant t'as d'la chance que l'homme parfait soit célib ! » Tu pouffes. Comme si un Olaf pouvait t’empêcher de venir embêter ton Sven. Et puis quoi encore ! T’façon, s’il choisit un Olaf que tu n’aimes pas, tu auras bien vite fait de le dégager. Toi, tu veux une copine, une fille cool qui sait que t’es bizarre et pas très net, mais qui t’apprécie quand même. Il a intérêt à faire une pêche fructueuse. « Tiens en parlant de ça, c’est quand que tu nous la présentes ? » Tu montes et descends tes sourcils avec un petit sourire en coin. Bien sûr, il ne voit que dalle, mais ça s’entend dans ta voix. Tu enchaines avant même qu’il n’ait le temps de nier quoi que ce soit. « Et me prends pas pour un brocoli ! Avec Anna, on a mené notre enquête… et je SAIS qu’il y a un Olaf ! » Tu croises tes bras sur ta poitrine ce qui semble totalement ridicule vu que tu es allongée… sur le ventre. D’ailleurs, ta tête s’enfonce dans l’oreiller et tu manques de t’étouffer. Tu roules sur le côté en toussant bêtement. Pff, manquait plus que ça, que son oreiller veuille te noyer… t’étrangler ? Fin te tuer, quoi ! Dougie doit surement se demander ce que tu fabriques… ou pas. Remarque, à t’avoir comme meilleure amie, il doit avoir l’habitude.

Tu t’es redressée en écoutant son rêve et tu le regardes perplexe. Tu as beau être bourrée, les connexions cheloues pour mettre en place tout ça dans ta tête ne se font pas. Non, c’est juste trop bizarre pour toi. Tu restes bloquée pendant un moment comme ça, à essayer de trouver quelque chose de logique, mais rien. « Ouais, non il était pas intéressant, j'ai dû faire un bad-trip avant de dormir. » Pas intéressant ? Ce n’est pas ce que tu aurais dit. Tu trouves ça relativement intriguant. Quant au bad-trip, tu ne peux qu’approuver. « Tu sais qu’t’es pire que moi pour une fois… » penses-tu tout haut avant de bailler aux corneilles. C’est que t’es quand même vachement fatiguée. Tu sens tes petites paupières se fermer sous le poids de la fatigue. Seulement, tu tiens bon. Tu n’as pas envie de dormir. Pas tout de suite en tout cas.

Tu lui racontes ta soirée qui pour le coup était assez désastreuse avant d’aller loger ta tête dans son cou. En vrai, tu es plus triste que tu le laisses paraitre. Tu ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Ce n’était qu’un mec parmi tant d’autres. Parfois, tu te dis que Pauline a raison, que tu devrais te calmer un peu sur les rencontres. « Pourquoi tu m'as pas appelé ? J'serai venu te chercher plutôt que tu rentres à pieds ! Il t'a rien fait au moins ? » Tu écartes ta tête de sa peau brulante pour lui répondre et décides ensuite de rester comme ça. Tu es bien avec lui. Sa présence te rassure. C’est surement pour cette raison que tu es venue le voir cette nuit. « Mais je connais le chemin ! Et puis j’aime marcher. » réponds-tu d’abord avant de poursuivre. « Non, rien. Et puis, je sais me défendre, tu sais. » Tu réalises qu’en fait non, il ne sait pas. Il ne sait pas que tu prends des cours de combat et de self-défense. Tu t’es bien privée de le dire aux garçons. Tu sais que ça les rassurerait de savoir que tu es capable d’envoyer un gars relou au tapis, mais tu sais que ça leur paraitrait bizarre. Tu as horreur du sport et encore plus de la violence alors pourquoi est-ce que tu t’infligerais ça ? Du coup, tu ne leur dis rien. Ce n’est pas une information très importante de toute façon. Dougie t’embrasse le front et tu fermes les yeux. « Encore un pauvre type, qui ne sait pas ce qu'il perd ! Tu verras que ton Olaf se cache quelque part, il attend juste que tu le trouves ! » Tu esquisses un sourire en l’entendant parler d’Olaf. Depuis quand est-ce qu’il reprend tes idées débiles ? Parce que oui, même toi, tu as conscience que tes idées sont vraiment débiles. Néanmoins, tu aimes bien alors tu continues. Tu hausses les épaules. Tu commences sérieusement à douter qu’il y ait quelqu’un pour toi dans la nature. Au bout de vingt-huit ans, tu te dis que tu devrais déjà l’avoir trouvé sinon. Non, tu n’es pas vraiment de ces romantiques qui pensent que même à quatre-vingt-quatorze ans, tu peux encore trouver l’âme-sœur. « On verra bien. » finis-tu par répondre. « Et puis tu mérites bien mieux que ça ! C'est vrai quoi, t'es Ellie ou non ? T'es pas le genre de meuf qu'on choppe dans un bar ! » Hm… tu lèves les yeux au plafond, te disant que pourtant, ça t’es arrivé plus d’une fois. Tu soupires, pas très convaincue par ce que ton meilleur ami te raconte. Tu t’écartes un peu plus de lui pour te redresser sur ton coude droit, alors qu’il en rajoute peu. Tu le connais, tu sais que les infidèles le rendent malade et tu t’en voudrais presque d’avoir amené le sujet. Tu voulais tout sauf lui rappeler ce qu’il a vécu avec Eva. Tu te mords la lèvre inférieure mais ne réponds rien à sa remarque. Néanmoins, quelque chose te tracasse. « Dis… est-ce que tu trouves que j’suis une fille facile ? » demandes-tu d’une petite voix à la fois timide et sérieuse. Tu te dis que tu es tellement pressée de trouver l’amour que tu te laisses peut-être aller trop facilement… principes ou pas principes.

Il se fout de toi. Il se fout totalement de toi. Non mais c’est quoi cette histoire d’oignon. Qu'il dise que tu lui piques les yeux aussi pendant qu’on y est. Et puis la tomate, ce n’est même pas un légume. Tu le fixes avec un regard mauvais. Celui que tu fais quand tu boudes à moitié. Celui qu’on qualifie de mignon, ce qui t’agace profondément car évidement, ton but n’est pas d’être mignonne quand tu fais ce regard-là. Bah voilà, maintenant, tu es une courgette. Tu es verte, comme un brocoli, sauf que contrairement au brocoli, la courgette, t’aimes pas ça du tout. Sauf dans la ratatouille. Tu attrapes l’oreiller qui est sous ta tête et le frappes de toutes tes forces. « Vois un peu c’qu’elle te fait la courgette ! » râles-tu alors que tu récupères l’oreiller pour le remettre à sa place. Pas question qu’il le garde. En plus, il sent trop bon… l’oreiller, pas Sven. ‘Fin t’en sais rien, t’as pas encore été le renifler. « Non y a pas d'Olaf, fin … non ! » Ah ? Sa réponse te fait sourire, tu avais raison ! Tu le savais et t’en es fière. T’as envie de le mitrailler de questions mais la fatigue commence vraiment à se faire sentir, et au moment où tu ouvres la bouche, il enchaine. « Puis arrête de t'introduire dans ma tête. » Tu comprends que tu n’obtiendras rien de lui ce soir. Dans d’autres circonstances, tu l’aurais cuisiné à la cocotte-minute et il n’aurait pas pu te résister, mais là, tu as bu. Tu n’es pas en mode full capacity… mais ça viendra. Ce n’est qu’une question de temps. Il ne perd rien pour attendre. Tu laisses échapper un bâillement à t’en décrocher la mâchoire. Aoutch, ça doit faire mal ça.

« Bah non j'sais pas et puis même c'est pas une raison pour prendre des risques pour un lapin crétin qui n'en vaut pas la peine ! » Non, il ne sait pas et tu le sais, mais bon c’est comme ça. Et puis de toute façon, ce n’est pas la première fois qu’il te dit de l’appeler si jamais tu te retrouves dans une situation bizarre ou malsaine, mais comme d’habitude, tu n’en fais qu’à ta tête. Tu l’aimes ton Dougie mais tu ne veux vraiment pas le déranger. Enfin… le faire chier en pleine nuit, oui. Le sortir de son lit pour venir te chercher en voiture alors que marcher c’est très bien et que ça pollue pas ? Non. Et c’est la partie ‘le sortir de son lit’ qui te dérange le plus… T’es bizarre, mais ça ce n’est pas nouveau non plus. Il ressert son étreinte et tu te sens bien. C’est qu’il est vachement confortable ton meilleur ami. Tu bailles à nouveau alors que tu l’écoutes attentivement… ou presque. « Oh bah oui bien sûr c'est pour ça que je te fréquente ! T'en as encore beaucoup des questions de ce genre ? Ellie, si tu me disais ce qui te tracasses plutôt ? Tu sais très bien que je te prends pas pour ce genre de fille et tu n'en es pas une ! Tu sais bien que tu n'es pas comme toutes ces filles, tu te respectes, tu cherches juste … » Juste… juste quoi ? La pause dans son discours t’est fatale. Tu sens tes yeux se fermer et tu as beau lutter, parce que tu veux lui répondre à Dougie, tu n’as juste pas assez de force. Pourtant tu veux lui dire ce que tu ressens. T’as envie de lui dire que tu penses que tu finiras ta vie toute seule. Après tout, pourquoi est-ce que tu mériterais de trouver l’amour de ta vie, alors que tu n’es même pas honnête avec tes meilleurs amis ? « Izvinite… » murmures-tu avant de sombrer dans les bras de Morphée. Tu t’es excusée. Il n’a probablement pas compris, après tout, tu l’as fait en russe. Mais même s’il avait compris, il ne pourrait pas imaginer que tu t’excuses d’être fausse.