« Qu’a-t-on fait ? » TOM&DRAKE.

Ce bourdonnement dans ses oreilles est infernal, il faut que cela s'arrête immédiatement. Et ce noir est oppressant, les couleurs sont inexistantes et plus rien n'a de saveur, à part celui d'une bouche ensablée et les sens gourds qui sont les siens. Il est temps que tout cela prenne fin, mais il se sent bien, Drake est dans un paradis artificiel, idyllique et par-dessus tout, tout est à vomir. Il faut être réaliste, il a beaucoup trop bu hier soir, il n’aurait pas forcément dû, parce que c'était mal, mais avec son ami il avait besoin de décompresser et d’oublier. Il s’est noyé dans les problèmes à cause de son accident ; rien ne va plus et il commence à se dire que c’est sans espoir, que jamais plus il ne pourra remonter sur une piste d’escalade et son pote qui lui assure que ce n’est pas vrai, qui fait comme si de rien n’était, mais il n’a pas vu les médecins lui mentir. Il fallait qu’il oublie, même si c’était l’histoire d’une soirée, qu’il arrête de se morfondre sur cette affaire. Il a enchaîné les verres, croyant que ça l'aiderait, en croyant que c'était le meilleur moyen de mettre tous ses soucis de côté pour être opérationnel dans sa vie de tous les jours dès le lendemain. Mais il me s’est lourdement trompé.
Ce n'était pas la bonne solution, parce qu’il ne se souvient de quasiment rien, Drake a beaucoup de mal à mettre des images et des sons sur ce qu’il a pu faire dans la soirée d’hier avec son ami Tom. Pourtant commence alors un flash dans sa tête, une sorte de vision fugace, il se voit embrasser des lèvres trop charnues pour être celles d'une femme. Et immédiatement ses yeux s'ouvrent. Le noir complet. Une fois de plus. Il lui faut quelques secondes pour s'adapter et commencer à percevoir son environnement. Première constatation, il se trouve chez lui, dans son lit et dans sa chambre et que tout cela est parfaitement normal, parce que c’est ainsi que tout se passe tous les soirs. Mais il y a autre chose, une sorte de pression, un truc qui cloche, quelque chose de pas normal, et l’ancien sportif le ressent au plus profond de son être. Son rythme cardiaque commence à devenir de plus en plus rapide et un ronflement léger se fait ressentir à s droite. Le pire dans tout cela, c'est que dans sa tête, il a un battement persistant, et une sale impression d'avoir envie de rendre son repas d'hier soir. Il y a trop de choses étonnantes dans ce qui se passe actuellement. Drake n’est pas sûr de vouloir comprendre. Il est dans son lit, mais il n’est pas seul, il n’ose pas regarder pour le moment parce qu’il a peur de découvrir la vérité.
Et une nouvelle vision lui traverse l'esprit : une main qui glisse sur la cuisse de l'autre, un regard rendu fiévreux à cause des ravages de l'alcool. Cette main était masculine, un léger duvet sur le dessus, des poils sur l'avant-bras. Des yeux d’un bleu profond. Il ne veut pas croire qu’il ait pu faire une chose pareille. Mais ses espoirs s'achèvent quand il se rend compte qu’il est totalement nu, couvert de sueur et qu’il se sent sale. Drake se sent souillé. Il tourne la tête et il tend le bras pour allumer sa lampe de chevet et le désastre commence réellement. C’est bien Tom Berenson. Drake n’aime pas coucher avec ses amis, pour lui un ami ça reste un ami, pas un plan cul, c’est un désastre complet. Et quand il regarde au sol et voit trois préservatifs usagés il comprend en plus qu’ils ont passé une soirée très très longue et plutôt charnelle. C'est horrible, comment cela a-t-il pu arriver ? Tandis qu’il se lève de toute urgence, Drake sent que son ami se réveille, bon sang de bon soir, il va le voir complètement sous sa plus simple tenue. Et puis il se rend compte que c'est déjà fait de toute façon. Et ce n'est pas pour arranger son état émotionnel. Mais dans quoi Taylor s’est-il embarqué ? Alors que leurs regards se croisent, Drake commence à se sentir rougir, comme s’il était pris la main dans le sac. Mais vas-y Drake, continue comme ça. Le pire c'est que je reste comme une quiche, debout devant lui, le pénis à l’air et un air complètement déconfit sur le visage, il reste figé et reste face à son regard. « Je… il ne finit pas sa phrase, incapable de savoir quoi lui dire. » Non tais-toi. Sombre crétin. Il reste là, debout, paralysé par l’incompréhension de ce qui s’est passé, trop perturbé pour bouger et lui dire qu’il est désolé et que ce n’est pas ce qu’il voulait. Pourtant au fond de lui une petite voix lui crie que justement c’était exactement ce qu’il voulait hier soir et qu’il a adoré et Drake commence à se détester pour avoir ressenti tout cela.