Adventure Of A Lifetime - Isaac.

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« Tu devrais tourner la page Meg… Ca fait trois ans maintenant, il serait peut-être temps que tu t’autorises à être heureuse. » Je soupire, ce n’est pas la première fois que j’ai cette conversation avec mon frère. Il n’arrive pas à comprendre que je sois à ce point attachée à un homme décédé, n’arrive pas à se faire à l’idée que sa petite sœur soit veuve d’un camé. « Tu sais très bien que c’est plus compliqué que ça, et je suis très heureuse comme ça, merci de t’en inquiéter. » Je ne vais pas me plaindre, j’ai eu une période noire de laquelle j’ai eu un mal de chien à me sortir, mais c’est terminé aujourd’hui, j’ai relevé la pente. Et cela même si je ne suis pas encore prête à sortir avec un homme. « Profite ! Sors, amuse-toi, mais reste loin de la mauvaise graine… T’as assez donné comme ça. » Ca, vous voyez, c’est le genre de phrase qui jette un froid glacial et qui me donne envie de couper court à la discussion et de l’envoyer sur les roses. Je me ferme comme une huitre, blessée par ses propos. Ce n’est pas la première fois qu’il me sert ce genre de chose. « J’y songerai… écoute j’voulais juste passer un bon moment avec toi… Si c’est juste pour me balancer tes saloperies sur Dan… alors c’est mieux qu’on arrête là. J’ai pas envie de me prendre la tête avec toi. Je t’aime frangin, mais te mêle pas de mes affaires. » Il s’excuse, mais c’est trop tard, le mal est fait. Dix ans de vie commune, un bébé, ça ne s’efface pas comme ça. Je m’en convaincs chaque jour, parce que c’est mieux comme ça. Trois ans, ce n’est pas si long que ça, quand on y regarde de plus près et pourtant une éternité. Et dire que tout ça est parti d’un simple passage devant le disquaire du coin. Un rappel du passé, à croire que le destin s’acharne à essayer de me faire passer un message.

Je passe le reste de la journée avec lui malgré ce faux-pas. Le sujet est mis de côté, si bien qu’on peut retrouver aisément une conversation plus fraternelle. Il est en ville pour la semaine, après quoi il retournera s'occuper de ses affaires ou reprendra la route pour l'un de ses voyages. Il est comme ça... La bougeotte ! On finit par se poser à la terrasse d’un café du quartier. C’est tranquille ici, j’aime ce genre d’endroit, loin des foules et des potentielles personnes susceptibles de me reconnaitre. Ca fait un moment qu’on ne fait plus la Une, Isaac et moi. Ils ont oublié le mal qu’ils ont fait, plus rien à se mettre sous la dent. Ce monde me manque un peu parfois, pas les paparazzis, juste… ce que nous partagions avant l’accident. « Ca serait pas Isaac ? » Je me retourne pour regarder dans la direction qu’il me montre, espérant qu’ils se trompent. Non pas que je n’ai pas envie de le voir, juste que ces derniers temps c’est trop compliqué. Et ça se confirme lorsque je croise son regard, je reste un court instant à le fixer, sûrement trop longtemps car mon frère ne peut s’empêcher de lâcher un petit rire amusé. « Je vais vous laisser, ça a jamais été mon genre de jouer les chaperons. » « Quoi, Liam non attend ! » Mais il est déjà debout penché sur moi. « Profite, sœurette. » J’essaie de le retenir sans y arriver. Quand il a une idée derrière la tête, c’est peine perdue. Alors je reste sur place, à attendre comme une ado qui flash sur le bad boy du lycée et dont le cœur s’affole à la simple perspective qu’il puisse effleurer mes mains des siennes, ou ses lèvres ma peau. C’est idiot, puéril et pourtant je m’empresse de boire une bonne gorgée de mon thé. Liam le salut et file à l’anglaise. « Salut Isaac. Liam était pressé, il repart dans deux jours alors… » Alors il a des tas de personnes à voir et ce sale fouineur est trop heureux d’arranger ses petits coups en douce. « Comment vas-tu ? »

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Adventure of a lifetime

Meghan ft. Isaac

Marchant dehors depuis quatre heures du matin, Isaac était paumé. Il sentait que des paroles cherchaient à se frayer un chemin jusqu'à lui mais il n'en voulait pas. Les chansons c'était fini pour lui.
Autant il interprétait encore parfois de vieux couplets ou reprenait des mélodies appartenant à d'autres, autant il refusait de composer à nouveau.
Eagle mort, leur musique devait dire adieu au monde elle aussi. Pourtant ces paroles ne cessaient de lui courir dans l'esprit "Once she's gone she's gone.
But if you love her, you love the wings she wears, you love her breath, her air..." Il savait très bien à qui lui faisaient penser ces mots. Mais il refusait encore plus de penser à elle. Alors au lieu de se recoucher et d'écouter les mots assembler des phrases pour construire une chanson, il avait décidé d'aller se balader dans les rues d'Island Bay. Il devait être neuf heures quand il rentra à l'appartement. Trop tard pour se coucher, trop tôt pour aller travailler. Conséquence, il prit une douche et partit se chercher un café.

Une fois dans le petit local qu'il n'avait pas l'habitude de fréquenter, il commanda un cappuccino avec de la cannelle par dessus la mousse. C'était ce que Dove aimait, la cannelle. Il s'apprêtait à reformuler sa demande, refusant de prendre ce qu'elle aurait voulu qu'il prenne quand il croisa son regard. Evidemment. Cette chanson qui lui tournait dans la tête, cette envie d'écrire, le café... tout cela était comme un signe qu'il allait la rencontrer. Tous les deux c'était souvent ainsi. Ils étaient liés. Isaac lui adressa un sourire poli en attendant qu'on lui serve sa boisson. Pendant ce temps-là il vit le frère de Meghan se lever et partir et ce n'était pour le ravir car il ne savait pas de quoi ils pourraient bien parler tous les deux. Il s'approcha d'elle, tenant son cappuccino dans la main droite et tirant une chaise avec la gauche. "Ou alors il ne voulait pas me voir et tu le couvres." Isaac lui adressa un sourire tout en s'asseyant. C'était tellement bizarre de parler avec elle comme si de rien n'était. Mais entre eux c'était toujours ainsi. Ils se rapprochaient puis se détachaient. Mais il semblait impossible de les voir avoir une relation normale. "Bien. Bien. Je crois. Et toi?" Son ton était détaché du moins il essayait. Parce que s'ils évitaient de parler musique, tous deux n'avaient plus grand chose à se dire. Ils ne s'étaient plus vus depuis un moment et il était clair qu'ils étaient mal à l'aise. Il décida alors de briser la glace et s'assit sur la chaise du frère, qui était plus proche de celle de Dove. "Megs... parle-moi. Dis-moi vraiment comment tu vas." Il prit sa main entre les siennes et s'abstint de tressaillir en sentant sa peau chaude contre la sienne. Elle lui manquait tellement. Mais il savait que la farouche Meghan pouvait déguerpir à tout moment si elle se sentait oppressée.

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Vous croyez au destin ? Au Karma ? Aux signes ? Vous devriez, rien n’arrive au hasard : la preuve ! Isaac et moi, une évidence pour certain. Une tentation brûlante que je garde le plus loin possible de moi, et cela même si sa présence me fait cruellement défaut. Lui et moi, on a vécu tant de choses… Tous les trois sur les routes, les disputes avec Eagle qu’il désamorçait parfois. On est lié, c’est le destin. On s’éloigne, mais au final on finit toujours par se retrouver. A croire qu’on gravite autour d’un seul et même atome ! En le voyant me sourire, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il va passer son chemin. Ça me pince un peu les tripes, mais je ne peux pas lui en vouloir. J’appréhende trop ce moment où on aura à trouver un sujet de conversation. Et ce moment arrive sans que je puisse en réchapper. Liam a du bol d’être parti, sans ça je l’aurai certainement foudroyé sur place.

Le voilà qui tire une chaise, l’odeur de la cannelle me chatouille les narines et je ne peux m’empêcher de sourire en le regardant. Cette odeur associée à son visage, c’est comme un rappel de ce qu’était notre passé. « Tu sais que Liam t’apprécie. » Plus qu’il n’appréciait Dan au passage. Je ne compte plus le nombre de fois qu’il m’a avoué qu’il aurait préféré me voir avec lui qu’avec celui qu’il qualifiait de camé. Celui qui avait entrainé sa petite sœur sur les sombres sentiers des paradis artificiels. Je ne pouvais pas lui en vouloir, à sa place j’aurai certainement réagi de la même manière… Enfin non, je n’en sais rien, mais je n’avais pas de mal à le comprendre. Encore aujourd’hui il aimerait que je cède, que je me laisse aller, que je me laisse une chance d’être heureuse avec Raven. Je le serais certainement, heureuse… Je me l’interdis juste, encore.

Le malaise est palpable. Nous étions si proches à une époque que ça parait presque ridicule. Comme si nous n’avions rien à nous dire alors que des semaines voir des mois nous séparent. « Je vais bien. » J’affiche un sourire aussi vrai que possible. Je m’en convaincs depuis si longtemps que j’en suis persuadée. Isaac me manque, plus que je ne l’admets. Son absence a laissé un vide qu’il m’est difficile de combler quoi que j’en dise. Si bien que lorsqu’il se rapproche et m’attrape la main, je ne peux refreiner un délicieux frisson. C’est con comme un simple contact pouvait éveiller des sentiments refoulés avec une facilité déconcertante.

« Isaac… » J’hésite, je perds mes mots… Comment je vais vraiment ? C’est évident je fais de mon mieux. Je suis persuadée que j’ai l’air d’une ado là incapable d’aligner deux pensées cohérentes. « Je vais bien, je t’assure… » Je ne sais pas pourquoi je laisse ma main dans les siennes. C’est peut-être juste parce qu’elles me rassurent autant qu’elles me mettent mal à l’aise. « J’ai parfois des coups de mou, comme tout le monde. » Est-ce que je dois lui avouer que je n’arrive pas à tourner la page ? Que chaque fois qu’un homme s’intéresse à moi, je le repousse avec une dextérité maladive ? Est-ce que c’est nécessaire de lui dire que je compense la perte de mon bébé en m’occupant de tous ses gosses ! Mes doigts glissent contre sa paume. Cherchent à fuir autant que caresser sans vraiment quitter sa prise. « Que veux tu que je te dise… Que j’ai tourné la page ? Que je ne pense plus à lui… A nous ? Que notre vie d’avant ne me manque pas ? » La voix est douce, nullement agressive. Mon but n’est pas de le blesser ou autre. « J’aimerai te dire tout ça, mais tu sais que c’est pas le cas. » Trois ans c’est long pour un deuil, et à la fois trop court. Ma seconde main rejoint les siennes, enflamme un peu plus mes sens. « Ca me manque… » Tous les jours… Lui… Toi… Nous… Je soupire un poil perdue à cause de ses yeux qui me fixent et de ce que son contact déclenche irrémédiablement. Ces petites choses qui m’effraient autant qu’elles m’attirent. « J’suis contente de te voir. »

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Adventure of a lifetime

Meghan ft. Isaac

Entre eux c'était le feu et la glace. Isaac aurait pu prétendre que tout n'était que dans sa tête mais à chaque fois que les deux se rencontraient, un feu prenait en lui. Et il voyait dans le regard de la blonde qu'elle n'y était pas indifférente. La douleur les avait forcément affecté. Une mort ce n'était pas sans conséquence. Dan avait été un membre de leur famille. Parce qu'au final R.E.D. c'était ça, c'était une famille et aucune d'entre eux ne pouvait le nier. Mais comment faire face au deuil quand c'était ce même deuil qui vous permettait de vous rapprocher de l'autre? Bizarrement oui, la mort de Dan avait permis aux deux autres de se découvrir. S'ils avaient toujours été proches, ce n'était rien en comparaison avec ce qu'ils vivaient maintenant. Isaac avait appris à découvrir Meghan. Il s'était souvenu de leur première rencontre et du sourire éclatant qui avait suivi. S'il n'était pas parti le lendemain, s'il avait lui chassé la demoiselle, que serait-il advenu d'eux? Peut-être n'aurait-il pas eu à continuer dans ce mensonge sur lequel Dan avait rebondi avec joie. Peut-être le groupe ne se serait-il jamais formé. Peut-être qu'Isaac aurait épousé Meghan et que Dan aurait été leur témoin de mariage. Peut-être même que Dan serait toujours en vie... Cette pensée blessait son meilleur ami. L'idée qu'il n'avait rien pu faire pour sauver Eagle de l'overdose. Tant lui que Meghan, ils avaient essayé de le faire ralentir. Mais c'était peine perdue. Dan préférait les plaisirs artificiels au monde réel.

Assis auprès de Meghan, Isaac la dévisage et sourit quand elle lui dit que son frère l'apprécie. Il le sait très bien. Il a toujours eu un bon contact avec Liam. Il ne sait d'ailleurs pas pourquoi. Mais il ne doute pas du fait que le frère de Meghan n'est pas quelqu'un qui lui en veut. Contrairement à beaucoup d'autres. Certains fans rageux ont écrit des commentaires violents sur la toile, insultant Isaac et lui reprochant de récolter les restes du défunt lorsque la presse prétendait que les deux survivants du groupe étaient en couple. Isaac avait très mal encaissé ce coup. Il aimait Dove et la vénérait même. Qu'on lui attribue des pensées déplacées l'indignait. Pourtant petit à petit, le virtuel devint réel. Car leur amitié n'était plus aussi innocente qu'avant. Ou du moins, au sein de cette innocence, une certaine complicité s'était installée. Et la complicité avait mené à une tendre affection. Tendre même si parfois destructrice.

Et si les deux ne se voyaient que peu souvent, Isaac savait toujours lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle finit par reconnaître quelques tréfonds de son âme. "Tout le monde a des moins bons moments, c'est normal. " Il caressait la main de Meghan sans s'arrêter, prenant un plaisir inconscient à être en contact avec elle. Elle lui dit qu'elle pensait toujours à Dan, au groupe... Cela faisait près de trois ans mais elle n'arrivait pas à tourner la page. Lui non plus en un sens. Il ne jouait plus comme autrefois et refusait de chanter les chansons du groupe. "Moi aussi tu me manques. " Elle avait dit que ça lui manquait. Mais il n'avait pas pu répondre ainsi. Les mots étaient sortis naturellement. Dove, sa colombe blanche, lui manquait. Entre eux ils ne s'appelaient que rarement par leur nom de scène. Du moins pendant qu'ils étaient encore un groupe. Devant les fans, naturellement ils devaient le faire. Mais en backstage, ils utilisaient souvent leurs vrais prénoms. Puis quand le groupe s'était détruit, Isaac et elle avaient commencé à se câliner avec leur petit sobriquet. C'était le seul résidu de feu leur groupe. Elle était contente de le voir. Il sourit sans répondre. Il aurait voulu lui dire que dans ce cas ils devraient se voir plus souvent. Mais il ne voulait faire peur à ce doux oiseau qui pouvait s'envoler à tout moment. Serrant sa main, il se leva et lui murmura " Suis-moi." Il faisait frais dehors. Wellington était en plein hiver quasi et il était plus intelligent de porter un veste si l'on ne voulait prendre froid. Isaac mit la sienne sur les épaules de Meghan avant de l'entraîner vers un endroit précis. Il ne comptait lui dire où ils allaient avant d'y parvenir. L'attirant vers lui pour la réchauffer, il profitait de l'avoir dans les bras. C'était tellement agréable de la sentir contre lui. "Tu te souviens de la journée qu'on a passé à la plage l'an passé? " C'était une journée d'été, tous deux avaient laissé de côté leur peine pendant une après-midi. Arrivés près de la digue au bout de dix minutes de marche, Isaac ôta ses baskets et regarda Meghan "Tu viens te promener avec moi? "

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"Moi aussi tu me manques. " Ses mots, le contact de ses doigts contre les miens. Tout ça suffit à affoler mes sens. Ces sentiments que je m’interdis par respect pour Eagle sont pourtant bien réels. Je me rappelle des mots dans la presse, sur les forums, les lettres qu’on a pu recevoir à l’époque. Ces insultes ont en grande partie contribué à ma retenue je l’avoue, et à cet éloignement qui s’est progressivement imposé. Je laisse passer un sourire, je ne mens pas quand je lui avoue que je suis contente de le voir. Sa présence a toujours été un réconfort pour moi, quand bien même elle me ramène en arrière et me plonge dans une pseudo-nostalgie plus ou moins mélancolique. Pour le moment, je prends les choses comme elles viennent. Je ne fuis pas, le retrouver me fait réellement un bien fou. Ca me procure un certain sentiment de sécurité qu’aucun homme n’a été capable de m’apporter jusqu’ici, si ce n’est mon frère mais, ça n’avait rien de similaire. Quand il se lève, sa main m’emporte avec lui et c’est sans grande résistance que je le suis. J’hérite de sa veste, son parfum m’enivre dans la seconde. Réminiscence violente qui me fait frissonner. Je ne suis pas d’un naturel frileux, mais je me laisse embarquer. « Merci, t’es sûre que tu veux pas la garder ? Liam est parti avec mes affaires en filant à l’anglaise… » Et je le retiens, ça s’trouve il a tout manigancé, pour que je me retrouve dans les bras d’Isaac. Bien sûr je n’y crois pas un seul instant, comment mon frère aurait-il pu savoir que Raven serait ici ? Qu’il choisirait ce moment pour réapparaitre dans ma vie, qu’il prévoyait de me « kidnapper »… C’est invraisemblable et un poil paranoïaque.

« Tu veux pas me dire où tu m’emmènes ? Tant de mystère. » Je ris devant son silence, je lui fais assez confiance pour savoir que quelque soit la destination, on risque de passer un moment agréable loin des foules. Et ça tombe bien, c’est loin des foules dorénavant que je me sens le mieux. L’overdose de Dan nous avait juste jeté en pâture à tous ces vautours, avides de scoop pour leur torchon. C’est eux qui ont en quelque sorte conditionné ma vie actuelle et qui m’empêche d’avancer, m’obligeant à freiner dès que l’occasion de tourner la page s’offrait à moi. Comme s’ils attendaient le faux pas de ma part. "Tu te souviens de la journée qu'on a passé à la plage l'an passé? " Si jm’en souviens ? Comme si tout ça avait eu lieu la veille. « J’me rappelle surtout que t’as failli finir à la flotte après un pari stupide. » Un bel après-midi loin des prises de tête. Une belle complicité, un rapprochement de plus, jusqu’à ce qu’on nous prenne pour un couple et que la réalité me recolle les pieds sur terre brutalement. Dix minutes passent sans que je ne quitte ses bras, je sais qu’il apprécie le moment et je n’irai pas dire que ça me déplait. Mon bras est naturellement venu entourer sa taille. A mon tour, je retire mes chaussures. Le sable est frais, mais son contact reste agréable malgré tout. « Bon alors dis-moi… Tu te produis toujours dans les bars ? » Ce monde je l’ai quitté, mais je sais que lui non. Pas tout à fait en tout cas, mais je ne lui en veux pas. « Je sais que j’avais dit que je viendrai te voir. J’suis juste pas mal occupée avec mes classes. » Disons que c’est un prétexte dans lequel je me noie pour ne pas trouver le temps. « Tu t’es remis à écrire ? » J’ai toujours aimé sa plume je n’irai pas dire le contraire.

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Meghan ft. Isaac

Isaac secoue la tête. La galanterie cela fait partie de lui et de son éducation. Son père a beau eu l'abandonner, sa mère elle... a fait un super travail. Elle était loin d'être parfaite mais elle était là. Alors qu'ils avancent tous deux vers la plage, Isaac affiche un sourire mystérieux. Elle veut savoir où il l'emmène et il sait que la curiosité la ronge plus que d'autres. Mais il aime justement en jouer. " Et gâcher tout? Non, je préfère que tu devines toute seule... " Sa main frôle celle de Meghan et à ce contact interdit, il a un sursaut. Reculant malgré lui, il ne veut pas qu'elle se sente oppressée. Ou alors peut-être craint-il ses propres réactions. Après tout, Meghan l'a abandonné. Dove s'est envolée. Quand leur relation est devenue trop puissante, elle a préféré éviter les risques et ne pas faire face à ce que tous les deux ressentaient.

Arrivés à destination, elle rit en lui rappelant des détails qu'il aurait préféré oublier. " J'ai failli finir à la flotte? Moi? Il roule des yeux, prétendant qu'elle fait erreur. Le pari était stupide c'était vrai mais ils aimaient se prêter à des enfantillages et oublier le monde réel. A eux deux, ils étaient comme deux habitants d'un monde paradisiaque. Quand ils se voyaient, les horreurs de la planète Terre semblaient disparaître pour ne laisser place qu'à leur plaisir d'être ensemble. Eagle leur avait fait beaucoup de mal à tous les deux. Mais en disparaissant il leur avait permis aussi de se rapprocher différemment... " Mmmhoui. J'attends que les gens partent et quand il ne reste que quelques ivrognes et quelques vrais amoureux de la gratte, je sors de derrière le comptoir pour aller pousser la chansonnette." Même si d'habitude Isaac évitait de vraiment chanter. Il faisait vibrer les cordes de sa guitare adorée, parfois laissait aller quelques vocales mais les paroles restaient loin derrière, gravées dans son esprit mais emprisonnées dedans aussi. "Je sais..." Il interrompt sa marche pour pivoter et la regarder. "... et je sais que c'est toujours pas facile pour toi." Revenir dans le milieu où ils étaient tous les trois... quand il pense à tout ce qu'elle a pu subir, il préfère ne pas ressasser. Mais il comprend que bien qu'elle dise vouloir le voir, elle ne puisse se résoudre à se confronter à ce présent sans Eagle. "Pas officiellement non." Il n'a pas envie d'en parler pourtant elle est la seule qui pourrait le comprendre. Il trace une ligne avec son pied dans le sable avant de chasser les crasses afin de s'asseoir au sol, le visage scrutant l'horizon marin. "Je ne veux pas vraiment écrire mais parfois... les mots viennent tous seuls à moi. Et je les marque dans mon calepin." Ce calepin en cuir bleu marin qu'elle lui avait offert cinq ans plus tôt. Il était à bout de forces un soir et il voulait absolument se vider l'esprit en écrivant les rimes qui lui venaient en tête. Zéro papier dans la loge. Alors elle lui avait tendu le petit calepin qu'elle s'était acheté trois semaines plus tôt. Il n'y avait que sept phrases écrites dessus. Elle y énumérait les hommes de sa vie et les décrivait en quelques mots. Bizarrement alors que Eagle aurait dû apparaître en première place, c'était Isaac qui était en tête d'affiche. Son fiancé l'avait grondée en découvrant la liste et elle lui avait expliqué qu'elle avait pris du temps pour trouver les justes mots à son sujet, voilà tout. Mais Isaac s'était toujours flatté intérieurement d'avoir été le premier. Il se penche vers elle et passe sa main contre sa hanche, cherchant la petite poche intérieure à sa veste pour en sortir le calepin usé. Le dernier poème qu'il a écrit la concernait. Les quatre précédents aussi. Il tourne les pages, cherchant quelque chose où elle n'est pas. Mais en vérité, depuis qu'ils se sont rapprochés, elle est devenue omniprésente dans sa musique. " Je voulais te lire quelque chose mais tout est nul en fait." Il referme le calepin entre ses doigts et reporte son regard vers la mer. "Et toi? T'écris? Tu joues au moins? Ou tu préfères continuer à t'enfoncer et gâcher ton talent?" Ca lui a échappé. Il est encore amer parfois. Parce qu'il tient à elle. Et lorsqu'on aime quelqu'un on le secoue, on ne le laisse pas dépérir. Mais c'est sorti plus froidement qu'il ne le voulait.

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