I'm in love with your body. Every day discovering something brand new. I'm in love with the shape of you ! (Gaby & Kenzo)

Ça fait un petit moment que je n’ai pas vu mon meilleur ami. Il faut dire que je suis assez occupée en ce moment, et j’imagine que lui aussi. Nous parlons par téléphone c’est clair, mais disons que ça fait peut-être quinze jours que je ne l’ai pas eu en face de moi, en chair et en os et non derrière un écran. Aujourd’hui c’est samedi, et pour fêter ça, j’ai décidé de partir à sa rencontre, sans vraiment le prévenir. Chez les Lane, je sais que je peux entrer comme je veux, je suis un peu comme chez moi, ça a toujours été. Je dirais pas que c’est comme une seconde famille, mais c’est un peu ça parfois. J’attrape mon skateboard, et claque la porte de mon appartement avant de le fermer à clé, en soupirant. Je n’ai pas pris ma manette de jeu, je sais que Kenzo en a toujours en trop, ce geek. Il me fait rire parfois. Je parcoure la ville, m’arrête à une boulangerie pour acheter des viennoiseries puisque je sais qu’il adore ça, et puis ça lui fera plaisir. C’est un vrai glouton mon meilleur ami, tu veux lui faire plaisir ? T’achète un paquet de chips et un jeu vidéo. Quand j’arrive chez lui, je comprend que sa mère n’est pas là, et sa soeur non plus. Je toque rapidement, et entre puisque ça ne répond pas. Je m’aventure un peu dans la maison, d’abord timidement, puis quand j’entends sa voix je monte à l’étage après avoir déposé les viennoiseries sur la table de la cuisine. « I'm in love with the shape of you. We push and pull like a magnet do. Although my heart is falling too. I'm in love with your body. And last night you were in my room. And now my bedsheets smell like you. Every day discovering something brand new. I'm in love with your body ! Oh—I—oh—I—oh—I—oh—I ! I'm in love with your body ! Oh—I—oh—I—oh—I—oh—I ! I'm in love with your body ! Oh—I... AAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !!! » Le Brun sort de la salle de bain en s’emmêlant les pieds, et il se retrouve par terre. Je pouffe de rire, c’est vraiment un maladroit ce gars, c’est pas possible. « Aouch. » Il relève la tête vers moi, et je lui souris en lui tendant la main pour qu’il se relève. On va éviter qu’il se casse la gueule une seconde fois, au bout d’un moment faut arrêter. « T’as pensé à t’inscrire à The Voice ? » Un léger clin d’oeil, je me moque de lui, il le sait très bien. « Tu m'as fait peur !!! Qu'est-ce que tu fais là ? » Je regarde un peu mon meilleur ami de haut en bas, il est en caleçon, il pue la femme. Dois-je comprendre quelque chose ? Il attrape une serviette pour se cacher, et je ris un peu. « Détends-toi, je suis pas gay, je vais pas te mater. » Je souris. « Rien, ça fait un moment qu’on s’est pas vu quand même. » Je ris un peu en le regardant, il a l’air vraiment mal à l’aise. « Tout va bien ? Salut au fait ! » Je lève les yeux au ciel, et hoche la tête. « C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça ! Oui je vais bien. » Je souris, et hausse un sourcil. « Tu sens la femme. » Un clin d’oeil, moqueur, mais curieux.

J’ai le pressentiment de déranger Kenzo en pleine partie de karaoké. Nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs semaines déjà, et c’est pour cette raison que je ne l’ai pas prévenu de ma visite, voulant lui faire une surprise. C’est sur les paroles de Shape of You d’Ed Sheeran que je retrouve mon meilleur ami, alors forcément, je ne peux m’empêcher de le taquiner, autant sur sa voix que sur son odeur. Il sens la femme, et ça me fait sourire. Aurait-il des choses à me dire ? « Oh ? Euh... oui... euh... je… » Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce qu’il essaie de me dire. Il a enfin couché avec une fille ? « Euh... je... j'essaie de... euh... tu sais... coiffer mes cheveux... ils sont toujours... hum... en pétard... je me suis dit que ça pourrait être... mieux, si je les coiffais. C'est tout… » J’explose de rire, c’est plus fort que moi. En même temps, il a raison de vouloir prendre soin de lui, il attirera sans doute plus facilement les filles. Même si là, vu sa coiffure, il n’est pas prêt de les attirer. En bon meilleur ami, je décide de lui proposer de l’aide, je peux bien faire ça après tout. « C’est bien que tu prennes soin de toi Ken, mais là t’es pas très sexy. Faut améliorer ton sex appeal ! Va te faire couper les cheveux, ça ira déjà mieux. Et tes fringues, arrête les tshirts Call of Duty, pour la drague c’est pas l’idéal. » Je lui lance un clin d’oeil, et me racle la gorge pour éviter de trop le taquiner. Il sait que je ne le juge pas, je ne me permettrais jamais mais de temps en temps, je m’autorise à lui donner quelques conseils. C’est le seul homme dans sa famille, enfin maintenant il y a Lenny mais il ne sera pas prêt à lui donner des conseils avant plusieurs années… « Au fait, je t'aurais bien proposé une partie en réseau, mais y'a plus internet ! Si tu veux, je te donne des cours de chants ! Ca t'aidera pour Joan ! Tu vas quand même pas lui casser les oreilles jusqu'à sa majorité ! » Je le dévisage, prenant un air vexé, et je termine par rire à nouveau en tapotant son épaule. « Eh, je chante super bien ! » Je ris. « Et pour internet, ça fait longtemps ? Tu te sens bien ? » Le taquiner, toujours. « Comment il va d'ailleurs ? » Je lui souris, je suis toujours heureux de savoir qu’il s’intéresse à mon fils, c’est rassurant et je sais que j’en ai besoin. Ne pas me sentir abandonné, impuissant. « Il va bien. Il n’est toujours pas au courant, on prend notre temps. » Je souris. « Et toi sinon ça va ? Tes amours ? Il y a une raison à ce que tu veuilles prendre soin de toi ? » Je penche un peu la tête, pour essayer de comprendre ce qu’il se trame dans sa tête.

J’ai le chic pour souvent arriver au mauvais moment avec Kenzo. Soit il est à la douche, soit il est en pleine partie de jeu, et aujourd’hui c’est face au karaoké et à son corps quasiment dénudé que je me retrouve. Je ris un peu, le taquine comme à mon habitude et finalement, il m’annonce qu’il n’y a plus internet. Vraiment ? Est-ce qu’il est vraiment encore en vie ? Il rit un peu, et me demande comment va mon fils. Je le rassure et lui dis qu’il va bien, mais je n’argumente pas davantage et je lui demande comment vont ses amours. Il y a bien une raison pour qu’il veuille prendre soin de lui. « Euh... oui... oui... ça... ça va... Pas d'amour... je... j'essaie d'y travailler... mais j'suis nul... donc je vais arrêter... hum… » Je fronce un peu les sourcils, et me décale pour le laisser sortir de la salle de bain et je le suis jusque dans sa chambre, tranquillement afin qu’il s’habille sans que je le mate. Bon, clairement, il est pas mon genre du tout, je n’aime que les femmes. Il se casse la gonelle quand il enfile son pantalon, et j’esquisse un sourire, non pour me moquer de lui, loin de là. Mais il me fait rire avec sa maladresse. « Tu crois que... je veux dire... est-ce que tu penses que... enfin... un jour... j'aurais... je pourrais peut-être... avoir une chance... tu sais... de... plaire ? » Je le regarde se recroqueviller sur lui même et je m’approche de lui pour qu’il se détende. « Eh mec tu rigoles ! Bien sûr que t’as une chance de plaire. Je suis même certain que les filles te courent trop après, ou alors que tu les impressionne et qu’elles n’osent pas venir te draguer. » Bon, ok, c’est certainement pas ça mais ce n’est pas grave, l’important est qu’il garde espoir. Je sais qu’il aura un jour quelqu’un, c’est une évidence. « Comme toi ? » Je rougis un peu, flatté de sa remarque. « Bah heu… » Je ne sais jamais comment réagir face à un compliment alors forcément, je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Je sais qu’il réussira à plaire, mais il faut qu’il prenne confiance en lui, qu’il prenne un peu plus soin de lui. Et qu’il quitte un peu ses écrans aussi, ça pourrait être pas mal. « J’en suis certain. Mais il faudrait que tu aies confiance en toi, les filles le ressentiront, je t’assure. » Je lui souris et lui donne une tape sur l’épaule. « Allez redresse toi, ressaisis toi ! Tu sais quoi samedi on va sortir. Je vais t’emmener dans un bar draguouiller un peu ok ? » Je lui souris, c’est en très bonne intention que je lui propose ceci.

Kenzo n’a jamais eu confiance en lui en ce qui concerne les relations amoureuses, je le sais, ce n’est pas pour rien si il est toujours puceau. Il doute même de sa capacité à plaire à une fille, alors en tant que meilleur ami, je m’oblige à le rassurer comme il se doit. Il lui manque juste de la confiance. Il fait allusion à ma personne, et je souris, un peu timidement, je n’ai pas l’habitude des compliments. Finalement, je décide de lui proposer de sortir samedi soir pour l’aider à trouver quelqu’un. Il semble hésiter plusieurs minutes, et je le regarde en fronçant les sourcils. « - Hum... c'est sympa... mais c'est à dire que... je décline. En fait... c'est idiot... mais... il y a quelqu'un. Je veux dire... j'ai quelqu'un... enfin, non, je ne l'ai pas vraiment... ce n'est qu'une amie. Elle ne sait rien de ce que j'éprouve... Elle est... tu sais... belle... gentille... mystérieuse. Je crois... non je suis sûr qu'elle me plait. Je pense à elle tout le temps... je me suis renseigné sur internet, quand ça fonctionnait. Ils disent que je suis amoureux. Je ne sais pas comment ça marche... je veux dire, elle ne ressent peut-être pas la même chose pour moi. Elle me voit sûrement comme un ami, et juste un ami. Sur les forums, on me conseille d'y aller franco... mais ça me paralyse. Je ne veux pas gâcher notre amitié... je ne veux pas la blesser. Je ne sais pas quoi faire... J'aimerais savoir ce qu'elle pense de moi, si elle a des sentiments, mais sans éveiller ses soupçons. Je me dis que si je le plais, peut-être que.. » J’écarquille les yeux, je peine à croire ce qu’il est en train de me raconter. Amoureux ? Lui ? Maintenant ? J’hallucine, je n’arrive pas à y croire et je reste silencieux. C’est la première fois qu’il me parle d’une femme de cette manière là, et je suis étonné qu'il ne m’en ait pas parlé avant. Il est même mignon à s’inquiéter pour elle. « - Elle s'appelle Aoline... je t'en ai déjà parlé... mais surtout tu dis rien hein ! » J’affiche un immense sourire, en effet, je sais qui elle est, elle est franchement mignonne et gentille, une femme pour lui. « Attends, attends… » Je ferme les yeux pour réfléchir. « C’est génial ! Faut vraiment que tu lui en parle. Essaie peut-être d’être franche, de la jouer en mode ‘salut Aoline dis si quelqu’un te demande ce que tu penses de moi tu répondrais quoi ? » Je souris.« Un truc simple tu vois, faut pas te prendre la tête, vraiment. » Ce jour est un grand jour, sérieusement. Kenzo est amoureux, et je peine à y croire. « Ça fait longtemps que tu ressens ces choses envers elle ? » Je penche la tête. « Faut pas que t’aies peur elle ne va pas te manger ! » Je ris.