alouette je te plumerai [Aline]

« Merde. » C'est avec une certaine fatalité que Tom observe la porte de sa chambre grande ouverte. Il sait très bien ce que cela signifie ; les oiseaux se sont fait la malle. C'était leur nouveau jeu depuis qu'ils avaient compris que la maison Berenson était bien plus vaste que l'ancien appartement auquel ils avaient été habitués ; une pression sur la poignée -ils y arrivaient étrangement bien pour des poids plumes (littéralement)-, et la porte s'ouvrait sur une large aire de jeu. Le blond avait pourtant promis qu'il garderait les oiseaux dans sa chambre, mais visiblement... cela ne dépendait plus uniquement de lui. Dans un soupir blasé, Tom partit donc faire le tour de la maison, commencer par la cuisine et le salon à la recherche du moindre indice indiquant le passage des perroquets. Sans résultats. Heureusement que l'hiver était arrivé et que les fenêtres étaient en permanence fermées, sinon les canailles se seraient définitivement fait la malle. Ils ne se seraient pas contenter de faire leurs touristes. De toute façon cela ne durerait plus très longtemps : Tom s'était enfin décidé à partir. Il avait fini par acheter un appartement en centre-ville, le genre de bien parfait avec son grand salon, sa luminosité, son bon emplacement, ses trois chambres et deux salles de bain. Il s'était endetté sur quinze ans au passage, mais ce n'était pas bien important. Honnêtement, cela créait un étrange sentiment de malaise, d'avoir autant de place à lui. Juste pour lui. Des lieux qu'ils décorerait et aménagerait comme bon lui semblerait. Pour l'instant, il n'y avait que quelques meubles rudimentaires, rien qui n'indiquait qu'une personne y vive. L'aîné Berenson n'avait pas encore passé le pas de s'y installer définitivement, il suffisait de voir ses cartons dans la chambre et... ses animaux éparpillés de partout. Les tortues dans l'aquarium dans le salon, le chien dans le jardin, les perroquets certainement quelque part, et peut-être bientôt un matou. Si Iron ne le mangeait pas.

Le rez-de-chaussée était désert. Complètement désert, pas une âme qui vive. Et cela inquiéta davantage Tom quand il entendit la porte claquer et vit le minois de sa sœur débouler. « Hey minipousse. » Il vint l'étreindre brièvement, déposer un baiser sur son crâne en forçant le sourire. Il n'y avait plus beaucoup d'endroit où les oiseaux pouvaient être. Ne restaient plus que les chambres et c'était tout à fait le problème. Les perroquets étaient du genre curieux, assez pour se désintéresser des endroits trop bien rangés sans rien à explorer. Il n'y avaient donc plus que 3 possibilités dans les pièces pseudo bordéliques : la chambre de Josh, d'Andrew, ou d'Aline. La première possibilité semblait peu probable, les oiseaux sachant pertinemment qu'un chien se trouvait dans le coin. La deuxième encore moins plausible vu la hargne que mettait le jeune à empêcher quiconque d'accéder à son espace privé. Ne restait donc que... ding ding, bonne réponse.

Sauf que le temps que la logique se fasse, que l'alerte s'établisse, sa petite sœur était déjà en haut des escaliers. Et le temps que Tom la rattrape, elle était à deux pas de la découverte qui la ferait certainement frôler la crise de nerfs. « Surtout ne crie pas, c'est cardiaque ! » Pardon soeurette.

Le retour à la maison de mon grand frère Tom avait été pour moi une véritable bouffée d'air. J'adorais mon frère, j'avais toujours eu une relation particulière avec lui, et il m'avait toujours un peu trop surprotégée mais il était comme ça, et c'est ce que je préférais chez lui. Même si parfois il me fait complètement péter un boulon en étant toujours sur mon dos. Après tout j'avais dix-neuf ans j'étais totalement capable de me gérer.
Depuis le retour de l'ainé Berenson, la maison ressemblait plus aux Hunger Games qu'à une maison familiale. Ce qu'il n'avait pas précisé dans son retour à la maison, c'est qu'il revenait avec son animalerie. Bon j'abuse, il avait seulement des oiseaux et des tortues et un chien. Mais mine de rien il s'éparpillait de partout ! On ne pouvait plus faire un pas sans tomber sur quelque chose lui appartenant. Et je vous parle même pas des fonds sonores... Je commençais à complètement vriller en entendant ses oiseaux chanter à 4heures du matin sans aucune raison. Heureusement que je l'aimais mon frère, je n'aurais pas supporté ça pour n'importe qui... En parlant du loup, lorsque je rentre à la maison je le découvre planté au milieu du salon. « Salut le vieux » Il vient me faire un léger câlin et un bisou que je lui rends avec un petit sourire « Hey minipousse. » Je me détache de lui et pars directement en direction de ma chambre pour me changer. Je pousse la porte en même temps que je l'entends dire  « Surtout ne crie pas, c'est cardiaque ! » Je fronce les sourcils, de quoi me parle-t-il ? Je rentre dans ma chambre et jette mon sac à côté de la porte lorsque je vois les intrus... L'un est sur mon oreiller et l'autre s'attaque à mon bureau, renversant tout sur son passage « PUTAIN ! Tom ! » Tout s'éclair maintenant. Je vais le tuer, lui et ses fichus animaux. Je tente une approche furtive en direction des intrus mais ils s'envolent pour se placer au dessus de ma bibliothèque. Je vois rouge et j'ai qu'une envie : étriper Tom. « T'as intérêt à ramener tes fesses ici et reprendre tes piafs avant que je les fasse cuir pour le diner de ce soir ! » Bon ma menace en est pas franchement une car je ne sais même pas faire cuire des pâtes... Mais c'est l'intention qui compte comme on dit. Je croise mes bras sur ma poitrine et attends. Je déteste ses animaux, et pourtant en temps normal je les adore, mais les siens ils sont comment dire... Envahissant. Très envahissant et bien sur c'est toujours pour ma pomme. Pourquoi c'est toujours dans ma chambre qu'ils viennent ? Je jette un coup d'oeil circulaire à la pièce, certes je ne suis pas vraiment ordonnée mais ma chambre ne ressemble quand même pas à une scène de crime.

Il soupira et se frotta le visage en soufflant un « oh non » qui ne fut même pas audible. Comme il l'avait prédit, Aline s'énerva. Comme il le devinait, elle cria, ce qui eut pour effet de faire peur aux oiseaux qui délaissèrent leur spot pour aller se réfugier quelque part. Toujours dans la pièce, évidemment. Le blond passa furtivement la tête dans la chambre pour essayer de voir les dégâts mais il ne put que constater la présence des tas de plumes ambulants tout en haut de l'armoire. « En même temps, je t'avais dit de pas crier... C'est intelligent un perroquet, tu lui dis de sortir, il devrait comprendre. Maintenant ils ont juste peur. » Et il a bien conscience que cela n'arrangera rien, bien au contraire. Un air contrit sur le visage, il tente de dédramatiser, attrape sa sœur dans les bras et vient ensuite lui pincer les joues gentiment pour forcer un sourire sur le visage boudeur. « Allez minipousse, râle pas, y a pas de mal ! Ce ne sont que des perroquets, c'est pas comme si j'avais laissé échapper des rats ou des animaux du genre ! » Puis elle le cherchait aussi. Les oiseaux étaient d'un naturel curieux, le moindre petit objet pouvait les intéresser. Un élastique, un miroir -peut-être leur occupation favorite-, un rouge à lèvres... Tout ce genre de conneries qu'on pouvait inévitablement trouver dans la chambre de la blondinette. C'était comme si on lâchait un curieux dans le grenier de ses grands-parents ; il y avait toujours des merveilles à découvrir.

« En plus le dîner de ce soir est déjà prêt. J'crois que maman fait un gratin de pâtes, et en dessert un truc à base de pommes. En tout cas, elle les épluchait tout à l'heure. T'as aucune envie d'empoisonner toute la maison avec un perroquet pas comestible, hein ? » Il la taquine, la lâche avant de se faire frapper. Puis enfin, il se permet d'entrer dans la chambre et de siffler les animaux. Qui ne bougent pas d'un pouce, se contentent d'observer entre deux piaillements. « Le problème c'est qu'à mon avis, tu leur fais peur. Tu veux pas partir cinq minutes le temps que je les ramène dans ma chambre ? S'il te plaît ? » Il cligne des yeux, attend une réaction quelconque. Sauf que si les oiseaux ne semblaient pas décidés à bouger, il en était de même pour la blondinette. « Tu pourrais par exemple aller ranger ton string qui traîne dans le salon. J'sais pas comment il a atterri là. Peut-être le chien de Joshua qui s'est amusé avec le linge qui séchait. Ou alors c'est Andrew qui se sentait seul. » Il n'est pas sérieux, il n'a rien vu dans le salon. Mais sur un malentendu, elle pourrait s'énerver plus que sur les pauvres perroquets, partir telle une furie, et lui pourrait sauver le couple plumé et leur éviter une cuisson en mode civet...

Comme une gamine, je tape du pied en toisant Tom du regard, mon regard était aussi inoffensif qu'un chiot mais j'y travaillais. Les foutus piafs n'avaient absolument pas l'intention de descendre, et Tom l'avait bien compris « En même temps, je t'avais dit de pas crier... C'est intelligent un perroquet, tu lui dis de sortir, il devrait comprendre. Maintenant ils ont juste peur. » Je lui tire la langue, réaction complètement puérile mais en même temps qu'est ce que je pouvais répondre à ça ? Ce n’était pas ma faute s'ils étaient rentrés là-dedans. « Allez minipousse, râle pas, y a pas de mal ! Ce ne sont que des perroquets, c'est pas comme si j'avais laissé échapper des rats ou des animaux du genre ! » Je soupire, tout de façon je râlais tout le temps, une fois de plus ou une fois de moins ferait pas de différence. Je ne donne pas chère de sa peau si effectivement il avait laissé des rats... Et maman aurait été de mon côté, des oiseaux passe encore, des rats elle ne les auraient jamais laissé passer le pas de la porte. « En plus le dîner de ce soir est déjà prêt. J'crois que maman fait un gratin de pâtes, et en dessert un truc à base de pommes. En tout cas, elle les épluchait tout à l'heure. T'as aucune envie d'empoisonner toute la maison avec un perroquet pas comestible, hein ? » Je rigole franchement, honnêtement, il valait mieux manger des perroquets plutôt que les recettes tout droit sortit de l'imagination de notre mère. Tout ça partait d'une bonne intention mais le résultat était rarement concluant. Toutes les fois où j'avais fui la maison pour un diner lorsque ce qu'elle préparait n'avait pas vraiment l'air mangeable. «T'en sais rien, la semaine dernière elle a tenté un nouveau dessert à base de chamallow et noix » Je frisonne de dégout en y repensant. C'était horrible, ça n'avait ni le gout de chamallow ni de noix, c'était le gout de son ingrédient surprise avait-elle justifié. Je regarde Tom enfin entrer dans ma chambre pour attirer ses perroquets, sans succès bien sur. Ils ne voulaient toujours pas bougé, j'étais dégoutée. « Le problème c'est qu'à mon avis, tu leur fais peur. Tu veux pas partir cinq minutes le temps que je les ramène dans ma chambre ? S'il te plaît ? » Il se fiche de moi là ? Je le regarde, indignée, et reste camper à ma place, sans aucune intention de bouger. Comme si j'allais le laisser seul dans ma chambre. Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il est capable de faire une connerie dedans en l'espace de quelques minutes. Un rien pouvait alimenter son imagination en matière de connerie, j'en avais suffisamment fait les frais avant. « Tu pourrais par exemple aller ranger ton string qui traîne dans le salon. J'sais pas comment il a atterri là. Peut-être le chien de Joshua qui s'est amusé avec le linge qui séchait. Ou alors c'est Andrew qui se sentait seul. » Je rigole, et pas le genre de rire gracieux non, vous voyez le gros rire gras car quelqu'un vient de vous sortir une bonne blague ? Ben c'est celui là. Je décide de charrier un peu mon frère, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce, ça lui apprendra. Je croise les bras sur ma poitrine en affichant un air pur, angélique. Puis je fronce les sourcils bien décidée à entrer dans son jeu « C'est pas possible, je ne porte pas ce genre de chose... » Je hausse les épaules et continue « Ca doit être à maman. J'aime pas, ça rentre de partout si tu vois ce que je veux dire, donc je porte rien sous mes vêtements. » Je retiens un petit rire, l'expression de son visage est magique. Je me doute bien qu'aucun grand frère ne veut savoir ce genre de détail à propos de sa petite soeur, mais je n'ai pas pu m'en empêcher, il avait qu'à se mêler de ses affaires. Notamment avec sa remarque sur Andrew, s'il savait qu'il n'était pas si loin de la vérité, je pense qu'il péterait un câble.

Sa préoccupation pour l'heure, c'était de s'assurer que les perroquets retourneraient sains et saufs dans la chambre. Tom connaissait sa sœur et son amour très limité pour les animaux qu'il pouvait avoir, et même s'il se doutait bien qu'elle n'irait pas jusqu'à les mettre dans une casserole et attendre qu'ils cuisent à feu doux, il l'imaginait bien capable de leur faire peur au point qu'ils fassent une crise cardiaque ou quelque chose de mauvais goût dans ce genre. Dans tous les cas, il finirait bien par la dérider et détourner son attention, la preuve étant qu'elle riait déjà pour quelque chose d'aussi stupide que les repas farfelus que préparait leur mère. Chamallow et noix. La grimace ne se fit pas attendre. C'était donc ça l'espèce de pâte mollassonne qui reposait dans un plat au fond du frigo quand il l'avait ouvert... Il n'avait pas été présent pour ce fameux repas, n'en avait pas entendu parler jusqu'ici. Joshua n'osait pas, Andrew ne devait pas être là, leur père avait arrêté de se plaindre. Mais Tom n'imaginait que trop bien le massacre que cela avait dû être. Le pâteux du chamallow, le brûlé de la noix, mélangé à... il ne voulait même pas savoir. « Je suis heureux que tu sois encore vivante. » Encore que le mélange n'était pas une mauvaise idée de base. Ce n'était pas comme quand elle avait voulu faire un cake au fromage de chèvre et à la banane. Il avait vomi.

Dans la chambre, rien ne bougeait. Les oiseaux, toujours perchés, continuaient d'observer Aline avec une méfiance non feinte. Il allait certainement falloir quelques minutes, de la patience et de la nourriture pour les appâter. Mais la tête blonde qui leur avait crié dessus n'était pas exactement pour les rassurer, ce que leur propriétaire comprenait. L'instinct de survie était toujours bénéfique. Le problème, c'était que Aline ne quitterait pas sa chambre en les laissant sans sa propre surveillance. Et s'il pensait avoir eu une idée de génie, l'aîné le regretta aussitôt. Des détails. Beaucoup trop de détails. Alors s'il voyait un string sur l'étendoir, ce serait inévitablement celui de sa mère ? Et attendez, cela voulait dire que son bébé de petite sœur se trimballait sans sous-vêtements ? « Je... j'en sais beaucoup trop. J'veux plus rien entendre de ta part à ce sujet, espèce de bébé. » Il secoue vigoureusement la tête. « De toute façon ça change rien au problème, tant que tu seras là ils vont pas vouloir descendre. T'as qu'à aller nous préparer le goûter, t'en dis quoi ? » Il aborde un large sourire narquois qui se fane malgré tout en repensant à ce qu'elle a dit. Est-ce qu'elle lui a sincèrement parlé de son goût en sous-vêtements ?

Dans un soupir las, il tire la chaise de bureau pour la poser devant l'armoire et grimper dessus. À bout de bras, il peut atteindre Pirate et Captain qui n'ont pas du tout l'air convaincus. « Allez les gars, sinon vous allez vous faire manger par le troll aux cheveux longs, et ce serait une fin tragique vous pensez pas ? » Il leur gratouille les plumes, attire des piaillements mécontents. « Tant pis pour vous. » Un peu brusquement pour ne pas leur laisser l'occasion de filer, il les attrape à pleine main, les maintient autant qu'il peut. Mais à peine la porte passée, ils finissent par avoir le dernier mot et déguerpissent à travers le couloir. « Bon. Ils vont certainement aller dans le salon. Ça te dérange pas le salon ? » Parce que là, pour les rattraper, il risquait de bien s'amuser. Tant pis, les parents savaient à quoi s'attendre avant même qu'il promette que les oiseaux resteraient dans sa chambre.

Je hausse les épaules en souriant lorsqu'il me dit qu'il est heureux que je sois toujours vivante, après l'une des nombreuses expériences culinaires de notre mère. Je le taquine « Je te manquerais trop, si j'existais pas t'aurais du m'inventer » Je lui lance un clin d'oeil à la dérobée, puis enchaine, me retenant de rire devant l'expression magique de son visage. J'ai vraiment l'impression de l'avoir traumatisé, je peux limite voir son cerveau surchauffer dans le but d'oublier les quelques images qui l'ont envahi. « Je... j'en sais beaucoup trop. J'veux plus rien entendre de ta part à ce sujet, espèce de bébé. De toute façon ça change rien au problème, tant que tu seras là ils vont pas vouloir descendre. T'as qu'à aller nous préparer le goûter, t'en dis quoi ? » Je lui lance mon plus beau sourire, fière de mon coup. « Ca t'apprendra à être trop curieux... » Même si ce n'est pas forcément la vérité, je pourrais lui dire tout et n'importe quoi pour le taquiner, pour l'embêter. Ensemble, Tom et moi on a la maturité d'un môme de 6 ans. Même les gosses de Matt, notre frère, sont plus matures, mais en même temps vu le balai dans le cul qu'a leur père... Merde, je ne devrais pas dire ça, mais c'est tellement la vérité...

Je regarde Tom escalader ma chaise en rigolant « Oh papi évite de tomber, tu risques de te fracturer la jambe » Il va clairement me tuer, mais c'est tellement drôle, le connaissant dans cinq minutes il va dire qu'il a fait son sport de la journée et que maintenant il peut finir sa journée dans un canapé, devant un match avec une bière. « Allez les gars, sinon vous allez vous faire manger par le troll aux cheveux longs, et ce serait une fin tragique vous pensez pas ? » J'attrape un oreiller que je lui lance en représailles « Le troll, il t'embête » Je le fixe méchamment même si retourné il ne peut pas me voir. Il ne se laisse néanmoins pas déconcerter, car il chope ses oiseaux d'une seule poigne, et sort en direction de la porte où les volatiles, comprenant le message, se carapate en vitesse. « Bon. Ils vont certainement aller dans le salon. Ça te dérange pas le salon ? » Je lui tire la langue, il se moque de moi, et de mes attitudes de princesse mais faut pas abuser non plus c'est pas écrit SPA sur mon front. Il n’aurait pas pu avoir un chat comme tout le monde ? « On fera avec » Je hausse les épaules et part m'asseoir sur mon lit « Faudra bien que je m'y habitue le jour où tu ramèneras tes gosses » Je lui lance un petit sourire innocent, cette petite transition sur sa vie privée et amoureuse n'est absolument pas discrète mais j'avais bien trop envie de savoir s’il était en couple pour faire dans la finesse. De mon lit, je continue de lui faire un grand sourire tout en étendant mes jambes. J'aime jouer le petit cupidon, et j'aime par-dessus tous les potins. Tom a toujours été plus ou moins secret avec ça, certes c'est pas quelque chose que tu partages avec ta petite soeur, mais je ne me souviens pas l'avoir déjà vu en compagnie d'une femme, et vu son âge avancé il devrait commencer à y penser, les dinosaures ça vit longtemps mais pas éternellement. J'esquisse un petit sourire à cette pensée, si il y avait accès il me couperait la tête pour penser ça. Il a bien raison de profiter de la vie, mais après tout c'est vrai qu'il n’a jamais parlé, ou du moins je, ne l'est jamais entendu parler de son désir d'avoir des enfants.

Il n'y avait qu'Aline pour arborer un air aussi malicieux, avoir un regard aussi pétillant pour une connerie. Et même si elle venait de clairement lui faire entrer des images qu'il aurait préféré ne jamais avoir en tête, il ne put s'empêcher de lâcher son air choqué pour secouer doucement la tête et se mettre à sourire. « T'es vraiment un affreux personnage, Aline Berenson. » Mais il l'aimait comme ça. Il préférait aussi rester dans ses habitudes et continuer de voir la blondinette comme un bébé à protéger plutôt qu'une jeune femme qui quitterait bientôt la maison, aurait d'ici assez peu de temps l'âge légitime pour faire tous ces trucs d'adulte du genre avoir un travail sérieux, un copain, ou un enfant. Enfin, pour ce dernier point, il faudrait encore donner une dizaine d'années à l'aîné Berenson pour qu'il ne s'étouffe pas dans sa panique et sa désapprobation. « Et techniquement sale gosse, j'ai pas été curieux, c'est toi qui m'a sorti des horreurs. » Il lui tira la langue, tel un gosse, avant de se lancer enfin dans sa quête principale : faire fuir les perroquets de la chambre. Évidemment, les bougres ne se laissaient pas faire, et Aline qui continuait de piailler à côté de lui n'arrangeait pas exactement les choses. « Si j'tombe et que je suis cloué au lit, c'est toi qui t'occupera de venir me nourrir et m'occuper, alors me dérange pas trop. » Même de dos, il n'eut aucunes difficultés à imaginer la grimace de protestation, la bouche qui se tord dans une moue mécontente et le regard qui lance des éclairs. Surtout lorsqu'il la traita de troll. Mais il ne fit pas attention, se concentrant pour déloger les oiseaux sans perdre l'équilibre, et sans prendre un vilain coup de bec. Il dût laisser tomber la douceur et y aller un peu brusquement. Il n'aimait pas ces manières, les oiseaux s'en remettraient quand même.

Ils filèrent enfin de la pièce, pas comme leur propriétaire qui lui, vint s'asseoir sur la chaise de bureau. Tant qu'à avoir droit aux taquineries, autant en profiter pour gratter une discussion. Pas que le sujet lui plaisait... Mais en n'étant plus à la maison, il avait la sensation de rater des gros chapitre de la vie de sa petite sœur. Il fallait bien se rattraper quand il en avait l'occasion. « Ceux de Matthew te suffisent pas ? » C'était difficile de passer à côté, pourtant. Il n'y avait pas plus braillards et hyper actifs, de quoi épuiser la maison entière et faire passer l'envie de procréer. « J'en parlerai à Emna. » Une promesse lancée avec un sérieux presque ironique. Depuis quelques temps, la brune était la seule femme qu'il présentait aux repas de famille. Elle était sa meilleure amie avant tout et si les parents gobaient ce couple en carton, il suspectait sa petite sœur de ne pas avoir avalé le mensonge. Elle le connaissait trop bien, était bien trop fouineuse et avide de ragots pour croire en une quelconque sincérité là-dedans. Emna lui servait de couverture, en tout sincérité. C'était plus facile d'en rire que de parler de son enfant en route. « Et toi, Line ? Un copain ? » Un type à surveiller de près ?

Je rigole devant son air encore choqué de mes paroles prononcées un peu plus tôt, lui répondant que ces "horreurs" comme il dit, il devrait en supporter encore beaucoup si à l'avenir il s'aventurerait encore sur ce chemin. J'adore le taquiner sur ce genre de chose, le traumatiser pour rien. C'est beaucoup trop facile avec lui. « Si j'tombe et que je suis cloué au lit, c'est toi qui t'occupera de venir me nourrir et m'occuper, alors me dérange pas trop. » Je ne réponds rien, me contentant de le regarder de travers car ceci n'arrivera jamais, et si c'était le cas maman serait capable de venir s'installer chez lui pour prendre soin de son petit bébé, aussi imposant soit son bébé. Et rien que pour ça Tom ne se fera jamais mal.

Ma tentative d'en savoir plus sur sa situation tourne mal. « Ceux de Matthew te suffisent pas ? » Je soupire et passe théâtralement une main sur mon front comme si j'étais au bout du rouleau, j'étais admirative de ma belle soeur, la femme de Matt, elle avait beaucoup de courage pour supporter sa tribu « Je suis fatiguée rien que de parler d'eux » Puis je lui lance un faux regard anxieux « Et devine quoi... Ils viennent dormir ici ce week-end, maman à gentiment proposé de les garder pour qu'ils puissent se retrouver » Je souffle, c'est que des conneries ça « Donc si tu passes ce week-end ne t'étonne pas si je ne suis pas là » Je lui lance un petit sourire malicieux même si je n'ai rien en tête, c'est juste histoire qu'il se remette en tête les quelques images de tout à l'heure. Lorsqu'il me dit qu'il parlera à Emna, sa petite amie, je me mets à cogiter. En effet ça faisait quelques temps que Tom ramenait cette fille Emna, mais je ne sais pas, j'étais pas convaincue. Certes cette fille était adorable, je l'aimais plutôt bien mais quelque chose clochait. Leurs gestes n'étaient pas des gestes d'amoureux, lorsque Tom l'enlaçait il ne descendait que rarement ses mains, et surtout c'était son regard pour elle, ça se voit qu'il tient à elle mais pas d'une manière romantique, du moins c'est ce dont j'ai l'impression. Mais je n'ai pas le temps de parler qu'il enchaine, me demandant si moi j'avais quelqu'un « Et toi, Line ? Un copain ? » Je lui souris puis hoche un sourcil « T’aimerait savoir hein ? » Oh oui qu'il aimerait savoir, ça j’en suis sure. Mais je ne préfère rien lui dire du moins pour l'instant, en même temps je ne pense pas qu'il apprécie la manière dont je me comporte avec les garçons. Les relations sérieuses c’est pas trop mon truc, trop compliqué et je n’ai pas envie de me prendre la tête… Mais je ne vois pas comment lui dire qu’en ce moment je passe du bon temps avec plusieurs garçons, entre Andrew d’un côté et Caleb mon ex petit ami qui m’a complètement brisé le coeur il y a quelques temps et avec qui aujourd’hui je passe de plus en plus de temps. Ouai je me vois vraiment pas lui dire ça. Alors je retourne à mon interrogatoire sur son histoire à lui, et je tente une approche furtive « Mhhh Emna... Comment elle va d'ailleurs ? » Puis innocemment je continue mon chemin « D'ailleurs c'est quand que tu lui demandes de vivre avec toi ? C'est ta copine depuis combien de temps déjà ? » Je lui souris comme si de rien n'était, je veux voir comment il va réagir, comment il va prendre la chose, car normalement ça ne devrait pas le déranger ce genre de question.

Tom ne fit aucun effort pour cacher son amusement face à l'air grandement théâtral de sa petite sœur. Matthew, ou même leur mère, les tueraient s'ils les entendaient parler aussi mal des gamins de la famille. Ils étaient les seuls petits-enfants jusqu'ici et du coup avaient droit à toutes les attentions. Mais sans aller jusqu'à dire qu'ils étaient mal élevés... Bon dieu ce qu'ils étaient chiants. Ils criaient, couraient, pleuraient pour toutes les raisons possibles et imaginables. Tom avait beau être proche de sa famille, il n'y avait pas pire que lui confier ses nièces et neveux rien que pour un après-midi. De quoi l'épuiser, lui donner une migraine monstrueuse et le dissuader à tout jamais d'avoir des enfants. Comme s'il allait avoir le choix. « Merci de m'avoir prévenu. Je vais dès maintenant commencer à me chercher un asile politique pour ce week-end. » Il pourrait squatter le canapé de Gus, le lit d'Emna, la chambre d'amis d'Abigail... Ouais, il trouverait bien quelque chose pour ne pas devoir avoir les morveux collés à ses jambes. Il prétendrait bien évidemment avoir une urgence au boulot, il préparerait une histoire rocambolesque qui impliquerait un éléphant, trois crocodiles et toute une armée de pélicans. Ça passerait tout seul, ouais. C'est qu'il était convainquant quand il racontait ses histoires animalières.
Et à propos d'animaux, il devait bien avouer être curieux de savoir si sa petite sœur avait trouvé un énergumène susceptible de lui correspondre. Il eut pas exactement la réponse qu'il attendait. D'ailleurs, cela le fit lentement hausser un sourcil et fixer la blondinette avec ce regard doucement révolté. Finalement, elle ne grandissait pas tellement, elle aurait pu avoir onze ans à ce moment là, à ne pas vouloir dire si elle a un amoureux ou non. « Ta confiance en moi me touche, sale gosse. » Il lui sourit, se retient de tirer la langue. Mais non, c'était mieux de jouer le grand frère modèle.
Comme il aurait dû s'y attendre, la question se retourna contre lui. Emna chez les Berenson... C'était toujours une scène d'un amusement sans nom pour le blond. Cela faisait quelques années que la brune traînait dans les pattes de Tom, mais seulement quelques mois qu'il était venu avec cette idée brillante de la présenter comme sa petite-amie. Cela ravissait les parents en tout cas qui aimaient énoncer les qualités de la vétérinaire. Qui en plus est très mignonne. Dommage que tout le monde dans la maison ne soit pas aussi facile à blairer. « Elle va bien. Si elle te manque faudra que je l'invite un soir. » En suppliant un peu, elle lui céderait bien ça. « Et tu sais on compte plus vraiment. Ça fait quoi, un an ? Puis on peut pas vivre ensemble, elle... a peur des perroquets. » Il fronça les sourcils. C'était l'excuse la plus pathétique qui soit, qu'on se le dise.

Il était hors de question que je parle avec Tom de ma vie sentimental, aussi foireuse soit-elle. Je tenais pas à en entendre parler pendant des lustres, surtout que mon frère excellait pour ramener ce genre de détail dans n'importe qu'elle situation, on pourrait très bien être en train de parler de balais, qu'il arriverait à glisser le nom d'un garçon entre deux. « Ta confiance en moi me touche, sale gosse. » Je me contente donc de hausser les épaules et de lui faire un grand sourire, fin du jeu. Innocemment je détourne la question vers sa relation à lui, qui est maintenant connue du grand public. Tom en couple, c'est pas une chose que j'aurais cru voir un jour mais tout peut changer... « Elle va bien. Si elle te manque faudra que je l'invite un soir. » S'il l'invite un soir c'est surtout à maman que ça ferait plaisir, à chaque fois c'est la même histoire, "oh Emna est si douce, gentille, bien élevée" je me demande même si elle va bientôt lui demander de devenir sa fille et m'envoyer en Suisse pour ne plus m'avoir dans les pattes. Je réponds à Tom que ça me ferait vraiment plaisir d’en savoir plus sur elle, sur eux. « Et tu sais on compte plus vraiment. Ça fait quoi, un an ? Puis on peut pas vivre ensemble, elle... a peur des perroquets. » Je bug quelques secondes avant d'exploser rire devant le mensonge le plus minable que j'ai jamais entendu, il a vraiment cru que j'étais aussi stupide pour croire à ça ? « La prochaine fois dit moi que les bébés naissent dans les roses et dans les choux, tu seras plus crédible » Je peine à reprendre une contenance, je n'arrive pas vraiment à m'arrêter de rire, surtout devant sa tête de petit garçon. « Aller Tom, pas de ça avec moi » Tu lui lances un petit sourire malicieux « T'as peur de t'engager ? De devoir partager ta salle de bain pour toujours ? » Je le taquine, mais au fond de moi je suis sûre que ce n'est même pas à propos de ça, mais je suis aussi consciente qu'il ne me le dira pas. Mais comme on dit, l'espoir fait vivre. Par contre, ce que j'aimerais vraiment savoir, c'est si cette Emna est vraiment sa petite amie... Non pas que je veuille me la jouer petite soeur jalouse, je suis plutôt curieuse, curieuse de voir si cette femme à vraiment réussi à tenir Tom entre ses mains, chose qui pour l'instant n'était jamais arrivée, ou du moins connue dans la famille. Mais c'est vrai que les gestes qu'ils ont ne me font pas vraiment penser à ceux d'un couple... La curiosité me tuera un jour.

Le blond lève les yeux au ciel en voyant sa petite sœur exploser de rire. D'accord, son mensonge quant aux perroquets était difficilement crédible, surtout en pensant qu'en plus d'avoir traîné chez lui des années, Emna était vétérinaire. Mais ce qui l'agace réellement, c'est que la blondinette semble avoir une idée précise sur le couple qu'il présente à ses parents. Avec l'écart d'âge, il se serait dit qu'elle ne le connaissait pas assez pour pouvoir capter ce genre de mensonge. Mais Aline... elle avait de la ressource, cette gamine. « Je t'expliquerai pas comment on fait les bébés, sale gosse. T'es trop jeune. » Elle continue de s'esclaffer et il hésite à participer ou à lever les yeux au ciel en soupirant, vexé. C'était bien une Berenson quand elle se lançait avec ce caractère, un parfait mélange du pire de leurs parents. « On n'a juste pas prévu de s'installer ensemble pour le moment. Ni de nous marier, ou de faire de gosses. Le truc le plus dingue qu'on ait imaginé, c'est partir six mois en Afrique nous occuper des animaux de la Savane. Je te rapporterai un porte-clé si t'es sage. » Et c'était plutôt mal parti. Enfin bon, cela restait des plans sur la comète. Tom avait beau être célibataire sans enfants, il avait la sensation d'avoir beaucoup trop à gérer à Island Bay pour se permettre de partir comme ça, et aussi longtemps. « De toute façon, chaque chose en son temps. Faut déjà que je me retrouve un appart'... Un grand. Pour laisser la place au chien et aux perroquets, puis pour éventuellement te servir de point de chute quand t'auras pas envie de rentrer à la maison. J'pense que je vais investir dans un gigantesque canapé d'angle, ceux en cuir tellement moelleux que tu te relèves plus une fois que t'as le cul dessus. Ça c'est du projet, hein ? » Il la regarde avec un large sourire amusé. C'était à se demander qui était l'aîné supposé avoir une situation financière et des projets de vie. « Et à propos de projets, ça se passe comment tes cours ? Tu t'en sors bien ? T'as trouvé quoi faire derrière ? » Ils en parlaient peu en général, mais ça l'intéressait. Il avait encore du mal à se dire que sa toute petite sœur était enfin lancée dans les études. D'ici trop peu d'années, il y aurait le diplôme. Puis la suite... Face à ce genre de coup de vieux, être grand frère était pas vraiment la place rêvée, qu'on se le dise.

Amusée par le comportement de Tom, je ne peux m'empêcher de rigoler et de le taquiner encore plus. Surtout lorsqu'il me dit qu'il ne m'expliquera pas comment on fait les bébés. Je lui souris doucement et prends un air songeur, triste « Mince, je suis déçue » Il lève les yeux au ciel et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. C'est beaucoup trop facile de le faire tourner en bourrique. Mais lorsqu'il commence à m'expliquer que pour l'instant entre eux rien de bien sérieux est prévu la conversation prend un nouveau tour, un tour cette fois ci beaucoup plus sérieux. Je souris en l'entendant exposer son projet de partir quelques mois en Afrique s'occuper des animaux. Je sais depuis longtemps qu'il rêve de faire quelque chose dans ce genre, il aime voyager, puis il a un grand coeur. Il ne supporte pas de voir les animaux souffrir, c'est aussi pour ça que j'admire tant mon frère. Il serait capable de donner sa chemise à un bébé chien. Je l'écoute en silence et hoche la tête de temps en temps pour montrer mon interêt à son projet. Ca serait cool qu'il le fasse, et surtout ça lui ferait du bien de sortir d'ici. De sortir de l'ambiance lourde d'Island Bay, de son boulot, de sa routine. Pas facile de revenir avec papa/maman à plus de trente ans, même si c'est seulement provisoire. Je me mords la lèvre pour ne pas rigoler lorsque j'entends le projet qui occupe tout son temps, c'est-à-dire trouver un canapé du turfu, celui qui accueillera tout un tas de popotin, avec tout un tas d'option, je devrais lui recommander d'en prendre un avec pose boisson, ça c'est cool. « Belle façon de recommencer ta vie » Je rigole un peu avant de continuer « Non, c'est cool. Mais fait attention je risquerais de ne plus jamais repartir de chez toi » Je le taquine mais malheureusement ça retombe sur moi, et sur mes projets, mes projets hypothétique étant donné que la seule chose que je fais en ce moment, c'est de vivre au jour le jour en espérant que papa ne se rende compte de rien et que je puisse encore économiser avant de partir, loin, et pour longtemps. Je commence à triturer nerveusement mes doigts et j'évite de regarder mon frère trop longtemps « Bah ça ce passe écoute. C'est pas tous les jours la joie, entre la concurrence, les challenges et les intervenants qui nous en demandent toujours plus, mais je m'accroche » Je lui souris doucement, presque tristement. C'est pas évident de lui mentir, je n'aime pas ça. Mais j'ai clairement aucune idée de comment il réagirait s'il savait ce que je faisais de mes journées, de ma vie en général. Et s'il serait assez ouvert d'esprit pour comprendre qu'une vie rangée avec une carrière, un mari et des gosses c'est pas pour moi, et ça ne le sera certainement jamais. « J'sais pas encore en quoi je vais me spécialiser, mais l'événementiel c'est plutôt pas mal » Je hausse les épaules, de toute manière je ne saurais pas quoi lui dire de plus.

Même s'il la considérait comme une gamine, il arrivait à Aline d'être plutôt mature. En toute franchise, elle avait parfois des comportements qui impressionnaient Tom, lui faisait se demander si elle était vraiment la petite dernière de la famille. Si elle n'avait pas eu cette place alors il ne se serait certainement pas senti aussi protecteur. Les années d'écart qui jouaient, certainement. Ses 19 ans, ça lui paraissait être une éternité plus tôt. Ce qui était certain, c'était qu'il en était au même stade : chez les parents, à rêver d'un canapé à lui. « Je parierais pas là-dessus. Si tu veux le squatter, faudra te battre avec le chien. Et crois moi, il prend de la place. » Il était pas bien lourd, mais juste à s'allonger, il prenait presque toute la place libre sur un canapé de taille normale alors... autant prévenir. De toute façon, Aline savait qu'elle serait la bienvenue si elle avait besoin d'aller autre part que chez les parents pour quelques temps. Il était là pour elle, son appartement lui était grand ouvert. À vrai dire ça l'avait étonné que la blondinette reste chez les parents ou même dans le coin pour ses études. Il l'aurait bien imaginée partir loin, ne revenir qu'une à deux fois par an, trouver des excuses pour éviter les appels skype incessants de leur mère. À la place, non. C'est la petite princesse qui étudie la communication dans son coin, ne fait pas de vagues, ne brasse pas non plus de l'air avec des plans sur la comète. « T'es intelligente, minipousse. Ça va le faire. S'il y a une personne dans cette famille pour qui je me fais pas de soucis, c'est bien toi. » Elle avait assez de jugeotte et de débrouillardise pour aller loin, il en était certain.

Il y a son téléphone qui se met à vibrer dans sa poche, attirant l'attention de Tom. Message de Gus. « Problème avec l'un des pandas roux, véto n°2 introuvable. Ramène toi. » Il soupire. Façon de dire que c'est une urgence, que d'ici une dizaine de minutes il recevrait un appel du directeur furax que personne ne soit encore sur le coup pour régler au plus vite ce petit bémol de santé. Il aime pas ça le dirlo quand les vétos doivent venir dans les enclos en journée, perturber le spectacle pour les visiteurs en ramenant les animaux à l'intérieur ou pire parfois, en les endormant et en les auscultant sur place. « J'ai une urgence au zoo. Je dois y aller.  Fais tes devoir et pense à mettre la table avant que m'man rentre. » Il lui lance un sourire moqueur, lui pince les côtes pour l'embêter et embrasse sa joue avant de détaler dans le couloir. Back to work.