Armageddon version circulation {Sheldon}

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ARMAGEDDON VERSION CIRCULATION

Je roulais en direction de la salle de sport, j’avais besoin d’extérioriser ma rage et quoi de mieux que de taper dans un sac de boxe ? Je sentais déjà mes poings me démanger et je montai le son de la radio, annonçant une vague d’orage pour la soirée. Nous étions en fin d’après-midi et la circulation était infernale, des gugus mis dans des voitures sans même savoir conduire, je me demandais encore comment me sortir de cet enchevêtrement de voitures tandis que plusieurs coups de klaxons montaient. Probablement des automobilistes pressés ou enragés. Je reçus un geste quelque peu déplacé d’un lorsque je parvins à le doubler, geste que je le rendis au double. La journée avait été exténuante, j’avais couvert le shooting d’une nouvelle marque montante de Island Bay avec pour égérie, une inconnue aux caprices multiples et aux cris stridents. J’avais pris son minois entre quatre yeux pour lui signifier que sa crise d’adolescente prépubère, elle pouvait se la mettre là où je pense et qu’elle me fasse un sourire digne de Madonna et qu’on en termine. La vilaine avait fait monté l’adrénaline en moi et, désormais, je devais me débarrasser de cette colère que je parvenais à quitter. Bref, je roulais et j’en avais assez.

Le trafic se fluidifiait et nous roulions à peu près convenablement lorsque la portion du tramway qui longeait notre voix dérailla et sortit de sa voix. Cela dura un instant, le wagon se retrouva à la perpendiculaire, bousculant les voitures présentes en première ligne, faisant reculer les autos et provoquant gravas et fumée. Je sentis ma voiture emboutie par celle juste devant, directement reliée au choc du tramway. Je sentis les airbag se déclencher et relevait ma tête qui avait heurté le volant, provoquant un filet de sang qui glissait déjà le long de ma tempe. J’étouffai un juron en récupérant mon sac à main et mon sac à dos contenant tout mon matériel de photographie, je ne pouvais laisser celui-ci en plein milieu de la circulation. J’avais déjà le téléphone en main tandis que je m’avançai pour vérifier l’ampleur des dégâts. De là, je m’arrêtai à hauteur de cette voiture que j’avais percuté, involontairement et levai les yeux vers l’individu s’y trouvant, une demoiselle blonde aux traits fins. Pourtant, le danger était ailleurs car le tramway était instable, menaçant de prendre feu de ce côté-ci à tout instant et une voiture s’était également emboutie contre la sienne et trônait désormais sur le toit. Je me trouvais à côté de sa portière qui ne s’ouvrait bien sûr pas, le côté passager complètement déchirée, le toit menaçant de s’écrouler face au poids de la voiture s’y étant confortablement installée et le tramway qui allait sauter d’une minute à l’autre. Je tirai de toutes mes forces sur la poignée cherchant à faire céder le système de sécurité en essayant de voir si la victime était consciente ou pas. De l’autre main, je pianotai sur mon téléphone, appelant les secours qui semblaient débordés au vu des serveurs saturés et de l’apocalypse qui venait de surgir en cette journée, paisible à bien des égards. « Hého, vous m’entendez ? Bon sang, répondez ! Je vais casser la vitre, vous êtes consciente ? » Je récupérai un morceau de tôle sur le sol et attendit la réaction de mon interlocutrice avant de faire quelque chose qui pourrait encore plus la blesser.

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Sheldon avait été au travail comme tous les jours, c'était le seul moment où elle avait un semblant de liberté, où ses gestes n'étaient pas contrôlés par son mari influant et où elle ne risquait pas de recevoir des coups parce qu'elle avait mal répondu à une question basique. C'était ça le quotidien de la blonde, et ce depuis quelques années déjà. Au début, tout se passait bien, elle avait un mari aimant, qui s'occupait d'elle, qui lui offrait des cadeaux, qui partait avec elle en vacances, et tout ça avait été balayé parce que du joir au lendemain celui-ci était devenu violent à son égard. Pourquoi? Comment ? Elle n'en savait rien, et elle n'aura probablement jamais de réponse à ses des questions.

Pour se justifier à l'égard de son patron et autres personnes qui pourraient la connaître, la jeune femme s'inventait une maladresse qu'elle n'avait pas vraiment en réalité, mais c'était la seule excuse plausible qui lui permettait de ne pas subir un interrogatoire auquel elle sera incapable de répondre.

Jusqu'ici, Sheldon avait passé une bonne journée, elle entretenait une relation plus que positive avec son patron, alors hormis en cas de gros pépins, il n'y avait aucun cri au travail, et c'était diablement reposant pour l'allemande. Mais toute bonne chose à une fin. En effet, maintenant qu'elle a achevé sa journée de travail, qu'elle s'est assurée avoir assez de provisions pour le lendemain, elle quitta l'épicerie bio où elle travaillait pour rejoindre sa voiture garée sur le parking. Sheldon adorait les vieilles voitures, leur charme, leur histoire, leur vécu, tout cela faisait qu'elle vouait une admiration certaines à ce genre de modèle. Hélas, elle n'avait pas forcément les moyens d'acheter de vieux modèles, alors elle s'était contenté d'une petite voiture, une Toyota, ça lui suffisait pour faire les aller-retour entre son domicile et son lieu de travail, et puis, ça la rendait indépendante sur au moins un point.

La radio allumée à un volume bas, juste de quoi faire un fond sonore, elle prit le chemin pour rentrer chez elle. À cette heure-ci, les sorties de travail étaient nombreuses, beaucoup d'automobilistes prenaient le chemin pour rentrer chez eux, ce qui fait que la route était souvent bouché. Et aujourd'hui ne fit pas exception à la règle.

Après plusieurs longues minutes de bataille, la circulation se fit plus fluide et la vitesse un peu plus élevée. La route longeait une voie de tramway, depuis le temps qu'elle empruntait cette route, jamais la jolie blonde aurait pensé qu'un tel incident pourrait se produire. Et pourtant, avant même qu'elle ne comprenne ce qui se passe, le tramway dérailla, emportant avec lui quelques automobiles. Celles qui restaient s'encastraient les unes dans les autres n'ayant pas le temps de freiner avant de heurter la voiture de devant.

Secouée par l'accident, Sheldon avait perdu conscience sur le coup. Un choc à la tête avait ouvert légèrement son front tandis que sa voiture menaçait de s'effondrer sous le poids de celle posée sur son toit. Sous l'effet de la collision, la jambe de la jeune femme était bloquée sous le tableau de bord, impossible pour elle de bouger. Est-ce qu'elle était gravement blessée à la jambe ? Elle n'en avait aucune idée, elle ne sentait plus son corps à partir de son bassin.

Soudain, une voix lui parvient au loin, elle aurait voulu faire un signe, lui signifier que tout allait bien, mais ce n'était pas le cas et Sheldon se sentait partir de plus en plus. Ses forces l'abandonnaient petit à petit et le trou noir se rapprochait dangereusement, jusqu'à sombrer dans l'inconscient.

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La situation était incertaine, au regard des voitures qui s’enflammaient et des piétons, automobilistes et passagers qui paniquaient. La boxe m’avait été d’une grande aide dans ce genre de cas car je savais gérer mon stress et faire le vide à l’intérieur pour ne pas céder à la panique. Pourtant, j’avais peur, guère pour ma propre vie mais surtout pour cette demoiselle retenue prisonnière au sein de son propre véhicule. J’affichais souvent ce masque de dédain et d’autosuffisance qui me font penser pour une garce mais j’avais un cœur et celui-ci, à cet instant, tambourinait fortement dans ma poitrine à l’idée de ne pas pouvoir venir en aide à cet être humain qui méritait autant que moi de vivre. A travers la vitre, la réponse que j’attendais ne me parvint point. Au lieu de cela, ce que je redoutais arriva. Je n’avais pas le temps de réfléchir, j’aurais pu utiliser une barre métallique passée à travers le haut de la vitre pour tenter d’atteindre la poignée mais je risquais de toucher la conductrice. Elle semblait tellement innocente, comme tous les autres et à l’abandon. Je trouvais un rétroviseur explosé non loin et m’éloignai quelques instants pour le ramasser. J’adressai un sourire bienveillant à mon interlocutrice fantôme afin de signifier que tout allait bien mais la situation était incertaine et elle ne me répondait pas, elle ne me voyait peut-être même pas. Je revins vers la voiture et tentai de calmer les battements de mon corps pour rester maîtresse de mes gestes et ne pas céder à la panique. Je me plaçai face à la vitre passager du côté du siège arrière pour éviter de plus l’amocher. Là, je reculai de quelques pas et lançai la pierre en priant que ce poids ne fasse glisser la voiture au dessus. Mes espoirs furent entendus car le verre vola en éclats mais le montage sommaire semblait tenir bon. Je passai mon bras à travers le verre brisé, me coupant au passage mais qu’importe et ouvrit la porte. Je m’engouffrai dans la voiture et, de l’arrière, défis la ceinture de sécurité de la belle blonde. J’étais consciente qu’elle ne m’entendrait pas mais je continuai : « je vais vous sortir de là. » Je fis basculer son siège au magasin en tournant la mollette sur le côté afin de pouvoir me hisser à l’avant, sur le siège passager. Je n’étais pas certaine des blessures dont elle était victime mais je pris son pouls, elle respirait, c’était déjà ça. Je me battis avec le loquet de sécurité mais la porte céda et s’ouvrit. Alors, je repassai à l’arrière, ressortis de la voiture et passai l’un de ses bras sur mon épaule pour la tirer à l’extérieur. Je devais l’éloigner de ce chantier miné. J’avais de la force mais j’avais peur de la déplacer et de lui faire mal. Ainsi, je m’arrêtai à quelques mètres de la voiture, l’ayant traînée comme je le pouvais. Là, je cherchais un moyen de lui faire reprendre ses esprits. Je passai ma main devant son visage, hélai sa présence en criant des « hé ! » stridents mais je ne suis pas sûre que cela soit suffisant. Alors, je récupérai ma bouteille d’eau dans mon sac et aspergeai son visage en secouant son bras pour essayer de reconnecter ses terminaisons nerveuses qui s’étaient mises, apparemment, en mode veille. Une voiture prit feu plus loin et cela me fit sursauter. Je tentais de ramener du monde à ma cause mais ils fuyaient tous ou se terraient, au choix. Des peureux qui ne pensent qu’à eux…J’étais également comme ça mais je ne pouvais la laisser, si elle ne répondait pas, je la hisserai sur mon dos et l’emporterait avec moi.

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Sheldon n'avait aucune idée de ce qui était réellement en train de se passer actuellement. Des bruits lui parvenaient sans pour autant qu'elle puisse les dissimuler, tout comme cette voix qui semblait ci-près d'elle mais dont elle n'arrivait même pas à voir le visage de la personne en question. Ses forces l'avaient abandonnées petit à petit et désormais, elle était incapable de faire le moindre geste. Elle sombra dans l'inconscient quelques secondes avant de revenir dans le monde réel.

Cette voix, toujours la même ne semblait pas s'être éloignée. Qui était donc cette personne auprès d'elle ? Le cri des gens paniqués arrivaient jusqu'à ses oreilles, tout comme ce bruit sourd qui ressemblait à une explosion non loin de son véhicule. Même avec la meilleure des volonté, la jeune femme était incapable de faire quoique ce soit pour s'extirper de son véhicule. Un autre bruit parvient à son cerveau, bien qu'il ne fut pas en mesure de l'identifier totalement. Un bruit qui ressemblait à de taule, ces petits grincements qu'elle percevait sans pour autant savoir la provenance du bruit. Et heureusement pour elle d'un côté, parce que savoir qu'au-dessus de son véhicule trônait un autre véhicule ne l'aurait sans doute pas aidé à rester garder.

Cette voix féminine retentit de plus belle, mais encore plus près d'elle cette fois-ci. Elle avait quelques absences, d'où le fait qu'elle n'arrivait pas à décrire avec précision ce qui était en train de se passer, mais elle sentit quelqu'un auprès d'elle, peut-être cette même femme. Puis soudain, elle sentit des mains sur son corps, elle n'était donc pas folle, quelqu'un était là, dans sa voiture en train de tout mettre en oeuvre pour la sauver ? Est-ce qu'il s'agissait des secours ? Elle n'en avait aucune idée, tout cela était beaucoup trop flou dans son esprit pour qu'elle puisse faire une quelconque distinction.

Finalement, elle sentit cette même personne l'extraire de son véhicule et la traîner un peu plus loin. Sa jambe lui faisait mal et c'était probablement la seule chose qui maintenait encore son esprit éveillé. Soudain, elle sentit quelque chose de frais sur son visage, mais impossible de distinguer ce dont il s'agissait. Elle ouvrit difficilement les yeux, son visage déformé par les plaies qu'elle portait dû au choc, tout comme par la douleur qu'exercait sa jambe.

" - Je.. Qui êtes-vous.. ?"

Dans l'immédiat, le plus important n'était pas les présentations, et d'ailleurs, Sheldon avait beaucoup de mal articuler correctement ses propos, mais ce fut la seule chose à peu pres cohérente qu'elle réussit à articuler.

" - Ma jambe.." souffla-t-elle dans un murmure.

Elle désigna son membre qui la faisait souffrir dans l'espoir que sa sauveuse en prenne connaissance. Sheldon n'avait jamais été du genre à se plaindre dès qu'elle avait quelque chose, mais il faut dire que la situation était nettement plus délicate qu'un simple petit accident de la circulation.

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L’heure n’était point aux plaintes, mais plus à l’action. Devais-je prévenir les secours ? Parviendraient-ils à nous rejoindre assez rapidement pour la donzelle que je secourais puisse réussir à s’en tirer sans trop de confusion ? Je n’en étais guère certaine c’est pourquoi j’écoutai avec précision chacun de ses mots et me penchai déjà, accroupie, lui laissant un peu de répit en s’appuyant sur mes épaules pour observer l’ampleur des dégâts. Ce n’était certes pas très beau à voir mais cela n’avait pas l’air si grave, elle ne risquait pas la paralysie vu qu’elle pouvait bouger. Soulagée, je me mis en tête de nous frayer un chemin entre ce tétris géant où les voitures s’emboitaient parfaitement et de la conduire jusqu’à une ambulance, auprès de celle la plus proche nichée à environ 500 mètres et dont la sirène retentissait quand même au milieu de tout ce brouhaha. Je cherchai une solution en balayant la zone ravagée du regard à la recherche d’une quelconque aide mais les gens étaient trop occupés à fuir. De ce fait, je plantai mes yeux dans les siens, la pensant encore consciente et dis, assez brutalement mais pour qu’elle entende et intègre : « Je m’appelle Shaya. Je vais vous escorter jusqu’à une ambulance…Par contre, serrez les dents. » J’étais habituée à cogner mais la musculation avait développé d’autres aptitudes en moi ainsi que quelques casses guère très jolis durant mon adolescence où j’avais dû user de force. Ainsi, la midinette ne semblait point très épaisse et, je m’accroupis pour entourer ses cuisses de mes bras et la hisser sur mes épaules, tel le sac à patates qu’elle n’était pas. « Je suis désolée » soufflai-je mais je n’avais d’autre choix c’était cela ou sa jambe. Ainsi, j’avançai péniblement entre les voitures, débarrassant notre passage des débris de coups de pieds bien placés mais je me heurtai à deux petits voyous qui vandalisaient une voiture, dont l’un avait le bras complètement en charpie. Ils disaient terminer et se rendre à l’ambulance que j’avais repérée. Ce n’était guère possible. De ce fait, j’accélérai le pas et me retrouvai à moins de cent mètres de l’ambulance. J’eus beau m’époumoner à scander « à l’aide ! », personne n’arriva, les ambulanciers déjà trop occupés avec les blessés présents à leurs côtés. J’étouffai un juron et, même si mon épaule était défoncée, que de la sueur coulait sur mon front et que mes jambes menaçaient de s’écrouler, je tins bon, déposant désormais mon précieux paquet, une femme sans nom, au pied de l’ambulance. Je déposai ses pieds au sol mais la soutins quand même dans cette action afin qu’elle ne plie et attrapai par le col un des ambulanciers qui déjà se précipitait vers le gredin et son pote qui avaient volé les voitures avant de se la ramener. Je le regardai droit dans les yeux et crachai : « Si tu t’occupes pas de ma copine, je t’envoie direct planer dans ton ambulance. » Il dut mettre cela sur le coup de l’irritabilité due à la situation mais j’étais ainsi en toutes circonstances. Néanmoins, déjà il appelait une autre personne, peut-être médecin ou infirmier pour qu’il vienne voir la jambe de la demoiselle que je désignai en premier, même si elle allait avoir besoin d’autres soins.

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La jambe de la blonde la faisait souffrir, mais la douleur physique n'était rien comparé à ce qui se passait dans sa tête. Elle ignorait ce qui se passait aux alentours, elle entendait des bruits sourds sans pour autant pouvoir savoir de quoi il s'agissait réellement. La seule chose qu'elle arrivait à analyser, c'était cette femme auprès d'elle, pourquoi n'avait-elle pas fui comme les autres ? Pourquoi elle s'occupait d'elle plutôt que de sauver sa propre vie ? Toutes ces questions sans réponse que la blonde se posaient n'avaient rien de très rationnel il fallait bien l'avouer.

La jeune femme qui venait en aide à Sheldon se présenta suite à la demande de la blonde. Shayna qu'elle s'appelle. L'allemande essayait de l'observer un court instant, mais ça lui demandait de puiser au fond de ses forces et elle n'en était tout simplement pas capable. Pas à ce moment précis en tout cas. Son combat pour l'instant c'était de rester éveillée et de ne pas retomber dans l'inconscient.

" - Laissez-moi ici, sauvez-vous pendant que vous le pouvez. Je ne mérite pas de vivre de toute façon."

Peut-être que la jeune femme allait mettre ça sur le coup du choc ou même de la douleur qui pouvait la faire délirer, mais c'était bien ce qu'elle pensait au quotidien. À chaque fois qu'elle sentait les mains de son mari sur son corps soit pour abuser d'elle, soit pour laisser des traces rouges à force de la frapper, elle avait fini par admettre qu'elle n'avait pas sa place dans ce monde. Mettre fin à ses jours ? Oui elle y avait déjà songé et cet accident était peut-être l'espoir pour elle de quitter cette terre et de vivre une autre vie ailleurs, dans le calme et le respect. Toutes ces valeurs auxquelles elle ne pouvait prétendre aujourd'hui.

Mais Shayna ne semblait pas convaincue par ses propos puisqu'elle mit toutes ses forces pour l'extraire de son véhicule et la porter dans ses bras. En même temps, Sheldon était tellement légère qu'elle ne devait pas être bien lourde, mais elle pesait tout de même son poids. Le paysage défilait devant ses yeux sans qu'elle ne puisse vraiment savoir ce qui se passait, jusqu'au moment où des bruits de sirène retentirent non loin d'elles.

Puis, soudain, sa sauveuse s'adressa à quelqu'un que Sheldon ne pouvait distinguer, la douleur la faisait basculer dans l'inconscient quelques secondes avant qu'elle n'émerge à nouveau. Son timbre n'était pas tendre mais ça semblait fonctionner puisque la personne en question se mit à l'examiner en essayant de voir si la blessure était grave ou non.

L'homme lui posa alors quelques questions auxquelles Sheldon avait du mal à répondre étant donné l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait. Mais après quelques minutes, il semblait avoir rendu son verdict, elle devait être transporté d'urgence à l'hôpital. Sheldon ne voulait pas se retrouver seule, alors même si quelques minutes plus tôt elle avait demandé à la jeune femme de la laisser livrer à son sort, désormais elle l'implorait pour qu'elle vienne avec elle.

" - Vous.. Vous voulez bien m'accompagner ?"

Peut-être qu'elle-même était blessée, qu'elle avait besoin de soins. Elle n'en savait rien mais elle ne lui en tiendrait pas rigueur si elle l'abandonnait à ces ambulanciers.

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C’était complètement ridicule lorsque j’y repense. La jolie blonde m’avait demandée de la laisser sur le côté, au milieu de ce carambolage monstre digne d’un film de Spielberg. J’étais peut-être joueuse et un brin égoïste mais je n’abandonnais pas un être à une mort certaine alors que je suis encore en capacité de lui venir en aide. Je n’avais même pas prononcé de mots tellement l’idée n’avait été retenue par mon cerveau, au contraire, je l’avais balayée d’un revers de main en empoignant la demoiselle par les cuisses afin de la hisser sur mon dos. Elle devait être sonnée bien que quelque chose dans sa voix sonnait comme une vérité pure, une vérité plus profonde que son accident, quelque chose qui ravive une douleur fulgurante pour ne pas aimer la vie à ce point-là. Tellement de questions mais si peu de temps…Je préférai réagir qu’embourber mon esprit dans une réflexion qui nous mènerait toutes deux au fond d’un gouffre et non auprès de l’équipe de sauveurs.

Le petit minus qui avait tenté de leur prendre la place boudait dans son coin et était retourné bazarder quelques vitres de voiture. J’aurais bien tourné les talons pour lui expliquer ma façon de penser mais j’étais trop occupée à veiller sur ma nouvelle protégée, interrogée par les ambulanciers, un peu trop à mon goût ce que je leur soulignais. « Elle a une commotion ou un truc crânien, vous pouvez pas abréger et la faire courte ? » Certes, la jambe était la plus touchée mais elle ne semblait guère dans son assiette. Je la couvais du regard, sans siller et sans la quitter et accédai à sa requête d’un simple geste en posant ma main sur son épaule comme pour signifier ma présence. N’y voyez rien d’intime ou de peu conventionnel, j’étais physiquement présente auprès et pour elle, ayant simplement quelques entailles le long de bras et du visage, mon matériel toujours perché sur mes épaules, je déposai l’imposant sac à dos à mes pieds, entre mes jambes afin que personne n’y touche. « Je ne vous quitterai pas. On est ensemble dans la même galère. » Je signifiai aux ambulanciers qu’il était hors de question de tenter de me faire descendre et, ils récupérèrent au passage un homme crachant du sang de par sa bouche et son nez, un délicieux bien qu’horrifique mélange et nous démarrâmes sur les chapeaux de roue, la sirène vrillant à mes oreilles et le camion secouant nos corps lorsque nous rencontrions les débris laissés par les voitures percutées de plein fouet par l’avant et l’arrière à cause de ces wagons qui s’étaient échoués au milieu de la circulation. Je n’osai jeter un coup d’œil à travers les vitres de l’automobile et préférai garder mon attention sur la demoiselle en demandant un verre d’eau pour celle-ci que je lui tendis tout en m’accrochant au brancard pour ne pas trébucher. « Vous vous appelez comment car à part la jolie blonde, j’aimerais pouvoir mettre un nom sur votre visage, au cas où nous ne passions pas la nuit ? » J’ironisai simplement mais c’était plus pour détendre l’atmosphère qu’autre chose. Soudain, ils pilèrent et je sus que nous fûmes arrivées, l’odeur calfeutrée des hôpitaux s’élevait déjà et nous enveloppait.

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Sheldon n'était pas heureuse dans la vie qu'elle menait, elle l'avait été il y a de ça quelques années, au début de sa rencontre avec son mari, tout s'était bien passé, et puis au fil du temps, leur relation serait dégradé, et ce fut la descente aux enfers pour la jolie blonde. Elle savait que tôt ou tard la situation deviendrait plus grave et il n'était pas exclu qu'au cours d'une de leur dispute sa tête cogne un coin de meuble et ce serait la fin pour elle. Alors entre mourir chez elle près de son mari ou bien ici, au milieu de la ferraille, est-ce qu'il y avait réellement une différence ? Pas à ses yeux en tout cas, mais son esprit avait été agité par l'accident qui venait de se dérouler, peut-être n'avait-elle encore retrouvé ses esprits et des pensées claires.

La jeune femme qui venait de la transporter jusqu'à l'ambulancier était toujours auprès d'elle. Sheldon avait presque l'impression que c'était son ange gardien mais l'image ne resta pas longtemps puisque l'homme en blouse lui posait tout un tas de questions afin de déterminer la gravité de la situation, en dehors de la blessure ouverte à la jambe qu'elle avait.

" - À première vue, la jambe est fracturée et le choc à provoquer un traumatisme crânien dont j'ignore la gravité ainsi qu'une contusion de l'abdomen." indiqua l'homme en blouse à Shayna.

C'est ce dernier critère qui est le plus inquiétant. Peut-être que la contusion à l'abdomen à endommagé les organes internes ainsi qu'une hémorragie, pour l'instant dans l'ordre des choses il était impossible d'en dire plus. Elle devait rejoindre l'hôpital le plus vite possible.

Finalement, la femme que Sheldon avait congédié un peu plus tôt restait au près d'elle, comme elle le lui avait demandé, ou plutôt supplié. Quitte à mourir aujourd'hui, elle ne voulait pas être seule, c'était peut-être égoïste, mais elle avait tellement peur l'habitude que quelqu'un prenne soin d'elle qu'elle s'était déjà attachée à cette femme sans même la connaître.

D'un geste un peu hasardeux, la jolie blonde saisit la main de sa sauveuse et la serra sans non plus lui broyer. Elle la remercia pour le verre d'eau et essaya de boire celui-ci sans tout renverser mais en vain avec les soubresauts de la camionnette.

" - Sheldon, mais j'aime bien aussi jolie blonde." dit-elle en essayant de rigoler, mais elle s'étrangla plus qu'autre chose tout en se tenant la cage thoracique.

Sheldon avait besoin de réconfort, d'autant plus que les bruits autant d'elle devenaient de plus en plus lointains, son souffle ralenti jusqu'au moment où les machines autour d'elle indiquant son rythme cardiaque et autres constantes par des bips réguliers, se mit soudainement à tracer une ligne droite continue. Son coeur venait de s'arrêter et Sheldon venait de plonger dans un coma. Heureusement pour elles, le véhicule venait de se garer dans le parking pour l'emmener directement aux urgences, déjà saturées à cause de l'accident qui venait de se produire. Aller raconter ça à quelqu'un qui n'était pas là, il vous dira que vous vous faites des films. Ouais, un film catastrophe, ni plus ni moins, mais c'était bel et bien la réalité.

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