Un jour, les masques tombent [Feat. Azariah Andersson]

Comme tous les jours, Sheldon avait quitté le domicile qu'elle partageait avec son mari, non seulement elle était heureuse d'aller travailler, parce qu'elle aimait ce qu'elle faisait, mais la vérité, c'est que c'était le seul endroit où elle pouvait enfin souffler. À l'épicerie, elle était une femme normale, les clients la traitait normalement et ne se contentaient pas de la rabaisser dès qu'elle faisait quelque chose.

Avec Azariah, son patron, Sheldon a toujours eu une relation positive, ils s'entendent bien, c'est le genre d'homme qui recherche constamment à mettre ses employés à l'aise. Plusieurs fois, il s'est interrogé sur les hématomes que présentent la blonde, mais elle a mis ça sur le compte de la maladresse. Jusqu'à aujourd'hui, il n'avait pas cherché plus loin, même s'il était sans doute sceptique.

Ce qui devait être une journée banale se transforma en calvaire pour la jeune allemande. Après avoir pris sa pause déjeuner, elle était de retour en caisse pour servir les clients. Certaines têtes revenaient régulièrement tandis qu'elle en vit d'autres pour la première fois. Sheldon était la gentillesse incarnée, toujours un sourire et un petit mot gentil aux acheteurs, elle était ainsi malgré l'enfer qu'elle vivait une fois qu'elle avait quitté son travail.

Soudain, le bruit de la porte qui s'ouvre fait détourner le regard de la blonde, adressant un sourire après avoir remercié l'homme qui venait d'acheter une baguette ainsi que quelques gâteaux. La blonde n'en croyait pas ses yeux. Là devant elle, son mari venait de faire une entrée en furie, se dirigeant vers sa caisse, le regard assassin.

" - Alors comme ça c'est ça que tu fais à longueur de journée ? Tu dragues ces pauvres mecs en espérant qu'ils t'accordent de l'attention ? Je te l'ai dis tu vaux rien, y'a que moi qui te regarde, personne ne s'intéresse à toi parce que tu n'es rien, t'es qu'une traînée !" cria-t-il tout en la saisissant par le poignet.

Et sur ces mots, il lui asséna une gifle. Comme à son habitude, Sheldon resta interdite. Heureusement pour elle, à cet instant précis, aucun client n'était sans l'épicerie, sinon, elle s'en serait voulu de se donner en spectacle de cette manière. Après avoir piqué sa colère, le mari de Sheldon prit un air amusé en voyant l'influence qu'il avait sur elle, en voyant qu'il pouvait contrôler tous les aspects de sa vie sans qu'elle n'ose le contredire.

Pendant un instant, les mots de son compagnon retentirent dans sa tête. Est-ce que c'est comme ça que percevait les clients quand elle les adressait un sourire ? Elle les allumait ? Ce n'était vraiment pas ce qu'elle voulait, et si ça dérangeait, à l'avenir elle s'abstiendrai faisant usage de simples formules de politesse. Sheldon était sous le choc, ne sachant que faire, que dire, elle resta immobile derrière sa caisse en constatant la nouvelle marque autour de son poignet.

Sheldon aimait être ponctuelle et ce, peu importe l'endroit où elle se rendait. Cela valait encore plus lorsqu'elle devait se rendre au travail tous les matins. Elle aimait son poste et elle n'avait pas à se plaindre, les clients étaient sympathiques, les collègues agréables, quant à son patron, il était très compréhensif et essayait toujours d'agir au mieux pour satisfaire chacun de ses employés. Sheldon avait beaucoup d'admiration pour cet homme et le respectait énormément, il le lui rendait bien.

Les journées s'enchainaient et se ressemblaient, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Ici, à l'épicerie bio, elle se sentait en sécurité, jamais son mari ne viendrait interférer dans sa vie professionnelle. Du moins, pas jusqu'à aujourd'hui. Quand il avait commencé à élever la voix, le premier réflexe de la blonde fut de jeter un coup d'oeil aux alentours afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de clients. Si l'un d'eux étaient temps d'une telle scène, ça nuierait à la réputation du magasin, et Sheldon refusait d'imposer ça à son patron.

D'ailleurs, en parlant du loup, après avoir reçu une gifle de la part de son mari, la voix de son supérieur retentit avant même qu'elle n'ai eu le temps de l'apercevoir. À cet instant précis, elle aurait aimé se faufiler dans un trou de souris, elle avait tellement honte de ce qui était en train de se passer qu'elle aurait préféré fuir comme elle le faisait en temps normal, plutôt que d'affronter, et le regard de son mari, et celui de son patron.

" - On verra ça ce soir à la maison, crois-moi que tu vas pas t'en sortir comme ça."

Ce fut uniquement ce que le mari de Sheldon dit avant de quitter le magasin sans même considérer Azariah. Heureusement d'un côté, elle refusait qu'il s'en prenne à lui, elle pouvait encaisser les coups, mais elle n'acceptait pas que son mari soit violenr envers les autres. Hormis quelques discussions parfois animées, il n'avait jamais été violent envers quelqu'un d'autre qu'elle.

Une fois son mari parti, la jolie blonde se tourna vers son patron. Elle se sentait vraiment coupable de ce qui venait de se passer. La main toujours sur sa joue suite au coup qu'elle venait de recevoir.

" - Je suis sincèrement désolée Azariah.. Je voulais pas.. Je vous promets que ça ne se reproduira plus."

Au fond elle aurait aimé tenir sa promesse, mais avec un mari incontrôlable comme le sien, elle ne pouvait pas vraiment promettre une telle chose.

Sheldon ne savait vraiment plus quoi faire, son mari venait de faire preuve une nouvelle fois de violences à son égard, mais ce n'était pas ça qui la gênait à l'instant présent. Son patron avait assisté à toute la scène et s'il décidait de prendre les mesures nécessaires pour ne pas que ça se reproduise, il pourrait juger que c'était elle la responsable de tout ce vacarme et par conséquent, qu'elle n'avait plus sa place ici. Si tel était le cas, non seulement son mari aura réussir à pourrir sa vie personnelle en lui retirant toute liberté, mais il lui aura également fait perdre son emploi, qui était jusqu'ici sa seule raison de vivre.

Elle pensait que jamais il ne viendrait la chercher sur son lieu de travail, il faut croire que malgré les années passées ensemble, elle ne connaît pas encore son mari sur le bout des doigts.

Une fois qu'il fut parti, la jolie blonde se sentait responsable de tout ça, alors elle s'excusa auprès d'Azariah, en espérant qu'il ne prenne pas de décisions comme elle avait pu songer. Pour le moment, il s'occupait d'elle et c'était déjà bien suffisant et elle ne pouvait en demander plus.

Sheldon s'installa alors dans le bureau d'Azariah, elle ne prit pas trop ses aises parce qu'elle savait que ce n'était pas le moment de se faire remarquer. Elle attendait le retour de son patron avec la trousse de secours, il était tellement attentionné avec elle qu'elle se sentait vraiment mal à l'aise d'avoir causé une telle chose. Les doigts de l'homme sur la joue de Sheldon, elle ferma les yeux. Ce contact lui faisait du bien, depuis quand son mari n'avait pas eu ce genre d'attention à son égard ? Bien sûr, elle ne se faisait aucune idée, elle savait Azariah marié et elle n'irait jamais jusqu'à tenter quelque chose dans cette direction.

Et puis, soudain, cette question. Elle ne s'y attendait pas mais en même temps, c'était légitime. Mais Sheldon n'était pas du genre à se plaindre et encore moins, avouer qu'elle se faisait battre, ce n'était pas vraiment très glorieux comme quotidien et elle ne pouvait s'en vanter.

" - Je.. Non vous vous trompez. Il était juste énervé, rien de plus." fit-elle en esquissant un fin sourire.

C'était plus fort qu'elle, elle était obligée de défendre son mari malgré tout ce qui lui faisait subir au quotidien, mais avouer qu'elle se faisait battre c'était bien plus difficile qu'on ne pouvait le penser. Elle se sentait sale, humiliée et incroyablement mal à l'aise devant son patron. En même temps, il n'était pas dupe, ce n'était pas la première fois que la blonde justifiait un hématome sur son corps. Jusqu'alors, elle avait mis ça sur le compte de la maladresse, mais aujourd'hui, elle ne pouvait plus mentir et elle le savait. Elle ne faisait que reculer le moment fatidique où elle allait devoir lui dire la vérité.

Il y avait très peu de personnes qui avaient connaissance de la véritable relation qu'entretenait Sheldon avec son mari, sa meilleure amie était au courant, mais là il s'agissait de son patron. La situation était vraiment délicate et puis, comment pouvait-elle avouer tout simplement qu'elle était battue ? Elle aurait pu le faire, mais elle avait été tellement rabaissée ces dernières années que même ça, elle n'y arrive pas.

De plus, malgré son mari violent, la jeune allemande n'arrivait pas à voir les choses clairement. Demander de l'aide ? C'est ce qu'elle aurait dû faire mais elle n'a jamais réussi à franchir ce pas, et s'il l'apprenait, elle ne donnait pas cher de sa peau. Alors, elle se renfermait sur elle-même, prétextant une maladresse presque hors normes, mais aujourd'hui la vérité avait éclaté devant les yeux de son patron. Sheldon en était vraiment confuse.

" - Je.."

Elle se sentait honteuse, comme une femme sale qui venait de commettre un acte horrible. Voilà ce qu'elle était devenue depuis qu'il réussissait à la manipuler à sa guise et à la maltraiter psychologiquement. Elle avait honte d'avouer qu'elle était battue, c'était toujours humiliant de l'avouer. Comme elle n'arrivait pas à le dire, elle se contenta de baisser la tête comme simple réponse à cette question. Quoiqu'elle dise, Azariah savait désormais qui elle était réellement et ce qu'elle vivait.

" - Vous auriez jamais dû assister à ça.. Normalement il ne lève jamais la main sur moi en public.." avoua-t-elle dans un murmure.

Signe que sa relation avait encore franchir un seuil, peut-être que celui-ci allait lui permettre de réagir et de reprendre sa vie en main. Enfin pour ça, il faudrait une sacré dose de courage, ce qu'elle n'a pas malheureusement..