Empty wallet, empty heart. (Julieth #1)

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Julian & Leeth

Plus les semaines avancent, plus mes finances commencent à craindre. Je me suis permis d'être un peu plus téméraire dans mes achats dernièrement. Ma meilleure amie qui me traine au centre commercial aurait dû me donner la puce à l'oreille. Je suis tout à fait influençable lorsqu'il est temps de dépenser pour la moindre cochonnerie dont je n'ai pas besoin, en passant par des vêtements dont j'aurais bien pu me passer. Qu'ont mes vieilles fringues? Elles me font toujours et ne sont pas endommagées, alors j'ignore pourquoi Tess a insisté pour qu'on aille magasiner, elle et moi. Je me sus retrouvé avec une jolie facture de cent dollars, alors que je peine à mettre les sous de côté pour mon futur voyage au Portugal - qui devra attendre sagement à mes dix-huit ans - et cette guitare sur laquelle je bave depuis des mois. Je sais très bien que l'héritage de ma mère biologique devrait me permettre une telle folie, mais je préfère garder ces sous pour mes études. Je ne compte certainement pas finir derrière le comptoir d'un McDonalds. J'ai quand même des rêves et des ambitions qui me conditionnent à me lever chaque jour le matin et je compte bien en faire une réalité. Ma réalité.

Après en avoir sagement discuté avec mon frère Edwy, je me suis rendue à l'évidence qu'un boulot, un vrai, ne me serait pas préjudiciable. Certes, le tutorat me permet de gagner des thunes, mais celles-ci demeurent insuffisantes pour mes projets d'envergure. Mes grands-parents maternels proposent de m'héberger, mais n'ont certainement pas les moyens de me payer le vol jusqu'à Lisbonne. Et le Portugal, je veux le voir de fond en comble. Les origines de ma mère décédée me fascinent énormément, et ce, même si je n'ai jamais réellement renoué avec mes racines portugaises, si ce n'est lors des deux visites de mes grands-parents qui peinent à parler anglais. Bref, il me faudra suffisamment de sous pour orchestrer un tel voyage, et ce n'est pas en regardant le temps passer que je gagnerai l'argent nécessaire à sa réalisation. J'ai mis sur pied un CV qui me semble tout à fait acceptable. J'ai la chance d'avoir des frères et soeurs ainés qui ont pu m'aider à le rendre un peu plus potable. Fier et fin prêt, j'enfile des habits qui me donnent bonne mine. Comme la température est plutôt clémente et la neige quasi-absente, à mon grand bonheur, je décide de sortir mon vélo de son hibernation et me met en route pour le centre-ville d'Island Bay. C'est la chasse à l'emploi. J'ignore si je reviendrai bredouille, mais l'effort est néanmoins là. Je sais que les chances que je décoche une entrevue sur-le-champ sont minimes, mais je me demeure néanmoins optimiste quant à cette possibilité.

Mon troisième arrêt est le magasin de disque. Je n'ai certes pas les connaissances musicales les plus élargies, mais j'écoute beaucoup de musique et en compose dans mes temps libres. J'affiche un air déterminé et motivé sur mon visage et, d'un pas décidé, marche jusqu'au comptoir où se trouve un homme aux cheveux blonds en bataille. Il semble concentré dans je-ne-sais-quoi et je me sens soudainement mal de devoir le déranger. "Hmm... Bonjour, est-ce que je pourrais parler au gérant ou propriétaire?", dis-je en essayant de paraître aussi poli que possible, laissant se dessiner sur mon visage un sourire franc et rassurant. Je dois me vendre et c'est souvent dès le premier contact que les choses se décident en matière d'emploi. On dit que l'habit ne fait pas le moine, mais je suis persuadé que les employeurs nous jaugent dès le moment où leurs pupilles rencontrent les nôtres.

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Julian & Leeth

pour une fois, tu t'es réveillé seul ce matin, dans ton lit. dans ton petit appart. t'as dormis trop longtemps, un mal de crâne pointant dés le matin. tu râles, tu pestes, tu avales un cachet avec ton café et tu prends le temps de te préparer. après tout, tu ouvres ta petite boutique quand tu le veux, c'est toi le patron. tu prends le temps pour une douche longue et brûlante, lavant tes cheveux par la même occasion. tu ne sais pas combien de temps s'écoule, mais tu t'en fiches. tu t'habilles assez simplement aujourd'hui. un t-shirt et un jean. tu bois un second café avant de laisser la tasse trainer dans l'évier. tu enfiles ta veste et ton écharpe, tu récupères tes affaires et tu claques la porte de ton appartement derrière toi, dévalant les escaliers un peu trop rapidement. à peine vingt minutes plus tard, tu te retrouves dans ta petite boutique. et même si elle ne paye pas trop de mine comme ça, toi t'en ai fier. t'es fier d'avoir ta petite clientèle adepte de vinyles et de musique en tout genre. tu balances tes affaires derrières le petit comptoir où se trouve la caisse, avant de soupirer doucement. tu sais qu'hier tu devais terminer un truc, mais tu sais plus quoi. tant pis. pour le moment, tu vas te contenter de mettre en rayon les derniers disques reçu. en général, il n'y a pas grand monde le matin. tu retiens passe une main sur ton visage, écartant tes mèches, avant de te mettre au boulot. tu ne fais pas attention au temps qui passe et tu en es au troisième carton quand tu entends la petite sonnette retentir. tu restes concentré dans ta tâche, jusqu'à sentir une silhouette prêt de toi. hmm... bonjour, est-ce que je pourrais parler au gérant ou propriétaire ? tu te redresses, fronçant un peu les sourcils, jaugeant le gamin face à toi. t'es même pas certain qu'il est majeur, celui là. il est plutôt mignon, d'ailleurs. tu te pinces les lèvres rapidement, prenant quelques secondes à lui répondre. mm, salut. c'est moi que tu cherches. tu souffles en souriant, passant une main dans ta nuque pour te gratter. tu continues d'observer le jeune, tu ne sais pas vraiment ce qu'il fait ici, même si, au fond, tu as ta petite idée. ce ne serait pas le premier qui cherche un job le temps des vacances. tu poses le vinyle que tu tiens encore dans tes mains et tu croises les bras, la tête légèrement penchée sur le côté, un léger sourire toujours présent sur les lèvres. tu cherches un job ? ça ne t'étonnerais pas qu'il sorte un cv et qu'il te le tende dans les quelques minutes. t'aimes pas vraiment qu'on te tende des papiers, mais bon, tu fais avec. tu viens te gratter la joue du bout des doigts, attendant la réponse du jeune.

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Je n'aurais jamais pensé que de remettre mon simple curriculum vitae serait aussi difficile. Je n'ai jamais vraiment entamé de recherche d'emploi aussi concrète, et je dois avouer que ça me prend tout le courage du monde pour m'annoncer au premier employé qui croise mon chemin. Peut-être que quand j'en serai au dixième commerce, le stress sera tombé. Mais pour l'instant, je suis toujours aussi anxieux et intimidé par mes démarches. Lorsque j'élève la voix pour signifier ma présence et demander de parler au gérant, le jeune homme lève la tête vers moi et son regard d'azur rencontre le mien. Je sens une légère décharge traverser tout mon être, transpercé par la beauté qu'il dégage. Je lui souris comme un con, à moitié envouté par ses traits à la fois doux et durs et aussi parce que je me dois d'avoir l'air des plus gentils. "Ah excellent... Alors je..." Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'il la termine pour moi. C'est si évident que ça? Je n'ai pas l'air d'un amateur de musique à ses yeux? Je ricane légèrement sous l'effet de l'angoisse qui a bien raison de moi. "Oui, c'est exact." Je cherche maladroitement dans mon sac pour extirper mon dossier comportant mes copies. J'aurais dû les garder en main, j'aurai eu l'air moins idiot. J'ai toutefois peur que mes tremblements aient raison de mes feuilles et que je ne les froisse. Il m'arrive de jouer avec tout ce qui se trouve sur mon chemin lorsque je suis angoissé, alors aussi bien éviter que mon curriculum vitea ne devienne ma victime! "Je n'ai jamais vraiment eu d'emploi, mais... Mais j'ai des connaissances musicales très étayées", lui dis-je en lui tendant ma feuille. J'essaie de me vendre un peu, question de susciter ne serait-ce qu'une infime trace d'intérêt dans son esprit. J'ignore s'il recherche des employés et j'ose espérer que c'est le cas, car je me verrais bien travailler dans une boutique de musique. J'aurais toutes les raisons du monde de poursuivre mes apprentissages musicales toute en apprenant à connaître de nouveaux artistes et groupes de musique qui ne figurent pas encore sur ma liste de lecture.

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tu ne t'attendais pas à recevoir la visite d'un gamin ce matin. et tu ne tardes pas trop à comprendre pourquoi il est ici, parce que clairement, il semble bien trop intimidé que pour te demander un disque. tu fronces légèrement les sourcils en observant son visage juvéniles, ses mèches désordonnées et ses prunelles brunes. s'il avait eu quelques années de plus, dire que tu n'aurais rien tenté avec lui serait mentir. tu souris doucement quand il te dit, chercher le gérant et tu te présentes comme tel. en même temps, t'es tout seul dans la boutique. tu passes une main dans tes cheveux, lui offrant un sourire rassurant quand tu entends son rire nerveux. oui, c'est exact. évidemment qu'il cherche un boulot, sans doute pour payer ses études, tu n'en sais trop rien. je n'ai jamais vraiment eu d'emploi, mais... mais j'ai des connaissances musicales très étayées. tu arques un sourcil en récupérant le cb qu'il te tend et tu y jettes un rapide coup d'oeil. pas très fournis et c'est normal, puisque d'après ses dires il n'a jamais bossé. t'as quel âge exactement ? m'en veux pas, mais j'suis presque certain que t'es même pas majeur. tu hausses les épaules. t'es comme ça toi. t'es franc. tu dis c'qui te passe par la tête. et effectivement, il te semble pas majeur du tout même. tu sais pas si ton intuition est la bonne ou non. seul lui pourra te le confirmer. t'as jamais bossé du tout ? t'sais que tu vas devoir avoir un contact avec la clientèle ? t'es plutôt à l'aise avec les autres ? tu souffles finalement, réfléchissant à toute vitesse. ça fait deux ans que tu gères seul et tu te sens pas spécialement débordé. mais maintenant que ton commerce est bien lancé, pourquoi pas laisser quelqu'un t'aider. pourquoi as ce gamin, il a un truc qui t'attires, tu sais pas trop quoi encore. qu'est-ce que tu entends par "connaissances musicales étayées" ? julian c'est ça ? tu as posé son cv sur une vitrine à côté de vous, après y avoir rapidement lu son prénom. tu préfères discuter, que d'essayer de retrouver une information sur une feuille de papier. c'est plus conviviale comme ça. plus humain.

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Je me sens littéralement petit dans mes culottes. Non, plutôt minuscule. C’est comme si on venait de réduire ma taille; j’étais désormais un être microscopique qu’un rien peut écrabouiller. Un souffle peut me faire chavirer. Un mouvement un peu trop brusque peut me propulser au sol comme une vulgaire poussière. Léger et minuscule. Rien de plus. Est-ce en général aussi déstabilisant de passer des entretiens? En réalité, suis-je réellement en train de passer une entrevue? Ou est-il en train de me demander de vulgaires banalités afin de savoir si je vaux la peine d’être convoqué en entrevue? Je l’ignore, mais ça me terrifie tout de même. Il me demande mon âge et ne se gêne pas de me dire que j’ai l’air mineur. En soi, c’est vrai que je n’ai pas particulièrement l’air vieux, quoique ma sagesse laisse parfois présager le contraire. “J’ai seize ans et demi…” Je déglutis. Peut-être dois-je être majeur pour travailler dans un tel domaine? J’ignore vraiment ces standards, m'étant dit en commençant mes démarches que je me contenterais d’aller porter mon CV ça et là dans l’espoir de trouver un employeur qui voudrait bien de moi malgré mon expérience tout à fait absente. Le propriétaire me demande ensuite si je suis à l’aise avec les gens. J’hoche frénétiquement la tête. S’il y a une chose que l’on ne peut pas me reprocher, c’est manquer d’entregent. On me dit trop souvent que j’ai le coeur dans la main et la tête trop prise par les soucis des autres qui ne me regardent pas. C’est dans ma nature d’être présent pour ma famille et mes amis, même si mon comportement des derniers temps laisse croire le contraire. “Je fais du tutorat pour aider les élèves en difficulté. C’est pas mal l’unique expérience que j’ai, hormis avoir fait quelques heures de bénévolat à l’hôpital.” Je ne donne pas plus d’informations, ne voulant pas commencer à raconter que j’ai fait du bénévolat pour aider les patients atteints du cancer, préférant ne pas m’étaler sur mes motivations. J’ai voulu redonner à cet hôpital qui a tout mis en oeuvre pour sauver ma mère et c’est ainsi que j’ai pu m’investir, même si y être me rappelait de très mauvais souvenirs. “Je joue de la guitare et je compose. Je m’inspire d’un tas d’artistes, j’essaie toujours d’en découvrir de nouveaux. J’ai un répertoire assez chargé.” Les mots me viennent d’un naturel qui me surprend, et je dois avouer que je commence de plus à plus à me sentir à l’aise même si le jeune homme demeure toujours aussi intimidant.

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tu te mords délicatement la lèvre, un sourire amusé sur le visage alors que tu remarques l'état de stress du garçon face à toi. il a vraiment pas l'habitude de ce genre de situation. c'est presque mignon, comme réaction. t'aurais presque envie de passer ta main dans ses cheveux pour le recoiffer et de lui dire de se calmer. mais tu préfères le mettre un peu plus mal à l'aise - sans doute, vu son visage - en lui demandant son âge. t'espères qu'il va bien vite apprendre à être plus calme, parce qu'il a pas terminé d'être surpris avec toi. j’ai seize ans et demi... mon dieu, il paraît traumatisé le pauvre gosse. tu lui offres un sourire réconfortant, passant ta main dans tes cheveux et t'adossant à moitié contre une des vitrines. hé, hé calme toi. j'vais pas te bouffer tu sais. prend ton temps, respire. ce serait con d'faire un malaise. tu souffles doucement, lui laissant le temps de se calmer un petit peu. tu le sens un peu moins tendu et tu hoches la tête. voilà qui est mieux. tu continues de lui poser quelques questions, le voyant hocher la tête de temps à autre. je fais du tutorat pour aider les élèves en difficulté. c’est pas mal l’unique expérience que j’ai, hormis avoir fait quelques heures de bénévolat à l’hôpital. un rictus se dessine sur tes lèvres, tu restes silencieux quelques secondes encore. je joue de la guitare et je compose. je m’inspire d’un tas d’artistes, j’essaie toujours d’en découvrir de nouveaux. j’ai un répertoire assez chargé. tu l'observes un temps, laissant quelques secondes de silence s'installer entre vous. en fait t'es un enfant d'cœur c'est ça ? tu ris doucement. t'es peut être un peu moqueur sur les bords quand tu te rappelles ta propre adolescences, loin des bonnes actions et ce genre de conneries. mais tu notes la sincérité et le naturel dont il fait preuve quand il te parle de musique. tu joues depuis longtemps ? t'es curieux, t'y peux pas grand-chose. j'en joue aussi. j'ai appris en autodidacte. une fois que t'es lancé sur la musique, c'est bien souvent compliqué de te stopper. t'en oublierais presque que le gamin cherche un job. t'es dispo quand pour bosser ? tu demandes finalement, dans un élan de maturité. tu dois avouer que c'est arrivé que très rarement qu'un gosse vienne te demander un emploi, mais c'est déjà arrivé à une ou deux reprise.

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Il faut croire que mon angoisse ne l'a pas laissé indifférent. Il me dit de me calmer, ce que je fais sans me faire prier. C'est vrai que je dois me montrer en mesure d'affronter mon stress sans plier, question de ne pas lui donner une raison de me montrer la porte. Un employé qui se laisse submerger aussi facilement par une situation anxiogène n'a rien de très attrayant. Je prends une grande respiration qui est suivie d'un rire, comme si je tente de détendre l'atmosphère. D'une certaine façon, je suis l'unique personne à détendre ici. Le propriétaire semble tout sauf agité et ce n'est certainement pas lui qui a à se montrer angoissé.
Sa remarque me fait légèrement rigoler. C'est vrai que je suis en train de me dépeindre comme le gamin parfait au comportement et ambitions parfaits, mais loin de là est la réalité. Mes agissements récents m'ont démontré que je suis tout sauf un enfant de coeur, et c'est à mon grand dam que j'apprendrai à vivre avec les conséquences de mes actions irréfléchies ou du moins, égoïstes. "Pour les besoins de la cause, je vais prétendre que oui", dis-je en rigolant franchement. Peut-être fais-je un mauvais pas en me montrant aussi... honnête, mais je n'ai pas envie de me montrer trop parfait. Qui aurait envie d'engager un menteur? Il n'y a personne sur cette foutue planète qui ait un comportement irréprochable, moi inclus. Après tout, ne suis-je pas littéralement en train de trahir ma propre soeur? Je garde un important secret que j'alimente jour après jour, que ce soit par des actions concrètes ou des messages textes aux sous-entendus multiples envoyés dans la foulée.
"Trois ou quatre ans, il me semble." Je plisse mes yeux et lève les yeux vers le plafond pour réfléchir, tentant de me remémorer l'instant précis où mes doigts se sont posés pour la première fois sur l'instrument. "J'ai fait quelques cours, mais j'ai poursuivi par moi-même. J'apprends mieux quand je suis en mon unique compagnie." Un point commun avec le propriétaire. Est-ce que je viens tout juste de mettre des points dans mon camp? Ou suis-je tout simplement en train de m'emballer trop vite? Après tout, il ne m'a jamais mentionné avoir besoin d'employés.

Vient ensuite la question de mes disponibilités. Une petite flamme d'espoir nait en moi, comme si je m'attends sincèrement à une offre d'emploi. Julian, tu rêves en couleur! Je me retiens de me claquer pour être aussi naïf, mais ne peux néanmoins m'empêcher d'espérer. "Tous les soirs après l'école, pendant les vacances, les weekends. À temps partiel, ceci dit." Mon tutorat devra s'adapter. Si j'ai un boulot, je compte bien en faire ma priorité - après l'école, bien sûr. Je garde mon même sourire en attendant qu'il me réponde, croisant doigts et orteils. Je suis toujours aussi naïf et j'en suis bien conscient.

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Julian & Leeth

tu vois qu'il se détend rapidement, et tu souris doucement. t'aimes pas voir les gens mal à l'aise, parce que toi t'es du genre à être pote avec tous le monde et à parler avec tout le monde, pour aucune raison particulière. voilà qui est mieux. tu souffles en l'entendant rire, même s'il rit alors que tu as fais remarqué qu'il se faisait passer pour un enfant de cœur. tu te pinces les lèvres. tu commences à bien l'aimer, ce gosse. pour les besoins de la cause, je vais prétendre que oui. tu hoches la tête. tu te doutais bien qu'il n'était pas irréprochable. personne ne l'est. tout le monde à fait des conneries, t'es sans doute dans les premières place toi. t'aimes sa sincérité, au gamin. au détour d'une phrase, tu apprends qu'il joue de la guitare et ça réveille tout de suite tes instincts de musicien. tu ne peux pas t'empêcher de lui demander depuis combien de temps il en joue et de rajouter que toi aussi, tu maîtrises l'instrument. trois ou quatre ans, il me semble. j'ai fait quelques cours, mais j'ai poursuivi par moi-même. j'apprends mieux quand je suis en mon unique compagnie. tu comprends totalement ce sentiment. t'as plus repris de cours de musique depuis le violon, quand t'étais gosse. tu te mordilles la lèvre légèrement. t'as plus de point commun avec ce gosse que ce que tu pensais. tu sais pas trop pourquoi, tu lui demandes ses disponibilités. tous les soirs après l'école, pendant les vacances, les weekends. à temps partiel, ceci dit. tu te contentes de hocher vaguement la tête, les sourcils légèrement froncés. tes parents sont au courant de tout ça ? tu demandes soudainement, te souvenant qu'il est mineur et que si jamais tu viens à lui proposer de venir bosser et qu'il arrive un truc, t'auras surement à faire aux parents du gosse, ce qui n'est pas vraiment une bonne nouvelle. mais bon, il serait temps de grandir comme dirait tes propres parents, désespérant de te voir toujours si peu mâture malgré ton âge. et dire que la trentaine se rapproche dangereusement. tu retiens un léger soupir. bon. j't'avoues que je cherchais personne. mais j'vais y réfléchir, le feeling ça s'invente pas et t'as l'air d'être un bon gamin. tu souffles en passant une main dans tes cheveux, secouant faiblement la tête.

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Je lui donne mes disponibilités avec l'espoir qu'il me consacrera une entrevue, question que je puisse déjà observer de l'avancement dans mes démarches. Toutefois, ce n'est pas ce qu'il fait. Au contraire, il ne fait plutôt que me demander si mes parents sont au courant. Là encore, je déglutis. Aurait-il pu me poser une autre question que celle-ci? Dois-je vraiment commencer à lui parler de ma situation familiale? Lui expliquer pourquoi je n'ai aucun parent? Je me dois néanmoins d'être honnête, car je n'ai pas envie que le mensonge soit aussi clair que de l'eau de roche et que mon nez se retrouve face à la porte. "En fait, je suis sous la tutelle de mon frère. Et il est au courant que je me cherche un job. Mes notes sont assez fortes pour que je me le permette...", lui dis-je en baissant les yeux momentanément. J'espère vraiment qu'il ne se mettra pas à me demander pourquoi mes parents ne sont pas dans ma vie, ce qui aurait comme unique résultat de franchement m'agacer. Je ne suis pas du genre à étaler ma vie à qui veut bien l'entendre, encore moins à un inconnu tout juste rencontré.

Cette conversation semble en arriver à sa fin lorsqu'il m'avoue ne pas chercher personne en étant toutefois intéressé par ma candidature. Je lui souris légèrement et hoche la tête. "Toutes mes informations sont sur mon CV, si jamais, par tout hasard, vous cherchez de l'aide. Il me ferait plaisir de travailler dans votre boutique... J'me sentirais vachement dans mon élément." J'esquisse un sourire franc sur mon visage. Je suis peut-être encore trop en train de rêver, mais mon optimisme me dit d'espérer son appel, car il semble très intéressé. Toutefois, si les chiffres d'affaires de son business ne lui permettent pas, il est certain qu'il ne me contactera pas. Bref, on verra.

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tu vois de suite qu'aborder le sujet de ses parents n'était pas forcément la bonne idée. tu te mords la lèvre. c'est trop tard pour faire demi-tour, de toute manière. tu as posé la question. c'est tout. c'est comme ça. la question te semble légitime, après tout, il est mineur. en fait, je suis sous la tutelle de mon frère. et il est au courant que je me cherche un job. mes notes sont assez fortes pour que je me le permette... tu te pinces les lèvres, tu retiens cet élan de curiosité qui t'animes. on t'as bien trop souvent dit qu'il ne fallait pas que tu sois intrusif avec les autres, alors tu te retiens. surtout face à un gamin qui semble si fragile et si fort à la fois. ok. pas de soucis. qu'un adulte soit au courant, sait-on jamais. tu souffles en lui offrant un petit sourire que tu espères réconfortant. t'es pas doué pour ce genre de trucs, en réalité. t'es pas démonstratif. toutes mes informations sont sur mon cv, si jamais, par tout hasard, vous cherchez de l'aide. il me ferait plaisir de travailler dans votre boutique... j'me sentirais vachement dans mon élément. tu te grattes la joue, fronçant un peu les sourcils. tu te mords la lèvre. il vient de te vouvoyer le gosse, bon sang, t'as l'impression d'être vieux d'un coup. non non, pas de 'vous' avec moi, j'ai l'impression d'être vieux avant l'heure alors que j'ai pas trente ans. appelle moi leeth, ce sera très bien. tu souffles en riant. tu n'aimes pas toutes ces conventions, ces règles de société. tu ne te prends pas la tête, c'est tout. tu te pinces les lèvres, tu te redresses en t'étirant. en tout cas, j'essaye de te contacter assez rapidement, je suis en plein dans les papiers. tu ris doucement, observant de nouveau le jeune brun.

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J'essaie d'être poli, d'être convaincant... bref, de lui donner envie de m'engager. Le mec n'a pas l'air trop vieux, alors je me dis que si j'ai le moindrement l'air sympathique, cela suscitera plus son attention que si je n'étais qu'un vulgaire nerd au sens de l'humour limité. Je lui explique très calmement que je suis sous la tutelle de mon grand-frère sans entrer dans les détails de la chose, me disant qu'il n'a certainement pas envie de m'entendre raconter les événements tristes qui se sont produits dans les derniers mois, et c'est sans parler de ma mère biologique que je n'ai jamais connue. Je me tais donc; je n'ai moi-même pas envie d'y penser. J'ai toujours désiré garder cette partie de ma vie dans un coin de ma tête que j'explore très rarement. Il sent que le sujet de discussion n'est pas particulièrement convenable, alors il ne fait que préciser être rassuré qu'un adulte consente à ce que je travaille. Le sujet en demeure ainsi, ne nous aventurant ainsi pas davantage dans les terres sinueuses de mes parents absents. Les formalités, nous les ferons si j'ai le job. D'ici là, le moins j'en parle, le mieux c'est. Par après, le propriétaire m'informe qu'il ne cherche pas particulièrement quelconque, mais l'intérêt qu'il porte pour ma candidature spontanée n'est pas absent, ce qui me réjouie. Je souris légèrement et lui spécifie que mes informations se trouvent sur le papier que je viens de lui remettre. Ma politesse ne semble toutefois pas plaire à Leeth qui, de l'autre côté de son comptoir, manifeste son mécontentement. "Désolé, Leeth." Ça sonne bizarre à mes oreilles de l'appeler par son prénom alors que je me sens en situation de subordination, c'est-à-dire que j'ai l'impression que tout ceci a l'air trop formel. Appeler un type dont j'aimerais faire mon patron par son prénom semble être plutôt une gaucherie locative.

Ce qui me dit ensuite allume en moi une flamme nouvelle. Il va me rappeler, vraiment? Peut-être dit-il tout simplement ça pour me faire déguerpir au plus vite, mais je ne peux m'empêcher d'être heureux. Moi, travailler chez un disquaire? Ce serait que trop beau. J'hoche la tête et lui souhaite de passer une excellente journée avant de m'éclipser. Je continue ma recherche d'emploi toujours dans l'espoir que, parmi toutes ces boutiques, ce sera Leeth qui m'engagera.

FIN