whenever you remember (abby)

E n rentrant chez elle, Abby n’avait certainement pas prévu que sa journée se poursuivrait ainsi. A vrai dire, elle avait prévu de rentrer, de manger, et de faire ce qu’elle fait de mieux : glander. Ah, ça, elle le faisait bien. Aux championnats du monde de la flemme, elle était championne toutes catégories confondues. Pas que se prendre la tête avec des gens la dérange particulièrement… Tant que ça restait des disputes futiles. Dès que ça devenait sérieux, eh bien c’était un autre problème. Et là, ça l’était. Jusque là il n’avait rien montré mais aussi peu attentive que pouvait sembler Abby, elle sentait bien que la rancœur de son petit frère était réelle. Elle n’avait seulement pas encore fait la boulette qui ferait ressortir tout cela… Jusqu’à aujourd’hui. Si le sujet de leur frère ainé n’avait pas été abordé, elle y aurait peut être mis un peu plus de bonne volonté. Après tout, aussi têtue soit-elle, elle était capable de reconnaître ses torts. Elle savait pertinemment qu’elle n’avait jamais été une grande sœur très présente, que sa soudaine installation en Nouvelle-Zélande pouvait être prise comme un abandon, alors que la famille ne s’était pas encore remise du drame qui els avait touchés… Abby n’était pas idiote. Finn avait raison, elle avait pensé à elle avant de penser à sa famille et il avait toutes les raisons du monde d’être fâché, raisons qu’il ne gêna pas pour énoncer et encore, Abby était convaincue qu’il ne s’agissait là que d’un résumé.

Tu sais quoi, laisses tomber. Je suis sûrement fou, tu as bien raison. Tu ferais mieux d'avertir notre père, le dernier fils a perdu la tête. Il n'y a plus d'espoirs pour la famille, conclu-t-il finalement. Abby le fusilla du regard, les mains sur les hanches. Comment ils en étaient arrivés là ? Très bonne question. Mais ils y étaient, et il était hors de question qu’Abby reste là toute la soirée. Le problème des studios, c’est que ça manque de murs et en cas de prise de tête, il lui serait impossible de rester dans son coin sans voir la tête de cochon de son frère qui boudait dans le canapé, à moins de passer la nuit dans la salle de bain. Tu sais quoi Finn ? Tu boudes dans ton coin comme un gamin de cinq ans, et moi je vais aller en faire autant chez Cade. De toute façon ça sert à rien de parler avec toi, t’as l’air décidé à prendre tout ce que je dis de travers. rétorqua-t-elle, attrapant sa veste et son trousseau de clé. Sans ajouter un mot, elle parcouru les quelques mètres qui la séparaient de la porte, qu’elle claqua derrière elle sans se préoccuper de savoir si ses voisins apprécieraient ou non. Comme elle et Finn venaient de le prouver, la vie en communauté ça a des hauts… Et des bas.