me noyer dans ton regard comme dans un océan de tendresse (noemor #9)

Depuis que je suis au courant pour la malade d’Eleanor, tout est différent pour moi. Chaque minute ne ressemble pas à la précédente, chacune de mes pensées sont en fonction de la femme que j’aime, et j’ai même demandé à ma patronne pour qu’elle m’offre un soir de plus par semaine. J’ai besoin de profiter de Norah, c’est un besoin presque vital désormais. Depuis quelques semaines, je me suis mis à la tâche de lui préparer un week-end juste nous deux, et ça n’a pas été simple. Non seulement, les hôtels sont assez prisés en ce moment par les touristes, mais en plus, je n’ai pas assez d’argent sur mon compte bancaire pour l’inviter dans des endroits de rêve. Après mainte et mainte recherche, j’ai finalement décidé de demander conseil à une de mes collègues, et c’est à Shakespeare Bay que j’ai enfin trouvé bonheur. Je n’y suis jamais allée, je ne sais même pas si les photos que nous voyons sur le net sont réelles, mais ça m’a tout l’air d’un coin de paradis, alors j’ai réservé sans même réfléchir un mobile-home situé en bord de plage. Nous y serons tranquille, et en plus, loin des regards. Comme si plus rien existait autour de nous, comme si nous étions les seules survivantes de cette planète. Si j’ai essayé de rester discrète un maximum de temps, je sais qu’Eleanor doit comprendre ce qu’il se passe, elle sait que nous devons nous faire un week-end, elle ne sait juste pas l’endroit ni la date. Et ce vendredi, c’est le jour du grand départ. Par chance, Philip se trouve être avec Maïly chez des amis à la famille depuis la veille, chez le parrain de la petite fille si j’ai bien compris. Pour être honnête, je m’en contrefiche mais le fait est que je vais pouvoir avoir sa femme pour moi seule toute la nuit. Enfin c’est vite dit, quand je suis rentrée du Foxglove hier soir, la rousse dormait déjà à poings fermés dans son lit, et je n’ai pas osé la réveiller. L’occasion pour moi de peaufiner les derniers détails du voyage, de valider la réservation officiellement, et de préparer le trajet sur mon gps. Nous avons environ quatre heures de route, alors je n’ai pas envie de partir trop tard. Je me réveille aux aurores, laissant Eleanor dormir paisiblement, puis descend dans la cuisine afin de préparer un petit déjeuner copieux. J’ai envie de prendre soin d’elle, et je ne sais pas encore comment m’y prendre. Je prend un plateau, glisse une tasse de café chaud à l’intérieur, et fais cuire des oeufs brouillés avec des pancakes que je glisse dans une assiette. J’attrape le pot de confiture à la framboise, puis monte doucement à l’étage pour rejoindre Norah. Cassiopée est je ne sais où, et Jehan n’est pas là elle aussi. Tant mieux. J’ouvre doucement la porte de la chambre, pose le plateau sur le bureau, et m’approche de la rousse avec le sourire. « Debout la marmotte, on a du chemin à faire aujourd’hui ! » Je lui vole un baiser, caresse doucement sa joue, et me dirige vers la fenêtre afin d’ouvrir doucement les rideaux pour laisser la luminosité s’installer au fur et à mesure, et ne pas la brusquer. « Reste allongée, attend. » Je me retourne vers elle, et pars chercher le plateau afin de le déposer sur elle. « Je te laisse manger tranquillement, je vais préparer, j’te kidnappe pour le week-end ! » Ma bonne humeur est déjà là, et l’excitation aussi. Vivement qu’on arrive.

Je ne suis pas dupe, j’ai bien compris depuis quelques jours que Noemi est en train de préparer le week end que nous avion prévu de passer toutes les deux, seules au monde. Je ne la dérange pas, elle avait dit qu’elle s’occuperait de tout, je la laisse faire. C’est un peu difficile pour moi qui suis une maniaque du contrôle depuis toujours, mais je me soigne. Si je peux au moins soigner ça, c’est déjà pas trop mal. Ce week end, je suis seule à la maison, Philip a emmené Maïly voir son parrain à trois cent kilomètres d’ici, et ils y restent pendant plusieurs jours, ce qui me laisse du temps à passer avec la blonde qui a fait chavirer mon coeur. D’ailleurs, c’est le léger crissement de la porte de ma chambre qui me fait émerger ce matin, sentant bien vite le doux parfum de Noemi, mêlé à une odeur de café et d’oeufs brouillés. « Debout la marmotte, on a du chemin à faire aujourd’hui ! » Je m’étire un peu et la laisse venir m’embrasser tendrement, frissonnant à sa main sur ma joue. Je me redresse dans mon lit alors que la jeune femme s’active déjà à ouvrir les rideaux, me faisant plisser les yeux. Il a l’air de faire un temps radieux. « Reste allongée, attend. » Je la regarde faire sans rien dire, souriant sans doute un peu trop amoureusement. Elle dépose alors le plateau sur mes jambes tendues. « Je te laisse manger tranquillement, je vais préparer, j’te kidnappe pour le week-end ! » Un sourire radieux prend place sur mes lèvres. « Tu es parfaite. Merci mon ange. » Elle dépose un nouveau baiser sur mes lèvres, son sourire est contagieux, et je la regarde repartir, soupirant de bien être avant d’attaquer mon petit déjeuner avec appétit. Je ne perds pas de temps et une fois terminé, je me lève pour filer à la douche. Lorsque je reviens dans ma chambre, en serviette, le plateau a disparu, elle est aussi rapide et efficace que les petites souris dans Cendrillon. La porte de ma chambre s’ouvre et je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir que c’est elle, mes filles frappent toujours à la porte de ma chambre, Noemi a perdu cette habitude, et tant mieux. « Tu m’as vue passer en serviette et tu n’as pas résisté, avoue. » Je me retourne pour plonger dans son regard malicieux mes yeux de velours. Je viens alors l’embrasser. « Je suis prête dans quelques minutes, je me dépêche. Tu nous emmènes où ? » Je doute qu’elle veuille bien répondre à cette question, mais je me devais d’essayer, on ne sait jamais.

Plus le départ approche, et plus je suis surexcitée. Je n’arrive pas à croire que je vais pouvoir être seule avec Eleanor tout un week-end, loin de notre quotidien, sans nous cacher, pouvoir être naturelle. Ça ressemble presque à un rêve, et il est en train de devenir réalité pour mon plus grand bonheur. Je me réveille tôt, j’ai besoin que tout soit parfait, dès le début. Je prépare rapidement un petit déjeuner, et monte à l’étage afin de la réveiller tranquillement. J’ouvre les rideaux doucement, puis m’approche de mon amour afin de déposer un baiser sur ses lèvres, avant de lui apporter son petit-déjeuner. Je veux qu’elle soit reine ce week-end, et qu’elle n’ait à s’occuper de rien du tout. Je ne peux me retenir plus longtemps, et toujours avec le sourire, je lui annonce que nous partons ce week-end. « Tu es parfaite. Merci mon ange. » Je souris à l’entente de ce surnom, et je l’embrasse une nouvelle fois avant de m’éloigner. Je dois encore me préparer, faire ma valise, enfin la boucler du moins. Je n’ai pas besoin de grand chose, trois jours ça passe vite, mais je compte bien en profiter. Je ne sais pas vraiment quoi prendre, je prend sans doute trop de sous-vêtements, pas assez de t-shirt, mais à quoi bon, est-ce que je vais vraiment en avoir besoin ? Je n’oublie pas l’huile de massage, et une fois que c’est fait, je peux enfin me préparer. J’emprunte ma salle de bain le temps qu’elle termine de déjeuner, puis quand j’aperçois la porte de sa chambre ouverte alors que je passe devant, je rentre afin de débarrasser le plateau. Ni vue, ni connu. Je sautille, je n’arrive pas à ne pas sourire. Je remonte rapidement à l’étage, et rentre dans sa chambre en souriant, Eleanor est en serviette, et je ne peux pas m’empêcher d'en profiter un peu. « Tu m’as vue passer en serviette et tu n’as pas résisté, avoue. » Je ris, et joue de mes sourcils pour la faire sourire. Elle m’embrasse, et je ferme les yeux afin d’en profiter, glissant ma main droite sur son épaule dénudée que je caresse doucement. « Je suis prête dans quelques minutes, je me dépêche. Tu nous emmènes où ? »  Je secoue vivement la tête. « Tu verras bien, t’occupe ! Juste, t’as pas le mal de mer ? » J’hausse un sourcil, j’ai complètement oublié ce côté là, et on a du ferry à faire. Je croise intérieurement les doigts que ce n’est pas le cas, et je l’embrasse à nouveau. « Bon bon… j’arrête de t’embrasser, ça nous retarde ! T’es pénible, t’es trop attirante quand t’es en serviette… » Je grimace un peu, et je ris à nouveau avant de m’éloigner d’elle, faisant force pour ne pas lui sauter dessus. Ce type de phrase, je ne me serais jamais permis il y a quelques mois. Aujourd'hui, je ne me retiens plus du tout avec elle. Je vous jure, elle me rend vraiment dingue cette vieille ! « Je t’attends à la voiture ! La mienne d’ailleurs, tu vas découvrir, tu vas voir c’est sympathique ! » Je souris un peu, et m’approche pour lui voler, encore, un baiser, et quitte la chambre afin de partir chercher mes affaires et les emmener à la voiture. L’excitation monte, la pression aussi, j’ai tellement peur de la décevoir.

Personne n’a jamais autant pris soin de moi que le fait Noemi depuis que j’ai franchi le pas, depuis que j’ai accepté qu’elle pénètre mon coeur autant que mon corps. Elle est devenue en un temps record une partie de moi même, et je lui offre bien plus que je n’ai jamais offert à personne avant elle. Je me sens revivre auprès d’elle, ce qui est quelque chose d’inespéré dans ma condition. La blonde me rejoint dans ma chambre alors que je suis en serviette et je la taquine, riant de ses sourcils avec lesquels elle joue. Je tente d’en apprendre un peu plus, mais comme je m’y attendais, je me fais refouler à l’entrée. « Tu verras bien, t’occupe ! Juste, t’as pas le mal de mer ? » Intriguée, je penche un peu la tête sur le côté puis la secoue. « J’ai eu envie de te dire oui pour t’embêter mais je me suis dit que j’allais pas te faire ça. » Je ris, je crois que je suis au moins aussi excitée qu’elle à l’idée de passer deux jours rien que nous deux. Suite à ça elle m’embrasse et je prolonge son baiser, juste assez pour ne pas nous donner plus d’envie. J’ai découvert en moi la libido d’une gamine de vingt ans. « Bon bon… j’arrête de t’embrasser, ça nous retarde ! T’es pénible, t’es trop attirante quand t’es en serviette… » Je ris en haussant les épaules. « Tu n’avais qu’à pas venir maintenant. Quoi que deux minutes plus tard, j’aurai été nue. » Je lui souris, taquine, et la laisse s’éloigner pour terminer ses affaires. « Je t’attends à la voiture ! La mienne d’ailleurs, tu vas découvrir, tu vas voir c’est sympathique ! » Je la laisse m’embrasser et me contente de hocher la tête en souriant, la regardant filer hors de ma chambre. Je ne perds pas de temps à m’habiller, mettre quelques affaires dans une petite valise, le stricte minimum. Elle sait que je ne peux pas faire de voyage trop long, donc je pense que le climat ne sera pas beaucoup différent d’ici. Une fois prête, je fais un tour de la maison pour vérifier que tout est bien fermé, et je rejoins la blonde à l’extérieur. Elle met ma valise dans le coffre de sa voiture et je m’installe sur le siège passager, prête à me laisser guider. Elle me rejoint et je lui offre un sourire radieux. « Allez, dis-moi où tu m’emmènes, s’il te plait ! » J’essaie de jouer les chat potté moi aussi, mais je suis moins habituée qu’elle alors je tente le tout pour le tout.

Je ne peux m’empêcher de revenir voir Eleanor quand je la croise en serviette, c’est plus fort que moi, je suis juste trop accro à son corps désormais. Elle le devine, et me taquine. Ce jeu est nouveau entre nous, et si j’étais la seule à le jouer au début, maintenant, nous le jouons ensemble. Et je dois avouer que c’est très excitant. Elle essaye de me faire dire la destination, mais je tiens bon, et lui demande si elle a le mal de mer. Si elle me dit que oui, je crois que je ne vais pas savoir où me mettre. « J’ai eu envie de te dire oui pour t’embêter mais je me suis dit que j’allais pas te faire ça. » Je ris et je ne peux m’empêcher de l’embrasser à nouveau, avec une envie déjà bien trop présente, et je crois que c’est la même chose pour elle. Je m’oblige à nous séparer, elle m’énerve à être attirante comme ça. En plus, j’ai qu’une envie, tirer sur sa serviette pour découvrir encore et encore son corps nu… purée Noemi arrête, tu vas jouir rien qu’en y pensant ! « Tu n’avais qu’à pas venir maintenant. Quoi que deux minutes plus tard, j’aurai été nue. » Je fronce les sourcils et fais la moue, presque déçue d’être arrivée trop tôt, et je capitule finalement en explosant de rire. Je lui indique que je l’attends à la voiture, et je m’éloigne afin de rassembler mes affaires. Elle me rejoint rapidement, et j’installe bien la voiture. J’ai même pas penser à prendre de quoi grignoter à midi, bon, c’est pas grave, au pire elle me mangera toute crue. Elle s’installe de son côté, et moi du mien face au volant, et je démarre enfin la voiture. « Allez, dis-moi où tu m’emmènes, s’il te plait ! » Je ris un peu, mais je ne veux pas craquer. « Sur l’autre île ! Mais t’occupe, repose-toi pendant le trajet, on doit être au ferry d’ici une heure. On va passer pas mal de temps dessus, alors t’as le temps de te reposer. » Je me penche pour lui piquer un dernier baiser, et je prend enfin la direction de notre week-end. […]

Et nous voilà enfin arrivée à bon port, après trois heures et demi de ferry. C’était long, trop long, et je dois avouer qu’heureusement qu’Eleanor était là pour m’occuper. A elle seule, elle est une activité, je vous jure, son regard est encore plus occupant qu’une série. Elle est un film à elle seule, un film dont je ne me lasserais jamais. Elle est trop belle, et j'ai de la chance. Il me reste quelques rues avant d’arriver au mobile-home que j’ai réservé, et je me tourne vers Eleanor. « Bon j’espère que ça va te plaire, j’ai mis longtemps avant de trouver. » Je lui souris. J’ai la pression, je suis toute excitée, mais j’ai trop peur de la décevoir. C’est la première fois que je fais une chose pareille, d’habitude, je suis plus à la quête d’aventure que de romantisme et de tranquillité. Nous arrivons au mobile-home, et après avoir rencontré les propriétaires rapidement, je peux enfin me garer. Je sors immédiatement, m’étire, et rejoins Eleanor pour l’attirer à moi. « Viens, on va voir l’intérieur avant de retirer les bagages ! » Je sautille partout, j'ai l'impression d'être une enfant le matin de noël. On a de la chance, il fait beau aujourd’hui et c’est une très bonne chose. Le printemps arrive à grand pas, et j’imagine que c’est bon pour le moral. Maintenant, place à la détente, nous pouvons enfin profiter de notre amour à l'abri des regards, et ça risque de nous faire le plus grand bien.

Une fois dans la voiture, je tente un dernier coup, avec un peu de chance elle crachera le morceau, mais la bête est coriace. « Sur l’autre île ! Mais t’occupe, repose-toi pendant le trajet, on doit être au ferry d’ici une heure. On va passer pas mal de temps dessus, alors t’as le temps de te reposer. » Je soupire un peu, comme un enfant à qui on aurait dit non pour avoir un bonbon avant le repas. Avec elle je n’ai pas peur d’être différente de ce que j’ai toujours été ces 56 dernières années. Je me révèle comme étant finalement beaucoup moins coincée que je l’ai été, et j’ai envie de découvrir tellement de choses. Noemi est une bouffée d’oxygène à laquelle je me raccroche, elle m’évite de penser, elle m’aide à vivre l’instant présent, et je ne lui en serai jamais assez reconnaissante. Les trois heures de Ferry se passent finalement assez vite, j’écoute la jeune femme me parler de son boulot, je prends le temps d’apprendre encore mieux à la connaître, je veux tout savoir d’elle, son boulot, d’où elle vient, ce qui a fait qu’elle est comme elle est. Et elle se livre à moi sans concession, comme un livre ouvert, pour mon plus grand plaisir. C’est de ça dont nous avions besoin, nous retrouver seules, avoir du temps pour nous, pour nous découvrir encore un peu plus, un peu mieux. Et enfin, la délivrance, nous arrivons sur place. Mon regard se perd dans le paysage magnifique, attendant que la voiture s’arrête. Je sors sans attendre et déjà, Noemi sautillante, vient chercher un baiser, comme en manque de sa came. « Bon j’espère que ça va te plaire, j’ai mis longtemps avant de trouver. » Peu importe ce que ça peut être je sais que ça me plaira, elle a dû faire tout ça avec tellement d’amour, comment ne pas aimer. « Je suis sûre que oui. » La jeune femme récupère ma main et j’emmêle mes doigts avec les siens, caressant le dessus de sa main de mon pouce. « Viens, on va voir l’intérieur avant de retirer les bagages ! » Elle est excitée comme une puce et ça me fait rire. Nous arrivons au niveau de la petite maison, un espèce de mobile-home en bois posé juste devant une vue à couper le souffle. On a l’impression d’être seules au monde, et c’est exactement ce que je voulais. Je me mords la lèvre inférieure en souriant. « C’est magnifique Noemi ! » Je tire un peu sur sa main pour la faire venir à moi et glisse ma main libre dans son cou pour venir l’embrasser. « Merci d’avoir organisé tout ça. » Très vite, la jeune femme ne tenant plus en place, veut découvrir l’intérieur de la petite maison, et me la faire découvrir aussi. Ce n’est pas très grand, mais c’est parfait pour deux personnes qui ont envie de rester collées l’une à l’autre pendant deux jours. Tout est décoré avec goût, à la fois simple et chaleureux. « C’est… parfait. » Je ne trouve pas de mots, je suis juste émue de me dire que je vais pouvoir profiter pleinement de la jeune femme, dormir avec elle sans avoir peur que quelqu’un nous surprenne, ne pas écourter nos échappatoires à cause de ma filleule. Juste nous deux. J’en avais grandement besoin, nous en avions grandement besoin.

Nous sommes enfin arrivées à destination, et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai la pression. C’est la première fois que j’organise l’intégralité d’un week-end seule, et en amoureuse qui plus est. Alors j’ai peur que ça ne plaise pas à Eleanor, même si je sais que j’y ai mis toute mon énergie, et tout mon amour pour dénicher un petit coin de paradis. « Je suis sûre que oui. » Je souris un peu, et l’excitation commence à monter, ce qui fait rire la rousse. Je crois que j’ai hâte de commencer officiellement à profiter d’elle, j’en ai rêvé depuis des semaines, et nous y sommes enfin. Je veux découvrir l’intérieur, je veux tout voir, même les recoins les plus cachés de la maisonnette. Nous avançons au niveau du mobile-home, et le spectacle me plait déjà beaucoup. C’est du bois, comme indiqué mais pas n’importe lequel. Moi qui pensait que ça ressemblerait à du plastique, je me trompe sur toute la ligne et je suis éblouie moi aussi par tant de beauté. « C’est magnifique Noemi ! » J’affiche un immense sourire, fière, et me laisse embrasser, glissant mes mains sur sa taille pour la tenir contre moi un peu plus longtemps. Le baiser est court, rapide, mais pas moins intense. Je glisse une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et pose ma main sur sa joue, avant de coller mon front au sien en fermant les yeux. Je pourrais rester comme ça pendant des heures. « Merci d’avoir organisé tout ça. » Je souris à nouveau, et je m’écarte un peu d’elle, ne lâchant pas sa main. J’ai envie de voir l’intérieur, et je risque de ne pas être au bout de mes surprises. Je traine Eleanor derrière moi, et quand j’ouvre la porte, c’est un deuxième coup de foudre. Je laisse l’entrée ouverte, et je m’aventure un peu dans la petite maison. C’est magnifique, et je suis encore plus ravie maintenant. Je ne me suis pas trompée, c’est vraiment parfait pour nous. « C’est… parfait. » Je souris à nouveau, et j’hoche la tête. « Et c’est à nous pour trois jours ! » Je ris un peu, et tire un peu sur la main d’Eleanor pour l’attirer à moi, et l’embrasser fougueusement à nouveau. Nous n’avons plus besoin de nous cacher, plus besoin d’attendre une certaine heure avant de pouvoir nous embrasser. Et par dessus tout, nous allons pouvoir dormir ensemble sans contrainte. « Je te laisse découvrir la suite, je vais chercher les bagages ! » Je ris un peu. « Je t’aime. » Je l’embrasse une dernière fois, et retourne en direction de la voiture afin de récupérer nos deux valises. Elles ne sont pas trop lourdes et sont très maniables, alors c’est niquel pour moi. Je ne perd pas de temps et retourner vers le mobile-home. Une fois devant, je sors rapidement une petite boite de mon sac, et je rentre doucement afin de surprendre Eleanor de dos. Je glisse le bijou autour de son cou, et l’accroche avant de la faire se retourner pour l’embrasser. « Je peux pas te demander en fiançailles, mais je voulais que tu saches que je t’aime. » Je ne tarde pas à rougir.  Ce n’est pas moi, c’est pas possible.

J’apprends à connaître Noemi de jour en jour, et si je la pensais vraiment désordonnée, je remarque que quand elle veut, elle peut se montrer organisée, et pleine de bonnes idées. La preuve en est, cet endroit absolument fabuleux qu’elle vient de nous dégoter pour trois jours. Je vais devoir prévenir mon mari et mon boulot que je suis en déplacement. Je pense qu’en rentrant, je vais aussi devoir leur parler de tout ça. Mais en attendant, je ne veux pas penser à mon retour, je veux simplement profiter de ces quelques jours avec la jeune femme qui fait battre mon coeur. Nous commençons à visiter et je dois dire que ce petit nid d’amour est absolument parfait, j’ai l’impression de vivre une seconde jeunesse avec elle, et ça fait un bien fou. « Et c’est à nous pour trois jours ! » Noemi est excitée comme une enfant et je la trouve vraiment adorable, elle me fait rire, et ça n’a pas de prix. « Je te laisse découvrir la suite, je vais chercher les bagages ! Je t’aime. » Elle s’éloigne sans tarder et je la regarde filer, large sourire pendu sur mes lèvres, alors que mon regard se pose un peu partout autour de moi. Je soupire de bien être, j’ai pris la résolution de totalement déconnecter ce week end, je veux profiter au maximum.

J’entends Noemi qui entre à nouveau, pose les valises et alors que je regarde par la fenêtre de la petite chambre, je la sens arriver dans mon dos. « La vue est complètement dingue ! » Je sens qu’elle fait glisser autour de mon cou un bijou, la fraicheur du métal me fait frissonner, couplé à ses mains dans ma nuque. « Je peux pas te demander en fiançailles, mais je voulais que tu saches que je t’aime. » Emue je baisse la tête pour regarder la chaîne à laquelle est accroché un pendentif retenant une perle de culture. « Noemi mais… » Je me tourne vers elle. « Il est magnifique, fallait pas… » J’accueille son baiser avec un amour infini et la prends dans mes bras. « Merci, je l’adore. » J’embrasse son cou et prends finalement son visage entre mes mains pour l’embrasser et ainsi la remercier comme il se doit. Elle a dû payer ça une fortune en plus, je ne sais pas comment elle se débrouille. « Et si on allait se promener un peu ? Visiter les alentours tant qu’il fait jour ? » Le lac qui se trouve être tout proche ne doit pas être si grand et le tour vite fait, une balade en amoureuses ne pourra pas nous faire de mal. Noemi est partante, nous changeons de chaussures et partons toutes les deux main dans la main après avoir fermé notre petit cocon à clé. « Tu sais, avant de me lancer corps et âme dans mon métier et ma vie de famille, j’adorais prendre le temps pour aller marcher, je faisais énormément de randonnées, je marchais des heures, dans la montagne, la forêt, je me retrouvais avec moi-même, j’adorais ça. Et puis j’ai plus eu le temps… » Je hausse légèrement les épaules avant de tendre ma main pour laisser mes doigts flirter avec la végétation. « Qu’est-ce que tu fais toi pour te détendre ? » Je crois que ces quelques jours vont nous être bénéfiques aussi pour apprendre à nous connaître vraiment, j’ai hâte.

Eleanor semble conquise par la maisonnette, et me voilà rassurée. Je ne peux m’empêcher de capturer ses lèvres le plus possible, avant de m’éloigner afin de récupérer les dernières valises. Quand je reviens, je reste discrète, et m’approche d’elle par derrière. Elle semble m’entendre, mais ne se retourne pas, et c’est mieux ainsi. « La vue est complètement dingue ! » J’affiche un léger sourire et glisse délicatement le collier que je lui ai choisi autour de son cou, légèrement stressée à l’idée qu’il ne lui plaise pas. « Noemi mais… » Je souris légèrement, rougis même un peu à cause de l’émotion. Je n’offre jamais de cadeau d’une manière général, elle est la première à qui je fais ça. Alors forcément, j’ai peur de me tromper. « Il est magnifique, fallait pas… » Je m’approche d’elle afin de déposer un baiser sur ses lèvres pour qu’elle se taise, et je m’enveloppe dans ses bras. « Merci, je l’adore. » Elle dépose un baiser dans ma nuque, puis m’embrasse pleinement et je ferme les yeux afin d’en profiter. Je ne m’en lasserais jamais, je ressens toujours une vive émotion quand nos lèvres se rencontrent. Elle se décale rapidement, et je fais une petite moue, presque déçue que le baiser ne dure pas plus longtemps. « Et si on allait se promener un peu ? Visiter les alentours tant qu’il fait jour ? » J’hoche vivement la tête. « Ouais c’est une bonne idée ! Ça a l’air superbe en plus, on débarrassera les valises plus tard, ou pas, on verra on a le temps. » Pas tout-à-fait, le week-end risque de passer trop rapidement mais je compte profiter de chaque minute à ses côtés. J’enfile une paire de bonne basket, et nous partons ensemble en direction du lac, complices comme deux adolescentes. « Tu sais, avant de me lancer corps et âme dans mon métier et ma vie de famille, j’adorais prendre le temps pour aller marcher, je faisais énormément de randonnées, je marchais des heures, dans la montagne, la forêt, je me retrouvais avec moi-même, j’adorais ça. Et puis j’ai plus eu le temps… » J’adore l’écouter me parler de sa vie d’avant, de ses habitudes, de ce qu’elle aime, de son passé. « C’est dommage, c’est bon la nature pour se ressourcer. On pourra en profiter ce week-end ! Y’a même une tente je crois dans le mobile-home si tu veux camper. » Je ris un peu. « Qu’est-ce que tu fais toi pour te détendre ? » Je ris à nouveau, et ma spontanéité prend le dessus. « Je couche avec des jolies filles ! » Je souris un peu, et me racle la gorge. « Enfin plus maintenant, tu me suffis amplement. » Je rougis légèrement, me rendant compte à quel point j’ai changé depuis que nous nous sommes rencontrées. « Non j’adore la photographie. Je voulais être photographe, avant, mais j’avais pas l’argent pour. C’est pour ça que j’ai commencé à être fille au pair et que je bosse au Foxglove, ça me permet d’économiser pour m’offrir un jour les formations nécessaires. Enfin je ne suis plus sûre de rien maintenant. » J’hausse légèrement les épaules, et mon regard est attiré par un sifflement. « Ne bouge pas. » Je penche légèrement la tête et m’avance très doucement, et me tourne vers Eleanor pour lui faire signe de me rejoindre dans le silence. Un takahé se trouve en face de nous, pas loin de feuillages, et dieu sait si cette espèce est rare. C’est la première fois que j’en vois un, c’est incroyable, et il est magnifique. J’attrape la main d’Eleanor, et l’oiseau ne tarde pas à s’enfuir en courant sur ses petites pattes. C’est vraiment trop mignon. « T’as vu la chance qu’on a, c’est la première fois que j’en vois un. Tu en avais déjà vu ? » Je lui souris, mais change rapidement de sujet, j’ai envie qu'elle me parle d’elle, encore et encore. « Au fait, t’as toujours voulu être juge ? » Je plonge mon regard amoureux dans le sien, je ne m’en lasserais jamais, et je crois que je suis encore en train de tomber amoureuse pour la énième fois.

Je ne m’attendais pas à ce que Noemi m’offre un bijou, mais je suis comblée. Je n’ai pas eu l’habitude d’être couverte de cadeaux de la part de mon mari, et il faut que j’attende d’avoir 56 ans et d’être mourante pour trouver un sens à ma vie. C’est quand même mal foutu. Je propose à la jeune femme d’aller nous promener, ce qu’elle accepte sans tarder. « Ouais c’est une bonne idée ! Ça a l’air superbe en plus, on débarrassera les valises plus tard, ou pas, on verra on a le temps. » Je hoche la tête en lui souriant et une fois prêtes, nous voilà parties. Main dans la main, j’en profite pour discuter avec elle avec plus de profondeur, me livrer à elle pour qu’elle puisse mieux connaître la femme que je suis, et j’espère en savoir plus sur elle également. « C’est dommage, c’est bon la nature pour se ressourcer. On pourra en profiter ce week-end ! Y’a même une tente je crois dans le mobile-home si tu veux camper. » Je ris avec elle et hausse les épaules. « Je suis pas une grande adepte des tentes, et puis j’ai passé l’âge de dormir à même le sol, je n’ai plus ta jeunesse ! » Je lui souris, complice, et lui demande ce qu’elle a l’habitude de faire pour se détendre de son côté. « Je couche avec des jolies filles ! » J’ouvre un peu plus grand les yeux, surprise de sa réponse spontanée, et légèrement inquiète aussi mine de rien. « Enfin plus maintenant, tu me suffis amplement. » Je souffle un peu, rassurée, et serre sa main d’avantage. « J’ai eu un peu peur je t’avoue. Il se pourrait que je sois jalouse visiblement. » Je souris en la regardant. « Non j’adore la photographie. Je voulais être photographe, avant, mais j’avais pas l’argent pour. C’est pour ça que j’ai commencé à être fille au pair et que je bosse au Foxglove, ça me permet d’économiser pour m’offrir un jour les formations nécessaires. Enfin je ne suis plus sûre de rien maintenant. » Je ne savais pas que Noemi aimait la photo, ça ne m’étonne qu’à moitié, je l’imagine très bien artiste, et c’est un art que j’aime aussi tout particulièrement. « Je suis sûre que tu finiras par y arriver, surtout si tu en as envie, je connais personne plus déterminé que tu ne l’es ! » Je ris un peu, faisant référence à l’énergie qu’elle a déployé pour réussir à me charmer.
Et alors que j’allais lui poser une nouvelle question, la jeune femme me demande de ne plus bouger et de me taire. Tapies dans les broussailles, mon regard suit le doigt qu’elle tend pour voir cet oiseau rare, faisant écarquiller mes yeux sous l’agréable surprise. Mais très vite l’animal s’enfuit. « T’as vu la chance qu’on a, c’est la première fois que j’en vois un. Tu en avais déjà vu ? » Je secoue vivement la tête. « Non, enfin pas à l'état sauvage, seulement dans des zoo mais c’est pas pareil ! » Nous reprenons sans plus tarder notre chemin et je câline sa main alors qu’elle me pose une nouvelle question, visiblement désireuse d’en apprendre plus sur moi. « Au fait, t’as toujours voulu être juge ? » Je tourne la tête pour la regarder et lui souris avant de hausser légèrement les épaules. « Plus ou moins. J’ai toujours voulu aider les autres, ce qui est assez contradictoire quand on voit la manière dont j’ai élevé mes enfants… » Je soupire un peu et reprends la parole. « Mes parents m’ont immédiatement orientée vers le droit, j’étais brillante j’ai pas eu trop le choix, mais c’est un métier que j’ai véritablement aimé, malgré tout. » Arrivées près d’un endroit absolument magnifique je m’arrête et laisse mon regard parcourir le paysage en soupirant de plaisir. « Embrasse-moi… » Je tourne la tête vers la blonde et souris de voir son regard surpris par cette demande. Il ne manque que ses lèvres pour que tout soit parfait.

J’apprécie cette manière d’être d’Eleanor, je ne l’ai jamais vu aussi libre et c’est réellement adorable. Elle se livre à moi, et je suis ravie d’en apprendre plus sur elle. Je me rend compte que finalement, je la connais très peu. Elle m’explique qu’elle aimait beaucoup les randonnées quand elle était plus jeune, et je lui propose naturellement de camper si elle le souhaite, il y a une tente. Je ris un peu, comme à mon habitude. « Je suis pas une grande adepte des tentes, et puis j’ai passé l’âge de dormir à même le sol, je n’ai plus ta jeunesse ! » Je souris. « Tu dormiras avec moi, c’est pas à même le sol ! Je veux bien faire matelas même ! » Je ris à nouveau, et quand elle me demande ce que je fais pour me détendre, j’avoue d’abord en rigolant que je couche avec des filles, avant de la rassurer, on ne sait jamais. Elle me suffit à elle même maintenant. « J’ai eu un peu peur je t’avoue. Il se pourrait que je sois jalouse visiblement. » J’hausse un sourcil, elle est très attirante quand elle est comme ça. Je continue de parler, et lui explique mon amour pour la photographie et mon désir de suivre une formation nécessaire. « Je suis sûre que tu finiras par y arriver, surtout si tu en as envie, je connais personne plus déterminé que tu ne l’es ! » Je souris légèrement, et nous continuons de marcher quand je vois d’un coup un oiseau rare originaire de l’île, et je le montre discrètement à Eleanor. Il ne tarde pas à s’enfuir, et je lui demande si elle en avait déjà vu un avant. « Non, enfin pas à l'état sauvage, seulement dans des zoo mais c’est pas pareil ! » J’hoche la tête, et nous nous remettons en marche. Ses caresses sur ma main me font frissonner, et je rougis même un peu. Je me tourne à nouveau vers elle afin de m’intéresser encore à sa personne, à sa profession désormais. « Plus ou moins. J’ai toujours voulu aider les autres, ce qui est assez contradictoire quand on voit la manière dont j’ai élevé mes enfants… » Je baisse un peu les yeux et serre d’une poigne sa main pour lui montrer que je suis là, mais surtout qu’elle se trompe. « Non, ce n’est pas vrai, ne t’inquiète pas pour ça. » Je lui souris tendrement. « Mes parents m’ont immédiatement orientée vers le droit, j’étais brillante j’ai pas eu trop le choix, mais c’est un métier que j’ai véritablement aimé, malgré tout. » J’hoche la tête, intéressant donc, elle n’a pas choisi volontairement mais ça lui plait quand même, et c’est une bonne chose j’imagine. Nous continuons de marcher, et nous arrivons à un paysage magnifique, je suis littéralement morte d’amour à la fois envers la rousse qu’envers ce paysage. C’est vraiment magnifique. « Embrasse-moi… » Je suis surprise et je ne le cache pas, mais je ne vais pas refuser cette requête si intéressante. Je lâche sa main afin de glisser ma main sur sa nuque, et je dépose doucement un baiser sur ses lèvres, en fermant les yeux afin d’en profiter. Le paysage est magnifique, et je suis désormais pleinement comblée. Un petit rocher est placé derrière nous, et je me décale doucement avant d’inviter Eleanor à s’y asseoir, et je me place à côté d’elle avant de la prendre une nouvelle fois contre moi, la câlinant. « Je ne pouvais pas rêver mieux, vraiment. » Je regarde nos doigts liés et caresse délicatement sa main, sa peau est douce, et j’adore ça. « Je t’aime, tu sais, c’est assez étrange comme sensation d’ailleurs mais… je ne m’en lasse pas. » Je souris tendrement. « Tu as soif, faim ? J’ai des trucs dans mon sac, rien de fameux mais bon. » Je ris un peu. « Ou tu peux me manger toute crue aussi ! » Je ris. « Tu veux qu’on continue ou on reste là un peu ? » Je suis à ses ordres, c’est son week-end, c’est elle qui mène la marche.

Une pause pendant notre randonnée et je demande à la jeune femme de m’embrasser. Nous sommes seules au monde, et je veux en profiter au maximum. Ne pas réfléchir de lui demander une étreinte ou un baiser, vivre pleinement ce que nous avons à vivre. « Je ne pouvais pas rêver mieux, vraiment. » Je souris et caresse ses doigts entremêlés aux miens. « Je t’aime, tu sais, c’est assez étrange comme sensation d’ailleurs mais… je ne m’en lasse pas. » Je souris et bouge un peu ma tête pour venir déposer un baiser dans son cou. « J’en ai de la chance alors ! » Je ris un peu, c’est vrai que quand j’ai commencé à chercher à la connaître, son côté séductrice me faisait presque peur. Aujourd’hui elle dit être folle amoureuse de moi, et je la crois. « Tu as soif, faim ? J’ai des trucs dans mon sac, rien de fameux mais bon. » Je ris avec elle et secoue la tête. « Non ça va. » Je sens pourtant la fatigue me gagner, entre le voyage et la randonnée, je sens qu’il faudrait que je me repose un peu, mais je ne veux pas briser ce moment, préférant alors ne rien dire. « Ou tu peux me manger toute crue aussi ! » Mon rire se mêle au sien. « C’est une proposition indécente Melle Wilson ? Attention à vous ! » Je ris encore un peu et soupire avant de bailler légèrement. « Tu veux qu’on continue ou on reste là un peu ? » « Je pense qu’on ferait mieux de rentrer, j’ai un coup de pompe ! » Je n’ai plus la fraicheur ni même l’énergie de ses vingt ans, et c’est là que je ressens le fossé se creuser entre nous. Mais après tout, je suis consciente que notre histoire n’est qu’éphémère, et si je l’emporterai avec moi, je culpabilise de me dire qu’elle devra vivre après ça, après moi, avec le poids sur le coeur d’une femme qu’elle a aimée et qui est partie avant de n’avoir pu vivre ce qu’elle aurait voulu vivre avec elle.

Une fois de retour dans notre petite maison d’amoureuses, Noemi s’affaire à ranger nos affaires avant de commencer à préparer le déjeuner. Je n’ai pas l’énergie pour nous préparer quelque chose de bon, demain sans doute, il doit bien y avoir un petit marché quelque part aux alentours pour nous acheter des produits frais. Le téléphone de Noemi se met à vibrer et un regard furtif vers ce dernier me fait accrocher le message qui vient de s’y afficher. Les mots équivoques me retournent le ventre. Pas certain qu’elle me disait la vérité tout à l’heure lorsqu’elle disait n’avoir que moi. Je ne peux lui en vouloir, je n’ai sûrement ni l’appétit sexuel dont elle a besoin, ni même la force ou la folie de son jeune âge. Je ne devrais pas lui en vouloir et pourtant je sens la jalousie me dévorer les entrailles. Un mal de tête abominable arrive d’un seul coup, ma tête tourne. « Noemi… » Elle se retourne et comprend que quelque chose ne va pas. « Aide-moi à aller jusqu’au lit s’il te plait. » Ça cogne, c’est horrible. J’en ai envie de vomir. Une fois allongée je sens la panique chez la jeune femme. « Donne-moi la boîte dans mon sac à main, la boîte orange. »

Je ne me lasserais jamais d’embrasser Norah, alors quand elle me le réclame, c’est avec une douceur presque sauvage que j’épouse ses lèvres, entremêlant mes doigts au sien. Je l’aime et je me sens légitime de lui en parler, de lui dire à nouveau, je ne m’en lasserais jamais. Elle glisse un baiser dans mon cou, et me voilà frissonnant de plus belle. « J’en ai de la chance alors ! »  Je souris légèrement, et je ne tarde pas à reprendre de mon sérieux afin de m’atteler à ma tache de prendre soin d’elle. Je lui demande si elle a soif, ou si elle a l’estomac affamé, on ne sait jamais, j’avais prévu des boudoirs et de l’eau. C’est pas grand chose, mais Maïly adore ça, et je n’ai pas vraiment de connaissance en ce qui concerne les goûts et les couleurs d’Eleanor. « Non ça va. » J’hoche la tête, mais je ne peux me retenir de la charmer un peu en lui proposant de me manger toute crue également. Le sous-entendu est équivoque, mais reste très léger. On ne va pas se sauter dessus en pleine forêt, je pourrais, mais je ne voudrais pas provoquer un lumbago chez la juge. « C’est une proposition indécente Melle Wilson ? Attention à vous ! » Je ris de plus belle, et la regarde bailler. Elle est fatiguée, alors je lui demande ce qu’elle veut faire. Continuer, se reposer. « Je pense qu’on ferait mieux de rentrer, j’ai un coup de pompe ! » Je me contente d’hocher la tête et de l’embrasser une nouvelle fois avant d’attraper sa main et la guider sur le chemin du retour. Nous continuons à discuter, mais je comprend qu’Eleanor est réellement fatiguée, le voyage doit en être la cause, sa maladie et son traitement également.

Nous retournons dans notre cocoon, et je lui ordonne presque de se détendre, et de me laisser m’occuper de nos affaires. Je range le peu de vêtement que nous avons dans la petite armoire de l’unique chambre que nous partagerons, et cette idée m’excite presque à elle seule. Une fois terminé, mon ventre gargouille et je comprend qu’il est l’heure de manger. Une fois encore, j’indique à Eleanor que je vais m’en occuper, la propriétaire du mobile-home nous a offert un panier avec des aliments et des légumes frais quand nous sommes arrivées, alors c’est l’occasion. Occupée à assaisonner mon plat de courgettes au curry, je n’entend pas mon téléphone qui vibre, indiquant un message d’une de mes sexfriend qui ne m’a pas contacté depuis plusieurs mois. Seulement, quand j’entend mon prénom, je me retourne immédiatement. « Aide-moi à aller jusqu’au lit s’il te plait. » J’écarquille les yeux et me précipite vers la rousse, m’inquiétant de ce retournement de situation. Je la soutiens par le bras afin de l’amener délicatement sur notre lit, et plonge mon regard dans le sien à la recherche d’explication. « Donne-moi la boîte dans mon sac à main, la boîte orange. » J’hoche immédiatement la tête, et je cours dans la salle principale où se trouve le sac à main d’Eleanor, et fouille à l’intérieur pour trouver la fameuse boîte orange. J’attrape rapidement un verre d’eau que je manque de renverser à cause de ma vitesse, et je retourne vers ma malade. « Tiens, ça va aller. » Je lui dépose ses cachets dans sa main, j’ai retenu la dose la dernière fois, et l’aide à boire le verre d’eau. Je l’allonge à nouveau, et m’assied à ses côtés en attrapant sa main. « Eleanor tu es pâle, qu’est-ce qu’il se passe ? Tu as besoin d’autre chose ? » Je comprend que ça ne va pas, mais je ne suis pas du tout rassurée pour la suite des choses. Le seul hôpital se trouve à une centaine de kilomètres, et j’espère ne pas être obligée d’en venir à cette obligation.