every moment matters [Tawan #7]

Je viens enfin de rentrer de notre longue escapade. Trois semaines, c’est beaucoup trop. Le pire c’est qu’ils nous ont même pas prévenus, j’ai dû envoyer un sms à Phoebe pour lui dire qu’elle ne m’attende pas pendant les prochains week end à venir. Je pensais que ça aurait duré plus longtemps que ça, mais heureusement pour moi, je suis enfin libre, au moins deux jours. La fatigue est importante, au point que je n’ai bu que deux verres ce soir, et je sens déjà les effets de l’alcool dans mon corps. Je suis encore plus joueuse, je ris pour pas grand chose, je danse beaucoup. J’ai décidé d’arrêter de boire pour ce soir, parce que j’ai peur de pas pouvoir rentrer tranquille. Après avoir dansé pendant un bon moment, je vais trouver quelque part une petite bouteille d’eau que j’engloutis d’une traite. Je retourne danser, draguer, emballer, je compte plus le nombre de filles que j’ai embrassées ce soir, mais tout le monde sait bien que ça ne signifie rien, surtout chez moi. Pour le moment, aucune fille ne me donne envie d’aller plus loin, ce qui est assez étonnant quand on me connaît. La fatigue sûrement. Avec tout ce que j’ai bu, faut vraiment que j’aille pisser, et je m’excuse auprès de la jeune femme auprès de qui j’étais en train de danser collé serré. Je me faufile jusqu’aux toilettes mais me trouve coincée au milieu d’un couloir, y’a bouchon. Une jeune femme super bien foutue devant moi, de dos, je fais genre qu’on vient de me pousser et mes mains se retrouvent rapidement sur ses hanches. « Wow, excuse-moi princesse, y’a un abruti qui vient de me bousculer et je… » Elle se retourne et je reconnais immédiatement ses yeux brillants. Birdy. « Hey Birdy chérie ! Qu’est-ce que tu fais ici ? » Je viens la prendre dans mes bras dans une étreinte qui se veut amicale. En une fraction de seconde, je repense aux paroles de Phoebe. Sa soeur putain, c’est la demi-soeur de celle que je considère comme ma propre soeur depuis quasiment toujours. « J’suis désolée de pas être venue voir Capsule ces dernières semaines, on était en déplacement, on vient juste de rentrer, elle va bien ? » Je m’inquiète de ma ‘fille’, parce qu’on avait convenu qu’elle nous appartenait à toutes les deux. Je grimace un peu et m’approche de son oreille une nouvelle fois pour lui parler. « Tu veux pas qu’on aille un peu dehors, on peut pas discuter avec la musique ! » Elle hoche la tête et je glisse naturellement une main dans le bas de son dos pour la pousser vers une des sorties. Je soupire d’entendre un peu moins la musique. « Tu veux un truc à boire au fait ? » Avec tout ça, j’ai complètement oublié que j’avais envie de pisser. C’est l’effet Birdy j’imagine.

Si j’avais eu ne serait-ce qu’une vague idée de la merde que ça serait de trouver un stage en étant en histoire de l’art et bien c’est sûr que je n’aurais pas choisi cette voie là ! Ça fait des semaines que j’envoie des lettres de motivation, que je vois des gens et je peine à avoir des réponses. C’est même pas d’essuyer des refus qui m’énervent mais qu’on ne me réponde rien. Pas oui, pas non, pas merde, non rien on m’ignore et c’est chiant. Bon heureusement au début de la semaine un de mes profs m’a donné une idée d’endroit où postuler et il semblerait que j’ai enfin un endroit où faire ce foutu stage. Je sais pas bien à quoi ça va servir parce que concrètement l’histoire de l’art c’est vaste. Bref j’ai ça en moins à penser et je suis bien décidée à me changer les idées, ça fait je ne sais combien de temps qu’on est pas sorties mes amies et moi. Alors ce soir on s’est organisé une petite soirée sympa. Pizzas, un verre dans un bar et pour finir un petit tour en boite de nuit. Ça fait un bien fou de décompresser et j’apprécie pleinement ce moment. Je suis raisonnable quant à ma consommation d’alcool, j’ai seulement bu un verre, parce que je rentre en voiture ensuite et il est hors de question que je prenne des risques. J’aurais pu dormir chez une amie à Wellington plutôt que de retourner chez moi à la base militaire, mais je ne voulais pas laisser Capsule pour la nuit. Elle est assez sage mais elle a l’habitude de dormir avec moi, alors j’ai peur que sans moi elle soit insupportable et je veux éviter que ça ennui mes parents, surtout que mon père vient de rentrer de quelques jours passés là où les recrues étaient en exercice pendant plusieurs semaines.
De toute façon je n’ai pas besoin d’alcool pour m’amuser, par contre il y a du monde et à danser il fait vite chaud. Je décide d’aller me rafraichir aux toilettes mais quand j’arrive au couloir qui y mène je constate alors que je ne suis pas la seule à vouloir y aller vu la file d’attente. Je soupire, pas d’autre choix que de prendre mon mal en patience… heureusement que ce n’est pas une envie pressante qui m’amène là, je plains ceux pour qui c’est le cas. Soudain quelqu’un me bouscule ou plutôt se rattrape à moi, posant ses mains sur mes hanches. Bah ça va tranquille ! Je fronce les sourcils en entendant les excuse de la responsable de cette bousculade, je me retourne mon air contrarié se transformant en sourire aussitôt que je reconnais Tawny. Je suis surprise de la voir là et visiblement la réciproque est valable. « Je fais la queue pour aller aux toilettes. » dis-je en sachant très bien que ce n’est pas vraiment la réponse qu’elle attend. Sans prévenir elle me prend dans ses bras pour me saluer, ça c’est nouveau. Ou tout simplement l’effet de l’alcool, parce que j’ai bien l’impression que la brune a bu. Elle me présente des excuses de ne pas être venue voir Capsule, je trouve ça mignon et lui sourit faisant un geste de la main pour signifier que ce n’est pas grave « Je sais que t’étais pas sur la base, t’en fais pas. Elle va très bien. Elle a déjà bien grandie. ». Finalement la recrue propose que nous allions dehors pour pouvoir parler sans avoir la musique qui couvre nos voix, j’accepte volontiers parce que clairement me faire gueuler dans les oreilles je ne vais pas tenir longtemps. Je hoche la tête donnant mon accord et sens sa main se poser dans le bas de mon dos pour m’inviter à m’avancer vers une sortie, elle a l’alcool tactile on dirait.
A l’extérieur c’est plus simple de s’entendre et j’avoue que ça fait du bien de pouvoir parler plus normalement. Je hausse les épaules « J’attendais aux toilettes pour me rafraichir, il fait déjà plus frais dehors alors j’imagine que boire un peu d’eau attendra. » je souris « Tu vas pas aller commander un H2O pour moi. Ni un jus de fruit. » elle n’a pas l’air convaincue je pose une main sur son bras pour la dissuader de retourner à l’intérieur commander quoi que ce soit « Ça va je t’assure. » je souris et sors mon portable pour lui montrer une photo de Capsule « Regarde comme elle est trop mignonne. » je suis totalement gaga de ce chat, c’est une catastrophe. « Elle va être contente de te voir, je suis sûre que tu lui as manqué. » j’affiche un large sourire « Mais je m’en suis très bien occupée. Comme une vraie princesse. » je fais une petite moue « T’avais raison elle aime bien jouer sous mon lit et sort toute la poussière. » heureusement qu’elle est grise, ça se voit moins. « Comment ça va toi ? Pas trop fatiguée ? » je ne vais pas que parler du chat quand même.

C’est la première fois que je croise Joan en ayant un coup dans le nez. Heureusement je ne suis pas totalement bourrée, juste un peu joyeuse ou ‘pompette’ comme on dit, et elle va bien vite se rendre compte que je suis plutôt très tactile quand j’ai un peu bu, et c’est pire quand je suis bourrée, pas pour rien qu’il m’arrive quelques fois de coucher avec des filles et me souvenir de quasiment rien le lendemain. Heureusement, j’ai encore jamais chopé de fille vraiment affreuse, parce que bonjour le coup à l’ego ! « Je fais la queue pour aller aux toilettes. » Je ris à sa réponse, parce que oui, elle est là c’est pour aller aux toilettes, mais je parle de là dans cet endroit qui pour moi ne lui ressemble pas tant. Son sourire me ravit le coeur et je ne perds pas de temps pour m’excuser vis à vis de mon absence de ces dernières semaines. « Je sais que t’étais pas sur la base, t’en fais pas. Elle va très bien. Elle a déjà bien grandie. » Je souris de plus belle, imaginant déjà notre petite crapule avoir pris quelques centimètres. Peut-être pas autant mais elle a dû changer, ça va vite à cet âge là. Je propose à la demoiselle d’aller dehors pour discuter parce que le bruit ambiant est désagréable, ce qu’elle accepte sans tarder. Une fois dehors, je prends une grande inspiration et lui propose même d’aller nous chercher à boire. « J’attendais aux toilettes pour me rafraichir, il fait déjà plus frais dehors alors j’imagine que boire un peu d’eau attendra. Tu vas pas aller commander un H2O pour moi. Ni un jus de fruit. » Elle est mignonne avec son eau et son jus de fruit. A croire qu’elle boit jamais plus qu’une bière de temps en temps. Je souris, amusée. « Un H2O hein ? » Je suis prête à partir me battre pour avoir à boire au bar mais elle me retient d’une main sur mon bras. « Ça va je t’assure. » Mon regard se perd dans le sien une fraction de seconde et je soupire un peu, pour moi-même, avant de hocher la tête et me tourne vers elle pendant qu’elle sort son téléphone pour me montrer des photos de notre chat. « Regarde comme elle est trop mignonne. » Je souris bêtement et m’approche d’elle pour zoomer un peu sur les photos qu’elle me montre. Je m’imprègne des notes de son parfum, faut vraiment que j’arrête de boire pour ce soir, surtout si elle est là. Ça pourrait mal finir. « Elle va être contente de te voir, je suis sûre que tu lui as manqué.Mais je m’en suis très bien occupée. Comme une vraie princesse. » « J’en doute pas ! » Je souris de plus belle en regardant la jeune femme avant qu’elle ne fasse une petite moue à croquer. « T’avais raison elle aime bien jouer sous mon lit et sort toute la poussière. » Je ris cette fois, heureuse d’avoir été un peu visionnaire, enfin je connais simplement les comportements des chatons, ça suffit pour anticiper certaines de leurs bêtises. « Comment ça va toi ? Pas trop fatiguée ? » Elle se replace face à moi et j’enfouis mes mains dans mes poches pour éviter qu’elles ne soient trop baladeuses, j’ai l’impression que quand je bois, elles sont presque indépendantes de mon cerveau. « Si j’suis claquée. La preuve j’ai bu que deux verres ce soir et ça tangue déjà comme les soirs où j’en bois le double voire le triple. » Je ris un peu bêtement avant d’enchaîner. « C’était éprouvant, ton père a pas été tendre avec moi, mais bon j’ai l’habitude. » Je souris légèrement. « Ça va, il t’a pas trop manqué ? » Je la taquine toujours à propos de son père parce que je la sais proche de lui alors que moi, j’ai du mal à imaginer le colonel tout mignon avec sa fille. Et maintenant que je sais que c’est aussi le père de Phoebe, c’est trop bizarre.

Vouloir un verre d’eau ou de jus de fruit en boite c’est un peu étrange, je sais et je m’expose à la moquerie mais franchement je préfère ça que de risquer de perdre mon permis ou carrément la vie dans un accident à cause d’un trop plein d’alcool dans mes veines. Forcément ça fait sourire Tawny, elle n’envisage probablement pas de faire la fête sans consommer d’alcool, sauf que moi ça me va très bien. Malgré cela elle a l’air déterminée à aller me chercher à boire ce dont je l’empêche, j’attendrais de rentrer à nouveau dans la boite. La recrue n’insiste pas, faut dire que j’ai l’arme fatale pour capter son attention : une photo de Capsule. C’est très efficace. Maintenant que j’ai découvert qu’elle fond pour les chatons, et bien d’autres bébés d’animaux, je me doute que cette adorable boule de poils compte pour elle, même si finalement elle l’a peu vu. A vrai dire j’y ai pensé durant ces quelques semaines, à l’absence de ses visites. Même en étant très occupée je me suis rendue compte qu’au final elle s’est fait une petite place dans ma vie, l’air de rien. Je lui suis toujours reconnaissante de la confiance témoignée par le choix de me laisser m’occuper du chaton, alors c’est la moindre des choses que de lui en donner des nouvelles toutes fraiches. « Tu auras qu’à passer la voir dès que tu peux. » dis-je afin que la jeune femme ne se sente absolument pas gênée même après son absence, je sais que c’était indépendant de sa volonté. J’enchaine en lui demandant comment elle va, j’aurais pu anticiper sa réponse, pas qu’elle ai une tête à faire peur mais je sais combien c’est fatigant ces semaines d’entrainement sur le terrain. Je ris à sa remarque sur les effets de l’alcool beaucoup plus rapide que ce dont elle a l’habitude. Elle ajoute que mon père lui en a fait voir, je sais qu’il est très exigeant et ayant horreur de l’indiscipline j’imagine facilement qu’il a rapidement fiché Tawny.
Evidemment une petite taquinerie suit cette remarque, je crois que c’est l’un de ses sujets favoris. Je lève les yeux mais souris, incapable de faire semblant d’être vexée par sa question moqueuse « Ah ah ah c’est très drôle ça. » je plisse les yeux et la fixe « On dirait bien que l’alcool ne rend pas ton humour meilleur. » petit sourire en coin je hausse les épaules « C’est plus fort que toi, hein ? » de toujours me tacler sur mon père dont elle a seulement l’image du Colonel hyper stricte. Ce qu’il est je ne peux pas le nier, mais avec moi il est différent. « J’suis contente j’avais vu juste. » la brune pose sur moi un regard intrigué et je poursuis « T’es un peu éméchée. » à mon tour de prendre un petit air moqueur « C’est mignon, après deux verres. » je lui tire la langue en voulant la jouer peste ce qui en soi n’est pas franchement crédible j’en ai bien conscience. « Bon ok venant de quelqu’un qui n’a bu qu’un seul verre en début de soirée c’est risible. Mais moi je conduis, donc… » je fronce les sourcils « T’es pas venue en moto au moins ? » c’est typiquement le genre de truc stupide et risqué qu’elle doit faire. Je m’appuie dos contre le mur derrière moi, croisant les bras « C’est un peu un comportement de gamine irresponsable ça TGL. » j’esquisse un sourire amusé. Son détachement me fascine toujours autant, un peu comme son regard.

« Tu auras qu’à passer la voir dès que tu peux. » Nouveau sourire, sincère et même sans doute un peu troublé. Merci mes deux cocktails. « J’y manquerai pas. » C’était déjà dans mes plans, mais de l’entendre me donner la permission me rassure un peu faut dire. Parce que même si j’ai pas besoin de permission, j’ai pas non plus envie de lui forcer la main, de la faire chier, de jouer les boulets quoi. Alors le fait qu’elle m’autorise à venir la voir, les voir, c’est aussi qu’elle en a envie, j’imagine. Je lui aurai pas un peu manqué ? Non c’est sûrement une lubie de mon cerveau qui tourne au ralenti ce soir. Après lui avoir vaguement raconté à quel point ces dernières semaines ont été difficiles, je lui lance quand même une petite taquinerie, parce que sinon, elle va plus me reconnaître. Sa manière de lever les yeux au ciel de manière faussement exaspérée me fait sourire de plus belle, ravie de voir que ma petite pique a l’effet escompté. « Ah ah ah c’est très drôle ça. On dirait bien que l’alcool ne rend pas ton humour meilleur. » Cette fois je ris, parce qu’elle n’a pas tord, et je lève les mains comme si je me rendais. « Je plaide coupable, mon humour est encore plus pourri quand j’ai un peu bu ! » « C’est plus fort que toi, hein ? » Je hoche fièrement la tête, je peux pas m’en empêcher, elle l’a bien compris, et ça me fait rire de voir ses réactions. Cette fille semble ne jamais s’offusquer de rien, et je l’envie un peu pour ça je dois dire. « J’suis contente j’avais vu juste. » Je sors de ma poche mon paquet de clopes et en tire une que je pince entre mes lèvres en regardant la demoiselle d’un air interrogatif, arquant même un sourcil pour accentuer ma perplexité. « T’es un peu éméchée. » Je trouve mon briquet dans une de mes poches et le fais immédiatement tomber par terre. « J'vois pas de quoi tu veux parler. » M’accroupissant, je le récupère avant de me relever, sentant ma tête tourner un peu. Génial. « C’est mignon, après deux verres. » Je repose mes yeux sur elle une fois ma cigarette allumée et je plisse même un peu les paupières pour la fusiller du regard, à ma façon bien sûr. « Moque toi madame H2O ! » H2O, c’est bien la première fois qu’on me la fait celle là. « Bon ok venant de quelqu’un qui n’a bu qu’un seul verre en début de soirée c’est risible. Mais moi je conduis, donc… » Je hoche la tête sans la quitter des yeux, appuyant même un peu plus mon regard en l’ancrant dans le sien, pour la destabiliser, parce que j’adore ça. Je recrache la fumée de ma cigarette sans un bruit alors qu’elle reprend la parole. « T’es pas venue en moto au moins ? » « Si. » S’appuyant sur le mur derrière elle, elle soupire et moi ça me fait sourire. « C’est un peu un comportement de gamine irresponsable ça TGL. » Souriant de plus belle, je m’approche un peu d’elle, retirant ma cigarette d’entre mes lèvres pour la mettre dans son sens et de ce fait, lui proposer une taffe. « Je suis pas une gamine, mais je suis irresponsable. Ça c’est clair. Mais c’est comme ça que j’me sens vivante. » Alors qu’elle entre ouvre ses lèvres, je fais glisser le filtre de ma cigarette entre ces dernières, mes doigts frôlant sa bouche. Elle tire une latte et je la bouffe carrément du regard, avant de récupérer ma clope. « T’as jamais fait des trucs un peu fous, juste pour te sentir un peu plus vivante ? » Ma voix s’est légèrement transformée, plus rauque, sombre, charmeuse aussi, alors que mon regard invite la jeune femme à se dépasser.

Franchement c’est assez drôle de voir Tawny avec des gestes plus qu’approximatifs, ce n’est pas habituel. Son briquet fini par terre et je ne devrais pas mais je ris, c’est mal de se moquer je sais. Mais c’est de bonne guerre vue qu’elle ne se gêne pas pour me taquiner à la moindre occasion et surtout sur mon père. Je pousse la plaisanterie un peu plus loin en laissant entendre que après juste deux verres c’est assez loin de l’image de rebelle qu’elle renvoie. Venant de moi c’est paradoxal et la brune a encore l’esprit assez clair pour remettre mon cocktail H2O sur le tapis. Sauf que j’ai une bonne raison pour être sobre je conduis… et j’apprends qu’elle aussi, sa moto en plus de ça. Je comprends qu’elle ne soit pas fan des règles et adore les enfreindre mais là c’est de sa sécurité dont il est question en plus de celle des autres. En plus elle me répond avec un tel aplomb, on dirait presque que ça la rend fière d’agir ainsi, un peu stupidement en fait. Je soupire et m’adosse au mur la taxant de gamine irresponsable sans me défaire de mon sourire. Je ne suis personne pour lui faire la morale et je sais d’avance qu’elle me rirait au nez. La brune s’approche, toujours avec ce même air dont je n’arrive pas encore à tout déchiffrer. Elle dirige sa cigarette vers moi tout en m’expliquant qu’elle n’est plus une gamine mais que ça ne l’empêche pas d’être irresponsable « Je vois ça. » dis-je en haussant les sourcils. La rendre vivante ? Il lui faut sa dose d’adrénaline pour se sentir en vie et paradoxalement ça pourrait bien la lui coûter. Je comprends et à la fois je trouve ça dommage de réduire son sentiment d’exister aux seuls risques que l’on prend.
Je ne sais pas si c’est parce que dans le fond il y a un petit quelque chose qui me contrarie là dedans ou juste par envie mais j’accepte son offre, m’avançant légèrement pour tirer une taffe sur sa clope. Mon regard croise le sien mais je le détourne presque aussitôt un peu perturbée par son intensité. Reprenant ma position initiale en laissant doucement la fumée s’échapper d’entre mes lèvres. Y’a un truc qui vient de changer dans l’attitude de Tawny et dans l’atmosphère par la même occasion. Je ne sais pas à quoi elle joue, si c’est encore une de ses taquineries qui visent à me mettre mal à l’aise pour mieux en rire ensuite, mais ça sonne différemment des autres fois. Est-ce que j’ai fait des trucs fous ? Sûrement pas autant qu’elle, mais oui à mon échelle j’ai fait des trucs qui m’ont paru fous. J’ai apprécié sur le moment la sensation que ça m’offrait, mais je ne me vois pas être tributaire de ça pour me sentir vivante. Je m’efforce de regarder la brune, quand bien même son regard est plus perturbant que d’ordinaire. C’est étrange, je ne me sens pas en danger et pourtant ça s’en rapproche. Il fait chaud même dehors, non ? Ou c’est juste moi ? « Si… enfin plus vivante je sais pas. Mais pour vivre un truc inédit ouais. » j’esquisse un petit sourire, je m’efforce de ne pas trahir mon trouble « Avec ma sœur, on était partie toutes les deux assister à un festival comme ça sur un coup de tête sans que mon père soit au courant. On a fait du stop, on s’est débrouillé pour aller là-bas, trouver où dormir… C’était fun j’en garde un bon souvenir. » je hausse les épaules « Enfin à toi ça doit pas te paraître si fou. » je lui pique sa clope pour tirer à nouveau dessus et la lui redonne avec un petit sourire en coin « C’était fou, ça ? » je me mets à rire.

Je joue avec le feu et j’adore ça. J’ai bien conscience qu’à tout moment la jeune femme pourrait m’envoyer balader, me filer le plus gros râteau du siècle, surtout que j’ai encore énormément de mal à l’imaginer avec une fille. Mais c’est plus fort que moi et ce soir avec un peu d’alcool dans le sang, j’ai beaucoup trop envie de faire des expériences pour laisser ce désir au placard. Cette fille me plait, j’ignore encore pourquoi, et même si je sais d’avance que c’est une mauvaise idée, je me dois de tenter l’expérience. C’est plus fort que moi, ça brûle à l’intérieur. Je sens bien que je la déstabilise, c’est bien le but d’ailleurs. Son souffle se fait un peu plus court, ses yeux fuyants, et mon sourire plus malicieux. « Si… enfin plus vivante je sais pas. Mais pour vivre un truc inédit ouais. » Je garde mon regard ancré dans le sien et lui intime d’un geste de menton de me raconter de quoi elle parle. « Avec ma sœur, on était partie toutes les deux assister à un festival comme ça sur un coup de tête sans que mon père soit au courant. On a fait du stop, on s’est débrouillé pour aller là-bas, trouver où dormir… C’était fun j’en garde un bon souvenir. » Je souris, taquine, elle est vraiment trop mignonne. « Enfin à toi ça doit pas te paraître si fou. » Je ris un peu et hausse les épaules. « Chacun son niveau de folie ! » Elle pique ma cigarette pour en tirer une taffe et me la rend sans plus tarder. « C’était fou, ça ? » J’arque un sourcil avant de rire un peu et m’approche d’avantage, posant ma main sur le mur derrière elle, juste au niveau de sa tête. Je peux sentir son souffle s’écraser sur mes lèvres et la sensation est divine. « Tu sais ce qui serait vraiment fou ? » Je jette ma cigarette par terre puisqu’elle est terminée et garde mon regard bien ancré au sien avec une intensité rare. Ce dernier bifurque sur ses lèvres et je mords les miennes. Faut pas être devin pour savoir ce que j’ai dans la tête. J’aimerai seulement un signe de sa part pour ne pas me retrouver avec une baffe monumentale. Mais rien. Je m’approche alors, mais avant même que mes lèvres aient eu le temps de frôler les siennes, j’entends mon prénom. « Ah Tawny t’es là ! » Je me recule alors de Joan et tourne la tête sur la jeune femme. Elle a essayé de me chopper tout à l’heure et je l’ai dégagée en lui disant que j’avais une copine. La pauvre, elle est pas mal, mais elle parle trop et elle est trop collante. Le genre de nana tu la ramène chez toi une nuit elle te demande en mariage. « Hey, euhm… Suzie c’est ça ? » Nerveusement - pas par la présence de la blonde mais plutôt par frustration de n’avoir pu aller au bout de mon envie d’embrasser Birdy - je me saisis d’une nouvelle cigarette dans mon paquet que j’allume sans tarder. « C’est elle ta meuf ? » Je tourne mon regard vers Joan et le sourire qui étire mes lèvres en dit long sur ce que j’ai dans la tête, sans compter la malice dans mes yeux. « Ouais. J’te l’avais dit, j’suis pas libre. » Suzie regarde Joan avec des éclairs dans les yeux et se met à rire. « Arrête, j’suis sûre qu’elle a même jamais embrassé un mec, regarde là ! » Je fronce un peu les sourcils, soufflée de l’attitude de la blonde. Je tourne le regard furtivement sur Joan voir si elle compte se défendre toute seule ou si je dois le faire moi.

Je suis un peu prise de cours par la nouvelle attitude de Tawny, je pense qu’elle me donne un aperçu d’un autre aspect de sa personnalité auquel je ne me suis pas préparée à être confrontée. Bien sûr elle m’a déjà taquiné gentiment avec des sous-entendus qui n’avaient valeur que de me mettre un peu mal à l’aise et l’amuser, mais là je crois qu’avec l’alcool la brune n’est plus dans la nuance. Je sais que je devrais stopper ce jeu dangereux pendant qu’il est temps avant qu’il y ai un mal entendu. J’ai pas franchement envie qu’un malaise s’installe entre nous parce que j’apprécie sa compagnie, mais je pensais aussi qu’elle avait intégré que moi les filles c’est pas mon truc. Et pourtant je la laisse approcher, mes sens sont en alertes, prête à trouver une parade mais j’ignore si je vais être capable de faire quoi que ce soit. Elle a habilement choisis son sujet en parlant de folie et même si je fais de l’humour je n’en mène pas large, j’ai pas trop l’habitude de ce genre de jeu et encore moins quand c’est une autre femme qui me trouble. Elle est beaucoup trop près, intimidante par cette confiance qu’elle dégage, presque prédatrice mais je ne me sens pas comme une proie. C’est étrange, un peu effrayant mais aussi assez grisant d’une façon que je ne m’explique pas. Elle s’appuie contre le mur, sa main juste à côté de moi et encore plus proche qu’elle ne l’était déjà. J’arque un sourcil à sa question, me surprenant de ne pas m’être déjà esquivée en riant nerveusement. A quoi je joue moi aussi ? Peut-être que finalement je cherche un peu le danger également… j’en sais rien. Je suis comme paralysée par l’intensité de son regard, la laissant s’avancer encore d’avantage en sachant très bien ce qu’elle a en tête. Je ne suis pas la reine des relations humaines mais je sais capter des signaux comme ceux que Tawny envoie. Ses intentions brillent comme un néon en pleine nuit. Je suis incapable d’autre chose que de la fixer jusqu’à ce que je sente son souffle se rapprocher vraiment dangereusement ses lèvres toutes proches de frôler les miennes, je m’apprête à réagir mais une voix féminine se charge de détourner l’attention de la brune. Putain j’ai eu chaud. Enfin j’ai encore chaud, littéralement mais au moins je vais pouvoir reprendre mes esprits. Qu’est-ce que je fous putain ?
Je me passe une main dans les cheveux faut que je me ressaisisse, je ne peux pas la laisser jouer comme ça. Mais je ne peux pas totalement ignorer qu’une part de moi est presque frustrée par l’arrivée de cette jeune femme qui en a après la brune. Une ancienne conquête ? Une en devenir ? Une éconduite qui digère mal le refus ? Les possibilités sont multiples, tout comme la liste de femmes doit être longue. Perdue dans mes pensées vis à vis de ce qui a failli se passer je n’écoute pas franchement l’échange entre les deux, mais j’entends quand même Tawny laisse croire à la blonde que je suis sa meuf. WHAT ? Et ça l’amuse en plus ! Elle sourit avec malice et je me retiens de la fusiller du regard. Je comprends qu’elle compte sur moi pour jouer le jeu et l’aider à se débarrasser de la présence de l’autre. J’ai presque envie de nier pour la laisser se démerder toute seule, c’est elle qui aime prendre des risques après tout. Enfin faut croire qu’elle m’a retourné le cerveau plus que je ne le pensais, ou que ma fierté fait le boulot parce que quand la blondasse se fout ouvertement de moi mon sang ne fait qu’un tour. Quelle connasse ! Je hausse les sourcils face à l’attaque qui m’est faite et me décolle du mur esquissant un sourire en coin avant de poser mon regard sur Tawny qui attend ma réaction « Ah c’est elle la nana lourde dont tu m’as parlé ? » je fais preuve de fausse discrétion en faisant bien évidemment tout pour que l’intruse entende ce que je dis « Ouais… maintenant je comprends ce que tu voulais dire.... » je fais une moue contrariée. Je m’approche un peu plus, passe mon bras autour de sa taille « Elle compte camper là ? » et lui prends sa clope pour tirer dessus. Ça c’est pas du fake, j’en ai vraiment besoin. Bordel mais elle me fait jouer à quoi ?

Je m’étonne que Birdy ne me file pas entre les doigts. Elle reste là, sans faillir, à me regarder sa respiration plus saccadée. Je me demande bien si c’est parce que la peur la paralyse ou si c’est parce qu’elle a envie que j’aille au bout de mon envie. Alors je m’approche un peu plus et juste avant que nos lèvres ne se frôlent, voilà qu’un trouble-fête fait son apparition. Elle pouvait pas aller chercher quelqu’un d’autre à faire chier celle là ? Je m’éloigne à contre coeur de Joan pour répondre à la blonde, qui se trouve être un peu plus mesquine que j’aurai pu imaginer. Lorsque Suzie demande si Joan est ma copine, j’entre dans le jeu. De toute manière, même si Birdy me plante en ne voulant pas mentir, ça ne changera pas grand chose, je trouverai toujours une parade pour retomber sur mes pattes. Je jongles avec le destin, j’adore ça. Mais lorsque la blonde se met à juger mon amie, j’écarquille les yeux et tourne la tête vers elle, remarquant elle en fait de même. J’espère qu’elle va pas se laisser faire, enfin je sais que moi à sa place j’aurai déjà craché mon venin. Mais bon, Joan n’est pas moi. Clairement. « Ah c’est elle la nana lourde dont tu m’as parlé ? » me demande-t-elle ravivant mon sourire. Je secoue un peu la tête, amusée qu’elle se prête au jeu et pire qu’elle me fasse passer pour ce genre de personne à se plaindre de se faire draguer. « Ouais… maintenant je comprends ce que tu voulais dire.... » Je ricane un peu, c’est plus fort que moi, mais m’arrête lorsqu’elle vient entourer ma taille de son bras avant de se saisir de ma cigarette pour en tirer une taffe avec une certaine nonchalance. « Elle compte camper là ? » Mon regard scintille en voyant Birdy prendre du gallon et se rebeller. Là elle me plait. Là elle me fait chavirer. Je ne me fais pas prier et j’en profite, je sais pas si ça arrivera une fois encore, alors je glisse à mon tour ma main dans le dos de la demoiselle et viens déposer un baiser tendre sur sa joue. « Laisse-là. Elle est jalouse. » Je tourne alors mon regard vers la blonde, plutôt fière du résultat de notre petit jeu. « Elle a p’tetre jamais embrassé un mec mais elle m’embrasse moi mieux que personne. Tu lui arriverais même jamais à la cheville. » Souriante, je lui fais signe de déguerpir et elle s’exécute, visiblement excédée. Joan ne tarde pas à prendre de la distance une fois la blonde disparue. Je la regarde et tire sur ma clope à nouveau. « Merci de m’avoir sauvé la mise. J’te dois une fière chandelle. » Je sors alors de ma poche mon paquet de cigarettes et le lui tend pour qu’elle se serve, j’ai bien vu que quand elle m’a piqué ma clope, elle en avait envie. Elle m’a dit qu’elle ne fumait que lorsqu’elle avait des émotions fortes, et j’aime à penser que j’en suis la cause ce soir. « On est p’tetre pas un couple mais on a un enfant, alors c’est tout comme ! » Je ris un peu, malicieuse.

Tawny m’embarque malgré moi dans sa petite galère, m’utilisant comme moyen pour se débarrasser de cette nana qu’elle juge sans doute trop insistante. Et si je suis plutôt quelqu’un de sympathique, sociable et souriante, ça ne veut pas dire pour autant que je me laisse marcher sur les pieds. Hors de question de laisser cette blonde frustrée se payer ma tête sans réagir. J’accepte le rôle que veut me faire jouer la recrue pour l’aider mais surtout pour me défendre face à cette attaque gratuite. Avec calme et aplomb je fais comme si la brune m’avait parlé de cette fille en des termes peu flatteurs, me rapprochant d’elle pour créé comme une marque de possessivité de ma part. Tawny semble apprécier que je ne l’ai pas laissé se démerder seule et surenchérie habilement pour retirer tout espoir à la trouble fête de voir la situation aller se retourner en sa faveur. Sans doute encore plus frustrée elle s’éloigne non sans me jeter un dernier regard plein d’animosité. Ok je me suis faite une ennemie ce soir sans avoir rien demandé. Je m’éloigne de la brune, plus besoin de jouer la comédie désormais. Je sens un certain amusement dans son attitude alors que j’essaie de ne rien laisser paraître de mon trouble. Faut croire que je commence à fatiguer. Je hoche la tête avec un léger sourire quand elle me remercie pour mon aide « Ouais… de rien. » pas franchement à l’aise j’essaye de reprendre contenance « Tu les choisis bien. Quelle charmante jeune femme c’est... » dis-je avec humour, c’est encore le meilleur moyen de retrouver mes esprits. Je ne comprends pas bien ce qui me perturbe d’ailleurs. Ce qui s’est passé avant que la blonde débarque ou ce qui vient de se passer ? Un peu dans mes pensées je mets un quart de seconde à réagir alors que Tawny me tend son paquet de clope, elle a du griller qu’il m’en fallait une… merde. « Merci. » soufflé-je quand même.
Je ne peux m’empêcher d’échapper un léger rire quand elle fait référence à Capsule qui représente un lien entre nous, elle n’a pas tort « C’est vrai. Mais l’histoire de droit de visite ça fait un peu couple de divorcés. » dis-je avec malice pour gentiment contrer son argument. Je sens mon portable vibrer dans ma poche dont je le sors pour lire le message que je viens de recevoir. C’est une des amies avec qui je suis venue ici qui m’indique qu’elles m’ont cherché mais pas trouvé et ont choisi de rentrer parce qu’elles sont fatiguées. Je soupire et réponds à son message « Me voilà seule au monde. » plaisanté-je tout en rangeant mon téléphone. Je souffle la fumée entre mes lèvres, appréciant l’effet apaisant de cette cigarette « T’allais aller jusqu’au bout ? » lâché-je en m’étonnant moi-même de ma franchise. Forcément Tawny ne comprend pas trop où je veux en venir, faut dire qu’elle ne lit pas mes pensées et puis l’alcool n’aide pas. « Avant que l’autre énervée arrive…est-ce que t’aurais… ? » je trouve le courage nécessaire pour verbaliser mes interrogations mais pas suffisamment pour demander clairement si elle avait l’intention de m’embrasser. Au fond je pense connaître la réponse mais j’ai besoin de l’entendre, même si je me plante peut-être.

Une fois l’autre folle disparue, je remercie ma petite comédienne en herbe d’avoir joué le jeu pour me sauver la mise. Elle aurait pu très bien me laisser seule dans la panade, mais au lieu de ça elle m’est venue en aide, et j’apprécie l’effort. Je propose une cigarette à l’actrice de la soirée et elle s’empresse de la récupérer. « Tu les choisis bien. Quelle charmante jeune femme c’est... » Je lève les yeux au ciel en riant. « Comme si je choisissais ! Non franchement j’aime bien quand elles ont du caractère mais là c’est trop pour moi ! » Je soupire un peu et regarde la jeune femme pendant quelques secondes, faisant même de l’humour à propos de notre chat. « C’est vrai. Mais l’histoire de droit de visite ça fait un peu couple de divorcés. » Je soupire un peu exagérément. « Quelle rabat-joie ! » et me mets à rire un peu, parce qu’au final, elle n’a pas tout à fait tord. Le portable de Birdy se met à sonner et je la sens un peu irritée, sa manière de taper frénétiquement sur l’écran de son téléphone le montre bien. « Me voilà seule au monde. » « Mais non je suis là moi ! » Je hausse les épaules en souriant. Elle a peut-être carrément pas envie de rester plus longtemps avec moi, peut-être que ma compagnie n’est pas si agréable, surtout avec un coup dans le nez. Qui sait. « T’allais aller jusqu’au bout ? » Je relève les yeux sur elle en les plissant légèrement. De quoi elle parle exactement. Je fronce les sourcils légèrement, de manière dubitative. « Au bout de quoi ? » Penchant à peine la tête sur le côté, je l’incite à me répondre et à éclairer ma lanterne. « Avant que l’autre énervée arrive…est-ce que t’aurais… ? » J’arque un sourcil en voyant qu’elle ne termine pas sa phrase. « Est-ce que je t’aurai embrassée ? » Elle hoche un peu timidement la tête et je crois deviner ses joues se rosir légèrement. « Evidemment ! » Je ris un peu, elle croyait que je faisais les choses à moitié ou quoi ? « Enfin, ça c’est si tu m’avais laissée faire. » Je grimace un peu avec cette étrange intuition que ça n’aurai pas forcément été le cas. « La question c’est surtout est-ce que tu te serai laissée faire ? » Et voilà, bravo Tawny, fous la mal à l’aise qu’elle ait envie de se terrer dans un trou de souris. Bonne initiative ! Je fourre mes mains dans mes poches de manière quelque peu nonchalante. « T’inquiètes j’aurai pas essayé de faire plus que ça. Je sais que tu préfères les garçons. Enfin j’imagine. C’était juste pour voir jusqu’où tu te serais laissée faire, pour l’expérience. » Je lui souris un peu pour ne pas qu’elle prenne peur. « Mais si t’es frustrée de pas avoir tenté l’expérience, c’est un truc qui se règle ça ! fais pas cette tête là ! » Je ris un peu pour la taquiner, j’ai pas envie qu’on soit comme des gens qui parlent que de manière fermée, sans se regarder ou même sourire. C’est pas nous ça.

Bien sûr Tawny n’a pas choisis que cette jeune femme soit une vraie garce, je le sais mais ça m’amuse de l’accuser faussement. C’est une micro vengeance pour avoir due lui sauver la mise. D’autant plus que pendant que je joue les actrices mes amies se sont faites la malle en me plantant là. Elles ne m’ont pas trouvé… je crois surtout que leur recherche a été très expéditive, il suffisait de m’envoyer un message comme elles viennent de le faire. Ça me contrarie un peu, pas pour le fait d’être seule car je ne le suis pas vraiment, mais pour leur attitude. Ce n’est pas la première fois ni la dernière, je commence à m’y faire. Je me déclare seule au monde, la brune affirme alors sa présence et je lui souris. Loin de moi l’idée qu’elle pense que je n’apprécie pas sa compagnie « Oui, heureusement d’ailleurs. » sinon je serai déjà sur le chemin du retour en direction de la base alors qu’il n’est même pas si tard. Je ne sais pas si c’est de savoir que je vais passer la fin de soirée en sa compagnie, et donc qu’il faut que j’obtienne des réponses, mais j’interroge la recrue avec franchise quant à ses intentions. J’ai du mal à être totalement claire, ça me met un peu mal à l’aise de verbaliser qu’il y a quelques minutes de ça elle s’apprêtait peut-être à m’embrasser. Déjà dans ma tête sa sonne un peu comme un truc dingue. Tawny a moins de retenue que moi, disant les choses franchement et je hoche légèrement la tête pour confirmer ce qu’il en est. Je sais que je suis limite en train de rougir, c’est ridicule puisque j’ai posé la question en premier lieu. C’est gênant cette situation. Enfin juste pour moi car la brune me répond sans détour qu’effectivement c’était totalement son intention que de m’embrasser, à condition que je l’ai laissé faire bien sûr. L’aurais-je laissé faire ? Elle me pose la question au moment même où je m’interroge par la pensée. Je hausse les épaules terminant ma clope et ne répond rien, gardant un air qui se veut impassible, elle n’aura pas cette réponse.
Face à mon silence la jeune femme se sent sans doute dans l’obligation de s’expliquer d’avantage. Une sorte de test voilà ce qu’était sa précédente manœuvre, un moyen de jauger jusqu’où je suis prête à aller pour repousser mes limites, pour l’expérience comme elle dit. J’affiche un léger sourire tout en gardant ce masque d’impassibilité, ça m’amuse de la laisser dans le flou et à la fois ça m’aide à ne pas me sentir trop troublée, ou plutôt à dissimuler que je le suis sans doute déjà. Mais mon attitude de composition se fissure dès lors que Tawny m’accuse d’être frustrée laissant place à une mine faussement outrée « Hey mais je suis pas frustrée ! » bon ok un peu mais hors de question de le dire « J’essayais d’être énigmatique. » j’affiche un air boudeur « Je me suis sentie l’âme d’une actrice pendant quelques minutes mais faut croire que je suis pas si douée. Tant pis je vais m’en tenir au dessin. » lâché-je en feignant la déception un court instant avant de me mettre à rire à mon tour. « Tu me l’offres finalement ce verre ? » dis-je en la poussant légèrement de l’épaule « Je commence à plus avoir très chaud là dehors. Ça serait bête que j’attrape la crève. » petit sourire en coin j’ajoute « Et j’suis curieuse de te voir danser. » de toute façon je suis toujours curieuse lorsqu’il s’agit de Tawny, peut-être trop…

Je continue de taquiner la jeune femme, parce que j’adore ça, voir ses joues rosir et imaginer son esprit tourner en bourrique à cause de mes conneries. Elle est vraiment trop mignonne. « Hey mais je suis pas frustrée ! » Je souris, penchant la tête sur le côté et attendant la suite. « J’essayais d’être énigmatique. » « Enigmatique hum ? Ouais… » Je ris un peu toujours dans l’idée de la faire un peu chier. J’aurai bien aimé qu’elle me dise qu’elle était frustrée de ne pas avoir pu recevoir un baiser de ma part, mais je ne laisse pas tomber, la soirée n’est pas terminée et surtout, elle n’a plus ses copines donc elle n’a plus que moi ce soir, et je compte bien en profiter. « Je me suis sentie l’âme d’une actrice pendant quelques minutes mais faut croire que je suis pas si douée. Tant pis je vais m’en tenir au dessin. » Je vois son air de déception et je ris un peu avant qu’elle ne mêle le sien au mien. « Oui, le dessin c’est bien, au moins on est sûres que t’es douée. Mais bon, si tu veux te tourner vers l’art dramatique, j’peux toujours te donner des cours ! » Je lui adresse un petit clin d’oeil mignon, avant qu’elle ne cherche à change de sujet. « Tu me l’offres finalement ce verre ? » « Ah oui ! Ton H2O ! » je ne peux m’empêcher de la taquiner, c’est vraiment plus fort que moi. Elle me donne un coup d’épaule et je souris de plus belle. « Je commence à plus avoir très chaud là dehors. Ça serait bête que j’attrape la crève. » J’ouvre la bouche pour répondre un truc, genre que je peux toujours la réchauffer, mais je me ravise et referme ma bouche. « Et j’suis curieuse de te voir danser. » « A la seule condition que tu danses avec moi, et puis ça te réchauffera, parce que c’est clair que c’est pas ta grenadine qui va te tenir chaud ! » Et voilà encore une petite pique bien placée, mais elle sait aussi que si je la taquine autant, c’est que je l’apprécie, et sans doute même un peu plus que je ne le devrais. Nous rentrons dans l’établissement et je me dirige vers le bar pour nous commander deux verres. Je prends un truc soft, mais avec un peu d’alcool quand même, juste un peu, et commande un lait fraise pour Joan, juste pour l’emmerder, tant qu’elle entend pas ce que je demande à la serveuse. Une fois nos verres servis, je me tourne vers la demoiselle qui m’accompagne et lui tends son verre avant de m’approcher pour glisser mes lèvres près de son oreille. « Il avaient pas ton cocktail, H20 ils connaissent pas, alors je t’ai pris un lait fraise. » Je plonge alors mon regard dans le sien et ris en voyant sa tête. « Sinon je peux te commander la même chose que moi, goûte, y’a quasiment pas d’alcool. » Je lui tends mon cocktail et la laisse presser la paille entre ses lèvres sur lesquelles je louche un peu plus que de raison. Putain j’aurai vraiment dû l’embrasser.

Malgré moi je m’expose à la taquinerie de la brune, elle attrape la moindre perche aussi petite soit-elle. L’alcool ne devrait pas la rendre un peu moins vive d’esprit ? En tout cas ça ne la rend pas moins encline à se payer gentiment ma tête. Je sais que ça n’a rien de méchant, au contraire c’est même plutôt come une preuve de notre complicité qui se développe petit à petit. Depuis que nos chemins ce sont croisés un matin sur la base, ça a toujours été ça la dynamique entre nous, elle me taquine et je ne me gène pas pour en faire autant quand l’occasion se présente. Qui aime bien châtie bien comme on dit, sinon j’aurais juste eu à l’ignorer et ça s’en serait tenue là. Je plaisante sur la vocation que je pense m’être trouvée avec le petit numéro d’actrice qu’elle m’a poussé à jouer il y a quelques minutes. J’affiche un air déçu de voir que ma façon de jouer l’énigmatique est un échec, et déclare que je vais rester concentrer sur le dessin. Tawny me propose de m’aider si jamais l’art dramatique m’attire vraiment et je lève les yeux en riant « Parce qu’évidemment tu es une star oscarisée. » dis-je amusée par son comportement. Avec elle j’ai l’impression que c’est un peu les montagnes russes. Je peux passer de l’amusement à la perplexité, la taquiner et me retrouver l’instant d’après dos au mur, mise en échec par sa répartie. La recrue a quelque chose de troublant mais aussi d’attachant. La preuve, ma contrariété à cause du départ de mes amies est déjà derrière moi car sa compagnie m’est agréable et je sais que je ne vais pas m’ennuyer. Je commence à avoir froid dehors, je sollicite Tawny pour ce verre qu’elle semblait tenir à m’offrir quand nous sommes sorties. Nouvelle perche, nouvelle vanne l’H2O me revient comme un boomerang je lui donne un petit coup d’épaule et donne la vrai raison de mon envie de retourner à l’intérieur. J’admets aussi être curieuse de la voir danser, ça aurait été trop simple qu’elle accepte seulement. Non elle pose une condition, celle que je danse avec elle. Je n’avais pas vraiment l’intention de rester au bar et regarder, quand je viens en boite c’est pour m’amuser. « Laisse ma grenadine tranquille, Travolta. » répliqué-je en riant.
Retour à l’intérieur de la boite, si j’avais trop chaud tout à l’heure là je suis plutôt contente de retrouver une température plus élevée que celle de l’extérieur. Ce genre de changement brutale c’est un coup à attraper la crève, j’en suis consciente. Nous nous dirigeons vers le bar et j’attends que Tawny passe commande tout en regardant autour de nous. Quelques minutes plus tard la brune se tourne vers moi me tendant un verre face auquel je reste perplexe. Voyant que je m’interroge elle s’approche pour me parler à l’oreille, impossible de s’entendre autrement avec le volume de la musique. Je fronce les sourcils, un lait fraise ? Là elle se fout vraiment de ma gueule ! Je lui offre un air blasé, ça la fait rire, une sur deux c’est toujours ça. Elle me propose de goûter à son cocktail peu alcoolisé ce que j’accepte, prenant le verre qu’elle me tend et en boit une gorgée à la paille. Ok, ce truc est délicieux et si c’est faiblement alcoolisé ça ne devrait pas m’empêcher de prendre le volant pour rentrer. Je lui souris, mets mon verre de lait fraise dans sa main, gardant son verre et me penche à mon tour à son oreille« T’as déjà assez bu je crois. Alors le lait fraise est tout indiqué pour toi. » je lui adresse un clin d’œil, heurte doucement son verre avec le mien et bois une nouvelle gorgée avec un air malicieux. Voilà l’arroseur arrosé ! Je suis quand même surprise par une chose, ils servent du lait fraise en boite… Et parce que je n’ai pas l’intention de lui donner la possibilité de commander autre chose je prends sa main et l’entraine avec moi pour aller danser. Serait-ce un soupçon de contrariété qui anime son regard alors que je continue de sourire ? J’avoue, je ne suis pas peu fière de ma petite revanche. Je me mets à danser, sans doute que ça va surprendre la recrue mais je ne suis pas juste une étudiante sérieuse et assidue, j’ai un certain goût pour la fête et surtout j’adore danser.

« Parce qu’évidemment tu es une star oscarisée. » J’arque un sourcil face à cette déclaration, ou cette pique bien placée. « Tu serais surprise ! » Je souris et nous décidons de rentrer à l’intérieur pour prendre un truc à boire, et danser visiblement puisque c’est la requête de la demoiselle. Ne perdant pas le nord, je lui indique que je n’irai pas danser si elle ne vient pas avec moi. J’adore danser, mais pas seule. C’est pas drôle. Une fois à l’intérieur, je vais nous commander à boire et reviens toute fière avec une boisson pour elle qui n’est là que pour la taquiner à nouveau, puisque madame ne boit pas d’alcool. Ou peu. Elle est responsable. Elle. Je sais bien que je devrais en prendre de la graine, mais j’ai du mal, c’est tellement pas dans mon tempérament de faire les choses comme il faut. Je vois bien à sa tête qu’elle ne trouve pas la plaisanterie si drôle que ça. Je lève les yeux au ciel et lui propose finalement de goûter le mien, sans doute pour me faire un peu pardonner, et pour qu’elle s’ouvre à d’autres choses que son pauvre verre d’eau. Elle décide visiblement de me voler mon verre puisqu’elle met le sien entre mes mains. « T’as déjà assez bu je crois. Alors le lait fraise est tout indiqué pour toi. » J’ouvre la bouche, presque choquée qu’elle me prenne pour une alcoolique. Le clin d’oeil qu’elle m’adresse panse un peu la plaie et elle fait claquer le bord de son verre avec celui qui est devenu le mien. « J’aime pas la fraise. » Je regarde la mixture et grimace, j’aime pas trop le lait non plus d’ailleurs. Enfin pas à boire comme ça. Je prends une inspiration pour lui dire que je vais aller me commander autre chose, mais évidemment elle ne m’en laisse pas la possibilité. Elle se saisit de ma main et m’attire avec elle vers vers là où les gens dansent. Mais non mais je peux pas boire ça, et danser avec un verre à la main ! Une fois au milieu de la foule, voilà qu’elle commence à onduler son corps, mais elle sait danser ? Je reste immobile et ne me cache pas de laisser glisser sur elle un regard intéressé, et une fois de retour dans ses yeux, je lui souris et lui fais une petite moue l’air de lui dire qu’elle se débrouille pas mal. Je me tourne dos à elle et nez à nez avec un mec qui a l’air franchement pas dans son assiette, je lui colle mon verre dans les mains avant de lui donner une tape sur l’épaule. Cet abruti s’enfile le verre de lait et moi je ris, partageant ce moment de complicité avec Birdy. C’est alors que je commence à danser avec elle, m’approchant finalement un peu plus pour aller piquer sa paille qui était précédemment la mienne d’ailleurs. Elle s’arrête presque de danser le temps que je viens boire de son breuvage. J’ignore si c’est la proximité qui la pétrifie un peu, ou si c’est juste par souci de connerie pour pas que je renverse tout ou que ce soit elle qui me renverse le verre dessus. Je relève les yeux pour croiser son regard et je m’électrise. C’est comme vivre une faille spatio temporelle. J’avais même pas remarqué les petites tâches dans ses iris, qui sont relevées ce soit par la lumière stroboscopique. La musique change et se veut légèrement plus langoureuse, bien que toujours énergique. Je joue un peu plus de notre proximité pour retrouver la même fréquence qu’un peu plus tôt lorsque je l’ai plaquée contre le mur extérieur de la boîte. Mon regard jongle entre ses yeux et ses lèvres, ma main venant se nicher à sa taille puis dans son dos, la rapprochant de moi pour pouvoir danser bassin contre bassin. Il fait chaud ou c’est moi ?