I've got you brother (emrys)

Le verdict vient de tomber. Tu n'en crois pas tes yeux. Tu flanches. Ton corps vrille, mais tu tentes de rester debout. Clairement tu ne sais pas ce qui te fait tenir, la conviction ? Tu en doutes. Tes pas avancent, tel un robot que tu es devenu. Le regard vide, l'âme écorché, meurtri. Tu contiens. Tu contiens ce qui se trame en toi. Pourtant t'en as besoin. T'as besoin d'évacuer, mais tu t'en sens incapable. Vide de toutes émotions. Tu l'as planté, laissé derrière toi, sans une explication. Sans lui dire pourquoi. Il va se poser des questions, mais là.. Là tu peux pas. T'y arrives pas. Tu souffres, du moins c'est ce qui se trame en toi. T'es juste incapable de comprendre et mettre un mot sur tous ses sentiments qui émanent de toi. Marchant, sortant ton téléphone. Il ne faut pas plus d'une minute avant de lui envoyer. Lui dire par sms là où il doit de te retrouver. Voir celui que tu considères comme ton frère. Celui que tu évites depuis ton retour. La question est étrange quand on sait que vous avez toujours été proche. Jusqu'à ton départ et même une fois sur les terres européennes, tu as continué de communiquer avec lui.. Là tu ne sais juste pas. Le besoin de t'éloigner de ta famille, sûrement ça. Parce que tu sais que tu ne peux pas assumer. Tes pas finissent par se stopper devant ce bâtiment … Un bâtiment que tu détestes, qui te dégoûte. Tu peux même voir encore les traces de ton sang sur ce mur … trace de ton poing qui a expulsé la rage en toi. Parce que tu as besoin d'expulser, tu as besoin de souffrir. D'avoir mal et encore tu n'arrives pas à ressentir la douleur comme tu l'espères. Alors tu continues, tu te fais du mal, tu demandes à ce qu'on te fasse du mal … c'est un moyen comme un autre pour toi de ressentir quelque chose. Tu t'abîmes pour trouver une solution. Il t'est plus facile de t'esquinter que de dire ce que tu ressens. Sentir tes lèvres s'éclater te paraît plus faisable que de dire ce qui se trame au fond de toi … serrant les poings. Des vibrations de douleur apparaissent sur cette main. Celle qui a trouvé refuge contre ce mur.. il a beau avoir soigné tes plais, le temps a beau avoir cicatrice, tu ressens encore les douleurs. Ton visage n'est plus aussi esquinter qu'il a été.. lui aussi cicatrice, pourtant la noirceur dans tes iris reste intact. Tu n'arrives pas à franchi cette porte. Tu dois, mais tu n'y arrives pas. Tu ne peux pas. Tu ne peux pas la voir ainsi. Tu as merdé… totalement … quel fils n'est pas là pour dire au revoir à sa mère ? Toi apparemment… tu ne sais pas s'il est là haut avec ton père ou si lui aussi n'a pas pu lui dire au revoir … tu ne sais rien. Tu étais trop bien dans ta bulle, beaucoup trop bien.. sauf que le monde vient de te rappeler et ça fait mal …

Lasse que tu es, tu finis par atterrir à même le sol. Sentant des regards sur toi. Parce que tu as plus la force d'avancer, de continuer… tu te laisses tomber. Ne ressentant pas le choque. L'impact ne te fait rien. Dans ces lieux se trouve ta mère, celle qui a toujours été là pour toi. Qui t'a raconté des histoires à dormir debout, qui t'a encouragé dans tes études artistiques. Qui a été là, tel une mère qui veille sur son poussin .. et toi ? Toi t'as juste été incapable de lui rendre l'appareil. Incapable de l'accompagner vers son dernier souffle. T'as juste été lâche. Tel un gamin égoïste tu n'as pas pu faire ça pour elle… Est-ce qu'elle t'en veut ? Tu ne sais pas vraiment. Passant ta tête dans tes mains. Tu sens déjà ta carapace qui se fissure, qui craque… tu n'en peux plus. Tu étouffes, tes conneries.. voilà ce qu'il dirait ton père… Ce dernier qui pleure sa femme en ce moment même … celui auprès de qui tu devrais être, alors que tu es là… Il sait comment tu es, comment tu as toujours été … incapable de grandir, de prendre une décision, de t'y tenir … T'abandonnant dans les vices, la facilité, la fuite. Parce que ça t'a toujours sembler plus facile ainsi. Moins important, plus désinvolte. Une main vient se poser sur ton épaule. Chaleur que tu ne connais que trop bien, elle finit par se détacher. Son corps qui vient se poser contre le tien, son épaule contre la tienne. Vous avez l'air … tu n'as pas de mot … le silence n'est pas dérangeant… il ne l'a jamais été entre vous … reniflant … tu n'as pas besoin de tourner la tête pour le voir. « j'ai tout merdé Em ... » cette carapace que tu t'es construit au fur et à mesure des années s’effondre aujourd'hui… et tu sais qu'il en va de même pour lui.. parce que dans le fond, vous êtes pareils …

T'es en retard. De toute ta vie, elle t'a répété qu'il fallait être ponctuel, tu l'as toujours été. Mais là, tu n'as pas su l'être. Haletant, tu as dévalé les escaliers de chez toi, couru dans la ville et est arrivé, un temps trop tard. Elle a juste eu le temps de te voir. Et toi, hors d'haleine, tu n'as pas réagi. Tu n'es peut-être pas vraiment son fils, mais elle est une mère pour toi, elle l'a toujours été. Tu as juste eu le temps de voir ses yeux se fermer à tout jamais. La douleur et ton souffle saccadé te compriment le coeur. Tu as envie de hurler, de pleurer, de la faire revenir. Mais tu ne réalises pas. Tu viens juste de te prendre une putain de flèche en plein coeur et déjà tu suffoques. La vie t'a donné deux mères et tu as délaissé les deux. Avec amertume, et un peu d'égocentrisme c'est vrai, tu penses que la vie se venge de ton désintérêt. Même si c'est pas du désintérêt, mais tu paies, t'en es sûr. Ce qui est injuste, c'est que Newton, lui, il n'a rien demandé, et tu culpabilises. Tu te sens responsable de toutes ces emmerdes, comme si tu les attirais, même inconsciemment, alors que tu sais très bien que c'est la vie et qu'aussi injuste soit-elle tu n'es pas le seul à souffrir de ses aléas. Ton oncle et père adoptif devant toi, ton coeur se resserre bien davantage en le voyant s'écrouler. Tu aimerais pouvoir le prendre dans tes bras, le consoler, mais la vérité c'est que t'en es incapable. Tu sais juste que si tu fais un pas vers lui, tu vas sombrer. Alors, sans un mot, tu sors, et tu attends dans les couloirs, faisant les quatre cents pas. Il faut que tu t'occupes, tu n'as pas envie de t'écrouler à ton tour, tu as juste envie de disparaître, et que la douleur en fasse de même. Tes cents pas s'arrêtent au son de ton téléphone. Tu as un nouveau message. Le malaise en voyant qui est le destinateur. Newt. Tu te doutes qu'il ne voit peut-être pas les choses comme tu les vois toi, mais tu ne peux pas t'empêcher de t'imaginer qu'il va finir par t'exploser la tête en finissant par penser comme toi, que tu es responsable. Alors que tu te doutes qu'il ne doit pas être plus tranquille que toi. Lui, il a vraiment perdu sa mère.

Tu sors du bâtiment, te rendant où il t'a dit être. Tu mériterais qu'il te l'ait dit pour t'exploser la gueule. La douleur physique soulagerait peut-être ta douleur morale. Mais il souffre peut-être davantage, aussi. Tu es perdu, alors qu'est-il, lui ? Rapidement tu trouves l'endroit où il est. Tu soupires, à quelques pas de lui. Il est comme ton frère, le seul qui compte au point de tout laisser tomber s'il te le demandait, tu partages sa souffrance, mais tu donnerais n'importe quoi pour qu'il aille bien, là, tout de suite, maintenant. Et puis, tu t'approches de lui. Tu as appris, avec le temps, que la présence de quelqu'un pouvait soulager la tristesse. Ca t'était arrivé de nombreuses fois avec ta propre mère, alors que Newt était la pour toi, ta tante aussi. De nombreuses fois ils t'avaient pris dans leurs bras, surtout elle, et tu t'étais senti mieux instantanément. Alors, tu poses ta main sur son épaule. Étrangement, tu ne sais pas si ça l'aide d'une manière ou d'une autre, mais toi, ça t'aide. Tu es tout de même contraint de te détacher, t'asseyant à ses côtés, ton épaule contre la sienne. Tu évites de le regarder. Tu as peur de craquer, de pleurer. Comme si tu n'en avais pas déjà assez envie. La vérité, cependant, c'est que tu ne t'en es pas rendu compte, mais les larmes coulent sur tes joues depuis le début. Tu penses juste trop à autre chose pour y prêter la moindre attention.

Sa réflexion te surprends. Parce que toi, tu n'as peut-être pas tout merdé ? Tu soupires.« Je n'ai pas su faire mieux... » Tu n'essaies pourtant pas de le réconforter en disant ces paroles, il doit le savoir, tu en es quasiment certain. Non, toi non plus tu n'as pas su bien faire. La preuve, Newton était parti pendant quelques temps, toi, tu n'avais juste pas pris le temps de venir.

Cette boule qui te transperce de l'intérieur. Tu ne comprends rien. Ces mots qui résonnent encore dans ta tête. À tes yeux ce n'est juste pas réel .. ça ne peut pas l'être. Une partie de toi refuse cette réponse.. pourtant tu savais… tu savais que ce jour fatidique arriverait. Tu es revenu pour ça. Pour elle et au final … t'as juste été un égoïste incapable d'être là pour elle. Ouais tu as merdé et pas qu'un peu. Quel fils fait ça à sa propre mère ? Toi apparemment … incapable d'être là pour elle, préférant te détruire… parce que la douleur était plus profonde. Incapable d'assumer les choses qui vont arriver. Incapable de grandir .. pourtant tout le monde doit bien grandir un jour … reniflant, remontant la tête. Pas besoin de le regarder. Tu sais qu'il est là. Ton frère, celui que la vie t'a offert. Celui qui a toujours été là. Deux opposés mais une complémentarité. Emy il t'a jamais forcé à changer, à revenir, même s'il le voulait. Il a plus les pieds ancré dans le sol que toi. Toi t'es le plus rêveur, le plus gamin. T'as jamais réussi à garder un emploi, encore moins tes études et ne parlons pas de relation. Tout ce délire, ça n'a jamais été ta tasse de thé, à l'inverse de lui. Sauf que tu t'en fous. Tu t'en fous de savoir qu'il est le gendre parfait. Tu t'en fous c'est Emy, ton Emy, celui que tu réconfortais les jours de visite. Celui que la vie t'a offert. Il aurait pu rester ce cousin, juste 'cousin' sauf que la vie vous a fait un cadeau. Ou plutôt ta mère … à cette pensée ta gorge se noue. C'est grâce à elle que vous êtes proches, là … « T'souviens quand elle nous racontait Peter pan ... » ce conte du garçon qui ne voulait pas grandir. Ce personnage littéraire qui te plaisait tant … celui qui est devenu une sorte de modèle avec le temps. Tu lui ressembles … beaucoup ...passant tes mains sur tes joues. Tu ne peux les empêcher de couler. T'as besoin de relâcher la pression … « elle disait toujours que je finirais par grandir .. » te raclant la gorge … tu tournes la tête vers Emy … « j'ai pas été capable de .. fin ... » Ouais t'as merdé. T'as pas été capable de lui dire au revoir. D'être là pour elle tout simplement. Toi t'es à des années lumières de ce que Emrys ressent. Tu lui en veux pas. Pourquoi lui en voudrais-tu ? Il a fait sa vie, comme toi. Alors non tu lui en veux pas, cette idée ne t'a même pas traversé l'esprit. T'es heureux qu'il soit là. T'as jamais été 'famille', ce mot a toujours tiqué dans ta tête. Ce n'est pas une honte ou autre, juste que tu t'es toujours senti 'différent' pas vraiment à ta place. Désirant plus, voir le monde, découvrir, puis tu n'es pas proche d'eux.. enfin tu ne dépendais pas d'eux. Que ça soit sur le plan financier ou autre. Tu as toujours fait ta vie. Cela ne veut pas dire que tu es affecté … ta mère.. c'est ta mère. Celle qui a toujours cru en toi, qui a toujours été là. Et toi ? Putain que tu te détestes à ce moment précis. Tu te gifles mentalement. « j'suis qu'un putain d'égoïste » que tu finis par sortir… tes dents qui se serrent sur tes lèvres. Passant tes mains sur tes poches. T'as besoin d'un exutoire … sauf que ton paquet n'est pas là. Tu l'as oublié chez lui… Là où tu étais au lieu d'être avec eux … Là où tu trouvais du plaisir, du réconfort … tu te sens impuissant et tellement égoïste. Quel fils fait ça .. cette question qui résonne dans ta tête. Sauf que le fils que tu es, fut incapable de franchir les murs de ce bâtiment. Incapable d'être à sa côté … cela en dit long sur toi … tes actes …

Tu te sens terriblement ingrat. Fallait-il que tu oublies de passer du temps avec elle au point de ne pas même remarquer qu'elle était malade derrière tes coups de téléphone pour rester un tant soit peu en contact ? Cette femme, elle t'a donné une seconde chance, une seconde vie, et tu l'as simplement regardée trépasser, que ce soit aujourd'hui ou avant, tandis qu'elle luttait pour vivre encore un peu. Alors, assis à côté de Newton, tu es pris au dépourvu. Tu n'arrives même pas à envisager la douleur qu'il ressent. Après tout, tu as eu la chance, contrairement à lui d'avoir eu deux mères. Deux soeurs. Deux sosies. Même si l'une est folle, elles t'ont aimé toutes les deux et, contrairement à Newton, tu peux encore prétendre que ta mère est en vie. Alors, non, tu n'arrives pas à envisager la douleur qu'il peut ressentir d'autant plus que la tienne est profonde. La sienne doit être destructrice. À côté de ton frère - quoi que les gens en disent, Newton était ton frère et bien plus que ça, un vrai pilier dans ta vie - tu te rappelles, effectivement, quand elle vous racontait Peter Pan. Et ton sourire s'agrandit d'autant plus avec la suite, même si la douleur et la tristesse restaient toujours aussi présentes. « Elle a peut-être eu raison. On ne sait juste pas quand, voilà tout. » Tu as tenté l'humour, tu n'as aucune idée de comment va le prendre Newton, mais toi, ça t'a fait penser à un bon côté de ta vie avec les Griffin. Ton sourire redescend cependant aussitôt. La détresse de Newt est la même que toi. Mais il ne doit pas culpabiliser, tu sais très bien que ta tante ne l'aurait jamais accepté. Elle était plutôt du genre à vous dire de vivre comme vous l'entendez plutôt que d'avoir des regrets. Sans trop savoir tu poses ta main opposée à lui sur son épaule. Tu comprends très bien ce qu'il veut dire. Toi non plus, tu n'as pas été capable, comme il le dit. Enfin si, tu étais là, mais toi non plus, tu ne lui as pas dit au revoir. Ce serait resté bloqué dans ta gorge et tu te serais mis à pleurer comme une fontaine. Et tu t'efforces encore de ne pas le faire. Au moins pour ton oncle et ton cousin. Tu leur dois au moins ça, pour tout ce qu'il t'ont apporté de beau dans ta vie. Pour la vie qu'il t'ont apportée, tout simplement.
Alors non, tu as l'impression d'être un intrus dans leur malheur, mais tu partages leur chagrin et, bien malgré toi, tu sais que ni Newton ni ton oncle ne te ferait de reproche sur le fait que tu es là, avec eux, et que tu as de la peine. Ta tante était une personne en or. Tu reprends ta main et encercle tes genoux, remontés vers toi, avec. Tu fermes les yeux. Newton est ainsi, s' auto-flageller, c'était souvent ce qui le faisait se sentir vivant. Enfin, pour ce que t'en sais du moins. En posant ta tête sur tes genoux, le regard droit devant toi, tu soupires. « T'es pas un égoïste, Newt. Tu sais très bien qu'elle ne t'aurais jamais laissé penser ça de toi-même. » Ta voix est cassée, brisée, presque muette. « Tu as le droit de ne pas y arriver, personne ne t'en blâmera, tu sais ? » Et puis tu rouvres tes yeux, un peu trop brillants, sans pour autant sentir l'émotion qui te gagne. Après tout, toi non plus, tu vaux pas grand chose. Mais tu préfères le garder pour toi, histoire de ne pas aggraver ton malaise. Il a beau dire ce qu'il veut, l'égoïste, rien que pour ne pas dire ce que tu penses valoir, c'est toi. Pas lui.

Savoir. Un seul mot, tu avais beau savoir la fin, ça ne t'empêche pas d'exploser de l'intérieur. Tes sentiments qui vagabondent. Tu t'en veux, c'est le premier qui ressort, tu t'en veux d'être un incapable qui n'arrive pas à faire les choses juste. Tu t'en veux de pas être le fils qu'ils auraient aimé que tu sois .. Oui tu te blâmes, tu t'en veux pas. Parce que t'as tes yeux tu agis en égoïste, qu'importe les mots d'Emrys… tu te sens fautif. Parce que tu sais au fond de toi qu'elle aurait aimé te dire au revoir. Un dernier geste, un dernier sourire … et ça t'as pas été capable de lui donner. Toi t'es capable que de te détruire et fuir. Deux verbes que tu as pratiqué durant ces derniers mois. Tu te détruis et pas que de l'intérieur. Tu cherches la bagarre, tu cherches le mal, qu'il sort de ton corps. Ces douleurs que tu ne peux pas t'infliger, tu veux que les autres te l'inflige … Au lieu d'être près d'elle, tu te fais du mal. Tu sais qu'elle n'aurait pas apprécié, la dernière fois elle a su te faire la moral sur ton histoire avec … T'as même pas envie de penser à elle. Pas maintenant. Pas comme ça. Tes souvenirs sont centrés sur ta mère. Celle qui s'envole à présent. Ton manque se ressent, t'as besoin de sentir cette nicotine s'infiltre en toi. Ce doux poison, tu le veux. Sauf que tu sais exactement où se trouve ton paquet. Que t'as pas d'tunes. Que t'es qu'un gamin. Incapable de prendre une putain de responsabilité. Tu fuis la douleur, c'est ce que tu as fait ces derniers jours. Résultat ? Il n'est guère concluant. Tout se tord à l'intérieur de toi. Tu tentes de contenir ces larmes, mais peine perdu. Certains en veulent à la terre entière, toi tu te maudis juste … seul responsable. T'as même pas envie de voir ton père. De voir sa tristesse, parce que tu n'auras pas les mots. Tu ne saurais pas quoi faire. Tu te sentiras encore plus coupable .. l'envie d'éjecter cette douleur .. et tu le feras d'une manière ou d'une autre. Alors non tu te contentes de rester assis sur ce bitume, à côté d'Emrys. Ce gars qui a toujours été là pour toi, ce frère que la vie t'a offert. T'en as jamais rien eu à faire des étiquettes. Il est ton frère et ce sentiment est réciproque. Tu sais qu'il souffre tout autant que toi, mais Emrys est différent. Il évacue différemment et ça tu le sais. Toi tu te contiens. Toi t'es une bombe à retardement .. tu sais que les prochains jours vont faire mal. Surtout pour toi, mais aussi pour ton entourage. Dieu sait de quoi tu capables.. du pire comme du meilleur. Et depuis ton retour, le pire ne fait que ressortir … Alors tu parles, tu essaies de laisser sortir ce que tu ressens, mais cette douleur te consume. Tu vois bien qu'il essaie, qu'il est là, mais rien ne fait. Rien ne pourra changer ce que tu ressens. Victime de tes erreurs. Responsable de ton crime. Égoïste que tu es. Tournant ta tête vers lui. « T'as pas à t'en vouloir ... » que tu lui dis. Parce que tu le connais. « T'étais près certes, mais .. j'crois qu'on a totalement merdé ... » parce que dans le fond, vous êtes les mêmes. Elle était là, si près de vous et vous étiez loin. Trop loin pour vous occupiez d'elle. Tes larmes qui s'écrasent au sol. Gamin que tu es. On vient de t'enlever quelque chose. Ta mère et tu avais beau savoir… tu l'acceptes pas. Tu veux pas. « Emy j'vais … fin … » passant ta tête dans tes genoux. Ta respiration se saccade.. tu as tenté de les contenir, mais c'est foutu. Ouais t'es foutu Newton … tu plonges dans le bordel qu'est ton subconscient. Et c'est pas joli à voir. Ta mal. Tu ne penses plus clairement .. sa chaleur qui reste à côté de toi. Parce que vous êtes pas démonstratif, mais vous êtes là. Tu as bien senti sa main sur ton épaule. Tu sais qu'il est là. Si près, mais à la fois si loin. Parce que tu sens emporter. Loin de cette putain de réalité. Juste un gamin recroqueviller sur lui même, qu'a mal… putain que t'as mal ..

C'est très compliqué pour toi en ce moment. D'abord, il y a eu Ginnifer qui débarque dans ta vie. Ensuite il y a eu le retour de Zoë et depuis peu, Ada qui débarque dans ta vie. Autrement dit, tu as beaucoup de mal à accepter tout ce qui t'arrive. La mort de ta tante est une énorme goutte d'eau qui fait déborder l'océan. Tu n'arrives sans doute pas à voir au delà de tout ça. Alors, certes, tu es content de savoir que Zoë est revenue, que tu peux compter sur tes proches et amis, mais voilà, il t'est désormais impossible d'imaginer à quoi ressemblera ton lendemain, sinon de l'envisager avec beaucoup de peine et de tristesse. Oui, tu as perdu ta tante, c'était définitif. Mais comment l'accepter ? Comment arriver à te faire à l'idée ? Alors la tristesse t'envahit. Elle vous envahit très certainement tous, et tu ne peux même pas imaginer comment chacun peut la gérer. D'ailleurs, tu ne t'imagines pas vivre avec. C'est égoïste, mais tu aimerais t'en débarrasser là, maintenant, quitte à oublier ce qui la provoque.
Savoir que tu n'as pas pu être là pour ta tante, c'est sans doute le coup de grâce. Tu te sens minable, faible et complètement désarmé. Tu aurais dû être là, tu aurais dû savoir, et tu aurais dû être capable de profiter d'elle jusqu'au bout. Au lieu de quoi, tu t'es noyé dans le travail. Pourquoi ? Sans doute parce que tu t'es retrouvé tout seul, en appréciant simplement de rester avec les gens avec qui tu travaillais. Ou du moins presque toutes ces personnes. Et, malgré tes appels, tu n'avais pas remarqué que les choses allaient aussi mal. Et visiblement, ta culpabilité était aussi grande que celle de ton cousin. Newton ne semblait pas réaliser que son absence n'avait pas aggravé les choses. Après tout, il avait vécu sa vie comme il l'entendait et rien que pour ça tu étais envieux par rapport à lui. Lui, il avait fait ce qu'il voulait. Et toi, non. Enfin, si, mais tu aurais bien aimé voyager toi aussi, sortir d'Island Bay. Outre le fait que tu n'en avais pas le courage, l'occasion t'avait manquée, tu ne voyais donc pas pour quelle raison Newton s'en voulait. Il avait vécu, lui. Et il avait su avant toi de quoi il retournait. Alors qu'il n'était même pas en ville avant cela. Et toi si. « Toi non plus... » Tu soupires. Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu lui dis ça alors que vous éprouvez certainement le même sentiment, au même degré d'ailleurs. Mais non, lui, il n'y est pour rien, il n'a vraiment pas beaucoup à se reprocher. L'incapable, c'est toi. « Sans doute oui... » Tu restes sur ta position, mais tu finis par admettre que s'il est coupable, toi aussi, alors tu l'acquiesces. Tes yeux se ferment. Tu n'es pas toujours très tactile avec ton frère, mais tu comprends ce qu'il veut dire. Oui, il va pleurer. Toi, c'est déjà le cas, mais tu t'efforces d'être discret. Ta douleur s'écrase au sol après avoir coulé sur tes joues, un peu comme celle de Newt. Tout ce que tu peux faire pour le soutenir, c'est être là. Tu n'es pas doué pour ça. En général, c'est toi le vilain petit canard qui voit les choses en noir. Même si tu as toujours tout fait pour y remédier. Mais là, c'est plus compliqué que ça. Vous êtes dans la même galère, jusqu'au bout. « Ca va aller... » T'en penses pas un mot, et tu es certain qu'il le ressent, mais tu n'es pas capable de plus, vraiment.
Tu soupirais et te levais subitement, tendant la main à ton cousin pour qu'il se lève avec toi. Être ici ne vous apporte pas grand chose, c'est le moins qu'on puisse dire. Vous ne faites que ressassez des souvenirs et les jours a venir vous apporteraient une dose bien suffisante pour vous laisser un sursis. Une fois ton frère levé et une tape assénée dans son dos pour lui donner du courage. « Allez viens, on va boire quelque chose... » Ça vous changerait clairement des idées noires qui vous menaçaient. Alors, c'est sans réfléchir que vous quittoie cet hôpital, qui laisserait définitivement de mauvais souvenirs gravés en vous.