Quelques jours se sont écoulés depuis que j'ai revu Ava et je ne sais toujours pas quoi pensé de notre entrevue. Il y a eu beaucoup de cris, des larmes camouflées, mais malgré tout, je sais que notre amitié peut être sauvé et je sais, aujourd'hui, qu'elle pense la même chose que moi. Seulement, depuis nos retrouvailles, la rouquine a prit l'entière possession de mon esprit, au point que je ne pense plus qu'à elle. Mes sentiments s'entrechoquent et je me sens plus perdu que jamais. Et seul aussi. Je n'ai personne à qui en parler ou plutôt, je ne souhaite pas en parler. Dan à ses propres préoccupations, mes sœurs ne pourraient pas comprendre, quant à ma mère, comme toutes les mères, elle se tiendrait à un discours type, ne me disant rien de plus que ''
Tu dois seulement trouver ton bonheur, Sky.'' Alors même si elle n'a pas totalement tort, ce n'est pas vraiment le genre de phrases que je souhaite entendre. Pour un cas aussi complexe que celui-ci, ça ne m'aidera pas. J'aime Safiya et je pense que je l'aimerais toujours. Mais j'ai aimé Ava, en silence, certes, mais je l'ai aimé. Quand elle est partie, j'ai dû accepter que je ne la reverrais jamais et j'ai tenté de tourner la page. Seulement, cette page, je ne l'ai jamais vraiment tourné. Inconsciemment, j'y ai laissé un marque-page et c'est quand j'ai revu son visage après cinq longues années que j'ai compris. Durant tout ce temps, mes sentiments étaient simplement endormis et maintenant, je ne sais plus quoi penser. La sonnerie de la porte d'entrée me tire de mes rêveries et je quitte mon lit d'un pas lent lorsque ma mère, dans la cuisine, me cris d'aller ouvrir.
« Sky, dépêche-toi un peu ! » Je pousse un long soupir et entreprends de descendre les marches deux par deux, tout en marmonnant dans ma barbe.
« C'est bon, j'arrive, j'arrive… » J'ouvre la porte, m'apprête à dire bonjour, mais mes mots restent coincés au fond de ma gorge. Je n'ai aucun mal à reconnaître la personne qui se tient devant moi. Cosmo. Il a changé ou disons plutôt qu'il a grandi. Je ne sais pas comment réagir. J'ai déjà un problème de taille a régler et honnêtement, j'aurais préféré que celui-ci ne s'ajoute pas à la liste. De l'autre côté, j'entends ma mère me demander qui est-ce et machinalement, je lui réponds.
« Personne. C'est personne. » Je fais un pas sur le perron et ferme la porte derrière moi. Ma mère ne sait pas qu'avant de quitter la Nouvelle-Zélande pour la France j'ai revu mon père. Elle ne sait pas non plus que Cosmo est son fils et par conséquent mon demi-frère. À l'époque, je lui ai caché ça pour la préserver, mais à présent, elle est heureuse et peut-être qu'elle mériterait de connaître la vérité. Tout comme ma sœur. Après tout, nous avons tous les trois le même sang. Pas forcément celui que j'aurais aimé avoir, mais comme on dit, on ne choisit pas sa famille.
« Salut Cosmo. » dis-je d'une voix à peine audible.
« Qu'est-ce que tu fais là ? » Bizarrement, je crois connaître la réponse. Quand j'ai découvert, par hasard, sa vraie identité, je suis tout simplement parti sans jamais écouter ses explications. J'avais l'impression d'avoir été trompé, trahis. Seulement, j'avais pu lire dans ses yeux toute la surprise qu'il avait ressenti quand j'avais bondi de ma chaise en découvrant le visage de son père. De notre père. Il n'était pas au courant. Aucun de nous deux l'était. Mais j'étais tellement absorbé par ma haine pour cet homme, que j'avais fui, rejetant la faute sur lui.
« Je suis désolé pour ce qui s'est passé la dernière fois… » Et je suis sincère. Je ne sais pas si je serais capable d'accepter sa présence en tant que demi-frère dans ma vie, mais si je ne lui laisse pas une chance, je ne pourrais jamais le découvrir.