Déménagement et petits gâteux ∞ Flynn & Ollie

“Les déménagements sont les mouvances de l'existence. Ça bouleverse, ça empêche l'habitude, ça pousse à se challenger soi-même...”

Mon premier jour de congé en plus de 10 ans, et je le passe à me noyer sous les cartons ! Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis laissé convaincre d'acheter cet appartement... Una m'a dit que ça pourrait être bien de se poser réellement. J'ai toujours bougé c'est vrai, même étant jeune, je n'ai jamais eu de maison à moi. Avec mon père, je vivais dans une suite d'hôtel, chez ma grand-mère je vivais dans l'alcôve de mon père, comme il l'aimait tant l'appeler. Ensuite, j'ai été en dortoir universitaire à Harvad, j'ai vécu dans la chambre d'ami d'un collègue à New-York et quand je suis arrivé à Island bay, je me suis trouvé un petit studio meublé à louer... Bref, elle m'avait fait remarquer il y a quelques mois qu'il n'y avait pas vraiment d'objets personnels dans la petite chambrette où je vivais, ce qui n'était pas faux. Nous avons eu une longue conversation qui s'est terminée par une recherche d'appartement.

J'ai trouvé ce loft, il y a un peu près quatre mois. Je voulais bien acheter, oui, mais pas n'importe quoi. Il était parfait, immense salon, ouvert sur la cuisine, une salle de bain au rez-de-chaussée, une autre à l'étage donnant sur une chambre avec dressing. En face de celle-ci se trouvait une autre chambre, plus petite mais tout à fait convenable. Et enfin, à côté de ces deux pièces, avait été construit un bureau, visible du rez-de-chaussée, où se trouvait l'escalier qui reliait les deux étages. Le fait que tout ou presque soit ouvert m'a tout à fait fasciné. Cerise sur le gâteaux, les bais vitrées du salon donnait sur sans doute la plus énorme terrasse que je n'avais jamais vu de ma vie. Inutile de préciser que l'appartement était loin d'être donné, mais j'ai toujours eu des sous de côté, ce qui a faciliter la demande d'emprunt. J'ai donc signé un moi après la promesse de vente. Il ne restait plus qu'à attendre les deux autres mois réglementaires pour pouvoir jouir de mon nouvel espace de vie.

Cela fait donc deux semaines que j'habite réellement ici, je dors pour le moment dans un sac de couchage, je n'ai pas vraiment le temps de faire autrement avec le boulot. Il a bien fallut que je dépose des jours pour m'occuper d'emménager vraiment, ça m'a fendu le coeur, mais je l'ai fait. Hier au soir et jusqu'au petit matin, j'ai donc fait la commande de tout un tas de meubles et fournitures en tout genre payant un large supplément pour qu'ils soient livrés dans la journée. Je me suis même fait un petit plaisir, j'ai déboursé une rondelette somme d'argent pour une de ces petites piscines en bois démontables. Étant donné la taille de la terrasse, je pourrais aisément la placer à gauche tout en ayant encore la place de disposer des tables et chaises d'extérieur de l'autre côté. J'ai même investit dans un barbecue et des transates. Tout en bois et métal mat. Une chance pour moi, il y a tuyau d'arrosage dehors, les anciens propriétaires devaient sûrement arroser leurs plantes avec, et qui dit tuyau d'arrosage, dit arrivée d'eau. C'est pas mal pour une piscine. On pourrait conclure en disant que j'ai très largement allégé mon porte monnaie.

La piscine a été livré ce matin et les déménageurs me l'ont même monté, le barbecue et le reste des objets extérieurs sont arrivés dans la foulé, je m'en suis occupé toute seule comme une grande. Bon je sais que ce n'est pas bien difficile de monter une table mais quand même. Les objets d'intérieur sont arrivés en début d'après-midi, les uns après les autres et je me suis vite laissé déborder. Je devrais déjà m'estimer heureuse, les anciens propriétaires avaient bon gout, aucune peinture n'est à refaire, la cuisine et les salles de bain sont impeccables, il ne manque plus que les petites fournitures. J'ai opté, pour un style épuré et classieux dans toute la maison. Mais pour le moment, ça n'a rien d'épuré, les cartons sont entassés dans le salon et je n'ai pas la moindre idée de quoi correspond à quoi. C'est le défaut quand on commande tout dans la même boutique. Heureusement que je n'ai pas aussi acheté les meubles d'extérieurs là-bas, je n'aurais plus eu de que mes yeux pour pleurer.

Résignée, je me suis décidée à demander de l'aide. J'avais besoin de quelqu'un rapidement, j'ai donc pensé à Flynn, ces horaires de fonctionnaire m'arrangent beaucoup pour être honnête. Il viendra dans peu de temps. En attendant, je me dirige tant bien que mal vers la terrasse où je dispose des petits gâteaux et du gin. Il va m'aider, il lui faut bien une récompense et je n'ai pas mieux à lui offrir. Prise d'un élan de courage, je me décide à ouvrir la plupart des cartons pour repérer de quoi il s'agit et noter sur l'emballage au marqueur dans quel pièce ils doivent aller et ce qu'ils sont. Mon beau stylo rend l'âme avant même que j'ai finit... Dans quelle galère je me suis fourrée... Impossible d'en trouver un autre, c'est un sacrilège je le sais bien, mais faute de mieux, je me sers de mon eye-liner pour étiqueter le reste.

J'en suis à l'avant dernier carton quand j'entend ma sonnette retentir pour la première fois. C'est plutôt mélodieux. En traversant la véritable zone de guerre qu'est mon salon, je trébuche et lance un "aiieux" plaintif qui a du s'entendre jusqu'à l'autre bout du pays. Ayant perdue une bataille mais pas la guerre, je me relance dans la mêlée et arrive à atteindre la porte d'entrée. Soufflant un bon coup sur une mèche rebelle, j'octroie à Flynn un grand sourire avant de lancer en me décalant légèrement pour qu'il voit le bazar environnant :

-J'espère que tu es en forme, parce qu'on a du boulot. 

“Les déménagements sont les mouvances de l'existence. Ça bouleverse, ça empêche l'habitude, ça pousse à se challenger soi-même...”

Je ne peux m'empêcher de sourire quand je le vois jeter un oeil à mon appartement. Je ne serais pas étonné de le voir partir en courant, voyant la masse de travail gigantesque à accomplir. Mais il n'en fait rien, il se contente seulement de commenter :

-J'sais pas si je suis le meilleur choix pour pouvoir aider à un déménagement, mais je verrais ce que je peux faire.

Voilà donc un homme sur qui on peut compter. Ils se font rares de nos jours, je me rappelle de ce gars que je voyais depuis un moment, c'était assez comique. Je lui ai demandé un jour, après l'avoir ramener chez moi la veille, s'il pouvait rapidement jeter un oeil à ma cafetière qui ne voulait plus s'allumer, il a inventé une excuse plus bidon que les seins de Pamela Anderson avant de prendre la poudre d'escampette. Je ne sais pas s'il a cru déceler un message caché derrière ma phrase, mais en tout cas, ça l'a fait flipper ! Pourtant j'étais juste embêté de ne pas pouvoir me faire de café. Les hommes ! Quoiqu'il en soit, agréablement surprise par sa réaction, je réponds :

-C'était plus pour avoir du soutient moral qu'autre chose. Et puis, je sais qu'on dirait pas mais, j'en ai de la force, j'ajoute en faisant bander les muscles de mon bras doit, avant d'éclater de rire.

Avançant vers le côté droit de la pièce, là où se trouve les cartons étiquetés "salle de bain rez-de-chauffé ", je me demande s'il ne faudrait pas mieux s'occuper de l'étage avant le salon. En effet, la pièce à vivre est encombrée, on ne peut donc pas l'aménager tant que le coin n'est pas dégagé. Ce qui veut dire qu'après s'être occupé de la salle de bain, il faudra qu'on s'amuse à monter tous les cartons à l'étage. Notez l'ironie quand j'utilise le mot amuser. Prise dans mes pensées, cela me surprit presque d'entendre Flynn parler :

-T'as prévu qu'on y reste pour la nuit ou quoi ? plaisanta-t-il. Plus sérieusement, par quoi on commence ?

Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'a pas tord, je vais s'en doute y passer une bonne partie de la nuit et de la suivante aussi d'ailleurs. Mais je ne prévois pas de lui infliger ça, je lui donnerai congé bien avant. Sachant que j'aime autant déménager que d'aller rentre visite à mon père (qui m'a refilé à ma grand-mère dans ma jeunesse parce qu'il était trop occupé pour s'intéresser à moi) j'ai pensé qu'un peu de compagnie me ferait du bien au moins un moment. Qui sait j'appellerais peut-être Reese, Una, Gerry, ou bien même Esteban, pour prendre sa suite ? Résignée je soupire :

-Moi sans doute mais ne t'inquiète pas je te sortirais de ce calvaire bien avant ! Hum, j'ai pensé qu'on pourrait s'occuper de la salle de bain du bas en premier. Après j'en ai bien peur, il faudra s'attaquer à l'étage.

Digne d'une grande tragédienne je dis ma réplique d'un ton dramatique exagéré. Et un brin ridicule aussi, mais c'est ça qui est drôle. M'attelant à ouvrir le premier carton, et échouant lamentablement d'ailleurs, je décide de battre en retraite et cherche à trouver un ciseau quelque part dans ce bazar.

-Qui croirait qu'une bande de scotch puisse me donner plus de fil à retordre que des os humains ? plaisantai-je avant de montrer, triomphante, la paire de ciseaux à mon ami.

Revenant sur mes pas, je retente ma chance avec ce carton. Décidément, il me fait vraiment passé pour une idiote, mais, j'arrive enfin à dépaqueté le cabas à linge sale qu'il contenait. Tout sourire, j'écoute Flynn complimenter mon appartement, faisant tout de même remarquer que ça sera plus sympa une fois ranger. Je ne peux que suppléer pour ce qui est du rangement. J'apprécie le fait que mon loft lui plaise, le principal est certes que je me sente bien dedans mais si mes invités sont à l'aise aussi, ça ne peut qu'être mieux. C'est ce pourquoi je le remercie :

-C'est sûr, en tout cas merci beaucoup, ça fait plaisir. Avec le prix que je l'ai payé, j'espère bien qu'il va être agréable d'y vivre. Je suis chirurgien pourtant j'ai bien du m'endetter pour le payer ! Mais j'ai un projet secret, s'il marche comme je le souhaite, je pourrais vite engranger des bénéfices, et ainsi éponger mon prêt.

Ça c'est bien moi, toujours un projet sous le coude. J'ai une devise, soit t'avance, soit tu recules, donc bouges-toi le cul ma cocotte ! C'est en partie pour cela aussi que j'ai acheté cet appartement, ça va me permettre, d'avancer, de passer à une autre étape de ma vie. Je ne dis pas que je vais bientôt finir avec un mari et des gosses, mais avoir son propre chez soit, c'est une responsabilité que je me sens prête à assumer. Ça va vraiment être tout nouveau pour moi cela dit. Espérons que je ne me débrouille pas trop mal. Soudain, alors que nous déplacions une commode blanche nacré, je me retourne vers Flynn pour lui demander, regrettant de ne pas y avoir pensé plus tôt :

-Quand je t'ai appelé, tu n'étais pas en train de faire quelque chose d'important au moins ??? T'hésites pas à me le dire si tu as un truc surtout !

Je sais bien que je peux être une véritable emmerdeuse parfois, mais je ne voudrais pas l'empêcher de faire des projets. Tiens en parlant de projet, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu. Je me demande ce qu'il y a de neuf dans sa vie. Après tout il ne faut que quelque secondes pour que ton existence soit chamboulé de tout au tout, alors... me vaut se tenir au courant !

-Quoi de beau dans ta vie, au fait ? Je sais que tu es vacances mais il reste ta chaîne youtube, ça se passe bien ? Et niveau rencontre alors, quelque chose d'intéressant ?

C'est vrai que la vie des autres, en général, ne m'intéresse pas mais, pour ce qui est de celle de mes amis, je suis une vraie fouine. Je veux tout savoir et je ne me fais pas prier pour donner mon opinion. Si je me souviens bien d'ailleurs, il me semble que Flynn croit au grand amour... Je crois que je lui ai rie au nez quand je l'ai entendu dire ça, le pauvre. C'est si éloigné de ma façon de voir les choses. Regardez par exemple, il y a quelques mois j'ai vu Ulysse pendant un moment, c'était plus sexuel qu'autre chose, on s'est séparés bon ami et tout est bien qui finit bien. C'est resté simple, casual, je ne vois pas l'intérêt de se compliquer la vie. Il suffit de voir comment ça a réussi à Una qui se retrouve coincée dans un mariage qui ne l'intéresse plus du tout... Quoiqu'il en soit je brûle de connaître la réponse de mon youtuber préféré, si ça se trouve, il a une petite amoureuse (l'ironie ne me quitte jamais, je sais) !

“Les déménagements sont les mouvances de l'existence. Ça bouleverse, ça empêche l'habitude, ça pousse à se challenger soi-même...”

Je ne suis pas nul en informatique, je me débrouille. Pourtant quand il me parle de Twich-machin-bidulle-truc-chouette je dois avouer que je ne sais pas vraiment de quoi il s'agit. Pour ma défense je regarde plus des podcasts sur youtube qu'autre chose. Oui j'avoue, le gaming ce n'est pas vraiment mon truc. Petite, je jouais à Mario et Pokémon sur ma game-boy (ce qui est d'ailleurs un nom très sexiste pour une console d'ailleurs) mais c'est tout. J'avais deux options, je pouvais faire comme si j'avais compris ou assumer mon incroyable ignorance geekique. Oui je sais, j'invente des mots, mais pour moi il en manque alors j'en rajoute. Si tout le monde parlait le Ollie, je vous jure qu'on se comprendrait beaucoup mieux ! CFQD. Quoiqu'il en soit je lui octroie un petit sourire avant de dire :

-Parfait, contente que ça marche pour toi. Par contre, excuse-moi d'avance mais je suis bien loin de ton monde en ce qui concerne youtube. Alors tu me parles de ton site là, parce que je suppose que c'est un site, mais je ne vois pas du tout de quoi tu causes. Bon je suis quand même pas une débile finie, je sais ce que c'est qu'un live, mais alors twichi-truc pas du tout... Quesaco ?

Autant y aller franco après tout je ne vois pas pourquoi j'aurais honte. Chacun ses domaines de compétences, c'est ce que j'essaie d'expliquer à Gerry. La pauvre, c'est une véritable névrosée, je vous jure, elle se fait un complexe de tout. Moi j'assume ce que je sais comme ce que j'ignore. Ma grand-mère avait l'habitude de sortir une phrase très glamour mais aussi très vrai "On ne te fera pas un deuxième trou du cul". Je sais, poésie quand tu nous tiens. Rien que de penser à ma grand-mère j'ai des frissons. C'était une véritable emmerdeuse, un jour le facteur à décidé de se révolter contre elle parce qu'elle n'était pas assez polie à son goût. Elle connaissait bien le maire et je vous jure qu'elle l'a fait viré. Imaginez ce que j'ai vécue pendant plus de dix ans chez elle. J'espère ne pas finir comme elle, mariée cinq fois mais désespérément seule et acariâtre... L'horreur ! En parlant de mariage, ma question sur sa vie amoureuse semble avoir chagriné mon youtuber préféré. Comment ça joker ? S'il croit s'en tirer comme ça, il se trompe le petit :

-Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas demain la veille chouchou (oui j'aime utiliser des surnoms débiles, ça me fait marrer) ce monde est remplie de femmes désirables qui accepteraient de vivre un truc avec toi. Faut pas se prendre la tête ! Je pourrais même te présenter une amie, songeai-je plus pour moi-même que pour lui.  

C'est vrai, c'est quand on cherche le grand amour qu'on finit seul, personne n'est jamais assez bien pour la simple et bonne raison que quand on ne connaît pas quelqu'un on ne peut pas l'aimer. Personnellement je préfère bien apprendre à connaître une personne, en profondeur... avant de la lâcher. Oui parce que je finis toujours par me lacer, c'est la vie. L'amour je n'y crois pas, pour moi, quelqu'un te plaît jusqu'à ce qu'il ne te plaise plus. C'est normal, c'est même très humain. Penser qu'il y a une personne au dehors faite pour toi, moi je trouve ça ridicule et puéril. Les contes de fée ne restent que de gentilles histoires. Aucun prince charmant ne viendra te sauver, c'est à toi de te bouger le cul et c'est très bien comme ça. C'est pour cela que son « Et toi ? » me fait rire. Je reprends tout de même mes esprits avant de lui répondre sérieusement :

-Moi c'est très simple, je ne fais pas dans la relation. Je me contente de m'amuser, tu ne me verras jamais dans les bras d'un homme. Et ce n'est pas parce que j'ai envie de profiter de ma jeunesse ou une autre connerie dans le genre, je suis bien comme ça, c'est tout. J'ai vu un gars pendant un moment, rien de sérieux, ça s'est terminé récemment sans pression, c'était parfait. Je ne suis pas pressé de lui trouvé un remplacent, on verra ce que l'avenir nous réserve.  

Tant que je ne suis pas frustrée moi ça me va ! Je sais que mon discours choque beaucoup mais pour moi, pas besoin d'un homme. J'ai mes amies pour discuter et mes boy-toy pour prendre mon pied. Et ne croyez pas que je ne les respecte pas, bien au contraire. J'apprécie le dernier en lice, Ulysse, mais je ne me voyais certainement pas avoir un rencard avec lui, oh non, non ! Ça doit bien faire deux heures qu'on bosse, je fais signe à Flynn de me rejoindre, on se fraye alors un chemin jusqu'à la terrasse où j'enfourne dans ma bouche un petit gâteau tout en ouvrant le gin. Rien ne vaut une discussion arrosée d'alcool, remplissant deux verres, je lui dis :

-Je t'en prie sert toi. Ce sont des gâteaux natures, et c'est du gin, mon pêcher mignon, tu aimes j'espère ?  

Oui l'alcool, c'est ma deuxième passion.