Soirée entres hommes. | Brendon & Nathan.

Une autre dispute avec Anna. Elle a commencé par une discussion banale, comme autre fois. Durant un instant, je pensais vraiment que nous avions retrouvé notre complicité de l’époque, celle qui nous permettait de communiquer de tout et de rien presque en riant. Mais voilà que les mots sont rapidement devenus des insultes, sans raison apparente. J’en ai marre de cette situation. De ne plus pouvoir échanger avec Anna sans que l’un ou l’autre déclenche les hostilités. Cette fois, la faute est sur moi. Les mots d’une réponse sont sortis trop brusquement, surtout par impatience et par fatigue. Aussitôt que je les ais prononcé, j’ai su que c’était finit, que tout allait exploser. Et effectivement, Anna est venue à la charge. Pourquoi elle ne l’aurait pas fait ? Elle commence aussi à être irritée de mes attaques occasionnelles. Des mots que je ne pense jamais vraiment, mais que je prononce tout de même. Les conflits de plus en plus nombreux au sein de notre couple sont autant de ma faute que de la sienne. S’il y a bien une chose sur laquelle nous sommes d’accord actuellement, c’est cela. Nous causons chacun notre tour les disputes. Ayant trouvé refuge dans le salon à la suite de l’engueulade, je tente de me calmer tout en regardant la télévision. J’ai ma soirée avec Nathan qui commence dans une heure et j’aimerais déjà y être. Je sais que j’aurais pu m’y rendre directement à la suite du conflit afin de vraiment me changer les idées. Sauf que comme si souvent, je tente de faire croire que tout va bien et que les conflits ne sont pas quotidien. Nathan connait l’état de la situation et même s’il serait enchanté de me recevoir pour m’aider, je ne peux me résoudre à abuser de sa générosité. Je ne veux pas fuir mes responsabilités. Je veux sincèrement changer, régler mes conflits avec Anna. Pour la simple et bonne raison que je l’aime. Aussi cliché que cela puisse paraître, je refuse d’envisager ma vie sans elle. Voilà pourquoi je demeure dans la maison même si elle préfèrerait surement que je sois loin pour pleurer tranquillement. Je refuse de simplement claquer la porte et de revenir le lendemain comme si de rien n’était. Soupirant à la fin de l’émission de télévision que je regardais, je me lève et me dirige vers la chambre. Je souhaite m’excuser auprès de ma conjointe, je pense que cette fois j’ai vraiment été trop loin et méchant avec elle. Elle ne mérite pas d’être traitée ainsi, surtout pas par l’homme qu’elle a choisit de suivre par amour il y a deux ans. Elle a renoncée à sa vie et à son pays à cause de moi. Souvent, je l’oubli. Je prends la présence d’Anna comme acquise. Je ne devrais pas, mais c’est plus simple de me dire cela il faut croire. J’ouvre la porte de la chambre qui n’est pas complètement fermée. Je vois ma Anna étendue sur le lit, semblant dormir. Je m’approche, dans l’espoir qu’elle soit simplement retournée pour ne pas me voir. Je l’observe une bonne minute alors qu’elle est paisible, les joues mouillées. Je m’en veux terriblement. Je me penche et lui offre un doux baiser sur la joue. « Pardonne-moi, mon amour. » Je murmure dans l’espoir qu’elle m’entende à travers son sommeil. Puis, je sors de la chambre et ferme la porte pour la laisser se reposer. Je me change et me prépare pour rejoindre Nathan. Puisque nous habitons dans le même quartier, à seulement quelques rues de distance, je me rends à pied à sa maison. Joséphine ne sera pas présente, puisqu’il s’agit d’une soirée sans femme. Je la connais pourtant depuis plus longtemps que Nathan, travaillant avec elle. C’est à un gala que j’ai pu enfin faire la connaissance de son mari et que par le fait même j’ai découvert mon meilleur ami. Je l’appelle ainsi puisqu’il n’y a pas d’autres mots pour le décrire. Il me comprend, il me supporte, il m’aide lorsque j’ai besoin de lui et surtout, il me permet de lâcher mon fou. Avec lui, j’arrive à oublier un peu la merde de mon passé, oublier aussi mes problèmes présent et vraiment m’amuser quoi. Et je compte bien en faire autant ce soir puisque j’en ai plus que besoin. Je sonne à la porte, pile à l’heure. N’ayant jamais été en retard de ma vie, Nathan peut presque prédire avec précision mon arrivée à chaque fois. Dès que la porte s’ouvre, un parfum de pizza se glisse dans mes narines et je ne peux faire autrement que de sourire. « Nate ! Tu sais que je t’aime toi ! » Je dis en riant. « Ou plutôt, j’aime ta cuisine. » Je corrige en entrant dans la maison. Je réalise soudainement que j’ai faim et que la cuisine de Nathan est exactement ce qu’il me faut pour me sustenter et me remonter le moral en même temps. En pénétrant de moi-même dans la cuisine, suivant l’odeur des pizzas, je vois sur le comptoir mon second meilleur ami : Une bouteille de mon whisky préféré. Je me tourne vers Nathan, le sourire très grand. « Tu as pensé à tout à ce que je vois. Surtout que j’ai vraiment besoin d’un verre. » Je dis sans détour. De toute façon, il allait bien finir par me faire cracher le morceau à propos d’Anna et de ma culpabilité. Alors, autant le mettre au parfum maintenant.

J’hausse des sourcils séducteurs à la mention de ses beaux yeux, parfaitement à l’aise d’ainsi jouer dans la moquerie avec mon meilleur ami. En fait, on pourrait se dire absolument n’importe quoi que cela ne ternirait en rien notre amitié. C’est ce que j’apprécie autant de ma complicité avec Nathan. Autrefois, j’avais ce genre de lien avec Anna mais ce n’est plus qu’un vague souvenir. Cela me manque, beaucoup même. On se comprenait tellement bien dans le début de notre relation, on n’avait même pas besoin de parler souvent qu’on pouvait deviner le besoin de l’autre. Le fait d’avoir perdu cette complicité a fragilisé à coup sur notre couple. Je n’ai plus que ce genre de lien privilégié avec Nathan et par chance, puisque sinon je pense que je serais à la dérive. Il m’aide un peu plus à chaque nouvelle rencontre. Même s’il n’en a pas conscience, sa présence est vitale par moment. Et dire que j’ai passé tellement d’années sans lui. Je ne sais plus comment je vivrais sans sa bonne humeur et ses talents culinaires. J’ai de la chance de ne pas vraiment engraisser malgré mon alimentation parfois désastreuse. Tout ce que me fait manger Nathan serait susceptible de me faire prendre beaucoup trop de kilos sinon. Qu’importe ! J’entre et je lui fais une accolade. Je n’ai pas besoin d’être guidé dans la maison pour savoir où me diriger. La cuisine est un refuge que j’accueille avec un énorme sourire de bonheur, surtout en distinguant la silhouette de la bouteille de whisky. Boire est une mauvaise habitude, on s’entend. Surtout que j’aime pratiquer cette activité autant en solitaire qu’avec de la compagnie. Je sais me modérer, la bouteille ne venant pas systématiquement à ma main. Mais en cas de besoin, je sais qu’elle porte d’armoire ouvrir pour en ressortir l’alcool réconfortant. Dès que j’ai besoin de me détendre ou de m’amuser, ce genre de boissons est toujours nécessaire. La voilà l’habitude qui n’est pas très bonne à prendre, mais dont je ne peux me résoudre à refreiner. À quoi bon ? Ces derniers temps surtout, je suis constamment occupé par le boulot ou abattu par le climat parfois invivable avec Anna. Donc, chaque moment pour profiter de la vie est le bienvenu ! D’ailleurs, je ne cache pas à Nathan mon besoin tout particulier ce soir de boire quelque chose. Il ne laisse pas glisser, me poussant à lui en révéler un peu plus. Je ne sais pas comment il fait pour m’écouter ainsi lui raconter toujours la même histoire de dispute avec ma compagne. Je suis sur que je dois l’agacer avec ça. Pourtant, je sens dans sa voix une invitation. Il me semble qu’il est vraiment curieux de connaître le pourquoi du comment. Je prends donc place pas très loin de lui, me laissant tomber sur la chaise en soupirant. Quoi de plus dramatique pour souligner mes regrets. Je n’évite pas son regard. J’ai besoin de voir la réaction sur son visage lorsqu’il va comprendre que j’ai encore une fois foutu la merde. « Je pense avoir été trop loin cette fois avec Anna. Je lui ai dis des trucs pas possibles, que je ne pensais pas. Je ne comprends pas pourquoi j’en arrive toujours là. Pourquoi je dois la blesser ainsi. C’est un miracle qu’elle ne m’ait toujours pas quitté après tout ce que je lui fais subir. » Je soupire encore, tenter par l’envie de baisser la tête avec honte. Mais je parviens tout de même à conserver notre connexion visuelle. « J’ai vraiment envie que ça change entre nous. Je sais, je dis toujours ça. Mais cette fois, c’est vrai. Il faut que je fasse quelque chose, sinon je vais me retrouver plaqué et je n’ose même pas imaginer ce qui va m’arriver quand je vais la perdre. » J’accueille le verre que Nathan me tend avec soulagement. Je bois une grande gorgée, apaisé par la sensation de l’alcool qui descend dans mon organisme. Puis je poursuis, cette fois regardant dans le vide. « Le pire c’est que je ne sais même pas comment faire pour arranger tout ça. J’ai… J’ai peur, mon vieux. J’ai tellement peur d’aggraver les choses. J’ai l’impression que oui, ça peut être pire que maintenant si je m’en mêle. D’où mon grand désir de whisky. » Je termine par dire en buvant à nouveau à mon verre. Nathan souligne qu’il ne manque que les cigares pour pouvoir la jouer riches et à cela je fais une moue d’approbation, m’imaginant la scène. « J’avoue qu’on serait parfait en vieux riches prétentieux. Surtout toi. » Je me moque en ne pouvant retenir bien longtemps un rire. Ça fait tellement de bien de rire, Seigneur ! C’est presque comme si mes soucis n’existaient plus. Mais pour vraiment avoir cette impression, il va me falloir beaucoup plus de whisky. Je porte donc le verre à nouveau à mes lèvres.

D’où nos disputes sont parties ? C’est un peu ça le problème, il ne semble pas y avoir d’origine précis. Ça s’est seulement dégénéré et à présent c’est invivable la plupart du temps. Je soupire donc, observant Nathan quelques secondes avant de m’exprimer. « Ça part toujours de broutilles. De tout et n’importe quoi. Même de choses banales. Je ne peux jamais prévoir qu’un sujet va dégénérer en dispute. On dirait qu’on ne se comprend plus. » Il me demande si je l’aime encore et à cela je suis obligé de sourire. « Mec, je l’aime trop. Depuis le premier jour je suis raide dingue de cette femme. Et je pensais qu’elle m’aimait aussi à la folie. Après tout, elle a accepté de me suivre en Nouvelle-Zélande après l’avoir rencontré durant mon voyage en Italie, tu te rappelles. On était bien à cette époque. » Je me laisse aller à la nostalgie. Je ne reviens dans le présent que lorsque Nathan me propose une solution que je dois avouer être intéressante. Je n’y adhère pas aussitôt toutefois, puisque je ne suis pas l’homme le plus occupé au monde, mais presque. Je suis important pour le bien-être de la Société financière et mon absence de même quelques heures est parfois critique. Alors quelques jours, je n’ose même pas me l’imaginer. Sauf que mon ami à raison, ça peut être un moyen pour tenter d’améliorer les choses. « C’est une très bonne idée. En ce moment ça serait compliqué avec le boulot, mais ça va être plus calme le mois prochain normalement. Du coup, on pourrait effectivement aller visiter un peu le pays. Je sais qu’elle a toujours voulu voir davantage de la Nouvelle-Zélande. » Je hoche la tête, satisfait de ce plan que se dessine dans mon esprit. Les conseils de Nathan sont définitivement ce que j’avais de besoin pour m’aider. La remarque suivante de mon ami me surprend. Je réalise que ma soudaine obsession pour l’alcool peut en effet indiquer un début de dépendance mais je lui souris et secoue la tête pour le rassurer immédiatement. « Par pitié, pas de thé vert ! Je ne bois pas tant que ça. Seulement lorsque je sors ou avec toi d’ailleurs. Je voulais dire que toute cette histoire me donne un de ces mal de crâne et j’ai besoin d’engourdir la douleur avec mon meilleur pote ce soir. Je n’ai pas envie d’en prendre une habitude. » Je n’ai pas en plus besoin de devenir un alcoolique pour accroître la dégradation de mon opinion aux yeux d’Anna. Si ça se trouve, le simple fait que je bois occasionnellement avec mes amis la dérange. Elle ne m’en a jamais fait la remarque, mais parfois ses silences sont aussi plein de reproches que ses mots. L’intervention suivante de Nathan me fait éclater de rire. Il pense sincèrement que la moustache va m’aider à reconquérir le cœur d’Anna ? J’en doute. Je pense même que ce sera le contraire, je vais la faire fuir pour de bon si j’ose comme il dit. Je bois une grande gorgée de mon verre pour ne pas me moquer encore plus de la situation. « La moustache c’est ton truc, je ne voudrais pas passer pour un copieur. » J’affirme finalement avant de rire dans mon verre. Je retrouve un semblant de sérieux pour ajouter. « Tu sais que la dernière fois que je me suis laissé pousser la barbe sans la couper durant deux semaines, j’ai eu le droit à des reproches. Alors imagine avec une moustache. Elle va vouloir me brûler sur un bucher. » Il sait que je ne me moque pas vraiment de lui. Je n’ai jamais eu aucun problème à dire toutes sortes d’absurdités pour le taquiner sans véritablement le blesser. Au fond, je le respecte beaucoup trop pour m’en prendre à lui négativement. L’odeur de pizza commence à me donner de plus en plus faim et je regarde donc Nathan avec une certaine impatience. « Combien de temps encore avant de pouvoir manger ces merveilles ? »

Être fleur bleue, oui c’est une excellente façon de le voir. Je pense être autant fleur bleue que lui en fait, si ce n’est pas plus. Je suis certes une personne très émotive malgré les apparences. Je me laisse du moins guidé par mes émotions plus que par mes instincts, ce qui me pousse à souvent m’arrêter sur mon lieu de travail. Je sais me contrôler, me montrer plus rigide afin d’adopter une vraie position de dirigeant assuré. C’est seulement grâce à l’habite que j’y suis arrivé. Je ris donc en simultané avec mon ami. Il vient seulement de le remarquer maintenant, je comprends que ça l’étonne quelque peu. « Il faut croire que s’est contagieux. » Je plaisante. « Mais effectivement, il va falloir un jour retourner en Italie tous les deux. » Il y a là-bas non seulement l’histoire de nos débuts amoureux mais aussi un membre de la famille d’Anna, sa tante Silvia. J’apprécie beaucoup cette dernière même si je ne l’ai pas croisé beaucoup à l’époque. Je me souviens de son opinion positive de moi. Si ça se trouve, elle est celle qui a convaincu Anna de me laisser une chance il y a deux ans. La revoir me ferait énormément plaisir. Sans parler de ma compagne. Le fait que Nathan s’inquiète pour moi me touche beaucoup. C’est la preuve qu’il tient vraiment à moi et qu’il se soucie donc de ma santé. Je n’ai pas l’intention de devenir alcoolique. Tout de même, le fait qu’il m’assure de me surveiller me fait sourire. Je hoche la tête pour lui dire que j’ai compris l’avertissement et que j’accepte d’être ainsi chaperonné. Je sais que l’alcool ne résout rien. Le seul truc qui cloche avec cette eau de vie c’est qu’elle est si accessible. Ce n’est pas pour rien que beaucoup y succombe dans un temps de besoin. Je semble faire partie de cette catégorie aujourd’hui. Mais en autant que Nathan garde un œil sur moi, je suis confiant. Le prochain sujet est la moustache et en voilà un intéressant. Je sais qu’Anna aime bien ma repousse de trois jours, mais pas plus. Du coup avoir la moustache, c’est condamner mon couple presque. À la réponse de Nathan après lui avoir expliqué cela, je ne peux m’empêcher de pouffer de rire. Ah bon, il aimerait bien voir ça. Mais qu’est-ce qu’il voudrait voir au juste ? Il n’a pas été spécifique. Du coup, je lui demande de l’être en ne cachant pas mon amusement : « Voir une moustache sous mon gros nez ou me voir brûler sur un bûcher ? » Je lui souris très grand. Ce qui me semble le plus important pour le moment se sont nos estomacs. L’odeur des pizzas commence vraiment à me rendre impatient. J’ai envie d’y goûter dès que possible. Je pose donc la question à mon ami. Je l’observe alors qu’il s’occupe de préparer la table et je souris en recevant une bière pour déguster notre repas. C’est donc presque prêt, tant mieux. Je lève alors ma bière à cela afin de trinquer avec lui. « Les soirées entre hommes c’est le best ! » Je dis avant de boire une première gorgée de bière. La sensation est différente d’avec le whisky, évidemment. Comme un peu plus fade. Mais je vais faire avec. Je me rapproche donc, laissant les quelques minutes nécessaire pour la fin de la cuisson se passer. Je laisse Nathan s’occuper de les disposer et de les couper. Je l’observe avec un sourire alors qu’il me propose de les séparer toutes les deux en deux. « Alors il faut impérativement que je goûte au deux, dans ce cas. » Comme si je ne pouvais pas aimer sa cuisine. Je suis vendu depuis le début. Dès que nous sommes servis chacun de notre côté, je m’empare d’une pointe avec mes deux mains et je l’engouffre dans ma bouche. Comme j’ai la bouche pleine, je me contente de lui faire un pouce dans les airs pour signaler que je me régale. Je continue donc à manger, aux anges. Nathan est vraiment le meilleur pour réconforter à coup de nourriture. Entre deux bouchées, je me décide à enfin le questionner de son côté. « Et toi, comment ça va avec ta femme ? »

Je ris à la blague de mon ami. J’ai toujours considéré que j’avais un nez important, mais je n’avais jamais prêté attention à celui des autres. À croire que dans mon esprit le mien battait tous ce qui pouvait exister d’autre et ce sans prétention. Mon nez n’est pourtant pas si horrible que cela. Je jette un rapide coup d’œil à celui du propriétaire de la maison. « Ouais, mauvaise idée pour la compétition. J’aurai peur d’arriver ex æquo. » Je me moque toujours, mais c’est strictement pour garder l’atmosphère le plus détendu possible. Si je suis ici c’est pour me sortir la tête de l’eau, pour me détendre alors que je sais qu’il y a tellement de problèmes chez moi avec Anna. J’ai donc besoin que ce moment avec Nathan soit sans prise de tête, sans jugement dont je sais pourrais avoir un fond de vérité. Nos blagues ne sont au fond pas bien méchantes. Pas comme les cris que nous pouvons nous lancer, moi et Anna. Il y a vraiment une grande différence entre les deux. J’éclate de rire alors qu’il m’affirme que jamais il ne laisserait ma conjointe me brûler sur le bûcher. Moustache ou non, j’imagine. Ça c’est de l’amitié. « Merci. » Je me contente de dire en faisant mon possible pour ne pas poursuivre mes ricanements. Je sais que je peux avoir le soutien de Nathan, peu importe la situation. Je ne m’en suis donc jamais fais avec la possibilité qu’il laisse quelque chose m’arriver. Que se soit minime ou aussi extrême que de brûler vif. C’est bon de se sentir ainsi soutenu par quelqu’un qu’on apprécie également au point de faire de même. J’observe donc mon ami servir la pizza et je sais que je ne pourrai pas résister à l’envie de goûter aux deux qu’il a si généreusement préparé pour l’occasion. L’appétit est là, de toute façon. Et avec un peu bière, ça va descendre tout seul. Tout mon corps est aux anges face à la dégustation de ce repas. Je ne peux donc pas faire autrement que de hocher la tête un peu trop vigoureusement au chef, tel un enfant. J’avale ma bouchée de pizza avant de répondre. « Tu parles si je vais revenir. Je pense que tu vas devoir me compter sur la liste des invités tous les soirs à partir de maintenant. C’est délicieux, Nate. » Je le complimente en continuant de manger les merveilles qu’il nous a préparé. Autant la première que la seconde pizza sont parfaite à mon avis. Je retrouve toutefois mon attention pour mon ami alors que nous abordons le sujet de son propre couple. Je sais que lui aussi, ça ne va pas très bien. Nous sommes dans la même galère quoi, c’est peut-être pour cela que nous nous comprenons aussi bien. « Tu sais, même nous au bureau on ne l’a voit pas très souvent. Elle est très occupée en ce moment et personne n’ose la déranger, je crois. Donc, j’imagine que ça doit aussi l’influencer à la maison. La dernière fois que vous vous êtes retrouvés c’était quand ? » Je tente de le faire parler pour l’aider à mon tour. À la place, il me répond avec une évidence que j’avais moi-même constatée avant aujourd’hui. Je hoche la tête doucement, un peu perdu dans mes pensées. « Tu as raison, mec. J’aimerais vraiment qu’elles le soient. C’est tellement naïf à dire, je l’avoue. » Oui, bien sûr que je rêve de la relation parfaite. Sans jamais de conflits. Vais-je un jour l’obtenir, je ne sais pas.