Où la bière coule à flots [Spencer & Alcide]

Pour conclure au sujet des filles, Alcide me comparaissait à un concurrent. J’aurai aimé lui affirmer ses dires de vive voix. Sauf que je n’étais pas ce genre d’homme à courir aux fesses des femmes. Je n’étais pas un tombeur. Expérimenté ou non, je ne le serais jamais. J’étais plutôt du genre à rester fidèle à la même fille toute ma vie, que la vie nous sépare ou non. Enfin fallait il d’abord que le destin veuille bien m’unir à ma patronne chérie. Mais bon vu les circonstances c’était plutôt mal barré si l’on prend les faits qu’elle soit mariée et mère de famille de deux pré-adolescents. Dont l’aînée qui semblait bien vouloir faire de moi son petit ami actuel. Au lieu de cela, je lui fis un petit sourire gêné.

Après mon petit passage dans la salle de bains de mon hôte, je rejoignis ce dernier dans la cuisine. L’odeur alléchante de sa mystérieuse préparation culinaire m’avait attiré. En tant que jeune homme bien élevé par sa maman, je remerciais le quinquagénaire pour tout ce qu’il faisait pour l’inconnu que j’étais. Il n’était guère obligé de faire tout ça. « Ange gardien » était un surnom qu’il lui allait bien à cet homme si gentil. «  Bah qu’est ce qu’il a votre caleçon à carreaux ? » Je tirais légèrement sur le tissu du sous vêtement pour me remémorer son motif. Je sais, je n’étais pas très discret dans ma façon de faire qui se faisant bien maladroite. Bref comme moi quoi. « Je le trouve très bien moi. » Lui répondis je tout innocemment en haussant les épaules. Je ne comprenais vraiment pas où il voulait en venir. Peut être n’était ce plus à la mode ? Je n’avais fait en rien le rapprochement peu sexy vis-à-vis des femmes. Manque d’expérience quand tu me tiens… Bref, l’entente était bon enfant. Plus détendu grâce à la bonne douche que je venais de prendre, je rigolais plus facilement avec l’homme à la chevelure poivre et sel.   « Oh c’est cool ça ! Merci ! » Alcide venait de m’apprendre que mon sac de sport n’était pas perdu. J’avais eu si peur qu’il disparaisse. C’était tout ce que je possédais comme vêtements. Mis à part ceux que j’avais laissé bien plier sur la machine à laver dans la salle de bains. «  Euh… Si vous voulez. Mais je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps. Et puis ne vous inquiétez pas pour vos habits, je vous les aurais rendus relavés. » Rétorquais je immédiatement pensant d’abord que l’homme ait peur de ne jamais revoir son bien. Je n’avais peut être pas de chez moi et avais des problèmes pour m’en sortir financièrement, mais je restais malgré tout un garçon honnête. «  Je dois avouer que l’odeur de votre cuisine m’a donné faim. Mais je ne veux vraiment pas m’imposer. » J’étais tellement gêné par tant d’hospitalité. «  Vous avez sans aucun doute autre chose à faire de plus intéressant que de vous occuper d’un gars paumé comme moi. »

Je retournais vers le salon. A mon réveil, j’avais remarqué une console de jeux. J’étais curieux de la voir de plus près. Je n’en avais jamais touché. Alcide me suivit. «  Vous aimez jouer à quel sorte de jeux ? » J’avais bien envie de prendre une manette dans les mains pour voir l’effet que ça faisait mais je n’osais pas. « Enfant j’ai toujours voulu en avoir. Mais maman n’avait pas assez d’argent pour qu’on se permettre d’en acheter une. » J’étais triste en pensant à ma défunte mère. Elle me manquait atrocement. « Elle me disait que mon penchant pour les jeux, je tenais ça de mon père. » Je grimaçais à ce souvenir. C’était une des très rares choses que je connaissais de mon paternel. Je regardais une fois encore la décoration de la pièce. Sa simplicité. J’aimais beaucoup. «  Je suis sûr que maman aurait été folle de cet endroit. C’était son plus grand rêve ce style de maison. Venir vivre ici à Island Bay. » J’allais vers la fenêtre pour observer l’extérieur. « C’est pour elle que j’ai quitté New York. Pour ramener ses cendres ici. » Le vase qui les contenait se trouvait dans le local où je répétais avec Dean. Ca n’avait pas dérangeait mon ami d’enfance que je laisse les restes de ma mère là bas le temps que je trouve l’endroit adéquat où les disperser.  Je me retournais vers Alcide, m’appuyant contre le mur. Une boule se formait dans ma gorge. « Ca fait treize ans déjà qu’on me l’a arraché et pourtant malgré le temps qui passe, ça fait toujours aussi mal de penser que je ne la reverrais plus jamais. » Je levais les yeux vers le quinquagénaire. «  Vous avez toujours vos parents monsieur ? »  Je me sentais en confiance avec cet homme. J’ignorais pourquoi je me livrais de la sorte avec lui. Moi qui était plutôt du style introverti d’habitude. J’avais aussi envie de le connaitre. Espérant qu’après ma mésaventure de la veille, aujourd’hui je lui laisserais un aspect plus positif de ma personne. Et puis qui sait ? Peut être qu’on restera en contact à l’avenir…

Lorsqu’Alcide me parla des différents styles de jeux qu’il aimait, je fus surpris de découvrir qu’il en existait autant à la base. Mais bon en même temps, je n’y connaissais rien. J’aimerais bien un jour essayer de jouer. Peut être que quand je me serais remis d’aplomb financièrement et que j’aurai mon propre logement, je me risquerais surement à m’acheter une console. Mais bon vu les prix, ce n’était pas demain la veille que ça arriverait. Bref ce n’est pas bien grave tout ça. J’ai vécu trente-quatre ans sans cela, je n’étais pas à une année près.

Je savais que je parlais beaucoup de ma mère, on me le reprochait beaucoup. Je tentais juste de faire la conversation avec mon hôte. Afin de mieux le connaitre. Mais visiblement, mon idée n’était pas réciproque. Je compris bien vite qu’en fait je dérangeais l’homme. Ce qui était normal. Il était en weekend et avait d’autres choses plus importantes à faire que de s’occuper d’un alcoolique pas capable de tenir l’alcool. « Pardon. » Après m’être excusé sans aucun explication, je m’éclipsais à la salle de bains afin de récupérer mes affaires. Je devais partir. Quitter ces lieux au plus vite. Le cœur gros, mes vêtements en boule dans le creux de mon bras, je me dirigeais vers la porte d’entrée. L’homme devait se demander ce qui m’arrivait tout à coup. « Pardon pour tout le désagrément que je vous ai causé monsieur. Je m’en veux terriblement. Je vous promets que ça ne se reproduira pas. Que vous n’entendrez plus parler de moi. » Avant qu’Alcide eut le temps de répondre quoique ce soit, je continuais sur ma lancée. « Ne vous inquiétez pas pour vos habits, je vous les rendrais propres et repassés. » Contrairement à ce que l’homme a pu penser de moi depuis la veille, je voulais lui montrer que je n’étais pas qu’un simple sans domicile fixe. Que je n’étais pas le gars le plus sale qu’il puisse rencontrer. Moi qui détestait le manque d’hygiène, je ne voulais pas qu’il me croit que je me laisse aller à ce niveau là.

J’avais regardé sur mon téléphone portable, sur l’application du gps, j’avais environ une heure à pieds pour récupérer son sac au bar de la veille. Mais ça ne me dérangeait pas de marcher beaucoup. N’ayant jamais eu ni permis ni voiture, j’utilisais souvent les moyens de transport ou simplement mes jambes pour me rendre à mes destinations. Je sais que c’était mal poli de ma part de partir comme ça alors qu’Alcide avait préparé à manger pour nous deux. « Rappelez Cassidy, je pense qu’elle ne dira pas non pour un tête à tête avec vous. » Lui souriais je en disant cela. J’avais bien remarqué la veille que la serveuse et le quinquagénaire n’étaient pas indifférents l’un vers l’autre. De mon côté j’avais perdu l’appétit. Sans doute qu’avec la marche il reviendra. Je ne m’en faisais pas pour ça. J’étais terriblement seul et trouver un homme plus âgé que moi pour en faire mon ami, je me suis rendu compte que j’avais fait une erreur. Je n’intéressais personne et au final c’était sans doute mieux comme ça. « Je vous donne ma carte professionnelle. Dessus il y a mon numéro de portable. Envoyez moi un texto pour me dire où et quand je pourrais rendre vos affaires. Au revoir et merci encore pour tout. » Et je partis sans lui laisser le temps de dire ou faire quoique ce soit. J’avais besoin de ma solitude pour réfléchir à mes actes de la veille. Le pourquoi du comment de ma cuite et que j’étais encore capable de recommencer. Car au final mis à part me rendre malade et gêner un homme par ma présence, la peine que j’éprouvais pour la perte de mon amie ne s’était pas envolée.