shut your eyes and trust in me || Sean&Sara

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Mon boulot, c'est ce qui me donne des ailes. Je n'ai pas un mari ou des enfants comme pas mal des filles de mon âge. Moi ce qui me fait vibrer, c'est réussir à accompagner mes patients dans leurs souffrances jusqu'à les voir sourire à nouveau. Chaque jour je choisis de nouveaux exercices adaptés pour leur permettre de se sentir mieux dans leur quotidien, apprendre à vivre avec l'absence d'un proche, surmonter leurs peurs et leurs traumatismes les plus profonds. Certains psychologues ou psychiatres n'ont jamais vécu de drames suffisamment importants pour réussir à comprendre véritablement la peine que peuvent ressentir leurs patients. Je ne dis pas que je suis meilleure que les autres, je pense simplement que mon passé m'aide dans beaucoup de cas, à réussir à ouvrir le coeur de certaines personnes. Je m’efforce alors chaque jour de trouver le point douloureux de chaque personne qui entre dans mon bureau, pour faire avancer le travail et ainsi guérir les plaies les plus difficiles.

J’arrive à l’hôpital quelques minutes avant l’heure de mon premier rendez-vous. J’ai toujours été très ponctuelle que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel, même si je décale parfois les horaires de mes patients quand je sens qu’ils ont besoin de plus de temps que prévu. Je n’ai pas pour habitude de les expédier à l’heure pile. Certains rendez-vous nécessitent plus d’attention et de temps que d’autres. J’enfile ma blouse par dessus ma robe mais ne l’attache pas. Elle ne me sert pas à grand chose si ce n’est me donner ce statut de médecin qui me différencie des patients de ce couloir. Un coup d’oeil sur mes rendez-vous de la journée, aujourd’hui je commence par un nouveau patient. Ce sont les plus difficiles, une thérapie qui commence n’est jamais chose aisée, notamment parce que les blessures sont en général plus récentes, et les patients ne sont pas très à l’aise avec l’idée de se confier à un inconnu. Je dois alors redoubler d’efforts pour immiscer une certaine forme de confiance, en eux et en moi, nous permettant d’arriver ensemble vers un avenir plus radieux.

Après avoir préparé mon bureau que je veux toujours suffisamment agréable pour permettre aux gens de se sentir bien et se livrer plus facilement, je récupère mon bloc notes et mon stylo fétiche, avant d’ouvrir la porte du cabinet. « M. Sawyers ? » Mon regard balaye le couloir où sont installées quelques chaises, les patients qui attendent là peuvent aussi être en attente d’un autre spécialiste qui officie dans les bureaux mitoyens du mien. Un jeune homme se lève, un trentaine d’années, plutôt très bel homme, et il s’avance vers moi. Je lui offre une poignée de main et plonge mon regard dans le sien pour un premier échange, agrémentant ce dernier d’un de mes sourires bienveillants. « Bienvenue. Je vous en prie. » Je lui fais signe d’entrer, ce qu’il fait sans tarder. Le dossier totalement vierge dans les mains, je lui propose alors : « Vous avez le choix, le fauteuil ou le divan, il paraît que le tapis n’est pas si inconfortable ! » lui dis-je en riant légèrement pour tenter de le décrisper. Je le laisse choisir et prends place dans mon fauteuil chesterfield en vieux cuir que j’ai ramené directement de chez moi pour me sentir mieux dans mon cabinet. « Mettez-vous à l’aise, l’idée c’est que vous vous sentiez bien. Alors dites-moi, en quoi puis-je vous aider ? »

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Sean & sara

De jour en jour, mon état se dégradait, mon mal-être s’intensifiait. J’en étais conscient seulement depuis quelque temps, néanmoins. Personne ne se doutait que mon divorce m’affectait réellement. Il faut dire qu’il n’est pas dans ma nature de me confier, à mes amis comme à ma famille, ça relève du défi pour mes proches de me faire cracher le morceau. Alors me confier à une inconnue, c’est impossible. Pourtant, j’allais devoir dévoiler mes sentiments les plus intimes à une inconnue, une psychiatre en réalité. Pour ça, fallait-il encore que je me convainque de le faire. Jamais je n’aurais pensé en arriver là un jour ou l’autre, mais il fallait que je réussisse cette mission, soi-disant, convenue avec Cade pour qu’il puisse très vite exercer de nouveau son métier. Je me sacrifiais pour mon meilleur ami, lui n’appréciant pas plus que moi de se confier, mais je ne comptais pas oublier ce que j’étais sur le point de faire pour lui quitte à lui demander un service en retour le moment venu. J’attendais donc patiemment la psychiatre pour qu’elle puisse m’accueillir dans son bureau. Je n’étais pas le seul à patienter dans l’une des salles d’attente de l’hôpital. J’espérais que personne dont je côtoyais ne me remarque et m’adresse la parole pour me demander ce que je faisais là, surtout pas Avery travaillant à l’hôpital. Quelques minutes d’attente après, le bruit d’une porte qui s’ouvre et de talons s’entrechoquant sur le sol. Je n’y prêtais pas attention jusqu’à ce que quelqu’un m’interpelle. « M. Sawyers ? » A l’entente de mon nom, je réagissais aussitôt en tournant ma tête vers le son de cette voix. Cette voix n’était autre que celle de la psychiatre. Cade ne m’avait pas menti à propos du charme de sa psychiatre. Pourtant, je ne m’y intéressais pas plus que ça, plus obnubilé encore et toujours par Avery. « C’est moi ! » m’exclamais-je, ne prenant pas encore conscience que j’allais passer à la casserole. Alors, je me levais de ma chaise et me dirigeais vers la psychiatre. A sa proximité, je n’hésitais pas à lui rendre son sourire tout en la saluant avec une poignée de main. « Bonjour. » Intrigué par le bureau où je risquais de passer du temps, je jetais un coup d’œil avant d’être invité à entrer. Je prenais conscience à ce moment que j’allais devoir me confier à une inconnue. « Bienvenue. Je vous en prie. » me disait-elle en me faisant signe d’entrer, ce que je ne tardais pas à faire, bien que j’aurais préféré faire demi-tour pour éviter de partager mes tracas. Dés mon entrée dans son bureau, je remarquais un fauteuil face à moi et un divan non loin de celui-ci. « Vous avez le choix, le fauteuil ou le divan, il paraît que le tapis n’est pas si inconfortable ! » Même si je me doutais qu’elle cherchait à me détendre avec un peu d’humour, je n’étais pas pour le moins emballé par la séance, mais je ne devais pas oublier ce qui m’avait incité à prendre rendez-vous pour une séance chez la psychiatre. Je lâchais donc un léger rire, nerveux avant tout. Cette image clichée du psychiatre avec son divan était devenue réalité. Toutefois, je n’étais pas venu là pour m’allonger et piquer un somme dans son divan, autant le faire chez moi, bien que le sommeil s’était fait la malle depuis trop longtemps. « Je préfère le fauteuil. » Je m’installais donc dans ce fauteuil plus stable à mon goût. « Mettez-vous à l’aise, l’idée c’est que vous vous sentiez bien. Alors dites-moi, en quoi puis-je vous aider ? » Comment me sentir bien alors que j’allais devoir me mettre à nu ?! J’essayais d’en faire abstraction pour me concentrer et jouer ma comédie. « Mettez-vous à l’aise ? Vous n’appréhendez pas la réaction de certains de vos patients. » disais-je avec un sourire au coin de mes lèvres. Autant mettre un climat de confiance tout de suite avec elle en continuant de jouer sur l’humour si je tenais à réussir mon objectif. Puis si je pouvais contourner le moment où je me confie. « Pour être honnête avec vous, je suis là parce qu’un proche m’a conseillé de venir vous voir. D’autant qu’il n’est pas dans mon habitude de me confier à quelqu’un sur mes soucis, même à mes proches, donc devoir me confier à quelqu’un dont je ne connais pas … » Je ne pouvais pas être plus franc avec elle. Bien sur, je ne comptais pas la mettre au courant sur mon petit accord avec Cade. « Je pense que le meilleur moyen de m’ouvrir serait que je vous fasse confiance et pour ça, je pense qu’il serait peut-être utile de faire connaissance ? » Ça me permettait de la connaître, mais avant tout de me rapprocher d’elle. « Rien d’ambigu, je vous rassure, mais depuis trop longtemps dés que je rencontre des problèmes, je me débrouille seul et je n’accorde pas facilement ma confiance. » Il ne fallait pas que je la laisse réfléchir, au risque qu’elle me dise non. J’enchainais en me présentant comme dans chaque début d’une rencontre. « Par exemple, je m’appelle Sean Sawyers, j’ai 36 ans, je suis né à New York, à Brooklyn, mais j’ai toujours vécu à Island Bay et j’ai une petite sœur. Et vous ? »

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Premier contact de regards et je sonde le personnage en une fraction de seconde. Un homme profondément bon, mais torturé. La raison, à moi de la trouver. Son regard est éteint, ses épaules contractées et son attitude cherche à donner le change. Manque de bol, ça ne marche pas avec moi. Je le laisse entrer après avoir vu une once de curiosité dans son regard, mêlée sûrement à une certaine appréhension, ce qui se comprend lorsque mes patients entrent pour la première fois dans mon cabinet. Une fois entré, je lui propose de s’installer, et mine de rien, je détaille chacun de ses gestes, ses regards, ses attitudes. Tout pourra m’aider par la suite, et me donner des indices sur le travail que nous aurons à faire ensemble. « Je préfère le fauteuil. » dit-il avant de s’y installer. « Bon choix. » lui répondis-je alors avec un sourire tendre. Sans trop attendre, je lui demande de se mettre à l’aise, même si j’ai bien conscience que ce n’est pas chose aisée pour une première approche. « Mettez-vous à l’aise ? Vous n’appréhendez pas la réaction de certains de vos patients. » dit-il en souriant légèrement. « Oh, j’imagine très bien rassurez-vous, mais je préfère toujours proposer de le faire, sait-on jamais. » Je hausse très légèrement les épaules toujours en souriant, attendant qu’il réponde à ma question. Je lui laisse le temps de s’acclimater à l’environnement, prendre acte qu’il est là, et savoir ce qu’il vient chercher dans mon cabinet. Ensuite, peut-être voudra-t-il bien me dire ce qu’il en est. « Pour être honnête avec vous, je suis là parce qu’un proche m’a conseillé de venir vous voir. D’autant qu’il n’est pas dans mon habitude de me confier à quelqu’un sur mes soucis, même à mes proches, donc devoir me confier à quelqu’un dont je ne connais pas … ». Nouveau sourire pour le rassurer. « Je me sens flattée d’avoir été choisie pour vous écouter M. Sawyers. Et… vous avez là un bon ami pour vous conseiller de cette manière. Sachez que la démarche de venir jusqu’ici est réellement la plus difficile. » Mon regard sur lui est doux, je ressens sa détresse et mon but est de l’aider à traverser cette période difficile, main dans la main. « Je pense que le meilleur moyen de m’ouvrir serait que je vous fasse confiance et pour ça, je pense qu’il serait peut-être utile de faire connaissance ? » Penchant légèrement la tête sur le côté, mon sourire s’agrandit. Il ne me laisse pourtant pas le temps de lui répondre qu’il enchérit déjà. « Rien d’ambigu, je vous rassure, mais depuis trop longtemps dés que je rencontre des problèmes, je me débrouille seul et je n’accorde pas facilement ma confiance. » Je secoue légèrement la tête avant de lui répondre cette fois. « Ne vous justifiez pas, c’est une très bonne idée. Et vous n’avez pas à vous juger de chercher de l’aide ailleurs qu’en vous, parfois ça s’avère nécessaire. » Je ne le lâche pas des yeux, gardant mon bloc notes et mon stylo en main pour le moment sans pour autant y apporter une quelconque note. « Par exemple, je m’appelle Sean Sawyers, j’ai 36 ans, je suis né à New York, à Brooklyn, mais j’ai toujours vécu à Island Bay et j’ai une petite sœur. Et vous ? » Je hoche la tête légèrement, notant cette fois sur mon papier les quelques informations le concernant. « Je m’appelle Sara Danvers, j’ai 31 ans, je suis née à Londres, d’où mon accent… » Je lève un peu les yeux au ciel en riant très légèrement avant de poursuivre. « Je suis arrivée en Nouvelle Zélande pendant mon adolescence avec mon frère aîné et ma petite soeur. » Je le regarde hocher la tête et je choisis de poursuivre, pendant que nous sommes ce que j’estime être une bonne énergie. « Vous avez parlé d’un proche qui vous a conseillé de venir me voir. Est-ce un ami, ou quelqu’un de votre famille ? Cette personne doit vous connaître vraiment bien pour savoir que vous aviez besoin de sortir ces tensions que vous gardez en vous… »

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Il faut une première fois à tout, nan ? Du moins, je m’étais déjà poussé à me rendre au rendez-vous avant de me faire cette réflexion, non enthousiaste à l’idée de partager mes réels sentiments suite à mon divorce à une inconnue. Néanmoins, ma curiosité s’était éveillée, désireux de savoir comment se passe une séance chez le psychiatre ou plutôt comment ces professionnels s’y prennent pour trafiquer le cerveau de leurs patients. Si elle réussissait à me faire cracher le morceau, ça serait presque un miracle. Justement, j’appréhendais peu à peu ce moment dés mon entrée dans son bureau, peut-être allais-je lui parler de ma rencontre avec celle ayant bouleversé mon cœur, mon divorce m’affectant plus que je ne l’imaginais ou encore le décès de ma mère ayant chamboulé tout mon environnement durant mon adolescence. Des tournants de mon histoire qui ont créé l’homme dont je suis aujourd’hui. Je me demande souvent si les choses auraient été différentes si Avery n’était jamais entrée dans ma vie ou si ma mère était toujours à mes côtés. Une chose st sûre, mon caractère n’aurait pas été le même, car à seulement seize ans, après le décès de ma mère, je devais très vite me débrouiller seul et apprendre à m’occuper des tâches du quotidien. C’est comme ça que j’ai appris à être indépendant et à rester fort psychologiquement dés mon plus jeune âge. Par chance, mon oncle était là pour me soutenir, le seul à avoir découvert ma détresse à cette époque, mais là, je devais affronter seul ce divorce quitte à passer par toutes mes émotions. Ce ne serait en aucun cas un divorce qui m’achèverait après l'événement fort en émotion par lequel j’ai traversé. Je n’en oubliais pas pour tant ce qui m’avait poussé à être là, ma mission, si on peut dire ça comme ça. Qu’est ce que je ne ferais pas pour que mon meilleur ami puisse de nouveau se la jouer Dexter. Cherchant à tout prix à éviter d’être amené à me confier, je cherchais un prétexte pour repousser le moment. Ainsi, je décidais d’être honnête avec elle, dans un premier temps. « Je me sens flattée d’avoir été choisie pour vous écouter M. Sawyers. Et… vous avez là un bon ami pour vous conseiller de cette manière. Sachez que la démarche de venir jusqu’ici est réellement la plus difficile. » Son sourire et ses mots me rassuraient, mais ce n’était pas pour autant que j’allais lui déballer le fond de mes pensées ! Je lui proposais ensuite de faire connaissance. Cela m’en apprenait plus sur elle. « Ne vous justifiez pas, c’est une très bonne idée. Et vous n’avez pas à vous juger de chercher de l’aide ailleurs qu’en vous, parfois ça s’avère nécessaire. » Par surprise, elle était partante. J’aurais pensé que, peu importe le médecin, elle ne se prêterait pas ça pour éviter de devoir partager sa vie personnelle à son patient. Je lui montrais donc la voie à emprunter en me présentant. Bien sûr, elle notait les quelques informations que je venais de lui donner sur son bloc-notes. « Je m’appelle Sara Danvers, j’ai 31 ans, je suis née à Londres, d’où mon accent… » me répondait-elle en levant les yeux au ciel avant de lâcher un léger rire, ce qui me faisait sourire. « Je me disais aussi pour ce léger accent ! » Après ça, elle continuait sans que je lui demande. « Je suis arrivée en Nouvelle Zélande pendant mon adolescence avec mon frère aîné et ma petite sœur. » J’acquiesçais d’un signe de tête, sans avoir le temps de placer quelques mots. « Vous avez parlé d’un proche qui vous a conseillé de venir me voir. Est-ce un ami, ou quelqu’un de votre famille ? Cette personne doit vous connaître vraiment bien pour savoir que vous aviez besoin de sortir ces tensions que vous gardez en vous… » Je m’attendais qu’elle revienne sur la raison de ma visite, mais j’aurais préféré éviter cette question. Alors, il ne fallait surtout pas que je fasse référence à Cade, tout du moins citer son nom. Celle-ci risquait de faire très vite le rapprochement, sachant que Cade était lui aussi son patient, même si elle n’imaginait pas ce que nous avions manigancé dans son dos, tels des gamins. « C’est ça, c’est un ami. Nous nous connaissons depuis que nous sommes gamins, donc même si je ne suis pas du genre à me confier, il peut deviner l’état dans lequel je me trouve. » J’enchainais ensuite pour éviter qu’elle reprenne la parole et me mette une nouvelle fois face à un mur. « Dites moi, je suis curieux de savoir vos hobbies : adepte au sport, mordue de cinéma ou d’autres choses ? Je vous imagine bien faire du footing pour vous évader et oublier les tracas de vos patients surtout ... » Peut-être qu’elle ne s’y attendait pas, je me levais subitement de mon fauteuil pour vagabonder dans son bureau sans but précis. Il fallait que je trouve une parade pour aborder un autre sujet. Je finissais par tomber sur quelques objets sur un meuble. « C'est à vous ? » lui disais-je en lui jetant un regard avant de reposer mon regard sur ces objets. « Aussi, je suis quelqu’un de curieux ! »

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Mon patient est réticent, et c’est tout à fait légitime lorsqu’on commence une thérapie, qu’on se lance dans cette nouvelle aventure. Ce n’est pas une décision facile à prendre, et se livrer à un inconnu n’a jamais été quelque chose de très naturel, surtout chez l’être humain qui a un instinct de protection. Il se présente à moi d’une manière plutôt normale, me demandant d’en faire de même, comme pour être sur une sorte de pied d’égalité. Je me plie alors à sa demande, le mettant à l’aise comme quoi ça ne me dérange pas du tout. Après tout, je n’ai rien à cacher, du moment que je n’en dévoile pas trop non plus. L’idée, c’est que lui parle, pas moi. Petit à petit, je tente de gagner du terrain, lui demande de me parler de cette personne qui l’a poussé à venir consulter. « C’est ça, c’est un ami. Nous nous connaissons depuis que nous sommes gamins, donc même si je ne suis pas du genre à me confier, il peut deviner l’état dans lequel je me trouve. » Je lui offre un sourire bienveillant, hochant simplement la tête. « C’est une grande chance, et une grande force d’avoir des personnes proches de soi, qui nous connaissent et sont présents. » Volontairement, je ne lui pose pas de nouvelle question, j’essaie juste de rester douce comme à mon habitude, de l’inciter à me donner sa confiance. « Dites moi, je suis curieux de savoir vos hobbies : adepte au sport, mordue de cinéma ou d’autres choses ? Je vous imagine bien faire du footing pour vous évader et oublier les tracas de vos patients surtout ... » Je lui souris de nouveau, le laissant se lever pour se dégourdir les jambes. Beaucoup de mes patients ne tiennent pas en place, ne veulent sans doute pas rester inertes assis dans ce fauteuil à me laisser les regarder des minutes entières. « Je fais pas mal de sport oui, du jogging et du yoga pour l’équilibre. Et vous, vous êtes sportif ? Vous m’en avez tout l’air… » Il est bien bâti, grand et carré, il a l’air d’un athlète, de quelqu’un d’actif. « C'est à vous ? » me demande-t-il en prenant en main un bibelot trouvé sur une étagère. Je hoche positivement la tête. « Aussi, je suis quelqu’un de curieux ! » Je ris très légèrement lui répondant du tac au tac. « Ça nous fait un point commun ! » Je joue avec mon stylo, décroise mes jambes et les recroise dans l’autre sens. « Et si vous me parliez de vous un peu ? Pas forcément du sujet qui vous amène ici, ça pourra prendre du temps, je ne suis pas là pour vous forcer à quoi que ce soit ni même vous mettre mal à l’aise. Parlez moi d’un sujet qui vous passionne, quelque chose qui vous donne envie de partager avec les gens qui vous entourent, quelque chose dont vous êtes fier… » J’aimerai qu’il prenne conscience de ce qu’il a, ce qui le rend heureux malgré tout, plutôt que de se focaliser pour le moment sur ce qui le tracasse et le pousse à venir voir un psy.

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