Visite à l'improviste [Feat. Mia De Vecchio]

Voilà désormais quelques temps que Sasha s'était fait opéré. Son état semblait stationnaire, son moral était pas vraiment au beau fixe, mais il allait tout de même pas trop mal. Quant à ses douleurs, pour le moment il n'en sentait plus trop, ou du moins, beaucoup plus atténuées qu'auparavant. Même si cela gênait l'italien de l'avouer, Rayan avait eu raison d'insister, et Nina avait eu le dernier mot en finissant de le convaincre d'accepter l'opération.

En revanche, contrairement à ce qu'il avait promit à son neurologue, depuis son retour chez lui, Sasha était seul. Il arrivait que parfois la jolie rousse passe lui rendre une petite visite mais elle ne s'attardait jamais trop longtemps, non pas que ça dérangeait le sportif, simplement qu'il fatiguait très rapidement depuis son opération.

Les journées lui semblaient parfois longues, il lui arrivait de passer à la concession histoire de s'assurer que tout allait bien, mais pour le moment,
il ne gérait que la paperasse, il délaissait un peu le reste, tout en gardant un oeil sur son commerce. Mais pour le moment, il n'était pas en état de retourner travailler, c'était certain, et puis, il y avait tout de même une chose qui le mettait assez mal à l'aise, c'était le fait qu'il avait le crâne rasé.

Bien qu'il essaye d'en faire abstraction, il ne pouvait l'ignorer totalement, d'autant plus que même si elle était minime, la cicatrice sur son crâne était tout de même visible, assez pour que lui la voit en tout cas.

Aujourd'hui était une nouvelle journée qui débutait, pour Sasha, c'était simplement une copie de la veille. Seul chez lui, il passait son temps à lire ou bien s'occuper de l'administratif, mais en dehors de ça, il tournait rapidement en rond chez lui, sans visite, son moral en prenait tout de même un sacré coup.

Sasha ne pouvait pas le nier, ses journées lui paraissaient longues et interminables. Bien sûr qu'avoir un peu de repos lui faisait le plus grand bien, mais lui qui était habitué à toujours travailler, ça faisait comme un vide dans son quotidien, que de traîner chez lui sans pouvoir réellement faire quelque chose d'utile.

Appeler Nina ? Il y avait pensé, mais il refusait de l'inquiéter, alors même si sa solitude commençait à lui peser, il n'avait pas d'autre chose que de faire d'elle sa seule compagnie. En attendant, il arpentait les couloirs de sa villa sans but précis. Il faisait dix fois le même trajet comme pour simplement s'assurer qu'il était bien vivant, mais le moindre effort lui paraissait insurmontable, il était fatigué et ça se lisait sur son visage blême.

Il s'attendait à passer une soirée de plus seul, alors il s'occupait comme il pouvait. La télévision allumée en guise de fond sonore, son téléphone à portée de main si jamais il y avait un soucis à la concession, parce que malgré tout, l'italien n'avait pas l'esprit serein, il craignait pour son commerce et c'était normal. Un journal en main, il parcourait les articles de la matinée pour voir les nouvelles de la ville, en dehors de ça, sa journée devenait vite morose. Quant à son moral, il n'était pas au top de sa forme, ça c'était certain.

L'heure du dîner approchait, et d'ici quelques heures, il allait devoir se mettre au fourneau, la vérité c'est qu'il ne cuisinait plus depuis son ... opération. Ça le fatiguait et il n'en avait plus l'envie et à vrai dire, beaucoup de choses avaient changé depuis qu'il était revenu chez lui. Des choses qu'il n'aurait probablement jamais fait avant, ou au contraire, qu'il faisait et qu'il ne fait plus maintenant.

Mais perdu dans le flot de ses pensées, il fut sorti par une personne venant toquer à la porte de chez lui. Ayant pour habitude de revêtir un costume, depuis qu'il passait ses journées chez lui, il avait tendance à troquer sa tenue de travail contre un vulgaire tee-shirt ainsi qu'un jogging, c'est encore dans cette tenue qu'il se sentait le plus à l'aise. Restant un instant assit, pensant à du démarchage, il finit tout de même par se lever et aller ouvrir.

Quelle ne fut pas sa surprise en ouvrant la porte et en découvrant Mia. Cette femme qu'il avait rencontré lors d'une affaire et qui avait enquêté sur un de ses clients. Depuis, ils étaient restés en contact. Il lui arrivait parfois d'envier l'italienne quant à son travail, parce qu'il se demandait s'il avait bien fait de raccrocher son uniforme, mais dans son état, il serait tout simplement incapable de revenir sur le terrain, c'était certain.

" - Hey, qu'est-ce que tu fais là ?" fit-il en lui ouvrant la porte pour qu'elle rentre.

Durant son opération et les quelques malaises qu'il avait fait avant cela, le jeune italien était rarement chez lui. Quand ce n'était pas à la concession, c'était à l'hôpital et quand ce n'était pas l'hôpital, il était encore ailleurs. Il est vrai qu'il avait passé très peu de temps chez lui, ce qui expliquait que Mia se soit cassé le nez à plusieurs reprises en venant sonner chez lui dans l'espoir de le voir.

" - Oui je me doute, je suis désolé je n'ai pas été très présent ces derniers temps.."

Bien sûr que ce n'était pas uniquement de sa faute, mais même en temps normal, il avait tendance à accorder beaucoup plus de temps à son travail qu'aux personnes à qui il tenait vraiment, comme Mia, Nina ou même Anna. Il avait toujours eu cette fâcheuse manie de toujours tout gâcher quand il commençait à être heureux. D'ailleurs, c'est de cette façon qu'il avait rencontré Mia, lors d'un dîner "romantique", mais ça n'a jamais été plus loin. Est-ce parce qu'elle n'était pas à son goût ? Non, Mia est une très jolie femme, bien que plus jeune que lui. Le soucis n'était pas son physique, mais depuis son divorce, Sasha n'a jamais réussi à se donner dans une autre relation, l'image de son ex-femme est bien trop vivace dans son esprit pour laisser une autre femme prendre sa place.

Forcé d'admettre que sa santé n'était pas la meilleure, après avoir laissé rentrer la jeune femme, l'italien referma la porte en espérant retarder le plus possible ce moment où il allait devoir expliquer ce qui s'était passé, la raison de ses cheveux rasés et tout ce par quoi il était passé avant de pouvoir enfin fouler le sol de sa villa.

" - J'ai voulu essayé une nouvelle coupe, ça ne te plait pas ?"

Ouais son humour était assez douteux, mais c'est tout ce qu'il avait trouvé à répliquer sur le coup, bien que la situation ne prêtait pas du tout à rire.

" - Ce ne sont que des cheveux, ils finiront par repousser et je te promets que tu pourras ton rêve d'ici quelques temps." fit-il avec un semblant de sourire.

C'était toujours délicat pour l'italien d'aborder le sujet de sa santé. C'était un sujet sensible qu'il préférait éviter, surtout que Mia n'était au courant de rien, pas même du fait que quand ils s'étaient rencontré pour ce dîner, il pensait encore vivre quelques jours de plus, mais rien de très convainquant.

La suivant jusqu'au canapé, le bras de Mia autour du sien, il finit par s'avouer vaincu et s'installer à l'endroit où il était plus tôt. Avant que la sonnette ne retentisse en fait.

" - Des choses à te dire ? Et bien écoute oui, mon ex-femme est revenue en ville avec son nouveau compagnon, la concession marche assez bien. Enfin dans l'ensemble je n'ai pas à me plaindre."

Sasha savait qu'il jouait à un jeu dangereux, Mia n'était pas flic pour rien, elle savait déceler les personnes qui mentaient et l'italien ne sortait qu'un tissu de mensonges depuis que son amie avait franchie la porte de chez lui.

Sasha n'avait jamais été très bavard lorsqu'il s'agissait de parler de lui, de ses sentiments, de ses émotions. Il avait toujours tout gardé en lui. C'était ça son véritable problème, il était incapable de communiquer correctement avec les personnes à qui il tenait, d'ailleurs Anna le lui avait dit, après lui avoir annoncé qu'elle tirait un trait définitif sur leur histoire maintenant qu'elle avait Brendon. Est-ce que Sasha acceptait la situation ? Il avait énormément de mal à s'y faire, c'était comme si son monde venait de s'écrouler. Mais il allait devoir avancer d'une manière ou d'une autre, de préférence sans vider une bouteille d'alcool pour éviter de finir complètement ivre. Il en venait même à regretter de s'être fait opéré pour rester en vie, il aurait préféré mourir et ne pas avoir tout ça à vivre.

" - Oh je sais que tu en aurai été capable, mais n'oublie pas, je suis majeur et que rien ne m'oblige à donner de nouvelles."

Sur les procédures, Sasha en connaissait pas mal, après tout même s'il n'était pas resté très longtemps, il avait tout de même travailler en tant que flic, il connaissait leur façon de progresser et, s'il décidait de partir, il serait sans doute apte à passer au travers les mailles du filet.

" - Je suis déçu qu'elle ne te plaise pas, je me suis dis que c'était à la mode que ça m'irai bien comme coupe, faut croire que je me suis trompé."

La vérité il le savait, c'est que Mia n'était pas dupe, elle savait pertinemment que tout cela n'avait rien à voir avec la véritable raison du pourquoi il est ainsi aujourd'hui, mais il espérait simplement qu'elle prenne part au jeu et qu'elle ne lui pose d'autres questions. Demander de ne pas poser de questions à un flic, c'est un peu paradoxal quand même.

Finalement elle voulait savoir, alors l'italien lui raconta sa vie. Ses retrouvailles avec son ex-femme, sa concession qui marchait plutôt bien. Est-ce que ça allait prendre et permettre à Mia d'oublier sa véritable première question ?

" - L'état dans lequel je suis actuellement, elle y ai pour quelque chose, mais bon on va pas tergiverser sur ce sujet, j'ai pas spécialement le coeur à l'aborder en ce moment même.. En revanche, pour la coupe de cheveux, elle n'y ai pour rien tu as raison."

C'était pourtant simple à lui expliquer, il avait frôlé la mort et aujourd'hui il pouvait vivre de nouveau, bien qu'il regrettait amèrement son choix, mais.. Il n'arrivait pas à le dire, comme si son cerveau bloquait ses mots.

" - Tu vas me faire quoi ? Tu vas me torturer comme la CIA avec une serviette imbibée d'eau ?"

Durant un instant il y croyait, Mia était tellement passionnée par son boulot qu'elle serai capable de beaucoup pour faire parler quelqu'un, mais là c'était différent, Sasha n'était pas entendu dans une affaire de meurtre ou quelque chose du même acabit, il était simplement détruit et cherchait du réconfort et du soutien comme il le pouvait.

" - Faut pas te donner tout ce mal, t'aurai attendu quelques temps et si une personne ne m'avait pas poussé à me faire opérer, je serai probablement plus là pour t'en parler aujourd'hui."

Voilà c'était avoué, enfin à demi-mot bien évidemment. Ce serait bien trop simple de tout avouer de but en blanc sans faire de sous-entendus.

Sasha jouait avec le fei et il le savait, Mia est un très bon élément dans son métier et il ne lui faudrait pas longtemps avant qu'il craque pour lui dire toute la vérité. En attendant, l'italien se contentait de tourner autour du pot comme pour lui donner plus de temps pour réfléchir à comment aborder le sujet. Il cherchait les bons mots. Les mots justes afin de ne pas inquiéter son ami, il n'y avait plus de raison de s'inquiéter, enfin en tout cas, pas qu'il sache.

" - Si on étaient pas amis tu sais très bien que tu n'aurais jamais passé le seuil de cette porte."

Bien sûr que Sasha aimait être seul, sa solitude était une chose à laquelle il tenait, devoir dépendre de quelqu'un n'était vraiment pas dans ses prévisions. Mais le jeune sportif pouvait tout aussi bien accueillir ses amis chez lui pour quelques temps. Il l'avait bien fait avec Nina quand elle était perdue et qu'elle avait besoin de repères, ce n'était pas un sauvage, mais simplement il aimerait préserver son chez-lui, son intimité. Et puis avec Mia ce n'était pas pareil, leur rencontre c'était fait dans d'autres circonstances plus "romantiques" même s'il avait refusé de poursuivre à cause de son ex-femme une fois de plus. S'il avait poursuivi, est-ce qu'aujourd'hui ils seraient en couple et heureux ? Il ne le saura probablement jamais.

Par la suite, le jeune homme continuait ses traits d'humour concernant sa coiffure. Est-ce qu'il en était satisfait ? Comme Rayan lui avait dit, ce ne sont que des cheveux, même s'il n'était pas habitué à en avoir aussi peu, lui qui d'habitude à une touffe assez conséquente. Mais il ne formalisait vraiment sur sa coupe. De toute manière, il n'avait pas eu le choix, il fallait qu'il soit rasé pour l'opération.

Revenant à un sujet un peu plus sérieux, il lui avoua que finalement son ex-femme était en partie responsable de son état, mais pas entièrement.

" - Tu crois pas si bien dire."

Il préférait en rire, mais au fond, il avait le coeur en miettes, il était totalement perdu et baissait les bras concernant son avenir. Il y a encore quelques mois il ne pensait même pas encore être vivant, et aujourd'hui qu'il a la vie devant lui, il est incapable de la prendre en main et de tourner définitivement la page du passé qui le rongeait.

" - J'ai jamais bossé avec eux et j'en suis très content, je ne suis pas sûr que j'aurai été capable de les laisser faire mumuse avec un suspect de la sorte."

Mais ce n'est pas pour autant que Sasha ignorait les méthodes qu'employait la CIA, la torture de suspects n'était plus un secret pour qui que ce soit.

Légèrement surpris quand elle saisit ses mains, l'italien lui adressa un sourire désolé. Pourquoi il n'avait rien dit ? Parce qu'il se bornait à penser qu'il pouvait tout faire tout seul et qu'il n'avait pas besoin d'aide. N'empêche que si Nina n'avait pas été là quand il s'était écroulé chez elle, il serait peut-être enfermé dans une boîte aujourd'hui. Il avait pris conscience de certaines choses bien que c'était difficile de l'avouer. Caressant le revers de la main de la jeune femme avec son pouce, il se sentit soudain coupable de l'avoir mise à l'écart, mais il avait mis tout le monde à l'écart, sauf Nina..

" - Je.. J'en sais rien.. Je pensais que je pouvais y arriver seul, ça faisait des années que je vivais avec ça, mais.. Ça s'est empiré et je n'avais pas d'autre choix. C'était soit l'opération soit la morgue.."

De loin le choix était vite fait, mais il avait eu énormément de mal à prendre une décision.

" - Puis, je ne voulais pas t'inquiéter pour rien non plus.."

Ça c'est un peu l'excuse de facilité, rien que pour ça, il aurait le droit à une gifle. Il est parfois de très mauvaise foi, surtout quand il s'agit de lui et de sa santé.

" - Mais tout va bien maintenant, tu n'as plus de soucis à te faire." fit-il en passant sa main sur la joue de la policière tout en lui adressant un sourire se voulant rassurant.

Beaucoup de choses s'était passé dans sa vie récemment, plutôt que de partager ses soucis, il avait décidé de faire cavalier solitaire comme il le faisait bien trop souvent. Nina était au courant de certaines choses, mais il gardait tout de même son jardin secret, plus par peur de se dévoiler entièrement que parce qu'il n'arrive pas à se confier. Il a toujours agit de la sorte, alors essayer de chasser le naturel n'est pas chose aisée.

Il va de soi que Sasha voit Mia comme une amie, pendant un temps, il aurait pu espérer avoir plus qu'une simple amitié, mais comme toujours, il avait refusé d'être heureux parce que le souvenir de son ex-femme trottait dans son esprit. Il aurait peut-être pu, à vrai dire, il n'en savait rien, peut-être que la jolie brune n'aurait pas voulu aller plus loin. Il ne le saura probablement jamais puisqu'ils n'avaient pas abordé le sujet, se contentant de cette amitié entre eux.

Le jeune italien finit par se confier concernant ce qui le mettait dans un tel état, il y avait Anna, c'est un fait, mais elle n'était pas responsable de tout ce qui lui était arrivé. L'opération était la plus grosse partie et comme il s'y attendait, Mia lui en voulait quelque peu de l'avoir tenu à l'écart. Il aurait pu, mais il savait ce qu'était son travail, elle avait beaucoup à faire, elle ne devait pas avoir énormément de temps libre, alors il ne voulait pas lui prendre le peu de temps qu'elle avait pour penser à elle et se reposer. Il aurait peut-être dû après tout.

" - Si seulement j'étais qu'idiot.."

Il savait qu'il avait beaucoup de défauts, notamment son côté secret et mystérieux, son incapacité à parler de ce qu'il ressent, à faire preuve de ses émotions et la liste est encore longue !

" - Justement, tu passes tes journées à vivre des choses comme ça, je n'ai pas voulu en rajouter. Tu avais sans doute d'autres choses à penser plutôt que de t'occuper de moi, puis, je refuse d'être un boulet pour qui que ce soit.."

Il avait dit la même chose à Nina parce qu'il le pensait réellement. Il avait toujours été très autonome et solitaire, le fait de devoir dépendre de quelqu'un le rendait malade, et le fait d'empêcher Nina ou même Mia de vivre sa propre vie à cause de lui, il en était hors de question. L'italien n'était pas du genre très tactile en temps normal, mais avec Moi comme avec Capucine, il avait une certaine facilité à se montrer ainsi. La preuve, il venait de poser sa main sur la joue de la brunette afin de la rassurer.

" - Je vais bien, tu n'as pas de soucis à te faire pour moi."

Au fond c'était faux, il le savait mais il refusait de se plaindre pour avoir une quelconque pitié ou même passer pour quelqu'un qui se plaind en permanence. Son regard resta planté dans celui de son amie, tout en détaillant légèrement son visage. Pourquoi n'avait-il pas su passer au-dessus de la souffrance de son divorce pour tenter quelque chose avec Mia ? C'est une femme bien et elle aurait peut-être pu le rendre heureux et lui faire oublier définitivement son coeur brisé. Il ne pouvait pas le nier que Mia avait ce pouvoir que d'autres femmes n'ont pas sur lui, elle a du charme et il n'a pas été capable de saisir sa chance quand il avait l'occasion.

" - Bon et toi alors, le boulot, les amours, la santé ? Tout va bien ?"

Valait mieux changer de sujet pour que la jeune policière ne se doute pas de ce qui lui passait par la tête, et surtout qu'elle ne remarque pas son regard un peu trop insistant sur son visage et plus particulièrement, sur ses lèvres.

Sasha avait toujours eu un comportement assez solitaire, peut-être le résultat de ses années à l'armée, peut-être le résultat de sa "maladie" de laquelle il s'était finalement tiré. En fait il avait toujours été ainsi, garder les choses pour lui était son quotidien, il n'avait pas pour habitude de se plaindre et encore moins de se confier à quelqu'un. Par peur d'être jugé ? Par peur de passer pour un faible ? Aucune idée, le tout étant qu'il préférait affronter les épreuves seules, même les plus difficiles plutôt que de devoir faire appel à quelqu'un.

Il savait que certaines personnes comme Mia ou même Nina pourraient répondre présentes s'il avait besoin de parler, mais il avait sans cesse l'impression d'entraver leur vie, de devenir un boulot en plus des soucis que les autres rencontraient, alors pour éviter tout cela, il préférait ne rien dire et faire comme si tout allait bien, même au moment où il avait frôlé la mort.

C'était d'autant plus vrai avec la brunette, parce que dans son travail, elle devait en voir beaucoup des cas et pas forcément des choses plaisantes, et clairement il ne se voyait pas en rajouter une couche alors que pour lui, c'était un combat en solitaire, il ne voulait impliquer personne. Et puis, il savait ce que ça impliquait d'être flic, certes il n'avait pas été dans la section où Mia travaillait, mais ça n'empêche qu'il avait déjà eu un aperçu du travail devait fournir, et il ne voulait pas interférer dans celui-ci même si sa vie en dépendait. Pour Mia, son travail c'était sa vie, et Sasha l'avait bien compris.

Il pencha la tête sur le côté au moment où Mia lui dit qu'il n'était pas un boulet. Il est vrai que si ça avait été le cas, la jeune femme n'aurait pas pris de pincettes pour le lui dire ou tout du moins le lui faire comprendre. C'est ça aussi qu'il aimait chez elle, son franc parlé, ce n'était pas quelque chose qui plaisait à tout le monde, encore moins dans son boulot, mais c'était mieux d'avoir une personne franche plutôt qu'une personne qui est hypocrite et ne dit pas les choses en face.

Un signe de tête pour faire comprendre à son amie que oui, il savait qu'elle était, qu'il pouvait l'appeler, mais on en revenait toujours à la même chose, Sasha n'était pas habitué à téléphoner à Pierre, Paul ou Jacques dès qu'il ne va pas bien, c'est plutôt le contraire. Mais bon, il allait essayer de faire des efforts, ce n'était pas gagné d'avance, mais il allait essayer.

" - Je sais.."

C'est sûr qu'il y a pas de honte à demander de l'aide à ses amis lorsque ça ne va pas, il en était conscient, mais Sasha se souvenait sans cesse des paroles de son oncle. "Tu n'es qu'un bon à rien", "T'es faible", "T'arrivera à rien dans ta vie de minable" et tout un tas de paroles similaires qui n'ont servi qu'à ôter toute confiance en lui au gamin qu'il était, qui l'ont rabaissé au quotidien jusqu'à temps que l'italien mette fin à ce calvaire. Alors forcément pour lui, demander de l'aide, c'était être faible, les paroles de son oncle était ancrées dans son esprit, comme acquises alors qu'au plus profond de lui-même il savait que c'était faux, mais impossible d en démordre.

" - Je suis persuadé que tu trouveras un homme qui saura t'accepter pour ce que tu es et pour ton travail, peut-être que lui te donnera un second rendez-vous."

Il ne put s'empêcher de rigoler, bien évidemment il faisait référence à leur premier rendez-vous auquel il n'avait pas donné de suite.

" - Peu importe les affaires, tu risques de te prendre une balle n'importe où, alors ce n'est pas vraiment ce qui va me rassurer." fit-il en haussant les sourcils.

Dès lors qu'on a un gilet par balle, ça veut bien dire que l'on risque sa vie et c'était pour cette raison, que ce métier tenait à coeur à Sasha à l'époque. Il voulait sauver des vies au péril de la sienne, mais les choses avaient bien évolué depuis, il ignorait s'il serait capable de retourner dans les forces armées.

" - Encore des histoires avec lui ?"

Sasha ne savait pas en détail ce qui se passait entre son père et elle, mais il savait leur relation très tendue, il n'avait jamais osé s'en mêler, parce qu'il jugeait que ce n'était pas ses affaires sauf si Mia décidait de lui expliquer en détails ce qui se passait entre eux.

Sasha n'avait jamais été un adepte du fait de demander de l'aide, peu importe s'il s'agissait d'amis ou non, il avait toujours appris à se débrouiller seul depuis sa plus tendre enfance. Il était bien conscient que ce n'était pas forcément une bonne chose, mais c'était sa façon d'agir. Le seul moment où il savait que l'aide était son meilleur allier, c'était quand il était dans l'armée, ces coéquipiers étaient ses frères d'armes, sa seconde famille, ou plutôt sa seule famille.

Depuis son retour à la vie normale, l'italien s'était peu à peu enfermé dans sa bulle, abandonnant tout ce qui se trouvait autour de lui et n'osant pas demander d'aide lorsqu'il en avait besoin, c'est la raison pour laquelle, il avait affronté cette épreuve seul. Enfin pas totalement seul, Nina l'avait accompagné. Cette gamine avait un impact sur lui qu'il ne pouvait pas contrôlé, d'ailleurs c'était très déstabilisant pour lui.

Afin de changer de sujet, il mit son amie au centre de la discussion afin de savoir comment elle allait, elle. La réponse ne tarda pas à se faire entendre. Le boulot c'était toujours pareil, il savait que Mia vivait pour son métier et il ne pouvait pas le lui reprocher, fut un temps il avait été comme ça aussi. Peut-être que s'il avait poursuivi dans cette branche, il aimerait toujours autant ce métier, mais ce n'est plus vraiment le cas, il n'était plus aussi enclin qu'il avait pu l'être quand il avait travaillé en tant que flic plusieurs années auparavant.

" - Mais non, tu trouveras j'en suis persuadée, il est vrai qu'avec ce métier là je n'ai pas facile, mais il suffit de voir toutes les qualités que tu as."

Probablement que si Sasha n'avait pas eu le fantôme de son ex-femme au moment où Mia et lui s'étaient rencontrés et avaient dîner ensemble, il aurait essayé d'obtenir plus qu'un simple rendez-vous, mais il ne l'avait pas fait. Ce n'est pas pour autant que Mia ne méritait pas de rencontrer un homme capable de la rendre heureuse. Elle avait tout pour plaire, mais être flic pouvait être un frein dans ce type de relation. Comme le fait d'être militaire, pompier ou ce genre de métier où les personnes passent leur temps à risquer leur vie pour sauver celles des autres.

Il comprenait que Mia commence à se lasser des rencard qui n'allaient pas plus loin, elle avait beau être plus jeune que lui, ça ne l'empêchait pas d'avoir envie de fonder sa propre famille tout comme l'italien.

Les risques de son métier étaient importants et Sasha ne pouvait les négliger, il savait parfaitement ce qu'il en était pour avoir travailler dans cette branche, voilà pourquoi il avait tendance à s'inquiéter en permanence pour la jolie brunette. Elle le rassura en lui disant qu'elle avait un coéquipier sur qui elle pouvait compter. Il ne remettait pas ses paroles en doute, mais lui aussi avait eu un coéquipier qui le protégeait, jusqu'à ce qu'il se fasse tuer à sa place.

" - J'ai jamais compris les parents qui veulent absolument que leurs enfants fassent tel ou tel métier, je trouve ça complètement idiot d'obliger une personne à faire un métier qui ne lui plaît pas. De toute façon, maintenant il n'a plus le choix, il doit l'accepter, et si ce n'est pas le cas, je crois qu'il va quand même devoir s'y faire étant donné que tu n'es pas prête de changer de métier." fit-il en souriant.

Mia était une tête de mule, il le savait et ce n'est certainement pas les remarques de son père qui allaient changer quelque chose dans sa passion qu'elle vivait au quotidien. Et elle avait bien raison de ne pas s'y soumettre. Elle avait l'âge de vivre sa propre vie comme elle l'entendait.