L'heure de vérité [Feat. Anna Castelli]

Depuis leur échange de message la veille, Sasha n'avait pas cesser de congiter. Qu'est-ce qu'Anna avait-elle bien de si important à lui dire ? Que voulait-elle mettre à plat ? Lui dire qu'elle ne voulait plus entendre parler de lui et qu'elle voulait qu'il quitte définitivement sa vie ? C'était une probabilité comme une autre. Bien que l'italien espérait fortement que ce ne soit pas de ça dont elle veuille parler avec lui.

En attendant, le sportif était encore un peu chamboulé par sa récente opération, le jeune homme était encore un peu fatigué et ne travaillait pas tous les jours, afin de se reposer. En apparence, rien ne changeait réellement, d'ailleurs, les personnes qui le croisaient dans la rue ne pouvaient se douter de ce qu'il avait enduré et même qu'il avait frôlé la mort s'il s'était obstiné à refuser l'opération une nouvelle fois. La seule chose qui clochait encore, c'était ses cheveux qui repoussaient lentement.

Le jeune homme s'était questionné une bonne partie de la journée avant de finalement se décider d'opter pour une tenue assez simple, une chemise à carreau ainsi qu'un jean. Avait-il pensé à ne pas aller au rendez-vous ? Non, malgré le fait qu'il appréhendait la discussion qu'il allait avoir avec son ex-femme, il allait sans doute apprendre des choses qui lui permettraient peut-être de tourner définitivement la page sur leur histoire. Bien Que ce n'est pas ce qu'il espérait mais si Anna le lui demandait, alors il le ferai.

En route pour se diriger vers l'adresse du café qu'elle avait mentionné sur ses messages, Sasha n'était pas réellement attentif à la route comme il aurait dû l'être. Heureusement, il se gara devant l'établissement sans avoir eu d'accrochage. Sortant de sa voiture, il se dirigea vers l'intérieur du café. Un coup d'oeil à sa montre lui montra qu'il avait un peu d'avance, peut-être que son ex-femme était déjà présente dqns l'enceinte de l'établissement. Sasha était effrayé par cet inconnu, il ne savait pas de quoi il était question et, il ne cessait de se demander ce qui allait advenir de leur rendez-vous.

J’ai longtemps attendu avant de faire le pas de contacter Sasha. En faite, j’avais besoin de mettre les choses à plat de mon côté pour savoir où j’en étais – de prime abord, avant de découvrir ce que je voulais vraiment. Et la vérité c’est que j’ai de plus en plus l’impression de m’être fourvoyé au cours de l’année qui vient de s’écouler. J’ai rejeté mon homme – n’ayons pas peur du mot, pour un ex-mari que j’imaginais pouvoir récupérer pour repartir de zéro mais, la situation est très loin d’être aussi idyllique que je la rêvais. En même temps, faut-être un peu conne pour se convaincre qu’un mariage soldé en divorce peut renaître de ces cendres sept années plus tard. Je ne suis pas Enrica – mon personnage de rôle play. Je ne suis pas dans une fiction où – à l’aide d’une autre joueuse tout autant romantique que moi, je peux effacer toutes nos différences avec quelques sujets écrit en ce sens. Non. La réalité est bien plus complexe, pour ne pas dire incertaine, et c’est dans cette optique que je lui ai donné rendez-vous au café. J’ai besoin de me faire une idée précise de l’avenir qui nous attend, tout les deux. Or, en chemin, je ne cesse de repenser aux mots qui ont étaient écrit sur nos sms, au fait qu’il estime que nous n’avons plus rien à nous dire. Pire. Je n’arrête pas également de songer à Brendon. Je me sens honteuse à l’idée de revoir mon ex-mari. Surtout depuis ce que nous avons vécus dans notre salle de bain lundi dernier. A plusieurs reprises je suis tenté de faire demi-tour pour trouver d’avantage une solution à ma carrière professionnelle que je fous en l’air, que ce mariage mort depuis sept ans. Non. A plusieurs reprises je suis tenté d’envoyer un sms à mon compagnon pour lui demander comment il va, ce qu’il fait, où simplement lui confier qu’il me manque. Oui. Depuis cette étreinte, il me manque en permanence. Bon sang. Soudainement hésitante sur ma volonté de rencontrer Sasha au café, je m’arrête dans la rue pour sortir de mon sac à main mon Iphone. Dans la liste des contacts, je jongle entre Brendon et Sasha. Je jongle entre un message visant à me rassurer, et un message visant à tout annuler. Finalement j’opte pour Brendon a qui j’envoi un texto. Un message remplie de tout l’amour qu’il me semble lui porter, et qui lutte en permanence contre celui que j’adresse encore à Sasha. Lorsque c’est fait, je me dirige vers le café où j’entre totalement angoissée. Et cela ne s’améliore pas lorsque je découvre Sasha assit à une table. Je jette un œil à ma montre et je constate qu’il est autant en avance que moi. Peut-être a t’il eu peur de te louper ? Peut-être. Inspirant un grand coup, je me dirige vers lui. « Bonjour. » Dis-je nerveusement avant de préciser. « Tu es en avance. » Ce n’est pas un reproche, juste une constatation pour lancer la conversation. Je prends d’ailleurs place en face de lui.

Malgré les nombreuses questions que l'italien ne cessait de se poser depuis leur échange de messages, il ne trouvait aucune réponse à tout cela. Sasha ne sait pas vraiment comment réagir face à cette situation. Anna, cette femme avec qui il se voyait finir ses jours avait fini par demander le divorce, par sa faute. C'était le seul responsable, il n'avait pas su être là quand sa femme en avait besoin, et aujourd'hui, il croyait vraiment que quelque chose pouvait changer les remords qui l'animait ? Non, il allait devoir vivre avec et s'y habituer, bien qu'il n'avait pas eu le choix depuis sept ans.

Les choses semblaient désormais différentes, Anna était heureuse avec Brendon, quant à lui, il espérait toujours quelque chose sans réellement savoir. C'est doute pour cette raison qu'il n'a jamais eu la force de retirer son alliance. Signe de son amour pour la brunette. Quant à son domicile, oui il n'a pas honte d'avouer qu'il a toujours une photo de la jolie jeune femme et de lui à l'époque où ils étaient encore heureux, à l'époque où tout allait bien. Ils avaient parcouru beaucoup de chemin tous les deux depuis.

Sasha avait échappé à la mort et Anna avait laissé un autre homme entrer dans sa vie, alors inutile de se faire une fausse joie, si elle avait demandé au sportif de venir ici, ce n'était pas pour recoller les morceaux, c'était certain. Mais au fond, il l'aimait encore tellement que si elle lui demandait de quitter la ville, il serait prêt à le faire, pour elle, pour son bonheur.

Finalement il fut interrompu dans le cours de ses pensées lorsqu'une personne arriva derrière lui. Cette voix il pouvait la reconnaître parmi des centaines. Anna. Il se retourna et lui adressa un fin sourire, faire bonne figure était plus difficile qu'il ne l'aurait pensé.

" - Bonjour."

Il sourit à la remarque de son ex-femme, avec le temps qu'ils avaient passé ensemble, elle aurait dû savoir qu'il avait horreur d'arriver en retard. Sasha à a toujours été quelqu'un de ponctuel. Il déteste arriver en retard.

" - Comment vas-tu ? Et Brendon ?"

Oui, il se sentait coupable du malaise de la dernière fois, il ne se pouvait s'en prendre qu'à lui, s'il n'avait pas agit de la sorte, Brendon ne se serait peut-être douté de rien, mais rien ne s'était passé correctement.

" - Tu veux voire quoi ?"

Il ne lui demandait pas son avis quant au fait que c'est lui qui l'invitait, il avait toujours été comme ça que voulez-vous. Et puis, ça lui évitait de penser à la réelle raison pour laquelle elle l'avait fait venir ici.

Sasha sourit. C’est un bon début, je pense. Du moins, pour éviter une dispute qui aurait du normalement éclaté il y a sept ans quand j’ai fais la morte suite à ma demande de divorce. Prenant place en face de lui, je lui réponds courtoisement. « Je vais bien, merci. » Je dépose mon sac à main à mes pieds avant de croiser mes jambes sous la table. « Quant à Brendon, il va beaucoup mieux que la dernière fois que tu l’as vu. Je te remercie de t’en soucier. » En tant qu’ami je suppose que c’est normal. Enfin. S’ils le sont toujours puisque depuis la visite à sa concession, je ne pense pas que l’un ou l’autre ait pris la peine de s’appeler. Inutile que tu te demandes pourquoi. Effectivement. Les amitiés masculines survivent très rarement lorsqu’une femme se trouve entre eux mais, Sasha a l’air – contrairement à moi – d’avoir réussie à tirer un trait sur notre mariage raté. Il porte une alliance que je suppose être celle que lui a offert une autre femme et, il n’a pas l’air bien malheureux. Peut-être fatigué, à la rigueur. D’ailleurs, en l’observant, un détail attise ma curiosité. Il a les cheveux particulièrement rasés à un endroit, comme des suites d’une opération. Aurait t’il eu des complications avec les impacts qu’il avait dans le crâne ? C’est la question que je m’apprête à lui poser lorsqu’il me demande ce que je désire boire. « Hum… » Je regarde rapidement la petite carte sur la table, face à moi, avant de lui annoncer. « Un jus d’orange ça sera parfait. » La caféine ne risque pas de calmer mon angoisse, et l’alcool à cette heure-ci il est préférable que j’évite. « Dis-moi. Et toi, est-ce que tout va bien ? Niveau santé – j’entends. » Je ne peux pas m’empêcher de croire que sa santé c’est détérioré en sept ans. « Tu m’as l’air très fatigué et… » Je pointe brièvement du doigt son crâne pour signaler ce que j’ai remarqué plus tôt. Ce n’est pas évident dans ma position de me montrer aussi curieuse sur le sujet. Il y a bien longtemps que j’ai perdu le droit de me mêler de sa vie – sur n’importe quel plan. D’ailleurs, je m’attends à ce qu’il me dise que cela ne me regarde plus. Au cas où, j’amorce un autre sujet pour éviter un silence gênant, pesant. « Merci d’avoir acceptée cette entrevue et d’y être venue. Je sais que tu as le sentiment que tout a été dit entre nous il y a sept ans mais… enfin merci. » Je ne vais pas directement vider mon sac. Cela serait malpoli. Je me contente donc de lui sourire chaleureusement alors qu’un serveur prends nos commande.

Sasha se faisait toujours du soucis pour les personnes à qui il tenait. En l'occurrence ici, Anna en priorité et Brendon par la suite. Mais si son ami avait compris son petit manège, alors il était certain qu'il ne vendrait ni voiture ni quoique ce soit d'autre à cet homme qui allait sans doute l'éloigner le plus possible de son ex-femme, et il aurait totalement raison au fond.

L'italien n'a jamais été du genre à s'accrocher à quelque chose très longtemps, mais malgré leur divorce il y a sept ans, la culpabilité le ronge, parce qu'il a l'impression que quelque chose s'est terminé avant de réellement commencer, mais de toute façon, ce n'est ni le lieu, ni le moment d'aborder ce genre de sujet.

Après s'être assuré que les deux amoureux allaient bien, Sasha interpelle un serveur afin de commander un jus d'orange à son ex-femme. Étrange comme coïncidence, il ne buvait quasiment que ça lui aussi, bon en même temps, l'alcool lui était très fortement déconseillé et encore plus depuis son excès magistral d'il y a quelques mois où il n'avait trouvé d'autres solutions que de noyer sa peine dans l'alcool. Heureusement qu'Anna ne l'avait pas vu dans cet état, elle ne l'aurait probablement pas reconnu. Avec le recul, il avait honte d'avoir agit de la sorte, mais ce qui est fait est fait de toute façon.

Quelques minutes plus tard, le jus d'orange arrive sur la table, apporté par le serveur. Et la conversation reprend de plus belle sur un sujet dont Sasha aurait aimé ne pas aborder. Non pas qu'il jugeait que ça ne regardait pas Anna, simplement qu'il n'aimait pas se plaindre ou même parler de lui-même. Mais il lui devait bien ça. Après tout, n'étaient-ils pas là pour "mettre les choses à plat" ? C'est ce qu'avait dit la brunette lors de leur échange de message.

" - Je.. En fait.."

La simple présence de la brunette n'aidait pas Sasha qui était toujours aussi déstabilisé par son physique et sa prestance, et le sujet était loin d'être facile à évoquer pour lui.

" - Je me suis fait opéré il y a quelques temps suite à mes éclats de balle.. Suite à un énième malaise où j'ai failli y rester, mon neurologue m'a dit qu'il fallait opérer tout de suite ou alors jamais. Les éclats s'étaient déplacés et les risques étaient moindres.."

Il omit volontairement les détails de tout cela avant qu'il n'en arrive à l'opération. Ces mois interminables de guerre avec son neurologue pour savoir si c'était oui ou non une bonne décision. Jusqu'à ce jour où il n'avait plus vraiment eu le choix, Nina l'avait aidé à faire le bon choix pour sa survie.

" - Mais ça va.."

Enfin, du moins, il essaye d'aller bien. Et comme à son habitude, un simple sourire pour cacher da peine se dessine sur ses lèvres face à son ex-femme. L'inquiéter ne fait pas parti de ses projets, elle a sans doute plus important à faire. Et d'ailleurs en parlant de ça, il aborda le sujet pour lequel ils étaient réunis.

" - Tu m'as demandé de venir, je suis venu, je vais t'épargner le discours de ce que je serai prêt à faire pour toi car il est totalement déplacé.. Tu as donc dit que tu voulais mettre les choses à plat, je suppose donc que tu as des choses à me dire."

Lui aussi avait énormément à lui dire, comme le fait qu'elle lui manquait au quotidien, qu'il aimerait qu'elle revienne vivre avec lui et qu'ils se redonnent une seconde chance. Mais tout cela est tout simplement irréel, Sasha devait affronter la vérité en face, et la vérité présente faisait très mal : son ex-femme heureuse avec un autre homme que lui. Égoïste ? Non il ne l'était pas, simplement après sept ans de vie commune, il avait l'impression qu'il avait pu la rendre heureuse, alors quand il l'avait vu agir sorte avec Brendon, il a compris qu'il n'avait jamais su la combler comme elle le désirait, c'était ça le plus dur à accepter.

 
Je commence à me dire que ce rendez-vous c’était une mauvaise idée. Pire. Je commence à me faire la remarque que j’aurais dû opter pour la solution que j’envisageais dans la rue, en prenant la direction de ce café. C’est à dire ? Envoyer un sms à Sasha pour m’excuser de mon absence, puis annuler cette entrevue. Tu n’es pas contente de le voir ? Pas exactement, non. Maintenant que nous sommes face à face, que je prends conscience de mes erreurs, je me rends compte qu’il aurait sans doute mieux valut que l’on ne se revoie jamais. Je ne te comprends plus. Depuis presque un an tu n’as pas arrêté de te dire que l’homme de ta vie, c’était lui. Qu’est ce qui a changé ? La réalité m’a rattrapée. Au cours de nos retrouvailles à la concession, elle m’a démontré que dans cette histoire, j’attribuais les rôles aux mauvais personnages. Que je prêtais des sentiments à une personne qui n’en ressentait peut-être plus, quand j’en ôtais à celle qui n’attendait que l’occasion de me les démontrer. C’est con à dire mais, je crois qu’il m’aura fallut la crise émotionnelle de Brendon pour m’ôter ces putains d’œillères que je m’obstinais à porter. Alors c’est finit Sasha ? Tu ne l’aimes plus ? Plus comme je l’imaginais, je pense. Je l’aime toujours pour son rôle de premier amour mais, je doute que cela soit semblable à celui que je voue pour l’homme qui partage ma vie. Bien. Que faisons-nous ? On se lève pour partir ? Non. Il y a toujours des points que je désire aborder à notre sujet. Des sujets qui me semblent essentiels à ma guérison. Car oui, même si je donne le sentiment d’être une femme heureuse, parfaitement équilibré, je traine un paquet de traumatismes depuis des années. Si je ne les soigne pas, je n’arriverais jamais à avancer. Alors, malgré le silence pesant qui s’installe entre nous, je ne bouge pas de ma chaise. Non. Je profite d’ailleurs de cet instant pour répondre à mon téléphone en m’excusant auprès de Sasha. Je souris aux sms de Brendon. Savoir qu’il envisage de jeter son téléphone à la figure de l’un de ces collègues est très amusant. Je lui déconseille toutefois de le faire. Rangeant mon Iphone dans mon sac à main, je remercie le serveur qui m’apporte mon jus d’orange, lorsque Sasha se décide enfin à me répondre au sujet de sa santé.

_ Je… En fait…, Je fronce les sourcils. Qu’il y a t’il de si gênant à me parler de sa santé ? Aurait t’il une grave maladie ? C’est bien ce qui m’inquiète au vu de son hésitation à me parler. _ Je me suis fait opéré il y a quelques temps suite à mes éclats de balle. Suite à un énième malaise où j'ai failli y rester, Je vois. Cela ne me rassure pas d’avantage. _ Mon neurologue m'a dit qu'il fallait opérer tout de suite ou alors jamais. Les éclats s'étaient déplacés et les risques étaient moindres.
_ Si je comprends bien, tu as failli… Mourir. Voilà le mot que je n’arrive pas à prononcer tout haut.
_ Mais ça va…
_ Vraiment ?

Il ne me donne pas l’impression d’aller aussi bien qu’il aimerait me le faire croire. Peut-être est-ce le contrecoup de son opération ? Il est vrai qu’il n’est jamais anodin de passer sur le billard – comme on dit. Enfin. J’espère qu’il ne me ment pas sinon je le prendrais très mal. Pour quelqu’un qui ne l’aime plus, ce serait excessif. Je n’ai pas dis que je l’aimais plus. J’ai dis que je ne l’aimais peut-être plus comme je l’imaginais. Il y a une nance. Cela ne m’empêche pas de me faire du soucie pour sa santé, au même titre que je m’en fais en permanence pour Brendon depuis sa crise, et que je n’apprécierais pas qu’on me laisse entendre que tout est beau dans le meilleur des mondes.

_ Tu m'as demandé de venir, je suis venu,
_ Effectivement. Et je t’en remercie.
_ Je vais t'épargner le discours de ce que je serai prêt à faire pour toi car il est totalement déplacé. Que… Quoi ? Qu’est ce qu’il entends par ce que je serais prêt à faire pour toi exactement ? _ Tu as donc dit que tu voulais mettre les choses à plat, je suppose donc que tu as des choses à me dire.
_ Heum… oui, c’est le cas. Réponds-je assez confuse suite à son avant dernier propos. _ Je voulais te parler de certaines choses mais, auparavant j’aimerais éclaircir un point. Je suis très sérieuse. Je désire réellement faire la lumière sur ce qu’il m’a semblé être ambiguë. _ Qu’est ce que… Que signifie ce que tu serais prêt à faire pour moi ?

Cela ressemble à s’y méprendre à une tentative maladroite de sous-entendre qu’il aimerait me récupérer mais, il est hors de question que je ne me fis qu’à une impression. J’ai besoin de savoir où il en est pour mieux appréhender la conversation à venir. L’appréhender ? On aborde pas les sujets délicats de la même façon devant un homme qui s’en fiche, et un homme qui aurait potentiellement pu attendre le retour de son ex-femme. Cela nécessite des tournures de phrases différentes, des réactions diamétralement opposées. Je ne suis pas dans ce café pour le briser d’avantage. Au contraire. Je suis ici pour nous permettre – et essentiellement à moi, d’avancer enfin sans avoir en permanence à l’esprit ce mariage raté.
 

Au fond, Sasha n'avait pas vraiment idée de pourquoi il avait accepté cette proposition. Peut-être pour voir son ex-femme seule face à lui, pour voir à quel point elle semblait heureuse et épanouie dans son nouveau couple. Peut-être aussi pour s'ôter un poids de la conscience et se dire que si lui n'avait pas été capable de la combler comme il fallait, Brendon lui semblait y parvenir parfaitement. Encore une preuve que l'italien ne devrait jamais se remarier, il n'était même pas capable de rendre heureuse la femme de sa vie, alors à quoi bon en faire souffrir d'autre ?

Certes depuis leur divorce, beaucoup de choses avaient changé de son côté, mais de là à dire qu'il était devenu un homme meilleur ? Peut-être. Son jugement le concernant ne serait pas très objectif, d'autant plus avec le peu d'estime qu'il s'accorde.

Ils se faisaient face et le silence s'étaient emparé de cet instant durant quelques secondes, avant que le serveur ne vienne le briser et ce n'était pas plus mal. Sasha ne savait pas vraiment pour quelle raison il était ici, voilà pourquoi il ne pouvait pas vraiment mener la discussion et l'orienter dans le sens qui allait bien. Il attendait d'en savoir plus, même si plus le temps passait, plus il appréhendait sérieusement leur rendez-vous.

Anna se décida à rompre le silence en lui posant une question toute bête en somme, mais qui fit balbutier le sportif. Il n'aimait pas parler de lui, ça c'était un fait, mais parler de cette opération qu'il avait subi n'était pas vraiment dans ses plans de retrouvailles. Il essaya tant bien que mal de s'expliquer sans pour autant essayer d'inquiéter son ex-compagne, mais après tout, lui prêtait-elle réellement de l'attention ? Il en doutait fort.

D'un simple hochement de tête, il répond à la question d'Anna. Oui il a failli mourir, et ce plus d'une fois, mais il allait lui épargner tout ce qu'il avait enduré depuis quelques années, il n'était pas là pour se plaindre ou la faire culpabiliser d'une quelconque façon. Sasha finit par lui dire qu'il allait bien, du moins, c'est ce dont il essayait de se convaincre lui-même chaque jour qui passait, mais ce n'était pas chose facile, et pourtant, il refusait de rentrer plus en détail dans le sujet. Après tout, ils n'étaient pas là pour lui, mais bien pour elle.

Sasha pensait que leur discussion serait plus facile que ça, mais au final, il avait l'impression qu'Anna semblait tout aussi chamboulé que lui de l'avoir en face. Dire qu'il avait imaginé ce moment pendant des années, et pourtant, aujourd'hui, en regardant la belle brune, il avait l'impression que quelque chose s'était brisée dans son regard. Peut-être simplement qu'elle a divorcé et qu'elle ne ressent plus le moindre sentiment pour lui. Ce serait légitime de sa part, même si la réciproque est fausse.

" - J'ai vraiment besoin de te le dire ?"

Fut un temps, les deux jeunes gens étaient capables de communiquer sans vraiment se parler. En voyant la situation, ce temps semblait très lointain malheureusement. Cette vérité serra le coeur de l'italien, ce rendez-vous lui faisait finalement plus de mal que de bien, mais si cela pouvait aider Anna à passer définitivement à autre chose, alors il devait prendre sur lui.

" - Est-ce que tu penses sincèrement que parce qu'il y a un papier qui dit que plus rien ne nous relie que c'est ce que je ressens ?"

Elle avait demandé le divorce, il ne s'y était pas opposé parce que ça aurait été égoïste de sa part, et il ne l'avait jamais été. En tout cas, pas consciemment.

" - Rien n'a changé en sept ans Anna. Enfin, théoriquement si, énormément de choses ont changé, que ce soit dans ma vie ou dans la tienne, la preuve, aujourd'hui tu es heureuse avec Brendon et j'en suis ravi, il semble te combler comme je n'ai jamais su le faire. Alors oui, vous voir si heureux ensemble ça fait mal, je me dis que j'aurai dû être à sa place si j'avais su te convaincre de rester avec moi, mais est-ce que j'ai vraiment le droit d'agir ainsi ? Non. Tu es heureuse et c'est tout ce que j'avais souhaité le jour où nos chemins se sont séparés."

Est-ce que se livrer de la sorte était une bonne idée ? Face à elle, il avait toujours été vulnérable, faible. Il aurait tout fait pour la récupérer, pour lui prouver que son amour pour elle était sans faille. Est-ce qu'il devait lui dire que depuis leur divorce il n'avait jamais eu le courage de se replonger dans une relation quelconque ? Non sans doute pas, mais pourtant c'était la vérité. Oui il avait rencontré quelques femmes avaient qui il avait dîné, mais ça n'avait jamais été plus loin.

" - J'ai essayé.. J'ai essayé de passer à autre chose, de me servir de notre histoire pour avancer, mais j'en suis incapable. Oui j'ai vu d'autres femmes, mais aucune ne t'arrive à la cheville, personne ne sera jamais toi."

Sur ces mots, il détourna le regard pour masquer ses yeux brillants, mais sa voix tremblante le trahit. Il avait mal, très mal, mais il attendait de voir la réaction de son ex-femme, peut-être que tout cela ne lui ferait pas le moindre effet, peut-être qu'elle avait balayé d'un simple revers de la main leur histoire passée.

Sasha le confirme d’un hochement de tête. Il a faillit mourir. J’ai besoin d’une gorgée de jus d’orange pour faire passer cette annonce, qui m’étreint le cœur. Je regrette même de ne pas avoir commander plus fort comme boisson. Cela m’aurait peut-être aidé à mieux tenir le choc un bon verre d’alcool. J’en doute. Moi aussi, pour être franche. De plus, au vu de la conversation que j’espère entretenir avec lui, il est préférable que j’aie les idées claires. Du coup, je suis mitigé lorsque Sasha fait le pas de fuir le sujet santé. Je suis mitigé entre le soulagement de ne pas avoir à aborder – dans le détail – ce qui l’a conduit à finir sur le billard pour question de survie ; et entre le colère qu’il m’épargne justement cette conversation. Merda. Je suis son ex-femme ainsi qu’une ex-infirmière. Cela me concerne – quelque part. Peut-être. Mais plus au point de l’obliger à tout te dire non plus. C’est l’un des avantages du divorce. Très juste. Sasha a parfaitement le droit de me tenir à l’écart de son dossier médical, ainsi que de son état de santé général, et c’est parce que je le respecte que j’accepte aussi facilement de changer de sujet. Il préfère que nous abordions directement la raison de ce rendez-vous. Très bien. Or, auparavant, je désire qu’il éclaircisse un petit bout de phrase que j’ai mal compris. Du moins, que j’espère avoir mal compris car, si effectivement mon ex-mari a encore des sentiments pour moi, l’entrevue va prendre une tournure encore plus délicate que prévu.

_ J'ai vraiment besoin de te le dire ?

J’hoche de la tête en guise d’affirmation, à mon tour. Je n’ai pas besoin de me baser sur des conclusions que je peux tirer toute seule. J’ai besoin de savoir ce qu’il sous-entendait, précisément, avant de lui faire le plaisir d’abréger notre tête à tête en vidant mon sac. Puisque, c’est bien de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Sasha a hâte que je lui dise ce que j’ai sur le cœur, pour ensuite mieux me souhaiter une excellente continuation, me trompe-je ? Peut-être. J’imagine que cela dépend de ce qu’il va répondre. Je le crois également.

_ Est-ce que tu penses sincèrement que parce qu'il y a un papier qui dit que plus rien ne nous relie que c'est ce que je ressens ? Cette question me laisse perplexe. Dois-je y répondre ? _ Rien n'a changé en sept ans Anna. Qu… quoi ? J’écarquille les yeux de surprise. Je m’étais imaginée des tas de choses à son sujet mais pas qu’il puisse m’aimer encore. Car c’est bien de ça qu’il s’agit ? _ Enfin, théoriquement si, énormément de choses ont changé, que ce soit dans ma vie ou dans la tienne, la preuve, aujourd'hui tu es heureuse avec Brendon et j'en suis ravi, il semble te combler comme je n'ai jamais su le faire. Où a t’il était cherché ça ? Qu’il n’a jamais su me combler ?  _ Alors oui, vous voir si heureux ensemble ça fait mal, je me dis que j'aurai dû être à sa place si j'avais su te convaincre de rester avec moi, mais est-ce que j'ai vraiment le droit d'agir ainsi ? Non. Tu es heureuse et c'est tout ce que j'avais souhaité le jour où nos chemins se sont séparés. Ah. Okay. La belle ironie. C’était à lui que je souhaitais une vie heureuse avec une femme bien plus fidèle, je me préparais même à l’entendre me parler de ça en venant à ce rendez-vous, et finalement c’est moi qui lui expose mon bonheur avec Brendon. Je pense que je n’aurais de cesse de briser cet homme, qu’importe ce que je ferais. _ J'ai essayé… J'ai essayé de passer à autre chose, de me servir de notre histoire pour avancer, mais j'en suis incapable. Oui j'ai vu d'autres femmes, mais aucune ne t'arrive à la cheville, personne ne sera jamais toi.

C’est très… Gênant ? Oui. Tellement que je bois une nouvelle gorgée de jus d’orange, pour gagner quelques secondes, alors que je découvre cette tristesse que j’ai fuie lâchement sept ans plus tôt. Bordel. Seigneur pourquoi ai-je tenu à ce qu’on se revoit ? Ai-je un besoin malsain, inconscient, de le faire souffrir ? Où ai-je pour passion de m’infliger des remords à chaque étape heureuse de mon existence ? Je doute qu’il te réponde, Anna. J’en doute également. Je doute aussi qu’il m’aide à savoir comment agir face à ce retournement de situation. Cinq ans. Putanna. Durant cinq ans j’étais célibataire, je n’attendais que ça de lui, et c’est maintenant que je ne le suis plus que j’obtiens tout ça ? Quand je disais que la vie est une belle garce. Déposant mon verre sur la table en me raclant la gorge, je déclare plus qu’incertaine.

_ Euh… je dois dire que je… je ne m’attendais pas à ce genre d’aveux en venant ici. Au contraire je… enfin j’imaginais que tu étais remarié au vu de l’alliance que tu portes au doigts mais, maintenant que je la regarde. Je le fais tout en le disant. _ Je me rends compte qu’il s’agit bien de celle que je t’ai passée au doigt en 2003. Je marque une pause pour relever mon regard en direction de son visage. Soudainement, je me met à rire avec amertume. _ Merda. Pourquoi tu n’as pas essayé de me le faire savoir plus tôt, Sasha ? Non ! Je lève la main pour qu’il ne réponde pas à cette question. _ Je sais. Tu vas me dire que tu l’as gardé pour toi toutes ces années parce que tu voulais respecter mon désir de ne plus jamais te revoir, et je vais te répondre que c’était totalement con parce que moi justement j’ai attendu ton retour durant cinq ans. Ouais. Durant cinq ans je me suis interdis d’ouvrir mon cœur à d’autres hommes parce que je voulais être libre pour toi, et c’est maintenant que j’en aime un autre que j’apprends que tu as en réalité fais ta tête d’autruche pendant tout ce temps. Je soupire profondément. Je suis mitigé entre l’amertume et la déception. _ Tu sais quoi, Sasha ? Il est là notre problème à tout les deux. Tu n’as jamais su me parler de tes émotions, de tes problèmes. Tu m’as toujours laissé le soin de me démerder toute seule pour te comprendre et quand j’ai eu besoin de toi, au décès de mon père, tu m’as confié à ton ex-meilleur ami sans voir qu’il me lorgnait un peu trop. Tu m’as poussé dans ses bras. Depuis je vis avec ce poids sur la conscience. Je vis tellement avec ce remord de ne pas t’avoir été loyale, que pendant douze mois j’ai repoussée sexuellement Brendon parce que je le voyais comme un vulgaire amant me réconfortant pendant ton absence. Je ricane un peu, toujours avec amertume. _ Tu dis que rien n’a changé, hein ? Hé bien tu as raison. Tu es toujours autant incapable de te battre pour nous, quelque soit les obstacles. D’ailleurs, qu’importe ce que j’aurais pu attendre de ce rendez-vous, j’aurais été encore déçue alors… Je me lève. _ Je crois qu’il est inutile que l’on s’impose plus de souffrance inutile. Tu sais où me joindre si besoin.

Besoin de quoi je l’ignore bien moi-même puisque, tout ce que je sais, c’est que je ne lui ferme aucune porte. A ces mots, je dépose quelques pièces sur la table pour payer ma consommation, avant de quitter le café. Et ta conversation ? Elle a eu lieu. Tout ce que j’avais à dire l’a été fait en une tirade. Je ne vais pas rester pour l’écouter se complaire dans sa triste solitude. Il a consciemment fait le choix de nous laisser souffrir chacun de nos côtés, alors que notre couple aurait pu avoir une chance de renaitre de ces cendres, et ce bien avant que Brendon n’entre dans la danse. Je ne peux rien de plus pour lui. Tu n’auras peut-être plus de nouvelle de lui ? Cela semble lui convenir depuis sept ans alors, pourquoi lutter ?

Sasha n'a jamais été très à l'aise lorsqu'il s'agit de parler de lui. C'est quelqu'un de très mystérieux et secret, c'est d'ailleurs souvent ce que lui reproche les personnes qui tiennent à lui. Demander de l'aide ? Il ne l'a jamais fait. Par fierté ? Non, parce qu'il a été élevé avec certaines valeurs et que l'armée lui en a inculqué d'autres, ce qui fait de lui aujourd'hui, un homme secret qui a tendance à tout garder au fond de lui, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus encaisser, ce n'est qu'à ce moment là qui devra se rendre à l'évidence.

Lorsqu'il hoche la tête à la question d'Anna, il voit qu'elle paraît chamboulé par cette annonce, mais après tout, elle connaît déjà sa santé il y a sept ans. Elle n'était pas sans savoir qu'il avait des séquelles de ses années dans l'armée, quelles qu'elles soient physiques ou psychologiques.

Bien sûr qu'il n'est pas totalement à l'aise à se retrouver de la sorte face à son ex-femme, et pourtant, une part de lui voudrait lui expliquer ce qu'il a dû endurer, il sait qu'elle est en mesure de comprendre étant donné qu'elle est infirmière. Enfin, en tout cas elle l'était encore au moment de leur divorce, depuis sa vie avait sans doute considérablement changé, tout comme la sienne.

Par la suite, comme pour être sûre de ne pas faire fausse route, son ex-femme lui demande de s'expliquer sur les sous-entendu qu'il venait de faire. Avait-il réellement besoin de lui faire comprendre que malgré leur divorce il tenait toujours autant à elle ? Que rien n'avait changé et qu'il l'avait toujours aimé ? Il l'avait tellement aimé qu'il lui avait pardonné son écart, parce qu'il savait que l'amour pourrait effacer tout cela, mais visiblement, ça n'avait pas été du goût d'Anna qui avait préféré mettre un terme à leur histoire d'amour avec un vulgaire papier de divorce.

Sasha ne s'attendait pas à ce qu'elle lui saute dans les bras, qu'ils s'enlacent et que tout redevienne comme avant. Oui il aurait aimé que ce soit aussi simple, mais ça ne l'était pas et il le savait. Il avait probablement laissé passer sa chance de pouvoir rendre la seule femme qu'il n'avait jamais autant aimé, être heureuse avec un autre homme que lui, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui, et c'est pour cette raison que les remords le rongeaient depuis sept ans.

Il aurait presque pu rire en entendant Anna lui dire qu'il pensait qu'il était remarié, la vérité c'est que pour ne pas affronter la réalité, il avait préféré garder son alliance, peut-être parce que ça le sauvait aussi de certaines situations délicates. Le tout étant que cette alliance était restée à son doigt, comme étant la dernière chose qui lui restait de son ex-femme.

" - Pourquoi je n'ai pas essayé de te le faire savoir plus tôt ? J'ai essayé de te retenir, de te faire comprendre que ton geste pourrait être pardonné, qu'on pourrait repartir sur une autre base, mais tu ne m'as pas écouté.. Et puis vu que tu n'as pas daigné me voir et que la seule personne que j'ai eu en face de moi était ton avocat, je pense que le message que tu essayais de me faire passer était plutôt clair. Faut croire que même ça, je ne suis pas capable de le faire correctement."

Bien sûr qu'il n'avait pas cherché non plus à la poursuivre à chaque coin de rue pour obtenir son pardon, il avait essayé de la faire revenir, mais tout ce qu'il avait fait n'avait jamais été suffisant. Avec du recul, il se dit qu'il aurait peut-être dû insister un peu plus, Anna serai peut-être à ses côtés plutôt qu'à ceux de Brendon.

Soudain, Anna aborda LE sujet qui fâche. À savoir le moment où elle l'a trompé avec son meilleur ami. Sasha n'en revenait pas. C'était sa faute, il avait été incapable de voir que son meilleur ami convoitait sa femme, et il lui avait confié pensant pouvoir lui faire confiance. S'il avait été là, s'il s'était montré présent, rien de tout cela serait arrivé. Ou bien, si c'est arrivé c'est que ça devait arrivé, et que c'est un obstacle qu'on a mis sur son chemin. Un obstacle qu'il n'avait jamais été capable de surmonter après tant d'années.

La discussion se termina sur des mots durs, des mots que l'italien avait du mal à accepter, non pas parce qu'il se sentait au-dessus des autres, mais parce qu'il avait été incapable de voir tout cela avant, et aujourd'hui Anna lui en voulait pour tout cela. Elle se lève, dépose quelques pièces sur la table et quitte le café. Sasha resta assis, interdit face à ce qui venait de se passer. La laisser partir une deuxième fois ? Non c'était trop douloureux, il devait agir et maintenant !

Il remplaça les pièces de la brune par un billet ainsi qu'un pourboire, puis il quitta le café en trombe cherchant du regard la jeune femme.

" - Anna !"

Une fois qu'il l'a remarqua, il se mit à courir vers elle, la prenant par le bras afin de la stopper dans sa marche.

" - Anna je.. Je refuse de te laisser partir une deuxième fois.. Je ne peux pas te laisser partir.."

Ce qu'il voulait ? Rattraper ses erreurs du passé. Était-il trop tard ? Très certainement mais il voulait se racheter, peu importe le prix qu'il devait payer.

" - Dit moi ce que tu veux vraiment. Si tu veux que je disparaisses, alors je le ferai.."

Bien sûr que ce n'était pas son souhait, mais pour cette femme, il était prêt à beaucoup de choses.

Il est vrai que je ne lui ai pas laissé beaucoup de chance de nous sauver au moment de notre divorce. Je le reconnais. Toutefois, ce n’est pas à cela que je fais référence en lui reprochant de n’avoir jamais cherché à me parler de ces sentiments pour moi. Je parle des quatre années qui ont suivit. Je n’avais plus d’avocat comme rempart, au contraire. J’étais livrée à moi-même. Pourquoi n’a t’il pas bouger ses fesses pour me retrouver ? Quelle excuse il possède pour justifier qu’il se réveille maintenant, et parce que je le pousse à m’en parler ? A t’il seulement conscience que s’il avait cherché à me joindre, il aurait su que son ex-femme s’autodétruisait par le biais de l’alcool ? Que s’il avait fait le pas de me chercher, il aurait découvert que son ex-femme avait tenté par deux fois de s’ôter la vie ? Pour lui, qui plus est. Non. Alors c’est facile de me sortir l’excuse que j’avais citée bien avant qu’il n’ait le culot de me la renvoyer. D’ailleurs, ça ne plaide pas d’avantage sa cause. Loin de là. Cela met en évidence le réel problème qui nous a poussé à nous déchirer. Son silence. Sa foutu incapacité à me parler clairement lorsque les choses allaient mal. Certes, j’aurais pu également prendre le problème à bras le corps pour forcer la conversation mais, merde, j’étais la plus jeune du couple. Il était mon premier. Je ne savais pas que les hommes étaient à ce point si frileux lorsqu’il s’agit de parler sentiment. Et encore. Je suis actuellement en couple avec son exact opposé. Brendon, il n’a jamais eu de difficulté à me parler, même si c’est pour crier. Où est toute la passion qui est sensé l’animer ? Où est toute l’émotion qui est sensé le faire vibrer ? Je lui parle de son ex-meilleur qui a abusé de moi parce qu’il était aux abonnés absents, et il n’hausse même pas un sourcil ? C’est à croire que son pardon de l’époque reflète surtout un désintérêt total. Il me dirait : ‘Okay il a couché avec toi, et alors’ que cela serait du pareil au même je crois. Sasha ne m’a jamais pardonné, en réalité. Sasha m’a confirmé qu’il s’en fichait. Maintenant que cela me semble limpide, j’en viens à la conclusion que j’aurais dû prendre il y a bien des années. C’est inutile qu’on insiste. On ne se ferait que du mal pour rien et – à l’heure actuel, je n’aie plus envie de souffrir. J’ai passé trop d’année à avoir mal, pour les autres, il est temps que cela cesse. Je dépose donc des pièces sur la table pour payer ma consommation, avant de le laisser en plan. Je quitte le café pour reprendre la direction de mon arrêt de bus. Très sincèrement, lorsque j’entends sa voix au lointain m’appelant, je me dis que je dois halluciner. C’est vrai. Sasha n’a jamais su faire autrement qu’accepter sans réellement broncher, pourquoi cela changerait plus aujourd’hui qu’hier. Hé bien il faut croire que mes paroles ont du lui faire l’effet d’un déclic puisque soudainement, je sens une main me retenir le bras. Sa main. L’observant brièvement, je relève mon regard vers le sien. Il me déclare qu’il refuse de me laisser partir une seconde fois. Non. Qu’il ne peut pas. « Tu ne peux pas ? » Cela me semble tellement insensé que je pose la question sans réellement le faire. Je soupire à la suite de ces paroles. « Merde Sasha j’ai jamais dit que je voulais que tu disparaisses. » Dis-je agacée. « Il y a sept ans, oui, c’est le message que j’ai laissée entendre en me cachant derrière mon avocat mais cela n’était pas dans le sens que tu l’as pris, enfin ! Je voulais que tu puisses faire ta vie avec une femme mieux que moi ! Et regarde toi ! Tu es encore plus malheureux que lorsque nous étions ensemble ! » Je marque une pause. « Ecoute, nous deux c’est… » Je ne pensais pas lui dire cela un jour. Sérieusement. « C’est trop tard. Brendon est là maintenant. Et je l’aime. J’ai longtemps cru le contraire mais maintenant que je nous vois, tout les deux, je prends conscience que je me trompais. » Je lui prends la main. « Toutefois ne crois pas que je te déteste, loin de là. Tu es mon premier amour et j’éprouverais toujours une grande affection pour toi. » Ce n’est pas une partie de plaisir de lui faire part de tout ça, surtout en pleine rue, mais cela me fait un bien fou. Je ne dirais pas que je ne suis pas triste pour autant, toutefois. Et c’est parce que je le suis que je le prends finalement dans mes bras. « Je serais toujours là pour toi, Sasha, mais plus comme avant. »

Ce n'est un secret pour une personne qui le connaît, Sasha a toujours été très secret concernant ce qu'il ressentait. Il parle rarement de ses sentiments peu importe qu'ils sont amoureux ou amicaux, la seule chose qu'il arrive encore à faire, c'est tout simplement de se montrer démonstratif, et encore, ça dépend avec qui. Avec Nina par exemple, c'est naturel, avec d'autres personnes ça l'ai un peu moins.

Mais avec ses paroles, Anna a appuyé là où ça fait mal. Finalement elle avait raison, il avait été incapable de lui dire à quel point il l'aimait, à quel point c'est elle qu'il voulait pour fonder sa famille. Maintenant il savait qu'il avait perdu tout ce temps à la chercher, à se faire souffrir pour au final qu'elle soit heureuse, alors c'était un bien pour un mal.

L'annonce qu'elle lui avait fait concernant son ancien meilleur ami fit réagir l'italien. Il prenait conscience de certaines maintenant, qu'à l'époque il avait été incapable de discerner, mais était-ce vraiment une raison ? Bien sûr qu'il en voulait à cet enflure d'avoir trahi sa confiance et d'avoir utilisé sa femme comme il l'avait, voilà pourquoi il ne lui avait jamais pardonné, contrairement à Anna. Dans tout cela, il avait une part de responsabilité, et le fait d'aborder le sujet mit à vif ses nerfs, pourtant hormis ses poings serrés sous la table, rien ne montrait son état d'esprit à l'heure actuelle.

En revanche, aujourd'hui beaucoup de choses ont changé pour Sasha, il a frôlé la mort, peut-être que ça lui a mit certaines idées en place, mais il s'est juré de ne plus la laisser repartir, il ne peut pas l'abandonner une seconde fois. Seulement, la suite de la conversation va lui faire comprendre que ces retrouvailles qu'il avait tant espéré le laisseront seul jusqu'à la fin de ses jours.

En rejoignant son ex-femme dehors, il ne pensait pas qu'un jour il sera capable de courir après une femme comme il le faisait avec Anna. Il ne pouvait pas la voir s'en aller sans bouger. Cette vision lui déchirait encore plus le coeur qu'il ne l'avait déjà. Il lui exposa alors ce qu'il souhaitait, mais son souhait ne semblait visiblement pas partagé puisqu'elle fut claire dans ses propos. Brendon est là et il la rend heureuse, tout ce que lui n'a pas su faire à l'époque. Il est arrivé trop tard et aujourd'hui, il ne peut que s'en vouloir, encore plus qu'à l'époque.

" - J'ai jamais été malheureux quand on était ensemble, au contraire, j'étais épanoui, j'étais l'homme le plus heureux d'avoir une femme comme toi à mes côtés. Aujourd'hui tout cela semble bien loin."

Ça y est, c'est perdu. Sasha vient de perdre définitivement la seule femme qui a fait, et qui fait encore battre son coeur aujourd'hui. Personne ne pourra la remplacer et il ne saura jamais assez courageux pour tourner cette page définitivement et essayer de se reconstruire. À quarante deux ans, il n'y a plus rien à tirer de sa vie de toute manière.

Au moment où elle le prit dans ses bras, il ne sut même pas réagir. Cette étreinte finissait de le briser entièrement. Sasha était désormais un homme seul et malheureux. Il allait devoir regarder la jeune femme partir avec son coeur une seconde fois, comme un adolescent lors de sa première rupture amoureuse. Sasha n'avait jamais rebondi et s'était morfond dans les souvenirs du passé sans jamais avancer.

En colère ? Oui il l'était, mais entre la colère et la tristesse, le mélange des deux fit que l'italien n'était plus capable de dire un seul mot. Il avait envie de tout envie balader mais il voulait simplement qu'on le laisse seul qu'il puisse laisser couler les larmes qu'il retenait. C'était ça aussi son problème, c'est qu'il n'était pas capable de montrer ce qu'il ressent, mais pleurer devant Anna aurait vraiment été déplacé, du moins, c'est ce qu'il s'obstine à penser.

" - Tu as une voiture ou tu veux que je te ramène ?" d'une voix neutre, presque dans un murmure. Elle tremblait et il risquait de craquer à tout moment.

À moins que son cher et tendre Brendon ne décide de venir la chercher ? Ah non c'est vrai, il ne doit pas être au courant qu'elle avait rendez-vous avec lui, bah non forcément, ça devait rester secret vous pensez bien. La colère prenait le pas sur le reste et c'est la raison pour laquelle Sasha préférait se taire plutôt que de dire quelque chose qu'il regretterai jusqu'à la fin de sa vie.

Tout est bien qui finit bien non ? Depuis sept ans, Sasha avait espéré qu'Anna trouve quelqu'un qui la rende heureuse, c'est le cas aujourd'hui ? Alors il devrait pouvoir en faire autant, mais cette vision du bonheur lui donnait envie de venir la casser, mais il ne pouvait pas détruire le couple qu'il avait lui-même inconsciemment construire. Une chose était sûre, il devait rester le plus loin possible d'eux s'il ne voulait pas mettre à exécution ce qu'il avait tant voulu faire durant toutes ces années, retourner son arme de service contre lui.

Ça y est Sasha, tu as perdu. Tu as tout perdu. Assume ta défaite, voilà ce que lui disait sa conscience.

Sasha m’affirme qu’il a été le plus heureux des hommes lorsque nous étions ensemble. Oui, peut-être bien mais, combien de temps exactement ? Le bilan que je fais mentalement de nos sept années de mariage ne me laisse pas entendre que cela a été le cas jusqu’au dernier jour. Non. Les premières années, je suis d’accord pour le croire sur parole. Nous étions un jeune couple, nos sentiments étaient nouveaux, il ne pouvait donc pas en être autrement. C’est plus la période où nous avons commencés à faire comme… Oh bon sang. Quoi ? J’ai reproduis la même chose avec Brendon ! Je ne comprends pas. Dés que la situation a commencé à devenir compliqué entre nous, j’ai fais ma tête d’autruche ! J’ai laissée sous silence les problèmes de sorte d’éviter les conflits alors qu’ils ne faisaient que les empirer justement ! N’ai-je donc véritablement rien appris de ma relation gâchée avec Sasha ? […] Il faut croire que non. Néanmoins, il y a une chose dont je suis certaine désormais. J’aime Sasha, oui. Or, cela n’est plus comme du temps de notre mariage, de ma dépression. Je l’aime avec une profonde tendresse. Il faut que je cesse d’inverser les rôles. Que j’arrête de me mettre des œillères sur mes sentiments. J’attendais le retour de Sasha non pas pour que l’on reprenne notre histoire où elle s’était violemment déchirée, mais pour enfin accepter l’idée qu’elle fût belle et bien terminée. Dommage que je n’ouvre les yeux que maintenant, dans cette rue. Plus tôt cela m’aurait évité de lui annoncer cela dans le pire moment, avant de me sentir obligé de lui assurer que je serais toujours là pour lui. Tu parles. Comme s’il allait consciemment me vouloir dans son entourage après tout ça. Je viens de lui briser le cœur, sans détour, pour la seconde fois. Je suis véritablement un démon pour Sasha. Je ne lui en veux pas de ne pas me rendre mon étreinte, je le mérite. Je me recule d’ailleurs pour lui intimer que j’ai parfaitement compris. Ce geste est déplacé au vu des circonstances. Je ne le ferais plus jamais. Du moins, de ma propre initiative. « Non. » Dis-je au sujet de la voiture, le ton doux. « Je ne conduis toujours pas je… Je vais prendre le bus. » Je marque une pause, souriante. « Ne t’embête pas pour moi. » Je sens dans sa voix sa tristesse. Il serait malvenu que je m’impose d’avantage à lui. D’ailleurs, je ne tiens pas trop non plus à ce qu’il explose de colère incessamment sous peu devant témoins. S’il a besoin de régler à l’avenir des comptes avec moi, tels qu’ils soient, il a mon numéro de téléphone. Je me rendrais d’ailleurs disponible pour l’écouter me faire part du fond de sa pensée, sans chercher à l’éviter. En attendant, je lui déclare sincère. « Prends soin de toi et, au cas où tu aurais besoin qu’on parle, n’hésite pas à m’appeler. » Cela m’étonnerait qu’il le fasse véritablement mais, je ne lui ferme aucune possibilité de le faire. A ces mots, je tourne les talons pour prendre la direction de l’arrêt de bus, calmement. Je ne suis pas fière de ce qui vient de se passer. J’ai mal pour lui. Néanmoins, je pense avoir fait pour le mieux. Espérons que je ne regrette pas à l’avenir cet élan de sincérité.  

Sasha n'a pas menti, même lorsqu'il a annoncé à Anna qu'il a été le plus heureux des hommes lorsqu'ils étaient ensembles. Est-ce qu'à un moment ou à un autre il s'est senti triste ou délaissé ? Non. Bien évidemment leur travail respectif ne leur permettait pas de se voir comme ils l'auraient voulu, et le jeune homme, trop entêté dans son travail s'est perdu dedans plutôt que de parler et de dire ce qui n'allait pas. Ils se sont éloignés petit à petit, mais jamais il n'a douté de son couple, pas une seule seconde il pensait que ça signifiait la fin et encore moins le divorce.

S'il s'attendait à avoir une telle discussion avec Anna en acceptant de venir à ce rendez-vous, probablement qu'il aurait tout fait pour ne jamais s'y rendre. Mais ça aurait aussi voulu dire qu'il n'était pas capable d'assumer sa responsabilité en face. Ils venaient de parler entre adultes d'une histoire passée. Enfin passée, passée pour Anna, Sasha lui, vivait toujours dans l'espoir de retrouvailles. Il les avaient eu, mais pas comme il les avait imaginé.

Finalement, Anna était sorti du café et il avait hésité à le suivre, comme s'il était prêt à se faire encore plus de mal en continuant d'insister dans l'espoir qu'elle change d'avis, qu'elle se soit trompé et que tout cela ai été dit sous le coup de la colère. Mais elle semblait bel et bien sincère, c'était donc fini, définitivement. Il n'y avait aucun moyen de revenir en arrière, il la laissait parti, après qu'elle ai refusé qu'il la raccompagne, ce n'était qu'un moindre mal. Faire semblant aurait été dur, mais ça lui aurait permis de passer quelques minutes supplémentaires auprès de son ex-femme.

Tout cela était trop lourd à supporter pour l'italien, surtout après sa grosse opération. Tout lui tombait dessus, comme pour lui montrer que malgré l'âge, les obstacles continuent de se mettre sur son chemin. Anna s'éloigna après lui avoir précisé qu'elle sera là pour lui s'il avait besoin de parler. Est-ce vraiment vers elle qu'il se tournerai en premier ? Non. Avait-il envie de garder ce lien qui le faisait tant souffrir ? Oui et non. Anna restait son ex-femme et ce, quoiqu'il fasse, mais il devait se forcer à aller de l'avant, à trouver une personne capable de lui réapprendre à aimer et oser ouvrir son coeur de nouveau.

Sasha la regarde partir impuissant. Il s'effondre sur le trottoir, la tête entre les mains, prêt à lâcher toute cette peine qu'il a en lui. Il s'était promis de la garder auprès d'elle et au lieu de ça, il doit accepter de tourner la page définitivement sur une histoire qu'il ne pensait pas fini. La peine qui résonnait dans sa poitrine le faisait se tordre de douleur avant qu'elle ne disparaisse totalement. Il regarda quelques minutes son alliance, comme pour se dire que c'était le seul souvenir de cette époque où il avait été heureux. Il devait couper les ponts avec Anna et Brendon s'il pouvait pouvoir être en mesure de tourner la page une bonne fois pour toute, mais il ne pourrai s'empêcher de se demander comment elle va, ce qu'elle fait, est-ce qu'elle est heureuse, parce que lui ne l'ai plus depuis bien des années.

Fin