Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts (ft. Spencer & Liv)

ONGLET 1 ONGLET 2

Octobre amenait son lot de bonheur. Avec le printemps qui s'installait, c'était aussi le retour du soleil et de la douceur. En passant près des salons de café, Dean sentait tous les jours les parfums de thés aux épices, au potiron, car Halloween approchait à grands pas. Il adorait ce mélange de parfum qui se mariait plutôt bien avec les fleurs en éclosion. Aux Etats-Unis, le calendrier des saisons était inversé. Octobre signifiait automne, feuilles mortes, paysages jaunis et orangés. Une autre ambiance, qui manquait de saveurs car à part l'odeur de l'humidité et des végétaux en décomposition, il n'y avait pas grand chose pour animer le quotidien et éveiller les sens. Ici, à Island Bay, la vie reprenait ses droits et annonçait un été fabuleux, idéal pour passer Noël à la plage ! Bon, là, dans l'immédiat, il faisait encore un peu frais donc il valait mieux éviter de mettre un orteil dans l'océan ! Pourtant, si cette inversion des saisons l'avait quelque peu perturbé au début, Dean s'y était fait et ne pouvait dorénavant, plus s'en passer. Il avait laissé sa moto dans le garage, au profit de son vélo pour faire de grandes balades. Parfois, il se faisait surprendre par un orage, aléas courant à cette saison, qui pourtant ne le décourageait pas. Rentrer trempé chez lui, il y était habitué. C'est le problème quand on n'a pas de voiture et qu'on fait tout soit à deux roues, soit à pied.

En cet après-midi ensoleillé, il n'était pas vraiment question de partir en expédition. Plutôt de s'éclater comme un petit fou à la batterie, avec son ami d'enfance, Spencer Cooper. Entre eux, c'était une bro-story, une relation bien plus forte qu'une simple amitié. Ils s'étaient retrouvés à Island Bay par hasard, après une période d'éloignement liée à leurs vies respectives et désormais, ils ne se lâchaient plus. Enfin si, quand même, un petit peu ! Ils ne vivaient pas ensemble non plus ! Chacun de leur côté, mais ils se voyaient souvent, pour jouer ensemble. La musique est un art salutaire, surtout pour les amateurs comme eux. Elle leur permettait de se divertir, de s'amuser, de ne plus penser aux tracas quotidiens. Ils prenaient leur pied à chaque fois qu'ils laissaient libre cours à leurs talents et à leurs inspirations. Les deux complices possédaient la même passion mais aussi la même timidité. Jouer tous les deux, pas de problème... Mais devant un public... là, c'était impossible. Cependant, comme lui aurait dit sa colocataire Chloé : "impossible n'est pas français". Il suffisait souvent d'une petite étincelle pour déclencher un beau feu d'artifices ! Wilkerson était loin, très loin de se douter que cette étincelle allait se présenter à lui.

Comme à l'accoutumée, ils se donnèrent rendez-vous dans un local un peu isolé. Dean payait le loyer lui-même, car il en avait les moyens. L'endroit ne payait pas de mine, il était assez discret et ne comportait pas de vis à vis. Idéal pour faire tout le boucan possible et imaginable sans réveiller les voisins, ni se retrouver avec la police devant sa porte. Bien qu'il y ait dans les effectifs des forces de l'ordre, des personnes aimables et attentionnées (telles que Sean Sawyers ou Kenny Mathisson), aucun habitant sans histoire n'avait envie de pousser à la provocation et de les rameuter par chez lui ! Dean arriva en premier et ouvrit le local pour entrer. Dedans, on aurait pu s'attendre à quelque chose d'austère mais non. Leur petit studio de spectacle était bien agencé. Une pièce joliment décorée de trucs de geeks, leurs intruments, des baffles, une console avec des platines que Spencer adorait, et tout ce qu'il fallait pour manger et boire. Il y avait même des poufs et un canapé qu'ils avaient récupéré et qu'ils surnommaient "Le Diable". Quiconque posait ses fesses dessus n'avait plus envie de rien ! Et surtout pas de se lever ! Idéal pour finir la soirée ! Mais traître ! Le pompier commença à allumer le tout, après avoir enclenché le fusible. Il ouvrit les stores, rentra son vélo à l'intérieur pour le caler dans un coin, contre le mur puis il regarda son téléphone. Spencer n'avait pas envoyé de message, donc il serait à l'heure. En général, quand il avait un contretemps il l'avertissait pour ne pas qu'il s'inquiète.

En ce moment, son ami n'allait pas très fort, c'était pour ça qu'ils se voyaient. Dean voulait lui changer les idées. Spencer ne tarda pas à arriver, alors qu'il branchait les baffles. Un sourire franc et ravi illumina le visage de Wilkerson, tandis qu'il lui fit une franche accolade et le serra contre lui :

- Salut Mick Jagger ! J'étais en train de tout mettre en place, ça va être fun ! Comment tu vas ?

La dernière question était posée sur un ton neutre. Il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, mais il souhaitait quand même savoir comme il allait. Ne serait-ce que pour l'aider à voir les choses de façon plus positive.

ONGLET 1 ONGLET 2

Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts

Spencer Cooper & Dean Wilkerson & Liv Hope

Quand les choses vont mal, cela fait du bien d’avoir une personne sur qui compter. Quelqu’un de confiance que l’on connait depuis longue date. Même dans les mêmes circonstances, ça ne peut pas faire de mal de faire de nouvelles rencontres. Si surprenantes elles puissent être. Il y a quelques jours seulement, bien décidé à me changer des idées, je décidais de me rendre à un évènement de rue, dans lequel plusieurs jeunes talents prometteurs présentaient au public des compositions originales créées de toutes pièces. Très doué sur mon sens de l’orientation – c’est ironique bien entendu – je ne suis arrivé sur place que lorsque la dernière personne monta sur scène. Une blondinette plutôt mignonne interpréta trois chansons. J’aimais bien son style. Elle n’avait pas peur aux yeux. A côté d’elle, avec Dean, nous étions des amateurs. En même temps nous étions trop timides lui et moi pour nous rendre sur scène. Il n’y avait que Dean qui composait un peu. Personnellement, je me contentais de massacrer des tubes déjà existants. Michael Jackson est mon idole. Le pauvre, s’il entendait mes interprétations de ses chansons, perfectionniste qu’il était, il retournerait illico dans sa tombe. Dean n’était pas du même avis. Selon lui, je ne me débrouillais pas trop mal en chanson. C’était rare que je chante en sa présence. Je préférais le faire seul ou sous ma douche. Je privilégiais mon jeu de guitare. J’utilise mon pied pour battre la mesure. J’avais toujours la même cadence que Dean. Fermant les yeux, je me laisse noyer dans le tempo. Gratter les cordes sous le bruit de la batterie. Mais dès qu’un truc n’allait pas, j’hésitais pas à tout stopper. Mon pote me connaissait bien pour mon côté maniaque et casse pied. Si ça ne me plaisait pas, il fallait que j’ouvre ma grande bouche. Je ne pouvais pas m’en empêcher. La jolie petite blonde en eut aussi l’expérience la pauvre. A peine elle était descendue de scène que je m’étais incrusté auprès d’elle, lui donnant mon point de vue sur sa dernière chanson. Je la trouvais plutôt super dans l’ensemble. Mais le refrain était un peu fade à mon goût. Elle était sur le point de m’envoyer balader lorsque je me suis permis de lui donner quelques petits conseils. Des petits ajustements qui ne pouvaient que rendre sa composition meilleure. Liv m’écouta attentivement. Nous avions fini la soirée ensemble. D’abord au bar où nous avions payé chacun notre tour la tournée à l’autre. Puis chez elle. Ce n’était pas dans mes habitudes de faire ça. Mais je dois avouer que cela m’avait bien plu. Son appartement est juste magnifique. Nous avons les mêmes goûts pour la décoration. Et le bonus dans tout ça : elle possède sa propre salle de répétitions. Liv me permet de lui emprunter une guitare et nous avons revu ensemble cette fameuse chanson qui nous a valu notre rencontre. Très belle je dois l’admettre. Je suis tombé sous son charme musical à tel point qu’à la fin de notre nuit, je lui proposais de venir passer nous voir Dean et moi à la répétition.

Je n’ai pas eu le temps de revoir mon pote depuis. Je me rends donc à notre local. « Et toi ? » Je ne réponds pas volontaire à la question de Dean. Je n’étais pas un menteur et il savait que je ne voulais pas plomber l’ambiance avec une négation. Comment cela pouvait il aller alors que sa meilleure amie Kim a été retrouvé drogué et assassiné deux semaines plus tôt ? Je ne souhaitais pas remuer le couteau dans la plaie en reparlant de ça. Dean a su ce qu’il s’était passé car il m’a vu dans un état déplorable. Suite à ça, je lui avais fait me promettre de ne plus aborder le sujet face à moi. Ça me rappelait trop ce qu’il s’était passé à New York. A l’époque j’avais perdu ma mère. J’avais déjà agi de la même façon avec mon ami. Je l’adore ce gars car il respecte toujours ma volonté de silence dans de pareilles circonstances. La musique était d’un grand soutien. Comme Dean. N’ayant pas grand-chose à dire, pensant surtout à ma regrettée Kimy, je pris la guitare et m’installais sur le tabouret situé à côté de la batterie. Nous commençons à jouer lorsque quelqu’un entra dans notre local. Dean fut étonné de cette visite surprise. Quant à moi, je ne pus m’empêcher de sourire en voyant Liv venir vers nous, je me levais pour aller l’accueillir. « Hey toi ! » Je lui fis la bise et ainsi que les présentations. « Dean je te présente Liv. Liv, Dean. » Je me tournais un peu gêné non sans grimacer vers mon pote. « Euh… J’ai oublié de te dire… J’ai rencontré Liv cette semaine lors d’une sorte de festival pour jeunes talents. Et…. Je l’ai invité à se joindre à nous. » Je me tortillais les doigts dans tous les sens. Quand je devenais nerveux c’était un de mes tics. « J’espère que ça ne te dérange pas… » Je me tournais ensuite vers la jolie demoiselle. « Je suis gêné, j’ai un peu oublié de lui parler de toi. Désolé. Mais je suis sûr que Dean me pardonnera quand tu vas lui interpréter tes chansons. Tu verras il ne mord pas. » Petit clin d’œil à Dean au passage. « Si tu veux, je t’aide pour celle qu’on a revu ensemble. »

⇜ code by bat'phanie ⇝

ONGLET 1 ONGLET 2

Dean était d'une loyauté sans faille et il respectait totalement les positions et l'intimité de ses amis, comme celui des autres d'ailleurs ! Il ne voulait pas remuer le couteau dans la peau de Spencer, aussi, il n'insista pas lorsque celui-ci lui répondit par une question. Si Spencer n'avait pas envie d'en parler, il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire pour l'y forcer. Il ne voulait pas le rendre malheureux ou lui plomber la soirée. Ils se retrouvaient pour leurs deux passions : la musique. C'était un moment de réjouissances et de plaisir. A ne pas gâcher avec des moments douloureux. Ils devaient en profiter pour s'évader et faire ce qu'ils savaient faire de mieux : s'amuser. Le pompier lui répondit quand même en ce qui le concernait, sans faire une trop grosse effusion d'énergie.

- Ca va ! Le temps est vraiment agréable ! Je sais ce que tu vas me dire, que c'est pas comparable avec les states, mais bons sang, ce que c'est cool d'avoir de la douceur au mois d'octobre !!! Thanksgiving arrive, ça va être vraiment bien de faire un pique-nique quelque part !

Il fallait bien qu'il positive sur Island Bay puisque son pays d'origine signifiait désormais "case prison". Sa désertion ne passait pas. Il se retrouvait bloqué ici. Bloqué ? Pas vraiment. Il avait choisi l'endroit et il y était bien. Evidemment, le fait de ne pas pouvoir approcher sa fille, ça le touchait profondément. S'il se focaliser uniquement là-dessus, ça finirait en drame. L'amitié entre Spencer et lui fonctionnait parce qu'ils savaient se remonter le moral, sans se morfondre dans leurs douleurs. Sans guère plus de transition, ils se mirent en place et commencèrent à jouer. Il fallait toujours quelques minutes d'adaptation et de rodage. Cela leur permettait de se caler et de poser une bonne base. Spencer, en tant que DJ, avait l'oreille musicale et le souci du détail. Souvent, il s'arrêtait pour qu'ils se coordonnent davantage. C'était sympa. Dean avait beaucoup de patience, il ne s'énervait pas quand son pote lui glissait maladroitement une remarque. Il le connaissait à force ! Ca n'avait rien à voir avec de la méchanceté ! C'était du perfectionnisme. D'eux deux, il était le plus doué, le maestro. Aussi, tout ce qu'il disait était savemment écouté et enregistré par Wilkerson, pour s'améliorer. Dean avait commencé à jouer une impro à Billy Jean et commençait la chanson lorsqu'ils furent interrompus. Une jeune femme avait fait irruption dans le local. Dean espérait que ça ne soit pas un souci de voisinage. Mais très vite, il comprit que Spencer la connaissait. Wilkerson s'avança et lui fit lui aussi la bise :

- Salut !

Sur le coup, il se dit que Spencer avait sans doute été vu par la jeune femme, par hasard et qu'elle s'était permis d'entrer pour cela. Il ne comprit pas tout de suite qu'en réalité, il l'avait invitée à passer. Il le découvrit quand Spencer, gêné, en fit l'aveu. Il sentait que son ami était nerveux et il contrasta donc en se montrant détendu et paisible. Il ne fallait pas croire que ça ne le stressait pas ! Il commençait à avoir la boule au ventre à l'idée de jouer devant une inconnue. Mais ça ne servait à rien de mettre encore plus de pression à Spencer ! Et puis, une personne, ça pourrait le faire, il faudrait juste du temps. Dès le début, il tempéra :

- Pas de problème ! Ca ne me dérange pas ! Bon, de nous deux, je suis probablement le plus "médiocre" ! Spencer a la musique dans le sang ! C'est lui l'artiste !

Il fit un sourire amical. Apparemment Liv savait chanter et spencer avait visiblement coopéré avec elle sur quelque chose. Ou alors, il était la voir pour lui dire ce qui n'allait pas, sans la connaitre ni d'Eve, ni d'Adam. En plus d'en être capable, cette hypothèse semblait la plus plausible et probable. Dean attendit calmement que le reste s'enchaine. Il avait le trac et commençait à avoir les mains moites. Jusqu'à maintenant, il n'avait eu qu'un spectateur : Spencer. Et leur duo fonctionnait bien. Liv aussi avait surement un peu de stress, puisqu'elle arrivait dans un tout petit groupe déjà formé. Mais elle ne rendait pas compte de l'état dans lequel Dean se trouvait. Normal, car il n'en laissait rien transparaitre.

ONGLET 1 ONGLET 2

❝ Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts... ❞

- Dean & Spencer & Liv -

Qui néglige la musique ignore l'approche du sublime. La musique repose sur l'harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair.

C'est toujours quand on ne s'y attend pas que l'on fait les rencontres les plus intéressantes. Rien n'était plus vrai que cela. Celle-ci remontait à quelques jours en arrière alors que je me présentais sur une nouvelle scène ouverte. A dire vrai je ne me « produisais » ainsi que depuis seulement quelques semaines, poussée par les encouragements de ma meilleure amie Eanna. Elle m'avait insufflé assez de confiance en moi pour que je me dévoile aux yeux et oreilles de personnes inconnues, même connue parfois d'ailleurs. Je ne l'en remercierais jamais assez. Très rapidement je prenais mes marques et ne pouvais plus me passer de cette connexion éphémère entre le public et moi. Une sensation désagréable au début d'être mise à nue et de se sentir vulnérable, seule, tous ces regards braqués sur vous. Pourtant, quand vous quittez la scène vous vous rendez alors compte qu'elle vous manque déjà et que derrière ce premier malaise que vous aviez ressenti se cachait bien plus. Un délicieux échange. Se donner entièrement, ouvertement, sans retenue. Ne plus avoir peur de partager vos sentiments et de voir que vous n'étiez pas jugé plutôt même compris ! Recevoir le cadeau de voir un sourire se peindre sur les lèvres de quelqu'un à vos mots ou une larme d'émotion naitre dans ses yeux au son de votre musique, c'était tout simplement magique… Il n'y avait que dans ses moments privilégié que je prenais le risque d'exposer ma sensibilité, ma fragilité et c'était infiniment salvateur.
Ainsi donc, une fois mon tour passé sur cette scène, à peine j'en descendais qu'un inconnu se présentait à moi en me disant qu'il pouvait rendre ma dernière chanson, qui était un peu fade dans les refrains, beaucoup plus profonde… Ma première idée avait été de lui coller mon poing dans son joli nez… Son approche ne m'avait guère plus. Moi et mon caractère quelque peu revêche… mais qu'est-ce que je dis ? Quelque peu revêche ? Mon caractère tout pourri oui ! Appelons un chat un chat, je m'en fous j'assume… Bien… Moi et mon caractère de merde nous apprêtions à l'envoyer bouler de la manière la moins diplomate du monde. Il dut s'en rendre compte à mon visage qui blêmi très rapidement. Il précisa qu'il avait vraiment beaucoup aimé ce que je faisais,, mais que le refrain de cette fameuse chanson n'était pas exploité à son maximum et qu'il redescendait de par se fait en intensité et avant même que je ne puisse en placer une il commença à argumenter. Mon petit poing me démangeait vraiment à ce moment-là. Je déteste que l'on me contraigne au silence, c'est bien mal me connaitre. Mon physique de jeune demoiselle blondinette tente souvent à laisser penser que je suis une petite midinette sans caractère et sans piquant et croyez-moi, du piquant, j'en ai !! Un peu trop peut-être… Toujours est-il que pourtant, je devais avouer que plus il avançait dans son explication plus il captait mon attention. Je n'aime pas avoir tort, je n'aime pas qu'on me le souligne et par-dessus tout je n'aime pas l'admettre ! Pourtant, quand je dois me rendre à l'évidence que c'est le cas, je sais me remettre en question et accepter la critique, surtout en musique car, sinon d'ordinaire je me vexe très rapidement. Quand on me fait une remarque on ne sait jamais sur quel pied danser. Ma réaction est souvent aléatoire de par mon côté imprévisible ce qui peut être parfois déstabilisant. En tous les cas on ne pourra pas dire de moi que je suis ennuyeuse ! Je lui proposais de boire un verre en ma compagnie pour continuer cet échange, ou du moins le commencer si j'arrivais à en placer une.

De là, nous passions plusieurs heures à ne cesser de parler de musique. Nous finissions même le soir chez moi à en faire. Tout le monde sait maintenant que j'ai une folle peur de m'engager par peur de l'abandon après le traumatisme de la mort de mes parents et de la disparition de mon jumeau, aussi je suis habituée à voguer de bras en bras pour un moment de tendresse charnel provisoire. Certes j'en souffre, mais je m'en accommode. Pourtant, jamais je n'avais invité une personne à peine rencontré à venir chez moi. Bien sûr, la situation était totalement différente, mais tout de même, je m'étais surprise moi-même de nous retrouver ici tous les deux à travailler sur ma chanson. Il me proposa même de venir à une «répétition ». Il retrouvait très souvent un ami très cher, nommé Dean je crois, pour s'adonner au plaisir de la musique à deux. Un moment de détente sans vraiment de prise de tête. Purement et simplement pour le plaisir. J'avais passé un moment bien plus qu'agréable en sa compagnie et pouvoir jouer avec quelqu'un qui était autant sur la même longueur d'onde était un véritable plaisir. J'acceptais.

Voici pourquoi, à ce moment précis, je me retrouvais devant la porte d'un local d'où s'échappait une musique parfaitement coordonné preuves que les deux garçons étaient déjà arrivés. Je n'en doutais pas vu que le GPS m'avait quelque peu perdu, quelle saloperie. Je détestais être en retard. J'espérais que le pack de bière que j'avais pensée à ramener me ferait pardonner. Je levais la main pour taper à la porte quand je me ravisais. C'était complètement inutile puisqu'il ne m'entendrait pas, aussi j'entrais directement. J'avais beau exposer aux yeux de toute l'image d'une femme à fort caractère, que j'avais, sûre d'elle et imperturbable, la vérité était tout autre. J'étais d'une sensibilité et d'une timidité inavouable… Aussi, même si je déboulais dans les lieux avec un sourire vissé à mes lèvres et une détermination qui semblait à toute épreuve, en vérité je me serais cachée dans n'importe quel trou de souris à porté. Heureusement que je connaissais déjà Spencer, ce qui facilitait beaucoup la chose. Celui-ci me sauta littéralement dessus pour me saluer ce qui me mit déjà plus à l'aise. Je fus immédiatement présenté à son ami qui me salua à son tour. Quand Spencer avoua qu'il avait oublié de parler de ma présence aujourd'hui à son camarade j'eus, je dois bien l'avouer, quelques pulsions meurtrières !!! Elles ne restèrent pas longtemps devant la moue enfantine du coupable. Il était vraiment trop chou, méga énervant parfois, mais vraiment chou !

- Enchanté de faire ta connaissance Dean. Je suis navrée de « m'imposer » ainsi du coup… Mais j'ai de la bière !

Dis-je en levant triomphalement le pack avant de le poser sur un meuble. Je posais autour de moi un regard approbateur.

- Vous êtes super bien ici les gars…

J'étais surprise de voir les lieux si chaleureux, bien agencé et si bien tenu surtout. J'imaginais quelque chose de plus… désordonné. Ce n'était pas aussi grand que mon « studio » de musique, mais il était plein de vie. Comme le témoin mobilier de nombreux moments riche passés ici. Mon petit coin à moi était beaucoup plus… clinique. Professionnel, mais de par ce biais plus froid. Il était optimisé un maximum pour pouvoir enregistrer. De toute façon, à par cette fois avec Spencer, j'y jouais seule alors… C'est pour ça qu'à peine entrée ici je m'y étais senti bien.

Je revenais enfin sur ce que ma nouvelle connaissance très séduisante venait de dire sur sa médiocrité.

- C'est Vrai que Speen a du talent, mais je suis persuadée qu'il n'est pas le seul.

Je lui offrais un clin d'œil amical. Avant d'entrée je les avais entendu jouer et je n'avais rien entendu de médiocre… rien… ni personne. Je me retournais maintenant vers le beau brun qui m'avait proposé de travailler de nouveau sur ma chanson.

- Vous étiez en train de travailler sur quoi avant que je ne débarque ?

Déjà que je m'imposais quelque peu dans ces lieux, je ne voulais pas non plus imposer ma musique. Du moins, pas avant de n'avoir pu m'imprégner de la leur.

code by lizzou — gifs by TUMBLR — 000 MOTS.

ONGLET 1 ONGLET 2

Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts

Spencer Cooper & Dean Wilkerson & Liv Hope

Dean semblait bien enjoué par la météo de ces derniers temps. Il était exact qu’ici à Island Bay, les saisons étaient inversées vis-à-vis de notre pays natal : les Etats Unis d’Amérique. « Tu as envie de faire un pique-nique pour la Thanksgiving ? » J’étais encore nostalgique de New York City. Les balades au Central Park me manquaient affreusement. Et maintenant je devais faire une croix sur la dinde de Thanksgiving. Bon soit dit en passant, même si je savais me débrouiller en cuisine, j’étais incapable de faire rôtir une volaille et encore moins de préparer sa farce. Alors si mon pote avait une toute autre idée pour cette fête qui annonçait l’arrivée proche de Noël, alors pourquoi pas un pique-nique dans ce cas-là ! « Ca changerait remarque. Tu connais un parc ici qui ressemble un peu à notre Central Park de New York ? » Casernier, je ne bougeais pas beaucoup. Malgré les années qui passent, ce pays demeurait pour moi un grand mystère. « Je sais ce que tu vas me dire. Que là-bas c’est du passé et qu’il faut vivre dans le présent. Mais entre nous, ça ne te manque jamais les trucs chelous qu’on faisait aux States ? Comme aller au fast food du coin à trois heures du matin parce qu’on était tellement à fond dans nos répéts qu’on en oubliait de nous nourrir ? » Il m’arrivait de me demander que je n’avais pas fait une erreur en débarquant dans ce pays étranger. Je regardais le vase qui contenait les cendres de maman et dont Dean avait été d’accord que je laisse au local le temps de trouver l’endroit idéal pour les disperser. C’était pour ma mère si j’étais venu vivre ici quelques années après son décès. Parce qu’elle rêvait de laisser son empreinte à Island Bay. De changer de vie et finir ses vieux jours ici.

J’avais le don implacable pour énerver mon entourage. Allez savoir pourquoi… Bon certes j’étais certainement le mec le plus maladroit de la planète et je ne tournais jamais ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler – était ce pour cela ? – quoiqu’il en soit, je remarquais facilement quand j’étais sur le point de me prendre un poing dans la tronche. Surtout avec Liv en fait. On ne se connaissait depuis à peine quelques jours et là en avouant avoir oublié de parler de sa visite à Dean, je vis à son regard que si elle avait des mitraillettes à la place des yeux, je ne serais sans doute plus de ce monde. Heureusement je savais me faire pardonner malgré mes rougeurs sur les joues avec mon petit sourire en coin et mes yeux à la chat botté. Rolala ! Qu’est ce que j’adorais ce dessin animé ! J’avais beau avoir trente-quatre ans, je demeurais un grand gamin devant un film d’animation. Si un jour vous voulez avoir la paix en me faisant taire, installez moi devant la télévision avec un seau de pop corn et un bon Pixar et vous aurez le silence absolu de ma part ! Chose que Dean savait user d’ailleurs quand il en avait marre de mon comportement perfectionniste et enfantin. Mouais bon d’accord je l’avoue clairement quand Dean avait marre que je fasse chier mon monde. J’étais l’emmerdeur de service et tout le monde le savait. Liv en a eu la preuve rien qu’avec notre rencontre. Au début elle voulait me casser la gueule mais au final on a passé la nuit ensemble chez elle. Enfin que cela soit dit, c’était uniquement professionnel. Il n’y a eu ni baiser ni sexe entre nous. Elle était très attirante il est vrai, mais jamais je ne lui manquerais de respect en couchant avec elle pour le simple plaisir de passer un bon mais bref moment sous la couette. « Oh de la bière ? Montre moi ça un peu… » Je pris le pack qu’elle avait à peine déposé sur le meuble pour ouvrir une bouteille pour chacun. « Honneur à la demoiselle. » Je servis Liv en prem’s, puis Dean et moi-même. Je pris une gorgée et répondit à notre invitée du jour. « On jouait une simple reprise de Billie Jean. » Je fis quelques pas de Moonwalk pour reculer déposer ma canette sur la table et prendre par ce fait ma guitare et jouer quelques notes. La musique était une de mes passions. Et quand je jouais, le monde extérieur n’existait plus, ni les peines qui en découlaient. « Je t’invite à te joindre à nous pour cette reprise Miss. Pas question que tu ne sois qu’une simple spectatrice envers nous. Et ça fera moins flipper Dean si tu joues et chante direct avec nous. » Je fis un grand sourire à mon pote d’enfance. Je savais que là encore je donnais des impulsions meurtrières. Je sentais mon téléphone vibrer dans la poche de mon pantalon. Je le pris et vis un message de ma grande sauterelle.

En attendant que Liv et lui fassent plus ample connaissance « bon désolé la pause pipi s’impose. Ne vous draguez pas trop. Je reviens vite et sans chandelle. » En fait je m’en fichais un peu. J’avais d’autres préoccupations avec le texto que Gemma venait de m’envoyer. Elle me donnait une cliente pour ce soir alors que je ne devais pas travailler. Et depuis mes échanges de sms avec Alcide à ce propos, je me sentais mal et avais envie de tout arrêter. Or j’étais dans l’impasse avec Gemma. Je ne pouvais pas la laisser tomber comme ça. Je lançais un dernier regard vers Dean et Liv qui commençaient à papoter ensemble. Mon pote voulait me dire un truc je crois mais étant à fond dans ma réponse pour la policière, je ne fis pas attention à ce qu’il me disait. En fait je crois qu’il voulait dire que les toilettes étaient de l’autre côté du local alors que je sortais dehors. Je ne m’éloignais pas. Je restais juste devant le temps de me vider la tête. Je ne pouvais pas plomber l’ambiance du groupe avec mes ennuis. Surtout que j’avais l’intention de proposer à Liv de se joindre à notre duo pour en faire un trio si Dean était d’accord avec moi à la fin de la répétition.

⇜ code by bat'phanie ⇝

ONGLET 1 ONGLET 2

- Il y a bien un parc à Center Bay ! C'es un endroit vraiment sympa, j'aime beaucoup y aller ! D'ailleurs, je ne sais pas si tu le sais, mais il y a un glacier, mon Dieu ! Tu m'en diras des nouvelles, je t'y amènerais ! D'ailleurs, ça pourrait être sympa qu'on se fasse un pique-nique pour Thanksgiving, toi, Chloé, si elle veut venir et moi ! A défaut d'un fast-food à 3 h du mat', on se fera une partie de trap-trap façon géante !

Dean évita soigneusement de penser à New York. Il avait le mal de son pays. Difficile de tourner le dos à sa ville natale. Ils y avaient partagé tant de choses durant leur jeunesse. Mais les Etats-Unis évoquaient surtout son mariage, raté... La violence verbale de son ex-femme, sa tromperie, ses humiliations... la désertion, qui l'empêchait désormais d'envisager tout retour là-bas. Il en souffrait, bien plus que ce que l'on pouvait croire. Parce que voir sa fille lui restait interdit, sauf à vouloir atterrir en prison. Oui, Island Bay restait un magnifique endroit, qu'il connaissait bien désormais, et qu'il appréciait. Il ne voulait pas en partir. De temps en temps, la nostalgie l'envahissait, apportant son lot de déprime, de regrets et de hantises. Il ne valait mieux pas qu'il erre dans tout ça, pas maintenant. Ca gâcherait leur répétition. Et puis, surprise, voilà que Spencer avait invitée une jeune femme, à se joindre à eux. Sans l'avertir ! Ca aurait pu le mettre en boule, mais Dean ne ressentit aucune colère contre son meilleur ami. Jamais, pas une seule fois, d'ailleurs, depuis qu'ils se connaissaient ! Et ça faisait un paquet d'années, maintenant ! Quelquefois, Cooper se montrait très direct, très cash, il ne filtrait pas ce qu'il pensait. Qu'importe, Wilkerson s'en accommodait sans mal. Il avait un caractère assez maléable, une faculté à écouter et comprendre qui s'avérait particulièrement rare. Et quand Dean commençait à avoir une overdose, il avait trouvé un super truc : un dessin animé. Ils se calaient tous les deux devants, retombaient en enfance et tout finissait par aller beaucoup mieux. A quoi bon se disputer, gaspiller de l'énergie pour se mettre en colère, répliquer, créer des tensions, alors qu'on pouvait régler l'affaire par un habile tour diplomatique et pacifique ? Il avait fait la guerre, il connaissait donc le prix inestimable de la paix et de l'harmonie.

- Hahaha ! Alors si tu as de la bière, tout va pour le mieux !

Dean ne buvait pas plus que ça. En vérité, il n'était pas très alcool. Il gardait une bonne hygiène de vie, qu'il tâchait de préserver, en tout temps et en tout lieu. De temps en temps, boire un petit coup ne le dérangeait pas, mais toujours avec maîtrise. A l'armée, on lui avait appris à rester maître de lui-même. Sa patience légendaire et son tempérament calme jouaient pour beaucoup dans cet état d'esprit. La jeune femme ne pensait pas si bien dire en constatant qu'ils étaient bien dans ce local. C'est vrai qu'ils se débrouillaient à merveille ! Il ne se rappelait plus lequel avait eu l'idée de l'endroit mais dès leur première visite, ils furent sous le charme. Ici, ils se retrouvaient au calme, isolés du monde extérieur. L'endroit idéal pour répéter, pour s'amuser. Car Wilkerson ne voyait pas ses talents servir à la scène. Trop timide, trop nerveux à l'idée de jouer devant d'autres personnes. Il perdait ses moyens et angoissait. Pourtant, il avait du talent. Il adorait la batterie, ça le défoulait, ça le transcendait même. Chloé, sa colocataire, appréciait quand il revenait des répétitions. Elle le trouvait extraverti, confiant, positif. La musique influençait sa vie dans le bon sens du terme. Quand Liv lui fit un compliment, il détourna le regard pour se concentrer sur ses baguettes qu'il tenait, penaud. Décidément, il n'avait pas l'habitude de ce genre de situations. Spencer le mettait un peu dans l'embarras ! Il espérait qu'ils n'aient pas à jouer devant un public, fut-il composé d'une unique personne ! Ils trinquèrent. Dean laissa Spencer parler et répondre. Leur modeste reprise de Billie Jean n'aurait pas du se dérouler ainsi, et il manqua s'étouffer lorsque son ami invita Liv à se joindre à eux. Ah non mais là, ça n'était pas du tout dans le contrat ça !!! Son pote commença à jouer et bientôt, les regards se tournèrent vers lui. Et puis voilà, comme une fleur, il s'éclispa et les laissa tous les deux. Dean voulut lui faire signe, mais il ne le vit pas, ou plutôt il fit semblant de ne pas le voir. Tout couillon, il lui indiqua que les toilettes se trouvaient de l'autre côté... trop tard. Il haussa les épaules.

- Oui... euh... alors... surprise ! Hum... Donc... tu chantes ? Euh... c'est génial !

On le sentait dans sa voix et dans son attitude. Dean était tétanisé à l'idée qu'une troisième personne, inconue, une femme, en plus, les rejoignent ! Ils ne se connaissaient pas ! Il jeta plusieurs coups d'oeil vers la porte, dans l'espoir de voir revenir Spencer lui annoncer qu'il lui faisait une grosse farce. Et histoire de ne pas paraitre impoli et de se renseigner quand même, il demanda :

- Et... euh... tu es pro ? Tu chantes juste comme ça pour t'amuser ? Ou tu veux faire carrière ? Non parce que, vraiment... je persiste à le dire, mais le génie du groupe c'est Spen... moi je suis là pour taper sur la grosse caisse en rythme, me défouler un peu... en toute modestie... mais je ne joue pas super bien... La musique c'est un loisir, tu vois...

Il tentait de se justifier. N'importe qui pouvait sentir à quel point il stressait. Lui, d'ordinaire si positif et si tranquille, ressemblait à une vraie pile électrique sur le point de se liquéfier !

- A la rigueur, je veux être juste spectateur et vous regarder ! J'aime quand il créé des trucs, tu vois ! Il est du genre exigeant, s'il y a une seule fausse note, il le détecte à l'oreille ! Il fait les arrangements, il coordonne tout, il est fait pour ça ! Et si c'est pareil pour toi, eh bien alors je suis super heureux que vous soyez croisés ! Vraiment ! Je connais Spencer depuis qu'on est gamins. S'il t'a fait venir ici, c'est qu'il est séduit par ton talent. Ce n'est pas dans ses habitudes de perdre son temps ! Dites-moi si je peux être utile pour le son, ou pour la nourriture, je peux aller chercher de quoi manger et tout !

Evidemment, toute ressemblance avec une tentative de fuite était fortuite... quoique pas tant que ça !

ONGLET 1 ONGLET 2

❝ Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts... ❞

- Dean & Spencer & Liv -

Qui néglige la musique ignore l'approche du sublime. La musique repose sur l'harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair.

Visiblement mes bières étaient les bienvenues ! Fort bien. Il m’en fut offert une que je ne tardais pas à faire teinter contre celles des deux garçons. Ainsi ils étaient en train de jouer Billie Jean ? Je n’avais pas vraiment reconnu entre le son étouffé entendu de dehors et ma nervosité même s’il me semblait que cet air m’était familier sans mettre le doigt dessus. Visiblement ils avaient de très bons gouts musicaux. Je l’avais déjà compris en jouant avec Spencer, mais ce fameux Dean semblait partager les même, c’était déjà un très bon point.

Le jeune Cooper me proposa de me joindre à leur duo sur cette reprise histoire de se faire une petite session à trois.

- Pourquoi pas, avec plaisir…

Dis-je alors que mon hôte et moi nous tournions vers Dean qui semblait passer d’une teinte de peau normal à celle d’un ton bien délavé… J’avais l’impression qu’il allait nous pondre un œuf mais que celui-ci avait bien du mal à sortir. Une légère grimace m’échappa alors que Spencer s’excusait pour se congédier… ou fuir peut-être… Toujours est-il qu’il prétexta une envie pressante mais semblait visiblement se tromper de sens à voir Dean essayé de capter son attention en désignant le sens opposé. Celui-ci fini par hausser les épaules, impuissant, devant un ami qui l’ignorait totalement et sortait dehors. Peut-être préférait-il arroser les plantes ?...

Je me retrouvais à présent face à un homme fort peu à l’aise qui essaya malgré tout, de prendre la parole pour me faire la conversation. Son malaise me fut alors retransmis. Visiblement il aurait préféré que je sois n’importe où plutôt que présente ici. Instinctivement je rabattais mes bras sur ma poitrine pour m’en enlacer.

- Euh… oui je chante et je joue du piano, de la guitare et je me suis mise depuis peu à la batterie en espérant pouvoir essayer le violon pas la suite…

Répondis-je en commençant à faire des pas dans la pièce. Commençant à toucher de droite à gauche les instruments, les installations. Plus pour fuir son regard qui me faisait maintenant me sentir… de trop… Son regard vers la porte m’en avait convaincue, il espérant vraiment me voir partir… Je n’étais pas franchement douée pour comprendre le comportement humain. Quand il me posa de nouvelles questions je déterminais enfin un réel manque de confiance en lui. Peut-être qu’il ne souhaitait pas ma présence non pas parce que je le dérangeais et qu’il me jugeait, mais peut-être parce qu’il avait peur de se faire juger lui… Ce qui était aux antipodes de mes convictions. Mais comment aurait-il pu le savoir il ne me connaissait pas !! Alors qu’il poursuivait en proposant de muer en genre de commis, un sourire se peignit sur mes lèvres. On aurait dit moins quelques temps plus tôt. Je ne me moquais pas bien au contraire je trouvais à la fois son manque de confiance touchante et triste. Je cessais de le fuir pour venir me poster devant lui pour lui parler en le regardant droit dans les yeux.

- Pro ? non pas du tout loin de là… Je joue de la gratte et du clavier depuis que je suis gosse et ne chante seulement que depuis environ deux ans… C’est une amie qui m’a convaincue que j’avais assez de talent pour me produire sur des scènes ouvertes. Si au départ j’ai énormément douté… Je sais qu’aujourd’hui je ne pourrais plus me passer de ses instants magiques de partages et de symbiose avec le publique. De cette adrénaline… J’adore la scène maintenant… Je ne pensais vraiment jamais dire cela un jour !

J’allais m’asseoir derrière un clavier et laissait mes doigts parcourir les notes au hasard.

- A vrai dire je ne suis pas comme Spencer, j’ai en effet pu remarquer qu’il était très minutieux. Sa musique est carrée, parfaite… Pour ma part je suis plus dans la transcendance, l’émotion. Je joue, je chante ce que je ressens sans me focaliser sur la technique. Je transmets les émotions. Quand nous avons joués tous les deux j’ai trouvé que cela collait parfaitement car les deux dimensions se complétaient à merveille. Je comprends pourquoi tu prends du plaisir à jouer avec lui… Mais tu sais…

Les notes faites au Hazard commençaient à jouer une vraie mélodie.

- Pointilleux comme il est… Si tu n’étais pas bon, il ne prendrait pas de plaisir à jouer avec toi… Et si j’ai bien compris pour lui, ce sont vraiment des moments qui sont pour lui privilégier… Mais après je peux comprendre que tu n’as pas envie de jouer avec moi… Tu ne me connais pas et tu ne savais pas que je venais aujourd’hui, pour te dire vrai… je ne savais pas que tu ne savais pas… Je ne veux vraiment pas t’imposer ma présence et je peux m’en aller si tu préfères partager ce moment avec ton ami… mais… Pour une fois que je peux jouer avec d’autres musiciens je suis ravie… Je serais vraiment super contente si tu me laissais une petite chance de partager moi aussi un petit bout de votre moment… Enfin si tu me juge assez bonne pour ça ?...

Concluais-je enfin alors que j’entamais l’intro de ma chanson. Ce n’était pas à lui de prouver quoi que ce soit mais bel et bien à moi de montrer ce que je savais faire pour espérer partager un petit moment privilégier. J’entamais donc « Brother » une reprise acoustique que mon frère et moi adorions. Je savais que Spencer la connaissait car nous l’avions déjà joué. S’il n’était pas trop occupé, peut-être me rejoindrait-il déjà.

code by lizzou — gifs by TUMBLR — 000 MOTS.

ONGLET 1 ONGLET 2

Je te donne, tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts

Spencer Cooper & Dean Wilkerson & Liv Hope

Pendant leurs projets pour la Thanksgiving, Dean me parla d’une certaine Chloé. Bizarrement je ne me rappelais pas d’elle. « C’est qui Chloé ? Ta nouvelle conquête ? » Lui demandais-je en souriant. Mon pote était beau garçon et avait une vie personnelle et intime bien plus intense que la mienne. En même temps, de mon côté, on pouvait comparer cela au désert du Nevada ! Ralàlà… Le sable, les casinos, la ville aux milles lumières… J’avais toujours rêvé de m’y rendre. J’espérais le faire un jour. Me marier dans la chapelle avec un sosie d’Elvis, ça devait être trop cool ! C’était un passage obligé pour les couples heureux et amoureux. Si un jour, j’ai une petite amie, j’aimerai la convaincre de faire cela ensemble. Rien que par amour et aussi pour le fun.

Liv arrivait au local, les bières partagées, je n’eus que le temps de proposer à la blondinette de se joindre à nous qu’un imprévu me coupa net dans mon élan. Je devais sortir immédiatement pour répondre à Gemma. Elle ne pouvait pas attendre. Laissant le reste du groupe en plan, je pris l’air pour textonner tranquillement ma grande sauterelle. Je n’eus pas le temps de lui envoyer mon message qu’elle m’appela sur mon cellulaire. C’est en soupirant que je décrochais et eus une conversation assez longue avec elle. Je lui faisais part de mon intention de cesser notre activité commune. Ca ne pouvait plus durer. Certes, il était vrai que je gagnais mieux ma vie. Mais à côté de cela, si je voulais avoir un peu de liberté, me concentrer sur moi-même et peut-être même me trouver une copine, je ne pouvais pas. Entre le Magic Event dont l’emploi du temps était plus que chargé avec les festivités de fin d’année et les clientes de Gemma, je n’avais plus une minute pour moi.

Suite à cet appel dont je me serais bien passé pour tout avouer, je refis surface dans le local. Liv était en train de faire ses preuves devant un Dean qui se liquidifiait sur place à l’idée de jouer et chanter devant une tierce personne autre que moi-même. Je le savais d’une timidité maladive mais quand même pas à ce point-là ! Alors pour aider Liv à s’intégrer, je m’avançais silencieusement, repris ma guitare en m’installant sur le tabouret à côté de la demoiselle. Elle avait énormément de talent. Je ne pouvais le nier. Tout en gardant mon silence – ce qui était plutôt rare me connaissant alors il valait mieux en profiter – mes doigts commencèrent à gratter les cordes. Et pour une fois, je n’en faisais pas qu’à ma tête. Etre perfectionniste à tout prix. C’était la chanson de Liv, je la suivais donc à sa méthode à elle. Tout en pensant à ma cliente de ce soir. J’avais tellement hâte que cette partie de ma vie cesse une bonne fois pour toute. Dean qui me connaissait depuis pour ainsi dire toujours devait se rendre compte que quelque chose clochait. Mais il savait aussi que je n’en parlerais pas. Même pas à lui.

Je fis une fausse note. « Pardon, excuse-moi Liv. On peut reprendre si tu veux ou je te laisse finir seule. Ou Dean peut aussi tenter de se joindre à nous non ? Allé mon frère ! Viens ! Tu nous manques là ! Montre à cette ravissante fille de quoi tu es capable ! » Je tentais d’encourager celui que, oui, je considérais réellement comme le frère que je n’ai jamais eu la chance d’avoir par les liens du sang.

⇜ code by bat'phanie ⇝

ONGLET 1 ONGLET 2

Dean n'était pas à l'aise à l'idée de jouer avec une troisième personne. Pour autant, il essayait de rester sympathique car il n'avait rien contre Liv. Quand elle avoua qu'elle ne jouait pas en tant que professionnelle, il fut plus rassuré. Ce qui l'inéquiétait, c'était son niveau. Car clairement, si elle avait été dans la musique jusqu'aux mèches, il se serait enfui en courant. Déjà, l'idée de se produire devant quelqu'un d'autre que Spencer le stressait beaucoup. Ca n'aurait pas été viable ! Il n'en restait pas moins qu'elle jouait bien au piano, l'air de rien. C'était saisissant l'aisance avec laquelle ses mains tapaient sur les touches. On aurait dit des marteaux, mais les coups restaient fluides, maîtrisés. Il régnait une certaine harmonie dans son air déstructuré. Telle une artiste qui créé sur le fil ses mélodies, elle allait où bon lui semblait, sans rien prévoir à l'avance. Epatant. Il en resta presque bouche bée. Liv entreprit alors de le rassurer. Elle trouva les mots justes. Spencer, depuis qu'il le connaissait, brillait par sa minutie. Il aimait les choses qui allaient dans un sens, dans le rythme. Dean s'amusait de le voir parfois s'acharner sur une musique qu'il voulait absolument jouer à la perfection. Et pour que les choses matchent entre eux, il fallait forcément que Wilkerson soit doué. Sinon, son meilleur ami lui aurait dit, avec toute la franchise qui le caractérisait, qu'il voulait trouver un autre partenaire. Leurs répétitions régulièrement prenaient la forme de rituels. Ils aimaient jouer ensemble, se retrouver juste pour la musique, pour passer un bon moment, découvrir une harmonie qui fonctionnait parfaitement à deux. Il voulut dire à Liv qu'elle n'avait pas besoin de partir, mais Spencer revint pile à ce moment là. Et ils entamèrent un duo improvisé qui conquit le pompier. Une évidence ! Il comprenait mieux pourquoi son meilleur ami l'avait invitée. Il y eut un canard, qui cassa un peu le rythme. Spencer s'excusa et invita Dean à les rejoindre.

Wilkerson se rassit sur ton tabouret, face à sa batterie. Ils reprirent, mais le stress lui fit complètement oublier rythme et tempo... Résultat la chance qu'ils recommençaient fut massacrée d'entrée. Il s'excusa, tenta à nouveau, sans succès. Dean posa ses baguettes. Ses mains temblaient sous l'angoisse. Il ferma les yeux et respira, en essayant de reprendre le contrôle. Son quotidien consistait à braver le danger pour aller sauver des vies. S'il arrivait à faire ça, il pouvait tout à fait jouer de la batterie devant Liv ! L'un d'eux suggéra qu'il commence, en guise d'intro. Dean avait une oreille musicale et donc tout naturellement, il retenait les notes et la cadence. Il souffla pour évacuer le stress et se concentrer. Tac-tac-tac. Cette fois, il accrocha correctement et quelques secondes après son départ, Liv et Spencer commencèrent à jouer. Il garda les yeux fermés tout au long de la chanson, pour ne pas se planter. L'ensemble, à trois, était magnifique à entendre. La chanson que voulait interprêter Liv prit une dimension nouvelle avec les trois instruments. Le jeune homme se sentait bien. Il avait réussi à mettre de côté sa timidité et il se lâchait vraiment. Le rythme initial allait crescendo. Dans sa bulle musicale, emporté par tout ça, Dean suivit le fil et se mit à taper plus rapidement. A un moment il partit en impro, offrant à la chanson une fin intense. Il ne se rendit pas compte tout de suite que les autres s'étaient arrêtés. Quand il tapa sur la grosse caisse une dernière fois et qu'il ouvrit les yeux, il vit les regards de Liv et Spencer posés sur lui. Aussitôt, il comprit et se mit à rougir, en se confondant en excuses :

- Je suis désolé... Je ne sais pas ce qui m'a pris... Le stress sans doute...

Repensant à la chanson qu'ils venaient de jouer, Dean se leva vers le synthé et l'alluma.

- Je me disais, dans la partie "refrain", ça pourrait être sympa d'avoir comme un écho derrière, de ce genre là...

Il fredonna l'air avec une justesse absolue, tapant sa main sur sa cuisse pour simuler la batterie et appuyant sur des touches du synthé pour faire entendre ce à quoi il pensait. Trouver des idées, ça lui correspondait. Il n'était pas rare qu'il propose à Spencer des choses. Toutes n'étaient pas bonnes à garder, mais en général, ça faisait mouche. Il demanda :

- Cette musique a des paroles ? Ou c'est un instrumental ?

ONGLET 1 ONGLET 2