Dans le secret des dieux [Azariah & Alcide]

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Mal au ventre. C'était la meilleure manière de dire en mots ce que ressentait Hackman. L'affaire Andersson venait d'être bouclée, Gemma rétrogradée... et l'homme n'était que moyennement satisfait. Il savait bien qu'il devait y avoir des raisons pour pousser un flic à agir contrairement à la loi, à l'éthique et à la déontologie, mais tout cela, en réalité, il était presque interdit d'en tenir compte dans les enquêtes internes.
Fondamentalement, ça dégoûtait Alcide. Il n'aimait pas la corruption, mais il n'aimait pas non plus le fait que ces enquêtes doivent être aussi inhumaines et désincarnées. Peut-être était-ce dû au fait que son propre père avait été arrêté quand Al était encore enfant...

Il se souvenait encore de ce jour. Sa mère, Déborah, n'avait pas pu lui expliquer exactement que qu'avait fait son père, ni pourquoi il l'avait fait. Mais Alcide avait grandi en étant sûr d'une chose : tout être humain peut parfois être poussé dans ses derniers retranchements par les aléas de la vie. Et personne n'était en droit de juger des motivations ou des raisons qu'avaient les gens d'agir. Même si leurs actes pouvaient et devaient l'être.

Alors, oui, cette affaire d'enquête sur l'inspectrice Gemma Andersson, dorénavant ex directrice du département de la brigade des stupéfiantes, mine de rien, ça soulevait beaucoup de questions. Mais ces interrogations ne trouveraient guère de réponses, en tout cas, pas tant que Gemma elle-même ne daigne expliquer ses motivations et ses raisons.

Quoi qu'il en soit, Hackman n'était pas le seul à se poser des questions. Peu de temps après la destitution de l'inspectrice, Alcide avait eu un coup de fil d'un certain Azariah Andersson qui demandait une entrevue. C'était le mari de Gemma et il était parfaitement en droit de se poser mille et une questions. Alors Al avait accepté de le rencontrer, sans savoir que cette affaire allait bientôt faire de lui le directeur de l'inspection générale de la police.

L'entrevue était fixée à 11h. Juste après qu'Alcide soit allé faire son rapport. Il venait d'apprendre que le directeur de l'IGPN soutiendrait sa candidature au poste de directeur si Al voulait de ce rôle.
Il avait à peine regagné son bureau quand la secrétaire annonça que son rendez-vous de 11h était arrivé.

"Entrez..."

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azariah ne savait comment décrire son état à cet instant précis. stressé, en colère, pleins de questions... sa femme rétrogradée était un véritable choc. il ne comprenait pas comment c'était possible. gemma ne lui avait pas donné plus d'explications que ça. alors voila qu'il avait fait une chose un peu folle. prendre rendez-vous avec le responsable de ce bordel. alcide hackman. l'homme avait bien voulu le recevoir. maintenant, az' était en route pour le rencontrer. il ne savait pas vraiment pourquoi il y allait. sûrement pour avoir des réponses. et pour dire à ce type que c'était inadmissible. il connaissait sa femme et jamais elle ne pourrait faire quelque chose qui serait susceptible de déplaire à ses patrons. enfin c'est ce qu'il croyait. mais sûrement qu'il y avait une raison. et azariah voulait savoir. alors il allait discuter avec hackman et il voulait des réponses. az' n'avait bien sur rien dit à sa femme. elle l'en aurait empêché. prétextant sûrement que ça ne le regardait pas. mais pour une raison ou pour une autre, il ne pouvait rester les bras croisés.
azariah arriva à 11h pile devant la secrétaire d'hackman qui l'annonça. ce dernier ne se fit pas prier et l'invita à entrer. l'homme était assis à son bureau. il devait être un peu plus âgé qu'azariah. mais il semblait plutôt sympathique à première vue. bonjour. azariah andersson. az' s'avança vers le bureau en tendant la main. je suis le mari de gemma andersson. azariah essayait de rester calme et de ne pas faire d'esclandre. ce n'est pas comme ça qu'il aurait des réponses. alors il faisait de son mieux pour rester poli et courtois. je suis la à propos de sa... rétrogradation... il avait encore beaucoup de mal à prononcer ce mot. lui qui pensait que c'était injuste envers sa femme. azariah finit par s'asseoir en face du bureau d'hackman et alla droit au but. je veux savoir comment on en est arrivé à cette... situation ?

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Dans sa profession, Alcide était sérieux. Il avait le goût du travail bien fait et n’appréciait pas qu’on puisse mal faire quelque chose, surtout quand d’autres personnes dépendaient de la manière dont les affaires étaient traitées.
Hackman était un professionnel sérieux, mais il ne se prenait pas au sérieux au point de refuser toute communication avec les proches des personnes concernées, non, il restait humain.

Alors quand Azariah se présenta au bureau, Alcide lui serra la main tendue et lui montra un siège confortable où prendre place.

"Installez-vous, Mr Andersson."

Hackman écouta les propos de son interlocuteur et sa bouche se crispa en une grimace désolée. "Je comprends parfaitement que vous ayez besoin de réponses, Mr Andersson, mais je suis tenu au secret professionnel."

Et ce n’était pas le genre d’Alcide d’aller répéter à gauche et à droite les potins des bureaux, même s’ils étaient fondés. Gemma était rétrogradée, elle n’avait pas besoin, en plus de ce qui lui arrivait, que son mari s’en mêle ou que tout le monde soit au courant.

"Ce que je peux vous dire, c’est que votre femme va avoir besoin de tout votre soutien. Ce qu’elle traverse n’est pas facile à vivre. Parlez avec elle, je pense que c’est la meilleure chose à faire."

Gemma était la seule personne à pouvoir expliquer ses raisons d’agir de la sorte. Alcide ne voulait pas intervenir dans leurs histoires de famille. Il avait fait son boulot, c’était aussi simple que cela.

"Vous voulez boire quelque chose ?"

Hackman avait envie d’un café, du coup, il proposait également. Debout près de sa cafetière, il se tourna vers l’homme.

"Gemma Andersson est un très bon élément. Sur le terrain, elle est sans doute parmi les effectifs les plus réactifs. Elle fait partie des bons flics pour cela."

Et des mauvais flics pour le reste… Mais ça, jamais Alcide ne le dirait. Il estimait que l’homme devait être sympathique, mais il ne pouvait pas lui révéler le contenu du dossier.
Et puis, sincèrement, ne valait-il pas mieux que ce mari soutienne sa femme ? Elle devait être au trente-sixième dessous, avec ce qui lui arrivait… Quand on est assez haut dans la hiérarchie, il y a toujours plus de chances de se casser la gueule… et plus on est haut et plus la chute fait mal. Alors, faire son boulot correctement, c’était plus qu’une nécessité. Il y avait de la délation dans toutes les professions. Hackman prenait ce genre de propos avec des pincettes, préférant l’analyse pointilleuse aux ragots.

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le secret professionnel. bien sur. azariah se doutait bien que le type allait lui sortir un truc du genre pour ne pas lui répondre. il avait déjà été étonné que hackman accepte de le rencontrer. après tout, azariah n'était qu'un simple civil et il n'avait probablement pas à se mêler des histoires de la police. azariah n'avait pas grand espoir d'avoir des réponses concrètes. et oui, l'homme avait raison, c'était à sa femme qu'il devait parler. or, celle-ci avait décidé que ce n'était pas les affaires de son mari. az' était dans une impasse. personne ne voulait lui dire ce qui se passait exactement. azariah soupira et s'affala dans le fauteuil qu'il occupait. il passa ses deux mains sur son visage. il accepta volontiers l'offre de hackman de boire quelque chose. un café se sera très bien. merci. il écouta à peine ce que l'homme lui énonçait ensuite. il faisait des éloges sur sa femme mais venait de la rétrograder. qu'est ce que ça voulait dire ? écoutez. ma femme ne veut absolument pas me parler de ce qui lui arrive. comment voulez-vous que je l'aide si je ne sais pas ce qui s'est passé ? azariah souffla à nouveau. la situation à la maison était devenue tendue. az' ne savait plus trop quoi dire à sa femme. il avait l'impression que chaque fois qu'il ouvrait la bouche elle l'envoyait chier. et puis, le problème de l'argent se posait aussi. sa femme faisait tourner la baraque avec son job. sa boutique marchait bien mais pas assez pour qu'il se verse un salaire décent. en résumé, c'était pas joli joli à la maison. et azariah avait l'impression de ne rien pouvoir faire pour arranger les choses. il se sentait démuni. j'imagine bien que je vous met dans une drôle de situation mais... az' se redressa dans son siège et regarda hackman droit dans les yeux. il eut honte de demander de l'aide comme ça, à un mec qu'il ne connaissait pas. j'ai besoin de réponses pour pouvoir l'aider. parce que la, il commençait à imaginer tout et n'importe quoi sur les raisons de cette rétrogradation. je vous demande pas de me révéler toute l'affaire mais... il sentait la colère revenir en lui. il éleva légèrement la voix. je sais pas mais j'ai besoin de savoir quelque chose. ses paroles lui semblaient ridicules. il était ridicule. que faisait-il la ? il se le demandait bien, tiens.

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Si jamais Alcide n’avait été marié, cela ne l’empêchait pas de comprendre ce qui, au cœur des relations humaines, pouvait se passer dans la tête de Mr Andersson.
La situation n’était pas vraiment complexe, l’homme cherchait des réponses à des questions qu’il aurait dû poser directement à son épouse. Pour ce qu’il en savait, Hackman ne pensait pas que Mrs Andersson soit du genre à être fermée au dialogue, bien au contraire : cette femme avait même plutôt besoin de communication.

Alcide prépara deux cafés et en servit un à son interlocuteur. Mieux valait un minimum de confort pour aborder des sujets délicats.
Et Azariah d’enchaîner sur le fait qu’il ne pouvait pas aider sa femme si celle-ci ne lui parlait pas. Pendant une fraction de seconde, Hackman eut comme l’impression d’être une sorte de thérapeute, alors que ce n’était ni son rôle ni sa mission. Il haussa simplement les épaules.

« Si vous n’arrivez pas à parler de tout cela avec votre femme, Mr Andersson, pensez-vous réellement que cela pourrait, ne serait-ce que de façon infime, arranger les choses si moi je venais m’en mêler? Permettez-moi d’en douter. »

Et même s’il le voulait, Alcide ne pouvait rien dire de l’affaire. Cela relevait du secret professionnel et il n’était pas homme à trahir le secret de son boulot. Surtout si l’on considérait la situation : Gemma était rétrogradée mais cela ne faisait pas d’elle un élément à évincer. Loin de là. Le rôle qu’avait joué Alcide dans l’affaire était simple : en recoupant les preuves et en analysant les rapports, il lui était apparu des éléments incohérents, des choses qui ne tombaient pas juste. L’étau s’était resserré sur Gemma, mais Hackman restait persuadé qu’il y avait sans doute d’autres flics qu’il fallait surveiller de la même manière.

Alors, sincèrement, le mea culot du mari qui ne comprend rien à cette histoire, Alcide n’en avait pas grand-chose à faire pour le moment. Tout ce qu’il pouvait faire pour Azariah, c’était lui donner quelques conseils que lui-même n’avait jamais appliqué au sein d’un couple.

« Écoutez, je comprends parfaitement votre désarroi, mais je ne peux rien vous dire. Les réponses que vous cherchez ici, c’est à votre femme de vous les donner. Ce que je peux vous dire, simplement, c’est que votre épouse a besoin de vous. Elle vit quelque chose de très difficile et sans vous, elle ne pourra pas se relever. J’ai bon espoir qu’elle retrouve un poste à responsabilités par la suite, mais cela ne sera possible que si on peut être sûrs et certains que ses talents sur le terrain n’auront pas été affectés par cette affaire. Si je peux me permettre : il faut que vous chouchoutiez un peu votre épouse, Mr Andersson. Elle aura besoin de votre présence, de votre écoute et de beaucoup d’attention. »

Alcide but un peu de son café. Cet homme lui rappelait un peu l’attitude qu’avait eue sa propre mère quand le père d’Alcide avait été arrêté. Elle non plus n’avait jamais été au courant de rien et puis toute l’histoire avait éclaté, brisant une famille et créant le malheur et la honte sur Déborah et son jeune fils...

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ce type avait raison. bien sur qu'il avait raison. azariah était un imbécile d'être venu ici chercher des réponses. il savait très bien qu'il n'aurait aucun renseignement supplémentaire. mais il avait eu besoin de faire la démarche. sûrement pour se donner bonne conscience. maintenant, il allait devoir faire confiance à gemma pour lui révéler ce qu'elle lui cachait quand elle le voudrait. il ne pouvait la forcer à lui avouer ses fautes. il fallait lui laisser du temps. au moins, cette visite chez alcide hackman lui aura permis de comprendre tout cela. comme il disait, il fallait qu'azariah soit un soutien pour gemma. ils allaient traverser cette épreuve ensemble, quoi qu'il arrive.
azariah se détendit dans son fauteuil. vous avez raison. c'était bête de ma part de venir ici. il réfléchit une seconde à l'image qu'il donnait à ce type. et dans la position dans laquelle il le mettait. désolé pour le dérangement. mais bon, j'ai bien fait de venir, j'ai gagné un café ! azariah essayait de détendre l'atmosphère. il prit sa tasse et but une gorgée de café. j'espère quand même que cette affaire, quelle qu'elle soit, n'entachera pas sa carrière. ma femme est une bosseuse et comme vous l'avez dit, cette histoire doit être dure à vivre pour elle. il ne voulait pas paraître lourd, mais il avait besoin de préciser cela. autant qu'il ne soit pas venu pour rien et qu'il glisse un mot en faveur de sa femme.

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