Any new encounter is likely to awaken the unthinkable - Sara

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❝ Any new encounter is likely to awaken the unthinkable ❞
Sara & Jensen

La tête dans les bouquins, je vérifie la théorie sur laquelle je bosse. Ce boulot me passionne et je viens travailler tous les jours en ayant le sourire. Lorsque Reid était dans le coma, c’est le seul truc qui m’a permis de tenir et dans lequel j’excellais. Certes, je n’ai pas été très performant mais j’ai fait mon boulot dans les temps. Bref, ma passion m’a aidé à garder le cap. Pour autant, je me rends compte que je me suis plongé là-dedans et éloigné de Reid. Je sens qu’il y a une certaine distance entre nous. Nous passons moins de temps ensemble, discutons moins. Avant il ne se passait pas une journée sans que nous ne communiquions. Mais aujourd’hui, c’est différent. Et je réalise que je déteste cette situation, ce fossé qui se creuse entre nous peu à peu. Je sais très bien que j’en suis en partie responsable, toujours rongé par la culpabilité de ce que j’ai fait. Ceci étant, mon meilleur ami ne semble pas non plus y mettre du sien. Alors sachant que j’ai posé mon après-midi, je décide de prendre le taureau par les cornes. La pendule affiche midi passé. J’attrape mes affaires et quitte mon bureau. Une fois dans la voiture, je prends le chemin de l’hôpital, que je ne connais que trop bien. Je sais qu’il a une pause dans peu de temps, ce sera donc l’occasion de déjeuner avec lui. Bon d’accord, je le prends un peu en traitre puisqu’il n’est pas prévenu mais qui ne tente rien n’a rien.
Une fois sur place, je me gare au parking visiteur. Le trajet jusqu’à son bureau n’est plus un secret pour moi, aussi j’y accède en quelques minutes. Lorsque je frappe, personne ne répond. Un coup d’œil à ma montre, pourtant il devrait être là. Une infirmière passe dans le couloir et je l’interpelle « Bonjour, je cherche Mr Bane-Levy, il n’est pas là ? » Cette dernière secoue la tête, me précisant qu’il est encore en visite. « Merci je vais l’attendre alors. Bonne journée. » Je ne peux m’empêcher de soupirer et prends la direction de la cafétéria. Je tiens vraiment à déjeuner avec lui, alors j’opte pour ma dose de caféine et me cale dans un coin sans demander mon reste. Cet environnement me met mal à l’aise. Ça n’a rien de très original, les gens détestent les hôpitaux de manière générale. Mais il y a de cela quelques mois, je venais ici sans angoisse, sans sentiment de gêne. A présent, j’ai la sensation d’être un intrus. Lorsqu’il était ici, j’ai été incapable de lui rendre visite et ce, même lorsqu’il s’est réveillé. Cet endroit me rappelle constamment que j’ai foutu mon meilleur ami dans le coma mais qu’en plus, je n’ai pas été à ses côtés par la suite. Décidément, je déteste vraiment, les hôpitaux. Une voix me tire alors de mes pensées et je tourne la tête vers sa source. « Comment ? »

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Mon dernier patient de la journée. Une vieille femme qui tourne en rond depuis deux ans que je la suis, et j’ai beau tout essayer, c’est peine perdue. Elle n’est pas atteinte de démence mais parfois je me demande si elle ne fait pas exprès. Alors je l’écoute, réponds parfois, et la laisse parler, sur conseils de mes collègues avec qui j’ai pour habitude de débattre de mes patients, et eux des leurs, pour échanger nos points de vue et nos idées. Entre nous, le secret médical n’existe pas vraiment, et d’ailleurs, il ne faudrait surtout pas que les patients soient au courant de ça, nous sommes censés garder leurs émois simplement pour nous. Mais parfois, ça fait du bien d’en parler, pour éviter de jouer les éponges. J’en plaisante souvent avec mes amis d’ailleurs, ça me permet de souffler. Je griffonne sur mes notes pour lui faire croire que je l’écoute avec grande attention, mais à vrai dire, je suis plutôt concentrée sur mon ventre qui gargouille et l’heure du déjeuner qui approche. Heureusement, l’heure de thérapie touche à sa fin, et j’adresse un large sourire à ma patiente. « Nous finirons de parler de votre fille la semaine prochaine Mme Monroe. Je suis sûre que vous aurez encore beaucoup de choses à me raconter sur elle. » Des choses que je sais déjà, comme le restant de sa vie. Elle hoche la tête, se lève et je la raccompagne avec un large sourire vers la porte d’entrée. Je fais signe à mon âme et collègue qui m’attend devant mon bureau. « J’arrive, bouge pas. » Je vais chercher ma carte de restauration, mon portable et ferme mon bureau à clé, gardant ma blouse ouverte par dessus ma robe. Nous partons à la cafétéria avec Kelly, médecin urgentiste et amie de longue date. Une fois à la cafète, nous prenons de quoi nous restaurer, et nous installons à une table pour discuter un peu. Elle me raconte ses nouveaux cas et moi les miens. Mais elle s’interrompt brusquement en ayant vu quelqu’un. « Putain, c’est le mec dont je t’ai parlé, tu sais l’accident, le mec dans le coma, son meilleur ami qui est arrivé puis reparti et jamais revenu. » J’ai un peu de mal à la suivre sur le moment, mais heureusement j’ai une bonne mémoire. « Ah oui le mec dans le coma que tu trouvais mignon et avec qui t’as discuté à son réveil alors que c’était pas ton patient... » « Oh ça va la ramène pas ! Ouais bah c’est son abruti de meilleur ami j’crois. Merde. » Je fronce les sourcils en entendant son beeper. « Faut que j’y aille. On essaie de se voir plus tard. » Elle s’éclipse à une vitesse folle et je me retrouve comme une idiote. Soupirant, je continue de regarder le jeune homme en question, le pauvre a l’air perdu. Je me lève et le rejoins avant de m’adresser à lui d’une voix douce et enjouée comme à mon habitude. « Vous devriez opter pour une crêpe. » « Comment ? » me dit-il en se retournant. Je laisse échapper un rire adorable avant de lui répondre. « Je vous vois hésiter. Prenez une crêpe, elles sont faites sur place tous les matins, et elles sont divines ! » Nouveau large sourire. « Je m’appelle Sara. » lui dis-je en lui tendant la main.

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❝ Any new encounter is likely to awaken the unthinkable ❞
Sara & Jensen

L’idée de perdre mon meilleur et ce lien si fort qui nous unit me fait peur. J’aimerais pouvoir réparer ce qui s’est brisé entre nous mais je sais également que je ne peux faire que la moitié du chemin. Reid devra m’y retrouver, sinon cela ne servira à rien. Toute cette situation me prend la tête, si bien que je n’en dors presque plus. Le boulot est la seule chose qui me donne un but dernièrement. Alors je prends l’initiative, fais le premier pas. Voilà pourquoi je me retrouve à présent comme un idiot, à la cafétéria de l’hôpital, plongé dans mes pensées. Tellement concentré d’ailleurs, que je ne réalise pas immédiatement que l’on s’adresse à moi. Une jeune femme se tient à mes côtés et inattentif, je l’oblige à se répéter. Elle me parle de crêpes et je mets quelques secondes à percuter. Je secoue la tête et saisis la main qu’elle me tend. Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant. Elle dégage quelque chose de solaire, c’est communicatif. « Enchanté, moi c’est Jensen. » Je l’invite à s’asseoir à ma table et reprends ma place. Je repense alors à ce qu’elle m’a dit quelques secondes plus tôt « C’est gentil, mais j’espérais pouvoir déjeuner avec mon meilleur ami aujourd’hui. Il travaille ici, Reid Bane-Levy, vous le connaissez peut-être ? » Il y a peu de chances que ce soit le cas, vu la taille de cet endroit, mais sait-on jamais. Sara est attentive à ce que je lui dis et quelque part, je trouve ça rassurant. Mon téléphone se met à sonner et je vois le nom de Reid s’afficher sur l’écran. Je me tourne vers la jolie blonde « Excusez-moi » Je décroche et la suite me déçoit. Ce n’est pas tant les propos de mon meilleur ami mais plutôt ce que je viens de comprendre. Il ne travaille pas cet après-midi et a déjà quitté l’hôpital. Je ne peux cacher ma déception mais préfère me taire. Je choisis de ne pas lui dire où je suis non plus et nous mettons fin à la conversation. Décidément, rien ne fonctionne entre nous. La jeune femme m’adresse un sourire rayonnant que je ne peux que l’imiter même si le cœur n’y est pas. Je me lève, déçu « Il est parti plus tôt du travail, du coup, je vais y aller. Mais j’ai été ravi de faire votre connaissance Sara. » Je me dirige vers la sortie de la cafétéria puis me ravise. J’ai tout mon temps libre alors autant en profiter. Je retourne près de la jeune femme « Je ne sais pas si vous êtes libre ce midi, mais peut-être que … enfin, ça vous dirait que l’on déjeune ensemble ? Et rassurez-vous, vous n’êtes pas un prix de consolation. » Loin de là. Mais pourquoi rater l’occasion de passer un midi sympathique en compagnie d’une belle femme ?

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« Enchanté, moi c’est Jensen. » répond-il à ma présentation. Mon sourire semble être communicatif puisque le visage du jeune homme s’illumine d’avantage. Il m’invite à s’asseoir à sa table et j’accepte la proposition, prenant place sur la chaise en face de lui. « C’est gentil, mais j’espérais pouvoir déjeuner avec mon meilleur ami aujourd’hui. Il travaille ici, Reid Bane-Levy, vous le connaissez peut-être ? » Je plisse un peu les yeux, faisant mine de réfléchir. Mon amie m’a parlé du fameux Reid, mais je ne savais même pas qu’il travaillait ici. « Non, ça ne me dit rien, il y a tellement de monde qui travaille ici que ce serait impossible de connaître tous les noms. » Pourtant, son prénom est assez particulier pour qu’on s’en souvienne, mais non. Rien. Son téléphone sonne et je le laisse décrocher, remarquant que son visage se décompose de seconde en seconde. Sa voix se fait plus déçue et je fais au mieux pour ne pas le regarder, ne pas être intrusive dans ce coup de fil qui se veut privé. Une fois l’appel terminé, je repose mon regard sur le jeune homme et lui adresse un léger sourire, mais sa réponse est moins rayonnante qu’un peu plus tôt. « Il est parti plus tôt du travail, du coup, je vais y aller. Mais j’ai été ravi de faire votre connaissance Sara. » Je hoche la tête, me sentant du coup un peu bête de me faire abandonner comme ça, mais après tout, je ne le connais pas. « J’ai été ravie aussi Jensen. Bonne après-midi ! » Dernier sourire et je le laisse s’éloigner avant de lâcher un léger soupire. Je sors mon téléphone de ma poche et remarque un message sur ma boîte mail professionnelle qui m’annonce que mon patient de 14h a annulé sa séance. Nouveau soupire. Je vais devoir tuer le temps en attendant 15h. Mais une voix me sort de mes pensées. « Je ne sais pas si vous êtes libre ce midi, mais peut-être que … enfin, ça vous dirait que l’on déjeune ensemble ? Et rassurez-vous, vous n’êtes pas un prix de consolation. » Je ris à sa dernière phrase. Une seconde de réflexion, je regarde ma montre qui affiche à peine 12h15 puisque mon amie m’a plantée lâchement pour une urgence, et j’ai jusqu’à 15h. « J’allais devoir passer le temps jusqu’à 15h, alors j’accepte volontiers votre invitation. Mais pitié, allons ailleurs qu’ici ! » Ils font des trucs bons, mais si je peux m’échapper, je ne dis pas non. « Il y a un merveilleux petit restaurant indien à trois rues d’ici, vous aimez manger indien ? »

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❝ Any new encounter is likely to awaken the unthinkable ❞
Sara & Jensen

Je raccroche, déçu. C’était pourtant l’occasion de faire quelque chose ensemble, tous les deux et peut-être essayer de trouver ce qui clochait. Ne pas le prévenir de ma venue n’était pas très malin de ma part, je le concède mais je crois que quelque part, j’avais peur qu’il refuse, trouve une excuse bidon pour se défiler. Je réalise alors qu’une des bases fondamentales de notre amitié est également en train de foutre le camp : la franchise. Si Reid n’a aucun filtre la plupart du temps, je suis un brin plus réservé mais entre nous, il n’y a jamais eu d’obstacle, de frontière, on s’est toujours tout dit. Et me voilà en train de ruminer alors qu’il me suffirait de rentrer à la maison pour mettre les choses à plat une bonne fois pour toute. Mais je n’en fais rien. Au lieu de ça, j’explique très brièvement la situation à Sara et m’éloigne. Même si je ne rentre pas, je préfère partir. Ce lieu m’oppresse beaucoup trop. Et puis en y réfléchissant, je me dis que ce serait dommage de passer l’après-midi seul dans mon coin. Je le fais déjà presque tous les jours lorsque je ne suis pas au boulot. Je retourne voir la jeune femme, et lui propose, presque maladroitement, de déjeuner avec moi. « J’allais devoir passer le temps jusqu’à 15h, alors j’accepte volontiers votre invitation. Mais pitié, allons ailleurs qu’ici ! » Cette nouvelle me fait plaisir et bien malgré moi, je me mets à sourire bêtement. « Il y a un merveilleux petit restaurant indien à trois rues d’ici, vous aimez manger indien ? » Grand fan de cuisine, j’ai pu goûter, expérimenter et réaliser tous un tas de plats différents, mais l’indien reste inédit. Je secoue la tête « Non jamais, ce sera une première ! » Je laisse passer Sara devant moi avant d’ajouter « Vous voulez peut-être vous changer avant de partir. » lui dis-je, en désignant sa blouse blanche « Je vous attends dehors. » Je lui souris avant de sortir de l’hôpital. Ce n’est qu’une fois à l’extérieur que je réalise l’état dans lequel j’étais. Toute la tension et l’angoisse accumulées semblent se libérer d’un seul coup et je respire à nouveau. Je prends le temps de décompresser quelques minutes et c’est une pression sur mon bras qui me sort de mes pensées. Sara se tient à côté de moi. Décidément, je ne lui porte pas suffisamment attention. Un sourire vient automatique naitre sur mon visage « Je vous laisse me guider. » La jeune femme prend les devants et je reste à sa hauteur. Je l’observe du coin de l’œil, aussi discrètement que possible. Elle dégage une réelle positivité, une certaine énergie, quelque chose qui vous donne envie de sourire rien qu’à la regardant. « Alors, que faites-vous exactement à l’hôpital ? Médecin, pédiatre, chirurgien ? » Ce ne sont pas les vocations qui manquent dans ce genre d’établissement et parfois, connaitre la profession d’une personne pouvait nous aider à mieux la cerner, aussi énigmatique soit-elle.

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