Changement de programme [Liv & Alcide]

Une bien agréable soirée était celle que je venais de passer en compagnie d’un parfaite inconnu. Comme toujours quand j’avais un petit coup de blues je sortais seule dans un bar distingué que j’affectionnais particulièrement. Je connaissais d’ailleurs tous ses employés. Ce soir j’y avais rencontré un jeune homme qui était de passage pour ses études. Un mot en amenant un autre nous finissions la discussion, ou pas, dans son appartement de location. Les relations sans lendemain comme celle-ci, je les collectionnais. Mon irrépétible peur de m’engager ne me donnait d’autre alternative. Ce n’était pas tant la peur de s’engager en soit qui me tenaillait, mais surtout la peur de l’abandon. Peur de perdre une nouvelle fois une personne qui me serait des plus chères, vitales… Après la mort de mes parents, cette peur ne m’avait jamais plus quitté. Elle c’était même intensifiée à la disparition de mon frère jumeau. Malgré ce que je pouvais laisser entrevoir de moi j’étais une indécrottable romantique, qui aurait pu le croire n’est-ce pas ? Je croyais au véritable amour, celui qui vous rend à la fois fort et idiot… Aussi préférais-je ne jamais le connaitre plutôt que de m’en voir priver un jour ou l’autre car tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, il disparaitrait… Tel était ma malédiction… Ainsi donc voilà pourquoi, une nouvelle fois, je m’étais blotti dans des bras temporaire. Une fois l’homme endormis j’avais filé à l’anglaise. J’étais là, en train de rentrer chez moi au volant de ma voiture.

La rue était déserte. Tout à coup je pilais ! Un chat, figé sur ses quatre pattes regardait fixement les phares de ma voiture. Heureusement que je ne roulais pas vite, le malheureux aurait eu bien moins de chance sinon. J’ouvris la fenêtre pour le prier de filer ce qu’il ne mis guère de temps à faire. Petit inconscient qui s’était presque jeté sous mes roues pour je ne sais quelle raison… Suicidaire ? J’étais bien heureuse de ne lui avoir fait aucun mal… Pourtant mon soulagement ne dura que peu de temps alors que j’entendais, impuissante, le moteur de ma voiture se couper. Je levais un sourcil d’étonnement. Tiens… Curieux… Je coupais le contact et essayais de la démarrer de nouveau… Rien…

Ma patience s’émiettait alors que je multipliais les tentatives, toutes infructueuses… Quelques jurons colorés commençaient même à sortir de ma bouche délicate. Oui pour dire vrai je n’étais pas du tout délicate et j’avais même le langage fleuri facile ! J’étais tellement occupé à ce que je faisais que je ne m’aperçus même pas qu’une silhouette se dirigeait vers moi. Quand une voix masculine me demanda si tout allait bien, les mots sortirent automatiquement de ma bouche.

- Ha mais oui tout baigne… j’aime me faire l’auto coup de la panne… D’ailleurs je suis à deux doigts de me faire craquer donc ne me cassez pas mon coup et allez voir ailleurs si moi et moi-même y sommes !

Je n’avais même pas daigné jeter le moindre regard à mon interlocuteur. J’étais tellement excéder que mes mots avaient dépassé ma pensée. Après une dernière tentative, j’obtempérais et jetais mes clés sur le siège passager en levant enfin les yeux vers l’inconnu.

- Je suis désolée…

M’excuser n’était pas quelque chose que je faisais volontiers ni gratuitement, mais, même si j’avais un fort caractère je n’étais pas une garce et je ne parlais jamais de cette manière méprisante à quelqu’un, à part s’il l’avait mérité.

- Vous n’y êtes pour rien. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Le moteur c’est arrêté et impossible de repartir…

Comme toute jeune femme un temps sois peut intelligente, je gardais tout de même un œil sur cette homme que je ne connaissais pas. Depuis l’agression d’Abbey je redoublais même de vigilance. Je m’autorisais en fait à détailler discrètement ses traits. Séduisant mâle âgé d’une cinquantaine d’année dirais-je. Il me semblait l’avoir déjà vu dans le quartier sans que nous ayons échangé mots.

Oui c’était rare, mais je venais de m’excuser. Il avait été prévenant et ne méritais pas de se faire envoyer bouler ainsi. Pourtant à mes excuses il ne sembla pas étonné par le fait que je l’avais envoyé sur les roses d’une façon si direct. Je ne pus retenir un sourire quand il m’informa que la première chose à faire était de ne pas s’énerver. C’était tellement mal me connaitre moi et mon caractère de… Il fallait attendre que le moteur refroidisse avant de faire quoi que ce soit sous le capot. Il avait raison. La mécanique n’était pas franchement mon truc. Donné moi un ordinateur à démonter, à remonter, à formater, des lignes de codes, mettre un réseau en place ou tout un tas de truc concernant l’informatique j’en faisais mon affaire, mais ça… non.

Mon sourire redoubla quand cet inconnu se montra chevaleresque en me demandant s’il pouvait se rendre utile pour moi de quelques manières que ce soit. Il avait une façon de faire et de parler complètement dépassé et gentleman des années soixante. Pourtant je trouvais cela absolument délicieux ! C’était vraiment dommage que toute cette galanterie se fasse si rare de nos jours. Quand il me demanda si je vivais dans le quartier j’acquiesçais.

- Oui, à quelques pâtés de maison en faites.

Tout comme il me semblait l’avoir déjà aperçu s’en doute c’était-il dit la même chose à mon propos. Mon héro me demanda si je préférais qu’il me raccompagne ou s’il devait se munir de ses outils pour quand le moteur aurait refroidi. Il s’y connaissait en mécanique ? Personnellement cela m’aurait vraiment arrangé et puisqu’il me le proposait… Je ne voulais pas abuser mais il s’agissait de la voiture de mon frère et j’avais beaucoup de peine à devoir la laisser ici. C’était une partie de lui que je ne pouvais abandonner derrière moi. Même temporairement.

- Ne riez pas mais… je tiens énormément à cette voiture. Elle a une valeur sentimentale dont vous ne pouvez imaginer la puissance. Je vous avoue que la laissez ici, même si elle semble être en sécurité, ne m’enchante pas vraiment…

Un rire léger s’échappa de ma gorge alors que cet homme me proposa un chocolat pour patienter. Mais de quelle planète débarquait-il ? Il dû prendre mon rire pour une suspicion de ma part vis-à-vis de ses attentions car il enchaina.

Je levais un sourcil provocateur quand il eut fini.

- Si vous tentiez quoi que ce soit sans mon accord c’est vous qui auriez besoin de témoin pour pouvoir porter plainte contre coups et blessures !

Je ponctuais d’un rire franc pour témoigner que je plaisantais avant de lui offrir un regard entendu. Oui, je ne plaisantais pas tant que cela en fait. Je lui tendais enfin la main.

- Liv Hope, votre damoiselle en détresse de ce soir…

Ma poignée de main était tout aussi franche.

- Et je vous avoue qu’un petit chocolat chaud serait absolument le bienvenu ! Surtout s’il y a de la guimauve dedans ?

Oui je sais, je sais, j’étais une indécrottable gourmande et j’abusais certainement. Mais j’adorais le chocolat chaud ou commençaient à fondre de délicieuse guimauve… Hum… j’étais un véritable ventre sur pattes !

- J’espère que je ne m’impose pas tout de même ? Je ne vais pas déranger quelqu’un ?

Une femme, un enfant… une quelconque tierce personne qui n’aurait pas vraiment été ravie de ma présence.

Si ce monsieur Hackman n’était pas sûr de pouvoir arranger ma situation, il était déjà fort aimable de vouloir essayer. Je levais un sourcil interrogatif sur sa pelouse. Oui effectivement elle était bien entretenue mais n’avait rien non plus d’extraordinaire… C’était une pelouse quoi… Ce monsieur aurait eu une relation particulière avec « l’herbe » que cela ne m’aurait pas étonné. Mais pour dire vrai je trouvais so humour frais et agréable. J’eus un petit rire léger.

- C’est surtout qu’elle appartient à quelqu’un de très important pour moi…

Précisais-je alors qu’il m’informait qu’il comprenait qu’on puisse être attaché à sa voiture. « Elle appartient », je me rendais tristement compte que j’étais toujours incapable de parler de Caleb au passé… y parviendrais-je seulement un jour ?

Pour l’heure, pour continuer sur le ton de l’humour je lui précisais que c’est plutôt lui qu’il faudrait sauver s’il tenté quelque chose de mal venu… Ce n’était pas totalement de l’humour à dire vrai… Je fini par me présenter enfin et de le remercier pour l’invitation et qu’un délicieux chocolat serait effectivement le bienvenu.

Je lui emboitais enfin le pas en précisant que j’avais quelque peu peur de déranger quelqu’un en ses lieux. Mes yeux s’illuminèrent quand il parla d’un chien. Il fallait bien avouer que j’étais 30 millions d’amis à moi toute seule. Une vrai gamine quand il s’agissait d’animaux. J’assumais totalement cette partie de moi à contrario des autres!

Je fus installé dans le salon alors qu’il se retirait me préparer ma boisson. J’avoue que j’aurais préféré qu’il ne le fasse devant moi… Trop méfiante ? Surement… Mais pas assez après tout car je le laissais faire. J’en profitais pour porter un regard appréciateur sur la pièce. Il vivait seul mais il avait indéniablement beaucoup de goût pour la déco… c’était vrai et super bien… AU PUTAIN ENORME ! Ce monsieur en plus d’être un hôte absolument serviable et charmant jouait aux jeux vidéo… Far cry primal… un jeu action-aventure multi plateforme… oui bon ok 3 plateformes… Ps4, Xbone et Pc. Far cry était une valeur sur malgré un 4eme opus un peu poussif. Primal avait su redonner un peu e piment au jeu. J’avais beaucoup aimé.

Le voyant revenir, un plateau dans les mains, mes yeux s’illuminèrent quand je vis les contenants choisi…

- Mais tu es sérieux là !!

Entre eux, les geeks ne se tutoyaient pas… Au vu des quelques jeux déposés à côté de la ps4, de très bon choix, je pus déduire qu’il n’était pas novice… Je comprenais un peu mieux son comportement… diffèrent que j’appréciais beaucoup… Je pouvais me tromper mais ça sentait le client de rpg ça !

- Je ne t’imaginais absolument pas… joueur… Mais tu l’es à quel point ?

Je ne pensais absolument plus à ma voiture.

- Merci beaucoup pour le choco !

Lui lançais-je alors que j’allais m’asseoir en tailleur devant la console. Quand il s’agissait de Geekitude… j’étais une vrai gamine malgré ma trentaine bien passé…