C'est tout un programme ! [Capucine & Alcide]

[Hrp : Pas de soucis, on a tous une vie, on est pas aux pièces et on n'est pas là pour se prendre la tête !]

La conversation prenait clairement un tour plus intime. Il était déjà arrivé à Capucine d'entretenir un temps ce genre de relation avec certains de ses interlocuteurs. Et elle devait bien reconnaître que certains avaient été moins... délicats dans leur approche. Il y en avait même certains, qui avait rapidement dégagé de ses contacts privilégiés qui l'avaient abordée en privé d'un « T'as l'air bonne ! Et je suis on bon coup, tu veux qu'on s’amuse ? ». Même si elle pouvait se révéler parfois délurée derrière son écran, il y avait quand même des limites.

Il y avait déjà plusieurs jours qu'elle papotait avec Cerbérus, et c'était la première fois que la conversation devenait un peu plus émoustillante, tout en restant légère. Elle aimait bien.

« Tout dépend des cas. Il y a des situations où je préfère un peu de monotonie. Mais, effectivement, un peu de fantaisie donne plus de relief à la vie.  » répondit-elle.

A son tour, elle décida de le taquiner un peu quand il lui demanda quel age elle lui donnait.

« Et bien, je te donnerais quelques années de plus que moi... je dirais la petite cinquantaine, toute tes dents et plus d'expérience que moi pour éviter la monotonie.  »

Après s'être fait chopper en flagrant délit de tentative de triche, elle avait craint qu'il ne décide de couper court à leur relation. Elle en aurait été malheureuse et décida de ne pas retenter quelque chose du genre. Elle aimait leurs conversation. Depuis quelques jours, elle était impatiente de rentrer le soir pour le retrouver. Et vu qu'il semblait extrêmement bon en informatique, elle était sure qu'il ne lui passerait pas une deuxième incartade. Elle avait pris toutes les précautions nécessaires pour que son traceur soit le plus discret possible. Il fallait qu'il soit au moins aussi bon qu'elle pour l'avoir décelé.

« Pour ce qui est de ce que je sais de toi, à se stade de nos échanges, je dirais que je ne sais pas grand chose avec certitude, si ce n'est que tu es doué avec un ordinateur et que tu sembles plutôt joueur. Je sais que tu as un chien, que tu travailles beaucoup et que tu rentres tard.

Pour le reste, je t'imagine avec un boulot à responsabilité, probablement avec des personnes sous tes ordres. Comme je te l'ai dit, je pense que tu as quelques années de plus que moi.

Concernant ta localisation géographique, je suppose que tu es sur le même fuseau horaire que moi. Mon traceur ( ) m'a dit que tu étais dans la même région que moi, avant que tu ne le désactive, mais je ne peux pas avoir de certitudes, puisque autant que je le sache, tu aurais été parfaitement capable de me faire le coup du retour à l'envoyeur. »

Elle sourit en lisant sa réponse. Il se livrait un peu, fils unique, enfant de la ville. Il alla même jusqu'à lui suggérer de l'appeler par son diminutif, qui la fit rire d'ailleurs.

« Al ? Comme dans Al Capone ? J'ose espérer que tu n'es pas dans le même secteur d'activité que lui !

Décidément, je trouve que nous avons beaucoup de points communs. Je suis également fille unique, et j'ai grandit en ville, mais au milieu des fleurs. Je ne conçoit pas ma vie sans un petit coin de verdure, même aussi grand qu'un timbre poste.

Je n'ai pas d'animaux de compagnie à proprement parler, juste quelques chats errants que je nourris et qui apprécie parfois de venir profiter d'un coussin au chaud.

Je suis assez bonne cuisinière moi même, surtout pour régaler mes amis. Peut être auras-tu l'occasion de le réaliser un jour   .

Oh, et si tu ne veux pas continuer à utiliser mon pseudo, tu peux m’appeler Cap.    »

Elle lui donnait un indice plus précis que lui, mais bon, il fallait bien reconnaître qu'il n'y avait pas tant de prénom commençant comme le sien.

Capucine ressentit une certaine fierté d'avoir su donner un age relativement juste à son interlocuteur. Elle n'avait jamais été très douée pour ce genre d'exercice et préférait s'en abstenir de peur de vexer les gens. L'exercice était encore plus délicat avec les femmes, elle en connaissait un certain nombre qui avait 30 ans depuis dix ou quinze ans, mais elle savait que certains homme vivait plutôt mal le passage du temps aussi.

Pour sa part, elle n'avait aucun problème avec le temps qui passait, même si elle devait parfois s'avouer qu'elle était surprise quand elle avouait son age d'être plus âgée que ce que son esprit pensait. Elle était du genre à penser que plus que l'age physique c'était l'age mental qui comptait le plus. Elle connaissait des personnes très âgées, qui étaient très jeune dans leur tête et des jeunes qui semblait avoir toujours été vieux.

Ainsi, Al avait une dizaine d'année de plus qu'elle. Ça c'était quand même une nouveauté, elle ne se rappelait pas avoir badiner avec quelqu'un ayant une telle différence d'age avec elle, que ce soit plus vieux ou plus jeune qu'elle. Elle préférait souvent les hommes dans sa tranche d'age, justement souvent pour des raisons de mentalité.  Mais elle devait bien reconnaître qu'elle adorait ses petits jeux avec lui et son ouverture d'esprit.

Il le lui prouva encore en faisant référence à une dent manquante, et elle s'entendit rire dans le silence de son appartement en imaginant un petit garçon au sourire édenté.

« Je suis sure que tu étais craquant avec ton sourire berchu ! Mais effectivement, sur un adulte aussi raffiné et élégant que je t'imagine, ça donnerait probablement un style assez étrange ! » répondit-elle avant d'ajouter « Oui, 53 ans, c'est la « petit cinquantaine », tu passeras à la « cinquantaine » à 59 ! »

Encore une fois il reprit son style « langue de bois » pour répondre à sa questions sur le fuseau horaire, et elle remarqua qu'il ne faisait pas référence à son « traceur ». Capucine fronça les lèvres. Elle était un peu déçue, elle aurait au moins voulu savoir sur quel continent il vivait. Mais à la réflexion, il lui donnait une indication. Il n'avait jamais vécu en Asie ? Donc, il ne s'y trouvait certainement pas, et à part ce contient, il y avait peu de monde sur le même fuseau horaire que Wellington. Il y avait donc des chances pour qu'il soit sur la même ile qu'elle.

« Quinze chameaux ? Voilà une offre plus que généreuse, je suis flattée... même si je pense que mes parents en serait plus embarrassés qu'autre chose. » répondit-elle


Elle rit à nouveau quand il évoqua l'idée de fabriquer lui même son alcool.

« Je doute qu'Al Capone fabriquait lui même sa marchandise, et il me semble avoir entendu dire que l'alcool frelaté pouvait rendre aveugle, du coup, je pense que ça ne serait pas si économique que ça. » répondit-elle.

Son humeur joyeuse s'effondra quand elle lut son message suivant. Quelle andouille elle faisait ! Elle avait déduit qu'Al était fils unique, elle n'avait jamais envisagé qu'il ait pu perdre un frère. Elle sentit son cœur se serrer.

« Ahh, les chips et les pelures de pommes de terre sont les choses les plus difficiles à faire prendre ! Tout comme les pièces de monnaie ou le beurre en branche ! » répondit-elle en s'efforçant de garder un ton léger avant d'ajouter « Je suis désolée d'avoir fait remonter des souvenirs aussi douloureux. »

Elle décida de ramener la conversation sur un sujet plus léger.

« Alors, dis moi, je sais déjà que tu as une sourire parfait, mais que peux tu me dire de plus sur toi ? J'aime bien savoir à quoi ressemble celui qui hante mes fantasmes ! »

Bon, elle y allait fort là, elle se sentit rougir. Pour qui allait-il la prendre ?

La conversation repartie sur un sujet plus léger et Capucine en fut rassurée. Elle n'avait pas aimé réveiller, par ses questions, des souvenirs aussi douloureux. Mais comment aurait-elle pu savoir ? Comment pouvait-elle éviter de mettre le doigt sur des points sensibles à l'avenir, sans rien savoir de son interlocuteur. Bien sûr, il ne semblait pas lui en tenir rigueur, mais pour elle s'était un crève cœur.

Son ordi fit entendre un petit gazouillement signalant l'arrivée d'un nouveau message. Elle secoua la tête pour chasser ses idées grises et se concentrer sur le dernier message d'Al.

Al... elle se demandait à quel prénom correspondait ce diminutif. En y réfléchissant brièvement, elle avait déjà trouvé une demi douzaine de prénom courant. Elle ricana en pensant à la série qu'elle regardait quand elle était gamine.

Et bien... Même si le portrait qu'il faisait de lui même était plutôt succinct, elle le trouvait plutôt à son goût. Les cheveux poivre et sel, yeux marrons, grand, athlétique, soigné et élégant de ce qu'elle devinait. L'image mentale qu'elle s'en faisait commençait à être des plus appétissantes.

« Hmmm, voilà un portrait des plus appétissants.  :bave:  

Soit rassuré, malgré ta carrure, et vu ton grand age, je pourrais pousser ton fauteuil roulant sans trop de soucis. Je ne suis pas ce qu'on peut appeler une brindille. Je suis grande, avec une silhouette harmonieuse malgré quelques rondeurs, que veux tu, je suis une incorrigible gourmande.  :flynn:   :pop:

J'ai les cheveux blond, longs, je porte des lunettes. J'aime les vêtements colorés, et malgré ma silhouette j'apprécie les robes et jupes prés du corps et assez courte.  

Par contre, je suis désolée, mais je ne pourrais pas me laisser pousser une barbe de quelques jours, mon système pileux facial est assez peu développé. »

Elle avait pour habitude d'être toujours aussi honnête que possible sur son physique envers ses interlocuteurs virtuels... sauf ceux avec lesquels elle n'envisageait pas un seul instant de pouvoir garder le contact. Avec ceux là, elle s'amusait parfois... soit en se faisait passer pour une bimbo, soit au contraire en enlaidissant au possible son portrait. Ce qu'elle aimait beaucoup aussi parfois, c'était de jouer le rôle de la couguar siliconé passionnée de chasse au lionceau.

Mais, avec Al, elle n'avait pas envie de jouer. Au delà du petit jeu de séduction qui semblait vouloir se mettre en place, et même si elle n'envisageait pas encore qu'une rencontre soit possible, elle appréciait leurs conversations et elle n'avait pas envie de s'amuser à ses dépends.