Leanne ► Come on the road ! ◄ # Au nord de Wellington.

Come on the road !

Leanne & Ella

En dix ans de carrière, jamais je ne m’aurais cru capable de prendre ne serait ce qu’un seul jour de congé. Mon boulot, c’était tellement toute ma vie, je pouvais y passer des heures que c’était comme ma seconde maison. Pourtant aujourd’hui, j’avais décidé de profiter du week-end. Enfin un vrai week-end sans penser au boulot. Ou presque puisque j’allais apprendre à mon amie Ella -et accessoirement la petite sœur de l’homme que j’aime- à savoir manier une arme. Depuis que je connaissais les Odair, Ella était une des seules avec qui je pouvais partager mon goût de l’extrême. Et pour cause, ensemble, on avait toujours aimer jouer les intrépides et là c’était de nouveau l’occasion. Bien sur avec Aylan aussi mais ce n’était pas la même chose. Avec lui, je ne pouvais jamais expliquer comment j’agissais à son égard, je redevenais presque une adolescente face à son premier amour. Cela en devenait rapidement perturbant d’ailleurs. Et puis j’avais tellement de rancune en moi, surtout depuis le sale coup de mon père il y a six mois que ça allait me faire du bien de tirer un peu dans une cible. Mais pour cela, il valait mieux quitter la ville durant quelques jours ou on aurait bien pu avoir des ennuis avec les collègues. Après tout, se servir d’une arme à proximité d’une ville était mal vu alors c’était la meilleure chose à faire. J’ignorais qu’Ella revenait de trois jours loin de la civilisation. Mais parfois c’était bien aussi de s’éloigner de toute population pour prendre le recul nécessaire. Même si, pour ma part, une bonne bouteille de bière faisait bien souvent l’affaire. Sauf que là deux jours rien qu’entre filles allaient me faire le plus grand bien, surtout avec ce retour à la nature qui se profilait à l’horizon.

On s’étaient donc données rendez vous chez elle, je devais passer la chercher avant qu’on parte à l’aventure au nord de Wellington. C’était relativement fréquent qu’avec Ella qu’on s’en aille chercher le grand frisson loin de toute civilisation. J’avais entendu dire qu’il y avait des champs à perte de vue et peu de monde dans le village aux alentours. Personne ne pourra nous empêcher de nous entraîner au tir aux pigeons ni même de se raconter les derniers potins de nos vies. Bien évidemment on avait prévu de quoi tenir niveau bières pour les deux jours à venir et je crois qu’on avait largement assez. Peut être même qu’on allait devoir rentrer avec à Wellington. Au moins cela allait nous permettre de rattraper le temps perdu. Parce qu’avec nos métiers respectifs, ce n’était pas comme si on pouvait se faire un road trip aussi souvent qu’avant. C’était l’après midi, il faisait relativement beau, c’était une après midi qui commençait bien. On en avait seulement pour une bonne heure de route avant d’arriver au village ou plutôt au champ non loin de là. C’était donc après une heure de route qu’on vint arriver au champ. Pendant que je commençais à monter la tente qui allait nous servir de toit pour les deux prochains jours, Ella sortit la glacière qui contenait les précieuses bières. Je me doutais qu’elle allait me parler de son frère et peut être même me conseiller de lui avouer mes sentiments. Seulement, même si j’en mourrais d’envie, je ne voulais pas perdre mon meilleur ami à cause de stupides sentiments amoureux. Pourtant ces sentiments me rongeaient depuis tellement d’années que je devais savoir s’ils étaient réciproques du côté d’Aylan. Soit, ce n’était pas le sujet du moment puisque pour l’heure, c’était juste un moment entre filles. Une fois l’installation faite, je vins me poser sur un fauteuil de camping et attrapa une bière avant de venir répondre à mon amie. "Et oui, que veux tu, faut croire que j’ai un talent fou pour trouver des pépites où passer du bon temps, venais je de répondre à Ella avant de reprendre. "Bon alors à quoi on trinque ? A notre week-end entre filles ? Ou à toutes les balles qu'on va tirer durant ce week-end ?", lui demandais je, tout en venant boire ma bouteille de bière et en souriant. Deux jours de camping avec une amie proche, ça allait être deux jours de folie.

Come on the road !

Leanne & Ella

Cette excursion était le genre de choses que j’aimais faire, il n’y avait rien de mieux que de passer deux jours loin de toute civilisation pour se retrouver et pour passer un agréable moment entre copines. Surtout qu’Ella était une des filles Odair avec qui je m’entendais aussi bien. D’un côté, on avait toutes les deux ce côté intrépide et cette envie d’aventure qui nous réunissait. Toutefois, j’avais été surprise par la demande que cette dernière m’avait faite, elle voulait apprendre à tirer avec une arme. D’ordinaire, on tirait au stand de tir et non dans un champ loin de tout. Mais là étant donné que c’était juste pour deux petits jours, je m’étais dis que personne n’apprendrait notre petite excursion. Bien sur je me doutais qu’Aylan allait se douter que j’avais passé le week-end avec sa petite sœur mais il n’était pas obligé de savoir pour la leçon de tir. Et quand bien même Ella était assez grande pour savoir ce qu’elle faisait et je ne comptais prendre aucun risque pour n’avoir aucun problème au boulot ou même pour qu’aucune de nous soit blessée lors de cette excursion.  Je ne serais pas étonnée qu’Aylan me déteste s’il arrivait quelque chose de grave à sa sœur, tellement il est très porté sur la famille. Enfin je m’en voudrais aussi d’avoir amenée Ella dans ce champ et qu’elle se prenne une balle perdue, je me sentirais coupable si cela venait à se produire. Fort heureusement j’avais choisi un champ relativement loin d’un village et où aucune chasse n’avait lieu dans les environs donc je pouvais respirer normalement, personne ne sera blessée durant ce week-end entre filles. D’autant que j’avais prévu des balles à blanc avec mon arme de service donc aucun risque de blessure grave. C’était bien la première fois en trois ans que j’étais revenue dans le coin que j’avais choisi de prendre des vacances. Bien sur j’avais du retourner sur Londres pour ma mutation puis pour le décès de ma maman mais c’était autre chose que passer ses journées au poste de police pour éviter un certain fiancé qui me harcelait pratiquement tous les jours. Alors autant dire que mes collègues avaient été surpris de cette demande de congé de quelques jours mais dans le fond je pense que j’avais besoin. Je travaillais tellement et sur des enquêtes qui impliquait un membre de ma famille que parfois c’était bien de prendre un peu de recul.

Mais pour l’heure et après plusieurs heures de route, il nous fallait monter la tente et installer tout notre barda. Parce qu’on allait pas dormir sur les blés non plus, il nous fallait tout de même un minimum de confort. J’étais tellement habile de mes mains que la tente était rapidement montée. Fallait croire que je me souvenais encore de comment on montait une tente, je n’étais pas si rouillée que ça au final. D’ailleurs, j’étais tellement fatiguée d’avoir monté la tente que je vins m’écrouler dans un fauteuil de camping qu’on avait ramené. Enfin, c’était sans doute la route qui m’avait fatigué un peu aussi. Après tout, ce n’était pas une simple autoroute qu’il fallait prendre pour arriver dans cette étendue de champ, non c’était plus une petite route de campagne qui pouvait faire mal aux fesses par moment. Ella venait de me faire savoir que j’avais eu une super idée de trouver un endroit aussi calme pour notre week-end, ce qui m’amusait un peu. Après tout,  j’avais été loin de la Nouvelle Zélande pendant plusieurs années et pourtant je me souvenais encore des endroits où il faisait bon d’y aller pour oublier la ville. Je décidais de commencer à venir la taquiner et sa réaction me fit éclater de rire. Elle trouvait que je commençais à me la péter un peu trop alors je vins lui répondre, entre deux fous rires. "Genre je me la pète moi ? C’est mal me connaître voyons", lui fis je, me retenant de rire encore plus que je ne pouvais déjà rire. C’était tellement pas mon genre de me la péter que la remarque d’Ella me fit plus que sourire. Après ce premier moment de rigolade, je vins lui demander à quoi on trinquait et elle vint confirmer qu’on devait trinquer à nous, notre week-end et à la courte vie de l’épouvantail qui se trouvait à proximité de notre campement improvisé. Elle me prévenait aussitôt qu’elle avait en tête de viser le chapeau de ce dernier, ce qui me fit à nouveau exploser de rire. Il est vrai qu’il avait un chapeau horrible et que si cela la motivait à tirer sans imaginer de tuer une personne réelle, je n’étais pas contre. Alors je vins lui répondre. "Et bien à notre week-end entre filles alors !", lui répondais je, venant lever mon verre en plastique car on passait un week-end à la sauvage, le confort était là mais il était au strict minimum et c’était ça la liberté du camping que j’appréciais. Je décidais de reprendre au sujet du tir. "C’est bien d’avoir un but pour bien tirer. Donc tu as deux jours pour dégommer le chapeau de l’épouvantail", lui fis je, esquissant un léger sourire, tout en reprenant. "D’ailleurs, je t’ai pas demandé pourquoi tu tenais tant à vouloir apprendre à manier une arme. Tu as des soucis ? Je dirais rien à ton frère, tu peux me faire confiance", lui disais je, m’inquiétant un peu pour elle car ce n’était pas tous les jours qu’on me demandait à apprendre à tirer. En fait, elle était même la première à me le demander et je ne voulais pas qu’elle se fasse vengeance elle même sur quelqu’un qui l’avait fait souffrir. Je savais qu’en évoquant son frère, j’allais avoir le droit à un léger sermon sur le fait que je n’arrivais pas à dire mes sentiments à ce dernier. Mais en même temps, comment avouer à son meilleur ami qu’on l’aime sans avoir peur de le perdre ? J’espérais qu’Ella saurait m’aider à répondre à cette question car je savais que le sujet d’Aylan allait très vite arriver sur le tapis.

Come on the road !

Leanne & Ella

S’échapper du quotidien, de la ville et de tous nos petits problèmes existentiels ne pouvait faire que du bien. Se retrouver grâce à la nature avait toujours eu le don de me relaxer, de m’apaiser et de me faire oublier mes peurs. Entourée de nature, j’étais sereine et j’oubliais tout ce que je ne pouvais avoir. L’amour d’Aylan par exemple. Je savais parfaitement qu’en partant deux jours en compagnie de sa petite sœur, j’allais sans doute devoir répondre à quelques questions à ce sujet. Mais connaissant Ella, cela n’allait pas ressembler au même type d’interrogatoire qu’on pouvait mener dans la police. Après tout, Ella avait beau être la sœur d’Aylan, elle restait une de mes amies proches. Cela allait rester bon enfant comme toujours quand on se retrouvait entre filles de toute manière. D’ailleurs, à peine arrivée et une fois tout le matériel de camping installé, on venait de s’installer sur les chaises et d’ouvrir nos bières qu’elle semblait presser d’apprendre à tirer. Je m’étais demandé pourquoi elle tenait tant à tirer avec une arme car ce n’était pas commun de vouloir tirer pour le plaisir. En général, c’était plus pour se défendre que pour le plaisir. Du coup, j’en étais venu à poser la question directement à Ella sur ce sujet, déjà que je savais qu’Aylan allait deviner que j’avais tiré avec sa sœur et que cela pouvait me retomber dessus. Après tout, je n’étais pas la plus douée pour cacher des choses à Aylan et il pouvait lire en moi comme un livre ouvert. Sauf qu’étrangement il n’avait pas encore réalisé les sentiments que je pouvais lui porter en dehors de notre grande, forte et belle amitié. Peut être me voyait il uniquement comme sa meilleure amie ? Tandis que je voulais plus avec lui, je voulais vivre avec lui, partager son quotidien, bref être encore plus à ses côtés, sans pour autant perdre ma liberté. Bah oui, je suis un peu comme les pur-sang, ils aiment la compagnie des autres mais aiment aussi leurs moments de liberté et de solitude. Quoiqu’il en soit, Ella venait de me faire savoir qu’elle comptait bien se faire le chapeau de l’épouvantail, ce qui me fit exploser de rire, littéralement. Comment ne pas rire avec un tel sous entendu ? Impossible de rester stoïque face à cela. Elle me fit non d’un signe de la tête, elle n’avait pas de problèmes à l’horizon, c’était déjà un bon point et je n’avais pas à m’inquiéter pour mon amie. Alors je décide de venir lui répondre entre deux fous rires. "D’accord, je suis contente de savoir que tu n’as pas de soucis alors", lui fis je avant de reprendre. "Je vois que tu es déterminée à faire la peau à ce vieil épouvantail, c’est bien d’avoir un but pour tirer en effet", venais je acquiescer ses dires, tout en souriant. Puis très rapidement le sujet arrivait sur son charmant grand frère, mon meilleur ami. Ella se demandait quand est ce que j’allais évoquer le prénom de son frère. En parlais je autant que cela d’Aylan ? Je n’en avais pas l’impression pourtant. Alors je vins lui répondre. "Pourquoi ça t’étonnais que je n’avais pas encore parlé de ton frère ? J’en parle tellement à ce point là ?", lui demandais avec un air légèrement surpris car je ne m’attendais pas à ce qu’on puisse me sortir un jour que je parlais un peu trop de mon meilleur ami. Certes j’étais amoureuse de lui depuis des années et j’avais souvent l’impression que jamais je ne pourrais réussir à être heureuse. Mais je ne pensais pas que ceci était un crime. Après tout, j’avais bien le droit de parler de qui je voulais, nous étions dans un pays libre aux dernières nouvelles.