Une soirée entre amis. (Brendon & James)

Alors que je retourne les brochettes de sur les grilles, j’entends la voiture de James se garer dans l’allée. Je souris et je me dépêche de terminer ce que je suis en train de faire avant de refermer le lourd couvercle du barbecue. Je délaisse ensuite les pinces sur le comptoir à côté et je m’empresse de me rendre à la porte d’entrée. Afin d’inaugurer ma nouvelle terrasse extérieur et donc du coup mon nouveau barbecue, il me fallait un volontaire. Anna étant en Italie, Lexie devant s’occuper de sa fille puisqu’elle ne se sentait pas très bien depuis hier et Nathan étant absent, je me suis dis que j’allais changer les idées de l’un de mes plus vieux amis, c’est-à-dire ce cher James. Depuis qu’il a perdu tragiquement son fils, je fais mon possible pour régulièrement prendre de ses nouvelles et tenter de lui remonter le moral. Pas facile alors que sa situation de couple se détériore beaucoup et que ni lui ni sa femme ne semble en voir le bout du tunnel. Je fais donc mon possible pour le réconforter à ma manière. Je me doute qu’il a eut une grosse journée, mais je suis tout de même heureux de le voir répondre positivement à mon invitation de dernière minute pas message texte. Je connais cet homme depuis dix ans et je peux presque sentir lorsqu’il va un peu moins bien. Du coup, l’inviter ce soir risque de l’aider quelque peu à mettre ses problèmes de côté. J’arrive à la porte d’entrée et je lui ouvre alors qu’il cogne à nouveau. Je lui fais un grand sourire dont seul j’ai le secret. Je lui pointe fièrement mon tablier humoristique avec d’inscrit dessus « kiss the cook ». Je ne compte pas faire une exception avec mon ami. Du coup, je l’attire dans mes bras pour un câlin masculin, tapant trois bons coups dans son dos. « Content de te voir, mon vieux. » Je lui dis au moment de le relâcher, toujours souriant. Je l’invite ensuite à entrer. Je l’entraîne avec moi à travers la maison jusqu’à pouvoir ressortir par la terrasse extérieur. Je le laisse admirer le tout. Évidemment, cela fait un moment qu’il n’est pas venu pour apercevoir l’avancement des travaux. Il a donc sous les yeux le produit fini. Plusieurs de ses conseils ont d’ailleurs été très bénéfiques pour que la construction se passe à merveille. « Alors, qu’est-ce que tu en penses ? » Je lui demande. Je l’invite ensuite à s’assoir sur l’une des chaises extérieures ultraconfortable, lui indiquant de la bière à disposition à sa droite. De ma terrasse, on voit au loin la plage, ce qui est toujours agréable à l’œil. Je retourne à mon barbecue pour constater l’avancement de la cuisson des brochettes. Je fais également une telle soirée afin de me distraire suite à l’absence d’Anna pour être auprès de sa tante, mais ça je ne suis pas obligé de le confesser à James. L’important c’est de pouvoir passer du bon temps entre amis. Cela faisait un moment déjà que ça ne nous était pas arrivé. « J’espère que tu me fais confiance avec un barbecue, parce que je ne garantie pas que je ne vais pas calciner la viande. » Je ris tout en sentant la chaleur des grilles venir caresser mon visage.

Avoir la visite d’un ami était vraiment l’idéal pour me changer les idées. J’avais besoin d’être entouré de gens pour fonctionner à mon plein potentiel. Seul, je finis par tourner en rond et ce n’est vraiment pas bon. Je peux endurer un peu de solitude, mais pas plus de quelques jours. J’en ai fais l’expérience par le passé et ce n’était vraiment pas beau à voir. Je suis capable de me laisser me dégrader et perdre mon moral à une vitesse alarmante. Pas étonnant que Lexie s’occupe autant de moi comme si j’étais son deuxième enfant alors que je suis plutôt son patron. Le type responsable qui signe ses chèques de paie. Elle sait que pour ma stabilité mentale il est important de me tenir compagnie. C’est ainsi depuis mon enfance, vraiment. Depuis ce que j’ai vécu avec mes parents. J’ai ce constant besoin de présence et aussi d’affection. En James, j’ai trouvé un ami précieux. Quelqu’un en qui je peux compter également. C’est donc vraiment rassurant de l’avoir ce soir. Nous ne nous voyons plus autant depuis la mort de son fils malheureusement. Cela me désole. Je suis triste pour lui et j’aimerais pouvoir faire plus bien que je n’ai malheureusement pas le pouvoir de lui redonner son enfant. Je fais donc de mon mieux pour le distraire et être disponible pour lui. Il n’a donc pas refusé mon invitation à ce petit barbecue d’inauguration et ce à mon plus grand plaisir. Je tenais vraiment à souligner la fin des travaux et puisque ni Anna, ni Lexie ne sont disponibles, j’ai décidé de faire cela avec mon voisin et ami James. Je le fais donc entré et je le conduis à la fameuse terrasse entièrement rénovée. Je tiens à avoir son opinion sur le résultat final. Je lève un sourcil étonné en voyant qu’il est jaloux. C’est une réaction à laquelle je ne m’attendais pas et cela me fais sourire. Pas parce que cela me rend fier d’ainsi lui causer un tel sentiment, mais parce que cela me fait rire un peu. Il rit lui aussi d’ailleurs et je me laisse prendre au jeu. « Allons, tu n’as aucune raison d’être jaloux, James. Tu es un architecte. Tu peux faire beaucoup mieux dans ta propre cours quand tu le veux. Moi je n’ai pas assez d’imagination pour ça, j’ai du engagé une vingtaine de types pour faire le boulot. » Je n’ai pas été assez indiscret pour lui demander de me dessiner quelque chose lorsque moi et Anna avons pris la décision de rénover. Surtout parce que ce n’est pas vraiment son domaine d’expertise. De plus, il était occupé sur un autre projet à l’époque. Je ne souhaitais pas l’embêter en abusant de sa générosité. Quoique je l’aurais payé, bien évidemment. Peu importe, là n’est pas la question. Je retourne à mon barbecue et je vérifie les brochettes. Je l’avertie que je débute pour gérer ce genre de chose et il se propose alors pour s’occuper de la cuisson. Je le regarde. « Ah bon, je ne te connais pas ce talent. Mais si tu insistes, pourquoi pas. Ça va me permettre de préparer la table. » Je lui cède donc ma place et je retourne à l’intérieur. Je m’empare des couverts et des ustensiles que je vais ensuite disposer sur la table de la terrasse. Je nous sers deux verres de vin rouge. Un que je sais que nous aimons tous les deux. Je reviens ensuite vers mon ami. « Alors, c’est bientôt prêt ? » Je lui demande dans un sourire un peu impatient. Je commence à avoir vraiment faim.

Il y a un an, mon couple a commencé à déraper tranquillement. Presque en même temps, le jeune Jake est décédé beaucoup trop tôt. Immédiatement, j’ai tenté d’être présent pour James tout comme pour Elizabeth qui sont tous les deux devenus des amis pour moi avec le temps. J’ai malgré moi agit comme une sorte de médiateur entre eux afin de calmer le jeu, de ne pas les laisser se perdre dans cette période difficile. Je n’ai pas réussis ma mission car j’avais la tête trop préoccupé par mes propres problèmes de couple que je considère aujourd’hui pour la majorité réglés. Hors, ce n’est pas le cas pour mes amis. Je sais qu’ils vivent cela toujours difficilement. Que James se distrait avec son travail et qu’Elizabeth tente de me tenir loin de leurs soucis pour ne pas m’inquiéter, je présume. Sauf que tout ce qui leur arrive me touche beaucoup trop pour que je l’ignore. Je me sens responsable, en tant qu’ami, de leur apporter au moins du soutien alors qu’ils traversent une épreuve horrible. C’est la moindre des choses que je puisse faire. À défaut de pouvoir inviter simultanément Elizabeth, je me concentre sur son mari afin qu’il inaugure avec moi ma nouvelle terrasse. Sa réaction de jalousie me fait un peu rire et je lui suggère lui-même d’apporter des rénovations à sa propre cours puisqu’il demeure un architecte après tout. Je suis sur qu’il peut faire cent fois mieux que ma nouvelle terrasse ! Il semble d’accord avec cette idée mais le facteur temps est en jeu. Puisque comme je l’ai déjà dis, James est débordé par le travail au point d’être peut-être surmené. Il ne fait plus que cela. J’ai déjà tenté de lui dire de ralentir, sans succès. Je ne m’aventure donc pas aujourd’hui dans ce sujet puisque je sais pertinemment que c’est son travail qui le retient de tomber. Il doit pourtant faire son deuil un jour et ce avec la présence de sa femme. C’est ensemble qu’ils pourront surmonter cette épreuve. Jake était leur fils à tous les deux. Je ne veux pas être celui qui ne se mêle pas de ce qui le regarde donc je profite plutôt de la proposition de James pour lui laisser prendre en charge le barbecue alors que je m’occupe de dresser la table extérieur. Ça va le tenir occupé quelques minutes. Je me montre impatient volontairement en revenant vers lui et il me demande de me calmer. Je viens lui taper amicalement dans le dos en signe que j’ai compris. Je vais me saisir de mon verre de vin et j’en prends une gorgée. Dès que je me retourne, la viande est apparemment prête. Je me saisis donc des assiettes de je vais le rejoindre pour qu’ils nous servent lui-même. Nous retournons ensuite à la table et je ne me fais pas prier pour prendre la brochette chaude entre mes doigts et la croquer avec appétit. La viande est brûlante, mais tellement tendre et délicieuse que je ne peux qu’apprécier leur goût exquis. Une fois ma bouchée avalée, je regarde James. « Une viande marinée par Anna avant son départ pour l’Italie. » Ne me souvenant plus si j’ai informé le couple de ma situation avec ma compagne, je lui explique donc aussitôt. « Elle est partie en urgence en Italie pour voir sa tante qui est à l’hôpital. Tout va bien, ce n’est qu’une pneumonie. C’est dommage qu’elle ne soit pas avec nous pour goûter à ses brochettes. » Je baisse les yeux. Anna me manque terriblement.

Anna me manque terriblement. Je ne peux pas faire autrement que de tourner en rond à l’attendre alors que je suis seul depuis son départ en Italie. Il est donc impératif que je demeure entouré. Cela tombe bien dans un sens car je sais que je passe moins de temps depuis la dernière année avec certaines personnes qui me sont pourtant chères. Du coup, j’ai réellement été heureux que James Anson accepte mon invitation. Il est évident que j’aurais aimé le recevoir avec Elizabeth, que j’apprécie également beaucoup. Sauf que la situation entre eux ne le favorise pas et je ne compte pas tourner le fer dans la plaie. Je profite donc de la compagnie unique de l’architecte alors que nous en sommes à déguster la viande. Évidemment, cela ne peut que me ramener au manque d’Anna dans la maison. J’avoue que c’est un peu hors du commun de révéler qu’elle est carrément dans un autre pays. Sauf que James se montre empathique envers la tante de ma compagne et je le remercie d’un sourire. « Tante Silvia est forte, je sais qu’elle va s’en sortir. Sauf que la présence d’Anna est selon moi essentiel à sa guérison complète. C’est pour cela que j’ai insisté pour qu’elle s’y rende au plus vite. J’aurais bien aimé l’accompagné en Italie, mais avec le travail c’est compliqué. » En effet, je ne pouvais pas simplement lâcher la Société financière et partir pour plusieurs semaines au loin. Même en les ayant prévenus d’avance, je n’aurais pas pu me libérer avant un à deux mois et encore. C’était donc irréalisable pour ma part de partir en Italie à cette période de l’année. C’est à contrecœur donc que j’ai laissé ma compagne y aller seule. Elle sait que je n’ai pas eu le choix et que je ne l’ai pas abandonné. C’est le plus important. James s’enquit justement pour notre couple et je le regarde avec un regard brillant qui en dit long. La situation n’est certes plus la même entre moi et Anna et il est inutile de le cacher à mon ami. Il n’y a pas à avoir honte de cela. « Oui, nous avons vu une thérapeute de couple avant son départ pour l’Italie et je pense que ça nous a vraiment aidé. J’ai l’impression qu’on s’est enfin retrouvé elle et moi. » Je souris puis le regarde. Je ne cherche pas à me comparer à lui. À lui montrer que j’ai retrouvé le bonheur et pas lui. Il sait que je ne suis pas ainsi. Mais si la reconstruction favorable de mon couple peut lui donner un peu d’espoir, alors ce sera mission réussie. « Mais on ne s’est pas réunis ce soir pour parler de nos femmes. Mais bien pour inaugurer ma nouvelle terrasse et profiter du beau temps qui revient enfin. » Je lève mon verre au ciel noir de la soirée. Pour mettre un peu d’ambiance aussi, je me retourne et étire le bras pour allumer un lecteur de CD. La musique commence et cela me pousse à savourer davantage mon repas ainsi que le bon vin qui franchit mes lèvres après ce toast à l’été qui est à nos portes.