Long lost friends [Dylan & Liam]

Lunettes de soleil sur le nez, je profite de la journée ensoleillée pour finalement visiter plus proprement le centre-ville d’Island Bay. Il y a une destination en particulier où je souhaite arrêter, mais j’ai encore du temps avant cela. Rien ne presse. Surtout qu’il s’agit d’une surprise donc l’heure de ce genre de chose n’a pas à être prédéterminée précisément. Je traîne près des boutiques, même si je n’entre dans aucune. Je fais surtout du lèche-vitrine. J’observe principalement les gens, les habitants de cette petite ville. Durant mes six mois en Nouvelle-Zélande, j’ai en majorité été à Wellington. Surtout parce que j’y résidais. Mais depuis quelques semaines, j’ai ma villa à South Bay, donc j’ai le prétexte pour me comporter comme un citoyen d’ici. Je peux scruter plus longtemps les gens lorsque mes yeux sont dissimulés par le verre fumé. Remarquer leurs tics, leur démarche, le son de leur voix, ce qui attire leur regard, leur façon de se comporter en société. Je trouve tout cela particulièrement intéressant. On ne fait pas assez attention à la gestuelle, aux comportements, aux non-dits. Pourtant, ils représentent tellement d’informations. Je ne connais aucune de ces personnes et pourtant ce petit « jeu » me donne l’impression d’arriver à leur attribuer des caractéristiques, une personnalité, une vie. Je continue à marcher, m’attardant à l’observation sur une vieille date et son chien. Un petit bichon blanc qui a une démarche joyeuse, la langue rose qui pendouille du côté gauche de sa gueule. En passant à côté de moi, le chien est aussitôt attiré dans ma direction. Je continue ma route et l’animal tente de me suivre. La vieille dame le ramène à l’ordre. Il y a un jappement. Je ne me retourne toujours pas. Je ne les observe que lorsqu’ils sont au loin. Je souris. Les chiens m’ont toujours beaucoup aimé. Je n’ai pourtant aucun désir d’en adopter ou d’en posséder un. Je ne suis pas suffisamment dans ma villa pour en rendre un heureux. Je continue à flâner encore une heure avant de prendre la direction de l’adresse que j’ai préalablement mémorisée. Je traverse la rue, puis j’en coupe plusieurs avant de me rendre dans un coin spécifique du centre-ville. J’ai beau ne jamais être venu ici par le passé, j’arrive à me diriger aisément. Je trouve donc le dojo en à peine quelques minutes de recherche. J’entre sans hésitation. Je retire mes lunettes de soleil pour voir à l’intérieur. Je fais quelques pas et je m’arrête à l’entrée. Il est trop tôt pour y avoir un cours. Je le sais parce que j’ai fais un tour sur son site internet au préalable. Je cherche Dylan du regarde. Ne la voyant nulle part, je me permet d’explorer par moi-même les lieux. Je n’ai qu’à patienter deux minutes pour finalement entendre une présence approchée. Je me retourne. Son visage n’a pas du tout changé. Pour ma part, j’ai disons plus de tatouages qu’avant. Beaucoup plus. Mais à part ça, je n’ai pas tellement changé. Je me retiens de la saluer à la façon des militaires. Je me suis dissocié de l’armée depuis très longtemps. Je ne peux toutefois retenir un sourire en la reconnaissant. « Se perdre de vue toutes ses années pour au final se retrouver à l’autre bout du monde. Littéralement. » Je lui dis en souriant encore plus grand. Je regarde un peu autour. « Bel endroit. » Je la complimente, bien que je trouve la déco un tantinet trop excessive. Je me tais de ce commentaire. Dylan me connaît toutefois assez pour savoir que j’ai toujours une critique de cachée au fond de mon esprit. Je tiens cela de mon père, d’après ce qu’elle m’a autrefois déjà dit.

Le temps nous a séparés. Nos choix de vie respectifs également. Je ne suis pas restés longtemps dans l’armée et ma carrière de boxeur a finit par me rendre globetrotteur. Il est donc surprenant de se retrouver de la sorte, alors que nous avons tous les deux établis domicile dans la même ville sans le savoir. J’ai entendu une rumeur quant à son dojo. Je n’y croyais pas vraiment avant de tomber sur son site internet. C’était bien vrai. C’était bien la Dylan Tremblay que je considère toujours comme mon amie malgré les années. Mes pas se sont donc orientés d’eux-mêmes par la suite et j’ai rejoins le centre-ville d’Island Bay pour la visiter. Sa voix est d’abord ce qui me parvient. Une voix qui me ramène beaucoup de souvenirs d’un coup. Je me retourne pour lui faire face lorsqu’elle apparaît enfin. Je lis facilement la surprise sur son visage et cela m’amuse vraiment. J’espérais provoquer une telle réaction chez elle en venant ainsi à l’improviste. Mais la voir est plus agréable que je le pensais. Elle ne m’a pas oublié, tout comme je ne l’ai pas oublié non plus. Son étonnement laisse place à de la joie et je l’observe avec un regard brillant alors qu’elle se rapproche de moi. Elle me demande ce que je fais ici. La question peut porter à confusion. « Et bien, ici dans ton dojo, je suis là pour te voir. Ici à Island Bay, disons simplement que la boxe m’a emmené en Nouvelle-Zélande il y a six mois et que depuis j’ai décidé de m’y installer. » Je réponds avant de l’accueillir dans mes bras pour une accolade. Je la serre en retour avant de la laisser s’éloigner et de recommencer à l’observer. La voir est un véritable bonheur. Il n’y a pas d’autres mots. Je ne croyais pas être à ce point transporté par cette émotion en me décidant à lui rendre visite à l’improviste, mais à présent que je la vois, je me demande pourquoi je n’ai pas fais la route jusqu’au dojo plus rapidement. Probablement parce que je n’ai pas un horaire aussi flexible que je le voudrais qui me permet de faire des balades en ville juste pour le plaisir. J’ai beau être entre deux matchs de boxe, les entraînements demeurent primordiaux et quotidiens. Je ne peux pas sauter une journée juste parce que j’en ai envie, bien que cela ne m’arrête pas de le faire de temps à autre. Sauf que je n’en prends pas une habitude et heureusement, sinon je n’aurais pas atteint mon niveau actuel. Boxeur professionnel est un véritable métier. Il faut donc faire le poids sinon on est rapidement poussé hors du circuit. Chose que je ne veux absolument pas. Je la complimente sur l’endroit et elle me remercie avant de me demander comment je vais. J’hésite avant de répondre à cette question, que je trouve une fois de plus vague. Elle serait pourtant simple pour la plupart des gens. « Je suis en forme. Mon moral est bon. Donc, j’imagine que ça va. » Je dis en souriant toujours. Je la regarde un instant avant de parler. « C’est bon de te revoir, Dylan. » Mon regard se perd un instant dans la contemplation de mon amie avant de me permettre de revenir à l’observation de l’endroit. « Un dojo. Cela ne m’étonne même pas. Tu as besoin d’un élève indiscipliné ? Parce que si tu veux je peux me proposer. » Je la taquine. Je ne serais vraiment pas un bon candidat pour suivre ses cours puisque je vais apprendre trop rapidement et ensuite frapper sans retenu. Les néophytes ne doivent pas se trouver à proximité sinon je vais les faire fuir dès qu’ils vont se retrouver à m’affronter. Je pense que Dylan n’apprécierait pas.

Dylan est contente pour moi. Je sais qu’elle l’est vraiment. Qu’elle ne dit pas cela pour me faire plaisir ou par simple formalité. Contrairement à bien des gens dans mon entourage passé, elle a toujours été là pour m’encourager et me supporter. Retrouver cela me fait bizarre. J’ai perdu l’habitude, on dirait. Évidemment, mon équipe d’entraînement actuel me supporte, mais ce n’est pas la même chose. Dylan a toujours été là. Depuis le tout début. Elle m’a vu soldat. Elle m’a vu me perdre plusieurs fois dans d’autres petits boulots. Surtout, elle m’a vu alors que j’ai tout lâché pour poursuivre dans le milieu de la boxe. Elle connait mon parcours. Elle me connait avant la gloire, avant mon titre de champion. On s’est certes perdus de vue malgré nous, ce qui est la faute de la vie, tout simplement. La revoir est donc réconfortant, porteur de souvenirs que je chéris encore maintenant. C’est bon de me sentir à nouveau comme si nous avions vingt ans encore. On était cons à l’époque, inexpérimentés. On voulait tout apprendre, on voulait plaire à tout prix. Nous sommes bien différent désormais et pourtant ni l’un ni l’autre n’a véritablement changé aussi drastiquement. Du moins, en apparence. Il me manque tout un pan de sa vie à connaître et c’est la même chose pour elle. Il faut nous redécouvrir en quelque sorte. C’est ça qui est le plus étrange dans ces retrouvailles. Je lui souris alors qu’elle me rappelle comment c’est agréable de revoir un visage familier. En effet, je ne lui cache pas ce fait. Comme ça elle habite près de son frère à Center Bay. Étrange, Lexie réside dans ce même quartier. Ce dernier est décidément plus important à mon destin que je ne l’avais cru. Elle exprime le souhait qu’on aille boire un verre pour célébrer nos retrouvailles et je ne peux que ris doucement à cette proposition qui ne se refuse pas. « Et bien, de mon côté, j’ai une villa à South Bay depuis peu. Sens toi libre de venir me visiter comme tu le souhaites. » Je déclare d’abord en le pensant vraiment. « Pour le verre, compte sur moi. Je vais me libérer pour toi dès que tu voudras. » J’ai toujours cet horaire chargé que je ne peux exclure de l’équation. Sauf que je compte vraiment faire une place à l’intérieur pour Dylan et ce, peu importe au moment qui lui semblera le mieux. Je veux faire ça pour elle. Pour nous. Comme dans nos vieilles habitudes, je me moque d’elle sans mal. Elle entre dans mon jeu immédiatement, à mon plus grand plaisir. Je ne compte pas sérieusement devenir son élève et encore moins un second professeur. Sauf que rien ne m’empêche de la taquiner avec cela un peu. Elle souhaite donc au final me montrer la discipline et je pouffe de rire. Elle en a les compétences, ça je le sais. Mais je ne vais certainement pas lui en laisser l’occasion. J’ai acquis une discipline sportive très stricte depuis le temps. « Je pense que me prendre comme professeur va mettre fin prématurément à ton dojo. » J’avoue en continuant de rire. Je vais terroriser ses élèves. Je vais probablement la rendre folle en même temps. Vaut mieux que je la laisse gérer tout ça seule comme une grande. Elle m’invite à venir m’entraîner quand je le veux par contre et je la regarde en souriant. Ce n’est pas une mauvaise idée. Jusqu’à ce qu’elle affirme qu’elle peut avoir le dessus sur moi. Mon visage se transforme en celui que j’avais lorsque je m’apprêtais à relever un défi étant gamin. « La raclée ? Ça fait vraiment longtemps que tu ne m’as pas vu combattre et c’est vrai. Mon prochain match est en janvier si ça t’intéresse. Je peux t’avoir des billets si tu veux venir encourager ton jeune homme préféré. » L’offre est importante puisque des billets pour un match de boxe professionnelle coûte la peau des fesses.

Je souris un peu plus grand alors que Dylan se montre impressionnée par ma demeure à South Bay. Je n’ai en effet jamais possédé de villa. Un endroit aussi grand du moins. Aux États-Unis, je préférais largement avoir un appartement au cœur de Los Angeles. Par la suite, lorsque je me suis mis à voyager autour du globe j’eus le même réflexe. Comme je n’allais jamais demeurer en place plus de quelques mois, je me procurais des appartements. Du coup, je n’ai pas encore eu l’occasion d’investir dans l’immobilier avant maintenant. Même chose pour les voitures. C’est la première fois de ma vie que je me permets de dépenser autant d’argent et ce n’est pas comme si cela faisait baisser de façon significative mon compte en banque. Je suis très bien payé pour mon métier. Les sportifs le sont toujours en général puisque comme les acteurs, ils représentent des personnalités publiques susceptibles d’influencer la population. Notre « pouvoir » provoque une rémunération conséquente puisque nous engendrons des revenus monstres avec n’importe quelle marque ou publicité gratuite. Je ne fais pas exception à la règle. Et ceux qui trouve que d’acheter une voiture de cent mille dollars est exagéré, je serais tenté de leur donner raison. Sauf que me balader en bagnole d’occasion ne m’intéresse pas. Pareil pour la villa. Je peux me le permettre alors pourquoi m’en priver après des années à dépenser sagement mon argent ? Dylan me demande de lui indiquer un créneau, que c’est préférable d’y aller selon mon horaire à moi. Je ne suis pas aussi d’accord. Je fais la grimace pour en témoigner. « Si on attend après moi on va prendre ce verre dans dix ans. Du coup, si tu insistes pour que je décide, je te propose de faire ça la semaine prochaine. Choisis un soir et je vais m’arranger. Ça te va ? » Je lui propose comme alternative. Cela me semble un bon compromis de régler la question sans tarder car j’ai un emploi du temps très chargé. Elle me donne son numéro de téléphone pendant ce temps. Je m’en saisis et je l’entre directement dans mes contacts. J’envois ensuite un smiley qui tire la langue en test pour qu’elle puisse m’enregistrer dans les siens. Je range ensuite mon téléphone dans ma poche et je relève la tête dans sa direction. Elle admet que je risque de faire plus de mal que de bien comme professeur et je me contente de rire. Je suis content de voir qu’elle aimerait assister à l’un de mes combats. Pour cela, il lui faudrait la date précise. En effet. Je songe un instant à la question en calculant mentalement la date comme si j’avais un calendrier intégré. « Le jeudi onze janvier. Je vais régler les détails avec mon manager pour t’avoir un billet. Et si tu veux inviter quelqu’un, je peux faire des beaux yeux pour un deuxième. » J’affirme en lui faisant une démonstration exagérée de mes fameux beaux yeux. Elle décide de nous faire bouger vers un coin privé de son dojo et je la suis en écoutant les propositions de boissons. « Comme tu n’as pas de bière, je vais prendre un café. Noir, tu te souviens ? » Je lui souris avec mon air taquin et je m’installe sur le canapé présent dans la pièce. Je l’observe un instant, pas surpris qu’elle cherche à en savoir encore plus sur moi. Elle veut connaître au-delà du boulot. Justement, j’ai quelque chose en développement au plan sentimental qui je pense pourrais l’intéresser. Je décide de tester ma théorie. « Et bien, j’ai en effet quelque chose de nouveau qui m’arrive depuis quelques semaines. Elle est belle, avec de grands yeux bleus et un sourire qui me fait craquer. Je sais que je suis amoureux de cette femme, sauf que je veux bien faire les choses cette fois. Elle est spéciale, tu vois. Du coup, je prends mon temps. Mais j’ai envie de l’inviter avec moi dans un évènement de charité qui va être à l’autre bout du pays. Par contre, j’hésite. Tu as un avis féminin à me donner ? » Je souris grand parce que je sais qu’elle va être emballée par le fait que son ami d’enfance ce soit enfin trouvé une fille avec qui il a envie d’être sérieux. Et qui sait de peut-être se marier ?

Dylan m’expose un choix de deux dates. Je songe à mon propre horaire de mon côté, que je mémorise mentalement plutôt que d’utiliser un agenda ou mon téléphone. Je peux donc ainsi constater que la journée la plus simple à changer est le jeudi. Je viens donc hocher la tête en la regardant, souriant quelque peu. « Du coup si je passe te prendre jeudi à 19h, est-ce que ça te va où tu préfères plus tard ? » Je lui demande comme il est loin le temps où nous faisions des sorties tous les deux. J’ai oublié depuis les années combien cela lui prenait de temps pour se préparer. De plus, les années ont certainement aussi modifiées sa routine de préparation de manière considérable. Je dois donc m’assurer de lui fournir un délai raisonnable. « Choisis l’endroit. Un bar, un resto, n’importe quoi. Tu as carte blanche. » Je lui dis sincèrement. Son choix sera le mien, ça n’a pas d’importance. On a dit « boire un verre » et c’est le seul critère qui m’importe. Il existe divers endroit pour le faire, en passant de la boîte de nuit au restaurant chic. Je n’ai aucun problème à lui offrir le repas pour fêter nos retrouvaille si nous nous retrouvons dans l’option numéro deux. À voir ce qu’elle décidera. Je souris ensuite en la voyant inscrire la date de mon affrontement contre Nash dans son téléphone. Elle m’assure qu’elle sera là et la seule idée est suffisante pour me donner un regain d’énergie et de motivation. Je compte remporter ce combat, même si je connais suffisamment mon adversaire pour savoir qu’il ne va pas se laisser frapper sans rien faire. L’affrontement va en valoir le détour. J’ai naturellement proposé à Dylan deux billets, au cas où elle aurait un proche ou un ami qu’un tel évènement pourrait intéresser. Je ne fais pas de commentaire alors qu’elle me demande de ne pas me casser la tête et de ne lui procurer qu’une place. Très bien, ça ne sera pas un problème. Je lui souris doucement pour qu’elle s’assure que c’est bon pour moi, que je m’occupe du reste. Je ris de bon cœur lorsque mon amie d’enfance affirme qu’il va lui falloir des bières pour son frigo. Autrefois, nous avions l’habitude d’en boire ensemble, sans raison valable. Juste parce que le goût nous plaisait et que c’était agréable de s’assoir avec sa canette de bière à la main pour discuter. Je lui demande donc un café à défaut de mieux, ce qui n’est pas plus mal. Elle prépare donc deux tasses qu’elle dépose sur la table entre nous. Je me saisis de la tasse m’appartenant et j’en bois une grande gorgée malgré la chaleur du breuvage. J’ai l’habitude d’engloutir mon café matinal donc avec le temps ma langue a cessée de me faire mal suite à de potentielles brûlures par le liquide chaud. Je compte prendre mon temps avec celui que m’a offert Dylan donc je le redépose sur la table pour me tourner vers elle. Je lui parle de cette femme qui fait battre mon cœur. Ce n’est plus un secret pour mon entourage mais s’en est un pour mon amie retrouvée. Je trouve donc amusant de lui dire et de lui demander même son avis sur la question. J’ai visé juste car Dylan s’enthousiasme immédiatement de la nouvelle, me provoquant un grand sourire. Elle me demande son prénom et je me questionne soudain si elles se connaissent, ce qui serait une drôle de coïncidence. « Elle s’appelle Lexie. » J’écoute ensuite le conseil de Dylan. Elle a raison, si je décide d’emmener la blonde avec moi à cet évènement de charité, je dois consacrer nos temps libres à faire autre chose que ce pour quoi nous avons été invités à l’autre bout du pays. Je hoche donc la tête, d’accord avec l’ex-lieutenant. « C’est noté. J’ai même quelques petites idées déjà. » Je ne peux m’empêcher de sourire plus grand en m’imaginant là-bas avec Lexie. Je fixe ensuite mon amie lorsqu’elle affirme que je suis quelqu’un d’extra. C’est gentil de sa part de me dire ça. Même après aussi longtemps séparés l’un de l’autre, elle me voit toujours aussi positivement. Je porte ma main à la sienne afin de la recouvrir dans un geste amical, vraiment reconnaissant de son opinion de moi. Je la regarde dans les yeux. « Toi, rien de nouveau de ton côté ? Ne me dit pas que tu es toujours célibataire, parce que je refuse de le croire. » Je la taquine. C’est une chose que je lui répétais souvent autrefois, comment il était impensable à mes yeux qu’une femme comme Dylan n’attire pas des centaines d’hommes à ses pieds. Même à l’époque, j’avais des visions de grandeur. Ce qui n’a pas changé, apparemment.

Dylan accepte l’heure que je lui propose et m’informe de son adresse. Je souris légèrement alors qu’elle m’assure qu’elle va me redire le tout par sms. Elle n’a pas à craindre que j’oublis puisque je possède une mémoire impressionnante. Il est vrai que je ne m’en vante pas, y compris lorsque nous étions en compagnie l’un de l’autre par le passé. Du coup, il se peut que ce détail lui ait échappé à cause de cela. Qu’importe, je trouve ce petit geste d’attention mignon malgré tout. Elle tient vraiment à ces retrouvailles, c’est ce dont j’en conclue. Moi aussi j’y tiens, d’ailleurs. Elle m’offre ensuite la possibilité de choisir l’endroit en question où aller prendre notre verre ensemble. Je connais en effet quelques bars qui sont bien, autant à Island Bay qu’à Wellington où j’ai vécus le plus longtemps depuis mon arrivée en Nouvelle-Zélande. Du coup, je sélectionne un endroit spontanément dans ma tête parmi la liste des lieux que je connais et je décide de le garder secret afin de me garder un effet de surprise lors de notre sortie en duo. « D’accord, c’est choisis. » Je l’informe avec un sourire un peu malicieux. Non, je ne vais pas la conduire dans un endroit inapproprié, je sais qu’elle n’apprécierait pas. Le bar que j’ai en tête est idéal pour discuter tranquillement au rythme de nos consommations. C’est exactement ce que nous avons besoin. La conversation se poursuit ainsi naturellement, afin de rattraper le temps perdu. Je ne cache rien à Dylan, y compris mon attirance pour Lexie. Je ne vois pas l’intérêt de garder ma vie sentimentale secrète alors que je sais que ma grande amie serait contente d’apprendre que pour une fois l’amour est au rendez-vous pour moi. Et justement, je ne me suis pas trompé juste à voir son visage qu’il s’illumine de joie en l’apprenant. Cela me pousse également à la confession, à lui avouer quelques détails supplémentaires sur mon histoire d’amour. Je ne cache pas ma surprise alors qu’elle m’avoue avoir une Lexie comme élève justement. Une sacrée coïncidence, en effet. Je ne suis pas si sur que cela en soit une, en fait. J’ai même l’impression qu’on parle étrangement de la même. Je me mets donc spontanément à le confirmer. « Lexie Storm. Mère célibataire d’une petite de quatre ans du nom de Lana. Blonde aux yeux bleus. C’est la même, non ? » Je souris tellement grand que ça finit par me faire rire. C’est évident que la femme dont je suis amoureux doit connaître sans que je le sache ma plus grande amie d’enfance. Il ne pouvait pas en être autrement. Du coup, je m’informe à savoir si de son côté Dylan a également connu le grand amour. La réponse me fait grimacer à mon tour. « Je vois. Je ne pense pas que tu doives baisser les bras si facilement. Tu es beaucoup plus forte que ça, Dylan. Et puis, tu connais le dicton de mon paternel, si la vie ne te donne pas ce que tu veux, soit celui qui te permet de l’avoir. Un truc comme ça. » Non, mon père n’a jamais dit ça, ça ne lui ressemble pas vraiment. Sauf que ça demeure vrai. C’est elle qui doit changer les choses. Il ne faut pas attendre que la vie le fasse pour nous puisqu’elle n’en fera probablement rien. En parlant de famille, la jeune femme me demande des nouvelles. « Oh et bien aux dernières nouvelles mon père allait bien. On ne se parle plus trop depuis que j’ai fait de la boxe mon métier, tu sais. Il n’a jamais vraiment accepté que je quitte l’armée. Pour les autres, c’est un peu la même histoire. Depuis que je suis partie de LA, c’est comme si je n’existais plus, quoi. Donc forcément, les gens se disent que ça ne vaut plus la peine de me parler. Du coup, je suis content d’avoir trouvé ma place ici. Comme ça je pourrais me créer ma famille moi-même, avec Lexie, sa fille, toi et ton futur compagnon sexy. » Oui, je recommence à me moquer. Mais c’est seulement pour la faire rire un peu. J’aime lorsqu’elle se détend et que ses traits s’illuminent sous le rire.

Je pouffe de rire alors que Dylan me donne sa bénédiction sur mon choix de femme et souligne comment Lexie est jolie. En effet, elle l’est. Son clin d’œil me fait sourire assez grand. Penser à cette femme blonde me donne des palpitations. Si ce n’est pas de l’amour, je ne sais pas ce que c’est. C’est fou de ce dire ça. Qu’au fond, j’ai peut-être trouvé la personne idéale pour moi. Comme je ne suis pas du genre à me projeter dans le futur ou à mes faire des scénarios pour rien, je préfère laisser le temps décider de notre sort, en intervenant par-ci par-là pour ne pas perdre celle-là de vue. Lexie est trop spéciale pour la laisser filer. Du coup, je décide d’orienter la question des sentiments dans l’autre sens et de vérifier ce qui en est pour Dylan. On ne sait jamais, depuis le temps, elle aura peut-être bientôt la bague au doigt. Cela lui est difficile apparemment et je trouve cela dommage. Je ne vais pas insister davantage sur le sujet, sauf que je sais qu’elle ne va pas passer à côté d’une occasion lorsqu’elle va se présenter. Dylan aussi à droit au bonheur de l’amour. Je pense qu’elle a suffisamment attendu pour enfin tomber sur le bon gars. Il suffit qu’elle ne perde pas espoir et garde l’œil ouvert. Son grand amour est peut-être déjà à proximité sans qu’elle le sache. J’écoute donc ses aveux avec grande attention, posant au final une main sur la sienne pour qu’elle m’observe un moment. « Ne baisse pas les bras. Ta vie n’est pas finie. Tu as encore tellement à vivre, tellement de possibilités. Si tu reste attentive, je sais que tu vas finir par trouver ce que tu recherches. Même si tu penses avoir arrêté de chercher justement, je crois qu’au fond de toi il y a toujours de la place pour un homme. Et pour des enfants aussi. En attendant, ma porte est toujours ouverte comme tu le sais si tu as besoin de prendre une bière relax avec moi. » Je lui souris, sachant qu’elle va sérieusement réfléchir à ce que je viens de dire. Elle n’a pas à se tourmenter avec l’amour qui ne vient pas immédiatement. Pas non plus avec des remords à venir. Elle doit s’ancrer dans le présent et vivre comme elle est actuellement. En parlant de famille, voilà que je lui avoue pour mes conflits avec mon père. Cela la touche, évidemment. Elle vient à son tour toucher mon bras. Je lui souris. « Ne t’inquiète pas, ce n’est rien. » Je lui assure. Mon père a toujours été tellement dur et conservateur, pas étonnant qu’il ait réagit de la sorte. Mais le temps va probablement le radoucir. Ça reste à voir. Je ne peux pas faire les efforts à sa place. Je viens ensuite hocher la tête. « Oui, je t’ai toi et c’est tout ce qui compte. Le compagnon sexy, il viendra plus tard. » Je pouffe de rire à nouveau. Je suis incorrigible. La taquiner est beaucoup trop agréable pour m’en priver. Surtout que je sais qu’elle ne m’en tient pas rigueur. C’est pour ça que je m’en permets autant. Il semble que le prochain cours de Dylan va commencer et elle m’invite à rester pour regarder mais hélas je ne peux pas, je dois me rendre ailleurs ensuite. Je ne pensais même pas rester aussi longtemps à la base. Qu’importe, ça en valait le coup. « Je vais devoir y aller, désolé. » Elle m’embrasse sur la joue et je l’attire à moi pour une accolade brève en guise d’au revoir. « À jeudi. » Je lui dis en la saluant de la main. Je traverse le dojo et je quitte l’établissement, me disant que ça serait drôle de croiser Lexie qui se rend justement au cours de Dylan. Malgré mon inspection rapide des alentours, pas de trace de la blonde. Dommage.

FIN