explanations // alice #2.

tu n'arrives pas à rester tranquille. tu n'arrives pas à dormir. réveillé depuis cinq heures du matin, incapable de te rendormir. t'as l'cœur qui bat trop rapidement et l'appréhension qui monte un peu plus encore. tu termines par te lever, enfilant des baskets pour aller courir et évacuer tout ce stress et cette frustration. tu ne sais pas exactement combien de temps, tu passes à l'extérieur, mais ça te fait du bien, alors que tu te glisses sous une douche brûlante, après avoir croisé ta mère à peine réveillée dans la cuisine. elle était plus qu'étonnée de te voir en sueur. mais tu t'en fiches. c'est compliqué en ce moment, tu lui as pas dit ce que t'as découvert. ou plutôt, ce que tu penses avoir découvert. tu sors de la douche et enfiles un jogging et un pull, histoire d'être à l'aise pendant la matinée. tu descends déjeuner tranquillement. tu réponds évasivement aux questions de ta mère, n'ayant pas envie de parler et tu ne tardes pas à remonter. tu te diriges vers le grenier, récupérant de vieux albums photos qui y traînent. tu en descends plusieurs dans ta chambre et les feuillettes pour récupérer les nombreuses photos qui y sont présentes en double. tu glisses le paquet dans une enveloppe et le ferme, avant de tout ranger soigneusement.

le temps passe à une vitesse folle et tu termines par t'habiller convenablement, optant pour un jean assez proche du corps et une chemise assez légère. tu glisses tes lunettes de soleil devant tes yeux et attrapes l'enveloppe avec les photos, en plus de tes affaires. tu préviens tes parents que tu sors pour l'après-midi, avant de te diriger vers le sud d'island bay, toujours un peu nerveux. tu as convenu avec alice d'un rendez-vous dans un petit bar en bord de mer. enfin, pas vraiment un bar. tu arrives à l'heure convenue, légèrement inquiet de la voir déjà installée. tu la rejoins rapidement. salut. tu souffles faiblement, esquissant un sourire timide. tu t'installes après qu'elle t'ait invitée à le faire et dépose l'enveloppe sur la table. tu te mords l'intérieur de la joue et prends une légère inspiration. c'est ... des photos de moi, quand ... j'étais enfant. tu termines par dire. si jamais t'as envie ... tu peux les garder. tu ajoutes, hochant faiblement la tête, comme pour te convaincre toi-même. j'ai fais mes propres déductions. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et relèves tes lunettes de soleil pour coincer tes mèches hors de ton visage.

A la voir assise à cette terrasse, yeux rivés sur la mer, il serait assez difficile de savoir à quoi elle peut bien penser Alice. La réponse est simple ; à rien. Elle s'y efforce, comme depuis ce moment deux jours plus tôt où elle a reçu ce message. Aussi redouté qu'attendu, elle avait fini par y donner suite. D'apparence, ça ne l'atteint pas. Il faudrait vraiment la connaître pour noter que la vitesse à laquelle elle fume ses cigarettes n'est pas habituelle. Son regard fixe non plus n'a rien de commun. En même temps, qu'attendre d'une femme qui tombe par hasard sur son fils, alors que celui-ci a été adopté l y a vingt ans, qu'elle n'a jamais ne serait-ce su si c'était un petit garçon ou une petite fille ? On la salue, finalement, la sort de la torpeur. « Bonjour. » elle relève les yeux, s'accorde le nouveau choc visuel. Toujours aussi familier, mais focalisé dans le présent cette fois-ci. Il s'installe, laisse un moment de flottement entre eux durant lequel ils se dévisagent, attendant la prochaine action. Son attention dévie vers l'enveloppe. Elle hausse un sourcil. Des photos de lui. « C'est gentil. Merci. » Pourtant, elle n'y touche pas. Elle l'embarquera au fond de son sac à mains certainement mais n'y touchera jamais. Lui rappeler qu'elle avait été absente durant tant d'années n'avait absolument rien d'une bonne idée. Surtout que si cela se trouvait, il n'aurait plus envie de la revoir une fois qu'elle aurait commencé à dire la vérité. Alors elle soupire, se redresse dans sa chaise et écrase sa clope dans le cendrier, accepte enfin d'accéder à cette discussion. « Tu ressembles à ton père, et tu portais le collier qu'il m'a offert pas si longtemps avant ta naissance. Crois moi, c'est une surprise dont je me serais bien passée. » Cela n'avait rien de trop horrible d'admettre la vérité, de dire qu'elle aurait préféré ne jamais le rencontrer. Ça remettait bien trop de choses en cause dans son passé. « Tu n'aurais jamais dû être adopté, tu sais. Ton oncle aurait dû s'occuper de toi le temps que je sorte de prison. Mais j'ai visiblement froissé le psychologue qui a préféré me décrire comme une folle instable plutôt que de me laisser la chance de tenir mon enfant dans les bras au moins une fois. » Elle termine son verre de martini cul sec, se retourne pour faire signe au serveur qu'il vienne par ici. « Je sais que c'est une entrée en matière qui laisse à désirer mais je préfère annoncer la couleur. » Si avec ça il n'avait pas envie de la fuir, ce serait déjà une sacrée surprise.

tu ne saurais réellement dire si tu es impatient ou anxieux. sans doute un peu des deux. t'es pas au top de ta forme en ce moment, tu te poses beaucoup trop de questions, t'es certain de rien. et par-dessus tout, y'a une part de toi en colère. en colère contre cette femme qui t'as abandonné y'a vingt ans de ça. et pour toi, tes seuls parents restent ceux qui t'on élevés, quoiqu'en dise la science et la génétique. tu retiens un soupir, amassant tout de même d'anciennes photos de toi. tu sais pas trop pourquoi, au fond. t'en as aucune foutue idée.

bonjour. c'est un peu étrange, un silence pas tellement agréable s'installe entre vous et tu sais pas quoi faire alors, finalement, tu déposes l'enveloppe contenant les photos sur le table. c'est gentil. merci. tu hoches vaguement la tête, te pinçant légèrement les lèvres, essayant de trouver un quelconque moyen d'engager un semblant de discussion, un semblant de quelque chose. tu observes alice écraser sa cigarette dans le cendrier, avant de prendre la parole. enfin. tu ressembles à ton père, et tu portais le collier qu'il m'a offert pas si longtemps avant ta naissance. crois moi, c'est une surprise dont je me serais bien passée. tu arques légèrement un sourcil. bien. tu sais au moins à quoi t'attendre. tu n'aurais jamais dû être adopté, tu sais. ton oncle aurait dû s'occuper de toi le temps que je sorte de prison. mais j'ai visiblement froissé le psychologue qui a préféré me décrire comme une folle instable plutôt que de me laisser la chance de tenir mon enfant dans les bras au moins une fois. tu restes silencieux, encaisse tout ça en silence. tu l'observes vider son verre et, quand le serveur revient, tu commandes un simple café. t'as de quoi l'payer, de toute manière. je sais que c'est une entrée en matière qui laisse à désirer mais je préfère annoncer la couleur. tu arques un sourcil, jouant avec une de tes bagues. qui laisse à désirer. j'aurais pas trouvé de meilleurs mots. tu railles presque. tu glisses tes doigts sur ton visage. merde, tu sais pas c'que tu fous la, en vérité. t'aurais préféré jamais la rencontrer, sans doute. tu te pinces les lèvres et prends une légère inspiration. pourquoi t'as fais de la prison ? tu lâches soudainement. ça te tracasses depuis plusieurs minutes. pourquoi j'ai terminé à l'adoption si ça devait pas s'passer comme ça ?! tu essayes de rester calme. tu t'énerves pas souvent, mais cette histoire te perturbe de trop. parce que c'est bien beau comme histoire, j'suis touché, vraiment, mais en attendant ça fait vingt ans que j'essaye de me construire sans penser chaque jour qu'on a pas voulu d'moi et que j'ai juste été abandonné. tu grondes presque. c'est l'genre de truc que personne ne sait, que beaucoup soupçonnent, mais personne n'en parle. parce que c'est comme ça.

Elle avance laborieusement, cette conversation. Il y a ces silences, ces regards. Et le pire dans tout ça, c'est que Alice sent l'appréhension la quitter. Elle s'est faite depuis longtemps à l'idée que ce gamin, ce n'était pas le sien. Elle l'avait porté, lui avait donné la moitié de son ADN, lui avait donné la vie, mais personne ne la remercierait pour ça. Pas même lui. Il n'était pas à blâmer après tout. Faut bien se raccrocher à ce qu'on a, et si l'amour maternel doit venir d'une mère adoptive, alors c'est toujours mieux que rien. Alice est même pas sûre qu'elle pourrait l'aimer mieux que ça. C'est encore trop étrange. De toute manière, rien ne lui garantit qu'il restera, la rappellera un jour. Le gosse ne la ménage pas franchement, enchaîne les questions sans lui laisser le temps de répondre, en vient même à s'énerver. Il vide son sac, et bien évidemment, les reproches sont pour sa gueule. La brune a besoin d'inspirer profondément pour ne pas laisser le naturel revenir au galop. Finalement, elle cède, se rallume une clope. « Si tu n'écoutes pas ce que je dis, on va avoir un petit problème de communication Léon. J'viens de te dire pourquoi les choses se sont déroulées de la sorte. Et baisse d'un ton, tu peux m'en vouloir autant que tu veux, mais ça ne t'empêche pas d'être mature. » Elle souffle la fumée, laisse son regard s'égarer sur la mer. Elle ne leur donnait pas plus de quinze minutes avant que les choses déraillent. « Je suis allée en taule parce que quand j'étais jeune, sous la fabuleuse influence de ton père, j'ai trouvé un moyen rapide de me faire de l'argent. Je faisais entrer des objets en prison. Les gardiens s'en foutaient, jusqu'au jour où j'ai fourni un canif qui a servi à égorger un détenu. De là, ils ont réussi à remonter jusqu'à moi et j'ai été accusée pour le meurtre. J'ai réussi à sortir au bout de cinq ans mais... Bah. » C'était cinq ans bousillés. « C'est un milieu charnier, la prison. Alors quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai tout fait pour qu'on m'approche plus. Et il y avait ce connard de psy. » Jamais elle n'avait rencontré la haine avant. « Les services sociaux allaient pas laisser un enfant avec une mère décrite comme folle à lier. J'ai pas eu mon mot, tu as été emmené, et je n'ai plus eu aucun moyen de retrouver ta trace. Et quand bien même j'aurais réussi, qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ? » Redescends sur Terre, gamin. C'est pas être l'adopté, le pire rôle.

tu sais pas ce que tu ressens en ce moment. tu sais pas si t'es heureux, en colère, triste, perdu, ou soumis à une toute autre émotion. et t'essayes de contrôler tout ça, mais c'est pas facile. c'est pas facile de découvrir pour la première fois le visage de sa mère biologique vingt ans après. c'est pas facile à encaisser. et encore moins quand elle te déballe le pourquoi du comment t'as été adopté. et tu sais pas, t'as l'impression que ta tête tourne quelques instants. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et tu serres tes mèches. tu te mords l'intérieur de la joue, t'essayes de tout rassembler pour tout comprendre. prison. un oncle perdu dans la nature. tu fermes les yeux quelques secondes, tu comprends pas, putain. si tu n'écoutes pas ce que je dis, on va avoir un petit problème de communication léon. j'viens de te dire pourquoi les choses se sont déroulées de la sorte. et baisse d'un ton, tu peux m'en vouloir autant que tu veux, mais ça ne t'empêche pas d'être mature. tu fronces les sourcils, un rire nerveux s'échappant de tes lèvres. comme si ça faisait pas des putains d'années que je joue au gars mature quand j'annonce que j'ai été adopté et que, oh bah non, ma situation me dérange pas. tu lâches, toujours aussi nerveux, tes doigts s'agitant autour d'une de tes bagues, la faisant tourner autour de ton doigt, bien trop rapidement. je suis allée en taule parce que quand j'étais jeune, sous la fabuleuse influence de ton père, j'ai trouvé un moyen rapide de me faire de l'argent. je faisais entrer des objets en prison. les gardiens s'en foutaient, jusqu'au jour où j'ai fourni un canif qui a servi à égorger un détenu. de là, ils ont réussi à remonter jusqu'à moi et j'ai été accusée pour le meurtre. j'ai réussi à sortir au bout de cinq ans mais... bah. tu secoues la tête. t'aurais mieux fait de même pas te lever ce matin, de dormir bien tranquillement et de te soucier de rien. continuer de vivre ta vie comme si rien n'était jamais arrivé. ouai. t'aurais sans doute du faire ça. c'est un milieu charnier, la prison. alors quand j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai tout fait pour qu'on m'approche plus. et il y avait ce connard de psy. les services sociaux allaient pas laisser un enfant avec une mère décrite comme folle à lier. j'ai pas eu mon mot, tu as été emmené, et je n'ai plus eu aucun moyen de retrouver ta trace. et quand bien même j'aurais réussi, qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ? tu arques un sourcil, te mordant l'intérieur de la joue. tu secoues faiblement la tête, récupérant ta tasse de café quand le serveur revient. tu vas en avoir besoin, du café. tu retiens un soupir et bois une gorgée, lassant le liquide brûler ta gorge. j'en sais rien, p'être que ton frangin aurait pu faire en sorte d'me récupérer. tu marmonnes plus pour toi-même qu'autre chose. tu sais pas quoi penser de toute cette histoire. t'arrives même pas à savoir si c'est une bonne nouvelle ou pas, au fond, d'savoir que t'étais pas censé être adopté. aujourd'hui sans doute que ça change pas grand chose. c'était p'être pas une si bonne idée. tu termines par souffler en terminant ton café. tu sors quelques pièces de ta poche et les déposes sur la table. étrangement, t'as pas envie de lui devoir quelque chose. pas pour le moment. j'vais ... sans doute y aller. tu ajoutes. t'en sais trop rien, en réalité. et tu restes planté la comme un con.

Elle aimerait faire preuve d'un peu plus d'empathie, sincèrement. Mais la patience d'Alice est titillée par ce qui ressemble à un caprice de la part de Léon. Il ne voit que sa situation, son ignorance toutes ces années sur ses origines, d'où il vient, pourquoi il a été abandonné. Il ne semble pas comprendre que même si cela l'a blessé, c'était pour le mieux. Elle a galéré des années en sortant de prison. Quand bien même elle aurait réussi à le récupérer, ils auraient été dans une situation minable durant des années. Elle ne se serait peut-être pas mariée avec Mike, n'aurait pas eu ce mariage pour reprendre pied, se construire un rôle dans la société. Elle serait probablement encore serveuse, caissière, femme de ménage, quelque chose comme ça. À dépenser plus d'argent dans des nourrices que dans l'éducation de son fils. « Il n'y a pas de honte à être adopté. » Il avait des parents. Qu'ils soient adoptifs ou non, à ce qu'elle savait, il avait été bien entouré. Mieux valait ça que grandir sans un père, sans des grands-parents, avec juste une mère à peine capable de subvenir à ses besoins. De toute façon, la question ne se posait pas. Il n'aurait pas pu en être autrement. Elle tente de lui expliquer ça, lui raconter comment cela s'est passé, pourquoi ils en sont tous arrivés là. Le brune ne cherche même pas à mentir ou à enjoliver la situation. Pour quoi faire ? Même Léon et sa colère n'ont pas de réponses à ça. Il n'y avait rien qu'elle puisse faire. Alors pourquoi le lui reprocher ? « Si Elias t'avait recueilli, je t'aurais récupéré après. Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis qu'ils ont tout fait pour que je ne t'approche plus jamais ? » Elle a consciente d'être sèche, de ne pas aider. Mais il n'écoute donc rien ?
De toute façon, le résultat est le même. Sans surprise, Léon s'agite, finit par sortir de l'argent de ses poches pour payer le café. « Laisse, c'est pour moi. » Il va se barrer, donc. Elle aura été brève la rencontre. Il a raison, ce n'était pas une bonne idée. Pourtant, son cœur se serre d'une manière affreusement désagréable. Alice n'a beau avoir aucun droit pour le retenir, aucun argument valable, l'idée la rend malade. Elle est la première se lever au final, se sent minuscule face à lui. « Écoute Léon... Je te l'avais dis. Ne pose pas de questions quand tu ne veux pas avoir de réponses. Je suis désolée si ce que tu as appris ne te plais pas, mais c'est la triste réalité. Mais ne pense pas qu'on ne voulait pas de toi. Tu sais, les liens du sang ne font pas tout. On ne peut pas toujours compter sur sa famille. » Elle en savait quelque chose. « Est-ce que tu peux vraiment te considérer comme malheureux ? » La question n'est pas moralisatrice, loin de là. Elle a juste besoin de s'assurer qu'il ne vit pas un enfer. Qu'elle n'a pas besoin d'interférer, de débarquer maintenant. Que s'il part maintenant, alors cela n'aura finalement pas d'importance.

il n'y a pas de honte à être adopté. tu hausses vaguement les épaules. t'as pas vraiment honte, d'avoir été adopté. t'en as même pas honte du tout et t'as toujours été de ceux qui pensent qu'une singularité, ça peut pas faire de mal. tu retiens un petit soupir. j'en ai pas honte. tu marmonnes faiblement, prenant une légère inspiration. c'est juste ... compliqué, parfois. tu ajoutes. t'as toujours un peu de mal à te faire à tout ça, cette histoire, la prison. tout encaisser d'un coup, c'est un pu compliqué, et t'es un peu perdu. si elias t'avait recueilli, je t'aurais récupéré après. qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis qu'ils ont tout fait pour que je ne t'approche plus jamais ? tu restes silencieux quelques secondes. et tu sais pas qui tu dois blâmer. alice ou la prison ? c'est assez étrange de devoir se poser la question. parce que toute personne qui vit à peu près normalement n'a pas à se poser la question de savoir s'il faut blâmer sa mère biologique ou non, au sujet de sa propre adoption. un soupir menace de s'échapper hors de tes lèvres alors que tu termines par te lever, quelques pièces égarées dans une poche. laisse, c'est pour moi. tu l'observes, silencieux, alors que tu te mords l'intérieur de la joue. bordel, t'es incapable de savoir si t'as réellement envie - besoin - de partir, ou plutôt de rester. écoute léon... je te l'avais dis. ne pose pas de questions quand tu ne veux pas avoir de réponses. je suis désolée si ce que tu as appris ne te plais pas, mais c'est la triste réalité. mais ne pense pas qu'on ne voulait pas de toi. tu sais, les liens du sang ne font pas tout. on ne peut pas toujours compter sur sa famille. tu retiens un rire nerveux. ça, tu l'as bien compris, qu'on ne pouvait pas compter sur sa famille. comment tu veux que je m'attende à un truc pareil ? crois-moi que si l'idée m'avait effleuré, j'aurais jamais posé la question. tu secoues doucement la tête. tu passes tes doigts dans tes cheveux, récupérant tes lunettes de soleil sur ton crâne entre tes doigts. est-ce que tu peux vraiment te considérer comme malheureux ? tu ouvres la bouche, mais t'es incapable de répondre. tu hausses vaguement les épaules. sans doute pas, non. tu soupires doucement. c'est pas une question d'être heureux ou malheureux. t'essayes d'être plus calme. ça fait des années que j'essaye de me construire en me disant que même mes parents adoptifs ne savent pas d'ou je viens. ça pourrait être d'australie ou de l'autre bout du monde, en réalité. tu viens te gratter dans la nuque. et on a beau dire ce qu'on veut, grandir sans savoir d'ou on vient et en se demandant pourquoi on est pas avec nos parents biologiques, quelque soit l'histoire associée, ça aide pas vraiment. tu ajoutes simplement.

Elle voulait bien être compréhensive, admettre que le portrait aurait plus être rose. Qu'elle aurait pu manifester plus de joie et passer pour la mère qui a mis des années à retrouver son fils. Mais ça ne servirait à rien de créer un mensonge de toutes pièces. Ce n'était pas son genre. S'il y avait bien une personne au monde qui ne méritait pas qu'on lui dissimule la vérité sur son existence, c'était Léon. Alors oui, elle est désolée que ça ne lui plaise pas, qu'il ait voulu autre chose. Mais les choses sont ainsi et la meilleure volonté du monde n'y ferait rien. Le plus triste dans l'histoire étant de se dire qu'il ne sait pas tout. « C'est le problème de la vérité. Une fois qu'on l'entend, on doit vivre avec. » Elle hausse les épaules. Ce serait simple si l'on pouvait décider d'accepter ou non une nouvelle, de décider si on veut qu'elle soit réelle ou non. Sauf que ça ne marchait pas ainsi. Le souci maintenant, c'est qu'elle n'arrive plus à le suivre. Il ne semble pas décidé à partir, reste autour de la table, se balance d'un pied à l'autre, l'air bien paumé. Il voulait tant savoir, regrette, et en même temps, à l'entendre, il en a besoin. Alors, il est où le fin mot de l'histoire ? « J'ai toutes les réponses que tu veux, même si je pense pas que ce te soit d'une quelconque aide pour te construire aujourd'hui. Tu es quasiment adulte, tu as déjà forgé la plupart des fondations de ta vie. Maintenant... » Elle soupire, souffle la fumée de sa cigarette qu'elle fait tourner entre ses doigts. « Je ne saisis pas ce que tu veux. Ce que tu cherches. Autant ne pas se voiler la face, je ne serai jamais vraiment ta mère. Je n'ai pas la place de la femme qui t'a élevée. Je suis juste le ventre dans lequel tu as grandi. C'est pas ce que je voulais, mais les choses sont ainsi. On pourrait tout aussi bien continuer nos vies chacun de notre côté sans que voir l'autre ne soit une réelle nécessité. » Elle se ferait une raison, du moins. « Ton père aurait certainement été bien meilleur pour les présentations et la séquence émotion. Dommage que je n'ai aucune idée d'où il peut être. Pas eu de nouvelles depuis 20 ans. » Peut-être même 21 ans. Charmante image familiale en somme.

c'est le problème de la vérité. une fois qu'on l'entend, on doit vivre avec. elle a sans doute raison. elle en sait plus que toi sur toute cette histoire, après tout. tu manques un soupir alors que tu sais pas vraiment quoi faire. partir ? rester ? au lieu de ça, tu piétines misérablement au sol. t'as aucune foutue idée de ce que tu fais la, finalement. j'ai toutes les réponses que tu veux, même si je pense pas que ce te soit d'une quelconque aide pour te construire aujourd'hui. tu es quasiment adulte, tu as déjà forgé la plupart des fondations de ta vie. maintenant... tu l'observes silencieusement, tandis qu'elle expire la fumée d'une énième cigarette. je ne saisis pas ce que tu veux. ce que tu cherches. autant ne pas se voiler la face, je ne serai jamais vraiment ta mère. je n'ai pas la place de la femme qui t'a élevée. je suis juste le ventre dans lequel tu as grandi. c'est pas ce que je voulais, mais les choses sont ainsi. on pourrait tout aussi bien continuer nos vies chacun de notre côté sans que voir l'autre ne soit une réelle nécessité. une légère grimace s'affiche sur tes traits. t'as jamais été porté biologie, et tu dois avouer que t'as un peu de mal à imaginer alice enceinte de toi il y a quelques années. tu te mords l'intérieur de la joue et passe une main dans tes cheveux. ton père aurait certainement été bien meilleur pour les présentations et la séquence émotion. dommage que je n'ai aucune idée d'où il peut être. pas eu de nouvelles depuis 20 ans. tu fixes tes pieds quelques instants. quel bordel ... un soupir glisse finalement sur tes lèvres, discret et imperceptible. ton. tu te demandes à quoi il peut ressembler, lui aussi. t'as rêvé ce moment pendant des années et des années, il n'y a même pas si longtemps que ça. et ... évidemment, qu'une grosse partie de toi se retrouve déçu de cette histoire, ces mots racontés. sans doute que tu t'y attendais un peu, aussi. en général, quand un gamin est mis à l'adoption, ce n'est pas pour des raisons très joyeuses. je lui ressemble tant que ça ? tu demandes finalement, les lèvres pincées, l'esprit un peu ailleurs. tu tournes la tête en direction de l'océan, un peu plus loin. parfois t'aimerais pouvoir t'y évader. tu peux me parler de lui ? tu demandes finalement, te tournant dans sa direction une nouvelle fois, alors que tu enfonces tes mains dans les poches de ton pantalon. c'est sans doute une mauvaise idée, mais ... t'as toujours été bien trop curieux et torturé de ne pas savoir à quoi pouvaient ressembler tes parents biologiques, alors autant saisir l'occasion, si tu risques de ne jamais avoir de réels liens avec alice. tu te mords l'intérieur de la joue, secouant faiblement la tête.