Keep Breathing - Finn

Finn avait prévu une belle journée, d'abord avec sa coloc, Lorena et puis il voulait finir cela avec Evie, à qui il avait donné un rendez-vous devant un pub. Il avait planifié sa journée, pour une fois, d'habitude, il fait cela un peu à l'aveuglette, mais aujourd'hui, c'était différent. Tout l'était, il n'y avait rien qu'il aurait pu prédire, tout sauf une telle chose, un accident, dans lequel il y aurait un mort, le chauffeur qui a causé l'impact, le drame. Rapidement, Finn s'était retrouvé en ambulance, à chercher sa respiration, à savoir si Lorena allait bien, à tenter de comprendre la situation. Tout était en train de lui échapper, pas qu'il aime avoir le plein contrôle, mais là, il aurait voulu l'avoir, pour une fois. Il avait appris qu'il était paralysé temporairement, enfin, d'après les radios, parce qu'il n'arrivait plus à rien sentir en bas du bassin, ses jambes, il ne les sent plus. « petit papa noël.. quand tu descendras du ciel avec des jouets par milliers, n'oublie pas mon petit soulier.. » chantonne Finn dans un faible murmure, les larmes coulant automatiquement sur ses joues. Il avait envie de se rappeler que c'est bientôt Noël, que c'est censé être des fêtes heureuses, qu'il avait presque promis à Nina qu'elle allait passer des fêtes mémorables. Il avait littéralement échoué, comment le pouvait-il à présent ? Cloué au lit, incapable de se déplacer sans l'aide d'une chaise roulante. Il avait fini par s'endormir avec ses quelques larmes. Il s'était réveillé un peu plus tard dans la soirée, ouvrant les yeux avec difficulté, parce que la lumière de lampe lui agresse les yeux, alors, il tente de tourne la tête, c'est là qu'il aperçut Evie sur ce fauteuil. Il bouge légèrement, il se met à tousser, alors qu'il tente de l'appeler. « Evie... » Il continue de tousser.

Il n'en sait pas, il est quelle heure, combien de minutes et de secondes qu'il se trouve dans ce lit d’hôpital, mais il sent déjà qu'il va en faire une dépression. Pas proprement parlé, mais il a tellement l'habitude de bouger, de marcher, d'être actif. Il déteste rester sans rien faire, sans pouvoir bouger, ou même jouer à des jeux sur son mobile, regarder des films à la télévision, voir son chien s'amuser avec ses jouets. Ce n'est pas une vie pour un animal, encore moins pour un être humain. Il sait qu'il va finir par sortir de l'établissement, qu'il n'est pas là pour le restant de ses jours, mais ça y ressemble, pour lui, c'est une sorte de prison. Pour l'heure, il n'est pas en état de faire de longues conversations, de parler du beau temps et de Noël. Il a beau se rappeler que ce sont les fêtes qui approchent à grands pas, il se dit qu'il a tout gâché, que même si ce n'est pas lui qui a causé l'accident, il s'en veut, pour aucune raison, mais il s'en veut. Il voulait que tout soit parfait, c'est raté. Finn avait fini par ouvrir ses yeux, sentant ses côtes le faire souffrir, tout comme le reste de ses organes, de ses os. C'est en tournant la tête qu'il aperçut Evie. Bouche-bée, ne sachant pas comment il a pu bien découvrir qu'il se trouvait ici, peut-être par ses mamans, sûrement. Il hoche doucement la tête pour le verre d'eau, ça va lui faire grandement du bien. Il tente de s'asseoir un peu, mais il n'y arrive pas vraiment, il glisse, et ça le met en rogne, ça le détruit de l'intérieur, pas seulement à l'extérieur où on peut apercevoir ses blessures. Finn prend le verre et il le boit d'un trait, repose le verre sur la petite table à côté. Il frissonne en sentant sa main chaude sur la sienne, qui est plus froide. Il secoue la tête. Si c'est bien la dernière chose qu'il veut voir, c'est une infirmière. « Je ne préfère pas.. s'il te plaît. » Il remonte un peu la couverture avec sa main libre. Finn baisse les yeux et il ne sait pour quelle raison, il se met à verser des larmes, situation qu'il aurait voulu éviter. Evie, elle a l'habitude de voir un Finn vif, maladroit, qui pose des questions gênantes, pas un Finn pleurnichard. Il détourne rapidement le regard, comme s'il avait honte, c'est un peu le cas même. Il ne veut pas qu'elle voie cette image de lui, comme tous ceux qui le visiteront.

Finn secoue la tête négativement, non, ça ne va pas aller. Il le sait, il le sent en lui, c'est dans tout son être, sur son corps abîmé. Même si le temps arrange les choses, les blessures restent, qu'elle soit physique ou non, la partie mentale n'oublie pas, comment oublier une telle chose ? Il vient d'être traumatisé à vie, vivre un accident, c'est impensable quoi. Sentir son corps basculé, voir le verre des fenêtres se briser sous ses yeux, ressentir cette immense douleur à la tête et regarder son amie à côté, impuissant, incapable de l'aider, parce qu'il est dans la même situation. Gardé espoir, il aurait dit à ça n'importe qui, il aurait pu y croire si c'était un accident moins grave, ou juste une rupture, une dispute, mais là, il n'arrive pas à garder espoir. Finn s'essuyait les larmes rapidement, pas question qu'elle ait cette image de quoi, allongé dans un lit d’hôpital en train de pleurer. Et si d'autres pourraient dire que c'est normal, pas lui. Il retire sa main quand elle lui parle de ses jambes. Il sait que ça ne sera plus comme avant, que son inscription à l'école de danse est maintenant inutile, qu'ils vont devoir rembourser son père, qu'il ne pourra pas bosser à la boutique de comics, ni courir, ni faire des acrobaties ou juste marcher comme tout le monde. Ça le rend tout simplement dingue, rien que d'y penser. Finn hausse les épaules après un moment de silence. Il baisse légèrement la tête. « Tu peux la repeindre avec mon sang, si tu veux. » Ce n'est pas son genre d'être glauque, pas comme ça, mais là, c'était plus fort que lui, il a besoin de sortir le méchant, les paroles blessantes, qui n'ont pas toujours d'allure. Il tend son bras, comme si elle pouvait prendre son sang, le percer, et faire un dessin sur le mur ou peu importe ce qu'elle fera. Il ne va même pas se débattre. Tout le monde lui répète la même chose, que tout va bien aller, mais il en a marre de l'entendre, il ne veut pas rester ici, dans ce lit, ni même dans un lit toute sa vie, et dans une chaise roulante, autant en finir, chose qu'il retient de lui dire.

Finn n'est pas suicidaire, ce n'est pas parce qu'il lui a présenté son bras pour qu'elle s'amuse avec son sang, que forcément, il a envie de mourir. Peut-être un peu, rien qu'un peu, mais ce n'est que le temps qu'il remonte la pente, une pente qui semble si longue à grimper. Il ne sait même pas s'il va réussir, s'il en sera capable. Il est bien entouré, par ses proches, mais ce n'est pas vraiment là le problème, c'est son moral, il n'arrive pas à décrocher un sourire, à manger un simple pudding, ou à rester calme. Il n'est plus lui-même et il commence vraiment à être agacé que tout le monde lui dise que tout va bien aller. C'est ce qu'Evie continue de lui dire, elle a l'air convaincante, elle veut juste l'aider, lui montrer que bientôt, ces moments de peur, de colère et d'angoisse, ça sera bientôt fini, ou en tout cas, moins présent. Mais il sait que non, le temps passe trop lentement et il ne sent même plus ses jambes. Comment va-t-il faire pour danser ? Comment va-t-il pouvoir garder cette passion ? Est-ce que c'est trop tard pour s'inscrire pour l'an prochain ? Est-ce qu'il va pouvoir danger à nouveau ? Faire des pointes ? Bouger comme un enfant de cinq ans dans tous les sens ? Non, il a des doutes. Il voit bien que cela l'affecte, il voit son visage changé, mais lui, il a rangé ses larmes pour un visage plus sombre. Pas qu'il a une part sombre en lui, ce n'est qu'un nuage gris qui a pris place devant le soleil, mais là, c'est ce qu'il ressent, un lot d'émotions ingérable. Il entend bien ses encouragements, l'effort qu'elle y met et il résiste aussi bien qu'elle le peut quand elle lui attrape le visage. Il soupire légèrement et il tente d'éviter son regard. Dès qu'elle termine, il se recule rapidement. Il ne sait pas vraiment quoi lui répondre. Ça l'enrage, mais ça le rend triste aussi. C'est une sorte de nouvelle étape dans leur relation, différente, vraiment loin de ce qu'il a bien pu s'imaginer. Il secoue la tête à nouveau. « Si je ne peux plus danser.. Je ne sais même pas ce que je vais foutre de ma vie. Elle est foutue ma vie. » Parce que la danse, c'est sa vie, c'est sa passion première et il ne sait pas ce qu'il va foutre ensuite. Finir dans un McDonald's ? Ou dans un commerce pour handicapé ? Rien que d'y penser, ça lui donne des boutons. « Je comprends.. Je comprends ce que tu essayes de faire. C'est ce que tout le monde me dit aujourd'hui.. c'est bien jolis les mots, mais si c'était que des mensonges ? Et que si au final, les médecins se trompent et que je vais finir handicapé ? Je vais devenir gros, plein de boutons et je vais finir ma vie avec une poupée gonflable, qui va se dégonfler en voyant ma tronche. » C'est même pas de l'humour qu'il fait, un autre jour, ouais, ça sonnerait plus comme de l'humour, en tout cas, ce n'est pas voulu. Finn ne peut pas nier qu'il soit touché par ses mots, par son aide, son vouloir à l'aider, et ce, malgré le fait qu'ils se connaissent que depuis quelques mois, ça n'a pas vraiment d'importance le nombre de jours ou d'années. Sa présence est importante à ses yeux.

Finn n'a pas envie d'entendre ses mots, parce qu'il sait que tout n'ira pas bien, pas dans l'immédiat, par aujourd'hui. Il entend bien ce qu'elle lui dit, mais ça lui sort par l'autre oreille, pas parce qu'il veut se montrer odieux, tout simplement parce qu'il a peur. Il a peur de tout s'effondre à nouveau, que tout empire, alors, il préfère se convaincre que tout est négatif, c'est un peu comme s'il appréhendait d'avance le pire, qu'il va déjà savoir ce qui va lui arriver. Peut-être un moyen de se protéger, aucune idée, mais pour le moment, il ne souhaite pas davantage en parler. Il semble plaisanter, dans un autre contexte, ça aurait été drôle, mais c'est un peu sa réalité, sa nouvelle vie, sans la poupée gonflable. Il soupire légèrement, il ne répond pas, parce qu'il va finir par le redire, peut-être pas dans l'immédiat, mais il le fera, parce qu'un jour, il va retrouver cette baisse de motivation, vouloir tout abandonner, la route est encore longue. Finn tourne la tête vers elle, il voit le bonnet, il fronce un peu les sourcils un court instant, pourquoi avait-elle ce bonnet, elle répondit à la question, croyant qu'il était en retard, et qu'elle voulait qu'il porte le chapeau du père Noël durant le rendez-vous. « Le clown. » Il ne sait même pas comment il allait fêter Noël, lui, il pensait avoir tout prévu, que tout serait magique. Il s'est trompé. Finn remonte un peu la couverture, il n'est pas très bavard, au contraire d'habitude et il a l'impression de faire un peu tache, d'être un muet, parce qu'il n'a rien à dire et s'il parle, ça sera sûrement pour dire des conneries. « C'est.. c'est comme tu veux. Il vaut mieux que je tente de dormir.. enfin.. tenté. » C'est le mot, il a du mal à s'endormir et quand c'est fait, qu'il croit que le sommeil va être profond, il se réveille peu de temps après avoir fermé les yeux. « Si tu veux.. tu peux rentrer chez toi, ou juste rester. » C'est un peu à guise, il ne veut pas lui imposer quoique ce soit non plus. Il lui fait même une place à côté de lui, même si ce n'est pas très large, dans tous les cas, il commence à fermer les yeux, à l'écoute au cas où, mais il essaye de se reposer, de reposer ses membres et son cerveau.