if i could turn back time (nina)

Ça fait déjà trois jours, qu'il est là, dans ce lit, à souhaiter partir, à faire comprendre que son état va mieux. Mais c'est faux, si son cœur a repris un rythme normal, il doit encore faire quelques examens pour des nouveaux médicaments. Heureusement, on vient à peine de l'autoriser à se promener en chaise roulante, à pouvoir s'habiller avec autre chose qu'une chemise d’hôpital. Il a été chieur avec pas mal tout le monde qui est passé dans cette chambre, même le personnel. Mais il l'a surtout été avec elle, avec Nina. Ils ne se sont plus reparlé depuis ce fameux épisode où il lui a balancé au visage qu'elle ferait mieux de partir, parce qu'elle est novice, qu'elle est la cause de ses malheurs, mais surtout, qu'il n'arrivera pas à être en couple avec elle, c'est impossible. Avec le recul, il regrette ses mots, mais il est un peu trop fier pour lui avouer, parce qu'il est un peu dans sa phrase d'adolescent frustré qui envoie chier tout le monde sur son passage. Même lui, il n'arrive pas à reconnaître le nouveau Finn. On l'avait aidé à se vêtir, un simple jogging gris, des bas blancs et un tee-shirt blanc puis on l'a fait asseoir sur cette chaise, son nouveau mode de vie. Finn avait quitté sa chambre, l'air est aussi horrible, ça sent le mort quoi, le désinfectant aussi. Il commence à rouler, en tout cas, il tente, parce qu'il a refusé qu'une infirmière l'accompagne, il veut juste être seul. Il se perd sur l'étage et il arrive à se bloquer avec la chaise, il ne sait comment, mais c'est arrivé. Finn se met à injurier la chaise, à marmonner des trucs et dès qu'il lève les yeux pour tenter de trouver un membre du personnel, il voit Nina au loin. Il sert le bouton d'urgence dans sa main, qui heureusement n'appuie pas. Mais son cœur fait un bond. Puisqu'il est bloqué en plein couloir, il se met à crier. « NINA ! » Comme ça, on peut rajouter fou à sa liste de défauts. Il sent que l'on le dévisage, mais tant pis, si c'est la seule façon d'attirer son attention.

Finn avait l'impression d'avoir eu son autorisation comme un prisonnier, comme un patient de l’hôpital psychiatrique. Il ne s'était pas prié pour sortir de sa terrible chambre, même si ce n'est pas sur ses deux jambes, sur ses pieds. « C'est bientôt Noël, qui a hâte à Noël ? J'adore Noël, enfin, j'aimais Noël, parce que maintenant, je vais devoir fêter cela en chaise roulante. BREF. C'est Noël, car il neige dans ma têteee ! » Chantonne le gallois, même en étant pris sur cette foutue chaise. Il grimace légèrement, comment ça peut gâcher un aussi beau jour, lui qui aime distribuer les cadeaux, il va être cloué sur un siège sans pouvoir bouger comme il le souhaite. Finn avait peut-être reçu une dose de trop, il était irritable et il avait tendance à pousser ses plats comme un enfant difficile qui refuse de manger tout ce que l'on lui présente. Alors, on lui a donné un truc pour le calmer, mais ça fait l'effet contraire, enfin, pour le moment. Il avait réussi à faire quelques mètres à peine avant que son fauteuil se bloque soudainement. Il ignore comment, mais c'est arrivé. Putain, quand ça va mal, ça va mal hein. Nina qui se trouve dans le couloir, pas moyen de l'éviter, alors, autant hurler son prénom dans le couloir. Il pouvait clairement voir qu'elle n'avait pas envie de le voir, alors, pourquoi est-elle là ? Déjà un amant ? Il roule les yeux à cette idée et il croise les bras en la voyant s'approcher. « Salut ? Salut.. tu fais quoi ici ? C'est quoi ses feuilles ? » Pas qu'elle n'a pas le droit, mais il est curieux et légèrement direct. Il soupire, comment il a l'air con coincé dans un fauteuil roulant, qui en plus, n'avance pas.

Finn ne savait pas trop comment réagir avec elle, mais il le faisait à sa manière, sa nouvelle façon d'être, d'être con avec tout le monde, tous les gens qui lui adressent la parole. Il soupire légèrement, parce qu'elle lui rappelle un peu ce qu'il avait dit, mais bon, il ne voyait pas quoi dire, sauf des excuses, des excuses qui tardent, qui ne veulent pas sortir de sa bouche. Il veut simplement savoir pourquoi elle est là, si elle sait qu'il ne veut plus la voir, même si ce n'est qu'un mensonge. « Et donc.. tu ne m'as pas dit de quoi il s'agissait. » Dit-il pour changer la conversation, pour découvrir ce que ses papiers peuvent bien cacher. Et d'un coup, que ce sont ses résultats, que son état est pire que les médecins ont voulu lui faire croire. Mais soudainement, elle se dirige rapidement vers la poubelle. Il fronce les sourcils quand elle se met à vomir, alors que ça le répugne autant que ça l'inquiète. « C'est bon, si je te fais autant vomir, tu sais où se trouve la porte hein. » Grogne-t-il, alors, qu'il demande l'aide d'un membre du personnel pour lui débloquer la chaise, après deux minutes, la personne y arrive et il peut enfin bouger avec la chaise roulante. Finn s'approche d'elle, mais pas trop, il n'a pas envie qu'elle lui vomisse dessus et qu'ensuite, il réagisse de la même façon, pas vraiment un beau tableau tout ça. « Qu'est-ce qui se passe ? » Dit-il avec une voix plus posée que tout à l'heure. Ce n'est pas un monstre, même si ces derniers jours, depuis l'accident en fait, il a l'air d'avoir été possédé par le diable. Ce n'est pas pour autant qu'il ne s'inquiète pas, qu'il ne veut pas savoir ce qui lui arrive.

Il ne croit pas vraiment aux coïncidences, du genre, elle n'est là que pour admirer les murs ou quelque chose dans le genre. Il n'y croit pas, il ne sait pas pourquoi elle est là, mais il veut le savoir, chaise roulante ou non, ce n'est pas ça qu'il va l'empêcher de découvrir sa présence. « C'est vrai que ça doit être plus important qu'avoir eu un accident. » Ouais, difficile de se retenir à présent, comme s'il avait pris l'habitude d'ouvrir sa bouche pour cracher son venin. Il roule les yeux à son tour. Il n'est pas le centre de l'attention, juste un peu, en tout cas, dans son monde à lui, il l'est, avec ses proches. Pas que ça lui plaît, mais c'est juste la réalité. « Ce n'est pas une réponse ça. » Il ne veut pas des réponses qui contournent la question, mais la véritable raison. Il s'apprêtait à répliquer à nouveau, la laissant ramasser ses papiers, alors qu'il aurait dû en profiter pendant qu'elle vomissait pour regarder, mais non, il s'était plutôt rapproché pour savoir ce qui se passe, à sa façon, mais il l'avait quand même fait de façon inquiète, toujours dans sa façon de dire les choses. Il fronce les sourcils en écoutant l'infirmière. Est-ce qu'il était devenu sourd ou il avait bien entendu ce qu'il avait entendu ? Il est con, mais certainement pas à ce point hein. Il ne veut pas croire à cela. « J'espère que c'est le premier avril et que c'est une blague. » Il se met à rire jaune. Lui, père ? Et quoi encore. Il n'est pas prêt pour ce genre de responsabilité, il ne se voit pas en train de tenir un bébé dans ses bras. Il se recule avec sa chaise roulante et il commence à rouler pas très loin. « Hey Freddie, on se fait une course de chariots ? » Parce qu'il faut bien qu'il se fasse des amis, s'il ne veut pas finir en dépression. Le blond est d'accord, même si ce n'est pas vraiment l'endroit pour faire cela, il se sent surveillé. Les deux garçons attrapent un chariot, ils ressemblent à ceux de la cafétéria, mais ils sont vides. « Go ! » Les deux sont en chaises roulantes, ce n'est pas vraiment l'idéal. Quoi qu'il en soit, ils arrivent à pousser chacun leur chariot, ça se met à rouler, jusqu'à ce qu'un chariot tombe sur le sol et fasse un bruit sourd. Finn grimace et il s'éloigne de Freddie comme si rien n'était. Il passe devant Nina avant de s'arrêter sèchement. « Avoue, que ce n'est pas moi le père. » Ouais, la course à chariot n'a pas aidé à le divertir.

À croire que l'accident l'avait rendu agressif, que ça n'avait fait que remonter la colère qui contenait en lui depuis si longtemps. C'est bien connu, c'est un bébé chat, il n'est pas méchant, il aime jouer, mais ça s'arrête là. Mais présentement, le chat avait évolué en lion. Il soupire d'une façon exagérée, de sorte à montrer son agacement. Pourquoi ne veut-elle rien lui dire ? C'est quoi la connerie qu'elle cache ? Ils sont censés tout se dire et là, elle lui cache quelque chose qu'elle ne devrait pas. Heureusement que l'infirmière est arrivée au bon moment, il a pu découvrir ce pour quoi elle est là. Honnêtement, il aurait voulu qu'elle lui dise directement, pas que ça soit une inconnue qui fasse la grande révélation, ça va être beau ce souvenir plus tard quand il va se rappeler de la fois qu'il a appris sa grossesse. Il ne comprenait pas, il ne veut pas y croire, ce sont juste des conneries, elle fait ça pour l'enchaîner, pour qu'il revienne vers elle. Tellement dégoûté, qu'il s'éloigne, qu'il rejoint un autre patient avec qui, il a commencé à sympathiser. Ils font une course de chariot, débile, mais drôle, mais pas assez pour le détendre. Finn était revenu à la charge, tel un vautour. Il l'accuse d'avoir couché avec un autre, qu'il n'est pas le père. « Je ne sais pas, je peux peut-être te nommer des potentiels amants. » Il suffisait de nommer son meilleur ami ou encore son coloc, c'était assez suffisant. « Et en plus, tu es une tueuse de bébé. Je te signale que c'est aussi mon enfant. Enfin, il paraît hein. » Il lui attrape le bras, pas question qu'elle lui échappe, parce qu'il voit bien qu'elle n'est pas à l'aise, qu'elle ne veut pas être là, devant lui. « Tu m'avais dit que tu prenais la pilule l'an dernier. Tu as tout manigancé hein ? » Il serre légèrement, sans le vouloir, c'est juste automatique, sa colère, il la sent monter en lui. Mais il finit par la lâcher rapidement en se rendant compte de son geste, bien qu'il lui bloque un peu le passage, il ne peut pas courir après elle, mais il ne souhaite pas rester sans réponse. « S'il te plaît, ne prend pas la décision sur un coup de tête. » Il la regarde dans les yeux.

Finn fronce les sourcils. « Si tu commences à déformer mes propos, c'est ton problème. » Il ne l'avait pas traité de salope, il n'y pensait même pas. C'est juste qu'il trouvait cela étrange qu'elle tombe enceinte, alors, qu'elle lui avait dit qu'elle prenait la pilule, ouais, il y avait un problème à quelque part. Il soupire à nouveau face à ses propos. Clairement, la conversation n'avance pas, et il devient de plus en plus impatient. Il veut seulement la vérité. Il avait donc finit par la saisir par le bras, c'était instinctif, pas vraiment volontaire, mais il l'avait quand même fait. Il lève les yeux. « Tu as pris toutes les pilules ? Tu ne tombes pas enceinte comme par magie, on n'est pas dans un conte de fées ! » Comment ça l'énervait de savoir ça, il se sent prit au piège, comme si elle avait joué avec lui, juste pour avoir un gosse, c'est ainsi qu'il voit la situation. Elle lui a juste menti, il paraît que c'est fiable ces contraceptions-là qui empêchent justement ce genre d'accident. Il fronce les sourcils, parce qu'ils sont dans cette histoire et ça, elle n'a pas l'air de très bien le comprendre. On ne se fait pas un bébé tout seul, c'est impossible. « Franchement, tu fais ça et tu peux me rayer de ta vie. Je ne suis pas du tout d'accord, j'aurais préféré en parler avant. Bref, fais donc.. » Il a droit d'avoir son mot à dire, que ça soit son corps ou non, il trouve cela vraiment égoïste de sa part. Il la regarde d'une façon qu'il montre qu'il est vraiment déçu. Ils n'ont pas pris le temps de poser le pour et le contre, ni d'en parler calmement. Il se recule avant sa chaise, il est prêt à retourner dans sa chambre.

Cette situation lui prend vraiment la tête, alors, qu'il devrait être en train de se reposer, ces blessures ne sont pas encore guéries et on surveille de près l'état de son cœur. Il n'est pas prêt d'affronter une telle chose. Mais là, il se sent un peu forcé de sortir de ses gonds pour affronter une autre réalité. Il roule les yeux. Il s'en fout de ses pilules, il veut la vérité, celle qui va sortir de sa bouche. C'est ça qu'il veut depuis tout à l'heure. Il est honnête avec elle, peut-être un peu trop, parce qu'il ne l'épargne pas et honnêtement, il a sûrement été trop gentil avec ses proches et ça dure depuis longtemps. Être honnête, ça ne paye pas toujours, alors, autant y aller directement, avec des mots moins agréables à entendre. Ouais, il a besoin de se rebeller et de se faire entendre. C'est en effet, loin d'être un conte de fées, rien n'est beau, ils ne vont pas avoir leur fin heureuse comme les princesses et les princes. « Tu fais en sorte que ça devienne réel alors. » Il ne peut pas nier qu'il ait été bête, qu'il lui avait parlé comme de la merde, s'il avait commencé à regretter ses paroles, maintenant, il commence à penser ce qu'il a dit. « Je veux qu'ON en parle de ce bébé. » C'est un peu clair, il veut en parler, pas quand il sera trop tard, présentement la relation ne tient qu'à un fil, la balle est dans le camp de Nina. Il voit les choses ainsi.

Elle faisait en sorte qu'elle soit complètement rayée de sa vie. Il avait l'impression de cela. Parce qu'il l'avait dit, mais c'était sur un coup de tête, ceci dit, ça allait peut-être devenir réel. C'est à elle de décider, si elle veut continuer, si elle veut parler, sinon tant pis, ils n'iront pas plus loin, et ils termineront sur une mauvaise note. Il n'a pas plus envie de se faire passer pour un con qu'elle, il n'est pas seul dans cette histoire. Finn voulait en parler, parce que c'est la chose à faire et qu'il n'a pas envie qu'elle avorte, c'est extrême à ses yeux. Il n'a jamais voulu d'enfant, il n'est pas assez mature pour une telle chose et peut-être, qu'il ne le sera jamais. Mais de là, à tuer le têtard, sans le consulter, il y a de quoi à lui en vouloir. Il essaye de placer sa chaise roulante, il n'est pas habitué, c'est compliqué pour lui, loin d'être deux jambes qui peuvent se positionner n'importe comment. Il se pose comme il le peut avant de croiser les bras. « Pourquoi tu m'as menti sur les pilules ? » Il soupire avant de secouer la tête. Il ne peut juste pas passer à côté de cette question. « Tu ne crois pas que c'est un miracle que tu sois enceinte ? Alors, je viens de frôler la mort, et même si c'est compliqué, c'est quand même un bonheur, même si c'est un bébé. » Parce que oui, il avait quand même failli y rester avec cette crise cardiaque, il était mort durant quelques minutes. C'est quelque chose qui le marque réellement, chaque fois qu'il pense à cela, il peut ressentir une sensation sur sa poitrine, un pincement. « S'il est là, c'est peut-être parce qu'il doit être là. » Il n'allait clairement pas parler de Dieu, il n'est pas croyant et il ne croit pas à ses choses. Il hausse les épaules « J'ai envie de l'avoir. » Finit-il par lui dire avec une voix plus calme. Pourquoi pas. C'est peut-être le moment ou jamais d'arrêté d'être un enfant, de vivre sa vie autrement.