perfect disaster. [tozraël #4]

Quoi qu'il dise, il n'est pas entendu. Il n'arrive pas à comprendre ce que fout Stella dans la conversation, tout comme il n'arrive pas à comprendre ce qui pousse Tom à faire ça. Le fait est là, c'est qu'il est littéralement en train d'abuser de lui, et que le seul moyen que le gosse avait pour ne serais-ce respirer vient d'être briser quand sa tête est bloqué contre le coussin. Il pleure, ça n'aide pas non plus le fait qu'il a besoin de prendre de l'air. Et forcément, Azraël panique, prend aucun plaisir, souhaite simplement que tout s'arrête. Le bruit du membre de Tom qui ne cesse de lui faire mal devient insupportable, et il n'arrive plus à supplier, n'arrive plus à respirer, la sensation de n'être que spectateur d'une scène qu'il ne mérite pas ; que personne ne mérite.

Quand Tom lâche enfin, lui laisse enfin la liberté, le premier réflexe qu'il a, c'est de prendre une énorme bouffé d'air. Il tousse à plusieurs reprises, n'arrivant même pas à pleurer tant la situation est beaucoup trop grosse. Il sait qu'il a mal, il sent qu'il a saigné, et il se sent complètement humilier. Il attire la couverture sur son corps, attirant ses jambes contre son torse, essayant de se protéger en étant complètement choquer de ce qu'il vient de se passer. Il est où, le véritable bonheur qu'ils avaient une heure plus tôt bordel de merde ? Il sait que Tom n'est plus dans la pièce, mais le sentiment de sécurité qu'il avait avec cet homme a réussi à s'échapper lui aussi, et désormais, il est complètement mort de peur. Puis Tom revient, il le sait, il entend le bruit de ses pieds sur le sol. Azra regarde un point fixe, Azra est complètement blanc, comme s'il avait vu un fantôme. Incapable de répondre, incapable de réagir, jusqu'à ce que l'homme qui vient d'abuser de lui parle.

« Azraël. » Sa voix est froide, mais elle est basse, parce qu'il est complètement apeuré. Il sent sa main qui frôle son épaule, et Azra réussi à avoir un simple réflexe, c'est de taper sur celle-ci pour qu'elle ne touche pas son corps. « Ne. Me. Touche. Pas. » Il souffle, alors que les larmes reviennent, rendent la vue complètement flou, alors qu'il éclate à nouveau en sanglot. Il doit partir de Milan. Il doit rentrer à Island Bay. Il peut pas rester ici. Pas avec un gars qui vient d'abuser de lui. Il est incapable de fuir, la douleur qui menace tout son corps est trop forte. Alors Azra se tait, chiale en silence, priant pour avoir un vol le lendemain direction la nouvelle zélande. Il veut Hélios, il veut être en sécurité, et désormais, c'est que son meilleur pote qui peut l'assurer.

Il se fait repousser. Et c'est affreux, parce que malgré l'alcool, Tom commence à réaliser l'ampleur des dégâts. Il prend conscience de ce qu'il vient de détruire, que ce soit le bonheur d'Azraël ou ce qu'ils commençaient à construire tous les deux. Tout ça à cause de Stella. De sa jalousie. Le plus dur est de constater les pots cassés maintenant, de voir combien il rêverait d'une étreinte, d'un baiser de la part du brun, quelque chose qui lui apporte du réconfort. Tromperies ou non. Ce n'était pas ça, l'important. Il venait de tout détruire. Purement et simplement. À ce moment là, c'est à Tom de s'écrouler. Il se laisse tomber au pied du lit, rabat ses jambes contre lui pour les entourer de ses bras, le regard paumé. « Je te touche plus. Plus jamais. Je te ferai plus jamais de mal. Promis. » Il répète, la voix presque robotique. Il se bat avec lui-même pour mieux affronter la réalité, chercher désespérément à quoi se raccrocher. Ce qu'il pourrait faire. N'importe quoi qui puisse améliorer un tant soit peu la situation. Dire qu'encore une heure plus tôt ils étaient heureux sur le toit, à partager leur chaleur, à échanger des baisers et à juste s'émerveiller d'être ensemble. « Qu'est-ce que je peux faire ? » Il murmure, secoué, désespéré. « N'importe quoi. Juste dis moi. » Il le pense. Dégager de la chambre, il le ferait. Lui payer un billet de retour, il le ferait. Même aller voir les flics il le ferait, à ce moment précis. « J'aurais jamais dû. Je suis désolé. J'ai lu un sms de Stella qui parlait de vos retrouvailles, quand tu prétendais être au boulot. Je... tu l'as peut-être même pas larguée. » Il n'a pas d'excuses, c'est la conclusion de tout ce qui sort de ses lèvres.

Il finit par se relever, tituber alors qu'il récupère son boxer puis un tee-shirt dans sa valise. Il les enfile pour ne plus être nu, comme si cela pouvait le séparer de cet animal. Et précautionneusement il retourne sur le matelas, vient s'allonger du coté libre en faisant en sorte de ne pas même frôler Azraël. « Si c'est ce que tu veux, demain on rentre. » Il a la voix qui tremble à cause des larmes, qui font à leur tour leur apparition le long de ses joues. « Je suis tellement désolé... »

Les mots deviennent des promesses alors que son coeur est complètement brisé en mille morceaux. C'est bien plus difficile qu'une simple rupture, bien plus difficile qu'un couteau qu'on enfonce dans sa poitrine à plusieurs reprises. Le fait que ce soit Tom, qui lui a fait ça, ça complique encore plus les choses. Il l'aime. Azraël n'a jamais menti avec lui. Il est complètement amoureux et il ne pensait pas que l'amour pouvait faire autant mal. Il pensait être heureux, il pensait que les choses rentraient enfin dans l'ordre, que la vie lui offrait une seconde chance. Mais non, c'est pas le cas, il s'est simplement pris une claque dans la gueule, et elle est si forte qu'elle lui laisse encore des marques invisibles sur la totalité du corps. Physiquement, et mentalement, Azraël a mal. Il sent les larmes qui menacent à nouveau de couler le long de son visage, son corps ne cesse de trembler, il a froid alors qu'il est recouvert de la couverture, il est nu et il a honte de se lever pour essayer d'attraper un simple boxer. « J'veux plus te voir. » Il murmure, alors que sa voix part légèrement en couilles, qu'il essaye de fermer les yeux quelques secondes mais que le corps de Tom surgit d'un seul coup, le paralyse quelques secondes. Plus jamais il n'acceptera une caresse, plus un baiser, plus un étreinte, et pour qu'on puisse le toucher à nouveau, lui offrir du plaisir, il va falloir attendre. Mais l'excuse, mais le mot de Stella, alors qu'il se prend une seconde claque dans la gueule. Bordel. Alors il n'a même pas essayé de comprendre, il a pris une conclusion trop rapidement, sans lui laisser le bénéfice du doute. Alors Azra se relève d'un coup, ça lui fait mal, il lâche même un cri de douleur qu'il ne peut pas retenir. « JE l'ai largué putain ! Mais ELLE est venue voir ma mère à l'hôpital dans la semaine PARCE QU'ELLE est proche de mes parents depuis des années ! Et ouais, on a parlé, ouais, on a rigolé, mais c'est tout putain ! PARCE QUE j'ai eu l'immense erreur de tomber amoureux de toi. » Il se tourne sur le flanc après s'être rallongé, le souffle rapide, sentant le corps de Tom a ces côtés et non, c'est trop dur.

« J'veux rentrer. J'veux plus te voir, tu m'fais trop peur. » Comme un gosse qu'on pourrait engueuler, Azraël se lève, récupère un pull et un boxer et s'enferme dans la salle de bains, littéralement, parce que c'est la seule façon qu'il a pour se protéger contre le grand méchant loup.

Il a le cœur détruit, la honte qui l'empêche de respirer correctement. Il se sent comme la dernière des merdes, ce qu'il est à ce moment précis. Il veut prendre Azraël dans ses bras, le serrer contre lui, lui promettre encore et encore que cela n'arrivera plus jamais. Qu'il ne lui fera plus jamais de mal. Sauf que c'est trop tard, il l'a détruit. Il a abusé de lui, a blessé autant son corps que son âme. Il n'y a plus de confiance, plus d'espoirs pour quoique ce soit d'autre. Et il voudrait que le brun se lève, le frappe, lui éclate la gueule encore et encore jusqu'à ce que la douleur physique égale la douleur psychologique. Mais il n'en fait rien Azra, fait encore pire. Il le repousse. Il lui fait comprendre que ça rimait à rien ce message. Que Tom vient de tout ruiner pour rien. Il ne vaut pas mieux que tous ces types qui violent pour le plaisir. Mais il voulait pas le violer. Il voulait lui faire mal, mais pas comme ça. Pas ce qu'il avait fait. Trop tard. C'était trop tard. Y a plus rien à faire. Azraël le fuit, lui rappelle quel genre de monstre il est en le fuyant. Il veut plus le voir. C'est un monde entier qui s'écroule. Il a plus de repères le blond quand il se lève du lit, se traîne jusqu'à sa valise pour prendre quelques affaires pour la nuit. « Je... j'vais prendre une autre chambre. Je... t'approche plus. » il a envie de se jeter contre cette porte, de supplier, s'excuser toute la nuit s'il le faut. Mais Azraël lui a dit de pas approcher, alors il respecte au moins ça. Il sort de la chambre tel un zombie, claque la porte pour faire entendre au brun qu'il est seul, loin du monstre. Tom, lui, descend jusqu'à l'accueil, réclame une chambre. Seul.

Il ne ferme pas l'oeil de la nuit. Quand le soleil commence à illuminer la chambre et que le réveil annonce 8h, il finit par se lever. Il ressemble à une épave, ne parvient même pas à se regarder dans le miroir. Il y a ces souvenirs qui ont été ressassés encore et encore. Ça le rend malade. Alors il quitte la chambre, il fait ce qu'il y a de mieux à faire. Il trouve une agence de voyage, la première venue pour lui réserver un vol vers la Nouvelle-Zélande. Il se fout bien du prix, prend juste deux tickets le plus rapidement possible. La chose faite, il s'arrête dans une boulangerie, prend de quoi manger, et du café. Rien que l'odeur lui redonne envie de gerber. Ce n'est pas la gueule de bois, c'est le dégoût pur et simple de lui-même.

Il a encore la clé de leur chambre. Mais ça lui demande un courage monstrueux de la déverrouiller et d'entrer tant la honte l'écrase. Azra est toujours là, recroquevillé sur le matelas. « Hey. » La voix est brisée. Il s'approche doucement de la table, comme s'il avait peur de faire fuir le jeune. Là, il y pose le petit-déjeuner et les billets d'avion. « Y a pas de vol avant demain soir. On décolle à 22h. » Il avale sa salive, baisse les yeux. Mais il cède, va poser ses fesses sur le matelas. Parce qu'il a besoin d'être proche, même s'il n'osera pas le moindre contact. « J'me sens misérable. Et je mérite pas que tu me pardonnes. Mais j'veux pas te perdre Azraël. Je peux pas te perdre. » Il ya les sanglots qui grimpent. Bordel mais qu'est-ce qu'il a fait ?

La porte se claque. Et pourtant, Azraël reste là, dans cette salle de bains, à attendre sans trop savoir quoi. Au début, il s'est simplement affalé, le dos contre la porte, puis quand la douleur a commencé à s'estomper, quand les larmes n'arrivent plus à couler, il s'est levé pour prendre sa douche, pour rincer toute cette maudite soirée en espérant que l'eau va suffire, l'eau va pouvoir lui enlever les maux. Mais non, c'est loin d'être le cas. Parce qu'à la fin du compte, c'est toujours là, parce qu'à chaque fois qu'il cligne les yeux, il revoit cette rage sur son visage, il s'revoit lui en train de le supplier d'arrêter, et rien n'y fait. Et ça lui hante, quand il sort de la douche, quand il s'allonge sur le lit en tremblant comme une feuille, quand son stock de larmes est de nouveau là et qu'il n'arrive pas à les retenir. Parce que ce qui est horrible, c'est de réaliser à quel point en aussi peu de temps Tom a réussi à prendre son importance, il s'est imposé, comme ça sans prévenir avant de tout lui reprendre et de tout gâcher.

Alors non, Azraël n'a pas fermé l'oeil de la nuit, que l'effort pour se lever est bien trop difficile, que la douleur à chaque fois qu'il essaye de mettre un pied sur le sol est trop vif, et qu'il a simplement l'air d'un pauvre clochard. Il a attendu, sans trop savoir quoi attendre, jusqu'à ce que les rayons illuminent la chambre, alors qu'Azraël se rend compte que ce voyage est parti en fumée sans qu'il n'y soit franchement préparé. Au fond, il aurait préféré entendre une tromperie, un gosse illégitime, tout sauf cette scène brutale. Un bruit de porte qui s'ouvre, son odeur qui hante la pièce alors qu'il ferme les yeux quelques secondes. Il prend son courage à deux mains, ouvrant les yeux, s'adossant contre le lit en le fixant sans trop savoir quoi dire. Il pue, Azraël. La transpiration. Il ne sent plus l'odeur naturel de son parfum préféré, il ne respire plus la joie de vivre, c'est simplement l'ombre de lui-même. Sans trop comprendre pourquoi, il s'approche de Tom au départ pour le pousser, fort, très fort. Pourtant, l'adulte ne bouge pas d'un poil, parce que le gosse possède une force digne d'une fourmi. « T'avais pas le droit ! » Il hurle à s'en briser les cordes vocales. Mais peut-être que le plus triste, c'est pas le fait qu'il le pousse parce qu'il veut le séparer de lui, il pousse Tom en cherchant un contact physique.

Parce que quand on est amoureux, on est con.

C'est pas beau à voir. C'est même pire que ça. Il y a pas touché à son visage, mais l'air blafard et le regard vide qui ne s'anime que de haine ou de peur à son égard, c'est insoutenable. C'est juste constater ce qu'il a fait, ce qu'il a brisé, aussi simplement que ça. Et il ne sait pas quoi faire Tom, sait qu'il n'est qu'un monstre. Que ses bras sont une menaces et ses baisers donnent la nausée plutôt que de réchauffer le cœur, comme encore quelques heures avant. Il se sent au bout du gouffre alors même qu'il est le bourreau, le responsable de leur situation. Les excuses ne servent à rien et malgré tout c'est tout ce qu'il trouve à dire, à ressortir en boucle. Il s'attendait à se faire ignorer, à se faire jeter. Pas à ce que le brun se redresse, l'attaque. Il n'a pas assez de force pour blesser physiquement, encore moins faire bouger Tom. Il se contente de rester assis et d'encaisser, d'avaler sa salive et de baisser les yeux. C'est surtout le geste qui fait mal. Azraël ne veut plus de lui, ni de près, ni de loin. Il hurle, a encore assez de force pour rendre le blond encore plus mal qu'il ne l'est déjà. « Non, j'avais pas le droit. J'ai honte de ça, crois moi. Et si tu veux me frapper, vas-y, ne te gêne pas. Frappe moi aussi fort que tu peux, défoule toi. Je le mérite. » mais ils ne pourraient jamais être quittes, c'était ça le problème. La violence ne réparerait pas leur couple.

Les poings finissent par faiblir, ne parvenant pas à repousser Tom d'un pouce. Et tout en ayant conscience qu'il n'a plus ce droit, le blond profite de cet instant de répit pour prendre doucement l'une des mains d'Azra, la serrer. Il peut se dégager s'il le souhaite, mais là tout de suite, il a besoin de ça. Besoin de sentir ce contact, de se raccrocher à quelque chose. « Dis moi c'que je peux faire. » Il ne lui avait pas donné de réponse la veille, mais il en voudrait une ce matin. Il voudrait savoir quoi faire pour au moins soulager son petit-ami. Si c'était partir, alors il le ferait. Si c'était renoncer à eux dès maintenant, ne plus jamais l'approcher, alors d'accord. Cela ne voulait pas dire que ce serait simple, bien au contraire. En fait, c'était tout l'inverse qui était arrivé. Constater ce qu'il venait de perdre faisait pleinement réaliser à Tom combien il en avait besoin, de cet homme.

Les poings ne guérissent pas, le fait qu'il cherche désespérément un lien physique alors que c'est beaucoup trop difficile à vivre. Il souffle un coup, arrive à plonger son regard dans celui de Tom, sentant cette boule qui brise sa gorge, l'empêche presque de respirer. Tom est proche de lui, mais la situation rend la chose bien trop difficile que la distance se ressent. Ils en sont là, alors qu'il y a vingt quatre heures en arrière, ils se réveillaient, étaient dans les bras de l'un comme de l'autre, ils frôlaient leurs lèvres ensembles, naturellement, l'envie était là alors ils ont fini par faire l'amour... Parce qu'il y a encore vingt quatre heures, les choses étaient beaucoup trop différentes. C'est impressionnant, de voir qu'en une seule soirée, en un seul événement, les choses changent. Alors il y a cette main qui enroule la sienne, ce coeur qui se met à battre fort, très fort contre sa cage thoracique, la douleur dans le bide qui s'accentue. « J'voulais juste que tu m'aimes... » Il a tellement envie de sentir ces lèvres contre les siennes, mais il risque de ne pas le supporter. Alors sans trop prévenir, Azra laisse son corps s'effondrer dans les bras de Tom. C'est mal, il le sait. C'est mal, parce que c'est sûrement un des seules contact qu'il va s'autoriser durant le restant de ce maudit séjour, c'est mal parce qu'il va le dire à Hélios, qu'il sait ce qu'il va se passer. C'est mal, parce que Tom a violé Azra, et qu'il arrive quand même à se blottir dans ces bras en éclatant en sanglots. « J'peux pas croire que tu ais pu me faire ça. » Le problème, c'est que même s'il avait une bonne excuse, il ne lui a pas laissé le bénéfice du doute. Un simple mal-entendu. Il en veut à Stella, d'avoir ruiner ce moment. Il en veut au monde entier. « T'as aucune excuse, la jalousie n'en est pas une, parce que tu as cru que je me foutais de ta gueule alors que t'es sûrement la seule personne qui arrive à me rendre humain. » Pas même Stella, au bout de plusieurs années de relation, n'a pu lui faire ressentir ça. Il est important Tom, c'est sûrement ça l'pire.

Il y a Azra qui se laisse tomber dans ses bras, abandonne toute résistance pour se laisser aller au désespoir. Il voulait être aimé. La gorge de Tom est sèche, ses lèvres s'articulent sans trouver la bonne formulation. Il n'a jamais été doué dans ce qui est sentimental, mais est-ce que ce n'était pas évident ? Est-ce qu'il ne le voyait pas, à quel point il tenait à lui ? L'amour était un sujet tabou qu'il avait toujours repoussé. Il sait pas y faire avec, a du mal à le reconnaître quand il est là. Mais là, il n'a aucune doute. Ses bras enserrent le corps frêle, fort, comme si cela pouvait le réchauffer, le réconforter un minimum. Lui assurer qu'il n'y aura plus de violence. Plus jamais entre eux. Il n'arrive plus à gérer cette honte qui le submerge. Bien sûr que non il n'a aucune excuse. L'alcool et la jalousie l'ont rendu tellement violent qu'il ne s'est pas reconnu. C'est pas lui, cet animal. Ça lui fait peur. « Je suis désolé. » Encore. Ça sonne redondant, ça le fait se haïr encore plus. « J'aurais dû... t'en parler. Je... j'avais pas conscience de... » Le blesser, le traumatiser ? Il avait voulu lui faire mal pendant un moment oui, mais pas comme ça. Il ne sait pas comment cela a pu se produire, comment l'envie de lui a pu s'allier aussi bien avec le sentiment de trahison et la colère. « J'ai merdé. Et j'arriverais jamais à me le pardonner parce que... je t'aime bien trop. Et j'peux pas croire que j'ai réussi à déconner à ce point. » Il se dégoûte. C'est une sensation affreuse. Il pose son menton sur le crâne du brun, le serre doucement en caressant son dos. « Si... si tu me laisses rester, j'te promets que ça n'arrivera plus jamais. Je veux plus jamais te faire de mal, pas alors qu'on était si heureux encore hier soir. J't'en prie, crois moi. » Il supporterait pas de se faire abandonner, de devoir tirer un truc sur leur histoire. Sur Azraël. Il a la gorge trop nouée pour parler maintenant, profite comme il peut de son homme contre lui. À croire qu'il essaye de repousser le contexte et faire comme si cette étreinte avait quelque chose de romantique. Dur à croire avec les sanglots au milieu.

C'est horrible d'avouer que l'étreinte lui fait du bien, alors que sa conscience lui hurle à quel point c'est mal. Les blessures sont là, elles vont rester un moment, mais il a bien le droit de se permettre un petit moment d'égarement pas vrai ? Tom est là, il sent cette main sur son dos, alors que les poings d'Azraël s'accrochent au tee-shirt du blond, qu'il ne le lâche plus pendant plusieurs minutes, entendant les mots, les acceptant, hochant la tête alors que des mots plus important lui provoquent un immense bien. Alors Azraël, il se permet de fermer les yeux, sans répondre. Et le bonheur, il dure, mais pendant une énième de seconde. La peur est plus grande, il le revoit, et il le repousse. Cette fois-ci, c'est fort. Fort, parce qu'il a réussi à le faire tomber au sol, corps en transe alors qu'il se lève pour fouiller dans sa valise et prendre un immense pull, l'enfilant avec un jogging pour se couvrir totalement. « Je veux rentrer. » C'est aussi simple que ça, loin d'être un caprice, ça en devient un besoin vital. Il ne supporte plus la beauté de la ville, le sentiment qu'il avait de sécurité, il ne supporte plus cette chambre d'hôtel parce qu'elle possède, malgré peu de jours, des souvenirs qu'il veut effacer. « J'suis pas en sécurité ici. Je veux rentrer. Maintenant. » Alors qu'ils habitent loin, dans une île, et que c'est impossible. « J'peux pas Tom. C'est trop grave, et j'veux pas. C'est trop horrible, j'peux pas. Alors ramène-moi chez moi. » Il le regarde, l'air complètement désespéré. « J'ai envie de te croire, mais c'est trop difficile pour le moment. » Il a juste envie de l'aimer.