contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
Ce matin, j'avais enfin eu le courage de me rendre au centre nautique de mon père. J'avais mis plus d'une semaine pour me décider à m'y rendre, et enfin pouvoir récupérer les clés de ce temple sacré de mon enfance. Sans crier gare, je m'étais retrouvée nez à nez avec quelqu'un qui n'avait strictement rien à voir avec ma cousine aux longs cheveux blonds et à l'air espiègle. Le responsable des lieux, au moment de ma visite, ressemblait plutôt à un acteur de série américaine avec un air tristement charmant. Il avait cette part de mystère qui m'intriguait : j'hésitai entre l'envie de me montrer reconnaissante envers l'homme en qui mon père avait entièrement confiance, et la crainte que cet homme cache un lourd secret de psychopathe. Je ne sais pas, il avait sûrement quelque chose de trop mystérieux pour moi. Quoiqu'il en soit, j'avais pu récupérer le précieux sésame. Le centre nautique serait fermé ces deux prochains jours le temps de faire la passation et de remettre les choses en place, mais j'étais déjà fière d'avoir fait ce premier pas. La nuit était passée, et pour la première fois depuis mon retour à Island Bay, je dormis paisiblement... jusqu'à ce que le soleil soit à son zénith. Ma première grasse matinée depuis des lustres, comme c'était bon ! Je me réveillai avec le ventre qui criait famine, et la terrible envie de manger une pâtisserie. Le temps de me réveiller sous les jets d'eau fraiche de la douche, de boire un jus d'orange pressé et d'enfiler un short en jean et un haut coloré, et voilà que le début d'après-midi était déjà arrivé. Il était presque quatorze heures quand j'arrivai à la pâtisserie de north bay, définitivement la meilleure d'Australie. Des dizaines de cupcakes me faisaient de l'oeil, si bien que mon hésitation commençait presque à bloquer la file. « Chocolat-sirop d'érable, framboise-violette, pistache-praline, banane-coco, cranberries-bleuets ... et vanille-coquelicot, ohlala je ne peux pas choisir. » Je commençais à désespérer, les yeux collés à la vitre, lorsque quelqu'un me vint en aide.
J'ai essayé, mais ce fut un échec. Je pensais qu'après une longue soirée, mon frère serait content de voir que je lui ai fait des pâtisseries, mais... non. Pour la huitième fois, il m'a dit d'arrêter de me prendre pour une chef et d'essayer de me trouver une occupation plus... pertinente pour passer le temps. Juste après il est partit s'enfermer dans sa chambre -faute de pouvoir aller dans son bureau- pour travailler sur son prochain livre, mais il s'est pris les pieds dans un jean que j'ai laissé trainer proche de la porte de la salle de bain... C'est mon truc pour pas oublier de le retourner au magasin. Il s'est arrêté, a pris une bonne inspiration et en a profité de cette occasion en or pour me dire que son ami a brisé ma brosse à cheveux en s'asseyant dessus puisqu'elle trainait entre deux coussins du canapé. J'ai alors compris que je prenais trop de place et que je devais commencer à travailler sur mon indépendance vu que je compte bien rester ici un moment. Suite à cette altercation, si on peut dire ça comme ça, j'en ai profité pour ranger l'appartement, essayant tant bien que mal d'effacer toute trace de ma présence hors du bureau de Dougie qui fait maintenant office de chambre d'amis. Après des heures de rangement, je suis allée au lit en me jurant que demain serait un autre jour.
Pour la première fois depuis mon arrivée, j'ai l'impression de faire quelque chose de ma vie. Je veux dire, j'ai été faire un tour au bureau de l'immigration à Wellington où une charmante dame m'a remis une pile impressionnante de documents à remplir pour officialiser ma demande de visa de travail. Sur le chemin avant de m'y rendre, j'ai donné mes pâtisseries à un centre venant en aide aux sans abris, pour le bonheur de leurs papilles gustatives. Moi qui pensait attendre toute la journée pour voir un responsable au bureau de l'immigration, je suis bien surprise de voir que je suis la seule cliente lors de ma visite. À peine une heure, voilà le temps qui aura été nécessaire pour la rencontre. Pantoise, je fais le trajet de retour vers Island Bay qui ne me prend pas beaucoup de temps non plus. Voyant qu'il est seulement treize heures et que j'ai déjà accompli mon plan pour la journée, je décide d'aller, tenez vous bien, dans une pâtisserie pour jeter un coup d'oeil aux formulaires à remplir. Aussi bien commencer maintenant, parce que je pense bien en avoir pour des heures... Aussi, je sais que mon frère prenait la journée pour écrire alors, je pense qu'il appréciera avoir l'appartement pour lui seul. Armée d'un café sans sucre et d'un cupcake à la vanille au coeur fondant au caramel salé et orné d'une montagne de butter cream, je me sens s'attaque affronter cette pile de formulaire. Allez, ça ne doit pas être aussi difficile! Seulement, je termine mon cupcake beaucoup trop vite. La solution ? Aller en chercher un second (je ne me casse généralement pas trop la tête dans ce genre de situation). Distraite, je fais la file et attend qu'une jeune femme blonde finisse ses choix. Après un moment, elle semble perdue devant la sélection offerte. « Je viens d'en prendre un vanille-caramel salé, c'était délicieux. Vous devriez l'essayer ! » Et oui, je donne mon avis même si personne ne me l'a demandé. Surprise de ma proposition, mon interlocutrice relève ma tête et là c'est vraiment une surprise. « Zola ?! » Voilà sept mois qu'elle est partie de Belfast, et je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas pensé à la contacter lors de mon arrivée. Gifle mentale. J'étais tellement larguée par ma propre vie que j'ai totalement oublié qu'elle était originaire de la ville où mon frère a élu résidence. « Je te pensais encore en Eurore, je ...» À vrai dire Anna, c'est seulement ce que tu as assumé parce que depuis que tu as jeté ta carte sim à l'aéroport, tu n'as pas été sur aucun réseau social, alors impossible pour toi de savoir ce que devienne tes proches.
Je bloquais toute la file de la patisserie depuis maintenant quelques minutes lorsqu'une voix douce, qui me disait vraiment quelque chose, me conseilla. « Je viens d'en prendre un vanille-caramel salé, c'était délicieux. Vous devriez l'essayer ! » Ce conseil sonna comme la meilleure idée du siècle dans mon esprit : et dire que je n'avais même pas pensé à vanille-caramel salé ! Je tournai la tête pour remercier mon ange gardien lorsque je crus voir un fantôme. « Zola ?! » « ANNA ?! » J'hurlai de surprise, les yeux écarquillés devant cette belle rousse rencontrée plusieurs mois auparavant, lors de mon voyage en Irlande. En IRLANDE ! Et elle se tenait là, devant moi, à Island Bay ... en Australie. Elle qui n'avait jamais quitté l'Irlande. J'étais attirée ; si bien qu'après mon cri de surprise, je demeurais immobile, bouche bée. « Je te pensais encore en Eurore, je ... » Je secouai légèrement la tête comme pour m'éclaircir les idées, pour être sûre que je n'étais pas en train de devenir folle. « Je suis rentrée le mois dernier ... mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ?! » Je commençai à reprendre mes esprits, et à me rendre compte que oui, cette irlandaise au grand coeur était bien dans cette pâtisserie. Soudainement, et sans même attendre qu'elle me réponde, je lui sautai dans les bras, le sourire jusqu'aux oreilles. C'était vraiment la meilleure nouvelle de la journée. Nous avions partagé ensemble quelques péripéties, elle m'avait fait découvrir une partie de ce pays si cher à son coeur, et la revoir ici faisait battre mon coeur à mille à l'heure. Anna, c'était un soleil, une boule de bonheur, pétillante comme personne. Elle était l'une de mes plus belles rencontres de tout mon road trip, et nous avions gardé contact via les réseaux sociaux pendant quelques temps. Et puis, récemment, nous nous étions un peu perdues de vue. « Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles récemment ... j'ai eu quelques soucis. Mais peu importe, TU ES LÀ ! » Je lui sautai de nouveau dans les bras, avant de me tourner vers la pauvre pâtissière qui ne savait plus quoi faire. « Excusez-moi ! Je vais vous prendre deux cupcakes vanille-caramel salé et deux tasses de thé à la bergamote s'il vous plait ! » Un peu agacée, la demoiselle s'exécuta en silence, tandis que nous prenions place sur une petite table près de la baie vitrée. « Alors, raconte moi tout ... »
C'est pas possible! Comment ai-je pu oublier qu'elle était originaire d'Island Bay, elle aussi? Bon, cesse de t'en vouloir, le temps n'est pas aux représailles mais bien aux retrouvailles! Tu auras tout le temps de te morfondre sur ta petite mémoire plus tard, pour le moment tu as plus important à faire. À voir la réaction de mon amie, je ne suis pas la seule en état de choc. Une dame en arrière de nous ainsi que l'employé commencent à s'impatienter, mais je ne leur accorde pas d'importance. « Je suis rentrée le mois dernier ... mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ?! » Sans avoir le temps d'en placer une, voilà que la blonde me saute dans les bras. Je ne peux pas m'empêcher de sourire comme une belle poire, trop heureuse de tomber ici sur quelqu'un que je connais. Le temps commence à être long quand tous les gens que je côtoie sont des amis de mon frère, j'ai l'impression de trop prendre de place dans sa vie, alors voir Zola, c'est littéralement une bouffée d'air frais. Le câlin se termine et trop heureuse de revoir sa bouille, celle qui m'a fait tant rire lors de son passage dans ma ville il y a plusieurs mois, je verse une larme de joie que j'essuie très vite d'un revers de main. On va pas se mentir, j'ai les émotions un peu très fragiles ces derniers-temps. « Je suis chez mon frère, c'est une longue histoire! » de dis en ouvrant trop grand la bouche, comme si on me posait une colle. « Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles récemment ... j'ai eu quelques soucis. Mais peu importe, TU ES LÀ ! » C'est reparti pour une autre accolade, au désespoir de l'employée qui ne semble pas émue face à nos retrouvailles. Quelques instants plus tard, Zola termine sa commande et nous voilà assise à une table près de la baie vitrée. « Alors, raconte moi tout ...» Je prends alors une bouchée de mon cupcake vanille et caramel salé où je tourne ma réponse plusieurs fois dans ma tête avant de parler. Je ne peux pas arriver et dire 'bah j'ai quitté Liam, entre lui et moi c'est finit, j'ai aussi quitté mes études et je me suis enfuie en arrivant chez mon frère sans prévenir!' Ça ne va pas le faire. Bon, il est évident que si elle me demande quelque chose, je ne pourrai pas lui mentir, mais je ne suis pas du genre à déballer mon sac aussi rapidement. « Tu sais, ça c'est fait très vite. J'avais envie de changer d'air, alors pourquoi pas l'Océanie! Je prends quelque temps chez mon frère, le temps que... » Le temps que quoi? Je ne sais pas trop bien ce que j'attends, alors aussi bien ne rien dire. Mon sourire diminue quelques instants et je pose mon cupcake, ne sachant pas comment continuer mon récit. « Mais toi, tu ne voulais pas revenir ici, je pense, non ? » Peut-être que tu confonds, vous vous êtes dit bien des trucs lors de vos soirées en Irlande, mais tu n'as pas souvenir que ton amie t'aie mentionné son envie de rentrer au pays. Sans le vouloir, tu as détourné la conversation vers elle parce que tu n'es pas prête à faire des confidences aussi rapidement après votre réunion. Ton coeur est léger, de même que la conversation, ce n'est pas le moment d'alourdir l'atmosphère en racontant ta petite fuite qui n'a fait rire personne.
Anna était bien la dernière personne que je m'attendais à croiser dans un quartier d'Island Bay. Après tout, elle m'avait raconté qu'elle n'avait jamais bougé de son Irlande natale, et même lorsqu'elle m'avait accompagnée pour une partie de mon road trip dans son beau pays, ce n'était que pour peu de temps. Au final, je ne savais pas si une raison l'avait poussée, toutes ces années, à rester en Irlande. Un homme ? Sa famille, peut-être ? « Je suis chez mon frère, c'est une longue histoire! » Mince, évidemment que ça ne peut pas venir de son frère ! Sous le coup de la surprise, j'en avais oublié que son frère habitait la même ville que moi (ce qui, à l'époque de notre rencontre outre manche m'avait semblé tout à fait incroyable). « C'est vrai ! J'avais complètement oublié ! » J'aurais pu lui présenter mille excuses, mais elle ne m'en voudrait pas d'avoir omis ce léger détail. « Nous nous sommes peut-être même déjà croisés ! » plaisantai-je à l'idée de connaitre le frère d'une connaissance-longue distance. Mon cerveau passa les secondes qui suivirent à écumer les visages masculins de toute la ville, en quête du frère d'Anna ... ce qui était absolument idiot, puisque je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi il ressemblait. Je l'imaginais roux, comme la chevelure flamboyante de mon amie, la peau claire et les yeux sombres. Mais tout ceci n'était qu'hypothèse. Je cessai de divaguer pour écouter le récit d'Anna. « Tu sais, ça c'est fait très vite. J'avais envie de changer d'air, alors pourquoi pas l'Océanie! Je prends quelque temps chez mon frère, le temps que... » J'ignorais si la surprise se lisait à ce point sur mon visage, mais Anna marqua un temps d'arrêt qui m'intrigua davantage. Elle me semblait perturbée, elle que je n'avais pourtant connu qu'avec un éternel sourire aux lèvres. « Mais toi, tu ne voulais pas revenir ici, je pense, non ? » Je mourrais d'envie d'en savoir davantage sur l'étonnante arrivée d'Anna ici, mais sa volonté de changer de sujet me poussa à faire de même. Je ne voulais pas paraître intrusive, ou la brusquer alors que nous venions à peine de nous retrouver. « Je ... non, pas vraiment. » C'était à mon tour d'être gênée. « Disons que le destin m'y a poussée. Mon père est décédé au début de l'année, et même si j'ai mis quelques mois à me décider, je suis revenue pour lui faire honneur, et reprendre les rênes du centre nautique. Tu sais, je t'en avais parlé, c'est là-bas que j'ai passé toute mon enfance. C'est ... beaucoup de souvenirs. » J'haussai les épaules, partagée entre nostalgie et fierté. « Si tu restes quelques temps, tu pourrais y passer si tu veux ! Je t'ai tellement soulé avec ça, tu mériterais au moins que je te fasse visiter et que je te bichonne à coup de citronnade au bord de la plage ! » Des petits rires s'échappèrent, rendant ces retrouvailles d'autant plus chaleureuses. « Et viens avec Liam si tu veux, je me ferais une joie de le revoir aussi ! » Toute enjouée, je ne mis qu'une ou deux seconde(s) à comprendre que j'avais mis les pieds dans le plat ... as usual. Face à sa réaction étrange, je compris que le malaise venait peut-être de là. « Oh merde, excuse-moi Anna. » Je ne savais pas où regarder, gênée d'être entrée de plein fouet dans sa vie privée ... puisqu'à l'évidence, ils n'étaient plus ensemble. « C'est pour ça que tu es venue jusqu'ici ? » lui dis-je d'une voix douce et réconfortante. Quoiqu'il en soit, j'espérais qu'elle comprendrait que cette question n'était pas déplacée, et qu'elle n'avait pour but que de comprendre sa situation pour l'aider autant que possible.
Le récit de mon amie vient me chercher, elle a perdu son père et je n'en savais rien. Tout de suite je m'en veux même si je n'ai rien à voir dans toute cette histoire. J'aime pas savoir que les gens que j'aime souffrent, encore moins l'apprendre par la suite et ne rien faire pour eux. Lorsqu'elle me parle de son père, je lâche mon cupcake déjà dévoré à moitié pour poser ma main sur la sienne. Automatiquement je me mets à sa place et m'imagine apprendre la disparition de mon paternel par Jesse, mon autre frère. Je ne sais pas ce que je ferais, je veux dire, déjà maman est partie beaucoup trop tôt pour que je la connaisse bien, s'il devait arriver la même chose à mon père je pense que ça serait trop pour moi, pour nous. La perte de maman a fait de nous une famille très soudée, trop selon certain. Par exemple, mon frère ce n'est pas simplement mon frère, c'est aussi mon meilleur ami: il a toujours été là pour moi, que ce soit pour changé mes couches ou m'accueillir chez lui quand je laisse tout tomber. Mon coeur se serre face à cette vision horrible et je dois m'empêcher de verser une larme. Bordelouille Anna, tu es beaucoup trop instable émotionnellement depuis ton arrivée à Island Bay, reprend toi! « Toute mes condoléances, je suis vraiment désolée d'apprendre la nouvelle. » Je la regarde avec un sourire sincère avant de continuer. « Je pense que tu as pris la bonne décision en revenant ici, je suis certaine que ça lui ferait plaisir. Je veux dire, tu es une femme formidable, n'importe qui serait fier de t'avoir comme fille. » Et je le pense sincèrement. Même si je n'ai eu que Zola à un bref moment dans ma vie, elle y a apporté une touche de légèreté que j'avais trop longtemps recherché. Avec elle, tout est simple, elle ne se prend pas la tête pour un rien, elle aime rire, s'amuser, aller à l'aventure! On voit tout de suite -outre son air de surfeuse- qu'elle exhale les «ocean vibes». Okay, on a bien ri sur le bord de la mer en Irlande quand on lui a montré nos falaises et vagues déchaînées, parce que c'était pas du tout la même vibe qu'ici. Je sors de ma rêverie lorsqu'elle me parle du centre nautique, mon regard fuyant le sien pendant un bref instant. Il est vrai qu'elle vient de me faire part de ce qui l'a poussé revenir, peut-être devrais-je... Non, je me dois de lui dire la vérité. Il est si bon de rencontrer quelqu'un que je connais déjà, avec qui je n'ai pas à recommencer à zéro. Mon arrivée est beaucoup plus difficile que prévue, je ne vais pas repartir sur de mauvaises bases avec ma blonde favorite. « Oh, je pourrais bien venir faire un tour, je veux dire je suis tellement blanche que même si nous sommes en hiver, un peu de soleil ne me ferait pas de mal » Évidemment, je suis contente qu'elle ne propose pas des cours de surf, bien que la saison n'est pas propice à ce sport. Peut-être en été, bien que seulement m'imaginer sur une planche est une blague assez excellente pour rester dans les archives. Un silence passe après la mention de Liam. Je ne sais pas comment lui dire que je l'ai quitté... Parce que c'est un geste terriblement égoïste qui a dû causer beaucoup de dommage. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui et ça me ronge, mais je sais que je suis mieux de me concentrer sur moi, après tout, qui voudrait d'une femme comme moi ? « Je... Tu as raison, si je suis venue ici c'est parce que j'ai mis fin à ma relation avec Liam. » Nous allions nous marier et finalement, j'ai pris la fuite, tournant innattendu. « J'ai aussi quitté mes études... À vrai dire, j'ai tout quitté et je suis arrivée ici sans avoir prévenu personne. Surprise ! » Soit la blague qui ne fait rire personne. Je termine avec un petit mouvement des mains et je repose mon dos contre ma chaise, fuyant le regard de mon amie et de son jugement potentiel.
Me confier à une amie que je n'avais pas vue depuis de longues années n'était clairement pas prévu au programme du jour, mais avec Anna c'était comme ça : elle m'inspirait confiance, je savais que je pouvais tout lui conter, sans retenue. Et c'est ce que je fis, à demi-mot. Elle sembla si touchée qu'elle en lâcha son cupcake : preuve ultime de sa compassion envers moi. « Toutes mes condoléances, je suis vraiment désolée d'apprendre la nouvelle. » Je lui adressai un sourire sincère, qu'elle me rendit aussitôt. « Je pense que tu as pris la bonne décision en revenant ici, je suis certaine que ça lui ferait plaisir. Je veux dire, tu es une femme formidable, n'importe qui serait fier de t'avoir comme fille. » Cette fois, elle m'avait cueillie comme une fleur ; une larme roula sur mon visage. Je ris légèrement en l'effaçant d'un revers de la main. Le sourire aux lèvres et particulièrement reconnaissante, je lui avouai : « Je ne m'attendais pas à un tel compliment, c'est... adorable, vraiment. Merci Anna. » Je repris rapidement mes esprits. « On s'est retrouvées depuis à peine vingt minutes et voilà que tu m'évites dix ans de psychanalyse, c'est dingue ! » Lui parler m'avait fait un bien fou, comme si me confier à une tête "connue mais pas trop" avait permis de me libérer de quelque chose. C'était comme si le vent de liberté qui m'habitait en Irlande avait regagné mon esprit, ad vitam aeternam. Je finis par lui parler du centre nautique, et lui proposer de se joindre à moi un de ces quatre. « Oh, je pourrais bien venir faire un tour, je veux dire je suis tellement blanche que même si nous sommes en hiver, un peu de soleil ne me ferait pas de mal » « Exactement ! » répondis-je sur un air très malpoli puisque ma bouche était remplie de cupcake. Je ris et lui fis un petit geste en guise d'excuse. Une fois mon énorme bouchée avalée (et mon cupcake décimé), je mis clairement les pieds dans le plat en demandant des nouvelles de Liam. Un ange passa après la simple évocation de son ex? petit ami. Je lui laisse le temps qu'il faut avant qu'elle ne m'avoue : « Je... Tu as raison, si je suis venue ici c'est parce que j'ai mis fin à ma relation avec Liam. » Stupeur. Je ne pus cacher ma surprise tant elle était grande ; ils paraissaient être faits l'un pour l'autre quand je les avais rencontrés, et jamais je n'aurais cru qu'ils puissent se séparer un jour. Pour le coup, ils étaient un couple digne des plus grands films à l'eau de rose. Du moins, c'est ce que j'avais imaginé en les rencontrant. Je manquai de m'étouffer un buvant la dernière gorgée de mon thé à la bergamote. Je toussotai. « Vraiment ?! » Bah oui, vraiment, quelle idiote. Non, non c'est une blague, elle n'a pas quitté l'amour de sa vie et elle n'est pas ici en face de toi, à l'autre bout de la planète. Je secouai la tête, agacée par mon propre comportement. « J'ai aussi quitté mes études... À vrai dire, j'ai tout quitté et je suis arrivée ici sans avoir prévenu personne. Surprise ! » Nouvelle surprise, effectivement. Elle qui semblait pourtant si sérieuse, si impliquée dans ses études et dans sa relation ... quelque chose ne tournait pas rond. « Merde Anna, je suis vraiment désolée. J'aimerais te demander ce qui a causé tout ça, mais ce serait sûrement trop intrusif. » Et je le pensais vraiment : elle n'avait pas besoin de me raconter tout en détails pour que je la soutienne, loin de là. « Il ne t'a pas fait de mal quand même ?! » Cette question, en revanche, me brulait les lèvres. Peu importait les raisons de son arrivée ici, à moins que ce ne soit à cause d'un quelconque mauvais comportement de son ex-petit ami. Après tout, si j'avais réellement bien accrochée avec Liam lors de mon séjour en Irlande, je ne le connaissais que très peu ... et qui suis-je pour contredire l'expression selon laquelle il faut se méfier des apparences ?
Des paroles réconfortantes, une présence aimante, un bon cupcake, une rencontre surprise. Toutes ces petites choses pourraient suffire à réparer un coeur meurtri, mais pour la rousse et la blonde assises près de la fenêtre, il faudrait plus que ces petits plaisirs pour apaiser ces maux qui font rage.
Je suis toujours atterrée par l'annonce de Zola quant à la disparition de son père, sûrement influencée par mes émotions instables des derniers jours. Au moins, j'ai su trouver les bons mots pour elle, je me félicite avec ça, puisque je suis assez impuissante dans la situation qu'elle vit. Ma main se pose sur la sienne et effectue une pression, juste pour lui montrer que je suis là, même si je viens juste d'arriver. On le laisse pas facilement partir les gens qui nous tiennent à coeur, c'est quelque chose que j'ai appris dans ma vie. Bon, on parle quand même de moi, la fiancée en cavale, alors je ferais mieux de ne pas me donner une tape dans le dos pour mes actions. La conversation prend un ton plus léger quelques instants lorsque Zola mentionne le centre nautique, mais bien vite je suis obligée de lui avouer mon petit manège, ma petite fuite qui me fait bien honte au final.
« C'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir » je dis d'une petite voix quand mon amie parle de Liam. C'est vrai, elle n'a pas à s'en vouloir pour le mettre sur le tapis, il est même normal qu'elle demande de ses nouvelles. À voir son incompréhension dans son visage, elle non plus n'aurait pas pu soupçonner ma façade de femme heureuse en amour. Il est vrai que mon fiancé me rendait heureuse, c'était pas ça la question, mais c'était tout le reste. Quand elle Zola me demande si Liam a pu me faire du mal, je manque de m'étouffer avec mon thé. Quelle idée... Elle ne m'a jamais traversée l'esprit, mais pourtant il est si plausible d'arriver à une telle conclusion. « Non, non! Du tout! » Je m'empresse de la corriger, qu'elle ne se fasse pas une mauvaise opinion de celui qui, au final, n'a rien demandé. « Liam n'a rien fait de mal, justement. C'est moi le problème ici. » Je passe une main dans mes cheveux et je souffle, bien trop consciente de mon tempérament difficile à suivre. « Je n'ai jamais réussi à lui parler de... tout ça. Tout allait trop vite avec le mariage, les études, la maison. Il mérite mieux qu'une femme qui ne sait pas lui parler quand elle se sent engloutie par sa propre vie, tu ne crois pas ? » Personne ne semble comprendre ma raison quant à ma rupture avec Liam. Cependant, pour moi, elle est tout à fait justifiée. Je ne mérite pas un homme aussi bon que lui, même s'il est tout ce que je souhaite, je ne me sens pas digne d'être à son bras.
Je n'aurais pas imaginé qu'Anna soit ici, dans ma ville natale, pour de mauvaises raisons. J'espérais vraiment que ce soit le cas, qu'elle soit venue visiter le pays (ou même y rester!) après avoir rendu visite à son frère mais visiblement, il y avait quelque chose d'autre. Elle ne pouvait pas avoir le coeur aussi lourd sans qu'il ne se soit passé quelque chose d'important dans sa vie. Et quand nous nous étions rencontrés, sa vie tournait autour de Liam. Grande fut donc ma surprise d'apprendre que son pilier s'était effondré. « C'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir » Je lui adressai un sourire bienveillant. Non, je ne pouvais pas savoir ce qu'il s'était passé, et c'est la raison pour laquelle je m'étais permis de lui poser une seule question. Je devais simplement m'assurer que c'était toujours le Liam que j'avais connu, et qu'il n'avait pas mal agi envers mon amie. À en juger par son attitude - elle manqua de s'étouffer - ce n'était pas le cas. « Non, non! Du tout! » Je soufflai, rassurée de savoir qu'elle n'aurait pas à vivre avec un horrible fardeau. « Liam n'a rien fait de mal, justement. C'est moi le problème ici. » Je fronçai les sourcils, perplexe. Comment ça, elle était un problème ? « Je n'ai jamais réussi à lui parler de... tout ça. Tout allait trop vite avec le mariage, les études, la maison. Il mérite mieux qu'une femme qui ne sait pas lui parler quand elle se sent engloutie par sa propre vie, tu ne crois pas ? » Mon visage était resté figé, mon cerveau tournant à plein régime. Quelque chose m'échappait. Comment avait-elle eu l'idée de fuir son pays et l'amour de sa vie, elle qui m'avait plutôt semblé prudente ? Sa rupture avec Liam me semblait étrange, mais Anna me donnait l'impression de ne pas avoir de remords. Des regrets, oui, elle regrettait l'amour que Liam lui portait et auquel elle avait mis fin, ça sautait aux yeux. Mais elle ne semblait pas se mordre les doigts de l'avoir quitté. J'avais l'impression qu'elle ne voyait pas, encore aujourd'hui, d'autre solution. « C'est allé trop vite pour toi ? » J'essayai de comprendre, mais je ne voulais pas qu'elle se braque en lui posant des tas de questions. Honnêtement, même si c'était mon amie, je marchais sur oeufs. « Je ne te cache pas que je suis étonnée, je pensais réellement que vous finiriez vos jours ensemble. Mais ce n'est pas moi qui te ferait la morale, je suis loin d'être un exemple dans le domaine sentimental. » Et pas que. « Mais ne doute jamais d'une chose. » Je lui repris la main et la cherchai du regard pour la fixer intensément. « Tu es exceptionnelle, Anna. Ça peut arriver à tout le monde de se sentir débordée, mais ne crois pas un seul instant que tu n'es pas à la hauteur de qui que ce soit. Crois-moi, j'en ai visité du pays, et tu es unique. » Mes paroles se voulaient sincères, bienveillantes et réconfortantes. Par cela, je cherchais à lui faire prendre conscience de sa valeur parce qu'il était hors de question qu'elle se sous-estime, et certainement pas par rapport à Liam. Il ne l'aurait pas supporté.