Histoire d'une héritière
La perfection est parfois ennuyeuse
C'est un 26 décembre, celui de l'année 1984, que je naquis dans l’hôpital américain de Paris. Dans une chambre complétement privée et surveillée. Et pour cause, je suis la petite-nièce de la plus grande couturière du monde, soit Coco Chanel.
C’est à minuit pile que je pointais le bout de mon nez. Un cadeau de Noel en retard pour mes parents, mais un cadeau quand même puisque je fus la première et la seule enfant de Yvan et Erica Chanel.
Comment vous décrire mes parents…
Mon père était un des petits-fils de la célèbre Coco Chanel et le premier sur la liste des nombreux cousins pour succéder à mon grand-père dans l’entreprise. Contrairement à celui-ci, mon père avait une âme de créateur. On disait qu’il avait la même impulsion de création que sa grand-mère à l’époque et il était réputé pour être quelqu’un de très modeste. L’argent ne l’intéressait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était créer. Il a rencontré ma mère dans un cabaret. Ma mère était la tête d’affiche de Grease à l’époque et mon père est tombé sous son charme, comme Danny Zuko de Sandy. Ils sont allés boire un verre après le spectacle et la suite , vous devez la comprendre.
Mon enfance était plutôt…fabuleuse. Née au milieu du maison qui empilait les tissus et la musique, je fus rapidement plongée dans ces domaines. Ma mère voulait faire de moi une chanteuse. J’eus le droit à des cours de chant et de danse, dès que je sus parler et marcher. Mon père, quand à lui, voulait faire de moi une créatrice. Dans le landau déjà, on m’amenait aux défilés de mode et j’eus le droit à ma propre ligne pour enfants dès mes cinq ans.
Malheureusement, ma mère nous quitta durant mes premières années de vie. C’était un soir en rentrant des cours à l’international School.
Mon père me fit monter dans la chambre de ma mère. Je la vois encore coucher le visage pâle et les yeux tristes. La fin approchait, mais son regard s’est éclairé quand je me suis approchée en robe rose et pantoufles licorne.Nous avons parlé longuement, avant qu’elle ne prononce ces dernières paroles à mon égard.
« Ne te laisse jamais décourager et atteint tes rêves, mon amour. Tu deviendras aussi connue que Coco »Cette phrase ne quitta jamais mon esprit. Ce fut ma motivation, ma raison de vivre. J’allais devenir une idole.
Mon père fut aussi fortement affecté de la mort de ma mère, mais quelques mois plus tard, il se remaria avec une petite starlette de 20 ans. Il ne m’abandonna pas pour autant, ce qui titilla la jalousie de Miss refaite. Je continuais de me balader sur les tapis rouges et c’est pour mes 9 ans que j’eus le plus grand cadeau jamais fait à une gamine.
Une rencontre avec Karl Lagerfeld.
Mon futur tuteur et mentor. Qu’est-ce qu’un couturier de renommé mondiale ferait avec une gamine me diriez-vous ? Il a vu en moi un espoir de voir renaitre la dynastie Chanel. Il voyait Coco en moi.
Je le cite encore…
« Tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau, Darling. Viens dans mon atelier quand tu seras prête. Je t’apprendrais tout ce que tu as à savoir et nous ferons de belles choses ensemble"Vous vous rendez compte ? Moi, la future princesse de la machine à coudre ?
La suite de mon enfance fut plutôt positive dans un sens. Casting TV, petits concerts et concours, je commençais doucement une montée en France…
En 2000 , je perdis mon papa dans un accident de voiture. Je n’avais alors que 16 ans et nulle part où aller. Toute ma famille habitait aux quatre coins du monde et tous s’inquiétait plutôt de l’entreprise que de la petite orpheline.
Karl fut mon sauveur. En accord avec les autorités et ma famille, il devint mon tuteur officiel. Je le rejoignis alors à Manhattan pour vivre avec lui et commencer mon apprentissage. Je suivais des cours à domicile par des professeurs compétents, ce qui fait que j’eus mon bac avec mention. Entre temps, je continuais les castings.
C’est un jour peu après mon 17ème anniversaire, qu’on m’appela sur le fixe. J’avais été sélectionnée sous maquette pour enregistrer mon premier disque. Celui-ci ne fut pas de grand effet, alors Karl m’annonça une autre grande nouvelle : j’étais prise pour un feuilleton sur les enfants stars. J’y jouais une petite ado française qui avait une double vie.
J’en ai de très bons souvenirs. Je suis toujours amie d’ailleurs, avec certains de mes camarades.
J’ai continué, en même temps, mon apprentissage auprès de Karl. J’ai produit quelques pièces de certaines collections jusqu’à mes 20 ans. En parallèle, je travaillais sur ma propre collection.
Durant dix ans, j'eus une carrière flamboyante dans les deux domaines. On s'arrachait mes créations, tandis que je faisais tournée sur tournée. Je m'arrêtais de chanter durant l'année de mes 29 ans pour reprendre la maison Chanel, étant la digne et seule compétente héritière.
Puis vint cette nuit de 2014. Accompagnée de nombreuses de mes amies, nous nous sommes rendues dans une boite populaire, afin de fêter mon anniversaire dignement. Je n'ai que peu de souvenirs de cette soirée, mais tout ce que je me souviens, c'est qu'un garçon me faisait de l'oeil durant la soirée.
Je me suis réveillée le lendemain dans mon lit, la place à mes cotés complétement défaite. Une odeur masculine s'en dégageait et j'étais complétement nue sous ma couverture. Cela m'arrivait assez souvent de coucher après une soirée, mais c'était la première fois que j'avais un black out total.
Je ne savais absolument pas avec qui j'avais passé la nuit.
Les semaines qui suivirent, j'eus de nombreuses nausées. Après consultation, le constat fut net:
J'étais enceinte.
La panique s'était alors emparée de moi: Comment une des plus grandes femmes d'affaires du pays allait pouvoir s'occuper d'un bébé?
C'est quand le monde s'écroule que vous voyez les véritables personnes. Malgré que je fus une véritable peste avec certaines personnes, elles furent à ma disposition.
C'est après neuf mois de grossesse et de travail que j'accouchais d'une petite fille du joli nom de Audrey Carly Chanel, hommage à mon ange gardien. Elle vit le jour le 1er Octobre 2014.
Entre temps, j'avais, sous les conseils de Karl, déménagé de l'autre coté du monde, à Island Bay. Une petite ville tranquille, loin des paparazzis et idéale pour travailler sur une collection enfant.
Je me mis donc à élever mon petit monstre seul, sous un pseudonyme. Ce n'est pas pour autant que j'arrêtais de travailler. Mon imagination grandissait de jour en jour en voyant ma princesse évoluer. Toutes ses fringues sont de ma création.
Aujourd'hui, ma puce a 3 ans et sa maman vit entre deux pays. Quand je suis absente, c'est souvent Karl ou une de mes assistantes qui vient s'en occuper. Mais, le plus souvent, elle me suit. Je me suis quand même attaché à cette petite blondinette qui court partout. Mes amies me traitent de maman gâteau quand je ne suis pas entrain de bosser,
Cependant... Je me sens parfois seule. Autrefois, la femme la plus inacessible, je suis aujourd'hui une jeune maman célibataire et coeur à prendre. J'ai déjà filtré avec quelques voisins, mais rien de bien sérieux. Qui voudrait d'une maman overbookée, me diriez-vous?