i'm fine ► gabriel

Gabriel n'est pas vraiment du genre à magasiner, à faire les courses, on s'est toujours occupé de lui, de ses choses-là, à Aquitaine. Maintenant, il doit faire avec la réalité, parce qu'il n'a engagé qu'un chef, d'une femme de ménage, personne pour faire le reste, il fait face à la vie, à l’indépendance. Une autre sorte d'indépendance du moins. Il avait une liste dans sa poche, cette année-là, ça va être différent, loin des Noël grandiose de sa famille, il va fêter avec Louis et quelques autres potes, rien d'extraordinaire, juste ce qu'il faut, enfin, plus ce qu'il faut en fait, ils n'ont pas vraiment oublié les traditions françaises. C'est vraiment la misère, tellement différent de ce qu'il connaît, que ça en devient presque essoufflant. Il regarde un peu partout, tel un touriste le ferait. Il se mord la lèvre, il savait que Louis aurait dû l'accompagner, ça aurait été plus simple, enfin, presque plus simple. Il a repéré une boutique de bijoux pas très loin, c'est à grands pas qu'il s'avance de l'établissement. C'est à ce moment qu'il voit une jeune femme basculer, qui ne semble pas tenir sur ses deux jambes, près de tomber au sol, mais Gabriel arrive à la retenir, il était tout près de la demoiselle. « Ça va aller, je vous tiens. » Gab arrive à la soutenir, à la tenir contre lui. « Mademoiselle Baranovski ? » Il l'avait plus ou moins reconnu, il l'avait aperçu récemment à l’hôpital et il avait survolé son dossier avec une autre infirmière. Ils marchent jusqu'au banc le plus près qu'il arrive à trouver et il la fait s'asseoir dessus, avant de s'installer à côté, il la tient par les épaules. « Combien de doigts ? » Il présente trois doigts devant ses yeux.

C'est une chance que Gabriel était là, une chance qu'il a un grand cœur, qu'il ait cet instinct d'infirmier, prêt à aider. Il est comme ça, il aime aider, savoir si les gens vont bien, parce qu'il a beau être noble, ça ne l'empêche pas d'être une bonne âme. Il préfère ça, que faire les courses, au moins, il s'y connaît dans ce domaine, alors, que magasiner, c'est une autre histoire, une aventure qu'il ne souhaite pas reprendre aussitôt. La prochaine fois, il commandera ses cadeaux en ligne, beaucoup plus simple que de courir d'un bord et de l'autre. Malheureusement, ses dernières semaines ont été un peu lourdes, donc obligé pour les courses dernières minutes. Ils finissent par s'installer sur un banc un peu plus loin, elle est encore conscience, c'est une bonne chose. Et d'après ce qu'il a compris, elle attend un bébé, c'est donc encore plus important de vérifier son état. Il hoche la tête. « C'est ça, mais évitez de fermer les yeux. » C'est plus reposant, mais d'un autre côté, elle peut perdre conscience plus rapidement. Gab lui prend doucement son poignet afin de prendre son pouls. « Vous avez mangé ? Comment vous sentez-vous ? » La question peut paraître idiote, parce que même si elle a l'air de mal aller, il a besoin de connaître les symptômes.

« Pour éviter de perdre conscience. » dit-il finalement. C'est plus facile pour s'endormir rapidement, c'est une impression que l'on peut avoir, mais on peut surtout s'évanouir. Il voulait éviter qu'elle s'effondre au sol, comme elle avait failli le faire, il y a un peu moins de deux minutes. Ce n'est pas facile, surtout quand on se sent mal, mais c'est mieux ainsi. Il relâche son poignet en hochant la tête, c'est quand même un peu difficile de s'occuper de quelqu'un sans matériel, le mieux c'est de se rendre à l’hôpital, il y a de l'équipement là-bas, un lieu pour ça. « Et ça arrive souvent ? Avez-vous consulté ? » Ça paraît agaçant de poser autant de questions tel un enquêteur, mais c'est nécessaire afin de connaître son état. « Vous êtes enceinte ? » Finit-il par lui demander. Oui, il avait lu vite fait le dossier, mais il voulait savoir si c'était toujours le cas, si c'était bel et bien ce qu'il avait pu lire. Gab ne souhaite pas la laisser, alors, il l'aide soudainement à se lever, tout en la tenant afin qu'elle ne glisse pas, ils vont dans une mini épicerie de rue, pas besoin d'entrer à l'intérieur, la personne est derrière le petit comptoir dans une sorte de caravane. Il achète une bouteille de jus d'orange et il la brasse avant de lui donner. « Ça ira peut-être un peu mieux. » Il y a beaucoup de vitamines et c'est recommandé. « Je suis infirmier.. juste au cas où que tu crois que je suis un simple citoyen qui en sait pas ce qu'il fait. » Autant le dire, sinon il pourrait avoir l'air de faire n'importe, mais il s'y connaît grâce à son métier, à ses expériences humanitaires.

Gabriel n'avait rien pour noter, pas de papier, ni de dossier, alors, il tentait de garder les informations importantes au cas où. Elle venait de dire que cela faisait à peu près deux semaines qu'elle est dans cet état. Il fronce un peu les sourcils, se demandant comment elle a fait pour supporter aussitôt sa situation. Gab vient à lui demander si elle est enceinte, c'est souvent une question qui revient pour les femmes, pour prescrire des médicaments, quand il y a des symptômes qui s'y approche etc. Elle répondue par la positivité, chose qui confirmait bien ce qu'il avait pu lire l'autre jour sur les papiers. Il hoche doucement la tête avant de l'aider à se lever, se dégourdir un peu les jambes, mais surtout pour acheter un jus d'orange. Ce n'est pas un remède qui guérit tout, mais ça peut faire du bien à l'estomac, à l'état de santé, un peu en tout cas. Il s'installe à ses côtés. « Oui, voilà, je fais dans l'infirmerie. » Il sourit un peu à la rousse. Il fait un peu plus que cela, il fait dans la pédiatrie également, avec la spécialité à côté. « Peut-être retourner à l’hôpital, pour prescrire quelque chose qui aidera à soulager les maux de cœur, les étourdissements. Je l'aurai bien fait, mais je ne suis pas médecin et je n'ai pas de papier sur moi. » Gab pouvait prodiguer des soins, des conseils, ce genre de choses, mais pas prescrire des médicaments, juste recommandé. Il aurait pu suivre cette voie, et ce n'est pas l'envie qui manquait à l'époque, mais il s'était orienté vers les soins infirmiers et il avait appris quelques autres pratiques pour perfectionner le tout. Ses séjours avec les organismes humanitaires l'avaient aidé à acquérir de l'expérience. Gabriel avait vraiment aimé ses expériences. « Tu aimerais que je t'accompagne ou tu souhaites appeler quelqu'un pour le faire ? » Il ne la force à aller à l'hôpital, mais il sait que ce n'est jamais plaisant d'être sans soutien, c'est effrayant les hôpitaux mine de rien. Peut-être qu'elle se sentait mieux. Sinon, il va lui recommander de tout simplement rentrer et se reposer, le temps que ça passe, mais ça pourrait aussi bien revenir, surtout si ça fait deux semaines.

Il ne connaît pas personnellement la demoiselle, et comme il n'est pas en mesure de poser un véritable diagnostic, il préfère l'envoyer à l’hôpital, c'est le meilleur endroit pour cela. Il ne peut pas l'obliger à aller là-bas, il voit bien qu'elle est réticente, il se propose même à l'accompagner ou d'appeler un proche pour se rendre à l'établissement de santé. Mais là encore, elle n'est pas convaincue et c'est dans ses moments-là, qu'il se sent impuissant, pas seulement avec Nina, mais les autres patients, qui refusent des soins, de consulter, alors que c'est pour leur santé. On dit toujours qu'il vaut mieux prévenir que guérir et c'est la vérité, toujours mieux être rassuré que de rester seul avec des doutes, des malaises. « Je comprends, cela ne doit pas être facile.. » Il peut comprendre, l’hôpital, c'est souvent synonyme de mauvaises nouvelles, enfin, pas nécessairement tout le temps, c'est surtout bien se vérifier son état de santé. Il hoche la tête. « Je ne veux pas te dire quoi faire, mais peut-être qu'il vaut mieux les prendre, peut-être que cela te fera sentir mieux, ça te soulagera un peu. » Sauf si elle aime souffrir et se sentir malade, mais il doute qu'elle soit aussi masochisme que ça. Il veut juste s'assurer qu'elle ne va pas s'abîmer l'intérieur, ni mettre en danger le bébé pour rien. « Je peux te raccompagner, si tu veux ? Ça va m'éviter de m’inquiéter, si je sais que tu es entré en toute sécurité. Ça va me faire plaisir de t'aider à te rentre chez toi. » Il n'aimerait pas savoir qu'elle s'est évanouie en pleine rue, alors qu'il aurait pu être présente, qu'il aurait pu l'entraîner à l’hôpital pour la soigner. Si elle ne veut pas de l'hosto, il peut bien la raccompagner chez elle pour s'assurer qu'elle va bien. « Je te laisse mon numéro, si jamais tu veux des renseignements ou autres, je serai là. » Il sourit un peu avant de lui passer un petit carton qui ressemble à une carte, il écrit son numéro à l'arrière et il lui donne.