contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke]
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Sujet: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Lun 25 Déc - 22:02
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. Clarke & Ezra
Dure journée que celle-ci. J’étais tout bonnement lessivé, mais ça ne faisait rien. Rien ne pouvait entamer ma bonne humeur légendaire. J’avais passé une partie de ma matinée avec ma fille qui était venue dormir dans mon appartement et qui était restée prendre son petit-déjeuner avec moi avant qu’elle ne reparte en cours, et moi au commissariat. Je reprenais mes fonctions aujourd’hui-même, après un nouveau temps d’arrêt dû à ma santé défaillante. Il y a un mois de cela, j’avais fait un malaise au commissariat, suppléé par une crise d’amnésie carabinée qui m’avait fait jusqu’à oublier les deux femmes de ma vie : Clarke et Jade. J’avais dû rester alors chez Capucine qui m’avait gardée à l’œil comme on surveille le lait sur le fait, qui m’avait fait de bons petits plats et tout son possible pour me retaper et me remettre sur pieds. Par la suite, j’ai eu l’accord de mon médecin, après une bonne convalescence, pour me donner le feu vert de louer un appartement qui serait dorénavant le mien. Fini la dépendance à une autre qui se voulait peut-être trop mère poule - mais s’en était touchant – et bonjour la liberté, quoique mesurée car des infirmiers passent me voir matin et soir pour me surveiller et vérifier que je n’oublie pas de prendre mon traitement, ni que je mets ma vie en jeu en zappant de refermer le gaz ou autre chose. Bref, j’avais l’impression d’être un enfant, moi qui, pourtant, ai grandi si vite dans l’univers des adultes après la mort de mes deux parents. J’avais effectivement l’impression d’être un petit garçon perdu, comme dans l’histoire de Peter Pan. Un gamin abandonné trop tôt et qui, dans un sens, ne peut plus grandir. Non pas que moi je ne le voulais pas, mais depuis l’accident je suis resté figé à l’état infantilisant qui m’empêche d’avoir à nouveau des responsabilités. C’est pourquoi ce travail d’inspecteur de police était une bouteille d’eau fraîche pour moi : je retrouvais mon insigne, mes devoirs et mes obligations en tant qu’enquêteur et policier, même si mes pertes de mémoire me jouaient souvent des tours. Tours que je cachais, bien entendu, mais je devais bien reconnaître qu’au commissariat, tous étaient aux petits soins avec moi. On ne me faisait pas de cadeau non plus, je ne devais pas être un boulet à trainer pour les autres, mais on me considérait comme étant ce que j’étais : un homme intègre et professionnel avec ses failles plus ou moins grandes. J’avais donc passé ma journée au commissariat, mais surtout les deux dernières heures à m’ennuyer comme un rat mort. Tous les dossiers avaient été traités, je n’avais plus rien à faire pour le moment à part observer les aiguilles de l’horloge murale bouger dans une lenteur abrutissante. Bien sûr, je ne pouvais pas partir plus tôt. Non pas que l’on me l’aurait refusé, mais je ne voulais pas rentrer chez moi. Pourquoi ? Parce qu’enfermé entre ces quatre murs me rendait malade. Qu’est-ce qui est différent qu’au commissariat, me demanderez-vous ? Et bien je vois du monde, je peux discuter avec qui je veux, passer du temps avec Gemma et Capucine, et bien d’autres. Seulement, là où c’est différent, c’est que chez moi je n’ai plus ma femme à mes côtés pour me tenir compagnie, et une fille trop occupée aujourd’hui malgré qu’elle essaie de passer énormément de temps auprès de moi. J’avais d’ailleurs refusé qu’on passe la soirée ensemble, pour la simple et bonne raison que depuis mon retour elle délaisse ses amis. Je comprenais qu’elle veuille rattraper le temps perdu avec moi, mais je lui avais fait remarquer qu’avoir une vie sociale était également très important. C’est pourquoi, malgré tout, elle finit par accepter et ne me laissa qu’une et une seule soirée de pseudo répit. Demain, elle serait à nouveau avec moi, à mon plus grand bonheur. Et concernant Clarke… Qu’y a-t-il à dire si ce n’est qu’à présent je sais ce qu’elle a tant voulu me cacher, à savoir sa relation amoureuse avec ce type dont j’ai déjà oublié le nom ? Oui, je peux le dire sans crainte : ça m’a brisé le cœur, et pourtant. Pourtant elle m’est resté fidèle quatorze ans je crois, avant de se permettre de refaire sa vie. Et elle a eu raison de le faire, car s’il le faut je ne me serais jamais réveillé. Quand bien même ça soit le cas, et c’est ce qu’il s’est produit, elle a le droit à un peu d’amour dans sa vie, d’un homme qui la prenne dans ses bras et qui lui dise combien il l’aime… même si ça doit déchirer de la pire des façons le cœur torturé du mari passé sur le banc de touche. C’est ce à quoi je pensais en longueur de temps quand je n’étais pas occupé. Je me demandais s’il savait bien prendre soin d’elle, s’il l’aimait comme il se devait, s’ils partageaient de bons moments tous les deux, s’il savait la faire rire, s’il lui faisait bien l’amour… Toutes ces questions me trottaient dans la tête à m’en mener le cœur sur les lèvres. Ce gars, je ne l’avais jamais vu, et c’était tant mieux car si je devais lui être reconnaissant de prendre soin de ma Clarke, et bien… c’était ma Clarke. A jamais et pour toujours. C’était elle que j’avais rencontré à mes dix-huit ans, elle que j’avais embrassée au bowling, elle à qui j’avais fait un enfant, elle que j’avais épousé… Alors je ne pouvais pas m’empêcher d’être cruellement jaloux. Si elle l’aimait, c’est que ça devait être un type bien. Raison de plus pour ne pas l’aimer, moi qui ai l’impression d’être un enfoiré pour avoir pris autant de risque ce jour d’intervention, d’avoir voulu jouer les pseudos héros et de s’être pris pour seul résultat une balle dans le crâne. Je lâchais un soupir. Aujourd’hui plus que de coutume, Clarke me manquait. Alors c’était décidé : à présent qu’il était l’heure pour moi de quitter le travail, j’allais aller lui rendre une petite visite à son salon de thé. Un rêve qu’elle avait fini par réaliser et qui avait tout son succès ! Tant pis si l’imaginer dans les bras de lui en longueur de temps me tuait à petit feu, j’avais besoin de la voir. C’était vital. Son sourire, son regard, ses pommettes rosées, ses cheveux d’ébène, sa taille de guêpe… tout en elle me rendait dingue de cette argentine que j’aimais encore comme au premier jour. Je pris alors ma veste que j’enfilai par-dessus mon holster armé d’un Beretta et de mon insigne de police plaquée sur ma chemise au niveau du pectoral gauche, juste au-dessus de l’arme. Je saluai tous mes collègues de travail et quittai le bureau pour sortir dans la fraîcheur mordante de ce mois de décembre. Enfin, mordante pour un Néo-Zélandais comme moi, car quelqu’un habitué à de véritables températures hivernales verrait très bien la différence. Que voulez-vous, on nous a mal habitués. Mais je devais reconnaître que la brise qui soufflait ce soir état vigoureuse. Je hélai un taxi et montai dans le premier qui se présenta cinq ou dix minutes plus tard. Je pris mon portable et indiquai ma destination – à savoir le salon de thé – que j’oubliais souvent. Je me l’étais donc inscrite dans les indénombrables mémos notés sur mon cellulaire. Une fois arrivé, je remerciai le chauffeur d’origine indienne et lui tendis quelques billets pour payer ma course. Je descendis de voiture et, arrivé juste devant la vitrine alléchante de gourmandise de Clarke, pris une profonde inspiration pour me donner du courage. Je pénétrai dans les lieux et me dirigeai vers le comptoir avant de dire un timide mais souriant :
« Ola. »
Elle était si belle…
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Lun 25 Déc - 22:45
Tu es sûre que tu ne veux pas que je t’aide à faire la fermeture ?
Oui, certaine ! File, je n’en n’ai pas pour longtemps de toute façon.
Je congédiais Julia d’un sourire, sourire que je perdais dès qu’elle eut passé la porte. J’éteignais les lumières et retournais le panneau « Closed » avant de m’asseoir quelques minutes sur une chaise. Je n’étais pas pressée de rentrer. En ce moment j’ai énormément de mal à gérer les miens. Entre Jade qui me presse de retrouver son père, Cole qui me presse de prendre une décision claire sur ce que je veux sur mon avenir et Ezra qui... Et bien qui est complètement perdu et qui a le cœur brisé, même s’il ne me le dis pas, je ne sais pas quoi faire.
Pourtant son réveil est ce que j’espérais depuis dix-neuf ans. Dix-neuf longues années où je me suis accrochée à cet espoir pour pouvoir continuer à me lever chaque matin. Dix-neuf ans où je n’ai vécu qu’à moitié parce que j’ai perdu la mienne. Heureusement j’avais Jade. Sans notre fille je sais que j’aurais fini par me perdre et sombrer totalement. Mais elle était là et pour elle j’ai dû me battre contre moi-même et avancer. Presque la moitié de ma vie à vivre dans la mélancolie et la tristesse, ça fait beaucoup. Ezra n’est pas mort, il ne s’agissait pas de faire un deuil. Lui il était là... sans être là. Très vite pourtant les médecins m’ont suggéré de le débrancher, me jurant que ça serait bien mieux, pour lui comme pour moi. Mais je me suis révoltée face à cette idée. Hors de question, jamais ! Je ne voulais pas qu’il meure, tirer un trait pour de bon sur l’amour de ma vie ! On m’a prise pour une folle, mais envers et contre tous je me suis battue pour qu’on le maintienne en vie.
Aujourd’hui et quoi qu’on en dise autour de moi, je regrette profondément d’avoir décidé d’essayer d’avoir une vie à nouveau. Mais tout le monde m’avait encouragé. « Il comprendrait Clarke » « Tu sais qu’il ne voulait que ton bonheur »... combien de fois n’aies-Je pas entendu ces mots ? Cole était un homme gentil, qui avait lui aussi vécu une tragédie : la perte de sa femme et de leur enfant dans un accident de la route quelques années plus tôt. Lui aussi était seul et inconsolable depuis. Alors on s’est trouvés et compris. Oui mais... si sa Carol était enterrée, mon Ezra était toujours là et il n’y avait pas une seule journée où je n’allais pas lui rendre visite à l’hôpital. Il y avait toujours ses vêtements dans ma penderie, comme s’il pouvait revenir du jour au lendemain. Cole était prêt é refaire sa vie, moi juste à la continuer. Cette nuance changeait tout. Je portais toujours mon alliance alors que Cole aimerait qu’on se marie. Mais comment envisager de divorcer ? Je ne pouvais pas ! Il comprenait tout ça, il s’est montré incroyablement patient et est resté malgré tout.
Cole est un homme bien, et j’ai conscience d’avoir beaucoup de chance. Il m’aime sincèrement et tout mon dilemme est là. Je ne peux pas faire comme si ces quatre dernières années à ses côtés n’avaient pas existé ! Je ne veux pas le quitter... et je ne peux clairement pas laisser Ezra. Alors que faire ? Je me sens tellement mal vis à vis d’eux, consciente que quelle que soit ma décision je vais briser le cœur d’un être exceptionnel. Comme si on n’avait pas déjà assez souffert comme ça tous les trois, comme si la vie ne s’était pas déjà acharnée. Avec un soupire l’as je me lève de ma chaise et commence mon rangement. Je place les quelques invendus dans des petites boîtes que je vais porter à une œuvre de charité en bas de la rue qui va les redistribuer, puis je nettoie le comptoir, place les chaises sur les tables pour nettoyer et une fois que c’est fait, je commence à remettre les chaises une par une. Il ne me reste plus qu’un peu de vaisselle à ranger mais je prends mon temps. Je l’ai. Sans doute que Jade est rentrée... ou ne va pas tarder à rentrer des cours. Sauf si elle voit des amis. Hier elle est allée dormir chez son père et du coup je suis certaine qu’elle va remettre le sujet sur le tapis. Et puis Cole va venir dîner et elle va faire la gueule, parce qu’elle n’a jamais pu l’encadrer. Inutile de vous expliquer pourquoi.
Évidemment elle était toute petite au moment de la tragédie. Trop petite pour avoir des souvenirs. Alors j’ai veillé à lui en créer. Je lui ai parlé de son père, encore et encore, lui ai raconté des tas d’anecdotes, montré des photos... je l’ai nourrie de son père pour qu’elle ait l’impression qu’il avait toujours été là et qu’elle le connaissait par coeur. Jade adore son père, il est son héros. A un tel point qu’elle m’a sorti cette idée abracadabrantesque de devenir flic elle aussi ! Elle ne m’avait jamais vue en colère avant le jour où elle m’a annoncé ça ! Heureusement elle m’a écoutée et y a renoncé, préférant se consacrer au journalisme. Bref, Jade voudrait revoir ses parents réunis et je ne peux pas l’en blâmer... Mais je n’ai pas besoin qu’elle me mette la pression, je l’ai déjà assez comme ça ! Je range les tasses et attrape un verre à Irish Coffee, me tourne et me hisse pour aller le reposer sur l’étagère quand j’entends la clochette de la porte d’entrée tintinnabuler. Zut ! J’ai oublié de fermer la porte !
Désolée, nous sommes ferm...
Je m’interromps lorsque, me retournant, je reconnais Ezra qui s’avance vers le bar et qui me dit bonjour avec son joli sourire.
Oh... salut. ¿ Que tal ?
Bravo Clarke, c’est certainement la façon la plus conventionnelle de le recevoir ! Je sais bien ce qui s’est passé. Tous les jours, sans qu’il le sache - sauf si Capucine a trahi le secret - Je téléphonais à notre amie pour savoir comment il allait. Au début il nous avait oubliées, Jade et moi. Ça m’a brisé le cœur. Qu’il m’oublie... bon sang vous n’imaginez pas à quel point ça m’a fait mal. Mais ses souvenirs sont revenus à présent.
Je... hum... attends.
D’un pas pressé j’allais cette fois verrouiller la porte d’entrée pour ne pas risquer que quelqu’un d’autre entre, puis je revenais derrière le bar. Le voir, ça éveille toujours des tonnes d’émotions. J’ai envie de me jeter dans ses bras et en même temps je me sens coupable d’avoir cette envie. Pourtant c’est mon mari ! Je porte toujours son alliance ! C’est tellement compliqué... j’allais récupérer une des boîtes avec les invendus et l’ouvrait devant lui.
Je te sers quelque chose ? Tu veux un cappuccino ?
Avec un soupçon de lait concentré sucré et du cacao en poudre saupoudré sur la mousse, comme il l’aime. Je le connais par cœur... mon dieu...
Qu’est-ce qui t’amène ici ?
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Jeu 28 Déc - 20:56
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. Clarke & Ezra
J’espérais ne pas la déranger à présent que sa journée était finie. Elle avait certainement dû avoir beaucoup de clients aujourd’hui, alors peut-être serais-je de trop. Elle avait beau être ma femme, je n’étais plus sûr de rien, encore moins du fait qu’elle désire me voir. Car je savais. Oui, je savais qu’elle avait refait sa vie, et je ne pouvais pas l’en blâmer. Clarke était une femme qui avait besoin de beaucoup d’amour, et celui de notre fille ne saurait suffire. Elle avait besoin d’un homme qui la prendrait dans ses bras, qui la ferait danser comme nous dansions auparavant, qui lui fasse l’amour et l’embrasse jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Pendant dix-neuf longues années, je n’avais pas pu être cet homme. Non, j’avais été une loque, un déchet humain qui n’a plus aucune utilité et qui pourrit la vie de ses proches en monopolisant une chambre d’hôpital qui servirait bien mieux à quelqu’un d’autre. Oui, vous l‘aurez compris, depuis mon éveil mon égo en a largement pris un coup. Je n’avais plus rien à part une amie et une fille. Alors oui, pour ce dernier point c’est déjà énorme, mais la dernière fois que je l’avais vue elle n’avait que deux ans. Je ne savais encore rien d’elle, même si son enthousiasme non feint vis-à-vis de moi prouvait qu’elle désirait tout comme moi rattraper le temps perdu. Je pénétrai donc dans les lieux sublimement décorés avec beaucoup de goût, et semblait la prendre de court par ma présence.
« ¿ Bien, y tu ? » Lui demandais-je à mon tour.
Je n’avais pas oublié toutes nos petites conversations en espagnol, tous ces mots que l’on aimait glisser parmi ceux en anglais pour enrichir nos propos et préserver sa langue natale. Elle se dépêcha, en s’excusant, de passer à côté de moi pour venir verrouiller la porte d’entrée enfin que nous soyons tranquilles. Enfin surtout elle, après cette dure journée de labeur. Puis elle revint trouver sa place derrière le bar tandis que, malgré que je ne doive pas la regarder comme cela, je la contemplais. Elle n’avait pas vraiment changé, ses cheveux étaient peut-être un peu plus courts, du moins de ce que je me souviens. Et bien sûr ses traits étaient incomparablement plus adultes. Tout comme les miens, sans le moindre doute. Elle me proposa de boire un cappuccino, ce à quoi je lui répondis :
« Seulement si tu as deux minutes et que ça ne te retarde pas trop. Tu as peut-être envie de rentrer chez… vous. » Lui dis-je sans aucune animosité.
Quand bien même le fait qu’elle ait refait sa vie me rendait jaloux à en crever, encore une fois je le répète je la comprenais. Cependant j’ignore totalement si j’aurais eu cette force si j’avais été à sa place. Puis Clarke me demanda ce qui m’emmenait ici.
« Et bien… J’avais envie de te voir. J’ai l’impression aujourd’hui que mon esprit est un peu plus clair. J’ai fait des tâches qui monopolisaient ma mémoire et ça s’est plutôt bien passé. »
Voyant son air interrogateur, je m’empressai de préciser :
« Oh, Capucine n’a pas dû te le dire. Et moi je t’avoue que j’ai eu un peu de mal à le faire. A venir te voir, à vrai dire… C’est toujours difficile, bien que ça me rende heureux, de voir ton visage et d’entendre le son de ta voix. Bref, j’ai repris le travail au commissariat. Ils m’ont laissé reprendre mon poste d’inspecteur de police, même si je suis bien ménagé pour cela. »
La police, c’est tout ce qui me restait de mon passé. Tout le reste avait foutu le camp, tous mes repères… J’avais besoin de ce job comme on a besoin d’air, comme on a besoin de soleil après une tempête de pluie battante.
« Tu es toujours aussi magnifique. Et tu as l’air épanouie. Ça n’est pas de la curiosité malsaine mais j’ai juste besoin de savoir… Il te rend heureuse ? »
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Jeu 28 Déc - 23:59
« Chez vous » ? Oh... j’imagine qu’il doit vouloir dire « chez Jade et toi ». Alors je ne relève pas. Sinon je lui expliquerais que je vis seule avec notre fille, n’ayant jamais sauté le pas d’une cohabitation avec mon nouveau compagnon. Il y a tant de choses dont je l’ai privé le pauvre... même ça. Pourtant c’est là base même d’un couple logiquement non ? Je suis peut être de la vieille école à penser ça, de nos joues il y a de plus en plus de couples où les gens vivent chacun de leur côté. Ezra et moi on s’est mariés dès que j’ai eu mes dix huit ans, parce qu’on ne voulait pas attendre pour faire notre vie à deux. Ça pour moi c’est normal, logique.
Bien sûr que j’ai deux minutes.
Mes doigts sont un peu tremblants tandis que je manipule la tasse. Je dépose devant lui une petite boîte avec des gâteaux pour qu’il en choisisse un. Je suis nerveuse, parce que j’ai peur de la conversation qui va arriver. Je voudrais lui dire que je l’aime encore, toujours... que rien n’a changé. Mais tout à changé et il y a tant de conséquences... tellement. Et lui que va-t-il me dire ? Que va-t-il me demander ? Que pourrais-je lui refuser ? Lui concéder ? Pourquoi c’est si dur d’être avec la personne avec laquelle les choses ont toujours été si faciles et évidentes ? J’ai envie de savoir, histoire de mettre fin à la torture. Il me faut savoir pourquoi il est venu. Alors... Et bien je lui demande, tout simplement.
Envie de me voir, j’esquisse un sourire à peine visible tandis que la machine crache les premières gouttes de café et que je mets un peu de lait dans un pot pour en faire de la mousse. La suite me laisse perplexe. Il a fait des tâches qui ont monopolisé sa mémoire ? C’est à dire ? Il voit un psy qui lui fait travailler sa mémoire ? Un truc du genre ? Pas besoin de lui poser la question... s’il y a bien une chose qui n’a pas changé c’est qu’on n’a pas besoin de se parler pour se comprendre. Un seul regard et on devine ce que l’autre pense. Au début on trouvait ça un peu flippant... mais on s’en est vite amusé. C’était juste la preuve qu’on était faits l’un pour l’autre.
Alors il commence à expliquer. Et le début est vague. Je fronce les sourcils. Non, Capucine ne m’a rien dit. Et justement ça me fait penser que je ne vais pas aimer ce qui va suivre. D’ailleurs pourquoi est-ce que elle, elle sait et pas moi ? Qu’est-ce que ça veut dire ces cachoteries ? Un peu comme un automate, je verse un peu de lait concentré sucré dans la tasse et glisse le pot de lait sous la pipette qui va lâcher la vapeur. Mais soudain mon geste s’arrête. J’ai mal entendu... c’est pas possible... je suis tellement à cran que j’entends ce que j’entends dans mes pires cauchemars, n’est-ce pas ?
Quoi ?
Là, maintenant, s’il devait y avoir une explosion devant le salon de thé, je crois que je ne m’en rendrais même pas compte. Mes yeux sont fixés sur Ezra qui continue à me parler comme si de rien n’était, comme s’il venait de m’annoncer qu’il s’est commandé une pizza pour dîner. Il a repris son job de flic... rien de plus normal, tout va bien, ce choix n’a aucune conséquence. Je cligne des yeux. J’ai l’air épanouie ? Mais il se fout ma tronche ? Est-ce qu’il me rend heureuse ? Nom de dieu...
Qu’est-ce que tu as dit ?
Mes mâchoires sont serrées et mes yeux lancent des éclairs. Ezra et moi, on n’a jamais eu de vraie grosse dispute. S’il nous arrivait de ne pas être d’accord sur quelque chose, on parlait juste un peu plus fort, avec un peu plus de passion mais c’est tout. Et on se réconciliait toujours très vite. Mais là... là et bien je suis tout doucement en train d’atteindre mon seuil de tolérance. J’ai besoin de vérifier un truc, vous permettez ? Alors d’un pas sûr je contourne le bar pour le rejoindre et écarte un pan de sa veste.
En voyant le flingue et l’insigne, je dois perdre toutes mes couleurs. Et là le barrage cède. Je pète littéralement un câble. Je veux dire... je le pète vraiment bien le câble. Je hurle, sanglote, me transforme en vraie furie. A chaque fois que vous voyez une ponctuation, imaginez que je le pousse, le frappe...
COMMENT PEUX-TU FAIRE UNE CHOSE PAREILLE ? T’AS RATÉ TON COUP LÀ PREMIÈRE FOIS ET TU VEUX FINIR LE JOB ? FALLAIT ME LE DIRE DIRECT QUE TU VOULAIS MOURIR JE NE ME SERAIS PAS BATTUE AVEC LES MÉDECINS PENDANT QUINZE ANS POUR QU’ILS NE TE DÉBRANCHENT PAS !!!!! C’EST QUOI LE BUT, HEIN ? NOUS FAIRE SOUFFRIR JADE ET MOI ? TU VEUX QU’ON M’ENFERME DANS UNE CELLULE CAPITONNÉE POUR DE BON ? EST-CE QUE TU AS LA MOINDRE IDÉE DE CE QU’ON A TRAVERSÉ PENDANT CES DIX-NEUF PUTAIN D’ANNÉES EZRA ?! COMMENT OSES-TU ME DIRE QUE J’AI L’AIR ÉPANOUIE ALORS QUE ÇA FAIT DIX-NEUF ANS QUE JE CARBURE AUX ANTIDÉPRESSEURS ? COMMENT TU PEUX ME DEMANDER SI JE SUIS HEUREUSE ALORS QUE CHAQUE RÉVEIL EST UNE SOUFFRANCE ? T’ES COMPLÈTEMENT CON OU QUOI ??? JE NE SUIS PAS ÉPANOUIE... ET JE NE SUIS PAS HEUREUSE ! J’AI BEAU AVOIR RENCONTRÉ UN HOMME FORMIDABLE QUI M’AIME ET QUI A UNE PATIENCE D’ANGE AVEC MOI MA VIE S’EST ARRÊTÉE AVEC CETTE BALLE QUI S’EST LOGÉE DANS TON CRÂNE ET AUJOURD’HUI TU VEUX M’ACHEVER ! J’EN PEUX PLUS, TU COMPRENDS ? JE N’EN PEUX PLUS !
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Dim 31 Déc - 11:49
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. Clarke & Ezra
Je ne m’étais absolument pas attendu à une réaction d’une telle violence. Qu’elle le prenne mal, je l’avoue, je l’avais un peu envisagé. Mais je pensais qu’elle serait fière de moi par le fait que je remonte en selle après ce qu’il s’était passé. Au lieu de cela, ses poings martelaient mon torse de coups alors que Clarke hurlait après moi. Passé la stupeur, je pris posais mes mains sur ses bras et la priai de se calmer.
« Je t’en prie, Clarke ! Calme-toi ! »
Mais il n’y avait rien à faire, et ses joutes verbales me firent encore plus mal que ses mains qui me frappaient de rage. Elle semblait penser que mon retour dans la police n’était que du pur suicide. Etait-ce vraiment le cas ? J’avoue que je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle. Je me prenais littéralement des claques par ses mots, notamment lorsqu’elle me dit que les médecins avaient envisagés de me débrancher, mais qu’elle avait lutté contre cette idée. Si j’étais encore vivant, je le devais à ma femme. Toute ma vie, je la lui devais, de mes petits bonheurs aux plus grands, de la consolation de petits malheurs au plus grand qu’était ma survie. « Non, je… Je n’ai jamais voulu vous faire du mal ? Je pensais bien faire. J’avais pensé que… tu serais fière de moi. » Lui avouais-je.
Après le pétage de plomb il y a quelques semaines de Capucine pour la même raison, voilà à présent que j’essuyais la tempête au nom de Madame Kennedy. La vérité c’est que non, je n’arrivais pas à imaginer ce qu’elles avaient enduré. C’était au-dessus de mes forces. Concevoir que Clarke m’est attendu et soit venue me voir tous les jours pendant dix-neuf ans, accompagnée de notre fille qui ne m’a pour ainsi dire jamais connu était inimaginable. J’ignorais également que Clarke prenait des antidépresseurs par ma faute. J’étais l’instigateur de tous leurs malheurs. Puis s’en suivi une série d’insulte qu’elle n’eut même pas la force de lâcher en espagnol, ce qu’elle faisait autrefois lorsqu’elle était en colère contre la fin d’un mauvais film par exemple. Alors je comprenais qu’elle n’en puisse plus. Oui, je le comprenais… Je baissais la tête d’un air coupable, mes yeux s’embuant sous le poids du désespoir. J’avais besoin de Clarke, je ne pouvais pas la faire souffrir. Elle ne le méritait pas. Elles ne le méritaient pas. J’essayais de stopper les coups qu’elle me portait en attrapant ses mains, observant alors qu’elle possédait toujours mon alliance à son doigt. Malgré sa relation avec lui, elle ne l’avait pas retirée. Maintenant fermement ses poings, je lui dis d’une voix plus forte pour couvrir ses cris afin qu’elle m’entende.
« J’arrête ! Clarke, tu n’as qu’à me le demander et j’arrête ! »
Elle n’entendit pas de suite mes paroles, mais lorsqu’elle se rendit compte de ce que je venais de lui dire, la pluie de tapes cessa. Devant son air interrogateur, je lui dis alors d’une voix plus douce :
« Je pensais que la police serait mon salut, mais je dois bien me rendre à l’évidence que je ne serai plus jamais au même niveau qu’autrefois. Je suis diminué à présent, j’en ai conscience, mais mon plus gros handicap c’est de ne plus avoir mes deux petites femmes dans ma vie. J’essaie de rattraper le temps perdu avec Jade, mais je sais qu’avec toi c’est impossible à présent que tu as refait ta vie. Attention, ça n’est pas un reproche. Je pense au contraire que tu as été très courageuse de passer à autre chose, et depuis que je suis de retour, même si ça me tue, je ne veux que ton bonheur. Et si celui-ci doit passer par l’abandon de mon poste dans la police, je le ferai. De toute manière je n’ai plus autant de capacités, comme je viens de te le dire. Il me faudrait quelque chose de plus calme et je vais chercher quoi, mais une chose est certaine : je refuse que tu souffres par ma faute. Tu as assez donné dans le désespoir, je ne minimiserai jamais ce que tu as ressenti même si je peine à imaginer véritablement ce que ça fait. Je sais juste que tu as eu une force incommensurable de supporter tout cela, car moi je sais que je n’aurai pas été aussi fort que toi. »
Je lâchais un soupir et mes iris d’azur quittèrent les ténèbres de ses yeux noirs alors que je fermais les paupières et la pris dans mes bras pour l’enlacer, en espérant qu’elle ne trouve pas ce geste déplacé à présent qu’elle était en couple avec un autre. Mais il n’y avait aucune ambiguïté entre nous, juste un câlin que nous n’avions pas partagé depuis longtemps.
« Ton parfum… Il me rappelle tellement de souvenirs. » Lui avouais-je.
Et c’était vrai. J’avais beau être amnésique, il y avait des choses que je n’oubliais pas. Les odeurs en faisaient partie.
« Voilà, calme-toi… Apaise-toi, tout va bien, il n’y a plus de problème. Regarde. » Lui dis-je en me détachant lentement de notre étreinte.
Je poussai un pan de ma veste pour découvrir mon holster, en retira l’arme que je déchargeai et posai sur le comptoir, de même que mon insigne de police.
« Dorénavant, c’est de l’histoire ancienne. Je peux te le jurer, et tu sais que je ne t’ai jamais menti. » Lui dis-je en déplaçant une mèche de ses cheveux noirs qui avait glissé devant son visage, pour la placer derrière son oreille, avant de prendre son visage entre mes deux grandes mains.
Je déposai un baiser sur son front, et lui dis :
« Tu veux que je te raccompagne chez toi ? Tu as encore l’air bouleversée, et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose en traversant la route sans faire attention par exemple. Je ne t’infantilise pas, c’est juste pour… me rassurer et être sûr que tu arrives à bon port. »
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Dim 31 Déc - 20:00
Dix-neuf années de frustration et de colère étaient en train de s’abattre sur Ezra. Lui et moi, on ne se disputait jamais, jamais de réelle engueulade comme tous les couples connaissent. On était tellement fusionnels, tellement au diapason qu’on ne connaissait pas la mésentente. Alors ce qui se passe maintenant a un goût inédit. Mais je n’en peux plus. Déjà quand il m’a annoncé vouloir entrer dans la police j’ai été inquiète. Il savait que je l’étais, même si je ne l’accablais pas de reproches il pouvait sentir tous les matins que je tremblais au moment de lui dire au revoir. J’avais toujours peur que ça soit un adieu, que deux de ses collègues ne débarquent pour m’annoncer le pire. Et ça avait fini par arriver. Ils ne m’ont pas annoncé sa mort mais Ezra n’était plus là. J’avais perdu ses sourires, nos rires, ses baisers et tout espoir de vivre heureuse. Puis ça a été le manque, de plus en plus cruel jour après jour. L’inquiétude encore quand notre fille m’a annoncé qu’elle voulait à son tour entrer dans la police. Je crois que j’ai réussi à lui faire changer d’avis... Mais maintenant voilà qu’à peine éveillé Ezra y retourne.
Il y a vraiment de quoi péter un plomb, vous ne trouvez pas ? En tout cas moi je deviens incontrôlable. Tout ressort et je pars carrément en cris d’hystérie. J’ai peur, je suis terrifiée à l’idée que ça recommence, que je le perde à nouveau. Je ne sais déjà pas comment j’ai fait pour continuer, pour surmonter son absence jusqu’ici. Mais le revoir et en être à nouveau privée... Non, je ne peux pas. Si je suis toujours avec Cole pour l’instant c’est parce que nous avons été ensemble pendant quatre ans. Vous savez, ce n’est pas rien ! Je n’ai connu que deux hommes dans ma vie. Ezra était mon premier, il serait resté le seul sans tout ça. Alors bien sûr c’est dur de devoir abandonner un homme qui a été si patient avec moi. Vous en connaissez beaucoup vous des hommes qui auraient accepté tout ça ? Je porte toujours mon alliance, je refuse de divorcer, je refuse même d’emménager avec lui et là penderie est pleine des affaires de mon mari tombé dans le coma il y a près de vingt ans. Qu’il le supporte les premiers mois d’accord, mais là ça fait quatre ans et il est toujours là pour moi. Ma situation me semble inextricable et je me sens désespérée. Tout ça me rend dingue.
Alors je craque, crie, pleure, frappe. Tout mon corps est en révolte. Tellement que je n’écoute pas ce qu’il me dit. Non je ne veux pas me calmer, faut que ça sorte, j’en ai ras le bol de souffrir, ras le bol d’avoir peur, je n’ai connu que ça pendant la moitié de ma vie ! Comment a-t-il pu penser que je serais fière de lui ? Est-ce qu’il est totalement inconscient ? Incapable de comprendre que je ne veux surtout pas le voir reprendre les mêmes risques que ceux qu’il l’ont amené dans ce lit d’hôpital ? Est-ce qu’il est devenu fou ? Je m’acharne et il a beaucoup de mal à me maîtriser. Pourtant Ezra est bien plus grand et bien plus fort que moi. Mais je suis déchaînée. Alors il se met à crier à son tour, et il me faut quelques secondes pour intégrer ce qu’il vient de dire. Il arrête ? C’est bien ce qu’il vient de dire ? Il arrête ? Je m’immobilise, le regarde avec un air interrogateur.
Enfin je l’écoute. Mon cœur bat la chamade et je peine à savoir ce que je ressens exactement. Du dépit, du soulagement, de la culpabilité... Tout se mélange. C’est difficile. J’ai l’impression d’être là mégère qui dicte sa vie et l’empêche de faire ce qu’il veut vraiment, mais en même temps je me sens tellement soulagée qu’il renonce à se mettre en danger ! Il maintient toujours fermement mes poignets dans ses mains et je reste immobile, mets même quelques secondes à réagir quand il me prend dans ses bras. Et là... Là tout revient. Le premier baiser au bowling après avoir lu les petits gages que nous nous étions laissés, notre première fois dans sa chambre quelques mois plus tard et cette certitude ai m’avait envahie qu’il n’y aurait que lui. Les mots doux laissés dans les poches, les batailles de farine dans la cuisine dans de grands éclats de rire, les réveils câlins, les moments silencieux où on se disait tant de choses. Ezra. Mon amour. Le seul. Mes bras s’enroulent autour de lui mais à peine ais-je le temps de le faire qu’il coupe le contact. J’essuie ma joue baignée de larmes du bout des doigts tout en le regardant poser son flingue et son insigne sur le bar. Mes yeux retrouvent les siens et je m’y perds un instant tandis qu’il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je ferme les yeux quand il baise mon front, pose mes mains sur les siennes avant de hocher négativement la tête de façon vigoureuse.
Non je... Je ne veux pas... Je...
Ce qui s’est passé ensuite, je ne sais pas du tout comment c’est arrivé. Je crois qu’au début nos lèvres ont été irrésistiblement attirées. Un baiser qui est devenu avide, désespéré, passionné. Je ne pensais plus à rien du tout, juste à ce contact qui m’avait tant manqué, à ces sensations que je n’ai jamais pu retrouver. Quelques secondes plus tard mon dos cognait contre un mur et je me hissais, enroulais mes jambes autour de son bassin. Il était en moi, me prenait avec une telle passion que j’en avais le souffle coupé. En aucun cas je n’aurais songé à lui demander de s’arrêter. Mes râles étaient de plaisir et les mots que je murmurais contre sa bouche ne pouvaient que l’encourager dans cette folie. Oui, c’est était une... On n’avait jamais fait ça... comme ça, aussi passionnément, presque sauvagement. Je ne sais même pas lequel de nous deux a initié ça, mais je crois qu’on en avait autant envie l’un que l’autre. Alors je me suis serrée plus fort, fauchée par le plaisir, et l’instant suivant on était toujours là, serrés l’un contre l’autre alors que nous tentions de reprendre une respiration normale.
Il va falloir que je parle à Cole...
Mon dieu. Mon cœur se brise. Je me sens coupable de l’avoir trompé. Et en même temps je ne l’ai pas vraiment trompé. Ezra est mon mari, il n’a jamais cessé de l’être, ni légalement, ni dans mon cœur. Une décision doit être prise, je sais que je ne peux pas y échapper. Je m’en veux tellement de devoir lui briser le cœur et pourtant... Il me faut être honnête, je n’ai jamais vraiment aimé qu’un seul homme, envers et contre tout. Repousser l’inévitable, c’est reculer pour mieux sauter. Je le sais, ce n’est pas honnête de faire durer les choses. Je soupire et enfouis mon visage dans le cou d’Ezra. J’ai presque peur que si je le lâche il m’échappera à nouveau. Il m’a tellement manqué.
Qu’est-ce que tu vas faire ? Si tu ne peux plus être flic...
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Mar 9 Jan - 20:45
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. Clarke & Ezra
Je n’aurais jamais cru possible ce qu’il venait de se passer. Je pensais avoir perdu Clarke, définitivement, à présent qu’elle avait refait sa vie amoureuse avec un autre. Un autre que je ne connaissais pas, et que je n’avais nullement envie de connaître. Je savais que sinon je lui arracherais les yeux, bien qu’au fond… au fond je devais reconnaître qu’elle avait eu raison de se tourner vers un autre homme alors que j’étais entre la vie et la mort, totalement inerte et inutile. Incapable de l’aimer comme elle le mérite. Bien sûr ça n’était pas vraiment de ma faute, mais plutôt celle du destin qui m’avait joué là un drôle de tour. Pourtant, ce qui demeurait entre nous était invincible. Immuable. Je demeurais profondément amoureux d’elle comme au premier jour, et elle… je ne sache pas si elle m’aimait encore, mais il lui restait suffisamment de sentiments pour moi pour bien vouloir répondre à mon baiser. Baiser que je n’aurai jamais dû initier, mais lorsque notre regard plongea l’un dans l’autre, nos lèvres furent irrémédiablement attirées l’une par l’autre. Alors nous nous embrassâmes avec passion et, une chose en entrainant une autre, nous nous retrouvâmes charnellement. Elle, adossée contre le mur et moi, caressant son corps de mes puissantes mains avec une envie innommable et un désir indéfinissable. Elle défit ma braguette de ses mains brûlantes et je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour vous décrire la suite de ce qu’il s’est passé. Le cœur battant la chamade, le souffle coupé, je retrouvais ma respiration et la prenant dans mes bras. J’avais tellement besoin d’elle… C’est alors qu’elle me parla de Cole.
« Je pense que c’est la meilleure chose à faire, effectivement. Du moins… Si tu crois que cela peut vraiment repartir entre nous et si tu n’as pas peur de le regretter. »
Pour cela, je n’avais pas confiance en moi. Les émotions, je les connaissais par cœur. Les sentiments, eux, étaient toujours difficiles à déchiffrer. Je savais qu’elle l’avait aimé, mais jusqu’à quel point ? Cela semblait outrageusement prétentieux à dire, mais visiblement pour qu’elle soit prête à lui en parler aussi directement, c’est bien qu’elle m’aimait encore, non ? Moi, en tout cas, je ne me posais pas la question.
« Ecoute, si tu as besoin d’un peu de temps pour remettre les choses en ordre dans ta tête et dans ton cœur, je suis prêt à attendre. Je veux juste que tu saches que je t’aime toujours, Clarke, comme au premier jour. Je sais que je n’ai rien vu passer en dix-neuf ans, mais toi si. Tu as continué à vivre, à te battre, et tu as connu un autre homme qui t’a aimé comme il se doit. Alors si tu as besoin de réfléchir, je te laisse tout le temps que tu voudras. » Lui dis-je en déposant un tendre baiser sur son front.
Je refermais la braguette de mon pantalon, remis ma chemise dans celui-ci et réajustai ma veste.
« Je vais reprendre ça et le remettre au commissariat à la première heure demain avec ma lettre de démission. » Lui dis-je en prenant mon arme et mon insigne qui signifiaient tous deux que je vivais mes derniers instants dans la police.
Qu’est-ce que j’allais faire à présent, me demanda-t-elle ?
« Je n’en sais absolument rien. Je ne vois pas qui voudrait d’un amnésique comme employé. Je doute que l’on soit prêt à me laisser ma chance… » Soupirais-je en passant une main embarrassée dans mes cheveux mi- longs coiffés en arrière.
C’est vrai ça, qu’est-ce que je pourrais faire ? J’étais un sportif, j’adorais les livres, mais à part ça… Je dois dire que mes séquelles m’avaient éloigné de toute connaissance que je pouvais avoir à mon sujet. Je ne savais plus qui j’étais, hormis peut-être une chose :
« Je pourrais peut-être travailler comme ambulancier ? Non, ça n’est pas une bonne idée si je fais un malaise au volant… Hmm… Je ne sais pas, j’aimerais quelque chose qui soit en rapport avec l’humain. Mais quoi, je n’en ai pas la moindre idée. Il faudrait que je trouve un travail où mon handicap ne soit pas un problème. Mais franchement, je ne vois pas quoi. Et honnêtement, après avoir passé dix-neuf ans dans une chambre d’hôpital, même si je ne les ai pas vraiment vues passer, c’est très peu pour moi. J’ai assez donné. » Avouais-je.
Je lâchai un soupir, et me retournai vers la porte secondaire où nous entendîmes frapper.
« Clarke ? C’est Cole, ouvre-moi. »
Nous échangeâmes tous deux un regard et adoptâmes un air parfaitement innocent, comme s’il ne s’était rien passé. Il venait la chercher après son travail, mais jamais il ne se douterait que moi, son mari, était également venu lui rendre visite, celle-ci ayant dégénéré en quelque chose de merveilleux mais pour nous deux seulement. Clarke alla lui ouvrir et je découvris un homme d’environ mon âge, élégant et distingué. Je comprenais qu’il ait pu la séduire, celui-là… Je ressentis alors un élan de jalousie me prendre de court en l’apercevant, mais son regard à lui devint de glace lorsqu’il me toisa des pieds à la tête avec stupéfaction.
« Je vois que tu n’as pas perdu ton temps, Kennedy. » Me dit-il avec animosité.
Qu’est-ce que vous voulez répondre de poli à cela ?
« Enchanté également, Cole. » Lui répondis-je d’un calme olympien, n’ayant absolument pas peur de lui.
J’avais déjà affronté des colosses pour moins que ça.
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#) Mer 10 Jan - 0:02
Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé, comment on a pu en arriver là. Je crois que c’était juste une suite logique, un besoin. Ezra a été mon premier, le seul jusqu’à il y a seulement quatre ans de ça, ce n’est pas le genre de chose qui est anodine, loin de là. Je n’ai jamais décidé de quitter cet homme, jamais souhaité qu’il sorte de ma vie. C’est celui que j’ai choisi pour partager ma vie jusqu’à ma mort, il est le père de mon unique fille. Dix-neuf ans passés dans le coma n’ont rien changé à ça. J’ai passé mon temps à subir, à prier un dieu auquel je ne croyais même pas. Les seules mauvaises décisions que j’ai pu prendre dans ma vie ne le concernent pas, lui... je ne regrette pas notre histoire, le fait d’avoir voulu l’épouser si vite, d’avoir voulu un enfant immédiatement. Je ne regrette pas non plus mon combat pour le maintenir en vie, ni d’avoir gardé mon alliance envers et contre tout.
On devait se retrouver. Je m’en rends bien compte. Jamais un seul instant depuis son réveil je n’ai envisagé qu’on ne se retrouve pas. C’était logique et évident. Je me sens mal vis à vis de Cole, c’est la seule chose qui a pu me freiner. Parce qu’il a toujours été si gentil, si patient, si soutenant. Il ne mérite que le bonheur... un bonheur que je n’ai jamais pu lui apporter parce que nous étions trois dans ce couple. Ezra était toujours là, planait au dessus de notre relation. Le simple fait d’être avec lui n’était pas honnête. C’était égoïste de ma part parce que je savais que je ne pourrais jamais l’aimer comme il le méritait. Ma mauvaise décision le concernait. Lui. Il fallait que ça cesse.
Repartir ? Ça n’a jamais vraiment cessé Ezra.
Je l’ai toujours aimé. Cet amour ne s’est même jamais fané. Il n’est pas question de repartir, mais plutôt de continuer. C’est une simple évidence. Bien sûr tout est rendu compliqué mais mon mari et moi, ça a toujours été nous deux contre le monde entier. Je ferme les yeux quand il pose un baiser sur mon front, lâche un léger soupire. Y’a rien à remettre en ordre du tout, ni de réflexion à avoir. Je sais ce que je veux, je le sais depuis toujours. La grande question, c’est comment annoncer à Cole que c’est fini, que ce qu’il redoute depuis le réveil de mon mari est arrivé. C’est quelque chose de difficile à envisager, je déteste l’idée de lui faire de mal. Je lève les mains pour les faire glisser dans mes cheveux et les recoiffe un peu, baisse ma jupe et vérifie mon corsage. Je regarde Ezra et lui adresse un petit sourire désolé.
Merci.
Je sais le sacrifice que ça représente. Je sais tout ça. Mais je ne peux pas imaginer un seul instant revivre cette peur quotidienne. Ça a été un enfer, et les conséquences de tout ça, ça a brisé ma vie... NOTRE vie. Il n’a pas été là pour voir Jade grandir, il a raté tant de choses. Et moi j’ai survécu plutôt que vécu. Je n’ai définitivement pas la force de revivre dans la crainte de le perdre. Mais je sais bien sûr... et je suis désolée pour lui parce que je sais ce que ça lui coûte. D’ailleurs... que va-t-il faire ? Il a toujours été flic, il ne connaît que ça. Ezra ne semble pas trop savoir, envisage un instant de devenir ambulancier avant de changer presque immédiatement d’avis. J’ouvre la bouche pour lui dire que je le soutiendrai pour la suite, qu’il va trouver quelque chose que je ne me fais pas de souci pour ça... Mais on frappe à la porte arrière de la boutique et je sursaute, fronce les sourcils en reconnaissant la voix de Cole. Nom de dieu ! Je me précipite pour ouvrir la porte.
Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Il n’était pas sensé passer... Et d’ailleurs il m’ignore totalement pour se précipiter vers Ezra. Et merde ! Je le suis, assiste aux présentations qui sont loin d’être amicales.
COLE !!!
Je n’avais absolument pas envie d’assister à un combat de coqs. Mais Cole est fatigué de tout ça, je peux le comprendre. J’attrape son bras et le tire à ma suite jusqu’à l’extérieur de la boutique. Je ne suis même pas en colère. Et lui non plus en fait. Je le connais. Il sent les choses. Il est blessé.
Tu as pris ta décision n’est-ce pas ?
Tu sais bien que c’est difficile, je...
Oui, je sais ! Mais depuis qu’il est réveillé tu ne fais que reculer pour mieux sauter Clarke. Ça ne peut pas continuer comme ça.
Est-ce qu’on peut en parler tranquillement en privé ?
Tu vois ? Tu recules encore. Dis-le moi Clarke. J’ai besoin de l’entendre pour lâcher prise. On n’a jamais été véritablement ensemble alors qu’il était dans le coma alors maintenant...
Je suis désolée Cole... je n’ai jamais voulu te faire de mal.
Je sais. Je comprends. Si ma femme revenait...
Il soupire, me prend dans ses bras et pose un baiser sur le haut de ma tête.
Je passerai demain dans la journée chercher les quelques affaires que j’ai laissé chez toi. Je laisserai les clés dans la boîte aux lettres. Bonne chance Clarke.
Et c’était fini. Quatre ans de relation qui se terminent comme ça, sur un trottoir. Je l’ai regardé s’éloigner un instant puis je suis rentrée dans le salon de thé, la tête un peu basse, et j’ai continué d’avancer jusqu’à me retrouver à nouveau dans les bras de mon mari.
Je n’ai jamais cessé de t’aimer Ezra... pas un seul instant.
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Sujet: Re: Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke] (#)
Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante, les parfums regrettés de ses premiers printemps. [Clarke]
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